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Situation actuelle et perspectives d'avenir des exploitations familiales face à  un développement rapide de l'agro-business: diagnostic agraire, canton de Quininde ( Equateur )

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par Romain JAVAUX
Ecole supérieure d'agro-développement international Cergy, France - Ingénieur agronome international 2009
  

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ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle INGENIEUR

Romain Javaux

Promotion 96

Stage effectué à Quininde, Equateur

Du 01/06/09 au 01/12/09

Au sein du SIPAE

Maître de stage : Dr. CEPEDA Dario

ISTOM

École d'Ingénieur en Agro-Développement International

32, Boulevard du Port F 95094- Cergy-Pontoise Cedex

Tél : 01 30 75 62 60 Télécopie MÉMOIRE : 01 30 DE 75 62 FIN 61 D' ÉTUDEistom@istom.net

 
 

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

Situation actuelle et perspectives d'avenir des
exploitations familiales face à un développement rapide de
l'agro-business.
Diagnostic agraire, canton de Quininde

 

(JAVAUX, 2009, canton de Quininde)

SOUTENU EN JUILLET 2010

ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle INGENIEUR

ISTOM

École d'Ingénieur en Agro-Développement International

32, Boulevard du Port F 95094- Cergy-Pontoise Cedex

Tél : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62 61 istom@istom.net

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

Situation actuelle et perspectives d'avenir des
exploitations familiales face à un développement rapide de
l'agro-business.

Diagnostic agraire, canton de Quininde

SOUTENU EN JUILLET 2010

Romain Javaux

Promotion 96

Stage effectué à Quininde, Equateur

Du 01/06/09 au 01/12/09

Au sein du SIPAE

2

Maître de stage : Dr. CEPEDA Dario

ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle INGENIEUR

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Résumé

Ce diagnostic agraire du canton de Quininde, zone de la côte équatorienne marquée par une implantation massive du palmier africain, a été mis en place par l'ONG AVSF afin de montrer l'intérêt de l'Etat à appuyer les agricultures paysannes face à cette montée de l'agro-business. En effet, l'Etat a toujours favorisé les économies de marché au désavantage des économies familiales. Cette dynamique augmente les inégalités d'accès à la terre et aux ressources naturelles, mettant une majorité d'exploitations paysannes dans des situations précaires et vulnérables en termes de durabilité de leurs systèmes.

Cette étude permet de comprendre le contexte socio-économique et environnemental dans lequel ces populations ont évoluées, et d'exposer les enjeux actuels de leur réalité. Une analyse technico-économique des systèmes de production démontre l'importance de pérenniser ces systèmes traditionnels pour un développement durable et globale. Face à une paupérisation croissante des campagnes, à une perte de biodiversité et de sécurité alimentaire à l'échelle nationale, cette étude expose les points essentiels que l'Etat doit prendre en considération dans la mise en place de sa nouvelle constitution.

Mots clefs : Agro-business, concentration foncière, Etat, exploitation paysanne, pauvreté, titre de propriété, souveraineté alimentaire, système de production

Summary

This agrarian diagnosis of Quininde Township (located on the Ecuadorian Coast known for its massive African palm area) was established by the NGO AVSF (Agronomists and Veterinarians without Borders) in order to demonstrate the value of the State support towards small farmers facing the rise of agribusiness. Indeed, the state has always favoured free market economics in opposition to family economic development. This dynamic increases inequalities to land and natural resources' access, putting a majority of family farms in precarious and vulnerable situations regarding the sustainability of their systems.

This study helps to understand the socio-economic and environmental context in which these populations have evolved, and describe the current issues of their reality. A techno-economic analysis of production systems demonstrates the importance of sustaining these traditional systems to promote sustainable and global development. Facing the increase of poverty in campaigns, the biodiversity loss and the national food security jeopardy, this survey highlights some of the key issues that the Ecuadorian government should highly consider in setting up the new constitution.

Keywords: Agribusiness, family farms, farming production system, food sovereignty, government, land concentration, poverty, title deed.

ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle INGENIEUR

Resumen

Este diagnóstico agrario del municipio de Quininde (área de la Costa ecuatoriana marcada por un establecimiento masivo de palma africana) fue creado por la ONG AVSF (Agrónomos y Veterinarios sin Fronteras) a fin de demostrar la necesidad del apoyo del Estado a favor de los pequeños agricultores, frente a la subida de la agroindustria. De hecho, el Estado siempre ha favorecido las economías de libre mercado, en detrimento del ahorro familiar. Esta dinámica aumenta las desigualdades en lo que concierne el acceso a tierras y recursos naturales, lo que pone numerosas explotaciones agrícolas familiares en situación vulnerable de precariedad que no los permite sostenir sus sistemas.

Este estudio ayuda a entender el contexto socio-económico y ambiental en él que estas poblaciones han evolucionado, y describir los problemas actuales de su realidad. Un análisis técnico-económico de los sistemas de producción demuestra la importancia de mantener estos sistemas tradicionales para promover el desarrollo sostenible y global. Frente al aumento de la pobreza campesina, a las pérdidas de la biodiversidad y de la seguridad alimentaria a nivel nacional, este trabajo analiza los puntos claves que el Estado debe tener en cuenta en la creación de la nueva Constitución.

Palabras claves: agroindustria, concentración de las tierras, Estado, explotación campesina, pobreza, sistema de producción, soberanía alimentaria, títulos de propiedad.

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Table des matières

RESUME 3

TABLE DES MATIERES 5

TABLE DES ILLUSTRATIONS 7

ACRONYMES 9

REMERCIEMENTS 10

INTRODUCTION 11

1. CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE 12

1.1. CONTEXTE EQUATORIEN 12

1.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU PAYS 12

1.1.2. UNE SITUATION MACRO ECONOMIQUE DIFFICILE 13

1.1.3. UN SECTEUR AGRICOLE DIVERSIFIE 15

1.2. DEMANDE INITIALE DE L'ETUDE 16

1.2.1. PROJET PROCACAO EN EQUATEUR 16

1.2.2. OBJECTIFS DE L'ETUDE 17

1.2.3. JUSTIFICATION DU DIAGNOSTIC AGRAIRE 17

1.2.4. METHODOLOGIE 19

1.3. PRESENTATION DU CANTON QUININDE 22

1.3.1. DESCRIPTION DU CANTON 22

1.3.2. POTENTIALITES DU MILIEU NATUREL 23

1.3.3. PAYSAGE AGRAIRE 25

2. HISTOIRE AGRAIRE DU CANTON DE QUININDE 28

2.1. LA PREMIERE IMMIGRATION MASSIVE DU CANTON QUININDE (1800 - 1914) 28

2.1.1. LA COLONISATION SPONTANEE ET SES PREMIERS RESEAUX DE COMMUNICATION 28

2.1.2. LES PREMIERS MODES DE PRODUCTION 29

2.1.3. DEBUT DU CREDIT INFORMEL 30

2.2. CRISE MONDIALE ET NAISSANCE DU MODELE AGRO-EXPORTATEUR (1914 - 1965) 30

2.2.1. CRISE DU CACAO DANS UN CONTEXTE DE CRISE MONDIALE 30

2.2.2. LE BOOM DE LA BANANE ET SES IMPACTS 32

2.2.3. L'APPUI DE L'ETAT POUR DYNAMISER LA ZONE 33

2.3. LA CRISE DE LA BANANE (1965 - 1982) 35

2.3.1. SES FACTEURS ET SON IMPACT DANS LA ZONE 35

2.3.2. LA STRATEGIE DE RELANCE DE L'ETAT 36

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2.3.3. CREATION DE LA BANQUE DE CREDIT NATIONALE 36

2.4. TRANSFORMATIONS RECENTES DES SYSTEMES DE CULTURE (1982 - 1995) 37

2.4.1. LA PALME AFRICAINE 37

2.4.2. LES PRODUCTIONS DES ECONOMIES PAYSANNES 38

2.4.3. STRUCTURE FONCIERE DU CANTON 40

2.5. LES DERNIERES ANNEES (1995 - 2010) 41

2.5.1. EVOLUTION ACTUELLE DU CANTON 41

2.5.2. L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS 43

2.5.3. APPARITION DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS 47

2.5.4. UNE DIVERSIFICATION DES FORMES DE CREDIT 49

2.5.5. L'ACCES AU FONCIER DANS LE CANTON DE QUININDE 56

3. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE, DE PRODUCTION ET LEURS EVOLUTIONS 64

3.1. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE 64

3.1.1. SYSTEME AGROFORESTIER 64

3.1.2. FRUIT DE LA PASSION : UN SYSTEME ALTERNATIF 69

3.1.3. LA PALME AFRICAINE 70

3.1.4. SYSTEMES D'ELEVAGE 73

3.2. ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES DES SYSTEMES 76

3.2.1. EFFICIENCE DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE 76

3.2.2. TYPOLOGIE DE PRODUCTEURS 78

3.2.3. RICHESSE PRODUITE AU SEIN DES SYSTEMES DE PRODUCTION 81

3.2.4. EFFICIENCE DES SYSTEMES DE PRODUCTION 83

3.2.5. COMPOSITION DU REVENU 84

3.3. EVOLUTIONS POSSIBLES POUR LES EXPLOITATIONS FAMILIALES 90

3.3.1. RAPPEL DES POINTS FAIBLES DES ECONOMIES PAYSANNES 90

3.3.2. DES ALTERNATIVES ACTUELLES S'OFFRANT AUX ECONOMIES PAYSANNES 91

3.3.3. LES POINTS IMPORTANTS DE LA NOUVELLE CONSTITUTION 92

CONCLUSION 100

BIBLIOGRAPHIE 102

TABLE DES ANNEXES 106

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Table des illustrations

FIGURES

Figure 1:Descriptions du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 22

Figure 2: Caractéristiques générales du canton de Quininde (Sigagro, 2009) 23

Figure 3: Caractéristiques générales des sols (Sigagro, 2009) 24

Figure 4: Coupe transversale du paysage agraire de Quininde (étude SIPAE, 2009) 27

Figure 5: Paysage Agraire du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 27

Figure 6: Colonisation spontanée du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 28

Figure 7: Avancée des exploitations bananières en 1954 en Equateur (Collin D, 1981) 32

Figure 8: Plans de colonisation et accès à la terre durant les années soixante (étude SIPAE, 2009) 33

Figure 9: Recul des exploitations bananières en 1969 dans le nord de l'Equateur (Collin D, 1981) 35

Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de la passion (étude SIPAE, 2009) 44

Figure 11: Commercialisation des produits vivriers dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 45 Figure 12: Commercialisation de la palme africaine dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 45

Figure 13: Commercialisation de l'élevage dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 46

Figure 14: Les évolutions des types de producteurs (étude SIPAE, 2009) 63

Figure 15: Evolution dans le temps de la situation du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 89

Figure 16: Relation de la nouvelle constitution avec les lois de la terre (Alerte Agraire, SIPAE, 2009) 93

TABLEAUX

Tableau 1: Les grands chiffres économiques de l'Equateur (MAE, 2008) 14

Tableau 2: Organisations de producteurs dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 47

Tableau 3: Comparaison des nettoyages manuel et chimique pour un hectare (étude SIPAE, 2009) 66

Tableau 4: Calendrier cultural des système agroforestiers (étude SIPAE, 2009) 66

Tableau 5: Modèle de production d'aviculture (Cordelier, 2003). 75

Tableau 6:Richesse et travail généré par les systèmes de culture et d'élevage (étude SIPAE, 2009) 77

Tableau 7: Typologie des producteurs (étude SIPAE, 2009) 78

Tableau 8: Pourcentage de la SAU pour chaque type de producteur rencontré (étude SIPAE, 2009) 79

Tableau 9: Répartition de la main d'oeuvre par typologie de producteur (étude SIPAE, 2009) 80

Tableau 10: Cumul des VAB selon les différents types d'exploitations (étude SIPAE, 2009) 81

Tableau 11: Efficience des systèmes de production (étude SIPAE, 2009) 83

Tableau 12: Composition du revenu total (étude SIPAE, 2009) 85

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GRAPHIQUES

Graphique 1: Diagramme ombrothermique du canton de Quininde (IRD, 2008) 24

Graphique 2: Evolution de la production de cacao au 20ème siècle en Equateur (MAGAP, 2001) 39

Graphique 3: Répartition du prix de vente du cacao au sein des acteurs de sa filière (MAGAP, 2001)43

Graphique 4: Evolution des institutions de crédits à Quininde depuis 2003 (étude SIPAE, 2009) 49

Graphique 5: Répartition des crédits selon les institutions (MAGAP, 2005) 50

Graphique 6: Accès au crédit par type de producteurs dans le canton de Quininde (MAGAP, 2005) 50

Graphique 7: Répartition du crédit de la BNF dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 52

Graphique 8: Comparaison de la ligne de microcrédit de la BNF à Quininde (étude SIPAE, 2009) 53

Graphique 9: Comparaison des producteurs accédant au crédit 5/5/5 (étude SIPAE, 2009) 54

Graphique 10: Comparaison entre la BNF et les banques Privées à Quininde (étude SIPAE, 2009) 55

Graphique 11: Distribution de la terre dans le canton de Quininde (Municipalité Quininde, 2009) 59

Graphique 12: Les terres légalisées dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 61

Graphique 13: Comparaison du PB total entre SP1 et SP2. (étude SIPAE, 2009) 68

Graphique 14: Répartition des activités agricoles de la culture de Palme (étude SIPAE 2009) 72

Graphique 15: Comparaison des VAB des principaux systèmes de culture (étude SIPAE, 2009) 76

PHOTOS

Photo 1: Zone avale du canton 25

Photo 2: Zone amont du canton 26

CARTE

Carte 1: L'équateur (InterCarto, 2009) 12

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9

Acronymes

% : pourcentage

$ : dollar

°C : degré Celsius

ANCUPA : Association nationale des producteurs de palmier à huile de l'Equateur

AVSF : Agronome Vétérinaire Sans Frontières

BNF : Banque Nationale de Développement

CIRAD : Centre de Coopération International en Recherche Agronomique Développement

CIPAL : Centre de recherche sur le Palmier à Huile

COCPE : Corporation des organisations paysannes de la province d'Esmeraldas

DINAC : Direction Générale des Statistiques et des Cadastres

DRI : Développement régional Intégral

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

FMI : fonds Monétaire International

FMLGT : Fondation Maria Luis Gomez de la Torre

FUNPAD : Fondation de Promotion et d'Action pour le Développement

GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

ha : hectare

IDH : Indice de Développement Humain

IERAC : Institut Equatorien de Reforme Agraire et de Colonisation

INDA : Institut National de Développement Agraire

INEC : Institut National des Statistiques et Recensements

INIAP : Institut national autonome de recherche agricole

IOA : revenu hors exploitation

IRD : Institut de Recherche et Développement

ISTOM : Ecole d'ingénieur en agro-développement international

J : journée de travail

km2 : kilomètre carré

m : mètre

MAE : Ministère des Affaires Etrangères

MAGAP : Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage Equatorien

MCCH : Fondation Maquita Cushunchic: commercialiser entre frères

ONG : Organisme Non Gouvernementale

PIB : Produit intérieur brute

RAN : Revenu Agricole Nette

SAU : Surface Agricole Utile

SIGAGRO : Centre de recherche géographique et agricole

SIPAE : Système de Recherche sur la Problématique Agraire en Equateur

T : température

t : tonne

UNOCYPP : Union des organisations de la province de Pichincha

UOCAQ : Union des organisations paysannes du canton de Quininde

UONCRE : Union des organisations noires et paysannes des rives du fleuve Esmeraldas

UP : Unité de Production

UPA : Unité de Production Agricole

USD : dollar

VAB : Valeur Ajoutée Brute

VAN : Valeur Ajoutée Nette

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Remerciements

Avant tout, je souhaite remercier Dario Cepeda, maître de stage, sans qui je n'aurais jamais pu vivre ces expériences inoubliables. Merci à Loraine Derville nous l'ayant présenté.

Un grand merci à toute l'équipe du SIPAE et AVSF (Alex Zapatta, Francisco Hidalgo, Christophe Chauveau, Yoli et les autres) qui m'ont, autant d'un point de vue professionnel qu'amical, accompagné et soutenu tout au long de ces six mois de stage, tout particulièrement à Yisena Tiaguaro et Andrea Ojela. Merci à Marc Oswald qui m'a beaucoup aidé durant cet exercice.

Merci à tous les producteurs et à toutes les personnes qui ont bien voulu prendre de leur temps pour répondre à nos questions. Merci, pour leur patience, leur gentillesse et leur humilité.

Un grand merci à la famille Cuallar durant nos mois passés chez elle, à Quininde, pour son accueil, sa gentillesse.

Je tiens tout particulièrement remercier la famille Mosquera qui nous a hébergé tous ces jours passés à Quito (Carlos, Mario, Yoli, Juan, Teresa, et les deux Moni) avec qui j'ai beaucoup appris et noué des liens hasta siempre ! Merci à Erika et à tous mes amis d'Equateur ! Un clin d'oeil à Marie, qui est partie rejoindre les étoiles.

Un abrazo grande à David, el ECO-Punk, espérant que son école d'agro-écologie sera un exemple pour son pays tan chevere !

A tous mes amis de Cergy : Yohann, Jeb, Robin, Alice, Sylvain, Henry, Véro, Océane (la ptite carotte), Augustin, Pilloud, Gaspar, Coco, Maxime, Erwan, Martin, Dudu, Bubu, Didi, Lolo, Tawi, Baligh, Claire, à ma tite Ségoo, et à tous ceux que j'oublie...

Un grand merci à Pierro pour ce petit bout de vie ensemble, de vadrouilles au pays des Andes.

Merci à ma famille et tout particulièrement à mes parents et mon frère, qui m'ont donné cette chance de faire cette école, qui m'ont soutenu et aidé durant ces cinq années.

Un grand merci à tous !!

.

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11

Introduction

L'Equateur, par sa stratégie étatique d'import-substitution depuis les années soixante, s'est désengagé du monde rural, laissant la responsabilité aux grandes firmes d'agro-business de développer ces zones isolées. Bien que leurs implantations ont amené une prospérité économique pour l'Etat, elles ont entraîné de profonds changements sociaux et environnementaux impactant fortement les populations rurales. En effet, les exploitations familiales ont été fortement impactées. De part un désintérêt de l'Etat face à ces paysans, ils ont du mettre en place des stratégies de développement face à l'évolution massive de ces grandes exploitations agro-exportatrices.

L'étude présentée dans ce mémoire concerne le canton de Quininde, localisé sur la côte équatorienne au sein de la province d'Esmeraldas. Ce canton est en pleine expansion de la palme africaine depuis ces vingt dernières années ; c'est le premier producteur national d'huile de palme. Suite à la demande de AVSF1, cet exercice s'est réalisé par le SIPAE2. Les objectifs de cette étude ont été de comprendre le contexte socio-économique et environnemental dans lequel les exploitations familiales sont actuellement implantées ; d'analyser l'ensemble de tous les acteurs participant à leur situation actuelle ; de faire apparaître les atouts et les contraintes de leurs stratégies de développement ; puis de comprendre les évolutions en termes de coût d'opportunité de ces économies familiales face à ce développement rapide de l'agro-business dans cette zone.

La finalité de cette étude est de montrer les avantages à maintenir et à valoriser les économies paysannes au niveau national, allant au contraire de la promotion en faveur de l'agro-business qu'a fait l'Etat jusqu'à aujourd'hui. Les propositions faites par cette étude (et par d'autres) vont être présentées au Ministère de l'Agriculture Equatorien afin de participer à la législation agraire du pays, principalement via la nouvelle loi de souveraineté alimentaire qui se met en place depuis la nouvelle constitution de 2008.

Cette étude s'est réalisée comme un diagnostic agraire traditionnel. Donc, présenter successivement les caractéristiques du milieu naturel du canton pour montrer dans quel contexte ces exploitations familiales évoluent ; retracer l'histoire agraire du canton jusqu'à aujourd'hui, afin de comprendre la situation actuelle de ces paysans ; réaliser une analyse technico-économique pour comprendre les stratégies paysannes mises en oeuvre pour se développer ; enfin, nous mettrons en relation nos conclusions avec la nouvelle constitution et insisterons sur quelques points législatifs importants pour une pérennité et une efficience des systèmes d'agriculture familiale.

Tout au long de ce mémoire, nous confronterons les économies paysannes aux systèmes dits capitalistes d'agro-business, afin d'en faire émerger une réflexion sur l'importance de l'agriculture familiale tant au niveau local que national.

1 Agronome Vétérinaire Sans Frontières

2 Système de Recherche sur la Problématique Agraire en Equateur en collaboration avec AVSF

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1. CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE

1.1. CONTEXTE EQUATORIEN

Carte 1: L'équateur (InterCarto, 2009)

L'Équateur est un pays situé au Nord-Ouest du continent Sud Américain, d'une superficie de 285 000 km2 délimité par la Colombie au nord, le Pacifique à l'ouest et le Pérou au sud et à l'est. Ce pays présente une grande diversité de conditions morpho-climatiques, de productions agricoles ainsi qu'au niveau de ses populations, cultures et traditions qui la composent. En effet, les diagnostics agraires qui ont été réalisés dans tout le pays détaillent des typologies agricoles très différentes.

1.1.1.SITUATION GEOGRAPHIQUE DU PAYS

On peut diviser rapidement l'Equateur en trois grandes zones de typologie agricole bien distinctes : (Derville, 2009)

[a Costa est une plaine littorale sédimentaire fertile à l'ouest du pays entre l'Océan Pacifique et le début des Andes. Elle couvre un peu plus d'un quart de la superficie totale. Le climat y est chaud (avec une moyenne annuelle de 26°C) avec une alternance de saison sèche et de saison humide. C'est la zone la plus exploitée du pays. Les productions principales sont la pisciculture notamment de crevette, et des productions de rente telles que la banane, la banane plantain, le cacao, le café arabica ainsi que de grandes étendues de riz, maïs et de palme africaine. En rapport avec les grandes typologies de producteurs, nous sommes dans une zone où nous pouvons rencontrer le plus de [atifundio3, de firmes agro-exportatrices, associés à de petites exploitations familiales, traditionnelles. C'est dans ce milieu biophysique que s'est située notre étude.

3 Grande superficie de terre tenue seulement par un seul propriétaire terrien

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13

La Sierra, ou hautes terres centrales, est composée d'une double cordillère parallèle de montagnes élevées et massives séparées par une vallée centrale où vit la majeure partie de la population ; c'est là que se trouve la capitale politique du pays, Quito à 2800m d'altitude. Le climat y est froid (moyenne annuelle de 13°C). L'activité agricole est principalement tournée vers les productions maraîchères, de pommes de terre, haricot, céréales (blé et orge surtout) ainsi que l'élevage laitier mis en association avec l'agriculture pour les exploitations familiales. On observe un nouveau développement agricole depuis quelques années d'entrepreneurs qui ont investi sur le secteur de la rose, marché porteur, en expansion dans ces zones andines. Ces régions restent la zone où l'on retrouve une majorité de concentration et fragmentation des terres; on pourrait parler de minifundio 4 en comparaison avec les exploitations de la côte équatorienne.

L'Oriente ou l'Amazonie forme les basses terres amazoniennes à l'est du pays englobant la moitié du territoire. Cette zone est essentiellement couverte de forêts tropicales. La région est chaude et humide toute l'année. C'est une région de front pionnier dont la déforestation progressive laisse place à des pâturages et à des concessions pétrolières. La palme africaine s'implante de plus en plus dans ces zones. Pour ce qui est des communautés isolées, elles vivent essentiellement de chasse et de cueillette.

1.1.2.UNE SITUATION MACRO ECONOMIQUE DIFFICILE

D'un point de vue macroéconomique, il est important de rappeler que l'Equateur a connu une grave crise économique jusqu'en 2000 ; de part la diminution des prix des exportations pétrolières et une industrie peu compétitive dans les années 1980, la dette extérieure se creuse et le pays entre en crise. L'Equateur est alors encouragé par le FMI 5 à suivre un plan d'ajustement structurel en 1983. Celui-ci vise à gérer au mieux la dette extérieure par une forte dévaluation de la monnaie nationale (le sucre), un désengagement de l'Etat dans ses fonctions régaliennes, la suppression des subventions aux produits de base, la compression des budgets publics (éducation, santé, etc.), la libération des prix, la «flexibilisation» du marché du travail, la privatisation d'entreprises publiques, etc.. Les dévaluations de la monnaie nationale qui suivront ne permettront pas de redresser l'économie équatorienne et déclencheront des mécanismes de paupérisation. La libéralisation des échanges et le développement des exportations sont aussi mis en avant pour répondre au service de la dette. De plus, les produits agricoles des pays voisins entrent désormais librement en Equateur au détriment de l'agriculture locale. Cette politique entraîne de nombreux déséquilibres entre secteurs modernes (agriculture d'exportation productive) et traditionnels (agriculture vivrière d'autoconsommation).

Pour contrer une inflation grandissante (sa dette extérieure représentait 14 milliards de dollars en 2000 soit 90% de son PIB6), une hausse du chômage (plus de 50%), ou encore le manque d'accès à l'eau (un tiers de la population n'avait pas accès à l'eau potable), à l'éducation (64% des enfants de 6 à 15 ans étaient non scolarisés) et la santé (70 % de la population n'avait pas

4 Exploitation agricole de moins d'un hectare

5 Fonds Monétaire International

6 Produit Intérieur Brut mesurant les richesses créées d'un pays pour une année

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14

accès aux soins médicaux), l'Equateur a opté pour le dollar comme monnaie nationale en 2000 en espérant stabiliser son économie, diminuer rapidement l'inflation, les primes de risques, et d'avoir ainsi une impulsion économique et une intégration commerciale et financière (MOGLIANI, 2006)

Bien que la dollarisation redonne sur le long terme une reprise de la croissance économique du pays, ce choix politique s'est fait au détriment de l'agriculture paysanne : les prix des denrées mais aussi des intrants agricoles sont en augmentation alors que les revenus agricoles diminuent. Les produits d'exportation ont subi une forte crise : ils ont perdu leur compétitivité sur le plan international ; leur balance commerciale est devenue largement déficitaire, d'où une baisse des exportations depuis 2000. L'inflation diminuant mais restant tout de même en 2009 de 10% a eu comme effet d'augmenter les coûts de production et notamment les coûts salariaux, donc de baisser le pouvoir d'achat, de limiter les crédits, de voir se désengager l'Etat au sein des campagnes. Les conséquences immédiates ont été une paupérisation des campagnes, une augmentation des conflits entre les exploitants ainsi qu'un phénomène croissant d'exode rural et d'émigration vers les Etats-Unis, l'Espagne ou l'Italie. Aujourd'hui les revenus de la migration sont la seconde source de capitaux étrangers, après le pétrole. Sur le plan social, la hausse du chômage fragilise les populations les plus vulnérables, même si les nombreuses subventions (logement, scolarisation) ont permis d'amortir les effets de la crise. La pauvreté reste encore élevée (environ 40% de la population) et touche particulièrement les zones rurales et les populations indigènes. Pour autant Rafael Correa et son gouvernement mettent en place, depuis trois ans, une nouvelle constitution en faveur des économies paysannes (nous la développerons dans la troisième partie de ce mémoire).

Remarque : le président actuel de la République, Rafael Correa Delgado, soutient une politique de substitution aux importations qui maintient le pays dans un développement agricole essentiellement axé sur l'agro-business et les produits d'exportation. Il est caractérisé par son approche nationaliste de l'économie (renégociation de la dette et des contrats pétroliers avec les compagnies privées), un fort volontarisme social (réforme des services de santé et d'éducation), la volonté de renforcer la souveraineté nationale et régionale dans une optique « bolivarienne ».

Tableau 1: Les grands chiffres économiques de l'Equateur (MAE, 2008)

PIB

54,67 Mds $

PIB/hab

3808 $; 7500 $ en PPA

Taux de croissance

6,5%

Taux de chômage

8,7%

Sous emploi

40%

Taux d'inflation

8,4%

Dette publique

32,2% du PIB

Balance commerciale

- 820 M$

Croissance démographique

2%

Espérance de vie

74,8 ans

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De plus, l'Équateur a un IDH7 de 0,807 qui le situe au 89ème rang sur 173 pays référencés (MAE 8 ). Dans ce contexte, la province d'Esmeraldas est une des provinces les plus défavorisées du pays, notamment via l'éducation et l'accès aux soins. A titre de comparaison, son taux d'analphabétisme est de 14.5% contre 11.7% en moyenne dans le pays ; son IDH n'est que de 0,8 en 2009.

1.1.3.UN SECTEUR AGRICOLE DIVERSIFIE

Il est important de comprendre que le secteur de l'agriculture est en aucun cas à négliger pour la croissance autant économique que sociale du pays. Ses exportations basées essentiellement sur la banane (leader mondial), le café, le cacao, les crevettes, les fleurs et maintenant l'essor de la palme africaine, contribuent à plus de 17% du PIB du pays. (Brassel, Herrera, 2002).

Ce secteur agricole représente 33% de la population totale qui compte 13 millions d'habitants d'origine amérindienne (40%), métisse (40%), hispanique (15%) et noire (5%) essentiellement présents dans la province d'Esmeraldas, notre zone d'étude.

La population agricole est très contrastée : on distingue, en effet, des haciendas (grands propriétaires terriens) tournées vers des cultures de rente et d'élevage, basées sur des systèmes d'exploitations très extensifs. Des grandes firmes multinationales capitalistes se sont implantées depuis une politique néolibérale mise en place depuis 1945. En général, elles produisent pour exporter : banane, bois, ou palme africaine. Ces productions rentrent dans des systèmes d'exploitations extensifs et intensifs, dont la logique est de maximiser le chiffre d'affaire. Au contraire, les exploitations familiales étant les plus nombreuses, ont des systèmes de cultures diversifiées dans un but premier d'assurer leur subsistance : ces exploitations familiales jouent un rôle de souveraineté alimentaire au niveau local.

Pour autant, cette population souffre d'une absence de services publics, de concentration et de fragmentation de terre croissant avec la hausse démographique, etc.

Cette inégale répartition des terres et des rapports de production a tenté d'être corrigée par différentes réformes agraires ; leur but était de limiter la concentration foncière, d'éliminer les formes précaires de tenure de la terre et ainsi, de moderniser les structures agraires. Ces réformes agraires ont par ailleurs été renforcées par des plans de colonisations, des adjudications de terres et des mises en place de crédit favorable à l'implantation de migrants. Ainsi, la province d'Esmeraldas s'est vue devenir zone réceptrice de population. Ces réformes, que l'IERAC9 était chargé d'appliquer, n'ont pas permis de gommer ces contrastes.

7 L'indice de développement humain est un indice statistique pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. Il est compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent), calculé par la moyenne de trois indices (santé/longévité ; niveau d'éducation ; niveau de vie).

8 Ministère des Affaires Etrangères

9 Institut Equatorien de Reforme Agraire et de Colonisation

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Au niveau national, 63,5% des producteurs (plus de 530 000) en Equateur ont moins de 5 ha de terre ce qui représente une SAU10 totale de 6,26% seulement. La superficie moyenne de terre pour ces petits producteurs est de 1,45 ha. A l'inverse, seulement 6600 producteurs (0,78% du total) ont plus de 200 ha; cela représente 29,1% de la SAU total. (Brassel, 2002)

1.2. DEMANDE INITIALE DE L'ETUDE

Depuis quelques années, la crise politique et économique en Côte d'Ivoire, premier producteur de cacao dans le monde, génère de nouvelles opportunités pour les petits producteurs de cacao tels qu'en l'Equateur et au Pérou. De plus, la demande en cacao fin d'arôme est en pleine croissance en Occident, d'où des projets de développement qui permettrons un ajustement de l'offre à la demande dans un respect éthique envers les producteurs. D'où le projet PROCACAO réalisé par l'ONG11 française AVSF.

En Equateur, on assiste à des problèmes de vieillissement des cultures, d'une forte pression parasitaire et d'une mauvaise coordination au sein de sa filière. Pour autant il est le premier producteur mondial de cacao fin d'arome. Du fait de cette niche économique, garantissant une vente et une opportunité de marché, le projet PROCACAO est mis en place pour une relance de la productivité de cette filière via une meilleure organisation des groupements de producteurs.

1.2.1.PROJET PROCACAO EN EQUATEUR

Les partenaires financiers sont deux fondations hollandaises, Radobank et DOEN, ainsi que l'ONG GTZ12. Ce projet de renforcement des organisations de producteurs de cacao en Equateur s'étale sur une durée de trois ans et cible plus de sept organisations paysannes. Cela se traduit par plus de 2000 familles de producteurs concernées par le projet.

Le projet PROCACAO a débuté le 1 octobre 2007 en Equateur dans les Provinces de Pichincha, Esmeraldas (zone de l'étude), El Oro et Manabi avec comme objectif principal d'améliorer les revenus agricoles des familles de petits producteurs et maintenir une agriculture familiale dans des régions côtières aux écosystèmes fragiles. (Fiche Projet : EQUATEUR PROCACAO 2007-2008)

Les acteurs principaux de la filière actuelle sont composés de petits producteurs situés en zone amont du canton, d'intermédiaires, qui maintiennent les paysans dans une situation de fournisseurs de matière première à prix bas et d'exportateurs au niveau des ports les plus proches. Des milliers de paysans, producteurs de cacao restent depuis des décennies dans une situation précaire n'assurant qu'un revenu minimum. Beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui obligés de vendre leur terre pour migrer en ville ou devenir ouvrier agricole des grandes entreprises d'huile de palme dans la zone d'étude.

10 Surface Agricole Utilisée

11 Organisation Non Gouvernementale

12 Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

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Nous pouvons mettre en exergue quatre objectifs principaux du projet PROCACAO :

- Renforcer les organisations dans leur capacité de collecte et de préparation d'un cacao de qualité ;

- Renforcer les organisations dans leur capacité de gestion administrative de leurs activités ;

- Renforcer les organisations dans leur capacité de gestion de la commercialisation vers des marchés spécialisés (commerce équitable, certification biologique, gourmet) ;

- Renforcer les organisations dans leur capacité d'influence politique .

1.2.2.OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'idée de départ de AVSF était intitulée: « Impacts de l'agro-industrie du palmier à huile sur les petits producteurs de cacao du canton de Quininde ». Cette idée est née dans le cadre d'une concertation des organisations paysannes intégrées à cette problématique, qui sont: « l'Union des organisations paysannes du canton de Quininde » (UOCAQ), « l'Union des organisations de la province de Pichincha » (UNOCYPP) et « l'Union des organisations noires et paysannes des rives du fleuve Esmeraldas » (UONCRE).

La zone d'étude a été limitée au canton de Quininde ; elle s'est appuyée sur des organisations de producteurs de palmier à huile (Association nationale des producteurs de palmier à huile de l'Equateur - ANCUPA) et de cacao (UOCAQ et UONCRE). De plus, nous avons pu bénéficier tout au long de l'étude de l'appui de la «Corporation des organisations paysannes de la province d'Esmeraldas» (COCPE), elle-même appuyée par la «Fondation Maquita Cushunchic: commercialiser entre frères» (MCCH).

L'équipe chargée de l'étude s'est composée de deux étudiants ISTOM13, appuyés et conseillés en permanence par des chercheurs du SIPAE.

1.2.3.JUSTIFICATION DU DIAGNOSTIC AGRAIRE

« L'analyse diagnostic des réalités agraires a pour objectif principal d'identifier et de hiérarchiser les éléments de toutes natures (agro-écologiques, techniques, socio-économique, etc.) qui conditionnent le plus d'évolution des systèmes de production agricole et de comprendre comment ils interfèrent concrètement sur les transformations de l'agriculture » (Dufumier, 1996).

De plus, selon Apollin et Eberhart, le diagnostic agraire doit prendre en compte les stratégies productives pour la reproduction sociale des paysans (tendances sociales, structure de leur consommation, possibilités de développement, d'organisation, de foncier, etc.) qui combinent des moyens de productions et une force de travail dans leur exploitation.

13 Ecole d'ingénieur en agro-développement international

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Ces résultats dépendent intimement de :

- La conformité historique de la structure agraire et des groupes sociaux qui déterminent le développement des structures productives

- Les relations sociales de production qui s'établissent à l'intérieur (tendance de la terre, accès au crédit, échange dans le travail, etc.) et qui définissent la possibilité d'accès ou de la gestion de la terre, de la main d'oeuvre, du capital et des instruments de travail.

- La gestion des ressources collectives (droit à l'eau, règles des collectivités, des manières d'échanger, etc.)

- L'environnement socio économique (politique, marché, opportunité, etc.)

- L'environnement écologique (qualité de la terre, humidité, biodiversité, pentes, etc.) qui influe sur le système de production.

Il est donc important pour comprendre les impacts de l'agro-industrie du palmier à huile sur les petits producteurs de cacao du canton de Quininde, de réaliser un diagnostic agraire afin d'expliquer les logiques des différents acteurs, en montrant leurs stratégies de développement ainsi que de montrer les interrelations existantes entre chaque type d'acteurs rencontrés. C'est donc une approche systémique à mettre en oeuvre pour comprendre les dynamiques socio-économiques et environnementales présentes chez les producteurs.

De plus, en plein contexte de la mise en place de la nouvelle constitution, et de la création d'une porte d'écoute des ONG au niveau du MAGAP14, cette étude permettra une base de réflexion. Elle pourra apporter des outils, des données et des aides à la décision des problèmes liés à la question du foncier, des déplacements de petits producteurs ainsi que celle de la souveraineté alimentaire.

Notre diagnostic agraire a déterminé quatre objectifs principaux qui sont :

- Etudier les processus historiques qui configurent la réalité actuelle du canton;

- Comprendre la dynamique agraire dans laquelle sont impliqués les différents acteurs sociaux;

- Analyser et comparer les performances économiques des systèmes de production ;

- Etudier la nouvelle constitution mise en place aujourd'hui via les problèmes des exploitations paysannes.

14 Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage Equatorien

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1.2.4.METHODOLOGIE

Phase I : Revue bibliographique

Nous avons commencé par recueillir les informations détenues par les organismes de développement, les organisations de base décrites précédemment, et les autres acteurs intervenant dans la zone, en vue d'obtenir un panorama général de la zone à étudier. De plus, nous avons compilé des informations statistiques de différents domaines (climatologie, pédologie, administration, politique, populations, etc.) à travers la consultation d'institutions gouvernementales et internationales (IRD, MAGAP, SIGAGRO, FAO, Ministère de l'environnement, INEC, INDA, Mairie de Quininde, Conseil Provincial d'Esmeraldas, SIPAE, etc.).

Phase II : Délimitation de la zone d'étude

Il est question de rechercher des informations par l'observation du paysage agricole pour avoir une représentation des systèmes de production décrits. Par des ateliers réalisés avec les organisations paysannes, les entrevues avec des personnes clefs et surtout le parcours de la zone, nous avons pu délimiter la zone spécifique qui correspond à l'aire d'influence de la culture du palmier à huile et à l'aire d'action des organisations de la UOCAQ et de la UONCRE. Nous avons ensuite procédé à l'analyse des discontinuités (limites entre les différentes cultures, types de végétation, types de sols, altitude, etc.) et avons caractérisé les unités de paysage homogènes.

Phase III: Relecture de l'histoire agraire

Nous avons confronté les sources bibliographiques aux informations de l'histoire agraire de la zone. Nous avons compilé les informations historiques de la zone, interrogé des personnes âgées ayant vécu des changements à travers le temps, et réalisé des ateliers avec différentes communautés. L'objectif a été de réaliser la périodisation des faits qui ont marqué les changements importants de la zone et des systèmes de production.

Phase IV: Analyse des système de production

Cette étape doit permettre de caractériser les principaux systèmes de culture et d'élevage vis à vis de leur fonctionnement respectif (itinéraire technique et calendrier de travail) pour ensuite analyser les systèmes de production afin d'identifier les types de producteurs les plus représentatifs de la zone et leurs logiques socio-économiques.

Cette partie s'est faite à travers la réalisation d'entrevues auprès de différents producteurs (grands, moyens et petits), des ateliers avec les organisations de base, la participation à des évènements d'associations des producteurs de palme et de cacao. De plus, pour comprendre la dynamique entrepreneuriale de la zone, nous avons réalisé des entrevues avec les gérants et les administratifs des entreprises d'extraction d'huile de palme.

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Phase V : Les institutions et les législations via le problème du foncier et du crédit

Nous nous sommes concentrés durant notre dernier mois d'étude sur deux points importants : l'étude filière de la palme (autre stagiaire) et l'accès au crédit et au foncier (auteur).

Toutes les institutions formelles comme informelles de crédits ont été visitées dans le canton de Quininde mais aussi leurs bureaux principaux situés à Quito jusqu'à la Banque Centrale.

Dans le même temps, des entrevues ont été réalisées dans le canton de Quininde et aussi dans les bureaux principaux à Quito, au niveau des institutions qui s'occupent de la mise en place des plans de colonisations, des réformes agraires et donc qui adjudiquent et légalisent les terres (INDA 15 , notaires, cartographes principalement). Beaucoup de statistiques, de recensements, de bases de données ont été synthétisées afin d'avoir un aperçu des tendances dans le canton de Quininde.

Dans le contexte de mise en place d'une nouvelle constitution en Equateur, en réponse aux problèmes liés à la terre et à la souveraineté alimentaire, il a été important de mettre en relation ces données recueillies (accès au foncier, au crédit, incohérences entre les institutions publiques et privées) avec quelques points importants de cette constitution. Quelques alternatives et propositions ont été évoquées. Cependant un travail complémentaire est nécessaire.

Voici les définitions importantes pour une bonne compréhension de cette étude : (Ferraton, Cochet, 2003)

Les itinéraires techniques sont l'ensemble des pratiques culturales ordonnées dans le temps. Ils sont semblables pour un même système de culture mais différent d'un système à un autre.

Un système de culture est la représentation théorique d'une façon de cultiver un certain type de champ. Il s'analyse à l'échelle d'un champ, d'une parcelle ou d'un ensemble de parcelles qui sont exploitées de la même manière.

Il se caractérise par une homogénéité dans la conduite d'une culture sur un ensemble de parcelles : mêmes associations de culture, mêmes successions culturales, mêmes itinéraires techniques.

Le concept de système d'élevage est la représentation théorique qui permet d'étudier le fonctionnement d'un troupeau. Il s'analyse à l'échelle d'un troupeau.

Un système de production est l'ensemble des systèmes de culture et d'élevage au sein de chaque exploitation. Il permet d'examiner la combinaison spécifique des systèmes de culture et d'élevage mis en place par l'agriculteur grâce au moyen de production et à la force de travail dont il dispose et conformément à ses intérêts.

15 Institut National de Développement Agraire, anciennement IERAC

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Voici les grands outils utilisés pour comparer les différents systèmes composant les exploitations : (Ferraton, Cochet, 2003)

La valeur ajoutée brute (VAB) représente la création de richesse produite. C'est la différence entre le produit brut (valeur monétaire des productions finales, quelle que soit leur affectation) moins les consommations intermédiaires (valeur monétaire des semences, intrants et services éventuels utilisés au cours d'un cycle de production, coût de transport). Ce ratio permet de comparer les systèmes de culture et d'élevage entre eux. Nous l'avons comparé par unité de surface (VAB /ha), par journée de travail (VAB/J).

La valeur ajoutée nette (VAN) représente la VAB moins l'amortissement économique du capital fixe (l'usure des outils et machines consacrés par système). Cette valeur a été difficile à définir du fait que les outils et machines agricoles sont généralement utilisés pour toute l'exploitation et non pour un seul système. Nous avons donc calculé une VAN totale seulement lorsque l'on comparait les systèmes de production.

Le revenu total rémunère le travail accompli par les travailleurs de l'unité de production. Ils sont soit salariés, soit travailleurs familiaux. C'est un bon indice pour comparer les exploitations entre elles (revenu total par exploitation, exploitants). Il faut retrancher à la VAN totale les salaires permanents, la rente foncière versée au propriétaire, les impôts et taxes versés à l'Etat et les intérêts versé aux banquiers et usuriers qui ont avancé du capital. Il faut également ajouter les revenus hors exploitation (IOA). Il a été difficile d'avoir réellement toutes ces données. Nous avons pris en compte que les salaires permanents ayant une rémunération de 10$/J pour tous salariés confondus, ainsi que les IOA.

Une fois caractérisés les systèmes de culture et d'élevage et les systèmes de production, nous avons réaliser un atelier de restitution avec le comité formé des représentants des institutions collaboratrices mentionnées précédemment, ainsi qu'avec les personnes visitées lors des entrevues de manière à pouvoir évaluer l'avancée de l'étude et générer d'autres critères d'analyse.

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1.3. PRESENTATION DU CANTON QUININDE

L'étude réalisée est donc localisée dans la province d'Esmeraldas, au sien du canton de Quininde ayant une extension de 328 500 ha, avec une population de 88 337, dont plus 75% vivent en milieu rural et dont 30 249 UPA16 selon INEC17 en 2001. Il se situe donc sur la partie « Costa », au Nord Est de l'Equateur, à six heures en bus de Quito et à deux heures d'Esmeraldas, capitale provinciale.

1.3.1.DESCRIPTION DU CANTON

Le canton de Quininde comprend comme paroisses celle de Rosa Zárate (1000 km2) qui est le chef lieu, Cube (717 km2), Viche (84 km2), Chura (204 km2), Malimpia (469 km2) et la Union (986 km2). En total, la population de ce canton est d'environ 150 000 habitants.

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Figure 1:Descriptions du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

La population est caractérisée par le métissage, développé entre personnes afro-équatoriennes (provenant de la population noire du nord d'Esmeraldas et du sud de la Colombie), de Manabi, de Loja et plus largement de personnes de la Sierra et de la Costa, dont la présence initialement a été déterminée par la colonisation des terres inexploitées.

16 Unité de Production Agricole

17 Institut National des Statistiques et Recensements

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La principale voie de communication va de Santo Domingo au port d'Esmeraldas; elle passe par Quininde et La Concordia. Le carrefour de Santo Domingo permet d'être relié à Quito et à Guayaquil pour le commerce de marchandises et de produits agricoles.

Les routes secondaires, pierreuses, ont été construites pour l'activité agricole et plus spécifiquement par les exploitants forestiers et l'industrie palmicole. Les voies de communication tertiaires, en terre, sont souvent inadaptées à l'acheminement rapide des produits agricoles et surtout inadaptées au climat, puisque l'hiver pluvieux rend un bon nombre d'entre elles temporairement non empruntable. Finalement, les fleuves sont encore utilisés par des pirogues à moteur, servant aux communautés isolées à commercer entre elles ainsi qu'avec les villes les plus proches.

Le dynamisme économique de la zone d'étude est porté par le secteur primaire, secondaire et tertiaire. Le secteur primaire est le plus important de la zone, divisé en différentes activités agricoles (palmier à huile, cacao, fruit de la passion, élevage bovin, exploitation forestière, etc.).

1.3.2.POTENTIALITES DU MILIEU NATUREL

Son système hydrique est important et diversifié entre des bras de rivières jusqu'au fleuve « Esmeraldas », le plus important du réseau allant jusqu'à la ville Esmeraldas, au nord du canton, où il se jette dans l'Océan Pacifique. Ce dernier a comme affluent la rivière « Agua Clara», « Sabalo » , « Blanco », « Quininde », « Mache », Pambula » et « Chameros ». Toutes ces rivières prennent leur source au niveau du versant Andin et participent donc aux

axes de communications d'une majorité de communautés.

Figure 2: Caractéristiques générales du canton de Quininde (Sigagro, 2009)

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Le graphique ombrothermique18 suivant présente une saison sèche d'environ trois mois où la pluviométrie a une moyenne de 50 mm/mois. La température moyenne du canton est plutôt stable tout au long de l'année : elle varie entre 25°C et 26,2°C. Nous avons donc soit un climat tropical humide soit un climat tropical semi humide.

Graphique 1: Diagramme ombrothermique du canton de Quininde (IRD, 2008)

La structure du sol est d'origine volcanique où l'on peut rencontrer une majorité de Alfisol19, inceptisol20, enceptisol21. Voici une illustration précise de la pédologie du canton et de sa géomorphologie :

Figure 3: Caractéristiques générales des sols (Sigagro, 2009)

18 Un diagramme ombrothermique est un graphique utilisé en climatologie. Il indique sur un même graphique les précipitations et les températures moyennes par mois sur un an.

19 sol lessivé, à accumulation d'argiles en horizon profond

20 sol peu différencié à dominante brune, riches en oxydes de fer en profondeur, et riche en humus en surface.

21 sols sans horizon diagnostiqués, peu évolués, souvent sableux

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1.3.3.PAYSAGE AGRAIRE

Le paysage agraire est déterminé par la présence de différentes activités agricoles, où la topographie est un facteur de différenciation à l'occupation du sol. Dans notre zone d'étude considérée, il existe :

- une zone de vallée (zone avale) qui se situe dans la partie centre-ouest et sud du canton de Quininde

- une zone accidentée (zone amont) que l'on rencontre en grande partie sur les flancs est du canton.

1.3.3.1. ZONE AVALE

 

En termes de topographie, la zone considérée est donc la plus basse du canton, avec une altitude n'excédant pas les 100 mètres. Comme nous le détaillerons dans la partie historique, elle fût la première à être colonisée du fait de la facilité pour y accéder. C'est dans cette zone que se situent les principaux villages et villes du canton. C'est ici que s'est installée la majorité de la population urbaine de Quininde, ville principale de commercialisation du canton; lieu de vente de la filière amont de tous les producteurs ou intermédiaires.

Aujourd'hui, c'est au niveau de cette zone que l'on rencontre les principales voies de communication terrestres (Quininde-Santo Domingo, Quininde-Puerto Quito), ainsi que les voies secondaires. Par son accès facile et sa topographie plane, cette zone est prédisposée à une mécanisation agricole et industrielle croissante.

Photo 1: Zone avale du canton

Ces raisons expliquent un développement croissant de la palme africaine, du secteur industriel de l'huile de palme et autres dérivés comme on peut le constater lorsque l'on emprunte la voie principale du canton. Toutes les palmeraies et les extracteurs du village de Quininde longent cet axe jusqu'à Santo Domingo. C'est ici que se trouvent les grandes firmes multinationales de palme tel que « Palmeras de los Andes », « Aiquisa », Aexav ».

Remarque : cette partie du canton a un climat plus humide que les parties ondulées (moyenne de 22°C pour une pluviométrie de plus de 3000 mm/an). Depuis 10 ans que l'expansion de la monoculture de la palme africaine est présente, on peut constater un changement climatique. Le fait est que l'humidité de la zone est devenue plus forte qu'avant et il n'y a plus de vent dans la région, ce qui a provoqué une recrudescence de moustiques entraînant une augmentation de cas de paludisme dans la zone ainsi qu'une diminution de la faune sauvage.

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1.3.3.2. ZONE AMONT

 
 

Cette zone se situe sur les flancs Ouest et Est du canton de Quininde, loin de la vallée. Son relief est ondulé à accidenté, allant de 100 m à 600 m d'altitude. Sa pluviométrie varie entre 2000 mm/an à 3000 mm/an.

L'occupation du sol par la palme africaine diminue avec l'altitude. Cependant, depuis ces dernières années, on peut remarquer de plus en plus de nouvelles cultures de palme (jeunes plants de 3 ans maximum) sur les bords des voies secondaires et tertiaire, contribuant au développement de routes, d'écoles, de l'énergie électrique, etc.

Photo 2: Zone amont du canton

 

Pour autant, cette zone reste isolée de développement. La majorité de la population vit en communauté, et cultivent des produits d'autoconsommation ; des cultures de cacao et de fruit de la passion, représentatives des économies paysannes. Les difficultés de commercialisation de ces zones éloignées justifient la présence de pâturages où l'élevage bovin est considéré comme une source d'épargne.

Le fait d'être éloigné des voies principales (à plus de quatre heures parfois de la route principale), a amené les plus grands villages au centre des communautés à devenir des centres de commerce secondaires où les producteurs traitent souvent avec des intermédiaires. On peut citer Cube, San Ramon comme exemples de villages secondaires de commerce.

Remarque: ces villages permettent d'absorber la main d'oeuvre des alentours et ainsi diminuer l'exode rural. Ils jouent donc un rôle tampon, et fixent les populations.

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En résumé, la culture du palmier à huile occupe les meilleures terres (zone avale) et profite des meilleurs axes de commercialisation, alors que les exploitations familiales se retrouvent marginalisées en zone accidentée (zone amont) :

Figure 4: Coupe transversale du paysage agraire de Quininde (étude SIPAE, 2009)

Figure 5: Paysage Agraire du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

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2. HISTOIRE AGRAIRE DU CANTON DE QUININDE

Pour mieux appréhender les dynamiques de ce canton, intéressons-nous à son histoire agraire, ce qui va permettre d'avoir une meilleure vision globale des systèmes agraires actuels, des tendances en termes de migration des populations, des différentes typologies de producteurs et donc des problématiques actuelles des exploitations familiales.

2.1. LA PREMIERE IMMIGRATION MASSIVE DU CANTON QUININDE (1800 - 1914)

2.1.1.LA COLONISATION SPONTANEE ET SES PREMIERS RESEAUX DE COMMUNICATION

Avant 1800, le canton de Quininde était formée d'une forêt vierge où il régnait un climat tropicale avec une grande diversité d'espèces arboricoles et animaux sauvages. De ce que l'on sait, il n'y avait pas de communautés indigènes implantées dans cette région. A partir de l'arrivée des premiers colons, d'origine afro-équatorienne, il y a eu une modification de cet écosystème, ce qui a provoqué une déforestation progressive du paysage.

Ce canton s'est vu colonisé de manière spontanée par de nombreuses entreprises de caoutchouc à partir de 1800, provoquant une arrivée massive de colons venant des côtes de l'Océan Pacifique par le fleuve Esmeraldas et par la Colombie, au nord du canton. Il n'y a pas eu de colonisation par la terre du fait que les seules voies praticables à l'époque étaient maritimes, celles du fleuve Esmeraldas ainsi que ses bras de rivières dont les deux principaux sont les rivières Blanco et Quininde.

A partir de 1812, commence réellement l'exploitation intensive du caoutchouc. Les colons s'implantèrent définitivement avec leur familles le long des rivières où ils ont commencé à prendre possession de grandes terres qui dépassaient facilement les 200 ha.

Figure 6: Colonisation spontanée du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

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De cette première colonisation spontanée, donc sans l'aide de l'état, sans titre de propriété, sans réglementation, il faut ajouter une migration importante de colombiens entre 1900 et 1903 où s'est produit la guerre des « Milles jour ». Cette population noire s'est réfugiée dans le nord de la province d'Esmeraldas pour s'installer ensuite le long du fleuve Esmeraldas ainsi que dans les zones voisines.

Remarque : la plus grande ville qui a été construite à cette époque, est la ville d'Esmeraldas, au confluent du fleuve Esmeraldas et donc de l'Océan Pacifique, point stratégique pour commercer avec l'extérieur et entrer dans le canton de Quininde.

2.1.2.LES PREMIERS MODES DE PRODUCTION

Pour accéder à une superficie cultivable, il était nécessaire de couper les arbres et de déforester les berges des rivières. Ce fut donc la première activité des colons à l'aide d'outils comme la hache ou la machette. Les arbres coupés servaient, comme encore aujourd'hui, à construire les habitats ainsi que des barques pour naviguer sur les rivières.

Les premiers modes de production restaient du domaine de la cueillette, de la chasse et de la pêche, suffisants pour assurer la sécurité alimentaire des familles. Afin d'assurer la subsistance de la famille, des parcelles étaient aussi utilisées pour planter des cultures comme la banane, la banane plantain, le maïs, du riz, de l'igname, des haricots, etc.

La première forme de culture de rente est arrivée réellement avec l'exploitation de caoutchouc et de la tagua à partir du milieu du 19ème siècle. L'exploitation de caoutchouc s'est commercialisée sur les marchés des Etats Unis et de l'Europe. Parfois il se vendait des « boules de caoutchouc ») en échange de nourriture sur la province d'Esmeraldas (nous reviendrons plus en détail sur ces échanges informels). Toute la commercialisation se faisait par voie maritime.

En 1830, conjuguée à l'augmentation démographique du canton, la demande en produits pour l'autoconsommation est devenue une évidence. C'est à ce moment que certains producteurs ont commencé l'élevage, une activité d'importance et adaptée au mieux aux besoins sur place : l'isolement, l'inexistence de voies terrestres, les fortes températures, les saisons des pluies, sont tant de facteurs qui ont poussé à une agriculture et un élevage local.

Toutefois, en cette seconde partie du 19ème siècle, émergea deux nouvelles cultures de rente, celle du cacao et du tabac ; nous savons qu'en 1854, il existait des haciendas situées au nord du secteur de Viche ayant une superficie de 800 ha qui se consacrait à l'élevage et à la plantation de cacao.

De plus, en 1896, l'Allemagne était en plein boom industriel ; il y eu une motivation d'implanter leurs entreprises dans toute la province de Quininde pour le commerce de la tagua.

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2.1.3.DEBUT DU CREDIT INFORMEL

C'est à partir de cette première colonisation spontanée qu'apparu le crédit informel. L'installation des colons dans des lieus isolés, sans routes, ni marché à proximité, sont des facteurs limitant l'autosubsistance.

De plus, à partir de 1850, les cultures de rentes apparaissent. A ce moment, le commerce débute dans cette zone. Les grandes exploitations forestières, les propriétaires d'hacienda augmentent les inégalités entre individus. Cette nouvelle dynamique de commercer entraîne des difficultés pour certaines populations isolées.

Le crédit informel qui s'est mis en place à cette époque et qui est toujours d'actualité, soit 150 ans plus tard, peut se décrire par un échange de biens et services entre les intermédiaires qui tenaient les embarcations pour charger les productions jusqu'à Esmeraldas. Cela se traduit par une vente de la production à l'intermédiaire où, en contre parti, l'intermédiaire paye une partie en nourriture de base.

Cette période se caractérisa par les premières colonies, par les premières formes d'anthropisation du paysage agraire, avec une première dynamique d'exploitation du bois, de la chasse, de la pêche mais aussi par des cultures destinées à la famille. Puis une deuxième dynamique agraire explosa dans la seconde partie du siècle. Une dynamique se tournant vers les cultures de rentes telles que le caoutchouc, la tagua, mais aussi le cacao qui commencèrent à être cultivées et commercialisées aux Etats Unis mais aussi en Europe. Le commerce ainsi que les premières formes de crédit débutèrent dans la zone.

2.2. CRISE MONDIALE ET NAISSANCE DU MODELE AGRO-EXPORTATEUR (1914 - 1965)

2.2.1.CRISE DU CACAO DANS UN CONTEXTE DE CRISE MONDIALE

Bien que la production de cacao n'était pas à son apogée au début du 20ème siècle, il est important, dans le cadre de notre problématique, de comprendre son histoire et de montrer ses différents cycles.

Les évènements ayant conduit à la crise du cacao en 1914:

- La fermeture du port d'Hambourg a bloqué les importations de cacao provenant d'Equateur. L'Equateur a du vendre sur de nouveaux marchés, ce qui s'est traduit par une chute de prix, renforcée par le manque de transport et de débouchés.

- A partir de ces même années, l'Equateur fut touché par la Monilia (« Monilia roreri ») et l'Escoba Bruja (champignon « Crinipellis Perniciosa »), deux maladies, respectueusement de la cabosse et du cacaoyer. Ces deux maladies ont causé une réduction de la production annuelle de plus de 35 000 tonnes sur 45 000 en moins de 10 ans .

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- Une fois la Première Guerre Mondiale finie, des pays comme le Brésil ou la Côte d'Ivoire ont aussi commencé à produire du cacao, entraînant une baisse du prix mondial.

Dans la zone d'étude, la répercussion de cette crise fut modérée du fait que cette culture n'était pas la principale. De plus, le cacao est cultivé en association, ce qui a aider à résister contre les maladies. Cette crise est probablement à la base d'une motivation à changer de culture : apparition du café qui a été la seconde exportation dans la période 1925 - 1929 à plus de 14,8% du PIB.

Cette crise s'est traduite par l'abandon et la vente de la majorité des haciendas dans les régions les plus touchées, lesquelles furent achetées par de moyens et petits producteurs. Eux-mêmes ont recommencé à cultiver du cacao mais en utilisant de nouvelles semences de deux arbres ayant résisté aux maladies : híbrido nacional x venezolano. Cet hybride est le résultat d'un croisement entre les arbres nationaux ayant survécu aux maladies et l'arbre de variété trinitario, introduits depuis le Venezuela au début du 20ème siècle, qui a des propriétés plus productives et tolérantes aux maladies.

Au niveau macroéconomique, la crise du cacao reflète en fin de compte une crise de tous les produits exportés, conséquence de la Première Guerre Mondiale et du contexte international jusqu'en 1929 ; la crise mondiale fit chuter tout le système financier. La banque centrale perdit ses réserves, la balance commerciale fut déficitaire dans tous les secteurs. L'Equateur a assisté à une importante dévaluation de sa monnaie, entraînant un effondrement du pouvoir d'achat et une augmentation du chômage (Tiaguaro, 2008).

La dévaluation a donné une impulsion des exploitations forestières dans la zone d'étude, surtout pour le caoutchouc et la tagua. A la suite de la Seconde Guerre Mondiale, l'Equateur, avec à la tête du gouvernement Galo Plaza (1948 - 1952), s'ouvre fortement au marché mondial (exportation d'aliments basiques et de matières premières), ce qui a augmenté les prix des produits exportés. L'augmentation des prix a mis fin à la crise. Encore maintenant, une partie des producteurs du canton de Quininde vivent de la vente du caoutchouc, dont les revenus sont destinés à acheter des produits d'autoconsommation.

Cette politique de développement avait comme lignes directrices:

- Attirer les capitaux étrangers, l'ouverture des frontières, la diminution de taxes.

- Augmenter le crédit pour lancer des productions de banane, nécessitant un capital de départ important.

- Mise en place d'un plan de colonisation, des adjudications de terres dans la zone d'étude.

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2.2.2.LE BOOM DE LA BANANE ET SES IMPACTS

Jusqu'en 1948, l'Equateur était un exportateur marginal de banane. Six ans plus tard, l'Equateur devient le premier exportateur et producteur de banane au niveau mondial. Essayons de comprendre en quoi cette spécialisation a tiré l'Equateur de la crise économique. En second point, nous montrerons quels ont été les impacts de cet essor économique, tant au niveau social qu'au sein des systèmes agraires de notre zone d'étude.

Au début des années cinquante, la plus grande demande en banane fut celle des Etats Unis, qui s'approvisionnait par le biais de deux grandes entreprises multinationales (United Fruit et Standard Fruit) à partir de leurs propres plantations en Honduras, Guatemala, Costa Rica, Panama et autres filiales secondaires aux Caraïbes. Durant l'après guerre, deux maladies, « le Mal de Panama » et « Sigatoka Amarilla » ont affecté gravement ces plantations qui correspondaient à la variété Gross Michel. Pour contrer ce désastre, ces deux multinationales ont opté pour lutter contre ces maladies par de grands investissements mais aussi en dégageant des filières secondaires à la recherche de nouveaux marchés. Le fait que l'Equateur était un pays sans « Mal de Panama » et qu'il s'ouvrait aux investissements étrangers, a été les deux raisons pour s'implanter là bas. (Larrea, 2006)

A partir de ce moment, les exploitations se sont construites sur des anciennes haciendas de producteurs de cacao partis après la crise ou sur des terrains vierges occupés par des colons comme pour le cas du canton de Quininde. En 1954, la province d'Esmeraldas représentait 23% de la superficie totale de plantation de banane, la plus importante production nationale. Les raisons sont liées à une forte injection de crédit pour la province qui a reçu un tiers du crédit destiné à la production de banane dans le pays. (Collin D. 1981)

Figure 7: Avancée des exploitations bananières en 1954 en Equateur (Collin D, 1981)

Le modèle agro-exportateur fut un succès total dans la zone : la majeure partie des terres du secteur de Santo Domingo et Quininde appartenaient à l'état, comme terre inoccupée. La stratégie de l'état fut de les vendre à petit prix, incitant les populations extérieures à venir s'implanter au niveau du canton.

C'est ainsi qu'une majorité de compagnies multinationales profitèrent de cet « élan de générosité » pour s'implanter : Calvet Martínez, Fruit Trading Corporation (Compañía Aztral) et Luis Novoa. En contre parti, les producteurs devenant salariés pour la plupart, avaient la garantie d'un emploi.

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A partir de cette époque d'ouverture des frontières et donc d'entrée massive de firmes multinationales, des pressions foncières commencèrent à se faire ressentir, des conflits de terre éclatèrent, des protestations de producteurs remontèrent jusqu'au palais présidentiel à Quito en 1958. Le problème venait essentiellement des titres de propriétés qui n'existaient pas au début du siècle. Comme nous le verrons, ceci est un des gros problèmes de sécurisation foncière pour les petits et moyens producteurs face à l'agro-business croissant dans ce canton.

Remarque : en 1960, grâce à ces nouvelles filières privées et cette dynamique industrielle croissante, il y eut un développement des transports marins (bateaux à moteur) mais surtout la création de routes reliant Esmeraldas à Quininde ainsi qu'entre Quininde et Santo Domingo ; ce qui changé radicalement le mode de commercialisation.

2.2.3.L'APPUI DE L'ETAT POUR DYNAMISER LA ZONE

Ce n'est pas seulement l'implantation de firmes étrangères dans le canton ni les nouvelles voies de communication qui sont à l'origine du dynamisme économique du canton. En 1963, il s'est produit dans les provinces voisines, celles de Manabi et Loja, une sécheresse qui a eu un effet désastreux sur les cultures. La conséquence a été une nouvelle colonisation massive vers le nord du pays. Cette colonisation ne s'est pas déroulée de façon spontanée mais au contraire, elle a été dirigée par l'état qui a promu des programmes d'extension donnant accès aux populations à des lopins de terres à cultiver.

Au début des années cinquante, selon le plan de colonisation au niveau du trapèze délimité par Santo Domingo - Quininde - Chone - Quevedo, 500 000 ha furent occupés par environ 200 000 colons. C'est en réponse à cette forte arrivée de colons en pleine zone d'expansion de banane que l'état promulgua en 1954 un décret amenant à plusieurs dispositions sur les lois via la colonisation des terrains vierges.

Figure 8: Plans de colonisation et accès à la terre durant les années soixante (étude SIPAE, 2009)

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Remarque : à travers de ce trapèze, des études ont évalué que seulement 10 % de la population avait légalisée leur terre dix ans après.

C'est IERAC (remis en cause aujourd'hui) qui donnait le droit de s'installer sur telle ou telle terre. Souvent les bonnes terres redistribuées dans le canton étaient en fait vendues sous couvert de « réforme agraire » : les grands propriétaires (venant de Manabi pour la plupart) recevaient des terrains de plus de 100 ha situés sur des zones planes, disposant d'un accès à l'eau, aux routes et aux infrastructures (zone avale). Au contraire, les terres données gratuitement étaient sur des terrains de moins de 15 ha en pente ou situés à une haute altitude où plus de 80 000 petits exploitants se sont implantés (zone amont du canton).

Une alternative contre ces inégalités foncières fut de créer des coopératives par les petits exploitants afin d'avoir le droit à des lopins de terre de 50 ha. C'est à partir de ce moment qu'il y eu la création de coopératives de producteurs dans tout le pays. Nous pouvons citer dans le canton de Quininde la création de Agrícola Independiente, San Carlos, Unión Manabita, Simón Bolívar, et plus d'une vingtaine d'autres. (Larrea, 2006)

Simultanément, un système de dénonciation fut mis en place : les producteurs installés depuis longtemps, n'ayant pas de titre de propriété, ont été dépossédés de leur terre, principalement dans la zone aval de l'étude ; un producteur nous a dit : « le problème n'était pas d'avoir de la terre, le problème était de pouvoir la conserver ».

Remarque : il y a eu dans la zone avale un phénomène de concentration foncière, dont les principaux acteurs sont maintenant les agro-entreprises, comme les producteurs de banane ou d'huile de palme. (AVSF, accès à la terre en Equateur, juillet 2008)

Au niveau des productions, à partir de l'année 1952, on rencontre le long de la route principale des cultures de banane pour l'exportation, d'élevage, et l'apparition de la palme. A l'extérieur de ce trapèze en plein essor, on se consacre principalement à des cultures d'autosubsistance, avec une majorité de banane plantain, manioc, riz. On voit aussi apparaître à partir du milieu des années 60 des producteurs se consacrant à de petits élevages de vache laitière et viande, ce qui a ouvert un nouveau marché local à Quininde, étant la ville du canton en pleine expansion.

Ces nouvelles réformes agraires, ce plan de colonisation dirigé et les mouvements de colonisation ont permis la mise en place d'une dynamique d'accumulation de la terre, et donc de fragmentation et dépossession de terres de petits paysans dans certaines zones du canton.

Dans la zone aval, les « Plans Pilotes » de la colonisation dirigée ont contribué principalement à l'implantation de grands propriétaires et de firmes étrangères pour des cultures agro-exportatrices. Au contraire, la zone amont a été principalement peuplée par de petits exploitants cultivant pour leur autosubsistance. Au niveau du « trapèze », on se rend compte que le niveau de vie des colons est largement supérieur à celui des zones amont du canton. On observe par exemple en zone avale, une assistance technique auprès des producteurs, des aides économiques fortes (se traduisant par des prêts en général), que l'on ne retrouve pas à l'extérieur du « trapèze ».

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2.3. LA CRISE DE LA BANANE (1965 - 1982)

2.3.1.SES FACTEURS ET SON IMPACT DANS LA ZONE

A partir de 1965, il y eu des modifications importantes au niveau du marché international, principalement liées à la banane. Une nouvelles variété de banane, Cavendish, est apparue. Variété résistante au « Mal de Panama », mais aussi plus adaptée aux conditions climatiques de l'Amérique Centrale. Ceci a provoqué une élimination progressive de la « Gross Michel » sur le marché mondial. De plus, la variété Gross Michel implantée en Equateur connue aussi la maladie de « Sigatoka amarilla » suivi du « Mal de Panama ».

Ces facteurs ont eu un impact considérable sur les petits producteurs n'ayant pas le capital requis pour cultiver cette nouvelle variété. Les grands propriétaires commencèrent donc à changer leurs cultures dans la province d'Esmeraldas, mais la pression de grosse firmes multinationales de banane dans le sud du pays fut telle qu'ils perdirent toute compétitivité. Beaucoup d'entreprises tel que Aztral, se délocalisèrent de la province d'Esmeraldas, en direction du sud du pays, région dorénavant en pleine croissance pour la banane.

Figure 9: Recul des exploitations bananières en 1969 dans le nord de l'Equateur (Collin D, 1981)

Pour une majorité de petits producteurs, ce fut réellement une crise ; ils ne pouvaient pas cultiver la banane « Cavendish » et ils n'avaient plus d'aide de la part de l'état pour changer de culture du fait de son retrait en aide de crédit sur la zone à ce moment. Une majorité de cette population s'est vue vendre leur terre pour migrer en ville.

Remarque : les coopératives, continuant à cultiver ensemble la « Covendish », furent à cette époque de crise un acteur énorme de développement de la région : construction de routes secondaires, d'écoles et obtention de leur titre de propriété (zone amont).

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2.3.2.LA STRATEGIE DE RELANCE DE L'ETAT

Au niveau du canton de Quininde, de nouveaux arrivant de la Sierra continuèrent à s'installer. L'IERAC a continué d'adjudiquer des lopins de terres aux personnes voulant s'implanter en vue de relancer cette province en pleine crise. Entre 1964 et 1974, le canton de Quininde était représenté par plus de 84 % de terres décernées par l'IERAC.

En parallèle aux migrants, les colons et travailleurs temporaires émigrèrent des campagnes vers les villes, comme la Union, Quininde et Esmeraldas. Ils vendirent leur terre aux grands propriétaires et aux compagnies comme la Palmera de los Andes, qui acheta également les terres de la compagnie d'Aztral et bien d'autres. C'est à partir de ce moment que la région commença à se dédier réellement à la production de la palme africaine.

En réponse à ce fort exode rural, c'est au début des années 80, qu'un nouveau programme de développement, le DRI 22, a été mis en place par l'état et a permis à redynamiser les campagnes, par la construction d'écoles, par l'amélioration de l'accès à l'eau potable, par une assistance technique plus égalitaire pour tous, ainsi que par la création de dispensaires dans les zones reculées.

Ce développement des campagnes a permis de limiter la migration des paysans vers les villes où la pauvreté et les bidons villes commencèrent à apparaître.

De plus, l'état construisit la route principale en asphalte reliant Esmeraldas à la Union passant par Quininde, ce qui améliora le transport, le commerce, et augmenta la dynamique industrielle de la zone avale. De plus, grâce au DRI, la construction d'un pont sur le rio Blanco a permis la connexion de deux secteurs peuplés de grands et moyens propriétaires. Cette construction a permis d'augmenter le commerce, de voir émerger des greniers, des dynamiques d'échanges, la création de services.

Remarque : depuis quelques mois, cette route à deux voies est en aménagement pour passer à quatre voies, ce qui permettra d'une part une meilleure fluidité du commerce mais aussi une augmentation du prix de la terre.

2.3.3.CREATION DE LA BANQUE DE CREDIT NATIONALE

En 1961 se créa le programme de palme africaine et la Banque Nationale de Développement (BNF). Cette banque publique fut prête à attribuer des crédits pour l'implantation et pour l'entretien des cultures de palme africaine à partir de 1966. En 1976, une nouvelle ligne de crédit fut mise en place pour un lancement dans l'élevage. Les placements allaient jusqu'à 10 à 12 ans avec une période de grâce de 5 à 7 ans. L'intérêt n'était pas élevé, 7 % à 9 %, et finançait jusqu'à 80 % le changement cultural.

Cependant la distribution du crédit ne s'est pas faite de manière égalitaire. Peu de petits producteurs, par manque de garanties financières et manque de titre de propriété, n'ont pas pu avoir accès à ce crédit.

22 Développement régional Intégral

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De plus, il n'y avait pas de lignes de crédit via la BNF pour d'autres cultures que la palme ou l'élevage à cette époque. Ainsi, les cultures telles que le café, le cacao, qui généraient une économie paysanne non négligeable, n'ont pas eu d'accompagnement de l'état.

Depuis la délocalisation des firmes bananières, le canton de Quininde s'est vu entrer en crise.

Sa conséquence fut la vente de terre au profit de nouvelles firmes implantant pour la majorité de la palme africaine dans la zone avale, aidée par l'intervention de l'état en termes de crédits, d'infrastructures et de services agricoles permettant une nouvelle impulsion économique de la zone.

Face à l'exode rural des petits exploitants, l'état a cependant développé une logique pour fixer les populations ; un développement social est apparu dans ces zones (DRI). Pour autant, cette intervention de l'état n'a en rien aidé ces populations à une reconversion culturale, ou à un appui concret de leur production.

La stratégie de l'état reste dans une logique libérale, favorisant les grandes cultures de rentes et d'exportations en délaissant les économies paysannes.

2.4. TRANSFORMATIONS RECENTES DES SYSTEMES DE CULTURE (1982 - 1995)

A partir de cette époque, de nouvelles cultures furent lancées par de grands propriétaires ou compagnies qui se sont installés dans la zone, profitant de l'instabilité des petits exploitants pour leur acheter leur terre à prix bas.

Cette diversification des cultures fut d'une grande importance pour répondre à la demande des villes de plus en plus croissante. Cette diversification répondait donc à une demande nationale, et donc à joué un rôle de sécurité alimentaire, indépendamment de toutes fluctuations économiques au niveau des cours des marchés mondiaux.

2.4.1.LA PALME AFRICAINE

La participation de l'état à travers des politiques de crédits, de distribution de terre orientée, de nouvelles technologies publiques, ajoutés à cela les prix des marchés, les conditions agro-écologiques du milieu, ont été propices à un développement accéléré de la production d'huile de palme dans la zone avale de l'étude (plus grande zone de production d'huile de palme dans le pays actuellement).

Cela s'est traduit par une déforestation quasi-totale du canton en direction de l'ouest du canton ; puis, les plantations de palme demandant de grands investissements de départ, furent mises en place par ces grands propriétaires et entreprises ayant au minimum de 80 ha de SAU.

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La zone avale s'est donc dédiée à la production de palme. En 1985, la superficie de palme dans le canton de Quininde était d'environ 35 000 ha. Dix en plus tard, elle était de 72 000 ha. (ANCUPA, 2005). En 1995, plus de 80 % des exploitations de palme sont situées le long de la route principale reliant la Union à Quininde jusqu'à Esmeraldas.

Remarque : il est important d'insister sur le fait que les crédits ne suffisent pas à la mise en place de la palme dans la zone. Les propriétaires et entreprises s'étant adonnés à cette culture ont du faire appel à leur fond propre. Ainsi, les petits producteurs, coopératives, communautés n'ayant que peu de capital propre n'ont pas pu profiter de cette croissance économique de la zone.

A cette période de croissance de l'agro-business de la palme africaine, l'élevage reste aussi un domaine important pour les grands propriétaires : grâce au crédit mis en place dans les années antérieures, on put aussi observer de grandes exploitations de vaches à lait pour le marché local et national dans la zone avale de l'étude. Cependant, nous retrouvons aussi des éleveurs, plus isolés du marché, sur la zone amont de l'étude, qui vendent essentiellement leur production sur le marché local tout en gardant une partie pour leur propre autoconsommation.

2.4.2.LES PRODUCTIONS DES ECONOMIES PAYSANNES

Pour les petits et moyens producteurs, leurs revenus provenaient et proviennent toujours de la vente de produits comme le café, le cacao, la banane. Alors que pour leur consommation familiale, ils ont de petites superficies dédiées à la production d'igname, manioc, banane plantain, étant des produits peu rentables à la vente.

Lors des périodes de pic de production de la culture de la palme que de l'élevage, ils vendent leur force de travail de façon temporaire pour accumuler un revenu supplémentaire.

On peut rencontrer deux types de petites exploitations dans la zone amont du canton :

- Les premiers, d'origine afro-équatorienne, cultivant du cacao, du café, du chanvre et autres textiles, ainsi que du maïs, manioc, et arbres fruitiers. Le tout destiné à une consommation familiale ou à la vente locale.

- Les autres, dans les zones plus en amont ayant un relief plus pentu, ont pour origine les colons arrivés des Provinces de Manabi et Loja, continuant de cultiver le maïs et le riz comme dans leurs régions d'origine, pour la famille, ainsi que le cacao et café pour la vente.

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2.4.2.1. LE CAFE , UNE CULTURE IMPORTANTE JUSQU'A SA CRISE

A partir des années 80, le prix du café augmenta du fait d'une demande internationale de plus en plus forte. Ceci bénéficia pour beaucoup aux petits et moyens producteurs, marginalisés jusqu'à présent de toute dynamique politique.

La vente se fit par le biais d'intermédiaires présents dans ces zones reculées, pour ensuite vendre la production en ville à Quininde où le café était acheminé par la suite, jusqu'aux ports d'Esmeraldas, Manta et Guayaquil. Pour d'autres producteurs, ils acheminaient directement le café à cheval ou au moyen de barques jusqu'à Quininde.

Le rôle que joua le café dans l'économie paysanne fut important et permit pour certains à une capitalisation, ce qui a reflété des achats de bétails et de petites parcelles de terre. Cependant, le boom du café connu sa chute quelques années plus tard, en 1990, à cause de l'apparition d'une maladie dite « Hypothenemus hampei », appelée plus communément « Broca », qui a dévasté les parcelles de café, entraînant une chute des prix ainsi qu'un arrêt de sa production.

La décision de détruire la majorité des parcelles de café afin d'enrayer la Broca fut prise, afin de les remplacer, selon les critères du producteur, soit par une plus grande densité à l'hectare de cacao, soit par de nouvelles cultures fruitières telles que le fruit de la passion, commençant à être de plus en plus source de capital (apparition d'une demande croissante), ou enfin par plus de parcelles en jachère pour les bovins.

2.4.2.2. LE CACAO EN PLEIN ESSOR

Le cacao fut donc introduit durant le processus de la colonisation spontanée, mais surtout eu sa phase de croissance économique dans les années 60 où il y eut une arrivée massive de population. A partir de ce moment, le cacao a constitué un capital non négligeable dans les économies paysannes. Dans les années 70, les communautés de la zone se sont orientées de plus en plus vers les cultures de cacao dont le prix de vente augmentait. A partir des années 80, la seconde grande vague de colonisation a fait émerger une nouvelle zone de cacao, localisée dans les terrains vierges et isolés de la zone amont de l'étude.

Graphique 2: Evolution de la production de cacao au 20ème siècle en Equateur (MAGAP, 2001)

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Ces petits producteurs ont du faire face à plusieurs problèmes :

- Un manque de politique intégrale se traduisant par une absence d'assistance technique, un non accès au crédit et un enclavement géographique lié à cette non intervention de l'état ;

- Une incapacité financière à remplacer leurs cultures rapidement ; leurs plants de cacao étaient pour la majorité anciennes, produisant donc qu'un rendement faible ;

- Une instabilité des prix au niveau du marché mondial, une commercialisation vulnérable et dépendante des intermédiaires (point que nous développerons par la suite).

A partir des années 90, le cacao national a présenté de meilleurs prix de vente. Cette situation a permis un intérêt pour ces exploitations familiales à le cultiver. De plus, des organisations de producteurs ont pu avoir un appui d'ONG, afin qu'ils s'inscrivent véritablement et directement dans le marché international. Il y a eu une sensibilisation et formation auprès des producteurs face aux maladies du cacao, ainsi que des dons de nouveaux plants de cacao national. Il y a eu donc une meilleure compréhension de la gestion de culture. De ces appuis, ces exploitations familiales purent pour certains, avoir des certifications organiques et s'inscrire dans un commerce équitable, leur ouvrant donc des portes sur des marchés de niche, garanties de vente et de redistribution monétaire dans la filière en leur faveur.

Remarque : les cultures de cacao étaient de variétés nationales « criollo » mais aussi hybrides, « CCN51 ». Cette dernière s'est vu freiner par la présence des ONG incitant à rester sur la variété nationale.

2.4.3.STRUCTURE FONCIERE DU CANTON

La population du canton est passé de 43 000 en 1974 à 75 000 en 1990 (INEC, Recensement 1974 et 2001). Par cette hausse démographique, il s'est développé un phénomène de fragmentation de la terre. Maintenant, les exploitations sont beaucoup plus petites qu'auparavant. En raison de cette pression foncière, la répartition de la terre est donnée en général à l'aîné de la famille ou à des personnes extérieures intéressées (de plus en plus de compagnies achètent des terres ainsi), puis les autres personnes de la famille vont soit en ville pour chercher du travail, soit émigrent aux Etats Unis ou en Europe.

Exemple : les premières propriétés qui ont pu accéder à des terres de 200 ha aux début du 20ème siècle ont en 2000, après la succession des générations, une superficie moyenne de 5 ha (MAGAP, 2000) .

Cette concentration de terre a eu comme impact une diminution des temps de jachères donc une diminution de la fertilité des sols et une augmentation d'intrants inorganiques. De plus, les cycles de cultures deviennent de plus en plus courts principalement au niveau des exploitations paysannes situées en zone amont de l'étude. De plus, la gestion des ressources hydriques commencent à manquer par cause d'une occupation du sol croissante de la palme africaine très demandeuse en eau.

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Ces faits ont renforcé les inégalités entre les entreprises, grands propriétaires et ces économies paysannes. De part une absence de l'intervention de l'état au sein de ces populations, la concentration de la terre a augmenté ainsi que la nécessité d'avoir accès à des crédits pour maintenir un production stable.

A la fin du 20ème siècle, le canton de Quininde s'est divisé en deux zones bien distinctes ; la première, zone avale, s'est vu en plein développement de la palme africaine, avec des exploitations agro-exportatrices de plus en plus présentes, véhiculant une industrialisation croissante ; tandis que la zone amont reste encore très isolée de tout développement, avec une agriculture paysanne ayant de plus en plus de difficulté à perdurer. L'augmentation de la population ainsi que l'exploitation massive d'huile de palme a entraîné une concentration des terres, une fragmentation de terre dite « achat-vente », ayant obligé de nombreux propriétaires à adapter leur itinéraire technique, ainsi que leurs stratégies de diversification agricole afin de continuer de subvenir à leurs besoins.

2.5. LES DERNIERES ANNEES (1995 - 2010)

2.5.1.EVOLUTION ACTUELLE DU CANTON

2.5.1.1. UNE DIVERSIFICATION DES PRODUCTEURS

On observe en zone avale un nombre infime de petites et moyennes propriétés qui ont pu perdurer entre les grandes exploitations de palme. Ces dernières années, il y a une tendance de ces petits et moyens producteurs à planter de la palme africaine. Bien que le coût de sa mise en place reste élevé, la palme garantit un prix de vente ainsi qu'un rendement stable dans le temps pour le producteur.

De plus, toutes les infrastructures requises pour sa mise en place (crédit approprié), sa production (services publique, privé) et son achat (implantation de nombreux extracteurs) sont présentes dans la zone. Cette spécialisation de la région permet un coût d'opportunité pour beaucoup de ces producteurs.

Remarque : ce changement cultural n'a pu se faire que pour certains producteurs grâce à l'obtention d'un crédit financé par la BNF, très difficile à avoir pour des producteurs à faible capital et sans titre de propriété.

L'élevage traditionnel, donc sans prendre en compte les grandes exploitations, reste avant tout une manière d'épargner et de sécuriser son capital. On observe pour autant une tendance pour certains éleveurs à se mécaniser grâce à des crédits concédés par la BNF.

Remarque : depuis 2007, de grands propriétaires remplacent leurs parcelles servant de jachère pour le bétail par des cultures de palme. Nous observons donc une tendance de mettre en association la palme et l'élevage, ce qui semble maximiser leur surface agricole utilisable.

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Voici les grandes lignes directrices des propriétés rencontrées sur le canton de Quininde en

2010 :

- Les grandes entreprises : comme Palmeras de los Andes qui a acheté des terres aux

colons. Les possessions de terre ont été facilitées par la manque de législation des terres.

- Les producteurs moyens : ils ont pu augmenter leur superficie par des avantages de
crédits afin d'accéder à des cultures rentables, etc.

- Les petits propriétaires : ils sont dans un processus de fragmentation de la terre, ont
peu de capacités à changer de cultures, et vivent d'agriculture familiale.

- Les sans terres : ils ont vendu leurs terres à travers la colonisation ou au sein de leur
famille, travaillent en tant qu'employé dans les grandes exploitations.

2.5.1.2. UNE AUGMENTATION DE L'AGROBUSINESS

En 1984, il existait 27 extracteurs d'huile de palme dans la zone. Maintenant, il y en a 48 implantés dans la zone avale du canton. En 2005, la superficie nationale de palmier africain était de 127 000 ha, dont 47% de la production se situait dans le canton de Quininde (ANCUPA, Censo 2005 ).

[a demande d'huile de palme est chaque fois plus importante, ce qui poussent les producteurs et l'Etat à augmenter la production dans ce canton n'étant pas encore saturé en espace utilisable pour l'agriculture. Par exemple, au nord du canton, dans la zone de Viche, seulement 10 % de la superficie totale utilisable est de la palme. La majeure partie restante, 15 000 ha, est utilisée jusqu'à présent pour l'élevage.

De plus, l'adjudication des terres pour l'exploitation de bois a augmenté ces dernières années. En 1981, il y avait 10 entreprises forestières, qui étaient pour la plupart clandestines, dont la plus importante est Plywood ayant une concession de plus 18 000 ha. Entre 1997 et 2001, plus de 14 000 ha furent adjudiqués à l'entreprise Endesa - Botrosa. Ces firmes multinationales se sont implantées à l'Est du canton. [a présence de ces entreprises sont la cause de grands conflits. Plusieurs familles situées sur la rivière Canandé revendiquent leurs droits de rester dans cette région qui se fait déforester, et essayent en vain d'obtenir leur titre de propriété.

Il existe pour autant des initiatives de la part des producteurs pour exploiter le bois à moindre échelle. En 2002 se créa « Ecomadera », formé par des groupes de petits producteurs, association ayant pour objectif d'exploiter du bois de qualité, Guayacan et Chontillo. Maintenant, cette association s'est spécialisé sur la Boya suite à une forte demande sur le marché.

Remarque : pour des exploitations familiales qui se sont installées à l'est du canton, l'activité du bois est toujours présente, considérant que chaque exploitation a encore un pourcentage de terre n'étant pas exploité. Pour cela, il résulte une dynamique facile à vendre du bois aux exploitations forestières en saison difficile.

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2.5.2.L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS

La production du secteur de Quininde présente plusieurs alternatives de commercialisation en accord avec les producteurs, selon la disponibilité du transport et selon la capacité de production mise en place. La plupart des producteurs de cacao et de fruit de la passion se situent dans la zone amont, ondulée. Ils sont, pour la majorité, isolés des grandes voies de communication.

Par manque de capitalisation monétaire, de services de transport, ces producteurs ne peuvent pas vendre leur production dans les villes telles que Quininde où le prix du cacao au quintal est avantageux, ainsi qu'ils ne peuvent pas donner une valeur ajoutée en post récolte par besoin rapide d'avoir de l'argent. De ce fait, leur production est vendue à des intermédiaires localisés dans des zones stratégiques telles que les petits villages (Viche, San Ramon, Cube, etc.).

Ainsi, la production de ces exploitations familiales est véhiculée jusqu'aux intermédiaires à l'aide de barques, chevaux, bus passant dans les communautés, et au meilleur des cas au moyen de voitures. Une fois arrivée au village le plus proche, cette production est vendue aux intermédiaires qui jouent donc un rôle unique d'accès à la commercialisation pour ces producteurs isolés.

De part cette position de monopole, les intermédiaires ont pu définir le prix et autres stratégies d'achat des produits entre les groupes des petits producteurs. En effet, ils n'ont pas de poids de négociation du fait de leur nécessité de vente et de leur vulnérabilité.

Remarque : d'un autre côté, les intermédiaires offrent des prêts à ces producteurs, allant de 50$ à 1000$ en moyenne, sans intérêt. Ils offrent aussi d'autres opportunités comme acheter le cacao et donner en contre partie du maïs ou riz au producteur n'ayant pas accès à ces produits. Ainsi, le producteur trouve aussi son intérêt à vendre sa production aux intermédiaires.

Les coûts de transport et les marges des intermédiaires affectent donc considérablement les prix de l'exportation, ce que laissent les producteurs avec une faible participation du prix à l'export.

Graphique 3: Répartition du prix de vente du cacao au sein des acteurs de sa filière (MAGAP, 2001)

43

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44

On peut voir que l'exploitant, avec les filières actuelles de commercialisation du cacao, ne reçoit, en moyenne, que 5,5% du prix total de vente lors de l'export.

Une fois vendu, le produit est dirigé vers des zones d'exportation ou d'industrialisation au niveau des villes, principalement Quininde où les intermédiaires le vendent aux grossistes. Le fruit de la passion part ensuite à Quevedo, le cacao se fait transporter jusqu'à Guayas où il est transformé puis exporté.

En regardant ces aspects, on peut dire que l'intermédiaire constitue une place essentielle, mais aussi de monopole, en aval des filières de commercialisation dans ces zones reculées. Bien qu'ils aient mis en place des stratégies pour acheter les produits à prix bas, sans critère de qualité, rendant le producteur dans un cercle vicieux sans réelle coût d'opportunité, le producteur bénéficie d'un accès facile pour vendre ses produits. De plus, il peut avoir accès à d'autres produits vivriers indispensable pour l'alimentation de leur famille ainsi qu'avoir accès à des crédits en situation d'urgence, de mauvaises récoltes ou autres.

Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de la passion (étude SIPAE, 2009)

La production de maïs et de riz est caractérisée par une superficie d'exploitation minime dans la zone, servant à l'autoconsommation. Cette production est apparue lors des colonisations de personnes migrantes de la sierra, emmenant avec eux leurs cultures. Le peu de produits vendus est acheminé vers ces mêmes intermédiaires.

Limite de l'étude : durant la période de notre étude réalisée, nous n'avons pas vu de production de riz et de maïs.

La production de manioc, banane et de citrique se caractérise par des cultures généralement tournées vers l'autoconsommation. Pour ces produits, il y a peu de marchés locaux et aussi une grande perte de cette production au sein des exploitations.

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De plus, le fait que leurs prix sont bas au niveau du marché et que leurs chaînes de commercialisation ne sont que très peu développées (pas d'agro-industrie dans le secteur) sont des facteurs n'incitant pas à leur commercialisation. Le peu de vente de ces produits s'effectue en « bord champs » à des intermédiaires.

Figure 11: Commercialisation des produits vivriers dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

En ce qui concerne la zone avale, principalement dédiée à la production de palme, la chaîne de commercialisation diffère pour beaucoup de celle évoquée précédemment :

La production de palme africaine est caractérisée par une agro-industrie locale et par des entreprises nationales ou multinationales. La vente se réalise du producteur à l'agro-industrie. L'intermédiation est minime, seulement présente pour les petits exploitants de palme reculés de la zone.

La production de palme est donc emmenée directement, quelque soit l'exploitant, par des moyens de transport privés, propres, depuis l'unité de production jusqu'aux industries de transformation. Cependant, il existe, depuis peu, quelques « greniers à palme » (développés comme une stratégie d'expansion des grandes agro-industries) où l'on trouve des intermédiaires achetant la palme à de petits exploitants en pleine transition culturale.

L'agro-industrie locale assure aux producteurs un prix stable et régulier. De plus, les palmiculteurs membres de l'association ANCUPA ont des avantages directs avec des banques privées leur permettant d'avoir un accès au crédit beaucoup plus rapide en termes de temps et plus efficace en terme de prêts.

L'huile de palme et de palmiste, sont exportés à travers des groupes d'entreprises ou sont envoyés à de plus grandes industries.

Figure 12: Commercialisation de la palme africaine dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

45

46

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Enfin, la commercialisation de l'élevage dans ce secteur se caractérise par une typologie de producteurs diverse, autant des petits que des grands ayant donc des stratégies de développement différentes.

Il existe donc une certaine spécialisation : par exemple les petites UPA font de l'élevage pour leur autoconsommation et s'en servent pour sécuriser leur capital, alors que les moyennes et grandes UPA sont plus sur une stratégie de commercialisation. Les zones consacrées à l'élevage sont situées en plus grandes concentrations dans les zones ondulées (zone amont).

Le bétail des petits et moyens éleveurs est acheminé à l'aide de licou dans des centres principaux ou dans le village le plus proche pour être vendu à des intermédiaires à moyenne capacité. Ensuite, les bouchers achètent le bétail qui sera redistribué à la population.

Les moyens et grands éleveurs gagnent pour beaucoup en termes de valeur ajoutée de la transformation du bétail en viande, et de la vente directe aux grandes entreprises agro-alimentaires au moyen de camions frigorifiques.

Figure 13: Commercialisation de l'élevage dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

Remarque : le samedi et dimanche sont deux jours où les producteurs arrêtent de travailler pour vendre leurs productions aux fêtes de villages avant de revenir sur leur unité de production, avec les employés ou non, pour toute la semaine.

Les deux points importants de l'articulation sociale de la filière de production, afin de permettre aux producteurs de vendre et d'acheter les produits, sont :

- Le rôle important que jouent les intermédiaires dans les zones isolées ;

- L'importance des centres de commerce (au niveau des villages et villes).

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2.5.3.APPARITION DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS

L'organisation fait partie de la réalisation de certains objectifs, évidents depuis la colonisation, où les formations de coopératives et de groupes d'agriculteurs ont été nécessaires pour accéder à la terre. Elles se sont formées uniquement dans ce but, et disparaissent après.

A partir de l'an 2000, le manque de soutien gouvernemental a été évident ; il est apparu la création d'organismes de soutien en parallèle. Les ONG ont joué un rôle de premier plan dans le canton de Quininde; elles encouragent l'organisation, notamment en ce qui concerne la culture du cacao, démarche descendante. ANCUPA, qui est un organisme créé par les producteurs eux-mêmes, fait figure d'exception dans le canton, démarche ascendante. (description des associations en Annexe 2)

Tableau 2: Organisations de producteurs dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

ORGANISATIÓN

Nombre d'organisations de base membres

Nombre de producteurs

 
 
 
 
 

UONCRE

 

10

 

74 pour 728 ha

UOCAQ

8

117 pour 475 ha

COCPE

10

445 pour 1 353 ha

ANCUPA

1

6 000 pour 240 000 ha (à l'échelle du pays)

Les quatre organisations de producteurs de cacao, couvrent un total de 636 UPA pour une superficie de 2556 ha, soit 10,8% des UPA et seulement 1 % de la superficie du canton ; une faible part de producteurs est représentée à travers les dynamiques organisationnelles. Toutefois, il faut noter deux choses : d'une part, des producteurs inscrits dans une organisation peuvent également l'être dans une l'autre. De plus, il existe de nouvelles organisations d'après les informations récoltées, qui ne sont pour le moment que peu représentées.

Le manque d'organisations de producteurs et leur dispersion dans le canton peut s'expliquer

par plusieurs raisons:

- La zone fait partie d'un processus de colonisation. Pour cette raison, il n'existe pas de

construction historique des organisations ; initialement rendues forcées et éphémères par les processus de colonisation ou d'accès au foncier ;

- Les producteurs se sont vus utilisés par différents organismes étatiques ou privés,
semant l'incrédulité à travers « les conflits maintenus par des fondations scrupuleuses (FUNPAD), démotivant les membres à intervenir activement dans les projets» ;

- La présence des ONG a également encouragé l'assistanat, ce qui fait que les
producteurs se réunissent généralement pour recevoir quelque chose en retour ;

- Les producteurs n'ont vu que peu de résultats concrets et de changements
transcendants.

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[a présence des ONG a été associée à l'assistance technique des petits producteurs liés à la culture de cacao, en essayant de les intégrer comme « petits producteurs capitalistes ou entrepreneurs » en vertu de technologies douces, de planification organisationnelle, de suivi de l'évolution économique des activités productives, de gestion des entreprises associatives, des besoins en formation participative et de groupe systématique.

Ces efforts expriment une demande sociale pour des demandes de nouvelles compétences professionnelles. Ces exigences émanent des exigences du marché actuel, se traduisant de plus en plus par l'inscription dans des démarches productives de qualité (certifications du commerce équitable et biologique principalement). Cela détermine des logiques entrepreneuriales ; le marché encadre des logiques de conversion à des gouvernances d'entreprise, impactant l'adoption de nouvelles technologies, contribuant à transformer les cultures agricoles en cultures intensives, et augmentant la pression sur les sols.

Remarque : la ligne directrice des organisations est bien souvent la production biologique, qui constitue cependant un travail difficile, comme en témoignent certaines données recueillies: « [a COCPE et l'UNOCYPPE enregistrent 15% de production biologique et 85% en production conventionnelle » .

Les progrès des organisations et des ONG sont déterminés par l'engagement au travail, leur permettant de bénéficier d'une plus ou moins grande incidence dans le renforcement des

capacités. L'organisation des petits et moyens producteurs doit être perçu comme un outil
fondamental pour le développement économique et, sous cette forme, pour sa capacité à générer des économies d'échelle. Ainsi, les coûts de production seront moins élevés, créant des centres infrastructurels d'articulation de la commercialisation, de l'information. Ceci entraine des revenus plus élevés, ce qui aura un impact sur les conditions de vie et de production, ainsi que sur la distribution du pouvoir à long terme.

Le capital financier est une motivation qui réuni ou permet d'accéder aux moyens de production, tels que la terre, les marchés, les infrastructures, l'information, les transports, etc.

Ainsi, le crédit se présente comme un moyen pour obtenir ce capital financier. La disponibilité de crédit se trouve dans différentes sources telles que le secteur formel (banques privées, BNF) et le secteur informel (usurier, payable en argent ou en nature) que nous détaillerons par la suite.

48

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2.5.4.UNE DIVERSIFICATION DES FORMES DE CREDIT

Il est important de rappeler que sur tous les producteurs du canton de Quininde, seul 60% détiennent leur titre de propriétés étant une des entrées les plus importantes pour accéder aux institutions de crédits légales. Ce qui signifie qu'il y a 40% de ces producteurs sont en majorité de petits exploitants nécessitant le plus d'aides financières pour assurer leur survie. Ils doivent donc passer par des formes informelles pour accéder au crédit.

Le gouvernement doit se focaliser en premier sur ces types de producteur et donc mettre en place des lois, des normes plus spécifiques à leur égard pour un développement global et égal pour tous.

2.5.4.1. EVOLUTION ET REPARTITION DES CREDITS DANS LE CANTON DE QUININDE

Voici les différentes manières d'obtenir un crédit dans le canton de Quininde actuellement :

- Les services informels (les intermédiaires, les « Chulqueros » et les « Tiendas de venta de oro ») ;

- Les services communaux (crédit commun de Minga et Finca depuis 2003, les caisses communes et la coopérative Antorche depuis 1968) ;

- Les banques privées et publiques ( la CNF23 à Esmeraldas depuis 2006, la banque international depuis 1999, la banque Pichincha depuis 2004 et la BNF depuis 1978).

Graphique 4: Evolution des institutions de crédits à Quininde depuis 2003 (étude SIPAE, 2009)

4

4

2

2

BANCOS
PRIVADOS
NACIONALES

SOCIEDADES FINANCIERAS

INSTITUCIONES
DE SEGURIDAD
SOCIAL

INSTITUCIONES
FINANCIERAS
PUBLICAS

COOPERATIVAS
DE AHORRO Y
CREDITO

1

1

1

0

1

2

2

0

0

0

2003 2005 2008

3

Depuis 6 ans nous pouvons constater qu'existe une évolution des coopératives, institutions sociales et publiques dans ce secteur, ce qui a permis aux producteurs d'avoir plus de choix en termes de diversité pour accéder à un crédit selon leurs nécessités.

23 Corporation Nationale Financière

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Répartition des crédits selon les institutions

Banco Nacional de

Fomento Banco Privado

20%

62%

Empresa procesadora

Empresa proveedora de insumos

Familiar

Intermediario Otro

Sur le graphique ci-contre, on peut observer que les crédits sont versés en majorité par la BNF.

Sans regarder la typologie des producteurs de la zone, la BNF et les banques privées sont les institutions donnant le plus de crédits ; elles représentent plus de 80%.

Graphique 5: Répartition des crédits selon les institutions (MAGAP. 2005)

Accès au crédit par type de producteurs dans le canton de Quininde

42%

14%

4%

30%

10%

>200

1 a 10

20 a 50 50 a 100 100 a 200

La répartition des typologies des producteurs ayant accès au crédit, sur la base du graphique ci-contre, montre que les 3/4 des crédits sont à destination des producteurs entre 20 ha et 100 ha, ce qui signifie que la majorité des crédits est versée aux moyens et grands producteurs.

Seul 10% du crédit est dédié aux petits producteurs de moins de 10 ha, ce qui prouve une inadéquation entre la nécessité des producteurs via le crédit et les institutions.

50

Graphique 6: Accès au crédit par type de producteurs dans le canton de Quininde (MAGAP. 2005)

2.5.4.2. LES DIFFERENTES MANIERES DE POUVOIR ACCEDER AU CREDIT

Le crédit informel :

C'est la manière d'obtenir un prêt rapide sans la nécessité d'avoir un titre de propriété et sans le besoin de réaliser de nombreuses démarches administratives. Ce crédit est mis en place par les intermédiaires pour couvrir des besoins urgents des producteurs ; comme se procurer des pesticides durant une forte période d'humidité.

Ces crédits sont à placement de courte durée n'excédant pas les trois mois. Il n'est donc pas possible d'obtenir des prêts importants (maximum 300$), se basant sur la confiance et la pression sociale.

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51

Aussi les grossistes à Quininde donnent du crédit de plus forte valeur mais demandent plus de garanties comme par exemple des gages de bijoux ou autres objets de valeur, des papiers écrits et signés, etc. L'avantage de ces crédits est qu'il n'y a pas d'intérêts à payer, peu de démarches administratives et pas de nécessité d'avoir une terre légalisée.

Les producteurs sans grandes ressources peuvent aller voir les « chulqueros », personnes principalement d'origine colombienne, qui sont un moyen d'obtenir du crédit de plus grande valeur. Par contre, les intérêts sont très élevés, jusqu'à 30% par mois, à paiement journalier. Si le producteur ne paye pas un jour, il devra payer le triple le lendemain, ainsi de suite. Ces « chulqueros » savent où le demandeur vit et n'hésitent pas à s'approprier leur propriété en cas de non paiement. Il est arrivé que ces non paiements aillent jusqu'au meurtre de la famille selon certains dires. Ce mode de crédit est dangereux.

Le crédit commun :

Cette forme de crédit est une alternative pour les populations vivant en communautés isolées du marché. A Quininde et ses alentours, il existe deux associations privées depuis six ans, Minga et Finca dont chacune recense plus de 600 producteurs et commerçants. Afin d'accéder au crédit, il est nécessaire d'être adhérant.

Ces crédits ne nécessitent que peu de démarches administratives et sont compris en termes de valeur entre 300$ et 3 000$ en cycle de six à neuf mois avec 15% d'intérêt. Ce crédit n'est pas destiné à la plantation d'une culture mais seulement dédié à la production.

Pour les communautés éloignées, il existe le crédit communautaire fonctionnant sur le principe d'une caisse commune : pour celles ayant recours à cette forme de crédit, les cycles sont de onze mois en moyenne avec un intérêt de 3% et peuvent atteindre une valeur allant jusqu'à 1500$. La garantie fondamentale pour ce crédit se base sur la pression sociale.

Remarque : ce crédit n'est que peu répandu chez les communautés par manque de sensibilisation et de formation de l'Etat à cet égard. De plus en plus d'ONG appuient ce type de crédit au sein des communautés.

Les coopératives :

Il n'y a qu'une coopérative à Quininde : la coopérative d'Antorche. Elle a à son actif plus de 600 membres. Elle fonctionne comme une banque privée mais demande moins de garanties ; pour accéder à un crédit, il faut être membre depuis plus de six mois avec un compte disposant d'un minimum de 70$. De plus, il faut disposer de son titre de propriété ainsi qu'au moins 15% du montant du crédit demandé. L'intérêt de ces prêts est de 33% pour les cultures à cycle court. Autant dire que les petits exploitants sont exclus de cette coopérative par manque de ressources fixes, sans légalisation des terres.

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Les banques privées :

Il en existe deux implantées dans le canton de Quininde : la banque de Pichincha et la banque Internationale ; une autre est également implantée à Esmeraldas : la CNF. Ces institutions privées sont essentiellement axées vers les grands propriétaires ou grandes firmes : il faut disposer de son titre de propriété, un capital fixe sur un compte pendant 6 mois minimum ; les placement sont de courtes durées (trois ans en général) pour des crédits d'une valeur minimum de 10 000$ pour la majorité. Ces crédits n'ont pas d'années de grâce ainsi qu'un intérêt annuel dépassant pour la majorité 15%. De plus il n'existe pas de lignes de crédit pour semer une culture, ils ne sont que destinés à la production.

A partir de cette année, il y a une augmentation générale des lignes de crédit agricole au sein de ces banques, principalement pour la palme africaine. Depuis un an, il existe des accords avec les extracteurs de palme via l'association ANCUPA, ce qui octroie des avantages en termes de taux d'intérêt ainsi que de placements à long terme pour les palmiculteurs.

Les petits producteurs sont exclus de ce système privé de crédit (pas de titre de propriété, peu de capital fixe, pas de culture de palme, etc.).

La Banque Nationale de Développement :

La BNF a généré entre les années 70 et 80 une grande quantité de crédits (argent provenant du pétrole) à un faible taux d'intérêt, subventionnant principalement les moyens et grands propriétaires qui détournaient ces ressources pour d'autres secteurs de l'économie plus rentables. Ceci provoqua la décapitalisation de la banque et une réduction du crédit ainsi que l'élimination des taux d'intérêts subventionnés.

Dans les années 90, en parallèle du retirement de l'Etat, la BNF a réduit ses opérations à plus de 70%. « Les restrictions sur les emprunts de la BNF a forcé les petits agriculteurs à se tourner vers des prêteurs privés » (Commission nationale de planification et de coordination économique, p123).

Pour autant, depuis le gouvernement de Rafael Correa, nous observons de plus en plus de lignes de crédits en faveur des petits producteurs, bien que la légalisation de la terre reste une clause de garantie pour accéder au crédit. Aujourd'hui, il y a plus de 5000 membres ayant eu recours à cette banque publique.

Graphique 7: Répartition du crédit de la BNF dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

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Sur la base de ce graphique, nous pouvons constater que les crédits concédés par la BNF dans ce canton sont principalement tournés vers la production de la palme et du cacao. En valeur, nous savons par l'étude menée sur le terrain, que le crédit pour la palme a été octroyé à 90 palmiculteurs pour 892 ha cette année. Pour les 494 ha de cacao, il y a eu plus de 537 producteurs ayant accédé à ce crédit. De ces valeurs, nous pouvons justifier qu'en moyenne, les producteurs ayant eu recours au crédit via la palme ont une propriété de 10 ha en comparaison à 1 ha pour le cacao.

Remarque : depuis 2009, il existe une demande de plus en plus forte chez les producteurs ayant moins de 1 ha pour planter du cacao CCN51 du fait de son meilleur rendement.

En conséquence d'un grand nombre de non paiement des prêts de la part des producteurs (en 2009, le chiffre d'affaire était déficitaire de 500 000$ ), les crédits individuels sont suivis par une assistance technique. Le versement du crédit s'effectue en deux temps : 60% du crédit va directement au producteur puis, après un mois, il y a une visite pour être certain que ce prêt a bien répondu et sa demande initiale. A partir de ce moment, les 40% restants sont reversés au producteur.

Voici les lignes de crédits par la BNF :

Comparaison entre le crédit pour le
cacao et la palme de la ligne
"microcrédit" depuis 2007

77

Palma Cacao

195

socios superficia values

1246

145,500

475

860,450

Graphique 8: Comparaison de la ligne de microcrédit
de la BNF à Quininde (étude SIPAE, 2009)

Depuis 2007, une ligne « microcrédit » s'est ouverte en faveur des producteurs de cacao : ce crédit permet d'accéder jusqu'à 7 000$ avec un intérêt annuel de 11%, sur un placement de 2 ans. Cette ligne de crédit est vraiment une avancée sociale pour les petits producteurs voulant accéder au crédit pour la production mise en place autant que pour la plantation de nouvelles cultures.

Remarque : cette ligne de crédit est orienté principalement via le cacao hybride (CCN51), assurant beaucoup plus de garantie de remboursement que le « criollo », variété nationale, comme nous le décrirons dans les systèmes de cultures.

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De plus, depuis 2007 s'est ouverte la ligne 5/5/5 (5000 $ à 5% à payer en 5 ans) ayant donnée de meilleures possibilités pour les petits producteurs, comme le montrent les deux graphiques suivants :

142

Comparaison entre le cacao et la palme pour la ligne 5/5/5 depuis 2007

Palma Cacao

859

socios superficia values

312,834

34

180

86,940

Graphique 9: Comparaison des producteurs accédant au crédit 5/5/5 (étude SIPAE, 2009)

Plus de la moitié des producteurs ayant eu recours à ce crédit ont moins de 10 ha de terre. Ceci montrant encore une fois un réel avancement social, une nouvelle stratégie de développement bien réelle auprès des populations en nécessité.

Bien que les intérêts et les placements de la BNF sont très opportuns pour les producteurs en comparaison avec les autres services formels de crédits, les démarches et le temps pour accéder au crédit sont très lents.

Un producteur sans son titre de propriété ne peut toujours pas accéder aux instituts formels autant pour implanter une nouvelle culture que pour la production en place. Rappelons que seulement 60% de la population productive du canton de Quininde détiennent leur titre de propriété.

Une alternative a été mise en place depuis deux ans par le gouvernement de Rafael Correa : un crédit de sollicitude pour légaliser la terre. Ce crédit est d'une valeur de 1500$ avec un placement de deux années à un taux d'intérêt de 8,5%, dont un an de grâce. Ce crédit est le premier existant en Equateur pour aider les producteurs à sécuriser leur terre et donc avoir accès à des crédits.

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Comparaison entre la BNF et les banques privées :

Dans le canton de Quininde, les deux plus grandes institutions de crédit en termes de membres ainsi que de ressources financières sont la BNF et la Banque Internationale.

Graphique 10: Comparaison entre la BNF et les banques Privées à Quininde (étude SIPAE, 2009)

2003 2004 2005 2006 2007 2008

Comparaison de l'argent versé pour les crédit
entre la banque Internationale et la BNF entre
2003 et 2008

25 000 000,00 20 000 000,00 15 000 000,00 10 000 000,00

5 000 000,00

0,00

 

Banco Internacional BNF

4000

3000

2000

1000

0

Comparaison des producteurs ayant accédé à
des crédits par la banque Internationale et la
BNF entre 2003 et 2008

Banco internacional BNF

55

Au contraire de la Banque Internationale, la BNF n'a que peu de capital à redistribuer jusqu'en 2007. Depuis la nouvelle constitution, il existe une plus grande injection de capital dans la BNF, ainsi que la création de nouvelles lignes de crédits comme nous avons pu le constater. En effet, il y a neuf fois plus de producteurs ayant accès au crédit par la BNF en 2008 qu'en 2006. De plus, cela démontre encore une fois que les banques privées n'émettent que de gros crédits, donc favorisant seulement les grands producteurs.

Cette réelle évolution, étant beaucoup plus en adéquation avec les attentes et les nécessités des petits producteurs, montre une impacte concrète de la présence de l'Etat dans les campagnes. A l'opposé, les banques privées n'ont pas de stratégie de développement global mais suivent une logique capitaliste, rentable en termes économiques.

Il demeure néanmoins une grande inégalité d'accès au crédit entre les petits et grands producteurs ainsi qu'entre les institutions de crédits. Les alternatives informelles, sans sécurité légale d'obtention de crédit par les exploitations familiales, sont encore très présentes chez les petits producteurs. Les grands problèmes rencontrés dans la zone d'étude sont le manque de titre de propriété et une instabilité des revenus dans le temps, souvent trop faibles vis-à-vis des garanties demandées par les banques ou coopératives ainsi que pour la BNF.

De plus, la discrimination raciale ainsi que les cultures privilégiées telles que la palme ou le cacao hybride sont d'autres freins pour accéder au crédit, non négligeables pour des producteurs d'origine africaine, en majorité dans la zone et cultivant du cacao de type « criollo ».

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2.5.5.L'ACCES AU FONCIER DANS LE CANTON DE QUININDE

Après les réformes agraires et les différentes colonisations, la structure agraire de l'Equateur présente une accumulation de la terre : selon INDA, « 45% de la terre appartient à 0,4% des propriétaires terriens. En contre parti, avec le phénomène corrélatif de prolifération des minifundistes, seul 7% de la terre agricole du pays est partagé par 73% des producteur, soit plus 500 000 producteurs ayant une superficie moyenne de 1,45 ha en 2008.» (Brassel,2010)

La fragmentation des petites exploitations est un énorme problème entraînant en premier lieu une déstructuration de l'économie paysanne, puis une paupérisation de ces populations, obligées de vendre leur terre et d'émigrer vers les villes.

2.5.5.1. L'ACCES A LA TERRE AU NIVEAU NATIONAL

Bien qu'il existe des efforts de la part de l'Etat résultant en impacts économiques positifs (par exemple l'expansion de la palme africaine dans le canton de Quininde augmente beaucoup la richesse économique de cette partie de la côte), s'il n'y a pas d'accès à la terre pour chacun, base d'un développement économique et social, alors l'Etat ne pourra en aucune manière résoudre le problème de la pauvreté, ni enrayer l'exode rural.

En effet, un des grands problèmes lié à l'insécurité des producteurs est un manque de titre de propriété ; sans ce titre, il n'y a pas de garanties juridiques de leur terre ni d'accès aux crédits. Cette insécurité, principalement dans une zone en pleine expansion de palme, d'agro business, fait apparaître des conflits locaux, des déplacements de paysans en faveur des acteurs privés, donc des entreprises, s'implantant de façon « légale » mais sans morale vis-à-vis des paysans sur leur terre.

En rappel, l'IERAC, créé au moment de la réforme agraire de 1964, adjudiquait des lopins de terres aux agriculteurs (en fait les vendait par manque de fond propre pour perdurer). Pour autant, il n'y eu que 10% de cette population qui fit la démarche de légaliser sa terre dans les années qui suivirent : à leurs dires, le coût n'en valait pas la peine puisque le titre n'était pas ressenti comme une nécessité à cette époque (Cordelier, 2003).

Aujourd'hui, il devient indispensable de posséder un titre de propriété pour pouvoir effectuer une demande de crédit auprès des banques privées comme publiques. Actuellement le processus de légalisation des terres et donc d'obtention d'un titre de propriété est peu répandu car il est devenu plus coûteux du fait que l'INDA doit se financer par elle-même ; il n'y a pas de subvention de l'Etat. De plus, les frais perçus par INDA finissent par décourager l'agriculteur qui en fait la demande (Cordelier, 2003).

En revanche, un projet de « légalisation des terres communales » a été récemment mis en place. Cette légalisation consiste à définir un territoire pour l'ensemble de la communauté et à donner un titre de propriété pour ce territoire. Toutes les familles membres de l'association peuvent décider d'inclure leurs terres dans le territoire. Il est important de préciser que, bien que le titre soit communal, les terres des familles sont toutes individualisées à l'intérieur de ce territoire.

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Les familles gardent donc un droit d'usage librement transmissible au sein de la famille. Par contre, la communauté a un droit de regard quand il s'agit de vendre la terre. Ceci a pour but de sécuriser les terres, notamment face à la vente à de grands entrepreneurs ou rentiers susceptibles de capter la rente foncière (Cordelier, 2003).

Si nous regardons les lois de la constitution équatorienne via les droits des communautés, il est écrit :

- Article 57 - il est reconnu et garanti aux communautés, communes, villages et nationalités indiennes, conformément à la Constitution, aux déclarations, [...], les droits suivants :

- 5 : conserver la propriété des terres communautaires est un droit inaliénable, insaisissable et indivisible. Ces terres seront exemptées des taxes et impôts.

- 6 : Maintenir la possession des terres et territoires ancestrale et obtenir gratuitement leur légalisation.

Au niveau de la constitution de INDA, il est écrit :

- INDA est le propriétaire de toutes les terres en relation avec les lois de l'Etat équatorien, les mêmes terres qui servent à développer les populations indiennes, [...], et afro équatorienne. En faveur de ces populations, la légalisation se fera gratuitement si ces communautés et ethnies respectent leurs traditions, cultures et organisation sociale propres. (article 3.1.2.1 Legalizacion)

- L'Etat protègera les terres de l'INDA qui sont destinées aux populations [...] afro équatoriennes et légalisera leurs terres gratuitement à la condition qu'ils respectent leur tradition, culture et organisation propre. Sous la responsabilité de INDA, les éléments qui vont améliorer leurs systèmes de production, d'obtenir de nouvelles technologies, récupérant et diversifiant leurs semences, ou autres facteurs permettant d'élever leur niveau de vie, doivent préserver le système écologique. (Article 49)

57

Dans notre zone d'étude, il y a de nombreux conflits de terre, principalement entre des communautés afro-équatoriennes, représentant la majorité des exploitations familiales de notre zone d'étude, et des grands agro-exportateurs. Le grand problème de ces populations vient du fait qu'elles n'ont pas de titre de propriété.

Parmi les 40 % de la population n'ayant pas légalisé la terre, la part des petits producteurs et principalement des communautés afro-équatorienne est en majorité. Pourquoi ?

Si nous nous appuyons sur les textes de lois ci-dessus, on constate que l'Etat s'est engagé à ne pas faire payer les titres de propriété à ces populations, ni d'impôts sur le foncier. De plus, l'Etat insiste que ces terres ne puissent pas être fragmentées, ainsi qu'exploitées par des populations extérieures.

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En revanche, les lois de INDA sont floues au travers de la légalisation gratuite des terres des afro équatoriens entre autres. En effet, il est écrit que tout développement et changement des modes de productions doivent être en respect avec l'écologie. Est-ce une manière de dire que si une communauté ancestrale (plus de trois générations) associe du cacao national avec un hybride dans le but de contrer la progression des maladies, cela signifie donc que cette communauté n'est plus perçue comme ethnie afro-équatorienne par l'INDA ?

Ce manque de lisibilité dans les textes de loi et cette différence entre la constitution de l'Equateur et INDA sur la légalisation des terres, est un énorme problème pour la majorité des communautés afro-équatoriennes dans le canton de Quininde, n'étant pas reconnu comme tel par l'Etat. Cela induit qu'ils doivent payer pour la légalisation de leur terre.

Voici un exemple des démarches à suivre pour tenir son titre de propriété :

Le producteur voulant légaliser son terrain doit passer par 7 niveaux différents de démarches administratives réparties en 3 offices différentes :

1 Il doit réaliser une « Inderacion », c'est-à-dire réaliser une cartographie de son terrain (coûtant entre 150$ et 180$ pour un terrain de moins de 30 ha).

2 Il doit certifier que son terrain ne fait pas partie d'un espace protégé et qu'il n'est pas déjà occupé par quelqu'un d'autre.

3 Il doit faire une sollicitude pour un titre de propriété (il doit transmettre des informations avec preuve à la clef de son exploitation, depuis combien de temps il est ici, etc.).

4 Son exploitation est ensuite visitée et inspectée par un inspecteur de l'INDA faisant le déplacement.

5 Toutes ces informations remontent jusqu'à Quito où on va lui remettre le prix de la terre de son exploitation.

6 Il doit ensuite aller notarier ses documents pour enregistrer sa propriété.

7 Enfin, il doit faire de même au niveau de la commune.

58

En exemple concret, pour un producteur voulant légaliser sa propriété ne faisant que 8,1 ha, il devra en plus du temps des démarches qu'il perdra au détriment de son travail, débourser plus de 550$, ce qui représente un coût énorme et le plus souvent impossible à payer.

Du fait des incohérences dans les textes de lois, ces producteurs sont véritablement vulnérables à perdre leur terrain, surtout dans un contexte de croissance fulgurante d'agro exportateurs dans ce canton.

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Voici ci-dessous en résumé les problèmes actuels des producteurs, principalement les
exploitations familiales de la zone voulant légaliser leur terre afin d'en assurer leur pérennité
:

- Les offices pour légaliser la terre sont situés seulement à Quininde qui est difficile d'accès pour des producteurs isolés, sans moyen de transport, dans le canton, à plus de six heures de « rancherra » (petit bus passant deux fois par jour au mieux).

- Les exigences administratives sont difficiles pour le producteur à se procurer (manque de ressources et de documents à la ferme).

- Le prix du dossier INDA coûte cher, ce qui est impossible à payer sans aides pour la majorité de petits producteurs.

- La réalisation des démarches représente beaucoup de temps perdu (les allers-retours à l'office) ; il faut compter environ un an pour obtenir son titre de propriété.

- Les informations allant entre les offices INDA communales, cantonales, nationales sont perdues facilement, ce qui annule le dossier. Il y a un manque de coordination entre les offices.

Aujourd'hui, l'INDA manque de fonds propres. L'INDA est en remise en question par l'Etat voulant complètement résoudre ce problème de concentration et fragmentation de la terre ; cela se traduisant par la création de nouvelles réformes au niveau des systèmes de titularisation. De plus, il est question de rendre publique cette institution qui permettra à l'Etat une marge d'action plus importante et directe.

2.5.5.2. LES IMPACTES SUR LE CANTON QUININDE

Selon l'INEC, le canton de Quininde représente en 2001 344 608 ha dont 314 329 ha furent adjudiqués par l'IERAC ou l'INDA jusqu'à aujourd'hui. Si l'on ajoute les espaces urbains, on peut estimer que le canton de Quininde détient une population d'environ 112 000 habitants aujourd'hui dont 78% vivent en province.

Graphique 11: Distribution de la terre dans le canton de Quininde (Municipalité Quininde, 2009)

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Comme on peut le constater, les petites unités de productions (producteurs ayant moins de 20 ha) représentent 13,7% de la superficie totale avec 5 196 producteurs, soit 47,6% de tous les producteurs du canton. En comparaison, les producteurs de plus de 200 ha (93, soit 3,12% du total) détiennent plus de 48 712 ha, soit 14,13% de la superficie totale. Ces chiffres sont très importants pour comprendre comment est aujourd'hui constitué ce canton au travers son histoire. Nous pouvons réellement voir la concentration de la terre actuelle, impliquant donc toutes ces inégalités. Cependant, ce graphique ne montre en rien les processus des multipropriétés présentes dans le canton.

D'autres informations mentionnées par l'ONG FMLGT24 sont intéressantes sur ce point : « Selon DINAC25, les grandes propriétés ayant plus de 500 ha couvrent 18 023 ha pour 15 propriétaires, ce qui représente une moyenne de 1200 ha chacun » . Selon le FMLTG, « La compagnie Palmera de los Andes a plus de la moitié de toutes les cultures de palme africaine, soit plus de 6000 ha à elle seule. De plus, l'exploitation de bois Codes représente 700 ha de forêt, implantée sur une terre de Chachis, ethnie indienne, ce qui a généré beaucoup de conflits internes ».

Remarque : des recherches réalisées ont dénoncé les exploitations Endesa - Botrosa pour non suivi de la loi de Gestion Forestière Durable : les coupes d'arbres en forêt primaire sont réalisées par des machines lourdes inadéquates, ce qui montre le manque de contrôles en partie par les autorités environnementales. De plus, ces arbres natifs sont remplacés par des espèces exotiques comme le pachaco utilisé principalement pour la fabrication des charpentes. Cette façon de justifier le reboisement de manière durable est très éloignée du concept de durabilité de la production qu'a promulgué la loi sur la forêt : « la taux d'exploitation des produits forestiers ne sera pas supérieur aux taux de la reprise naturelle de ces mêmes produits dans la forêt ».

En idée générale, les terres tenues par les entreprises représentent un total de 40 000 ha, donnant une moyenne de terre par entreprise, firme ou exploitation forestière égale à 153 ha. Les différences de superficie entre les producteurs, liées pour la majorité aux grandes entreprises de palme et une forte concentration de pauvreté dans ce canton (19% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté au niveau du canton de Quininde), influent pour beaucoup sur la répartition inégale des terres du canton comme le montre son indice de GINI , égal à 0,65 en 2005 alors qu'il est de 0,54 pour la province d'Esmeraldas en 2008.

Au niveau de la légalisation des terres, la nouvelle loi agraire du pays en 1994 n'eut que peu d'impacts dans ce canton, du fait qu'il n'y a presque plus d'haciendas depuis la crise de la banane. Il n'y a eu que 339,6 ha de terre redistribuée aux exploitations paysannes entre 1968 et 1995.

24 Fondation Maria Luis Gomez de la Torre

25 Direction Générale des Statistiques et des Cadastres

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Cette loi n'a servi qu'à garantir la propriété de la terre, mettant ainsi un terme aux inquiétudes des grands propriétaires. Le discours, toujours en vigueur, vise surtout à garantir la « sécurité juridique » de la propriété foncière, en partant de l'hypothèse que l'un des problèmes les plus importants des producteurs est le manque d'accès au crédit.

Le raisonnement est que, munis enfin de leurs titres de propriété, ils pourront accéder à un facteur de production qui leur faisait défaut et investir pour se « moderniser ». L'État, appuyé par des institutions comme la Banque Interaméricaine de Développement, continu donc d'insister sur une politique de « titularisation » de propriétaires, au moyen de coûteux projets qui font appel à des techniques de géomatique.

Cependant, il ne dit pas comment ces titres pourront être mis à jour pour tenir compte des héritages, ventes, etc. ni comment ils pourront résoudre l'inégale répartition foncière actuelle. En effet, cette loi néolibérale fut crée principalement pour que les paysans et indiens de la région ne puissent pas accéder à la terre. Il y eu d'énormes dépossessions de terre provocant de nombreux conflits violents entre producteurs et grandes exploitations (Accès à la terre, AVSF, juillet 2008)

Graphique 12: Les terres légalisées dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

Bien que nous pouvons remarquer une augmentation de terres légalisées entre 1997 et 2000, la dollarisation du pays a eu comme impact une diminution brutale du pouvoir d'achat chez toute la population. A partir de 2003, il y a une relance des titres de propriétés provoquée, en partie, par le gouvernement de Rafael Correa incitant les populations à légaliser leur terre, comme par exemple la création de la nouvelle ligne de crédit pour accéder au titre de propriété vu précédemment. En revanche, ce graphique ne montre pas quelles sont les typologies de producteurs ou entreprises ayant légalisé leur terre à partir de la dollarisation.

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Du fait d'un développement rapide de l'agro-business, d'une absence de l'intervention de l'Etat au sein des exploitations familiales, d'inégalités en termes de concentration de la terre, de mode de commercialisation, d'accès au crédit ont provoqué de graves conflits sociaux, des vagues d'exode rural, ainsi qu'une paupérisation de la population dans ce canton.

Bien que l'Etat commence à prendre en compte ces problèmes sociaux économiques mais aussi environnementaux et éthiques, ce fut principalement les ONG à partir de l'an 2000 qui ont joué son rôle en essayant d'améliorer la situation des producteurs, de mettre en place des organisations paysannes, d'appuyer leurs économies et donc de permettre une meilleure distribution des revenus, un meilleur niveau de vie de ces exploitations familiales ainsi que la prise de conscience, au niveau de toute la population et des municipalités, de la fragilité du milieu naturel dans lequel ils évoluent.

Le canton de Quininde a donc été une zone très marquée par son histoire agraire qui a connu de nombreux cycles agro exportateurs, ayant débuté par l'exploitation de caoutchouc, le cacao, la banane jusqu'à la production d'huile de palme étant aujourd'hui en pleine expansion dans la zone. Tous ces changements ont impliqué de multiples transformations, non seulement du paysage agraire mais aussi au sein du cadre social, économique et organisationnel.

Evidemment, la participation de l'Etat a joué un rôle fondamental au niveau de la restructuration des unités de production à travers ses différentes formes d'incitation à la colonisation, ses lignes de crédits, ses réformes agraires, ce qui a déterminé les systèmes de production actuels du canton.

En rapport avec le contexte socio-économique environnemental dans lequel cette population rurale a vécu, le tableau ci-dessous résume l'évolution de ces producteurs. Ainsi, on a pu définir des typologies de producteurs et leurs évolutions dans le temps jusqu'à aujourd'hui.

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Figure 14: Les évolutions des types de producteurs (étude SIPAE, 2009)

Pour mieux appréhender la situation actuelle des économies paysannes face à un contexte de développement d'agro-business, il est important d'analyser, d'un point de vue économique, les différents systèmes de production, d'exploitation de chaque acteur de production agricole de la zone d'étude. Cette démarche permettra de montrer les avantages ainsi que les freins de ces économies paysannes.

En un deuxième temps, nous énumérerons quelques axes directeurs autant en termes d'alternatives et surtout au niveau des législations de l'Etat, pour un meilleur développement économique, environnementale et social de ces exploitations familiales au niveau du canton de Quininde.

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3. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE, DE PRODUCTION ET LEURS EVOLUTIONS

Pour comprendre comment on peut appuyer et orienter les exploitations familiales dans ce canton, il est important d'étudier les différents systèmes de culture, d'élevage, les différents mode de gestion des producteurs au sein de leur système de production. Dans un contexte politique en faveur de l'agro-business, une analyse économique est une clef de lecture, en terme de revenu, de cout d'opportunité, pour montrer la situation actuelle des économies familiales.

3.1. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE

3.1.1.SYSTEME AGROFORESTIER

Tel qu'il a été analysé dans la partie consacrée au zonage, les systèmes agroforestiers se rencontrent de manière prépondérante dans la zone amont. Ces systèmes peuvent être définis comme une association de cultures pérennes et semi pérennes présents sur une même surface.

Bien que le cacao est la principale source de revenus au sein des exploitations familiales, on ne peut pas parler de système de culture de cacao à proprement parlé, du fait qu'il n'existe pas de système de monoculture pure de cacao dans le canton ; c'est pourquoi nous l'intégrons dans les systèmes agroforestiers.

Pour renforcer quelques limites d'étude dans cette sous partie, nous nous sommes appuyés sur le Diagnostic Agraire du canton Rioverde d'Emilie Cordelier et Marion Morize réalisé en 2003, dans une zone voisine et similaire à la notre.

De ces systèmes agroforestiers, nous avons identifié trois variétés de cacao :

Le cacao « nacional » ou « criollo ». Il domine dans la zone. (52 J/ha au total avec un rendement maximum de 12 quintaux/ha/an soit une productivité de 6$ par jour de travail).

Le cacao « colombien » ou « vénézuélien », est également important dans la zone. Il provient des croisements Nacional x Trinitario. Ses caractéristiques et sa conduite sont cependant similaires à celles du « criollo ».

Le cacao amélioré dit « hybride » ou « ramilla » (clone CCN51) : il est de plus en plus répandu dans la zone (64 J/ha avec un rendement de 37 quintaux/ha/an soit une productivité de 15$ par jour de travail).

Durant sa phase de croissance, le cacao est associé à la banane plantain (et/ou la banane). Celle-ci meurt au bout de trois ou quatre ans. Diverses espèces forestières ou fruitières sont plantées ensuite: Guaba (arbre légumineuse), papayers, orangers, mandariniers, coco, manguiers, etc. Ces espèces assurent l'ombrage permanent nécessaire au cacao, permettent de limiter la pression des adventices et de maintenir une certaine humidité.

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Cet agro-système, mis en oeuvre depuis de nombreuses années, a l'avantage de présenter un maintien d'un sol humide, un microclimat, une production de biomasse et une population de ravageurs.

- Pour le sol: la diversité des cultures partageant une même surface permet de ralentir le phénomène d'érosion grâce à l'importance du couvert végétal.

- Pour le microclimat: la présence d'arbres fruitiers et de bois au sein de ces systèmes réduit l'impact du vent, ce qui entraîne une faible perte d'eau par évapotranspiration.

- Pour la production de biomasse: du fait de la présence de divers végétaux, le processus photosynthétique augmente la création de matière végétale et donc la production de biomasse.

- Pour les ravageurs: un système associé permet l'existence d'ennemis naturels, permettant un équilibre au sein du même système.

Itinéraire Technique

La gestion du système agroforestier commence par un nettoyage qui se réalise généralement aux périodes d'entrée et de sortie de l'hiver, respectivement au cours des mois de décembre-janvier et juin-juillet.

Le cacao est planté qu'à l'arrivée des premières pluies pour lui permettre un développement rapide. A l'aide d'une corde, l'agriculteur définit les ligne de semis (inter-rang de trois à quatre mètres) puis enfouit la graine pré-germée tous les trois-quatre mètres, ce qui donne une densité de 600 plants par hectare en moyenne.

Remarque : pour le cacao CCN51, une mise en pépinière est présente : au mois d'octobre, les graines sont placées dans des sachets plastiques (qui servent de godet) remplis de terre et irrigués deux à trois fois par semaine jusqu'à transplantation, au bout de deux mois.

La banane plantain est plantée dans l'inter-rang, à même densité, mais alternant parfois avec un arbre fruitier ou un Guabo, plantés un peu plus tard. Les jeunes cacaoyers et les bananiers plantain sont ensuite désherbés en couronne tous les trois mois en hiver et moins fréquemment en été, pour maintenir l'humidité au sol pendant les mois secs.

Ce n'est qu'au bout de trois ans, quand l'ombrage devient suffisant, que s'espacent les désherbages (deux fois par an). Outre la nécessité de limiter la croissance des mauvaises herbes à l'arrivée des pluies et de nettoyer après la période pluvieuse, ces deux périodes correspondent aux moments de plus forte floraison du cacao et les agriculteurs affirment que ce désherbage est nécessaire pour assurer une bonne récolte par la suite .Cette activité est faite par la famille elle-même ou par l'intermédiaire d'un salarié.

Ces dernières années, certains producteurs ont opté pour l'utilisation de produits chimiques pour le désherbage, à raison de 1 à 2 fois par an. Cette pratique n'est pas encore répandue, puisque les producteurs considèrent encore que l'excès de produits chimiques provoque des dommages à leurs systèmes agroforestiers. Toutefois, il n'est pas écarté que l'utilisation de produits chimiques s'accroit au fil des ans, du fait que cette pratique est moins chère que la pratique manuelle (prix produits agro-chimiques, voir annexe 1).

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Tableau 3: Comparaison des nettoyages manuel et chimique pour un hectare (étude SIPAE, 2009)

Nettoyage Temps de travail

(homme/jour)

Coût du journalier

($)

Consommations
intermédiaires ($)

Coût total ($)

Manuel Chimique

5

10

0

50

1

10

8

18

Une autre activité qui se déroule à l'intérieur des systèmes agroforestiers ou diversifiés est l'élagage. L'élagage consiste à enlever les branches et les feuilles sèches, dites "suceuses", ainsi que les fruits malades des arbres. Les pousses de plantes présentant les meilleures caractéristiques sont laissées. Cette taille des branches malades est principalement utilisé pour le cacao face à la maladie « Escoba Bruja » et « Monilla » lorsque les plants ont plus de huit ans en général. La meilleure époque pour tailler est en été, au mois d'août, une fois que le nettoyage a été réalisé. Certains producteurs font la taille deux fois par an pour les cacaoyers, alors appelée taille phytosanitaire. Pour tous les arbres fruitiers, en particulier les agrumes, les tailles sont effectuées chaque deux ou trois ans

La fertilisation des systèmes agroforestiers est effectuée depuis quelques années. Il existe des producteurs qui ont reçu une formation sur les formes de fertilisation organiques. Ceux-ci fertilisent avec des engrais liquides à une fréquence de deux à quatre fois par an. Pour autant, la plupart des agriculteurs rencontrés ne font pas d'apport d'engrais ou d'amendement organique.

Production, récolte et post-récolte

La majeure partie de la production est fournit à l'époque hivernale, ce qui correspond aux mois de janvier à mai, et commence à diminuer au cours des mois d'été, comme le montre le tableau ci-dessous :

Tableau 4: Calendrier cultural des système agroforestiers (étude SIPAE, 2009)

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En premier lieu, nous observons la diversité que présente ce système, depuis les cultures de subsistance jusqu'aux cultures de rente. Bien qu'il y ait une plus grande production en hiver, cela n'exclut pas que la production reste constante au cours de l'année, ce qui permet au producteur de bénéficier d'une certaine stabilité dans le temps.

Dans le cas du cacao, la saison principale de production est l'hiver, les mois d'avril et de mai présentant les plus gros volumes de récolte. Au cours de ces mois, il est possible de récolter toutes les deux semaines. La récolte peut être faite à deux personnes; l'une récolte les cosses de cacao et les regroupe sur le sol, l'autre les ramasse et les coupe en deux pour extraire les amandes et les dépose dans un seau ou sur un sac.

En fonction du producteur, le prix de vente peut variée entre 50$/quintal et 110$/quintal selon que les amandes sont vendues directement (en « baba ») ou bien fermentées et séchées et que ces exploitants font partie ou non d'associations, de groupements de producteurs.

En rappel, se regrouper permet d'avoir de meilleures relations et un pouvoir de négociation avec les intermédiaires ou directement avec des transformateurs (par le biais de partenariat). Ainsi, ces producteurs assurent une sécurité de production et de qualité régulière (garantie par des certifications biologiques par exemple) et donc un meilleur prix de vente.

En règle générale, les producteurs laissent fermenter les amandes un à deux jours, puis les mettent à sécher sur des auvents ou sur les bords des routes. Cependant, ce travail de transformation dépend pour beaucoup des intermédiaires se focalisant généralement sur la quantité vendue et non sur la qualité. Il faut ajouter à cela les fluctuations des cours mondiaux du cacao.

En plus de la récolte du cacao, la production majeure de bananes est réalisée au cours de la saison des pluies. [a récolte des bananes s'effectue tout au long de l'année, et habituellement toutes les deux semaines. Ce travail nécessite deux personnes, celle qui coupe les régimes et l'autre qui les charge. Une fois les régimes récoltés, le stipe est coupé pour être laissé sur le sol et y pourrir (gestion du cycle de fertilité). Le moment de récolte des agrumes (oranges et mandarines) s'étale de mars à novembre, les mois de septembre et d'octobre présentant une augmentation de la production. [a récolte peut être effectuée par l'agriculteur même, selon les besoins de la famille, ou peut être directement faite par des acheteurs à la ferme. Le café est récolté à la sortie des mois pluvieux. Comme dans les systèmes diversifiés actuels le nombre de plants de café est faible, quelques heures suffisent à sa récolte.

Les produits comme la banane, le manioc, la papaye, la goyave ou le pamplemousse, sont destinés principalement à l'alimentation familiale et leur récolte est associée à un besoin immédiat de consommation.

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Les différents agro-systèmes présents

D'après les enquêtes réalisées auprès de plusieurs producteurs qui administrent un système d'agroforesterie, on distingue deux sous-systèmes différenciés par le mode de gestion et le niveau de rendement, décrits comme suit:

Les Systèmes Agroforestiers à fort rendement (SA1): le producteur gérant ce système a reçu une formation agricole d'une association ou de l'organisation paysanne à laquelle il appartient. Des tailles phytosanitaires sont réalisées ; elles représentent l'une des activités les plus importantes pour le producteur. La fertilisation organique offerte par ces tailles, associée à un apport d'autres produits biologiques provenant de la même ferme, permet de maintenir un bon rendement.

De plus, son cacao joue un rôle prédominant au sein de son système : sa parcelle est en transition entre la variété nationale et hybride. Pour les calculs, on a pris une moyenne de 60% de variétés « criollo » et 40% pour le CCN51. Son rendement total moyen via le cacao est d'environ 22 quintaux/ha/an vendu à 80 $/quintal du fait d'une bonne fermentation et séchage des amandes soit une rémunération de 1760 $ soit 72% de la rémunération (Produit Brut total) du système (2460 $). Il faut ajouté à cela la rémunération des arbres fruitiers, soit 700 $ /an selon les producteurs interrogés.

Les Systèmes Agroforestiers à faible rendement (SA 2): la plupart de ces producteurs sont indépendant, ils n'ont pas eu l'opportunité de recevoir une formation et gèrent donc leur système agroforestier de manière traditionnelle. La gestion de ces exploitations agricoles est plus simple, l'élagage et la taille se font tous les deux à trois ans. Il n'existe pas de taille phytosanitaire adéquate et les cacaoyers sont remplis de mousses et de plantes parasitaires. Il n'y a que de faibles fertilisations au sein du système.

Ses plants de cacao ne sont que de variétés nationales. Leurs rendements n'excèdent rarement les 6,5 quintaux/ha/an, dont les amandes sont vendues généralement en baba ou seulement fermentées soit à 70 $/quintal soit une rémunération de 455 $ soit 47% de la rémunération (Produit Brute total) du système (950 $) D'où l'intérêt des cultures associées dans les cacaoyères (que les fruits soient vendus ou autoconsommés).

Graphique 13: Comparaison du PB total entre SP1 et SP2. (étude SIPAE, 2009)

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La tendance actuelle est de changer ses plants de cacao national par celui hybride du fait d'une productivité de travail trois fois plus important et d'une production commençant à partir de la deuxième année. En revanche, cette variété est beaucoup plus vulnérable aux maladies d'où un traitement chimique plus important (problème environnementale).

Cette volonté d'implanter cette variété hybride est due à une mauvaise commercialisation où seule la quantité du produit, via les intermédiaires, prédomine actuellement. Mais aussi, par des institutions de crédit telles que la BNF, qui mettent en place de nouvelles lignes de crédit en faveur de cette variété donnant plus de garantie.

Le problème de cette variété est qu'elle n'entre plus dans une stratégie de niche économique pour le producteur, ce que les ONG essayent de faire valoir auprès de ces exploitations paysannes (en incitant par exemple les groupements de producteurs ou l'obtention de certifications) pour leur assurer une pérennité de leur système de production.

Cultures complémentaires

Sur de petites surfaces, les producteurs ont l'habitude de cultiver des céréales destinés à la consommation familiale. En fonction des conditions agro-écologiques du terrain, les plantations de riz en hiver et de maïs d'été sont fréquentes. Le riz est la base de l'alimentation de la famille. Quand il est semé en hiver, toute la production est récoltée, stockée et consommée en fonction des besoins. La production de maïs, en plus de servir de nourriture aux paysans, est également destinée en grande partie à l'élevage de poulets, qui complètent l'alimentation familiale.

Remarque : La production des quantités de maïs et riz produites étant marginale, elle n'a pas fait l'objet d'étude.

3.1.2.FRUIT DE LA PASSION : UN SYSTEME ALTERNATIF

Après la chute du café, comme nous l'avons vu dans la périodisation, de nombreux producteurs ont décidé d'abattre une grande partie de leurs caféiers pour les remplacer par d'autres cultures, tels que les fruits de la passion.

Itinéraire Technique

Avant de mettre en place cette culture, il est nécessaire d'effectuer quelques activités préliminaires: le défrichement ou nettoyage du terrain, qui revient à couper les arbres qui se trouvent dans la zone et à brûler le terrain. Une fois ce travail réalisé, il est nécessaire de baliser le terrain, comme pour le cacao. Cette activité est faite par des travailleurs qualifiés ; de même, le paiement est comptabilisé par nombre de points balisés et le coût est de 0,10 $/point. Par la suite, les trous sont creusés pour la transplantation des plants. La distance entre les trous est de 4 x 4 mètres. Les plantes peuvent être achetées ou les producteurs font généralement leurs propres pépinières.

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Alors que la culture est en processus de croissance, il est nécessaire d'installer des poteaux et des fils de fer qui serviront de support et de tuteur à la plante. Lorsque la plante a 2,5 mois de vie, il est nécessaire d'enrouler la plante autour du fil, afin de guider sa croissance. La gestion commence par un nettoyage qui se fait tous les trois mois, cependant, cela n'est pas suffisant pour contrôler les mauvaises herbes ; des herbicides sont alors souvent utilisés. La fertilisation est un facteur important pour la productivité tant pour les phases d'installation, que de croissance ou de floraison. Pour lutter contre les maladies et les ravageurs, des produits chimiques sont appliqués à raison de sept fois par an environ, selon le degré d'influence.

Une autre activité importante est la taille, qui se réalise avant et pendant la phase productive. La première taille se fait quand la plante a 4 mois, la seconde quand elle a 5,5 mois et après un mois est faite la troisième. A partir de sept mois, la plante est prête pour la production. D'après les entrevues réalisées, le rendement oscille entre 2,5 tonnes et 5 tonnes par hectare et par an.

La récolte se fait généralement tous les 8 jours. Cela permet aux producteurs d'avoir un revenu fixe. Lorsque l'offre est supérieure à la demande, les prix peuvent baisser jusqu'à 0,35 $/kg, et dans le cas contraire ils peuvent monter jusqu'à 0,85 $/kg. Pendant la production, il est nécessaire de contrôler que les poteaux et les fils de fer soient en bon état pour supporter le poids des fruits. Ce sont des tâches permanentes qui requièrent du temps et des efforts. Les producteurs ont tendance à garder leurs cultures entre deux à trois ans, après quoi il est nécessaire de la renouveler.

La production de fruit de la passion est une alternative de plus en plus fréquente pour assurer un revenu fixe pour l'exploitant. En outre, cette culture demande beaucoup d'entretiens, de temps de travail mais surtout un investissement non négligeable pour une bonne production. De ce fait, seules les producteurs ayant un capital de départ ou pouvant avoir accès à un crédit sur le long terme peuvent implanter cette culture, mettant donc à l'écart beaucoup de petits producteurs dans la zone.

3.1.3.LA PALME AFRICAINE

Itinéraire Technique

Avant toute intervention, certains producteurs portent au laboratoire des échantillons de sol afin de connaitre précisément les carences en éléments nutritifs et de pouvoir les corriger. Avant l'installation du palmier à l'huile, il est nécessaire de réaliser certaines activités. Cela commence par un « dégrossissement» qui consiste à nettoyer la zone où les palmiers seront plantés (coupe des arbres), et ensuite à brûler les quelques mauvaises herbes présentes. On effectue ensuite le balisage, c'est-à-dire qu'on identifie les points où il faudra semer les plantules, ce qui est généralement effectué par une personne qualifiée pour ce travail, qui sera rémunéré par point identifié. Une personne peut réussir à baliser jusqu'à douze hectares par jour. Une fois le balisage fait, il est nécessaire de faire les trous dans le sol et la transplantation. Les plantes sont achetées auprès d'entreprises privées ou à l'institut national

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de recherche agricole, INIAP26. Le prix de la plante dépend de la variété et du stade de développement atteint (vendue de 3 à 12 mois si le producteur ne fait pas germer ces semences lui-même) ; le prix oscille entre 2,5 et 6,0 $/plant pour les espèce améliorées INIAP.

Bien que les plantes soient au stade de croissance, il est important de veiller au contrôle phytosanitaire (application d'intrants chimiques et biologiques), de contrôler le développement des racines et des mauvaises herbes, et de supprimer des premières fleurs. D'après les entrevues réalisées, le coût d'investissement est compris dans une fourchette allant de 1000 à 2200 $/ha.

Certains producteurs combinent souvent la culture du palmier avec la « Pueraria phaseoloides (Roxb.) Benth ». Il s'agit d'une légumineuse, qui permet donc de contribuer à l'apport d'azote, de maintenir l'humidité des sols, de contrôler les mauvaises herbes, et elle peut être utilisée comme aliment pour le bétail. Généralement, les bovins qui tirent avantage de cette plante sont ceux qui ont le plus grand besoin en élément nutritifs, comme les vaches qui viennent de mettre bas et les jeunes veaux.

La variété et l'âge de la palme sont des facteurs prédominants de la productivité d'une plantation de palmiers à huile. Cette productivité est déterminée par deux paramètres: la production de fruits et le pourcentage d'extraction d'huile à partir de ces mêmes fruits. Parmi les instituts et les entreprises qui ont la plus forte incidence dans la zone d'étude en ce qui concerne la fourniture de semences et de plantules certifiées sont INIAP, Palmera de los Andes (PDA) en collaboration avec le CIRAD27.

Remarque : quelque soit la variété choisie, ce palmier est très demandeur en eau, provocant donc en sein du canton de Quininde, une baisse moyenne du niveau des nappes phréatiques rendant son accès de plus en plus difficile pour les systèmes de cultures des économies paysannes voisines.

La plante commence à produire une fois qu'elle a atteint sa troisième année de vie. Il est clair que les premières années de production vont être peu significatives, atteignant une bonne production à partir de la septième année, valeur qui continuera à croitre dans le temps jusqu'à la 20ème année approximativement (cela dépendant également de la variété utilisée). Pour garder la plantation exempte d'agents pathogènes, un élagage fréquent est nécessaire ; les producteurs en réalisent généralement un à deux par an. La conduite de la culture est la suivante: chaque trois ou quatre mois est réalisé l'élagage, autrement dit le nettoyage manuel des mauvaises herbes autour des palmiers. La personne qui réalise ce travail, dans le cas d'une main d'oeuvre salariée, est rémunérée au nombre de plants nettoyés. En parallèle est effectué le nettoyage de la couronne (disque autour du tronc). Entre élagage et couronne, une personne peut nettoyer 70 à 80 plantes par jour de travail.

Les rachis coupés et vidés de leurs fruits (après avoir subi le processus d'extraction) sont placés au niveau de la couronne, puisque qu'ils jouent un rôle d'amendement organique des sols une fois décomposés. En fonction de la capacité économique du producteur, la

26 Institut Indépendant de Recherches Agronomiques

27 Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement

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fertilisation peut être réalisée de deux à quatre fois par an, avec des engrais simples ou complets, à la fois épandus sur le sol et sur les feuilles. De la même manière, le contrôle des ravageurs et des maladies, selon la façon dont ils se présentent, peut être fait tous les deux à trois semaines en hiver, ou tous les mois ou deux mois en été. Dans certains cas, une correction du pH à la hausse est réalisée avec l'incorporation de chaux agricole.

La récolte se fait habituellement tous les 15 jours, ce qui permet de générer un revenu permanent pour le producteur, bien que les rendements les plus élevés soient en hiver. Les personnes qui vont récolter doivent couper une ou plusieurs feuilles avant d'atteindre le régime de fruits, puis charge ce dernier dans une brouette, à dos de mule, sur un charriot glissant tracté par un boeuf, dans une remorque, ou encore sur un wagonnet. Les outils spécifiquement utilisés varient en fonction de l'âge des palmiers : machette jusqu'à 5-6 ans, faucille au-delà (avec manche étirable), et un bâton en fer pour ramasser les régimes coupés.

Une fois récoltés, les régimes sont immédiatement envoyés à l'usine d'extraction d'huile, située stratégiquement près des fermes, permettant ainsi de préserver une qualité de fruit la plus haute possible.

Graphique 14: Répartition des activités agricoles de la culture de Palme (étude SIPAE 2009)

Les différents systèmes de palme présents :

Il a été différencié deux sous-systèmes de culture du palmier à huile, distingués principalement par le niveau d'utilisation de main d'oeuvre salariale, la fertilisation et la lutte contre les maladies, ce qui dénote une distinction sur le niveau de production atteint :

Système de Palme africaine 1 (SP1): ce système est caractérisé par une utilisation largement majoritaire de produits chimiques pour la fertilisation, le désherbage, les maladies et les ravageurs ; par l'utilisation de variétés importées et améliorées comme IRHO, HSD, Dehli x Lamé et Compacta, INIAP - Tenera. La plupart des producteurs compte sur un personnel allant des travailleurs permanents et occasionnels aux administrateurs, en passant par des chefs de groupe, des superviseurs et des secrétaires. Les rendements ont une moyenne de 17,46 t/ha/an dans la zone.

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Système de Palme Africaine 2 (SP2): ce système est caractérisé par des producteurs qui appliquent une gestion moins intensive et moins rigoureuse. Bien que toutes les activités réalisées soient à peu près semblables, l'injection de produits chimiques est mineure, ce qui se reflète par une baisse de la production, ayant une moyenne de 13,27 t/ha/an. Les activités d'élagage et de nettoyage des couronnes requièrent beaucoup de travail ; elles sont effectuées par des journaliers, alors que la fertilisation et l'application de produits phytosanitaires sont assurées par les producteurs eux-mêmes. Habituellement, ils utilisent les variétés INIAP (les moins chères du marché) et très peu de Deli x Lame.

Les producteurs qui exploitent ce système utilisent des intrants en fonction de leur capacité d'achat ; se sont généralement des engrais simples, ce qui ne suffit pas pour une nutrition adéquate des plantes, en tenant compte du fait que les besoins nutritionnels de la palme africaine sont élevés. De manière générale dans ce système, les producteurs ne disposent pas d'un véhicule personnel et sont donc amener à s'entraider entres producteurs ou à payer le service de transport.

3.1.4.SYSTEMES D'ELEVAGE

Pour les petits et moyens éleveurs, l'élevage entre dans un processus de sécurité alimentaire mais entre aussi dans une stratégie de vente de lait et fromage frais. Pour ces producteurs qui ont maximum 10 têtes de bétail, leur troupeau s'apparente à une caisse d'épargne. En contre partie, pour les moyens et grands propriétaires, l'élevage est un flux d'argent permanent.

Selon le recensement du MAGAP en 2000, il existe dans le canton de Quininde 8851 éleveurs à lait avec plus de 28 000 têtes de bétail. Alors qu'il y a environ 2900 éleveurs de vache à viande avec plus de 15 000 têtes. Il y a également dans le canton d'autres espèces telles que des ânes, des chevaux, des mules, des chèvres, des lapins, et « cuye » 28 étant pour la consommation familiale.

Bien que le bétail s'adapte très bien à la fois dans les zones amont et avale, il est important de noter qu'il existe une prédominance dans la partie orientale du canton, où les conditions topographiques permettre une plus grande prévalence de cette activité. D'après les informations recueillies lors des entrevues, deux systèmes d'élevage représentatifs ont été identifiés dans la région: l'élevage semi-technicisé et l'élevage traditionnel.

L'Elevage Semi-technicisé (ES): Les races principalement utilisées dans ce système sont: Holstein, Marron Suisse, Brahman, Normande, Charolaise, Gir, croisée entre Bellin laitière et Holstein rouge. La gestion consiste à effectuer deux ou trois déparasitages tous les trois mois et des vaccins. Un supplément de vitamines est donné tous les quatre mois. Outre l'alimentation basée sur la pâture, il existe également des suppléments alimentaires tels que des nutritionnels additionnels, des sels minéraux et des bananes. Des bains contre les puces sont effectués chaque mois.

28 Type de cochon d'inde

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L'entretien des pâturages est relativement simple; il est nettoyé deux fois par an et fertilisé avec des engrais chimiques (urée) une fois par an. Les parcelles sont mises en jachère pendant trois mois en moyenne. Les temps des travaux du désherbage par hectare ont été difficiles à évaluer dans la mesure où les producteurs ne connaissaient pas leurs surfaces de pâturages.

Certains producteurs ont innové par l'intermédiaire de l'insémination artificielle, de l'achat de machines à traire et de l'amélioration de leurs stabulations. Ce système est également caractérisé pour compter avec des travailleurs permanents, appelés "vachers", qui effectuent toutes les tâches mentionnées ci-dessus. Ils sont payés entre 210 et 300 $/mois. Le taureau est changé lorsque le producteur peut, chaque quatre ans pour éviter les problèmes de consanguinité.

Pour les vache en lactation, la traite se fait une à deux fois par jour au coralle par l'éleveur. La production de lait se situe entre 5 et 10 litres/vache/jour. Le prix de vente du lait varie de 0,35 à 0,40 $/litre selon le marché, mais il se vend en général à des entreprises, comme « La Rey Leche ». Lorsque les veaux sont des mâles et qu'ils ont atteint l'âge de 7 mois, ils sont vendus sur le marché local à un prix d'environ 110 $/tête.

L'Elevage Traditionnel (ET): Les races utilisées dans ce système sont de moins bonne qualité que dans le système ES, à savoir qu'elles sont le résultat de plusieurs croisements, provenant des races Holstein et Marron Suisse. La gestion consiste en un approvisionnement de vitamines et un déparasitage tous les deux mois. Les bains contre les puces sont réalisés une fois par mois. La base fondamentale de l'alimentation est l'herbe, et les producteurs qui disposent d'un système agroforestier peuvent fournir des bananes non qualifiés (rejets) comme supplément alimentaire. De plus, est incorporé du sel sous forme minérale ou en grains.

Le maintien du pâturage consiste seulement à réaliser deux nettoyages par an sans aucune forme de fertilisation postérieure. Le pâturage est désherbé à la machette et il est en jachère pendant deux à trois mois. Les vaches sont nourries au pâturage libre et la plupart des producteurs n'ont pas de stabulations, ou bien faites de manière rustique, utilisant les matériaux provenant de la même zone (planches de bois). L'eau est généralement fournie dans des jantes ou des mangeoires en ciment. Certains producteurs ont tendance à emmener leurs animaux pour boire de l'eau dans des ruisseaux ou des estuaires en fonction de la proximité.

En ce qui concerne la reproduction, la plupart des producteurs ont un taureau reproducteur, qui accompagne toujours les vaches laitières. Mais dans le cas où ils ne possèdent pas de taureau, il est alors nécessaire d'en louer un ou de l'emprunter à un voisin.

La production de lait va de 2,5 à 5,6 litres par vache et par jour, avec une seule traite par jour. Le lait sert à l'alimentation de la famille, à la fabrication de fromage de manière traditionnelle, et à la vente des excédents. Le prix moyen du litre de lait est de 0,35 $. Quand les progénitures sont des mâles, ceux-ci sont gardés jusqu'à l'âge de deux ans, et sont généralement vendus dans une fourchette de prix allant de 200 à 250 $/animal. Bien entendu, si le producteur rencontre une situation d'urgence, l'animal peut être vendu plus rapidement.

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Porcs

Dans la zone d'étude, les porcs d'élevage d'engraissement sont très répandus. Les porcs sont achetés quand ils sont petits, entre 2 et 4 mois, à un prix allant de 25 à 50 $/animal. Comme les porcs sont généralement destinés à l'autoconsommation, la période d'engraissage va dépendre des critères du producteur, qui peut être de 5 à 13 mois.

L'alimentation provient essentiellement des déchets alimentaires ou restes de la maison, de manioc ou de régimes de bananes et de bananes plantain, obtenus à partir des vergers agroforestiers. À cet égard, ce système fonctionne comme un système complémentaire au système d'agroforesterie.

La gestion est assez simple : un déparasitage et un vaccin sont effectués une fois par an. Certains producteurs ont tendance à laisser les porcs en plein air, attachés ou non à une corde; d'autres ont des abris rustiques faits à partir de planches de bois.

Nous n'avons pas pu déterminer la rémunération produite par ce système d'élevage. Nous avons pris comme référence une VAB de 380$ et 42J/an pour un élevage de 10 têtes. (Cordelier, 2003.)

Poulets

Nous avons rencontré seulement des unités de production familiales ayant ce système d'élevage ainsi que des paysans sans terre et salariés, vivant au sein de grandes propriétés ;

Pour environ 10 poules, il faut de 200 à 300 livres de maïs par an. Pour compléter l'alimentation, il est parfois fournit du « balanceado », du manioc ou de la banane plantain finement coupée.

Les poules sont en liberté. L'alimentation est distribuée deux à trois fois par jour. Le temps de travail se résume à la culture de maïs et à l'alimentation des poules soit une approximation de 32 J/an.

Tableau 5: Modèle de production d'aviculture (Cordelier, 2003).

 

On obtient une moyenne de 580 oeufs par an et 50 poules ou poulets élevés. Bien que l'élevage de poulets est principalement destiné à la consommation familiale, les oeufs peuvent être valorisés à 0,1$ chacun et 4$ pour les poules. On obtient une VAB de l'ordre de 260$ pour 10 mères et une productivité du travail pour 10 mères d'environ 7.8$/J. (Cordelier, 2003).

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3.2. ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES DES SYSTEMES

3.2.1.EFFICIENCE DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE

Création de richesse des systèmes de culture

Après déduction des coûts des consommations intermédiaires pour chaque système de culture, et d'élevage, nous pouvons donc comparer la richesse brute produite pour chacun de ces systèmes :

2500

2000

1500

1000

500

Comparaison de la valeur ajoutée brute en dollar par hectare et par an des principaux systèmes de culture.

0

Graphique 15: Comparaison des VAB des principaux systèmes de culture (étude SIPAE, 2009)

Les trois systèmes rapportant le plus de richesse à l'année sont celui d'agroforesterie 1 à plus de 2102 $/ha, celui du fruit de la passion à 1891 $/ha, puis finalement celui de la palme 1 à 1424 $/an. On remarque qu'un système agroforestier bien entretenu (SA1), donc d'agriculture paysanne, utilise mieux sa terre, en termes de gestions des ressources, de fertilité organique, de pérennité, etc. que les systèmes agro-exportateurs de palme.

Pour autant, on se rend compte que la VAB du système d'agroforesterie 2 n'est que de 879$/ha/an. Ceci nous montre la fragilité des systèmes agroforestiers. Le fait de ne pas avoir recours à des crédits pour cause de non légalisation de terre, d'avoir ou non reçu des formations de producteurs ou autres services agricoles, sont des exemples qui jouent pour beaucoup sur les performances de ces systèmes d'exploitations familiales.

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Production de richesse par jour de travail dans les systèmes de culture et d'élevage L'efficience d'un système doit également être représentée en termes de jours de travail.

Tableau 6:Richesse et travail généré par les systèmes de culture et d'élevage (étude SIPAE, 2009)

Systèmes de culture et d'élevage

VAB/ha

J/ha

$/J

Système AgroF 1

2102

92

23

Système AgroF 2

879

112

8

Fruit de la passion

1891

160

12

Système Palme 1

1424

73

20

Système Palme 2

1117

68

16

Elevage Traditionnel

132

5

26

Elevage Semi Technicisé

242

6

40

Poulet

260

32

8

Porc

380

42

9

Remarque : les journées de travail ont été calculées pour chaque système de culture ou d'élevage, toutes mains d'oeuvre confondues (familiale et salariale)

Dans les systèmes de culture, c'est le SA1 qui génère plus de richesse à l'hectare et par jour de travail (23 $/jour) que SP1 (20 $/jour).

Les systèmes d'élevage, tant mécanisés que traditionnels, présentent la plus grande création de richesse par jour (40 $/jour et 26 $/jour), ce qui explique que ce sont des systèmes retenus par des exploitations extensives, dont la logique réside plus dans la génération de richesse par jour de travail que par superficie.

Pour un travailleur, posons nous la question du coût d'opportunité du travail

Le coût d'opportunité correspond à un coût de renoncement. De manière approchée, on retiendra que la journée payée d'un salarié constitue un bon repère, lors de l'étude, il était de 10$/j. Il s'agit de comprendre combien un ménage agricole gagnerait ou au contraire perdrait à quitter l'agriculture pour allouer sa main-d'oeuvre ailleurs. Ce coût d'opportunité de la main d'oeuvre dépend des opportunités de travail agricole ou extra-agricole dans la région. Il peut s'agir du salaire minimal urbain ou du salaire journalier multiplié par le potentiel de journées travaillées dans le cas de travaux agricoles saisonniers qui impliquent une sortie de l'agriculture familiale.

Une économie familiale basée sur le système agroforestier (SA1) génère VAB la plus performante du canton. Ce système de culture requière une main d'oeuvre plus importante que les exploitations d'agro-business (SP). De plus, cette main d'oeuvre, quelle qu'elle soit, sera rémunérée le double du coût d'opportunité actuel. Cela nous amène à dire que les exploitations familiales sont un meilleur atout que les systèmes d'agro-business pour lutter contre la pauvreté et le chômage étant un grave problème au sein du canton aujourd'hui.

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3.2.2.TYPOLOGIE DE PRODUCTEURS

Organisation des Unités de Production (UP)

Les UP familiales se définissent principalement par des exploitations diversifiées, qui ont tendance à concentrer la force de travail familiale et à valoriser leur terre au maximum du fait de leur faible accès au foncier.

Au contraire, les UP d'agro-entrepreneurs ont des salariés permanents et journaliers sur leurs grandes propriétés; ces grandes entreprises ou grands propriétaires cherchent à maximiser leur taux de profit donc leur la rentabilité financière; ce qui va s'en dire minimiser la rémunération et le nombre des salariés. Cela se traduit dans le canton de Quininde, par des systèmes extensifs et/ou capitalistes (apport de beaucoup d'intrants).

Les différents types de producteurs sont regroupés à partir des critères principaux suivants : l'emplacement dans la zone, leur tendance productive, leur SAU et l'utilisation de main-d'oeuvre familiale et embauchée.

Les types de producteurs les plus représentatifs de la zone d'étude sont représentés ci-dessous :

Typologie

Producteur

Zone

Paysan sans terre

Paysan sans terre

1 et 2

Producteur diversifié

Paysan Semi-prolétaire

1 et 2

Moyen Diversifié

2

Grand Diversifié

2

Eleveur

Eleveur Traditionnel

2

Eleveur Semi-technicisé

1 et 2

Palmiculteur éleveur

Petit Producteur

1

Grand Patronal

1

Palmiculteur

Moyen Capitaliste

1

Grand Capitaliste

1

Tableau 7: Typologie des producteurs (étude SIPAE, 2009)

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Pourcentage de la SAU pour chaque type de producteur rencontré :

Tableau 8: Pourcentage de la SAU pour chaque type de producteur rencontré (étude SIPAE, 2009)

Type de producteurs*

Systèmes de culture et d'élevage

Total

Agroforestier

Palme

Fruit de la
Passion

Autres

Elevage

ha

% ha % ha % ha % ha % ha %

Paysans sans terre

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

100

Paysan Semi-prolétaire

3

80

0

0

0

0

1

20

0

0

3

100

Moyen Diversifié

5

58

0

0

0,5

1

1

9

2

25

9

100

Petit Producteur

2

12

10

60

1

3

2

10

1

3

17

100

Grand Diversifié

14

74

0

0

0,6

2

0

0

5

24

19

100

Eleveur Traditionnel

6

13

0

0

1

1

2

3

36

81

44

100

Moyen Capitaliste

0

0

76

100

0

0

0

0

0

0

76

100

Eleveur Semi-technicisé

0,3

0

4

3

0

0

0

0

150

97

155

100

Grand Patronal

1

0

89

53

0

0

0

0

79

47

168

100

Grand Capitaliste

0

0

500

100

0

0

0

0

0

0

500

100

* Pour expliquer l'organisation du tableau : les types de producteurs ont été classés selon la taille de l'unité agricole.

Les producteurs qui ont accès à des superficies comprises entre 3 et 44 ha ont des exploitations ayant le plus de diversité de système de culture et/ou élevage. A l'exception des Petit Producteurs (PP) et de l'Eleveur Traditionnel (ET), la majeure partie de la superficie est occupée par des systèmes agroforestiers. Ces cultures servent principalement à garantir une sécurité alimentaire pour la famille.

Le Petit Producteur (PP), consacrent 60% de sa superficie totale au palmier à huile. Ceci montrant que la palme pourrait être la valeur de rente la plus appréciée pour ce type de producteur.

Concernant les producteurs disposants de superficies supérieures à 44 ha, on observe que la diversification des cultures est quasiment nulle. Il existe des cas où la surface se répartie entre la palme et les pâturages. Cela indique que ces types de producteurs consacrent leurs grandes surfaces à des cultures rentières qui présentent une sécurité et une fréquence de paiement supérieures ou égale à des systèmes extensifs, comme la palme, où la production permanente permet d'avoir un flux constant de capitaux.

79

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Utilité de la main d'oeuvre :

Le recours à de la main d'oeuvre salariale dépend des principales activités nécessaires à chaque système de production, ainsi que la capacité du capital à investir dans la main d'oeuvre.

Répartition de la main d'oeuvre familiale et salariale selon les types d'exploitations

Tableau 9: Répartition de la main d'oeuvre par typologie de producteur (étude SIPAE, 2009)

Typologie

Producteur

MOF*

MOC**

MO Total

Superficie

J

total/ha

Jour

%

Jour

%

Jour

%

ha

$

Paysan sans terre

Paysan sans terre

11

100

0

0

11

100

0

0

Producteur
diversifié

Paysan Semi-prolétaire

331

98

9

2

338

100

3

113

Moyen Diversifié

506

87

76

13

582

100

9

65

Grand Diversifié

1325

93

100

7

1425

100

19

75

Eleveur

Eleveur Traditionnel

904

79

240

21

1144

100

44

26

Eleveur Semi-technicisé

36

3

1164

97

1200

100

155

8

Palmiculteur
éleveur

Petit Producteur

492

45

601

55

1093

100

17

64

Grand Patronal

266

4

6377

96

6643

100

168

40

Palmiculteur

Moyen Capitaliste

0

0

5548

100

5548

100

76

73

Grand Capitaliste

0

0

36500

100

36500

100

500

73

* MOF = Main d'oeuvre familiale sur l'exploitation ** MOC = Main-d'oeuvre salariée sur l'exploitation

Dans l'ensemble, ce sont les exploitations des Producteurs Diversifiés (PD) qui sont le plus demandeur de jours de travail par hectare (jusqu'à 113 J /ha pour les paysans n'ayant que 3 ha de terre). Elles occupent le travail familiale de 87% à 98% de l'effectif total de main d'oeuvre des UPA.

Pour les Eleveurs, les besoins en main d'oeuvre par unité de surface sont faibles; ils varient de 8 à 26 J total/ha. La différence fondamentale entre ces deux systèmes est que dans le cas de l'Elevage Traditionnel, la famille représente la part la plus grande de l'offre de main d'oeuvre, tandis que c'est le contraire pour l'Elevage Semi-technicisé (ES). En effet, le budget dédié à la main d'oeuvre salariale est de 97% pour l'ES.

De part une diversification de ces systèmes de culture et d'élevage, le Petit Producteur a besoin de 64 journées de travail à l'hectare, pour une exploitation moyenne de 17 ha. Ce type de producteur a un bon équilibre, autant au niveau d'occuper sa famille au sein de son exploitation, que de créer de la main d'oeuvre salariale (55%) et donc de pouvoir s'occuper à d'autres activités.

Dans le cas du Grand Patronal (GP), leurs exploitations combinent la palme et l'élevage mis en en association. C'est pourquoi elles génèrent 40 J total/ha en moyenne, valeur entre les éleveurs et les palmiculteurs. La part dédiée à la main d'oeuvre représente 96% du total.

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Ces producteurs disposent de travailleurs permanents qui réalisent toutes les activités dans l'exploitation. Le propriétaire intervient seulement dans les activités de contrôle et d'administration.

Les exploitations des Grands Palmiculteurs (GP) sont caractérisées par leur absentéisme ; ils disposent de travailleurs permanents, allant de la manoeuvre à l'administrateur en passant par la secrétaire. Autrement dit, le fonctionnement est celui d'une micro-entreprise, dans laquelle le propriétaire n'est que peu ou pas présent sur ses plantations. Il est en contact direct avec le comptable et l'administrateur. Ces systèmes se basent sur un équilibre entre la valorisation de la terre et la superficie de celle-ci.

Lorsque les exploitants travaillent eux-mêmes sur leur propriété (Producteur diversifié), leur intérêt est avant tout de valoriser au mieux leur force de travail à l'hectare du fait de leur faible accès au foncier. Et donc, de choisir les systèmes de culture assurant une production de richesse élevée au regard du travail requis.

Cependant, les palmiculteurs, qui ont un important accès à la terre, génèrent de l'emploi. En effet, leur force de travail (73 J total/ha) est presque équivalente à celle des exploitations familiales.

Il est important de savoir à ce point de l'étude, si les exploitations de ces types de producteurs suffisent pour subvenir à leurs besoins ou s'ils doivent vendre aussi leur force de travail à l'extérieur, impliquant donc les problèmes d'exode rural, de pauvreté, accès aux services publiques, etc.

3.2.3.RICHESSE PRODUITE AU SEIN DES SYSTEMES DE PRODUCTION

Tableau 10: Cumul des VAB selon les différents types d'exploitations (étude SIPAE, 2009)

* Pour une explication de l'organisation du tableau : les types de producteurs ont été classés selon la richesse produite par an, exprimée en termes de Valeur Ajoutée Brute (VAB).

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On observe que la VAB totale produite par exploitation varie de 338$ à 712 000$. Cette fourchette est large et peut s'expliquer par: l'accès à la terre, le capital à investir, le choix des cultures, ses itinéraires techniques, le prix de vente, le temps de travail disponible par surface, etc.

Les Grand Patronaux ou les Capitalistes disposent de petites habitations pour les travailleurs permanents (Paysan sans terre) et leur laissent exploiter une petite surface tel que l'aviculture, et c'est pour cela que la richesse de la terre produite est minime. Ces paysans sont d'anciens producteurs (notamment type Semi prolétaire) ayant du partir par manque de moyens financiers (décapitalisation des cultures), de pressions foncières (pas de titre de propriété) et/ou sociales (pression démographique, fragmentation des terres).

Les producteurs dont la superficie est inférieure à 44 ha, sont les Agriculteurs Semi-prolétaires aux Grand Diversifiés (GD). La richesse totale produite peut atteindre jusqu'à 32879 $/an. On se rend compte que la richesse brute des systèmes d'agroforesterie augmente avec la superficie de ces producteurs (elle passe de SA2 à SA1). Ce système de culture peut être un réel atout pour l'économie paysanne: le fait d'être en SA1 permet d'amoindrir le temps consacré à travailler ce système tout en optimisant sa production. De plus, il permet réellement de créer de la richesse pour ces populations rurales.

Remarque : le fruit de la passion apparaît comme une entrée d'argent supplémentaire pour les moyens et grands diversifiés ayant rendu leur système agroforestiers efficients (SA1).

L'éleveur traditionnel ne reçoit que 39% de richesse totale produite avec son élevage prenant plus de 81% de sa SAU. Bien que ce système d'élevage lui assure une revenu régulier, et lui assure une caisse d'épargne pour les moments d'urgence, ce sont les systèmes d'agroforesterie ainsi que du fruit de la passion qui lui génèrent en plus grande partie sa VAB totale.

Les petits producteurs, étant situés en zone 1, ont profité de leur situation (grâce à des crédits par les extracteurs ou autres) pour remplacer leur système agroforestier par celui de la palme dans leur système de production. Ceci leur a permis, de part un travail à la journée moindre, de se diversifier réellement en termes de systèmes de culture tout en ayant une entrée d'argent hebdomadaire garantie par la palme (57% de leur VAB totale).

Remarque : les prêts sont essentiels pour ces types de producteurs. En effet, durant les quatre premières années de croissance de la palme, il n'y a pas de production ni d'association possible. Ils n'avaient donc que leurs autres systèmes de culture pour vivre et investir dans la plantation de palmiers africains, ce qui n'est que pas possible.

La VAB totale des Eleveurs Semi-technicisés (ES) jusqu'aux Grands Capitalistes (GC), dépasse facilement les 36 000 $/an. Ces producteurs/éleveurs ont les capitaux pour investir dans les techniques agricoles modernes, intrants chimiques et ont un grand accès à la terre, aux ressources naturelles, aux infrastructures, services tels que les crédits (ils ont tous leur titre de propriété et une garantie financière), etc.

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3.2.4.EFFICIENCE DES SYSTEMES DE PRODUCTION

La valeur ajoutée nette par système de production (VAN) indique la richesse produite au sein de l'unité de production car elle intègre les besoins d'investissement. Tandis que la valeur ajoutée nette par jour de travail sur l'exploitation, fait référence à la richesse totale produite par jour de travail. Ceci permet de comprendre la décision de vendre ou ne pas vendre sa force de travail à l'extérieur de la ferme.

Tableau 11: Efficience des systèmes de production (étude SIPAE, 2009)

Producteur*

Dépréciation**

VAN
totale

Superficie

Durée
totale

VAN/ha

VAN/J

% VAB totale

$

ha

jour

$

$

Paysan sans terre

0

338

0

11

 

31

Paysan Semi-prolétaire

5

3 718

3

338

1 239

11

Moyen Diversifié

7

11 849

9

582

1 317

20

Grand Diversifié

10

29 591

19

1 425

1 557

21

Eleveur Traditionnel

8

11 174

44

1 144

254

10

Eleveur Semi-technicisé

11

36 537

155

1 200

236

30

Petit Producteur

12

17 274

17

1 093

1 016

16

Grand Patronal

13

104 128

168

6 643

620

16

Moyen Capitaliste

15

91 990

76

5 548

1 210

17

Grand Capitaliste

17

590 960

500

36 500

1 182

16

* Les différents types de producteurs sont ordonnés en fonction de leurs orientations productives ** dépréciation du matériel agricole

On se rend compte à l'échelle des Producteurs Diversifiés, que plus leur SAU est élevée, plus leur système de production génère de la richesse qui valorise au mieux la terre, ainsi que les journées de travail étant les mieux rémunérées (excepté pour ES).

Remarque : le Paysan Semi-prolétaire génère une VAN totale la moins élevée de tous les systèmes de production du canton, étant inférieur au coût d'opportunité.

Le Grand Diversifié travaille 1,5 fois plus, par unité de surface, que le Moyen Diversifié. Cela lui permet de générer une richesse à l'hectare de 1557 $, presque identique au Moyen diversifié, mais pour autant, son système lui permet de faire travailler sa famille toute l'année (1425 jours/an) générant une VAN totale de 29 591$. C'est ce type de producteur qui valorise au mieux la terre du canton.

Les éleveurs obtiennent les plus basses valorisations de terre à l'hectare du fait de leur système basé sur l'extensif. Alors qu'en termes de la valorisation du travail à la journée, l'Elevage Semi-technicisé dépasse les autres systèmes de production (plus de trois fois le coût d'opportunité). Cela est du essentiellement à son accès à la terre élevé (155 ha), à une bonne gestion de son système d'élevage mais aussi à ses 3% de système de palme (en superficie) lui apportant plus de 11% de son revenu.

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Au contraire, l'éleveur traditionnel, avec une SAU de 44 ha, ne valorise que peu sa terre : sa VAN totale peut s'apparentée à celle du Moyen Producteur n'ayant que 9 ha de SAU. De plus, il ne valorise que peu son travail : sa VAN/J est la plus basse du canton, égale au niveau du coût d'opportunité. Cela est du au fait qu'il doit occuper beaucoup de son temps à ce système d'élevage peu productif.

Le Petit Producteur, avec son système de palme lui assurant un revenu élevé, stable et peu prenant en temps de travail, obtient une VAN totale de 17 274 $ lui permettant d'assurer un niveau de vie supérieur au coût d'opportunité. Le Grand Patronal génère une VAN totale élevée du fait de sa grande SAU. Pour autant, ces deux systèmes de production ne valorise pas autant la terre que les exploitations des producteurs diversifiés. L'avantage de ses systèmes vient de la sécurité apportée des revenus permanents que génèrent l'élevage et/ou la culture du palmier à huile. Ces types de producteurs ont donc du temps pour s'occuper à d'autres activités.

Les Palmiculteurs (Moyen et Grand Capitaliste) génèrent une VAN/ha de 1200 $ en moyenne, leur générant une valorisation de travail de 16$ par jour. Du fait d'un grand accès à la terre, ce système génère une VAN totale énorme produite par beaucoup de travailleurs (vu auparavant) ayant donc une bonne valorisation de leur travail à la journée.

3.2.5.COMPOSITION DU REVENU

Le seuil de survie de la province d'Esmeraldas est de 387,7 $/mois soit 4652 $/an, selon les valeurs du seuil de survie d'une famille de quatre membres donné par INEC en 2005. Or, de par notre étude, les familles de producteurs sont, en moyenne, au nombre de six. Nous augmentons donc, par soucis de réalité, le seuil de survie proportionnellement, soit 6978 $/an.

De plus, le revenu total d'un système de production est composé principalement par le revenu agricole (RAN) et par le revenu provenant d'activités économiques hors exploitation.

Grâce au seuil de survie du canton et aux revenus totaux générés qui donnent une bonne représentation des typologies de producteurs rencontrés via leur système de production, on peut évaluer leur durabilité, de repérer leur fragilité ou, à l'inverse, leur capacité à se maintenir, voire à se développer dans le futur (gestion de la fertilité des sols, des pâturages, des ressources en eau, etc.) dans la région.

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Tableau 12: Composition du revenu total (étude SIPAE, 2009)

Typologie

Producteur

RAN*

IOA**

Revenu Total

$

%

$

%

USD

%

Paysan sans terre

Paysan sans terre

338

8

4035

92

4 373

100

 

Paysan Semi-prolétaire

3 601

60

2496

40

6 097

100

Producteur
diversifié

Moyen Diversifié

11 212

77

2258

23

13 470

100

 

Grand Diversifié

28 934

95

900

5

29 834

100

 

Eleveur Traditionnel

10 931

59

5382

41

16 313

100

Eleveur

Eleveur Semi-technicisé

35 306

99

176

1

35 482

100

Palmiculteur

Petit Producteur

16 686

88

1993

12

18 679

100

éleveur

Grand Patronal

98 143

89

15725

11

113 868

100

Palmiculteur

Moyen Capitaliste

86 579

100

?***

?

86 579

100

Grand Capitaliste

555 360

100

?

?

555 360

100

 

*nous avons enlevé les salaires permanents de chaque système de production de la VAN totale

**ratio économique consacré à des activités hors UPA d'une année

*** il a été difficile d'obtenir des informations sur les autres activités que réalisent ces producteurs, c'est pourquoi il a été considéré que 100% des revenus proviennent de la RAN

Le revenu du paysan sans terre dépend du travaille disponible des propriétaires terriens (environ 10 à 11 mois par an selon les entretiens réalisés), étant principalement les Grands Capitalistes ou Grands patronaux. Lors de son temps libre, il cherchera à vendre sa force de travail (le paiement se fera généralement quotidiennement). Pour autant si ces familles paysannes sans terre travaillent toute l'année, elles n'obtiennent qu'un revenu total de 4373 $ par an : ce qui est en dessous du seuil de survie de la province.

La RAN du Paysan Semi-prolétaire est en dessous du seuil de survie : son système de production ne lui permet pas d'assurer une sécurité alimentaire. Il vend donc sa force de travail à l'extérieur de son exploitation, d'où plus de 40% de ses revenus sont hors exploitation. Pour autant, d'après INEC29, il y a 18 % de chômage au sein de la population du canton de Quininde. Il n'est donc pas si facile d'avoir du travail rapidement. De plus, en admettons qu'il arrive à avoir un emploi externe, son revenu total reste encore inférieur au seuil de survie du canton (voir annexe 2).

Du fait que ses exploitants sont en décapitalisation, étant dans un processus de concentration de terre, et n'ayant pas d'aides de l'état (majoritairement absent dans le canton) ni d'accès à des crédits légaux (pas de titre de propriété), cette faible rémunération peut être une des raisons pour nombreux de ces paysans de quitter leur terre (souvent racheté par de grandes firmes) pour migrer vers les villes ou devenir salarié de grandes exploitations (Paysans sans terre).

29 Selon le dernier recensement de INEC en 2005

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Ces deux systèmes sont donc vulnérables via leur capacité à se reproduire et à assurer leur pérennité dans le temps. De part la nouvelle constitution de 2008, l'Etat devrait intervenir en faveur de ces économies paysannes pour contrer cette dynamique d'exode rural, de paupérisation des campagnes.

Il est important de définir des lois protégeant ces exploitations familiales en termes d'accès à la terre, appuyer de meilleures filières de commercialisation pour une meilleure redistribution de revenu, ainsi que mettre à disposition des services agricoles pour une meilleure valorisation de leur effort de travail.

Au contraire du Semi Prolétaire, le Moyen et Grand Diversifié génèrent un revenu total, générée à plus de 77% par leur RAN, deux à quatre fois plus élevé (jusqu'à plus de 29 000$) que le seuil de survie. Néanmoins, leurs systèmes de culture peuvent être vulnérables aux fluctuations de marché, aux périodes de sécheresse, etc. Le fait d'avoir un titre de propriété donne accès à des lignes de crédits, donc à des opportunités, par manque de capital de départ, pour planter de nouvelles cultures.

De plus, pour ces types d'exploitation familiale, la SAU est un facteur essentielle de développement. Du fait d'une grande pression foncière dans le canton, il est important légaliser sa SAU afin de sécuriser son exploitation aux yeux de l'Etat. Dans le cas contraire, ces producteurs peuvent avoir tendance à fragmenter leur propriété foncière et donc devenir Paysan Semi-prolétaire.

Rappel : les titres de propriétés sont encore très peu présents chez ces économies paysannes (40% des producteurs du canton n'en ont pas).

Le Grand Diversifié est le type de producteur le plus adapté à la zone amont de notre étude. Bien que l'état devrait développer les réseaux de communication, ainsi qu'avoir une main mise sur les centre de commerce, afin de réguler les prix et de les développer, à l'heure d'aujourd'hui où cette zone est isolée de croissance économique, il est important que les économies paysannes puissent se suffire à elle-même en termes de travail à l'année dans l'exploitation, ce que fait ce système de production (son RAN est générée à plus de 93% par la force de travail familiale).

Dans un contexte d'une majorité de petites exploitations familiales en processus de fragmentation des terres, donc de fragilité de leur système de production dans le temps, il est important que l'Etat mette en place des manoeuvres politiques et institutionnelles permettant de légaliser plus aisément leur exploitation.

Ainsi, avec un accès à la terre et à des services, la tendance des Producteurs Diversifiés sera le

Grand Diversifié : son système de production permet de fixer les populations rurales (sa RAN représente 95% du revenu total). Il garantit un bon niveau de vie des familles paysannes dans le canton avec une SAU peu élevé (voir annexe 3). De plus, il alimente le marché local par une diversité de produits vivriers, jouant donc un rôle de sécurité alimentaire à l'échelle locale et de souveraineté alimentaire au niveau nationale.

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Grâce à un bon accès à la terre (44 ha), la stratégie de l'éleveur traditionnel repose en partie sur un système extensif (83% de sa SAU). Il obtient un revenu total de 16 313 $ (deux fois moindre qu'un Grand Diversifié ayant une SAU de 9 ha), provenant donc à plus de 41% de son travail hors exploitation. Son système de production alimente qu'une petite partie du marché locale par la vente de lait et de fromage frais et ne génère que peu d'emplois extérieurs. Pour autant, ce système fait bien travailler sa famille.

A l'inverse, l'éleveur Semi technicisé, ayant un plus grand accès à la terre (155 ha) et de meilleure qualité, a un revenu total de plus de 35 000 $ reposant à 88% sur son système d'élevage. De part une mécanisation du travail, il génère beaucoup moins de travail à l'hectare que l'éleveur traditionnel. Pour autant sa mains d'oeuvre est à 97% salariale. Son système de production assure une production de lait et de viande plus importante, vendue sur le marché local et national.

Remarque : à fur et à mesure, la tendance de cet éleveur pourra devenir un grand patronal, du fait qu'il remplace petit à petit son pâturage par de la palme.

Bien que ces Eleveurs produisent une quantité de lait et viande non négligeable pour la population rurale et nationale, leur système de production ne répond pas à la fonction sociale (ne génère que peu de travail comparé à d'autres type d'exploitation), économique (peu de valeur ajoutée à la terre) et environnementale (ces systèmes d'élevage concentre la terre et l'eau) de la terre supposé par l'Etat30.

Faut-il redistribuer une partie de leur terre à de petits paysans diversifiés ? Ou faut-il laisser perdurer ces systèmes d'élevage et se préoccuper des grands propriétaires terriens via la redistribution de terre et via les fronts de colonisation des terres en friche ?

Grâce à la présence de services, de crédits dans une zone à fort dynamisme économique, le Petit Producteur a eu un coût d'opportunité pour mettre en place ce système de production. Il génère un revenu totale moyen de 18 679 $ assurée à 88% par sa RAN. Ce type d'exploitation répond aux fonctions de la terre et aux problématiques du canton.

En effet, son système de production lui assurent un travail et un bon niveau de vie stable. De plus, il participe à réduire la pauvreté et le chômage dans le canton en employant des salariés permanents. Il contribue à la souveraineté alimentaire de part ses systèmes de cultures diversifiés, et il cultive pour moitié de superficie, la palme profitant à la stratégie économique de l'Etat, recevoir ses devises à l'exportation. De plus, sa SAU a une moyenne de 17 ha ce qui ne crée pas de pression foncière, et donc, il ne participe en aucun cas au problème de concentration de terre présent dans la zone (voir annexe 4).

Cet équilibre entre peu d'utilisation des ressources naturelles et richesse produite, entre autonomie et travail généré, entre sécurité alimentaire et profit de l'Etat, doit être un exemple d'exploitation type pour l'Etat, à le promouvoir, et à le fixer dans le temps pour les systèmes d'exploitations dans la zone avale du canton.

30 la fonction de la terre sera expliquée dans la partie suivante

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Le revenu total est très important chez le Grand Patronal, plus de 110 000 $ provenant à 89% de sa RAN (voir annexe 5). Le temps qui n'est pas consacré à l'administration et au contrôle de ses travailleurs est dédié à son propre négoce qui se trouve généralement dans la ville de Quininde. Sa stratégie actuelle est de remplacer, ses parcelles dédiées à l'élevage par de la palme. C'est pourquoi il a une RAN trois fois plus élevé que l'éleveur semi-technicisé. Sa vision future serait donc de devenir un Grand Capitaliste.

Les Palmiculteurs tirent leurs revenus totaux uniquement de leur RAN étant elle-même générée par un seul système de culture, la palme africaine (voir annexe 6). Du faite qu'ils ont les meilleures terres du canton, des accès à de grands investissements de départ (capital propre, crédit), ainsi que des services importants (semences améliorées, « package » agrochimiques de part les extracteurs, formation agricole), et une bonne filière de commercialisation, ces avantages les placent, d'un point de vue économique, dans les systèmes de production les plus performants.

De plus, de part leurs performances économiques, le Moyen et Grand Capitaliste, mais aussi le Grand Patronal, génèrent au total le plus d'emplois contractualisés du canton. A première vue, cette création de travail est un avantage pour absorber la population sans travail. Avec plus de recul, on se rend compte que la main d'oeuvre employée fut celle dépossédée de leur terre. En effet, pour la plupart, anciens Producteurs Diversifiés, par manque de sécurité foncière, ils durent vendre leur propriété et migrer lors de l'implantation massive de ces grandes propriétés « agro-business », créant cette pression foncière actuelle au niveau du canton.

Leurs impacts dans la zone provoquent des inégalités énormes au niveau du foncier (concentration des terres, dépossession et paupérisation des agricultures familiales). Leur impact environnemental n'en est pas moins important : il y a de plus en plus de pollution des rivières, du fait que les intrants chimiques pour ces cultures « extensives et intensives » sont énormes, contaminant les nappes phréatiques étant de plus en plus exploitées.

Bien que ces trois types de producteurs ont des exploitations durables, en pleine expansion économique et de superficie dans le temps. En rapport avec tous les problèmes que cette monoculture extensive engendre, l'Etat devrait mettre en place des restrictions et des contrôles réguliers pour limiter leur accès au foncier et à l'eau. Ces producteurs n'entrent pas dans une logique d'égale répartition des terres, des ressources naturelles ni d'un développement global pour tous. De plus, les grandes exploitations capitalistes ne participent en rien à la souveraineté alimentaire du pays, au contraire, elles la dégradent.

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De part les performances économiques, nous avons pu expliquer les typologies de producteurs dans la zone et ainsi, montrer leur stratégie de développement propre à chacune d'elle.

En contexte d'augmentation croissante des systèmes agro-entrepreneuriales, les systèmes diversifiés des économies familiales sont de plus en plus vulnérables, forcés de disparaître pour certains, à changer leur main d'oeuvre familiale par une force ouvrière dans des grandes exploitations.

Cette dynamique industrielle augmente donc les inégalités foncières, les répartitions des richesses provoquant un exode rural croissant et donc, une pauvreté des campagnes. On assiste à une perte de diversification des systèmes de culture au profit de la monoculture de la palme africaine au sein de ce canton :

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Figure 15: Evolution dans le temps de la situation du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

Les systèmes diversifiés, pouvant valoriser au mieux la richesse de la terre ainsi que le temps de travail à l'hectare, participent pour beaucoup à l'alimentation des villes et des campagnes, ainsi qu'ils participent à une utilisation équitable et durable des ressources naturelles.

De part la prise de conscience récente de l'Etat via les problèmes socio-économiques et environnementales qu'engendre cette politique agro-exportatrice non réécrite depuis 1994, cette nouvelle constitution, qui est mise en place depuis 2008, doit réellement inverser la tendance, ou tout du moins trouver un équilibre entre l'agro-industrie et les exploitations familiales.

Dans le point suivant, nous allons montrer les opportunités, les alternatives qu'ont les économies paysannes à l'heure actuelle pour se développer, et aussi, insister sur les points importants de cette nouvelle constitution afin de créer réellement, un environnement de développement global et durable entre toutes les typologies de producteur dans le canton.

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3.3. EVOLUTIONS POSSIBLES POUR LES EXPLOITATIONS FAMILIALES

Réflexion sur les économies paysannes et sur la souveraineté alimentaire (étant tous les deux intimement liés), qui impliquent une production protégée, un meilleur système de commercialisation, une meilleure redistribution de la richesse, ainsi qu'un accès à la terre et au crédit garanti et global pour tous.

3.3.1.RAPPEL DES POINTS FAIBLES DES ECONOMIES PAYSANNES

Le processus de marginalisation des familles rurales est déterminé par deux principaux facteurs du système économique en place : (SIPAE, Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)

 

Le préjudice économique vécu par les économies paysannes, notamment causé par le manque d'accès au crédit et au marché, par des prix bas et instables, par des routes inaccessibles ou en mauvais état, etc., ce qui détermine un revenu faible pour ces familles

La détérioration du bien-être de la famille, c'est-à-dire la santé, l'alimentation complémentaire, l'éducation, etc., face au manque d'attention de l'Etat et aussi face au manque de revenus pour répondre à ces besoins de base.

 

L'accès à la terre a été important dans le processus de prolétarisation des agriculteurs, mais cependant, le manque de politique agraire fait que les producteurs sont pris dans un processus de développement au détriment de l'économie familiale, qui entraîne la disparition de la paysannerie.

L'inégalité d'un accès aux ressources et à la disponibilité des moyens, la volatilité des prix, l'augmentation de la vie depuis la dollarisation, l'accès insuffisant aux infrastructures, aux crédits et la hausse démographique ont mis les exploitations familiales dans des conditions de vie précaires, résultant par la vente de leurs terres et le départ en ville avec l'espoir d'une vie meilleure.

Ci-dessous sont listés les points principaux et impacts négatifs que ce processus a amené via les économies paysannes : (SIPAE : TLC en lo Agrario, 2004)

Une monopolisation des terres et son inéquation; concentration des terres, de l'eau, du crédit, de la commercialisation, des technologies agricoles.

Une déstructuration et exclusion des UPA; décapitalisation et diminution des prix, une migration vers les villes, une féminisation des campagnes.

Une restructuration de l'Etat; démantèlement de l'Etat protecteur et distributeur des richesses, séquestration et captation de l'Etat par appui stratégique, protection du modèle agro- exportateur, freins à l'intervention de l'Etat.

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Globalisation et régionalisation; perte de souveraineté, dérégulation, manque juridique, privatisation en faveur des firmes étrangères, appropriation et monopolisation des propriétés intellectuelles, imposition unilatérale.

Destruction des droits sociaux au travail et environnementaux; détérioration des conditions de contrat et d'emploi, perte de souveraineté alimentaire, destruction de la biodiversité, de l'écosystème agricole et du contrôle communautaire.

Destruction des droits politiques; démantèlement et restrictions syndicales, désarticulation des organisations communautaires au faveur d'une logique de services privés.

Destruction des droits touchant à la culture; perte d'espace pour développer l'interculturelle comme préserver les communautés indiennes et autres ethnies ancestrales, limitation importante du contrôle des semences.

Les conflits d'accès à la terre et à l'eau qui existent jusqu'à aujourd'hui ont généralement favorisé ceux ayant le plus de pouvoir : entre l'Etat et les entreprises, il existe une relation étroite de pouvoir économique et politique. L'Etat n'est pas perçu comme un système impartial qui cherche le bien commun, sinon comme un système injuste donnant du poids sur les lois et sur les forces publiques en faveur des secteurs de pouvoir économique. Les politiques de ces vingt-cinq dernières années ont favorisé le secteur agro exportateur au détriment des agricultures familiales.

3.3.2.DES ALTERNATIVES ACTUELLES S'OFFRANT AUX ECONOMIES PAYSANNES

Pour une réponse alternative, il est important de critiquer la notion d'efficience et donc changer les paramètres de son évaluation. En effet, l'économie entrepreneuriale mesure son efficience suivant les paramètres de rendement productif où les démarches se réduisent à évaluer la relation du bénéfice sans prendre en compte les autres conditions vitales pour un développement agraire, comme les coûts humains, culturaux, et environnementaux. Les entreprises sont habituées à évaluer leur profit économique alors que les sphères sociales et publiques des coûts et responsabilités sont mises à l'écart. Quand on recalcule les indices d'efficience des grandes entreprises, corrigés avec les coûts de destruction écologique et perte de culture ainsi que les problèmes humains qu'elles entraînent, on se rend compte que le panorama change et il apparaît une inefficience relative aux grandes entreprises.

Il existe en Equateur des formes de contrôle pour l'accès à la terre, qui est présente en particulier sur les terres communautaires comme à Esmeraldas, où se trouvent des communautés d'afro-descendant. Il est important de noter que ces règles de contrôle collectif ne se manifestent pas seulement sur les terres collectives mais aussi privées : la communauté contrôle la cession ou la vente de ses terres ; ceci occasionne plusieurs cas de familles ne pouvant pas vendre « librement » une parcelle à un acheteur à moins que l'acheteur n'appartienne à la communauté. Cette façon de contrôle communautaire permet d'éviter d'une certaine manière un concentration de la terre et assure une production familiale.

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Le fait de s'organiser en association ou groupement de producteurs est une alternative pour obtenir un titre collectif des terres et pour d'être sensibilisé et formé dans le but d'une meilleure production des cultures, à moindre coût, par des techniques organiques, dans le respect d'une pérennité des ressources naturelles telles que la fertilité de la terre et de l'eau. De plus, être regroupé permet de créer de la valeur ajoutée aux produits vendus tel que le cacao dont les fèves peuvent se faire sécher dans un centre géré de manière collective. Ceci assurera un prix de vente plus élevé et stable via les intermédiaires. De plus, produire dans une stratégie de vente sur un marché de niche tel que le cacao national est une sécurité pour le producteur à moyen et long terme. L'adage l'union fait la force se vérifie dans ce cas, d'autant plus s'il y a mise en place de certifications assurant à l'acheteur une qualité sécurisée du produit, d'où un prix de vente négocié et stable.

Au niveau du crédit, il n'y a pas vraiment de lignes de crédits en accord avec les petits exploitants bien qu'un appui de plus en plus spécialisé se met en place avec le gouvernement de Rafael Correa. Le crédit commun ou communautaire est une alternative pour ces producteurs à obtenir une aide financière rapide et efficace. Malheureusement, ce type de crédit n'est que peu développé au sein des communautés. Cela est principalement lié au manque de moyens, de sensibilisation et de capital de départ. Il y a plusieurs ONG et associations privées qui appuient dans ce sens mais elles sont en minorité au vu de toutes les populations demandeuses. Il faudrait réellement que le gouvernement et les municipalités appuient cette forme de crédit, surtout pour les communautés isolées, afin que chaque chaîne de la filière de commercialisation (principalement en aval) puisse se développer, au minimum maintenir, en toute dignité, leurs cultures dans le temps pour les générations suivantes.

En dehors des stratégies de développement de l'Etat, les alternatives évoquées ci-dessus pour les exploitations familiales sont d'organiser les producteurs et renforcer l'économie solidaire au sein des communautés. Face à des politiques en faveur à l'agro-business, il est important que les producteurs se rassemblent afin d'avoir une incidence sur les politiques mises en place ainsi que sur l'environnement économique et commerciale les entourant. Pour autant, ces alternatives n'ont en réalité que de faibles impacts. Seul l'Etat a le pouvoir de faire changer véritablement la situation actuelle de ces paysans.

3.3.3.LES POINTS IMPORTANTS DE LA NOUVELLE CONSTITUTION

Des réformes importantes vont se porter sur la situation des campagnes et plus précisément sur les droits à l'alimentation, la souveraineté alimentaire (étant de moins en moins assurée au niveau national), l'accès à l'eau et à la terre. Cette nouvelle constitution veut réengager la présence de l'Etat au sein des campagnes pour entre autres, intégrer les biens de consommation et les matières premières pour fortifier le secteur industriel moderne dans les villes principales (Quininde, La Union, Las Golondrias pour notre cas) ; donc pour créer un marché interne fort qui génèrera des conditions de bien être au niveau de toute la population, similaire à nos pays occidentaux.

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Les habitants des zones rurales se sont massivement prononcés en mars 2010 dans les urnes en faveur de cette constitution : à plus de 75% montrant à quel point elle ouvre un nouvel espoir pour ces paysans depuis la dernière réforme agraire de 1994.

Par exemple, l'article 281 établi comme responsabilité de l'Etat de « promouvoir des politiques de redistribution qui permettent un accès aux paysans à la terre, à l'eau et autres besoins productifs » ; « impulser la production, la transformation agroalimentaire, l'économie sociale et solidaire des petites et moyennes unités de production, communautaires ».

L'article 282 de la constitution est plus déterminant : « l'Etat décidera (et non l'INDA) de l'utilisation et l'accès à la terre, qui devra remplir la fonction sociale, environnementale (...) en interdisant les latifundios et la concentration de la terre ».

La loi sur la souveraineté alimentaire a été approuvée en mai 2009 dont l'article 6 ordonne une élaboration d'une « loi de la terre ». Cette loi régulera le régime des propriétés de la terre, elle permettra un accès égalitaire, privilégiant donc les petits producteurs et les femmes. Cette loi constituera la base nationale de l'accès à la terre ; elle définira les latifundio, leur extension, leur accaparement de la terre et leur concentration. Cela constituera un processus pour son élimination et déterminera les mécanismes pour remplir son rôle social et environnemental.

Figure 16: Relation de la nouvelle constitution avec les lois de la terre (Alerte Agraire, SIPAE, 2009)

Cette nouvelle constitution est une réelle rupture avec le passé de l'Equateur qui était à tendance agro-exportatrice et de libre échange. La colonne vertébrale de cet ancien modèle depuis la fin du 19ème siècle était comme nous l'avons vu en accord avec les grandes propriétés, la concentration de la terre, les ressources hydriques, la force du travail, le contrôle des axes principaux de commercialisation et de crédit, mais aussi l'essor des agro-chimiques et des semences améliorées.

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Il est important, au niveau de la politique de l'Etat que ces nouvelles lois via l'accès à la terre abordent précisément les problématiques suivantes : (article 15, Alerte Agraire, SIPAE)

Une nouvelle vision de la terre et les relations entre unités productives en respect avec la société, l'Etat et le marché ; la terre n'est pas une marchandise assujettie aux lois de l'offre et de la demande. C'est un bien affectant la vie des hommes et la nature. La société et l'Etat doivent réguler l'accès à la terre pour que son usage respecte les fonctions sociales, économiques et environnementales.

Il conviendrait de définir les critères politiques de redistribution de la terre, inverser la situation d'inégalité à l'accès de la terre pour laisser exister les minifundio et assurer à ces unités productives une terre suffisante pour garantir leur pérennité. Il faudrait fixer des limites de propriétés pour les grandes propriétés ainsi que favoriser le développement des organisations de producteurs et les associations.

Il conviendrait de définir une nouvelle réglementation sur la propriété de la terre, garantir des mécanismes de recensement et de contrôles nationaux des propriétés et ainsi éviter toute concentration de la terre et les multipropriétés.

Il conviendrait également d'établir une nouvelle institution publique qui affirme une politique de redistribution et de légalisation de la terre. Il est important de créer un Institut National de Terre et un nouveau cadre juridique pour la résolution des conflits de terres.

Enfin, il conviendrait d'implanter des politiques strictes comme des impôts sur les concentrations de terre ou les multipropriétés.

Cette constitution peut permettre un changement global de ce modèle productiviste régnant en Equateur. Une politique de redistribution des terres est une partie importante, mais non unique, vers la promotion d'un nouveau modèle productif pour l'agriculture équatorienne. Il est question de renforcer une politique de souveraineté alimentaire, renforcer les économies sociales et solidaires ainsi que d'affirmer un développement décentralisé et déconcentré pour une équité et une pérennité.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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3.3.3.1. LES REGIMES SPECIAUX DE PROPRIETE

Ce point doit préciser la nature juridique de la propriété agraire. Il est important que la loi considère que : (SIPAE, Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)

[a terre est un patrimoine social spécifique en relation avec son caractère de ressource naturelle, de souveraineté alimentaire, de biodiversité et de culture des villages ; la terre fait partie intégrante de la vie des familles en campagne, c'est la base des droits à l'alimentation pour les équatoriennes et équatoriens. Par conséquent, son accaparement, quelque soit sa forme, doit suivre les régulations spécifiques de l'Etat.

[a propriété de la terre, quelque soit sa forme, sera garantie par l'Etat si elle remplie son rôle économique, sociale et environnementale.

L'Etat doit établir des politiques et stratégies en rapport à la démocratisation de la propriété agraire, comme un des mécanismes les plus élevés, à la redistribution de la richesse sociale et à une qualité de vie pour les ruraux.

L'état doit implanter des stratégies de rationalisation de la propriété agraire en assurant une moyenne optimale des unités de production, afin de garantir la reproduction économique et sociale des producteurs, éleveurs ou forestiers dans des conditions de dignité.

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Il est nécessaire qu'en relation avec les normes constitutionnelles, il soit reconnu des formes de propriétés agraires : les terres de propriété de l'Etat, de propriété publique, de propriété privée, de propriété associative, coopérative, mixte, communautaire, territoriale de villages et d'ethnies. D'autant que les terres communautaires au niveau municipal ou national doivent être administrées par des organisations correspondantes, représentant les communautés, les municipalités et les nationalités.

Remarque : il est indispensable qu'en aval du projet de la loi sur la terre, quil soit reconnu les droits de possession, d'usage des terres communautaires et territoires indiens, établis de forme autonome par les organisations les représentant.

Une loi de terre devra également établir des restrictions sur la propriété agraire, particulièrement via : (article 17, Alerte Agraire, SIPAE)

- [a précision de la limite maximum de la superficie sur la terre en propriétés privées.

- Des restrictions à la conformation ou au transfert des terres ayant des écosystèmes fragiles.

- Des limitations sur la croissance urbaine dans les zones à vocation agricole.

- Des restrictions en respect avec l'accès à la propriété de terres pour des personnes de statut naturel ou juridiquement étrangères.

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3.3.3.2. AFFECTATION DE LA PROPRIETE

La loi liée à la terre doit établir de manière claire les mécanismes d'affectation aux propriétés. De même, cette loi doit développer l'article 282 de la constitution qui interdit l'implantation des latifundio et donc de la concentration de la terre.

Il est nécessaire de clarifier que l'adjudication des terres consiste à limiter de façon totale ou partielle le droit des propriétés agraires qui ne remplissent pas la fonction économique, sociale ou environnementale.

Il faut souligner qu'en conformité avec les normes du pays d'aujourd'hui, comme nous l'avons vu dans la zone d'étude, la petite propriété, la propriété commune et les territoires indigènes n'est pas reconnu par l'Etat (problème dans les textes de loi entre l'Etat et l'INDA).

L'affectation des terres doit se focaliser sur les propriétés qui reflètent une concentration de terre à travers les modalités légales anciennes, comme l'implantation des grands propriétaires, des entreprises accaparant de plus en plus de terres géographiquement dispersées (multipropriétés).

Cette loi doit clarifier ce que l'on entend par concentration de terre. On peut par exemple avancer qu'il y a une concentration de terre quand le foncier, ajouté à plusieurs autres, dépasse une superficie de mille hectares pour une seule propriété privée.

Les modalités d'affectation pourront être l'expropriation et l'extinction des droits du domaine. Cependant, l'expropriation obligera l'état à payer d'une juste valeur le terrain affecté ; l'extinction du domaine obligera l'Etat à payer seulement un pourcentage du prix de la terre. L'expropriation s'appliquera aux terres qui ne remplissent pas ses fonctions sociales et environnementales ; alors que la saisie du domaine s'appliquera à ceux qui ont acquis la terre par intimidation ou spéculation.

3.3.3.3. MECANISMES DE REDISTRIBUTION DE LA TERRE

Le mécanisme de redistribution qui eut la meilleure trajectoire historique dans le canton de Quininde fut les adjudications des terres par les procédés de colonisation, processus ayant permit, de manière ciblée, de titulariser les terres. Pour autant, les adjudications, plus qu'un mécanisme de redistribution des terres, est un mécanisme de répartition clientéliste des terres, d'où les inégalités, principalement foncières, qui en émanent.

Il est indispensable qu'une loi de la terre précise les conditions particulières pour les adjudications et établisse un régime spécial des terres données.

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En respect avec ce thème, il y a à considérer des idées telles que : (SIPAE, Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)

Seules les adjudications de terre pourront se réaliser en faveur des familles ou collectifs sociaux qui ont maintenu une possession légitime des terres, de forme ininterrompue, d'un minimum de 5 ans ; aux personnes ruraux qui manquent de terre, qui ont une insuffisance de superficie ne leur permettant pas de garantir leur reproduction sociale dans des conditions de dignités; ou aux collectifs sociaux.

Le ou les intéressé(s) à bénéficier de l'adjudication devront arriver à un accord avec le gouvernement via la valeur de la propriété et des placements pour annuler leur dette, qui, en aucune manière, ne pourra être supérieur que 15 ans. La BNF devra ouvrir une ligne de crédit à cet effet.

L'inaccomplissement des conditions établies qu'octroie l'adjudication ou le non paiement de la propriété seront des motifs pour que l'Etat annule l'adjudication.

Ensuite, pour les terres adjudiquées, l'Etat devra établir des programmes d'appui à la production et devra développer le secteur rural pour assurer de bonnes conditions de vie et donc la construction d'une politique de souveraineté alimentaire.

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3.3.3.4. UNE INSTITUTION PUBLIQUE DE REDISTRIBUTION DE TERRE

Il est indispensable de mettre en place un renouveau de l'INDA en démocratisant cette institution : une nouvelle structure institutionnelle devra être officialisée pour la Loi de Terre.

La transformation de l'INDA en un Institut National de la Terre, comme entité responsable de la politique, de la régulation et de l'application des normes constitutionnelles ainsi que de la légalité en termes de terre, sera chargée d'administrer ou non le patrimoine des terres de l'Etat. Elle devra affecter et adjudiquer les terres, contrôler le marché des terres, ainsi qu'avoir un contrôle sur les processus de concentration de la propriété agraire. Pour assurer son caractère démocratique, cet institut aura un directeur qui représentera les mouvements indigènes et ruraux du pays.

Il est important d'appuyer la Direction National des Statistiques et de Cadastrage, DINAC, comme organe maître national des activités de cartographie, qui se conformera à cette loi. La DINAC sera une entité inscrite dans l'Institut National de la Terre et non indépendante comme en ce moment.

Pour la tutelle et la promotion des droits des paysans sans terre, dépouillés de celle-ci ou qui en disposent de façon très marginale, il sera mis en place dans l'institution un avocat spécialisé des droits agraire à la disposition de tout le monde. De plus, en ce qui concerne les démarches judiciaires via la terre, il sera nécessaire de mettre en place dans chaque province des tribunaux spécialisés que l'on appellera tribunaux agraires.

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3.3.3.5. REGLEMENTATION DU FOND NATIONAL DES TERRES

La Loi de la Terre doit réguler le fonctionnement du Fond National des Terres établi par la constitution et réaffirmé par la Loi Organique du Régime de la Souveraineté Alimentaire. Ce Fond aura comme ligne directrice centrale de financier l'acquisition des terres en faveur des populations rurales, mais aussi en faveur du patrimoine national des terres de l'Etat. (SIPAE, Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)

Ces acquisitions de terres pourront être menées à travers trois mécanismes : - En achetant directement la terre à son propriétaire ;

- En payant une fois conclu le processus administratif d'expropriation ;

- Grâce au crédit en faveur des populations rurales sans terres ou qui en disposent en quantité insuffisante.

Le Fond National des Terres fonctionnera grâce à des fonds provenant : - Des ressources que l'Etat a dans son budget général de fiscalité ;

- Des taxes des propriétaires ayant des terres qui disposent d'aptitude pour la production agricole mais qui ne les exploitent pas (en relation avec la Loi d'Equité Fiscal mise en place en 2009 par l'Assemblée Nationale Constituante) ;

- Des ressources provenant des adjudications des terres du patrimoine de l'Etat ;

- Du capital et des intérêts collectés par les crédits attribués en faveur des populations rurales pour l'achat des terres ;

- De donations ou apports de la coopération internationale.

L'idée est que l'administration de ce fond se démocratise, avec la participation des mouvements sociaux indiens et ruraux ainsi que de l'Institut National de la Terre.

Remarque : en plus des thèmes évoqués précédemment, il faudrait aussi évoquer le cadastre et la fiscalité agraire, les droits à la terre des femmes, le thème de l'intégration des minifundio et les groupements des petites parcelles dispersées, les règles pour louer la terre, le procédé administratif et juridique via la terre, etc. De ces thèmes, il y a déjà des planifications importantes faites dans plusieurs secteurs.

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Les politiques antérieures ont favorisé l'entrée massive d'investissements étrangers ainsi que

l'implantation de grandes exploitations au sein du canton. Entrant dans une vision
entrepreneuriale, ces stratégies politiques s'intègrent donc dans une logique capitaliste, mettant à l'écart l'économie paysanne.

Face à ce désengagement de l'Etat auprès de ces populations, elles ont dû mettre en place de

nouvelles alternatives, non pas pour leur développement, mais pour assurer leur
autosubsistance et leur pérennité au sein de leurs exploitations. Avec l'aide d'associations et d'ONGs, elles ont pu s'organiser, se former à des modes de gestion d'agricultures raisonnées, apprendre à s'autogérer par le biais de caisses communes ou de spécialisation de production sur des niches économiques.

La nouvelle constitution apporte réellement une reconnaissance de la paysannerie. En effet, son objectif, autant au niveau du canton qu'au niveau national, se porte sur les problèmes économiques, environnementaux et sociaux, affectant de plus en plus ces économies familiales.

Des incitations par des systèmes de taxes, d'impôts, de regard face à l'occupation des sols, contribueront à une redistribution des terres, à une déconcentration des ressources naturelles.

De part des services publiques au sein des campagnes, de son implication dans les institutions de légalisation des terres, de recensement, de centre de commerce, permettra à l'Etat de mieux appréhender et avoir une plus grande marge de manoeuvre via les problèmes réels des campagnes, ainsi que de se réengager dans son rôle de régulateur de marché.

Il est donc important que l'état garantisse une planification détaillée et participative de sa nouvelle politique agraire et de sa mise en application. Cela, afin d'obtenir des résultats concrets et efficaces à moyens comme à longs termes pour ces économies paysannes.

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CONCLUSION

La zone de Quininde a participé dès le début de sa colonisation au processus de participation au secteur agro-exportateur de produits agricoles, d'abord le caoutchouc, puis ont suivi la café et la banane, et désormais marqué par l'importance croissante du palmier à l'huile. La présence de grandes cultures dans la région a été marquée par des processus hégémoniques internationaux : la Seconde Guerre mondiale pour l'exportation de caoutchouc ; le boom de la banane pour l'augmentation de la consommation des pays du Nord, caractérisant la région de zone bananière; enfin la substitution aux importations avec la présence de la culture du palmier à huile.

L'avantage de l'Etat est qu'il reçoit un pourcentage de la vente d'huile de palme, en devises, alors qu'il n'engage aucun coût de production de part sa filière entièrement privée. Par l'ouverture des frontières aux IDE, par des incitations de plans de colonisation et orientations dirigistes via l'accès au foncier et à des lignes de crédit en faveur de la palme, l'Etat a favorisé le développement de ce modèle d'agro-business au détriment des exploitations familiales dans le canton de Quininde. De plus, la production de palme génère un bon rapport travail/revenu, une production stable dans le temps avec un prix au niveau mondial croissant. Ainsi, les grands producteurs du canton dédient majoritairement leur exploitation à la palme aux détriments de leurs anciens systèmes de culture et/ou d'élevage.

Néanmoins on se rend compte que l'implantation des grandes agro-industries, accaparent les ressources naturelles tant l'accès à l'eau qu'à la terre, étant vitale pour les systèmes de culture des économies paysannes afin de se développer. Cette concentration foncière devient de plus en plus importante, mettant donc les économies paysannes dans des situations de goulots d'étranglement sans aides de l'Etat. De part une hausse démographique, d'une absence de titre de propriété, d'un désengagement de l'Etat, d'une pression foncière de plus en plus importante, les paysans les plus vulnérables voient leur système de production se fragmenter, dépossédé et/ou vendu. Ainsi la majorité des petits exploitants familiaux sont contraints de transférer leur force de travail familiale pour devenir, au mieux, ouvrier agricole de ces exploitations capitalistes.

On observe actuellement au sein de ce canton, une dynamique de paupérisation, entraînant un exode rural ce qui augmente le taux de chômage. Au niveau des systèmes de culture, la conséquence de cette diminution de l'économie paysanne se traduit par une perte de diversité culturale, provoquant une diminution de la sécurité alimentaire au niveau local. Ce fait se répercute donc, sur une baisse de la souveraineté alimentaire à l'échelle nationale : l'Equateur est de plus en plus dépendant de l'importation de produits vivriers.

Aujourd'hui, face à ces problèmes socio-économiques et environnementaux, l'Etat a un réel avantage à s'impliquer dans ces systèmes de production. En effet, en plus d'être les acteurs essentiels de la sécurité alimentaire du pays, ces exploitations familiales ne concentrent pas les ressources naturelles, fixent les populations et génèrent une productivité de la terre, ainsi que de travail à l'hectare, les plus hautes de la région.

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Il est donc important que l'Etat se réengage dans les campagnes, par des services publiques, dans des implications au niveau des institutions de légalisation des terres, dans les centres de marché et autres, afin d'encourager, de valoriser et de sécuriser ces exploitations familiales face à l'agro-business. L'état doit trouver un juste équilibre entre ces deux acteurs pour assurer un développement équitable et durable pour tous et à chaque échelle du pays.

Cette prise de conscience de l'Etat, ainsi que la mise en place de cette nouvelle constitution sont un énorme tournant politique dans un pays tel que l'Equateur. C'est une réelle avancée sociale plus qu'économique qui s'ouvre aujourd'hui à ces exploitations familiales.

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Table des annexes

Annexe 1: Prix des agro-chimiques dans la zone d'étude (étude SIPAE, 2009) 107

Annexe 2: Associations de producteurs dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 108

Annexe 3: Situation d'une exploitation familiale en décapitalisation (étude SIPAE, 2009) 109

Annexe 4: Situation économique d'un producteur Grand Diversifié (étude SIPAE, 2009) 109

Annexe 5: Situation économique d'un Petit Diversifié (étude SIPAE, 2009) 109

Annexe 6: Exemple d'une situation économique d'un Grand Patronal (étude SIPAE, 2009) 109

Annexe 7: Analyse économique d'un système d'agro-business (étude SIPAE, 2009) 109

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Annexe 1: Prix des agro-chimiques dans la zone d'étude (étude SIPAE, 2009)

Cultivo

Producto

Cantidad

Unidad

Precio
(USD)

Dosis

Cacao

Ferticacao

50

kg

32,85

400gr/planta

Rodazim

1

litro

14,5

0,3-0,5 litros/ha

Glider

1

litro

13,5

0,5-1,5 litros/ha

Furadán

25

kg

90

100 g/planta

Palma

Fertipalma

50

kg

36,09

2kg/planta (3 ciclos al año)

Endosulfan

1

litro

9,9

1litro/planta

Ataquil

0,5

kg

6,5

 

Maracuyá

Fernical

1

funda (2kg)

2,26

2kg/tanque de 200 litros

Fernikok

1

funda (2kg)

13,99

2kg/tanque de 200 litros

Soluboro

500

g

3,06

500 g/tanque 200 litros

Cypermetrina

1

litro

9

 

otros productos

 

Glifosato

1

litro

4,5

 
 

Amina 6

1

litro

4

 
 

Vitavax

1

litro

20

 

ANIMALES

 
 
 
 
 

Baño para garrapata

Tipertox

1

frasco (12ml)

 
 

Desparasitante

Ibecmetrina

1

frasco (250 ml)

55

1 ml cada 1kg de peso

Biomec

1

litro (la)

47,57

1 cc/100 quintales peso

Biomisil

1

frasco (500 cc)

18,87

1 cc/ 100 quintales peso

 
 
 
 
 
 

FERTILIZANTES

 
 
 
 
 
 

10-30-10

1

saco

29,37

 
 

Urea

1

saco

25

 
 

18-46-0

1

saco

30

 
 
 
 
 
 
 

g = gramos

la = larga acción

cc = centímetros cUbicos

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Annexe 2: Associations de producteurs dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

UONCRE (Union des organisations de noirs des rives du fleuve Esmeraldas)

Elle se trouve dans les communautés riveraines du fleuve Esmeraldas. C'est une organisation

de second niveau. "Les statuts sont en instance au ministère de protection sociale" (FMLGT). L'origine de la constitution de cette organisation provient de la pollution du fleuve Esmeraldas causée par la marée noire de 1999. Elle réussit essentiellement des femmes d'une dizaine de communautés du canton. Elle est organisée par domaines d'activité : santé, socio-organisation, production, éducation, jeunesse, identité.

UOCAQ (Union des organisations paysannes du canton de Quininde)

Cette organisation a été véhiculée à partir des années 90, ses objectifs sont de soutenir les

petits agriculteurs. En 2007 commence un nouveau travail avec AVSF et la GTZ.

L'Union des Organisations Paysannes du Canton de Quininde "UOCAQ", a commencé en novembre 2007 un processus de planification participative avec les organisations de base qui la composent. Avec l'appui de AVSF et de la GTZ, ayant comme alternative un projet productif concernant une des principales sources de revenus de l'économie des petits et moyens producteurs qu'est le cacao national supérieur d'Equateur, UOCAQ vise à soutenir des actions orientées sur l'accroissement des revenus familiaux les plus faibles. Notamment par le renforcement socio-organisationnel, la formation à la gestion technique des sols, la santé des plantes (lutte contre les ravageurs et les maladies), la mise en oeuvre de pépinières, la gestion de la fertilisation, l'amélioration de la qualité, la récolte, la post-récolte (construction de fermenteurs et d'abris), cherchant ainsi à optimiser l'utilisation des ressources existantes dans la région en prenant en compte des critères de durabilité. La UOCAQ réunit plus d'une dizaine de communautés. La UOCAQ mentionne que : "Le réseau a été identifié pour exporter le cacao national d'arôme fin supérieur d'Equateur, par l'intermédiaire de FEPACACAO avec les deux certifications en vigueur" (certifications « commerce équitable » et « biologique »).

COCPE (Corporation paysanne de producteurs de la province d'Esmeraldas)

C'est l'une des plus grandes organisations de la région. Elle a l'appui de MCCH (Fondation

Maquita Cusunchi: Commercialiser entre frères), dont le travail est encadré par trois domaines: le développement humain et l'organisation sociale (géré par une école qui forme des leaders choisis dans chaque communauté), le commerce et la production, à travers l'appui aux systèmes organisationnels, en plus de la formation technique, pratique et d'estime de soi. Actuellement, l'objectif d'avoir un importateur vient d'être atteint à travers l'accord passé avec CHOCOEXPORT, permettant ainsi de donner une plus grande durabilité à la production de cacao et à d'autres productions agricoles et artisanales. Chaque communauté en partenariat avec cet importateur contribue à son apport en capital social, et est liée à la gestion et à l'incitation de la culture du cacao national d'arôme fin supérieure d'Equateur.

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La fondation FASCA (Fondation Action Social Caritative)

C'est une organisation religieuse, légalement constituée, appartenant au Diocèse de Santo Domingo de los Tsáchilas. Guidée par l'Évangile et la doctrine sociale de l'Eglise, elle promeut les droits et le développement intégral des personnes, des familles et des communautés les plus vulnérables à travers la mise en oeuvre de ses programmes et projets. Parmi eux, le projet BIOFASCA appuie la formation et l'assistance technique aux producteurs de cacao d'arôme fin au nord-ouest de la province du Pichincha et dans la province de Santo Domingo de los Tsáchilas. Elle accompagne notamment la commercialisation des fèves de cacao, ainsi que la transformation en pâte de cacao et sa commercialisation.

ANCUPA (Association nationale des producteurs de palmiers à huile)

Association juridique de droit privé à but non lucratif créée en 1970, ANCUPA garantit les droits des producteurs de palme, des extracteurs d'huile de palme et de palmiste. Elle a des accords avec l'INIAP 31 , le CIPAL 32 , plusieurs universités du pays, FEDEPALMA, ACUPALMA, le CIAT (recherche, encadrement technique et économique, etc.). C'est une des plus grandes organisations du pays. Son travail est fondé sur la recherche et l'assistance technique de ses membres palmiculteurs.

31 Institut national autonome de recherche agricole

32 Centre de recherche sur le Palmier à Huile

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Annexe 3: Situation d'une (étude exploitation familiale en d éca p ita l isat io n

SIPAE, 2009)

Annexe 4: Situation économique d'un producteur Grand Diversifié ( étude

SIPAE, 2009)

oire de fin d'études

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Cycle INGENIEUR

Annexe 5: Situation économique d'un Petit Diversifié (étude SIPAE, 2009)

n d'études

Annexe 6: Exemple d'une situation économique d'un Grand Patronal (étude

SIPAE, 2009)

Annexe 7: Analyse économique d'un système d'agro-business (étude

SIPAE, 2009)

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Mémoire de fin d'études

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo