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Situation actuelle et perspectives d'avenir des exploitations familiales face à  un développement rapide de l'agro-business: diagnostic agraire, canton de Quininde ( Equateur )

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par Romain JAVAUX
Ecole supérieure d'agro-développement international Cergy, France - Ingénieur agronome international 2009
  

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2.5.2.L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS

La production du secteur de Quininde présente plusieurs alternatives de commercialisation en accord avec les producteurs, selon la disponibilité du transport et selon la capacité de production mise en place. La plupart des producteurs de cacao et de fruit de la passion se situent dans la zone amont, ondulée. Ils sont, pour la majorité, isolés des grandes voies de communication.

Par manque de capitalisation monétaire, de services de transport, ces producteurs ne peuvent pas vendre leur production dans les villes telles que Quininde où le prix du cacao au quintal est avantageux, ainsi qu'ils ne peuvent pas donner une valeur ajoutée en post récolte par besoin rapide d'avoir de l'argent. De ce fait, leur production est vendue à des intermédiaires localisés dans des zones stratégiques telles que les petits villages (Viche, San Ramon, Cube, etc.).

Ainsi, la production de ces exploitations familiales est véhiculée jusqu'aux intermédiaires à l'aide de barques, chevaux, bus passant dans les communautés, et au meilleur des cas au moyen de voitures. Une fois arrivée au village le plus proche, cette production est vendue aux intermédiaires qui jouent donc un rôle unique d'accès à la commercialisation pour ces producteurs isolés.

De part cette position de monopole, les intermédiaires ont pu définir le prix et autres stratégies d'achat des produits entre les groupes des petits producteurs. En effet, ils n'ont pas de poids de négociation du fait de leur nécessité de vente et de leur vulnérabilité.

Remarque : d'un autre côté, les intermédiaires offrent des prêts à ces producteurs, allant de 50$ à 1000$ en moyenne, sans intérêt. Ils offrent aussi d'autres opportunités comme acheter le cacao et donner en contre partie du maïs ou riz au producteur n'ayant pas accès à ces produits. Ainsi, le producteur trouve aussi son intérêt à vendre sa production aux intermédiaires.

Les coûts de transport et les marges des intermédiaires affectent donc considérablement les prix de l'exportation, ce que laissent les producteurs avec une faible participation du prix à l'export.

Graphique 3: Répartition du prix de vente du cacao au sein des acteurs de sa filière (MAGAP, 2001)

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On peut voir que l'exploitant, avec les filières actuelles de commercialisation du cacao, ne reçoit, en moyenne, que 5,5% du prix total de vente lors de l'export.

Une fois vendu, le produit est dirigé vers des zones d'exportation ou d'industrialisation au niveau des villes, principalement Quininde où les intermédiaires le vendent aux grossistes. Le fruit de la passion part ensuite à Quevedo, le cacao se fait transporter jusqu'à Guayas où il est transformé puis exporté.

En regardant ces aspects, on peut dire que l'intermédiaire constitue une place essentielle, mais aussi de monopole, en aval des filières de commercialisation dans ces zones reculées. Bien qu'ils aient mis en place des stratégies pour acheter les produits à prix bas, sans critère de qualité, rendant le producteur dans un cercle vicieux sans réelle coût d'opportunité, le producteur bénéficie d'un accès facile pour vendre ses produits. De plus, il peut avoir accès à d'autres produits vivriers indispensable pour l'alimentation de leur famille ainsi qu'avoir accès à des crédits en situation d'urgence, de mauvaises récoltes ou autres.

Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de la passion (étude SIPAE, 2009)

La production de maïs et de riz est caractérisée par une superficie d'exploitation minime dans la zone, servant à l'autoconsommation. Cette production est apparue lors des colonisations de personnes migrantes de la sierra, emmenant avec eux leurs cultures. Le peu de produits vendus est acheminé vers ces mêmes intermédiaires.

Limite de l'étude : durant la période de notre étude réalisée, nous n'avons pas vu de production de riz et de maïs.

La production de manioc, banane et de citrique se caractérise par des cultures généralement tournées vers l'autoconsommation. Pour ces produits, il y a peu de marchés locaux et aussi une grande perte de cette production au sein des exploitations.

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De plus, le fait que leurs prix sont bas au niveau du marché et que leurs chaînes de commercialisation ne sont que très peu développées (pas d'agro-industrie dans le secteur) sont des facteurs n'incitant pas à leur commercialisation. Le peu de vente de ces produits s'effectue en « bord champs » à des intermédiaires.

Figure 11: Commercialisation des produits vivriers dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

En ce qui concerne la zone avale, principalement dédiée à la production de palme, la chaîne de commercialisation diffère pour beaucoup de celle évoquée précédemment :

La production de palme africaine est caractérisée par une agro-industrie locale et par des entreprises nationales ou multinationales. La vente se réalise du producteur à l'agro-industrie. L'intermédiation est minime, seulement présente pour les petits exploitants de palme reculés de la zone.

La production de palme est donc emmenée directement, quelque soit l'exploitant, par des moyens de transport privés, propres, depuis l'unité de production jusqu'aux industries de transformation. Cependant, il existe, depuis peu, quelques « greniers à palme » (développés comme une stratégie d'expansion des grandes agro-industries) où l'on trouve des intermédiaires achetant la palme à de petits exploitants en pleine transition culturale.

L'agro-industrie locale assure aux producteurs un prix stable et régulier. De plus, les palmiculteurs membres de l'association ANCUPA ont des avantages directs avec des banques privées leur permettant d'avoir un accès au crédit beaucoup plus rapide en termes de temps et plus efficace en terme de prêts.

L'huile de palme et de palmiste, sont exportés à travers des groupes d'entreprises ou sont envoyés à de plus grandes industries.

Figure 12: Commercialisation de la palme africaine dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

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Enfin, la commercialisation de l'élevage dans ce secteur se caractérise par une typologie de producteurs diverse, autant des petits que des grands ayant donc des stratégies de développement différentes.

Il existe donc une certaine spécialisation : par exemple les petites UPA font de l'élevage pour leur autoconsommation et s'en servent pour sécuriser leur capital, alors que les moyennes et grandes UPA sont plus sur une stratégie de commercialisation. Les zones consacrées à l'élevage sont situées en plus grandes concentrations dans les zones ondulées (zone amont).

Le bétail des petits et moyens éleveurs est acheminé à l'aide de licou dans des centres principaux ou dans le village le plus proche pour être vendu à des intermédiaires à moyenne capacité. Ensuite, les bouchers achètent le bétail qui sera redistribué à la population.

Les moyens et grands éleveurs gagnent pour beaucoup en termes de valeur ajoutée de la transformation du bétail en viande, et de la vente directe aux grandes entreprises agro-alimentaires au moyen de camions frigorifiques.

Figure 13: Commercialisation de l'élevage dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)

Remarque : le samedi et dimanche sont deux jours où les producteurs arrêtent de travailler pour vendre leurs productions aux fêtes de villages avant de revenir sur leur unité de production, avec les employés ou non, pour toute la semaine.

Les deux points importants de l'articulation sociale de la filière de production, afin de permettre aux producteurs de vendre et d'acheter les produits, sont :

- Le rôle important que jouent les intermédiaires dans les zones isolées ;

- L'importance des centres de commerce (au niveau des villages et villes).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille