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Surcharge pondérale : représentations

( Télécharger le fichier original )
par Dieudonné N'CHWEKI M.
Université catholique de Louvain ( Belgique) - Licence en sciences de la santé publique [EDUS] 2006
  

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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN
FACULTÉ DE MÉDECINE-ÉCOLE DE SANTÉ PUBLIQUE
HEALTH SYSTEMS RESARCH
UNITÉ D'ÉDUCATION POUR LA SANTÉ

SURCHARGE PONDÉRALE : ÉTUDE EXPLORATOIRE DES REPRÉSENTATIONS
DU CORPS ET DE L'ALIMENTATION DES IMMIGRÉS AFRICAINS

DANS LE PROCESSUS D'ÉDUCATION POUR LA SANTÉ

Cas de la communauté

«Fraternité catholique africaine-Karibu»
à Anvers [Belgique]

Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de

Licencié en Sciences de la santé publique

Orientation :

Promotion-Éducation Santé

Par Dieudonné P. N'CHWEKI M.

Comité d'accompagnement : - Vital BARHOLERE (Msc) - Pierre LEFÈVRE (PhD) - Prof. Guy KEGELS (MD)

Louvain-en-Woluwe
Janvier 2006

0

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

1

TABLE DES MATIÈRES

Remerciements 3

INTRODUCTION DE LA RECHERCHE 5

PARTIE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE 7

1. Description de la situation 7

1.1. Cadre conceptuel et idéologique 7

a) Représentations 7

b) Représentations du corps 8

c) Représentations de l'alimentation 8

d) Représentations du surpoids 9

e) Représentations de la Santé 9

f) Représentations de l'Éducation pour la Santé 10

g) Immigré africain 11

1.2. Cadre problématique de la recherche 12

a) Cadre problématique général de la recherche 12

b) Questions-problèmes de la recherche 16

c) Cadre problématique restreint de la recherche 16

PARTIE PRATIQUE DE LA RECHERCHE 19

2. Méthodologie de la recherche 19

2.1. Définition de la méthodologie de la recherche 19

a) Description de l'échantillon 19

b) Recherche documentaire 19

c) Description des techniques de collectes des données 19

2.2. Cadre contextuel de la recherche 20

2.3. Planification du recueil et du traitement des données de la recherche 21

2.4. Approche de la recherche et validations 24

3. Résultats de la recherche 24

3.1. Présentation et analyse catégorielle des résultats de la recherche 25

a) La représentation du corps 25

b) La représentation de l'alimentation 30

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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3.2. Interprétation et discussion des résultats de la recherche 33

a) Les représentations du corps : 33

c) Les représentations de l'alimentation : 43

d) L'organisation des représentations du corps et de l'alimentation : 50

e) Synthèse des résultats des représentations du corps 51

f) Synthèse des résultats des représentations de l'alimentation 52

g) Synthèse de l'organisation des représentations du corps et de l'alimentation 53

h) Synthèse des résultats de photolangage du groupe 54

CONCLUSION GENERALE ET PERPECTIVES DE LA RECHERCHE 56

4.1. Conclusion générale de la recherche 56

4.2. Perspectives de la recherche 57

a) Sur le plan méthodologique 57

b) Sur le plan pratique 58

BIBLIOGRAPHIE 59

ANNEXES 65

(a) Définition du sujet 65

a.1. La distribution de surpoids dans la population adulte belge 65

a.2. Carte géographique de l'Afrique subsaharienne et liste des pays 66

(b) Cadres conceptuels et idéologiques 68

(c) Méthodologie 75

c.1. Caractéristiques de la population de l'étude 75

c.2. Guide d'entretien individuel semi-dirigé 76

c.3. Matrice d'organisation des représentations du corps et de l'alimentation 77

c.4. Entretiens individuels semi-dirigés 78

c.5. Matrice d'identification des participants à l'étude 98

(d) Résultats et conclusion 99

d.1. Matrice de la catégorisation des représentations de la Santé 99

d.2. Catégories des représentations du corps 100

d.2. Catégories des représentations de l'alimentation 104

d.4. Présentation des résultats de photolangage du groupe 109

d.5. Matrice de la validation à posteriori et modèle de la lettre de transmission et d'invitation 116

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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Remerciements

Au moment où nous mettions la dernière main sur ce mémoire avant sa remise au jury, beaucoup d'images ont défilé dans notre tête, nous rappelant tous les moments forts vécus tout au long de ce programme de la promotion-éducation pour la santé,

Nos remerciements vont d'abord au directeur de l'unité d'Éducation pour la santé, le Professeur Alain Deccache ensuite au corps académique, à l'équipe administrative, de la documentation et aux chercheurs ainsi que aux collaborateurs scientifiques pour m'avoir permis de réaliser ce mémoire au terme de ma formation,

Nous remercions énormément Monsieur Vital Barholere, le Professeur Guy Kegels et de Docteur Pierre Lefèvre pour les orientations suggérées, leurs précieux conseils, leurs soutiens psychologiques et moraux, qui nous ont été d'une grande utilité pour la finalisation de ce mémoire. Que vous trouviez ici l'expression de nos profonds sentiments de gratitude,

Nos remerciement s'orientent vers toutes les personnes qui ont accepté de nous accorder leur temps soit pour les entretiens et/ou les échanges de vue en rapport avec le présent mémoire, soit pour sa lecture en vue d'y apporter des suggestions,

Sans être exhaustif, nous tenons également à remercier tous nos collègues du programme de la promotion-éducation pour la santé avec qui nous avons échangé, au cours de nos études, les expériences respectives selon nos différentes origines.

À vous toutes et à vous tous, de tout notre coeur nous vous disons : «Merci» !

--Dieudonné Pascal N'chweki Mbulaza--

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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Résumé

N'CHWEKI M. D. P., (2006), Surpoids : Étude exploratoire des représentations du corps
et de l'alimentation des immigrés africains dans le processus d'éducation pour la santé.
Cas de la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» à Anvers [Belgique]
,
Mémoire de licence en santé publique, janvier, RESO-UCL, Bruxelles, 56 p.

En Belgique, comme dans les autres pays, l'obésité progresse de manière alarmante : le nombre de personnes en surpoids ne cesse d'augmenter depuis les années soixante [Demonte R., 2004 ; Jauniaux E., 2004].

Alors que la grosseur symbolise le succès, la réussite, la santé chez les immigrés africains, la surcharge pondérale est devenue un problème préoccupant pour le monde occidental dans son ensemble vus ses effets néfastes sur la santé des personnes concernées. Dans ce cas, il nous semble que les représentations que les gens se font de la grosseur restent un facteur plus important de l'orientation du comportement humain.

Comme l'affirmait Marcel Mauss qu'il y a représentation que quand il y a comportement [Mauss M., 1923]. Ainsi dans ce mémoire nous voulons explorer les comportements humains à partir des représentations en éducation pour la santé.

Sans pour autant prétendre être représentatives de tous les immigrés africains à Anvers, nos enquêtes ont été réalisées entre juin et octobre 2005, auprès des douze personnes [photolangage du groupe] dont six ont accepté de nous accorder les entretiens individuels semi-dirigés. Tous les participants sont membres de la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu». Mais avant cela, des prétests ont été organisés pour valider à priori nos outils de collectes des données. Ces données ont été récoltées, traitées et analysées selon les stricts principes de catégorisations en recherches qualitatives.

Les résultats de nos analyses révèlent que les représentations de l'individu induisent une foule d'idées et d'attentes basées sur les stéréotypes. Ainsi, la manière de se représenter son corps au travers de ses différentes dimensions correspond à la façon de se voir «soi» et de faire. Dans ce métissage, l'individu doit apprendre à poser des regards justes sur son corps et développer les prises de conscience dans ses rapports sociaux afin de donner la force mentale nécessaire à son équilibre physique et psychique.

Quant aux représentations de l'alimentation, nos résultats dénotent qu'elle consiste à ingérer les substances, comme combustibles nutritifs afin de subvenir aux besoins physiologiques du corps. Elle est aussi une réalité qui englobe l'aliment dans sa chaîne alimentaire, au cours de son ingestion avec tous ses attributs socioculturels [Lavallée M. et al., 2004, p. 104]. En tant que pratique alimentaire, elle est donc inextricablement liée aux corps et aux systèmes de croyances sociales. Ils font un «tout cohérent».

Ceci confirme en quelque sorte l'adage selon lequel : «nous sommes ce que nous pensons» car tout ce que nous sommes résulte de nos pensées et avec nos pensées. Cette réflexion a fait l'objet de plusieurs littératures signifiant que nous sommes ce que nous mangeons [Rozin P., 1994] et ce que nous possédons [Belk R. W., 1988].

Les approches constructivistes se présenteraient dans ces cadres théorique et pratique comme l'une des conceptions les plus en vue de l'explication du processus éducatif.

Mots-clés : Surcharge pondérale, surpoids, obesity, overweight, représentations, corps, alimentation, immigrés, africains, communauté, fraternité, catholique, karibu, éducation pour la santé.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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INTRODUCTION DE LA RECHERCHE

Il n'est pas aisé de traiter un sujet aussi vaste que celui des représentations du corps et de l'alimentation(a) d'une population, à l'occurrence, les immigrés africains dont les pays se situent sous le tropique du cancer, à l'exception de la Mauritanie [Carte 1 : et liste des pays].

Le thème est [très] sensible et le risque de stigmatisation de tout ordre nous semble réel.

A ces difficultés s'ajoutent aussi celles liées à la collecte des données, à cause de la rareté des études antérieures similaires, consacrées spécifiquement à cette population. L'immigration provoque un certain nombre de rupture dans la vie de l'individu [famille, amis, vie professionnelle, etc.], provoquant une dislocation de l'unité du groupe, créant ainsi, des nouveaux besoins qui le conduisent à recréer son groupe identitaire.

Elle induit des nouveaux comportements, faits parfois d'emprunts et d'abandons, une adaptation souvent délicate n'est pas sans conséquences sur la santé de l'individu, qui doit gérer toute s vie des contraintes et élaborer des stratégies lui permettant de s'adapter au mieux à son environnement [CERIN, 2003, p. 2 :].

Cette adaptation se fait au niveau biologique, psychologique et social en vue de s'accommoder au milieu ambiant. L'expérience migratoire et le stress d'adaptation au nouvel environnement exposeraient donc les immigrés africains aux ajustements de leurs comportements et modes de vie.

Mais le déficit des données épidémiologiques de la corpulence des immigrés africains, favorise souvent l'émergence des rumeurs, parfois difficilement contestables, faute d'informations adéquates à leur opposer, d'une part et il occulte les inégalités dont ils souffrent, particulièrement en matière d'éducation pour la santé, d'autre part. Vu que tout un chacun a le stigmate de son milieu de vie et de sa culture, il serait mieux de le dépasser en se posant des questions, en regardant autour de soi pour tirer des conclusions plus responsables.

Dans des sociétés soumises régulièrement aux pénuries alimentaires, il se remarque qu'être gros, signifie être à l'abri des disettes. Et les jeunes femmes y portent leurs rondeurs avec fierté et continuent à croire que leur embonpoint garantit des grossesses à venir sans problème, car à hors de la malnutrition [carentielle].

En plus, que ce soit dans les rapports sociaux et autres ou dans les rapports familiaux, une personne grosse et de grande taille s'impose de par sa stature alors qu'en Occident [où la minceur est la norme], les personnes grosses semblent souffrir d'un véritable handicap de mener une vie normale.

(a) Le terme corps est utilisé pour signifier l'apparence, la forme physique, la corporelle. Et l'alimentation est une réalité englobant d'une part les aliments et leur manipulation, chargés d'attributs culturels.

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Selon Éric Jauniaux, en Belgique la prévalence du surpoids a été multipliée par quatre ou par cinq depuis les années soixante [Jauniaux E., 2004, p. 2 :]. Les études du B.I.R.N.H. [Belgian Interuniversity research on Nutrition and Health] confirment cette hausse entre 1969 et 1984 [Fig. 1 :]. Nous avons aussi constaté d'une manière empirique, que le nombre des cas de surpoids parmi les immigrés africains vivant en Belgique, devient de plus en plus élevé

C'est pourquoi, nous voulons par le présent mémoire comprendre les comportements des gens au travers des représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains vivant en Belgique dans le processus de l'éducation pour la santé.

Pour Saadi Lahlou, les représentations possèdent des règles d'organisation et de fonctionnement qui guident les modèles d'actions et le processus de décision, les pensées, l'imaginaire, et servent à communiquer avec les autres [Lahlou S., 2002, pp. 32-35].

Il nous reste alors à comprendre comment les valeurs associées au corps et à l'alimentation sont différentes d'une culture à l'autre et fluctuent dans le temps. C'est ainsi que se pose et à première vue, nos questions-problèmes générales de recherche :

o «Comment les immigrés africains se représentent-ils leur corps ? »

o Comment les immigrés africains se représentent-ils leur alimentation ?»

Une série de questions à priori a permis d'orienter notre recherche vers la collecte des données qualitatives, afin d'explorer et d'identifier les éléments qui composent les représentations du corps et de l'alimentation [tels qu'ils sont objectivement et perçus ou vécus] d'une part et les types d'organisation de leurs contenus dans l'orientation des comportements de santé, d'autre part.

Ainsi, pour nous permettre de mieux comprendre notre problématique liée au concept des représentations, nous avons choisi, dans ce processus évolutif des modèles explicatifs, de l'adapter au cadre théorique du comportement planifié [TCP] de Ajzen et Madden, [1986], sur lequel se sont basés notamment des travaux consacrés à la congruence des représentations [croyances] en comportement [de santé] des gens.

La présentation de ce mémoire est structurée en quatre principaux points :

o le premier point est consacré à la brève introduction de la situation de départ,

o le second aux cadres conceptuel et idéologique de la recherche,

o le troisième point aborde la question méthodologique, les questions et les résultats de la recherche et

o en quatrième point, nous concluons sur une reprise des résultats majeurs, les limites et des voies futures de la recherche.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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PARTIE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE

1. Description de la situation

:

Sur base de questionnement à priori, nous avons construit un guide des cadres conceptuels et idéologiques qui a orienté notre revue de la littérature en vue de faire le point sur notre thématique de l'étude dans ce contexte social général de l'immigration [Fig. 2 :]

Figure 2 : Synthèse de notre situation problématique de départ

Les représentations du corps et de l'alimentation sont liées pour orienter la manière de faire et d'être de l'individu.

Ce comportement contribue au retour à la construction de ces représentations. Ce mode de vie se traduit dans le surpoids qui affecte la santé de la personne.

Alimentation

Corps

Contexte de
l`immigration

Comportement

Représentations

Surpoids

Sant

1.1. Cadre conceptuel et idéologique

D'après le dictionnaire Larousse de la langue française, le concept est une idée ou une représentation de l'esprit et l'idéologie, un système d'idées et de jugements explicites qui sont généralement organisés. L'idéologie sert à décrire, à expliquer et à interpréter la situation personnelle ou collective [Larousse, 1992]

a) Représentations

Les représentations évoquent des formes de connaissances qui sont socialement élaborées et partagées. Elles ont une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à l'ensemble social [Jodelet D., 1984, p. 36]. Elles sont définies à l'origine comme étant un savoir de sens commun, conçues comme des systèmes de valeurs, de notions et de pratiques [Moscovici S., 1969, p. 11].

Les représentations servent à l'individu tout au long de sa vie. Elles lui permettent parfois de régler les conflits identitaires qui résultent d'une appartenance socio-cognitive [Lihlou S., 2002].

Le concept de représentations désigne ainsi une forme de connaissances spécifiques, les savoirs de sens communs dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels qui sont socialement marqués. Pour Dénise Jodelet, les représentations révèlent une forme de pensées sociales qui est une modalité de pensées pratiques, qui sont orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel [Jodelet D., 1996, p. 365].

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Les représentations sont donc un modèle d'explications de la situation, de fait et un guide comportemental. Elles se présentent comme un contenu organisé, capable d'exprimer et d'identifier l'univers de l'individu et des groupes [Abric J-C., 1994, p. 2425]. Car, les comportements des gens semblent être directement déterminés par leurs représentations, leurs entendements des situations ou des faits selon le contexte dans lequel ils se trouvent.

B) Représentations du corps

Les représentations du corps sont un médiateur du lien social. Les gens s'en préoccupent d'abord dans une perspective instrumentale de réussite et d'intégration sociale, puis pour répondre à des normes sociales de présentations et enfin dans l'intention de gagner l'affection des autres [Jodelet D. & Ohana J., 1982, p. 50].

Pour Pierre Bourdieu [1966-1969], cité par Le Breton David, le corps perçu est surtout un produit d'une évolution socioculturelle qui donne une nouvelle identité à l'idéal corporel attaché aux classes sociales. C'est d'ailleurs à ce stade que débute une quête d'identité et de socialité dans un projet spécifiquement esthétique [Le Breton D., 1992].

Dans le cadre du présent mémoire, nous retenons que : «les parcours du corps, il faudra dire des corps, sont pluriels, comme sont multidimensionnels et multi-inférentielles, les matrices théoriques et pratiques qui le définissent le repèrent, l'articulent aux autres champs de l'expérience matérielle, sociale et culturelle» [Brohm J-M. et al., 1992, p. 11].

Cette complexité des représentations du corps est comparable à une balance qui a sur ses deux plateaux le corps-objet d'un coté et le corps-sujet de l'autre. Cela concorde pratiquement bien avec le concept de la dualité du corps qui fait un «tout cohérent» dans ce cadre d'étude.

C) Représentations de l'alimentation

En nous plaçant dans la situation de l'immigration, les gens se trouveraient dans un processus de transition d'un environnement vers un autre. Ainsi, «manger» se trouverait habituellement influencé à la fois par des savoirs [profanes et savants], par un héritage culturel, par des représentations, par des nouveaux milieux de vie, etc.

Selon Paul Rozin : «It is quite likely that the social context facilitates the consumption of some foods but not that of others [Rozin P. et al., 1998, p. 101]. Food progresses from being a source of nutrition and sensory pleasure to being a social marker, an aesthetic, a source of meaning and metaphor, and, often a moral entity. These transformations are directed mainly by culture-specific traditions» [Rozin P, 1998, p. 3].

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L'alimentation serait alors un produit du métissage qui est fait à la fois d'emprunts et d'abandons. Elle s'établirait en marqueur identitaire des codes de différenciations sociales, des activités tournées vers les autres [faire plaisir et partager] et sous-tendrait des qualités symboliques. Elle constitue aussi un enracinement affectif et culturel [coutumes, croyances, etc.], un construit d'expression de la vie sociale et un système de comportement [Garabuau-Moussarui I., 2002, pp. 232-248], parce que l'aliment se mange avec tous ses attributs !

d) Représentations du surpoids

Selon le concept biomédical, la surcharge pondérale est le résultat d'un déséquilibre entre l'apport et les dépenses énergétiques quotidiens. Sa mesure de référence internationale la plus fiable est l'Indice de Masse Corporelle IMC=kg/m2 (P/T2) .

Elle repose sur les associations entre d'une part, la valeur de l'IMC et la proportion de la masse grasse et d'autre part, entre la valeur de l'IMC et le risque de la mortalité Tab. 1 : .

d)

Tableau .1 : Classification des adultes en fonction de l'IMC [OMS, 2003]

Classification

IMC

Risque de morbidité associée

Insuffisance pondérale

<18.5

Faible (mais accru pour les autres problèmes cliniques)

Éventail normal

18.5-24.99

Moyen

Surpoids

=25.0

 

Catégori
es

Pré-obèse

25.0-29.99

Accru

Obèse : classe I

30.0-34.99

Modéré

Obèse : classe II

35.0-39.99

Important

Obèse : classe III

=40.0

Très important

Les risques associés à un IMC en augmentation apparaît dans ce tableau comme continus et progressifs. La valeur de l'IMC variant entre 18.5-24.99 est biologiquement jugée normale. Pour calculer le risque de morbidité associée à l'obésité, il est aussi important de connaître à la fois l'IMC et la répartition de la masse grasse. Ce qui nous intéresse est que l'interprétation du classement des IMC en fonction du risque peut différer selon les cultures sociales.

Représentations de la Santé

Il nous semble qu'étudier les représentations de la santé, c'est aussi observer de quelle manière cet ensemble de valeurs, de normes sociales et subjectives, de modèles culturels, de pensées et de vécus par des individus interagissent pour définir un comportement. Il s'agit donc d'étudier comment s'élabore et s'organise les représentations de la santé.

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D'après Claudine Herzelich [1969], lorsqu'on a la santé, on peut tout faire, tout est possible et surtout travailler. Elle s'identifie à la nécessité du travail pour la survie en s'énonçant comme une force de résister et une capacité de fonctionner dont l'aspect corporel se double d'une dimension psychologique et morale [Herzelich C., (1969) et Adam Ph., 1994,

pp. 66-69 ; D'Houtaud et al., 1989].

La santé est naturelle : elle est dans l'ordre des choses quand les personnes sont en harmonie avec leur environnement. Pour Alain Vanasse la santé est un objet à la fois, privé et social qui participe à ces deux références distinctes, mais qui sont étroitement imbriquées dans l'appréhension ou la perception que chacun en a [Vanasse A., 2000, pp. 55-56].

Elle est la mesure dans laquelle une personne ou une communauté peut réaliser ses ambitions et satisfaire à ses besoins ainsi qu'évoluer avec le milieu ou s'adapter à celui-ci. Pour nous, la santé c'est donc la vie puisqu'elle réunit tout et est la base de tout.

J) Représentations de l'Éducation pour la Santé

Si hier l'éducation sanitaire se limitait à une simple instruction au cours de laquelle étaient enseignées des règles d'hygiènes, actuellement il s'agit d'une véritable éducation recourant à la participation active des sujets au sens de la responsabilité et de l'autonomie

[OMS, 1990, pp. 22-24].

Pour Françoise Hendrix et Danielle Piette, l'éducation pour la santé est, de ce fait, une vision durable créant avec les personnes et les groupes des conditions du développement de leur capacité vis-à-vis de la santé, valorisant leur autonomie et leur implication [Hendrix F. et

al., 1989, pp. 1-11].

La psychologie-cognitive insiste ainsi sur la place prépondérante des connaissances antérieures. Ces connaissances antérieures déterminent ce que le sujet peut apprendre et ce qu'il apprendra. Ce processus de transfert d'apprentissage [entre l'éducateur pour la santé et l'éduqué (e)] qui nécessite un travail de contextualisation, de décontextualisation et de recontextualisation.

Il est ainsi essentiel de faire émerger ces connaissances et de connaître l'architecture des connaissances initiales du sujet afin d'y ajouter de nouveaux acquis. Cette nouvelle information doit trouver sa place en n'apportant aucune contradiction aux connaissances antérieures ni remette en cause la cohérence de leurs constructions [Ivernois (d') J. F. et Gagnayre R., 1995, p. 44-63].

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Et pourtant, face aux difficultés qui sont souvent rencontrées dans la prise en charge des migrants, en général, il nous apparaît d'une manière générale que les professionnels médico-sociaux produisent un discours [trop] culturaliste et largement ethnocentrique.

Ils semblent généraliser même des cas particuliers en se fondant sur leur seule expérience avec à la clef une catégorisation de patients qui n'est pas sans incidence sur les soins. Ces représentations de la différence [très] connotées affectivement font parfois que ni le fonctionnement du système médical ou hospitalier ni les intervenants eux-mêmes ne soient remis en question [Kotobi L., 2000, pp. 62-72].

En définitif pour ce qui concerne ce mémoire, l'éducation pour la santé constitue un ensemble d'actions qui offrent la possibilité de négociation permanente à chaque individu tout au long de sa vie, d'acquérir les compétences et les moyens lui permettant d'améliorer sa santé et celle de sa communauté, du milieu dans lequel il vit comme un être humain, global.

g) Immigré africain

Le langage courant se satisfait des concepts généraux pour parler d'un phénomène et de ses conséquences. Ainsi on regroupe l'étranger, l'immigré, leurs enfants sous le même vocable ou des vocables construits sans souci de précision pour englober dans une masse tous ceux qui pourraient être classés comme «venus d'ailleurs». C'est un concept assez complexe que nous n'avons abordé que partiellement dans l'orientation de ce travail.

Pour ce qui est de l'immigration africaine, elle implique à la fois une idée de mouvement et d'installation. Selon Larousse, l'immigration est : «l'entrée dans un pays, des

personnes non autochtones qui viennent s'y établir

[Larousse, 1992].

Immigrer, c'est

s'installer dans un pays autre que le sien pour s'y établir, parfois de façon temporaire, souvent définitivement» [CERIN, 2003, p. 2].

L'immigré africain est donc cet individu qui serait venu de l'Afrique [Carte 1 :] par rapport à la Belgique, son pays qui d'accueil. «Immigré» : c'est un état statutaire, qui ne varie pas au cours de la vie. Puisque malgré son acquisition éventuelle de la nationalité belge, son État de résidence, la Belgique n'en fera jamais un membre à part entière de cette collectivité nationale, un `citoyen de souche'.

Sa subsistance est enracinée ailleurs et il sera toujours du dehors, donc `d'origine' qui définit sa vraie identité socioculturelle, africaine.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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1.2. Cadre problématique de la recherche

Le cadre problématique nous permet d'avoir une explication de l'ensemble des éléments hétérogènes ou contradictoires qui aident à prédire l'évolution du comportement de l'individu.

Le comportement humain est un phénomène [très] complexe et difficile à appréhender. Car, lorsqu'on observe de près le phénomène des transformations de comportements, plusieurs scénarios sont possibles. Certaines personnes ont adopté des comportements «sains» et d'autres «à risque». Mais dans les sous-groupes respectifs, on observe parfois que les comportements sains changent en comportement à risque et vice-versa sous les effets des facteurs internes ou externes [Vanasse A., 2000, pp. 44-45].

Cette mutation comportementale nous pousse à faire le choix parmi la panoplie de cadres explicatifs pour plus comprendre la problématique des représentations du surpoids à partir du corps et de l'alimentation dans des perspectives de l'éducation pour la santé.

a) Cadre problématique général de la recherche

Le constat empirique selon lequel la santé des immigrés africains est moins bonne que celle des autochtones se trouve à l'origine de cette étude. D'autant plus que globalement, il existerait plusieurs facteurs d'ordre structurels et individuels qui sont parfois défavorables pour la santé et qui s'additionnent au sein de cette catégorie sociale.

La migration représente déjà dans la majorité des cas un processus éprouvant, lié à la rupture du contexte de vie [Massé R., 1985]. Il faut ajouter à cela les conditions de précarité rencontrées dans le pays d'accueil.

Cette précarité souvent s'observe à leur arrivée et surtout [malheureusement] pendant le processus d'intégration voire chez leurs descendants aux différents niveaux :

o légal [statut juridique instable, absence de droits civiques, etc.],

o économique [limitation de l'activité sur le marché du travail pour les immigrés, sous-utilisation des compétences professionnelles, taux de chômage élevé, etc.],

o social [faible savoir linguistique, des systèmes politico-institutionnels, réseau social de proximité restreint, etc.] qui touche les valeurs de l'intégrité des gens. Pourtant, le concept de valeurs se confondrait avec celui de croyances et d'attitudes.

En effet, les valeurs sont un standard qui guide et détermine l'action, les attitudes envers les objets et les situations, l'idéologie, les présentations de soi aux autres, les évaluations, jugements, les justifications, les comparaisons de soi avec les autres et les efforts pour influencer les autres [Pras B., 1999] : ce sont des croyances normatives.

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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En psychologie sociale, la théorie fonctionnelle des attitudes permet de relier les jugements de valeurs aux motivations des individus. Les valeurs individuelles entrent donc consciemment ou inconsciemment dans la formation des attitudes qui exercent ainsi leurs influences sur les comportements des gens [Rouvrais-Charron C., 2002, pp. 210-230].

En psychologie cognitive s'appuient sur ces concepts d'attitudes et de croyances dans l'explication des comportements individuels ou collectifs.

En psychologie éducationnelle, il y a aussi des théories explicatives des comportements qui sont souvent utilisées, comme la théorie de l'action raisonnée [TAR], la théorie de comportement interpersonnel [TCI], la théorie de comportement planifié [TCP], le modèle

des croyances relatives à la santé [HBM], etc. [Adrien M. et Beghin I., 1993

; Deccache A.,

 

1994, pp. 107-113] pour expliquer les comportements des gens :

o le modèle multi-attributs de Fishbein et Ajzen [1980] ou «théorie de l'action raisonnée [TARI» qui considère que dans une situation donnée, le comportement volontaire est directement déterminé par l'intention de l'individu de l'adopter ou non. L'intention est à son tour définie par des attitudes de la personne [croyances envers les attributs des objets et anticipation par l'individu des conséquences de son comportement] et des normes sociales subjectives [fonction de la croyance qu'a la personne et sur ce que les autres attendent de lui et de la motivation de l'individu à se conformer au désir des autres].

Cette théorie explicative est principalement fondée sur un comportement rationnel et donc ne s'applique pas aux circonstances dans lesquelles l'individu agit de manière inconsciente et incontrôlée.

Ce cadre théorique et explicatif a par la suite été reformulée, adaptée et intégrée dans les formulations des autres modèles conceptuels.

o la «théorie de comportement interpersonnel» [TCI] de Triandis [1977]. Pour ce cadre explicatif, la fréquence avec laquelle un comportement s'est déjà manifesté ; l'habitude constitue un déterminant majeur au même titre que l'intention comportementale. Selon cette théorie, le comportement est la résultante d'un triple influence de la fore de : l'habitude, l'intention d'adoption et des conditions facilitant ou inhibant.

De cette manière la lacune de la théorie de l'action raisonnée, qui ne concerne que les comportements volontaires, est comblée.

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o la «théorie de comportement planifié» de Ajzen [TCP de Ajzen et Madden, 1988] qui ajoute l'influence du degré de contrôle possible du comportement de l'individu, pour passer les limites de la TAR.

Force est de constater dans la théorie de comportement planifié, l'action ou a conduite humaine est définie par l'alliance de trois dimensions de la croyance :

- les croyances comportementales : ce sont des tendances à évaluer une entité avec un certain degré de faveur ou de défaveur,

- les croyances normatives : elles font référence au concept d'éthiques personnelles [normes subjectives perçues] et politiques collectives [forces sociales perçues],

- les croyances de contrôle : elles conduisent à un contrôle comportemental perçu. Elles évaluent directement ou indirectement les désirs, les croyances et les

intentions particulières qui gouvernent les comportements des personnes.

Par rapport à la théorie de l'action raisonnée et à la théorie du comportement interindividuel, la théorie de comportement planifié semble mieux nous permettre d'expliquer le développement des comportements de l'individu au travers de ses représentations du corps et de l'alimentation.

Ainsi, de manière continue, les croyance, les représentations de l'individu, constituent une structure psychologique qui lui permet de sélectionner ses comportements et ses relations sociales dans son milieu de vie quotidienne. C'est seulement dans ce contexte que nous pouvons nous permettre de concevoir un projet éducatif pour la santé [individuelle ou collective] dans un programme global et cohérent de la santé publique [Fig. 3 :].

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Ces trois dimensions de la croyance, interagissent continuellement dans la construction des intentions du comportement. C'est-à-dire que les gens [immigrés africains] ne seront pas capables de développer une forte intention d'agir et de se comporter pour grossir, s'ils croient ne pas avoir les ressources nécessaires ou les opportunités [perception de contrôle] pour y arriver et, ce même s'ils possèdent des attitudes favorables envers le comportement visé, et s'ils estiment que les membres de leur entourage approuveraient le comportement [normes subjectives]. Dans certains cas, l'insuffisance ou le manque de sentiment d'autocontrôle, entraîne directement le comportement au même titre que l'intention comportementale.

La quête de grossir à tout prix,

Les choix de aliments,

Le respect du rythme de repas,

Le plaisir de manger copieusement les plats gras,

L'isolement en cas de la perte de poids

La satisfaction ressentie quand on grossit,

La qualité organoleptique des aliments gras, etc.

La disponibilité alimentaire,

Stress (le chômage, le manque d'emploi),

La beauté africaine,

La fragilité liée à l'immigration,

Temps consacré à l'alimentation,

La culture alimentaire africaine,

La technique d'administration de «Durabolin», etc.

Ne pas croire aux risques du surpoids sur la santé, Croire à ce que la grosseur est la traduction de la culture de santé, de la beauté et de la beauté africaine, Croire à ce que la minceur est le Sida,

Croire à ce que la grosseur est le signe de la féminité africaine,

Croire à ce que gloire d'un homme se mesure à la grosseur de sa femme, etc.

Perception de contrôle de :

Normes subjectives de :

Attitudes envers/de :

Figure 3 : Cadre explicatif général de la représentation du corps et de l'alimentation des immigrés africains

[Adapté de la TCP de Ajzen et Madden, 1986]

Vouloir prendre le «Durabolin», Préférer les repas copieux et gras, Être attiré (e) par une personne enveloppée,

Moins faire d'activités physiques, Ne pas respecter le rythme de repas, etc.

Action peu ou pas volontaire

Intention de :

Contexte socioculturel

Manger copieusement les plats gras,

Faire moins d'activités physiques,

Prendre le «Durabolin», etc.

Comportements :

Légendes

- Est, signifie :

- Est lié (e) à :

- Interdépendance :

- La prédisposition génétique,

- Prise de certains médicaments (corticoïdes),

- Maladies endocriniennes, etc.

Surcharge pondérale

Contraintes

Santé

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15

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b) Questions-problèmes de la recherche

Les représentations sont un magma des concepts qui est organisé autour d'un noyau central, constitué d'un ou plusieurs éléments, avec les éléments périphériques [Abric J.-C., 1984, pp. 861-865]. La présente étude exploratoire devra ainsi répondre au questionnement en rapport avec ces représentations du corps et de l'alimentation en éducation pour la santé [Tab. 2 :]:

b)

Question-problème

elles sont les représentations

2. De quelle manière les immigrés africains se représent-ils leur alimentation ?

1.

Comment les immigrés africains se représentent-ils leur corps ?

Questions générales

Tableau 2 : Les questions-problèmes de la recherche

1.1.

1.2.

2.1

2.2

Quelles sont les composantes des représentations de l'alimentation des immigrés africains ?

Quels sont les éléments qui constituent les représentations du corps des immigrés africains ?

Comment sont-ils structurés ?

Comment sont-elles organisés ?

Questions spécifiques

Cadre problématique restreint de la recherche

Selon certaines auteurs, comme Willem Doise, il n'existe pas de consensus concernant la nature exacte des éléments qui constituent une représentation ainsi que leur organisation [Doise W., 1985]. Néanmoins, les nombreux auteurs s'accordent à soutenir l'idée selon laquelle les représentations sont un univers de croyances, d'opinions et d'attitudes autour d'un sens centrale [Abric J-C., 1976].

Les représentations serviraient ainsi à agir. Elles s'élaboreraient à partir des informations puisées dans des expériences quotidiennes, des vécues et des pratiques personnelles d'une part et à des expériences sociales, des savoirs et des modèles d'usage socialement transmis, d'autre part. Ce qui dénote que le choix du type des données a une signification quant à l'attitude à adopter vis-à-vis du corps et de l'alimentation et des conflits qui peuvent surgir de la contradiction entre les modèles sociaux et les demandes personnelles [Vanasse A., Opcit, pp. 55-65].

Si le vivre son corps et le vivre le monde seraient une même expérience [Chirpaz F., 1989, p. 39], le corps est la seule partie du monde qui est sentie de l'intérieur et perçue la surface. Le corps mécanique est l'effet d'apprentissage, de suite d'habitudes qui conduit à une sorte de «sagesse» du corps qui protège l'individu du purement automatique : le corps mécanique établit la liaison avec le monde grâce aux informations données par les sens et prédit le comportement à travers des attitudes et des perceptions.

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Alors que les pratiques alimentaires est une activité à multiples facettes. Il est donc essentiel d'en tenir compte quand on veut comprendre le développement et le maintien des habitudes alimentaires en éducation pour la santé.

Il existe toute une symbolique de l'alimentation dans laquelle la nourriture permet de survivre et de correspondre à un besoin primaire. C'est ainsi qu'une bonne organisation [choisir, faire des courses, etc.] est essentielle pour mieux satisfaire à ses besoins vitaux [Maslow A. H., 1943, pp. 370-396] même avec des moyens limités.

Pour Claude Levy-Strauss, l'alimentation est un indice culturel et correspond à des rites et des rythmes de vie. La cuisine en est aussi par conséquent un des langages par lesquels la société traduit inconsciemment sa structure [Lévy-Strauss C., 1971].

Ainsi, nous avons, dans la figure ci-dessous, essayé de centrer et d'hiérarchiser nos questions de recherche dans un cadre problématique restreint pour mieux saisir la part des représentations dans le développement des comportements humains [Fig. 4 :].

Figure 4: Cadre problématique restreint des représentations du corps et de l'alimentation

Contexte
socioculturelle

QPS 1.1. QPS 1.2.

QPS 1

- QP : Question problème,

- QPG : Question problème général,

- QPS : Question problème spécifique,

: est lié (e) à,

; relation d'influence

: relation d'interdépendance

Organisation

Contenu

QP

Surpoids

Légendes

Corps

QPG1

Construction

Orientation

QPG 2.

Alimentation

Représentation

Santé

Comportements

QPS 2

QPS 2.1. QPS 2.2.

Organisation

Contenu

Selon la description de ce cadre problématique restreint, les représentations du corps et de l'alimentation sont liées. Elles dépendent des éléments qui les composent et de leur organisation dans l'orientation des comportements, qui au retour contribuent à leurs constructions. Ces comportements exercent directement leurs influences sur le développement du surpoids [la corpulence]. Dans ce contexte socioculturel global, la surcharge pondérale expose l'individu aux différents degrés du risque de la santé et du bien-être.

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Le corps apparent ou observé ressemble donc à une enveloppe, pouvant être étudier en tant que telle. Il est objectivé par la science et le corps des anatomistes devient un corps mécanique

sous l'influence de la révolution galiléenne. Pour Descartes, selon François Dagognet «tout est produit mécaniquement et résulte de simples modifications de la figure, de la grandeur et du mouvement» [Dagognet F., 1992, p 54.]. Ce schème de pensée conçoit le corps et son incorporation dans la société.

Saadi Lahlou dont la thèse est centrée sur les représentations sociales de l'alimentation estime, par ailleurs, que «manger» est un processus actif qui associe dans un paradigme l'individu et la prise d'aliments dans une chaîne causale efficace pour satisfaire le désir. Ainsi la pensée magique alimentaire est l'usage des noyaux de sens communs [Lahlou S., 1994, p. 227].

L'alimentation est entre autre l'un des rares pratiques sociales dans lesquelles la personne fait entrer en «soi» quelque chose [aliment] et qui devient «soi» [par le processus de l'incorporation], une réalité objective. Nous rappelons dans ce cadre la relation d'inimité que la personne établit avec l'aliment. Des études y agrégent une réalité subjective et imaginaire, dans laquelle les aliments sont chargés de sens et de valeurs [Belk W. R., 1988, p. 139-168 ; Rozin P.,

1998, pp. 135-147].

De ce fait, étudier le corps à partir de son apparence extérieure comme une réalité objective et de constitution charnelle permettrait de catégoriser les gens à partir de leurs caractéristiques physiques.

Et, l'éducateur pour la santé doit se positionner sur ces aspects visibles et invisibles des représentations du corps et de l'alimentation pour intervenir avec efficacité.

Finalement, la compréhension des représentations [du corps et de l'alimentation dans le processus de l'éducation pour la santé] se trouve au centre de ce mémoire. Elles, [les représentations] demeurent pour nous un préalable pour toute action d'un programme efficace et durable en éducation pour la santé : [empowerment(b)].

(b) Elle peut être considérée pour nous comme un sentiment de grand contrôle sur sa vie où l'expérience individuelle suit les membres actifs dans un groupe ou une organisation. Cette notion se construit sur des niveaux de développement personnel, de soutien mutuel de groupe, de participation et d'organisation.

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PARTIE PRATIQUE DE LA RECHERCHE

2. Méthodologie de la recherche

2.1. Définition de la méthodologie de la recherche

,.

Selon Deslauriers [1991], cité par Marie Claire Baudelot, l'approche qualitative acquiesce de se concentrer sur l'analyse des processus sociaux, sur le sens que les personnes donnent à leurs comportements sur leur vécu quotidien et sur la construction de la réalité sociale [Baudelot M-C., 2005, p. 13]

a) Description de l'échantillon

Nos recherches se sont réalisées auprès des douze immigrés africains, sélectionnés par la technique de la boule de neige. Également répartis selon les deux sexes, ils sont tous majeurs avec une moyenne de 41 ans. Au niveau de l'instruction, ils sont détenteurs des diplômes d'études secondaires (25%), supérieures (50%) et universitaires (25%). Les participants résident en Belgique depuis six ans en moyenne, dans des familles de quatre personnes en moyenne avec 33.3% d'occupation temporaire de travail contre 25%, 16% et 25% respectivement de sans emploi, d'emploi permanent et de chômage. Ils ont une moyenne de 775€ de revenu mensuel pour les célibataires et 880€ pour les couples, [minimum vital, (75%)]. Les participants sont en général mariés (es) (75%) [Matr. 1 et 2 :].

B) Recherche documentaire

Pour récolter les informations des certaines études antérieures en vue d'expliquer la problématique qui cadre avec l'objet de la présente étude, nous avons :

interrogé quelques moteurs de recherche, notamment : google, pubmed et Doctès en utilisant les mots-clé [isolés ou parfois associés] : surpoids, surcharge pondérale, overweight, obésité, obesity, immigration, africain, santé, éducation pour la santé et représentation.

consulté les publications disponibles dans des bibliothèques [publiques] et chez les particuliers en privé [livres, articles, thèses, mémoires, rapports, interventions, etc. ]

a) Description des techniques de collectes des données

? Photolangage

Nous sommes partis d'une exposition des planches photographiques pour susciter les participants à s'exprimer sur leurs représentations du corps. La technique a consisté à :

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- disposer en vrac, vingt cinq planches photographiques sur les tables,

- inviter les participants à observer [en silence] les planches photographiques,

- leur demander de choisir personnellement et mentalement les planches photographiques qui ont retenu leur attention,

- les inviter à partir des leurs vécus, souvenirs, histoires, expériences, etc., à répondre à notre question de départ qui est : «parmi ces photographies, la quelle représente-t-elle le mieux ce qu'évoque [antérieurement, actuellement ou dans le futur] l'image du corps, pour vous» ?

Le travail du groupe a été réalisé en date du 11/06/2005 à Anvers et dans des conditions de franche convivialité. Les résultats bruts de cette enquête nous ont poussé à organiser les entretiens individuels [semi-dirigés] autour des trois noyaux de sens [santé, corps et alimentation] pour clarifier certaines données recueillies.

Un questionnaire a été aussi utilisé pour cibler la définition de concept «santé», sans y entrer en profondeur en vue d'orienter nos démarches exploratoires des représentations.

? Entretien individuel semi-dirigé

Nous avons utilisé les données récoltées par le questionnaire comme «starter» des entrevues. Les objectifs de ces entretiens étaient, notamment, d'offrir aux gens un temps de parole afin qu'ils s'expriment sur leurs représentations du corps et de l'alimentation.

Grâce à cette technique les participants se sont individuellement exprimés en disant, «Je ou Nous», avec leur propre système de pensées, de valeurs, de représentations, d'émotions, d'opinions, etc. en touchant par la même occasion leurs inconscients et en explorant leurs propres expériences [Guide 1].

Les participants ont aussi parfois utilisé le pronom «On» [soit une façon indirecte de se nommer soi-même dans certaines cultures où les gens ne veulent pas se faire stigmatiser ou identifier par les faits].

2.2.Cadre contextuel de la recherche

Nous avons choisi de réaliser cette étude au sein de la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» à Anvers. C'est une fraternité africaine dans l'église catholique d'Anvers qui a été reconnue par les autorités du diocèse comme une association «de fait».

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Elle offre un cadre où les catholiques africains, européens et d'autres origines peuvent se rencontrer dans un esprit de fraternité, de convivialité et d'accueil. Ses activités se fondent sur la foi, la solidarité et la charité dans l'esprit de l'évangile. Tout le monde s'y retrouve.

La communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» est animée par une équipe

pastorale, chargée d'organiser les activités sur les plans spirituel et socioculturel. Elle est composée de vingt et une personnes qui se sont reparties en dix branches d'activités : la coordination, le secrétariat, l'aumônerie, la liturgie, la catéchèse, la chorale, la diaconie, le service de fêtes et loisirs, la jeunesse et le service d'information et d'éducation.

C'est un groupe très diversifié qui rassemble principalement les Africains originaires du Rwanda, du Burundi, de la Côte d'ivoire, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Bénin, du Togo, etc., et de la R.D. du Congo [qui y sont majoritaires: plus 75%]. Il y a aussi des amis belges [dites de souche] et d'autres nationalités qui aiment la chaleur des célébrations africaines.

Dans ce contexte, il est important d'avoir toujours à l'esprit l'idée selon laquelle les mutations de comportements des gens s'exposent par la rencontre avec d'autres modèles et s'enracinent dans les conditions concrètes de la migration.

Donc la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» nous a offert un cadre de recherche et pratique pour rencontrer les immigrés africains, recueillir les données souhaitées et les traiter en d'éducation pour la santé.

2.3.Planification du recueil et du traitement des données de la recherche

Sur le plan national voire international, la question des immigrés est un sujet très sensible. Elle risque même de favoriser le discours xénophobe sur le danger prétendu que court ce groupe social sur le coût qu'il induit, en termes de soins de santé des déclarations des derniers jours ont eu lieu dans ce sens à Anvers, puis dernièrement à Gand et elles continueront certainement à avoir lieur dans d'autres villes. .

Afin d'interviewer les gens, il nous a fallu alors construire un dispositif qui tient compte des certaines caractéristiques spécifiques de cette population : la précarité, la fragilité, l'émotion, la difficulté de concentration, etc. Car, parler avec les immigrés de leur corps et de leur alimentation ainsi que de leur santé [leur vie], revient à aborder une partie de leur intimité. C'est donc un dossier sensible [très] sur tous les plans [Massé R., 1985].

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À cet égard nous avions assez rapidement pris en considération leur fragilité et leur pudeur au cours de la collecte des données. Nous avons tout de suite instauré des relations de confiance avec les participants. En plus, le fait que nous soyons nous-même un des membres de la communauté a aussi contribué dans une large mesure à faciliter la réalisation de nos enquêtes du début à la fin.

Un carnet de bord pour le photolangage du groupe, un questionnaire et un guide d'entretien semi-directif ont été construits pour structurer la collecte des données, permettre une homogénéité entre les différentes rencontres et une standardisation des informations récoltées.

Le travail du groupe a été réalisé au courant du mois de juin 2005, les enquêtes par questionnaire et les entretiens semi-dirigés entre septembre et octobre 2005 selon les disponibilités des participants [Tab. 2 :].

Tableau 2 : Planification de récoltes et de traitements des données

Matériels utilisés

Mois et date

Durée
[minutes]

Lieu

Observations

Juin

Septembre

Octobre.

1er

2ème

1er

2ème

1er

2ème

0

Validations à priori

************************************

Anvers

En mai 2005

1

Photolangage du groupe

11

********************

120

Anvers

Enregistré

2

Validations à priori

****************************

Anvers

En août 2005

3

Questionnaire

**** **** **** **** **** ****

04

 

**** **** **** **** ****

**

***

Anvers

Dépouiller

4

Entretien semi-dirigé

09

16

35

29

Anvers

Enregistré

5

Entretien semi-dirigé

11

18

24

25

Anvers

Prise des notes

6

Entretien semi-dirigé

16

20

35

20

Anvers

Prise des notes

7

Entretien semi-dirigé

22

27

25

30

Anvers

Prise des notes

8

Entretien semi-dirigé

29

********

02

20

38

Anvers

Enregistré

9

Entretien semi-dirigé

**************** 09

16

45

65

Anvers

Enregistré et analysé

7

Validation à posteriori

************************************

Anvers

18/12/2005

Ce tableau présente l'organisation de la collecte des données auprès des participants à Anvers, entre le 11 juin et le 02 octobre 2005. La durée a varié de 20 à 120 minutes, selon qu'il s'agissait du travail de groupe ou des entretiens individuels [durée d'arrêts, comprise]. Les rencontres ont eu lieu dans des intervalles d'environ une semaine. Les validations à priori ont eu lieu en mai 2005 pour le photolangage de groupe et en août pour les entretiens individuels semi-dirigés. La validation à posteriori s'est effectuée le 18/12/2005.

Dans un climat convivial, nous avons réalisé les enregistrements audio des trois entretiens, avec les accords préalables des participants. Pour les autres entrevues qui n'ont pas été enregistrées, les données sollicitées ont été ciblées et notées sur papier. Les informations des enregistrements ont été fidèlement retranscrites pour des fins d'analyses des contenus.

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Chaque fois des contacts téléphoniques étaient établis au préalable avec les participants, pour leur présenter les objectifs et les modes des déroulements avant d'effectuer les entretiens proprement dits. Les interviewés ont été choisis par la technique de la boule de neige selon les disponibilités de chacun et cela jusqu'à la saturation de nos donnés recherchées.

Les documents restent des biens privés [Selon les engagements que nous avions pris au cours de la phase de planification des enquêtes, les casettes audio que nous avons utilisées dans le cadre de la collecte des données restent les propriétés privées des participants. Elles ne doivent être utilisées que dans le cadre de ce mémoire. Dans le cas contraire, les avals ou les accords des participants seront préalablement indispensables].

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2.4.Approche de la recherche et validations

Notre approche de recherche exploratoire est situationnelle. Elle est focalisée sur les situations comme élément de contraintes, d'orientations des décisions et des actes.

La situation est l'ensemble des relations perçues, connues et utilisées consciemment par les gens à la complémentarité, aux interdépendances, aux recompositions complexes d'éléments antérieurs, à des variants à travers l'histoire, des discontinuités et continuités [Dosse F., 1997]. Ainsi, plus la société est ouverte et plus les positions privées peuvent se déployer à l'intérieur d'un champ large des possibilités. L'analyse situationnelle nous permet ainsi de construire une théorie des décisions personnelles ou collectives plus globales comme dans des approches constructivistes.

Pour la validation à priori, nos outils ont été préalablement pré-testés. Et à posteriori, les résultats d'analyses ont été restitués aux participants pour appréciation : des invitations pour une rencontre en groupe, accompagnée des copies des synthèses et des tableaux d'appréciations ont été envoyées à chaque participant par voie postale [Mod. 1 :]. Et la réunion de restitution a eu lieu une semaine plus tard, soit le 18/12/2005 [cfr. Tab. 2 :].

Au cours de la réunion de validation à posteriori, il a été question : présenter les résultats des analyses des données aux participants, solliciter leurs degrés de satisfaction et à formuler les recommandations, le cas échéant [Matr. 3:].

Il est entre autre admis selon Dénise Deliège que les réponses des participants ne reflètent que leurs opinions qui sont largement basées sur des stéréotypes et les préjugés plutôt que sur des expériences directes. Les résultats de la restitution ne devront pas donc être confondus avec les réalités des conditions de vie des immigrés africains [Deliège D., 2002, p. 142]

3. Résultats de la recherche

Pour Jean-Marie de Ketele et Xavier Roegier : «quand on a recueilli l'information, il peut être trop tard pour se poser la question : Comment traiter cette information» [De Ketele J-M., et

Roegier X., 1993, p. 217].

La compréhension et l'interprétation des discours nécessitent une analyse rigoureuse, menée avec minutie. La place de l'analyse de contenu est donc de plus en plus grande dans la recherche, parce qu'elle offre la possibilité de traiter de manière méthodique des données et des témoignages qui présentent un certain degré de profondeur ainsi que de complexité comme les entretiens semi-directifs [Quivy R. et Van Campenhoudt L., 1995].

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3.1.Présentation et analyse catégorielle des résultats de la recherche

La question que nous nous posons est de savoir au départ, s'il y a des contradictions entre la subjectivité et la rigueur scientifique ! À priori, il nous semblerait que non, puisque la réalité elle-même est une considération conceptuelle et empirique fort complexe : tout le monde vit avec et dans la subjectivité et pour elle.

Le questionnaire et les autres entretiens n'ont pas été mis au «réfrigérateur». Le processus d'analyse étant circulaire, le questionnaire nous retournait sans cesse à nos données brutes qui ont été récoltées pour essayer de mieux appréhender la «vérité», qui sont les comportements à partir des représentations du corps et de l'alimentation.

Nous avons ainsi écouté et réécouté les enregistrements audio, lu et relu les retranscrits, décortiqué les unités de sens [par la déconstruction des données] et isolé les données pour une catégorisation plus élaborée en vue d'interprétation.

Autour des noyaux de sens, treize sous-catégories sont déterminées d'avance [Matr. 4 :] :

o sept pour les représentations du corps [séduction, mécanique, sentiment, communication, identité, la maternité et la virilité].

o six autres pour les représentations de l'alimentation [convivialité, plaisir, identité, organisation, santé et la survie].

Avec nos moyens de bord, tout s'est réalisé dans le respect des règles d'exhaustivité et de l'exclusivité, exigées par une approche qualitative de recherche [Matr. 4 :]. Les données du

questionnaire sur la définition du concept «santé» ont été dépouillées à part, juste à titre indicatif

selon le concept de Claudine Herzlich [Herzlich C., (1969) : Santé-Vide ,
· Santé-Équilibre ,
·

Santé-Fond : Matr. 5 :].

Finalement nos démarches de présentations et d'analyses des données ont consisté à :

:].

- poser les questions de la recherche [ou à présenter son contenu],

- répondre aux questions posées par un ou des extraits des entretiens et

- à résumer les principales idées sous forme des conclusions provisoires [Matr. 6

a) La représentation du corps

Le corps renseigne sur l'homme dans sa totalité. Des études de Marilou Bruchon-Schweitzer ont montré que l'acquisition d'une image de son propre corps est progressive. Elles s'étayent sur des acquisitions multiples non seulement visuelles et kinesthésiques, mais aussi cognitives, affectives et sociales [Bruchon-Schweitzer M., 1990, p.70].

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Les représentations du corps consistent à percevoir le corps comme unique, différent des autres et comme «sien» : ce qui répond aussi à l'appréhension de soi comme «objet» et «sujet» [concept de la dualité du corps].

Les composantes des représentations du corps

De quoi parlons-nous lorsque nous parlons du corps ? Bien sûr, du corps anatomique, de l'ensemble de ses fonctions vitales mais aussi du corps identitaire, de ce qui fait que nous nous reconnaissons et que l'on nous reconnaît, des indices qui rendent possibles cette identité et cette identification.

Le corps est la concrète figuration multifacette qui se manifeste dans ce qu'il a de plus naturel en apparence, à travers :

(1) Corps-séduction : Selon le Petit Larousse, la séduction consiste à plaire par quelques attraits. Beaucoup plus les femmes sont affectées que les hommes par cette dimension du corps [Larousse, 1992].

Il faut remarquer que si l'insatisfaction corporelle est plus prononcée au niveau du torse et des zones les plus exposées à l'excès de poids chez des occidentaux [Cash T. F., et al., 1986, pp.30-44], la situation est tout autre pour les Africains. Pour les données recueillies :

- «c'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur» - «j'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les

gens. Je fais un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches.

Je n'oublie jamais de brosser mes dents»

- «les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je mets le gilet»

- «j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant ma confiance dans l'Amour de Dieu.

Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure» - «je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle»

- «j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, sa beauté»

- «si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce

comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, (...) sont visibles d'elles-mêmes»

Avoir une grande taille ou avoir une stature imposante par sa grosseur par exemple est culturellement valorisée chez les Africains, alors que le corps petit et mince ou maigre suscite de temps en temps dans cette population le sentiment d'insatisfaction corporelle tant du coté des hommes que des femmes.

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D'autant plus que pour séduire, il faut à tout prix attirer l'attention de la personne à charmer tout en étant en accord avec soi-même [l'essentiel étant de «bien-être, de se sentir dans sa peau même sans mieux-être, c'est-à-dire en rapport avec les normes biomédicales»].

(2) Corps-mécanique : Selon les biologistes, le corps humain est anatomique ou organique ou physique. C'est l'ensemble des fonctions vitales qui est structuré à l'image d'une machine. Il est une unité fonctionnelle dont la structure reste encore un mystère pour les chercheurs.

- «mon corps, (...), est une machine dont personne ne maîtrise les fonctionnements à fond»

- «je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée. Tout y est lié, interconnecté»

- «c'est comme ça que fonctionne mon corps, comme une voiture, un vélo. En tout cas, sans pédales, il est impossible si pas très difficile de rouler à vélo»

- «à chaque fois que je pense à cette condition de vie et cette situation de séjour irrégulier, à ce dossier qui, de toute façon, occupe le centre de ma survie ici en Belgique ; mon appétit s'évapore, je m'affaibli»

Le corps mécanique établit la liaison avec le monde grâce aux informations données par les sens. Mais cette liaison n'étant pas créatrice de savoirs, les sens doivent être réfléchis.

(3) Corps-émotion [sentiment, affection] : Parler de l'émotion, c'est une question à la fois d'humeur, d'affectivité, de sentiment, etc. Si elle définit un mouvement vers l'extérieur, l'émotion comporte à la fois une dimension d'évaluation et d'expressivité du corps.

- «dans l'état actuel des choses, comme vous le voyez, j'ai la morale trop bas, peut-être avec peu de foi»

- «je suis, à cause de ma demande d'asile, soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir»

- «j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je

veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille»

- «je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier»

- «j'suis bien comme ça. Le chien aboie et a caravane passe, c'est ça »

- «Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop»

- «ce stress m'apporte la rouille dans les engrainages de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays»

Les sentiments, comme l'a aussi écrit Pierre Janet [1932], sont des comportements ayant pour but une régulation qui est apportée aux conduites naturelles et aux différentes actions de l'homme. En se construisant sur les affects [l'affect est un terme général qui englobe aussi bien émotion qu'humeur. Une émotion a les propriétés d'une réaction qui est parfois une réponse intense à un stimulus spécifique], les sentiments portent le cachet ou le stigmate de la société.

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(4) Corps-communication : Communiquer veut dire transmettre ou être en relation, être en contact. Évoquée également dans le cours des moyens de communication en éducation pour la santé, la communication est une opération qui a d'un coté l'émetteur et le récepteur de l'autre

[De Smedt Th., 2003].

Nous parlons avec notre corps, mais bien souvent nous n'en sommes pas conscients. Pour les participants, il ressort que :

- «mobali alobaka mingi te, (l'homme ne parle pas trop), même si ma bouche sert à exprimer ce que je pense»

- «quand je suis content, même d'une manière éphémère, comme c'est le cas maintenant, j'ai selon les dires des gens un visage rayonnant : j'ai l'impression de grossir en quelques seconde, je souris, j'éclate même de rire, de fois je saute, je suis hyperactif, je danse, etc.»

- «dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou quand j'suis frustré, j' tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche»

- «par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres. Par les signes de mains : en pointant ma pousse vers le haut ou vers le bas, je veux dire bon ou mauvais, par le mouvement de la tête : secouer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, signifie respectivement le refus et l'acceptation. Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouges, je respire rapidement, etc. Quand je marche rapidement, cela signifie que je suis pressé. Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en travaillant, etc. De même quand il fait chaud ou en cas de la fièvre, je transpire. Quand j'aime, j'embrasse ! Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment»

De cette façon, il est plus facile de mentir avec des mots qu'avec le corps. Il faut essayer de relier les émotions aux postures et mouvements du corps.

(5) Corps-identité : En parlant des représentations du corps nous parlons aussi du corps identitaire. Puisque pour les participants, il ressort que :

- «à travers notre corps, et en particulier notre corpulence, passent des significations sociales très profondes. L'une des plus importantes est que la corpulence traduit aux yeux de toute la part de nourriture que l'on s'attribue symboliquement, la part que l'on prend, légitimement ou non, dans le partage de la richesse sociale»

- «dans nos rapports avec l'autrui nous avons toujours tendance à définir une personne à partir de certains traits de personnalité saillant, comme l'apparence physique»

- «que ce soit dans les rapports sociaux et commerciaux ou dans les rapports familiaux, la grosseur s'impose»

- « si ce corps maigre, (mince) est valorisée par les Européens, c'est pas le cas pour moi»

- «je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps»

- «les habits que je mets ne donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille»

- «la nature a fait que je me retrouve actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est le sens à donner à la misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence»

- «rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourris et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a des certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires»

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Ainsi, la construction de l'identité ne se résout plus aujourd'hui en un noyau profond stable et permanent. Puisque, notre société est actuellement en pleine mutation. La culture postmoderne privilégie les signes extérieurs et changeants pour s'identifier et reconnaître les autres.

(6) Corps-maternité : La fonction traditionnelle du corps de la femme est sans doute celle de pouvoir concevoir, porter et donner naissance à un enfant . c'est une fonction de corps nourriciers :

- «dans plusieurs pays africains, être bien en chair signifie être en santé. C'est la preuve qu'on a assez à manger. Les hanches pleines, le bassin large promettent des accouchements faciles et les gros seins, du lait abondant»

- «ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables, sont habituellement des pays où le rôle social de la femme demeure assez traditionnel, c'est-à-dire qu'on s'attend qu'elle enfante et nourrisse la famille»

- «la maternité (...) est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son ventre, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges»

- «La femme naturelle doit avoir suffisamment des réserves pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ces réserves pour la femme se traduisent dans ses rondeurs, dans la graisse»

- «toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dis, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme»

- «la maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé»

Les gens pensent encore qu'une femme bien faite est celle qui a une hanche bien large et bien enveloppée, celle qui est capable de donner des enfants solides et en bonne santé.

(7) Corps-virilité, [force, sécurité] : Dans le système culturel, d'ici et d'ailleurs, les valeurs qui caractérisent un homme sont la force, la grosseur, la robustesse, la fermeté, la solidité, etc.

- «être gros est aussi pour moi le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité»

- «la forte corpulence pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance»

- «pour un Africain ce que nous remarquons, est que les gros ou les obèses sont censés être des responsables, dans la société des chefs de file»

- «ils sont perçus comme étant d'un commerce plus aimable, plus ouverts à la communication et à l'empathie que les mince, les maigres»

- «le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, à la force, à la stabilité, à l'aisance, à la beauté»

- «Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Parce que j'ai une grande réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions»

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- «ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueuse»

- «la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tandis qu, la pauvreté est représentée par un homme maigre, mince»

- «pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir un homme gros,

c'est avoir quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent,

responsable»

L'homme se présente et se représente comme un garant, un protecteur de la société.

b) La représentation de l'alimentation

L'aliment n'est pas seulement un combustible nutritif, lié au concept de la santé biomédicale pour subvenir aux besoins biologiques du corps, il est aussi lié d'une manière [très] complexe à la personnalité et au système de croyances de l'individu.

Le contenu de la représentation de l'alimentation

(1) Alimentation-convivialité : Les pratiques alimentaires ont beaucoup d'implications sociales et affectives. Puisque «manger» est un moment de partager le plaisir avec les amis, avec les collègues, entre les copains dans des contextes socioculturels parfois différents.

- «je veux dire qu' en famille, les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du domaine familial pour observer aussi comment l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens»

- «je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, (...). Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même si que les menus ne contenaient pas parfois la sauce des tomates avec les cubes magiques»

- «je peux vous dire que bien manger en famille, (...) avec les amis, c'est à la fois manger bon et apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir de se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement»

- «l'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. (...) mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles»

(2) Alimentation-Plaisir : La dimension hédonique est une des motivations majeures dans les pratiques alimentaires. Les gens décident de consommer l'aliment qui leur procure le plus haut degré de satisfaction même si parfois cette décision pourrait nuire à leur santé :

- «manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie» - «je vous assure que je mangeais à la maison avec un grand appétit et plaisir. Je n'ai jamais

ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je suis ici en Europe, où le stress et

la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est pas facile pour moi de manger seul»

- «malheureusement, le maintien d'une tradition alimentaire spécifique chez les immigrés africains dans leurs milieux de résidence n'est pas toujours facile à persévérer et dépend entre autre des facilités d'approvisionnement alimentaire»

- «manger peut conduire le corps à l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort»

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

- «pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu» bien préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger»

- «l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmenter le plaisir de manger»

- «quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je me retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, une extase d'appétit, un sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit»

- «C'est là où se situent, où se resserrent tous les noeuds et les sens du manger pour nous les immigrés africains. Dans ces conditions; c'est très difficile de penser aux bons aliments, à manger équilibré, à être bien avec son alimentation»

(3) Alimentation-identité : Les pratiques alimentaires sont la réponse à un besoin physiologique, psychologique et morale. C'est-à-dire que le contenu de l'assiette justifie aussi l'appartenance à un ordre social, à des habitudes, à des cultures dans lesquels l'individu se reconnaît et qui le distingue des autres. Selon les participants :

- «ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source».

- «les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré»

- «chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange»

- «derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis»

- «dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartiens».

- «en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fais allusion à la logique d'identité, des règles communes»

- «l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou»

- «j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière»

- «je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique»

(4) Alimentation-organisation : Il faut se déplacer, faire des courses, choisir, conditionner les aliments [le stockage], préparer les repas, les servir à table et enfin les ingérer.

Pour les participants :

- «manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver, conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer»

- «pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller chercher à la source, au champ. Namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko ! (dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi !). Et pour nous les «sans papiers», l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prends parfois des risques, parce que je dois survive, je dois au moins manger et boire de l'eau. Comme tout s'achète, je fais les travaux au «noir» c'est-à-dire non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle»

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

- «les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. (...). Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout et attendre le vrai repas»

- «je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00 à 02h00 du matin... Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux»

- «dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain ou des frites contre ma propre volonté, et la survie continue»

- «je m'approvisionne principalement à Aldi-supermerkt, au LIDL-supertmarkt car les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize»

- «comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité dont je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée»

La désorganisation dans son système alimentaire peut avoir des conséquences néfastes sur la santé individuelle ou collective car les gens se culpabilisent ou vivent parfois les situations incohérentes entre ce qu'ils veulent et ce que leurs corps veulent.

(5) Alimentation-santé : Une alimentation équilibrée et variée constitue le fondement du bien-être et du mieux-être physique, psychique et social de la santé globale :

- «dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment de bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va à l'encontre du commandement de Dieu, celui de sauver s vie, sa santé»

- «mon alimentation est ma santé, c'est ma vie»

- «sans manger, il n'y a pas de vie»

- «(...) ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger»

- «à savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois en ce que je dis» !

- «ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète, mais, je mange pas ce que je veux, comme je veux. Réellement, je souffre atrocement au fond de moi-même»

Tout organisme vivant doit bien et mieux se nourrir pour satisfaire à ses besoins de santé car, lorsqu'on est en bonne santé contextuelle on a l'appétit et on mange.

(6) Alimentation-survie : L'alimentation est une condition indispensable à la persistance, au bien-être et au mieux-être de l'organisme vivant. Les pratiques alimentaires sont donc un besoin fondamental, un besoin vital pour mieux dire, dont l'individu ne peut se passer :

- «les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et

d'assurer ma santé, ma survie (...) Sans ces aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé»

-

«je m'approvisionne très difficilement en ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du

jour, pour survivre et sans prévision»

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

- «je ne mange pas ici par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger «na goût», «na plaisir» (manger avec appétit et avec plaisir) par rapport à ce que je vivais chez moi en famille»

- «je ne vis pas, mais je survis. (...) ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.»

- «non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre».

3.2.Interprétation et discussion des résultats de la recherche

Selon les études de Brohn, Larrère et Lascoumes : «les parcours du corps, il faut dire des corps, sont pluriels, comme sont multidimensionnels et multi-inférentielles les matrices théoriques et pratiques qui le définissent, le repèrent, l'articulent aux autres champs de l'expérience matérielle, sociale et culturelle» [Brohm J. M. et al., 1992, p 11].

a) Les représentations du corps :

Cette réflexion semble bien introduire notre étape de discussions et l'interprétation de nos résultats de recherches. Le corps, multiple, peut tout simplement être considéré comme le moyen par lequel nous appréhendons le monde car tout nous apparaît du point de vue de notre corps.

Le corps dans toute sa globalité se révèle être la seule partie du monde qui est sentie de l'intérieur et perçue à la surface par ses différentes qualités de séduction, mécanique, sentimentale, communicationnelle, identitaire, maternelle et de virilité [selon le sexe] :

Séduction : Le corps, non pas tel qu'il est, mais tel qu'il est perçu par le regard des autres s'appréhende comme une réalité sociale. Autrement dit, les représentations du corps sont entourées par les images du corps des autres, reconstruites par rapport à elles, dans un processus de socialisation continuelle.

La forme corporelle suscite ainsi des stéréotypes communs [Guy et al., 1980, pp. 167-173], selon lesquels l'image du corps n'existe pas en soi : «j'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens». Elle est une partie du monde, l'un des aspects de l'expérience globale qui met en jeu : le corps, la personnalité (moi) et le monde extérieur.

Alors que ce qui est physiquement attrayant est [très] valorisé par la société : «what is beautiful is good» [ce qui est beau est bon (Dion et al., 1972, pp. 285-290)] : «j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette», il s'observe qu'actuellement les hommes accordent aussi plus d'importances à leurs images du corps qu'auparavant [Cash T. F. & al., 1986, pp.30-44].

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Les femmes occidentales ou occidentalisées, quant à elles, sont de plus en plus préoccupées par leur morphologie [apparence physique], poids, régime diététique, corps en général que les hommes [Pliner et al., 1990, pp. 263-73]

Les résultats de nos analyses des données dénotent que : «si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, (...) sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent d'elles-mêmes». Ainsi, comme le montrent aussi des nombreuses études, il existe des écarts plus marqués entre les corps perçus et les corps idéaux chez les femmes que chez les hommes [Fallon A. et Rozin P., 1985, pp. 102-105 ; Keeton et al., 1990, pp. 213-230].

Et pourtant, il s'avère aussi qu'en Afrique les femmes minces ou maigres trouvent difficilement les prétendants, ceux-ci associant la minceur et la maigreur au Sida. Cette perception recoupe les études de Jeanine Cogan selon les quelles, la grosseur représente le corps idéal des hommes et des femmes du Ghana [Cogan J., 1996, pp. 98-113].

Dès 1972, Karen Dion et ses collègues avaient perçu l'importance de ce stéréotype «What is beautiful is good» dans les relations sociales [Tractinsky N. et al., 2000, pp. 127-145] et de séduction. Dans ce cas, la beauté visuelle des interfaces a tendance à induire des affects positifs.

La représentation du corps-séduction apparaît comme une construction de la psychosociale du corps. Il n'est pas uniquement une évaluation de la forme corporelle, mais d'une harmonie entre les dimensions du corps, pour mieux paraître et mieux-être.

L'éducateur pour la santé doit alors chercher à établir l'équilibre entre les dimensions physiques et psychosociales du corps, puisque les gens se fient beaucoup plus à l'apparence extérieure du corps pour juger leur comportement.

Selon le modèle mécaniste l'environnement dans toute sa complexité influence considérablement le développement du comportement humain.

],

Mécanique : Les représentations du corps, avec tous ses fonctionnements biologiques et physiques, sont par essence inscrites dans cette mécanique sociale. Pour Piet Huysentruyt [2005

la représentation du corps est comparable à une machine qui a pour moteur le coeur.

Des nombreuses autres études dont celles de Pierre Janet rapprochent aussi l'homme à l'image d'une automobile qui n'a pas uniquement un moteur qui fonctionne toujours de la même manière : «mon corps est une machine dont personne ne maîtrise le fonctionnement». Elle a aussi un accélérateur qui augmente sa force du moteur et les freins qui ont une action inverse

[Janet P., 1932, pp. 59-66].

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En étant «Un» et dans son unicité, le corps physio-psycho-social fonctionne ainsi dans la diversité : «Je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, (...) comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée» L'être humain est un «tout» cohérent avec une mécanique complexe, c'est d'ailleurs ce qui fait toute sa beauté.

Pour l'éducateur pour la santé, il est essentiel dans cette vision mécanique du corps de savoir que le surpoids résulte de l'incohérence de la combinaison de trois éléments. Il y a donc lieu de distinguer les trois éléments suivants :

- l'élément biologique ou physiologique [qui comprend les facteurs génétiques, hormonaux, métaboliques et ce qu'on découvre de plus en plus, les centres de l'appétit dans le cerveau qui régulent la sensation de faim et de satiété],

- le comportement individuel, les habitudes alimentaires, l'activité physique, l'hygiène de vie, la santé psychologique, etc. qui interviennent pour beaucoup aussi. Or, le corps humain est destiné pour la pénurie et que les immigrés africains se trouvent dans l'abondance. En plus le corps est programmé pour bouger, mais à ce jour, il vit en sédentaire,

- les comportements et le contexte socioculturel qui jouent également un rôle en faisant circuler des valeurs qui influencent les modes de vie : la publicité, la restauration rapide, les produits qui se retrouvent dans le panier de ménagères [faute de moyens financiers, des représentations, de savoirs], etc.

Sentiments, émotions, affections : Le corps est un «tout» qui fonctionne en parfaite interaction et organisé en fonction d'un but commun, celui de vivre en harmonie avec tout ce qui entoure surtout son aspect émotionnel, sentimental et affectif : «mon corps est une entité à double face visible et invisible. Et c'est exactement sur cet aspect de chose que les pubs s'appuient pour imposer leur ligne de conduite, ainsi que jouer sur le comportement des gens».

Selon Pierre Janet, [1932], les sentiments sont des comportements ayant pour but une régulation qui est apportée aux conduites naturelles et aux différentes actions de l'homme. Tout en se construisant sur l'affect, les sentiments portent plus aisément le cachet de la société.

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Nos résultats des analyses révèlent : «dans l'état actuel de choses, comme vous le voyez, j'ai la morale trop bas». «À cause de la demande d'asile , je suis soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir».

Le corps est la seule partie du monde qui est sentie de l'intérieur et perçu à la surface,

[Meili-Dworetzk, 1971]

: «je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-

vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois, quand le souci m'envahit trop». Les émotions dans le processus d'adaptation sont liées aux postures et aux mouvements du corps.

Les résultats de nos analyses révèlent que : «ce stress m'apporte la rouille dans les engrainages de mon corps. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays». «Dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou quand je suis frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche».

Le corps, siège de notre individualité, prend une place prépondérante dans notre société. Il se trouve à la croisée des chemins entre la biologie, la psychologique et le social qui jugent son image : «je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier».

Alors qu'en plongeant dans le miroir, où il forge le sentiment de son bien-être et de sa séduction personnelle, l'homme individualisé voit moins sa propre image que son allégeance plus ou moins heureuse à un agencement de signes [Le Breton D., 1990]. Ces sentiments servent des signaux en éducation pour la santé, parce qu'on ne ment qu'avec des mots, mieux vaut alors de loin, se fier aux apparences.

En tant qu'éducateur pour la santé, il est essentiel de reconnaître que la lecture du psychologique et du social au travers de la relation réciproque entre individu et environnement, tente [souvent] de s'acheminer vers un état d'équilibre. C'est la lutte permanente.

Les désaccords observés sont à l'origine, parfois des stress perpétuels, affectant l'état global de la santé du sujet où, au départ, tout est lié dans un système comparable à celui de vases communicants. D'autant plus, en se détachant de l'emprise d'une vision mécanique du corps, les sens redeviennent les précieuses informateurs qui redonnent toutes leurs richesses aux notions de choix, de créativité et de communication. L'éducateur pour la santé doit tout naturellement en être attentif et surtout les écouter.

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Communication :

L'apparence corporelle occupe une position privilégiée dans

l'établissement des rapports [relations] sociaux. Comme déjà signifié plus haut, l'individu est à la fois, émetteur d'une apparence physique et récepteur de l'apparence d'autrui.

Toute rencontre entre les gens donne lieu à une émission-réception mutuelle d'impressions et d'informations par le moyen de l'apparence : «par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres». «Par les signes de mains (...), par le mouvement de la tête (...). Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouges, je respire rapidement, etc. (...). Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en travaillant, (...). Quand j'aime, j'embrasse I Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment».

Le corps est alors un instrument, un accessoire dont use le sujet pour renforcer, compléter ce qu'il dit. Il est avant tout le premier moyen de communication de l'homme qui lui permet d'établir les relations physiques avec des personnes et tout ce qui l'entoure.

Ainsi, grâce aux cinq sens dont dispose l'organisme humain, il perçoit l'univers dans sa globalité. Car au-delà du langage verbal, ce type de relations est nettement régi par deux systèmes des conventions sociales de nature différente.

L'information mutuelle des partenaires par l'apparence repose sur un système d'ordre sémiologique : c'est-à-dire que les signes du corps sont, pour l'essentiel, des sémiotiques gestuelles : «rire» et mimo-gestuelles : «clin d'oeil» ; d'une part, ce système est de nature non-verbale de langage du corps et l'apparence qui est l'objet, comme toutes les relations sociales, d'un ensemble de règles et usages concernant la pratique, qui relève de la morale, de la bienséance voire de l'étiquette, d'autre part : «mobali alobaka mingi te (l'homme ne parle pas trop), même si la bouche sert à exprimer ce que je pense». «Quand j'ai peur ou frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche».

Dans ce contexte socioculturel les gens investissent le corps comme unique valeur potentielle. Ils s'attachent à lui, en le rendant seul capable d'ouvrir le chemin vers les autres ou à le fermer. Le corps peut alors être le seul responsable de la solitude ou de capacité socialisante, celle d'aller vers les autres. Il est donc transformé par exemple par «humour» en moyen intéressant en éducation pour la santé.

Ainsi, en tant qu'éducateur pour la santé, nous devons être conscients [surtout] du fait que, le corps est façonné par les mouvements internes et externes. En se combinant, ils créent l'unicité du corps structurel et expressif.

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Et tout au long de sa vie, l'individu est constamment modulé et transformé par ses mouvements conscients et inconscients [gestes mimo-gestes]. Ils sont en temps réel les reflets de sa relation avec son environnement physique, intérieur et social qui révèlent sa motivation à vivre et à interagir à participer aux activités de santé.

Mais les mouvements du corps sont difficiles à percevoir dans son essence puisque, par définition, ils ne peuvent pas être fixés pour être analysées. Les positions en sont ainsi les résultantes. Et les sensations ainsi que les émotions corporelles sont souvent à l'origine des mouvements du corps pour s'exprimer.

Identité : Il est intéressant de le signaler ici que les hommes et les femmes semblent parfaitement s'accorder dans leur discours sur les caractéristiques corporelles jugées comme contribuant le plus à la beauté masculine et féminine : l'apparence générale, la structure du corps, la répartition du poids, le visage, le teint et les dents : «à travers notre corps et, en particulier, notre corpulence passent des significations sociales très profondes».

Des études montrent que si le rejet du corps endomorphe apparaît dans les cultures occidentales, dans les sociétés encore marquées par la faim, la grosseur symbolise par contre le succès et suscite l'attrait et non la répulsion [Greenhalgh T. et al., 2005, pp. 126-38].

Les individus revendiquent leur différence. Par l'image du corps, ils affirment leur identité et définissent des normes socioculturelles en voulant donner une image positive d'eux-mêmes. Jean-François Amadieu y fait part des quelques considérations sur la beauté et les privilèges de la beauté. Pour cet auteur, les hommes préfèrent les femmes enveloppées et en forme de tube

[Amadieu J-F., 2002].

Les résultats de nos analyses dénotent que pour les participants, les apparences, c'est ce qui compte. Cela se traduit par le discours suivant : «en tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi». «la corpulence traduit aux yeux de tous la part de nourriture que l'on s'attribue symboliquement». Le surpoids est ainsi vue comme un signal de santé chancelante.

Les expériences empiriques sont nombreuses et dénotent que les gens ont souvent tendance à considérer la grosseur comme une réaction [normale] à une situation de crise, de carence, de déficit, de misères, de pauvreté, etc.

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C'est-à-dire qu'être en accord avec son corps, s'y identifier, etc. n'est pas un choix purement personnel, mais une construction sociale : «rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourris et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a des certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires». «En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps». Cela est culturel, parce que les Africains portent avec toute fierté leur embonpoint et ils sont culturellement fiers de l'avoir pour s'y identifier. L'identité corporelle est une ouverture et une fermeture, qui interagissent continuellement dans ce monde en évolution.

Dans les sociétés occidentales et de plus en plus multiculturelles, la minceur est le critère de beauté prédominant. Ainsi, pour affronter la culture africaine, où la beauté rime traditionnellement avec l'abondance, l'éducateur pour la santé doit se baser sur les valeurs socioculturelles du surpoids afin de monter un projet cohérent.

Il est alors aisé dans le cadre de ce mémoire de comprendre que la représentation du corps au travers de son identité physique [apparence], constitue la motivation du comportement humain.

Pour l'éducateur averti, l'apparence corporelle entendue comme le corps et les objets portés par lui, sa présentation, sa représentation, c'est-à-dire l'ensemble des caractères physiques, d'attitudes corporelles et d'attributs [habits, coiffure, maquillage] est au coeur des interactions sociales de la vie quotidienne.

Ainsi affirmer son identité, c'est aussi s'impliquer, s'engager, s'investir dans ses projets choisis, etc. C'est donc sa participation dans ses projets choisis.

Maternité : La femme, de part sa physiologie, a des attributs qui sont liés à son apparence naturelle. Et depuis la création du monde [pour les croyants chrétiens], la femme est faite pour avoir des enfants : «Ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables, sont habituellement des pays où le rôle social de la femme demeure assez traditionnel, c'est-à-dire qu'on s'attend qu'elle enfante et nourrisse la famille».

De ce fait et même dans des nombreuses cultures, la femme voluptueuse ou enveloppée est associée à la femme épouse et mère. Naturellement, la femme et elle seule, peut porter l'enfant et donner la vie. La nature l'a voulu ainsi. Son corps sert à porter l'enfant et à le nourrir, jusqu'à l'enfantement.

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La maternité est ainsi un passage [très] important dans la vie d'une femme. Les résultats auxquels nous sommes arrivés, démontrent que la graisse sert à séduire [«lipos», c'est la séduction] : «la maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour bébé». Pour la femme africaine, la graisse [l'adiposité] symbolise la fertilité[Gaudio A. et Pelletier R., 1983].

Au cours de nos investigations sur terrain, une femme avec des rondeurs déclara à un homme, ce qui suit : «regarde ma capacité reproductrice et maternelle». Ce qui confirme une conviction traditionnelle, répandue dans les milieux des femmes africaines, selon laquelle : «la femme naturelle doit avoir suffisamment des réserves pour résister à la grossesse et à allaiter après accouchement».

Alors que les professionnels de santé ne cessent de lancer les cris d'alarmes, qu'il vaut mieux pour une femme enceinte être mince qu'en état du surpoids [Tab. 1 :].

Des nombreuses études confirment en effet, que la surcharge pondérale avec les graisses superflues est un élément défavorable tant pour la mère que pour l'enfant.

L'éducateur pour la santé doit mettre au devant de son plan d'actions les effets(c) de la surcharge pondérale sur la santé des gens. Une approche par problème serait par exemple intéressant dans ce cas pour la sécurité nationale. Or, ce que nous observons est que, les hommes recherchent plus la fertilité chez les femmes et que ces dernières, en revanche, se battent pour leur sécurité.

Virilité : Dans les médias, les hommes sont représentés avec des muscles volumineux, puissants, grands et/ou gros. Ils sont considérés comme les protecteurs de la planète, incarnant la puissance, la protection d'autrui : «la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance».

Il existe [apparemment] dans le monde une minorité d'ethnies qui continuent à croire que la grosseur est aussi un signe de la virilité [Greenhalgh T. et al., 2005].

L'homme aux muscles puissants est un type d'homme idéal, séduisant et donc viril. La virilité est vécue grâce à des attributs [appareil génital et caractères sexuels secondaires] qui, normalement, se développent lors de l'adolescence.

(c) Elle augmente ainsi les risques d'hypertension et de diabète pendant la grossesse, facteurs de risque bien connus d'accouchement prématuré et de complications néonatales. Une femme obèse a également plus de risque d'avoir un gros nouveau-né (macrosomie) et d'accoucher par césarienne. Une gigantesque étude suédoise* précise l'importance de ce paramètre.

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Mais certains hommes vivent mal une partie de leur corps qu'ils jugent anormale et veulent faire modifier par la virilisation supplémentaire [poids, taille, muscles], notamment grâce à l'alimentation, au traitement et par la pratique régulière de la musculation [body-building].

La virilité est aussi un autre moyen corporel de communication qui permet, le cas échéant, la restauration de l'estime de soi : «le fait d'être gros,(...), est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, à la force, à l'aisance, à la beauté».

En gardant comme constante, la force et la sexualité, expressions de la masculinité: «être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité». Cette perception est aussi valable pour les femmes.

Si la corpulence, dans des différentes conditions socioculturelles, n'a pas le même sens ; dans plupart des cas le fond reste pourtant le même : «ce que nous remarquons est que les gros ou les obèses sont censés être des responsables dans la société, des chefs de file». «Ils sont perçus comme étant d'un commerce plus aimable, plus ouverts à la communication et à l'empathie que les mince, les maigres».

Reprenons ici par exemple, et à cette étape, une entrevue informelle que nous avons eue avec un voisin de chambre [d'origine chinoise], il ressort une coïncidence en ce sens, que dans le terme chinois du «yang» et du «yin», qui dénote la force, la puissance, la dignité, terme traditionnellement masculin : «la forte corpulence est respectée et admirée». Alors que la gentillesse, la délicatesse, la douceur, etc. apparaissent comme des qualités aussi traditionnellement féminines.

Dans les sociétés africaines, les valeurs qui caractérisent l'homme [traditionnel] sont la force, la puissance, la robustesse, la fermeté, la solidité, etc. : «ma corpulence imposante, doublée de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueuse».à l'opposé des caractéristiques féminines : «pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir un homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable».

Ainsi, avoir une grande taille et/ou être gros étant valorisée culturellement, le corps petit et/ou mince, maigre suscite parfois l'insatisfaction corporelle masculine, la perte de l'estime de soi : «la pauvreté est représentée par un homme maigre, mince». Comme pour signifier : «cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Parce que j'ai une grande réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions».

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Donc, le concept de la virilité est liée à la corporéité. Et la corporéité est le rapport que chacun entretient avec son propre corps [interne et externe] pour lequel il a intériorisé depuis son enfance des usages, des sens et des normes sociales. Néanmoins, malgré les apprentissages réalisés sous l'effet de cadre humain, l'éducation échappe beaucoup aux gens qui la subissent et qui considèrent comme naturels leurs résultats traditionnels.

C'est justement dans ce caractère inconscient que doit résider l'efficacité de l'approche éducative pour la santé en voulant accompagner les gens à la persuasion des sens réels de leur perception de la virilité en accord avec leur état de la santé globale.

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c) Les représentations de l'alimentation :

Comme l'a étudié Jean-Pierre Poulain ainsi que Saadi Lihlou

 

[Poulain J. P., 2002 ; Lahlou

S., 1998], il existe des différentes catégories des représentations des pratiques alimentaires. Ainsi, dans le cadre du présent mémoire, nous avons organisé les représentations de l'alimentation autour de six dimensions interdépendantes : la convivialité, le plaisir, l'identité, l'organisation et la santé et la survie.

Convivialité : Elle voit le repas, non comme occasion classique de manger, mais celle de se réunir autour d'une table [le manger] et de faire la famille. La convivialité, c'est, être ensemble et oublier ses égoïsmes, retrouver son sentiment de bien-être : «créer un groupe d'amis, créer une famille, vivre ensemble voire l'intimité». Ainsi; la commensalité et l'ambiance, apparaissent dans les réponses et la relation sociale du bien manger [Lahlou S.,

2002] :

«l'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon

environnement». Dans cette dynamique sociale, les recherches réalisées représentant la convivialité de l'alimentation n'arrête pas de varier, selon les conditions individuelles et sociales : «mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec». Et il existe divers systèmes des tables et des cuisines pour trouver les séquences de vie : «les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici».

La manière de se placer autour des repas détermine aussi le type de la structure de la convivialité au sein de la famille. Pourtant, il y a des familles très collectives, où tout le monde mange les mêmes plats [familles africaines] et d'autres sont comme des électrons libres [familles occidentales (lisées)], où chacun se sert selon son choix.

La convivialité correspond au processus par lequel on développe et assume son rôle de convive : «la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et la dynamique», «c'est une culture communautaire», «il faut voir les immigrés africains en dehors du domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens».

Un repas doit s'estimer sur le plan nutritif [biologique] et aux satisfactions [des plaisirs] apportées à la totalité de l'être inconscient et social. Autour de la table on se réunit pour partager avec amour et plaisir ce que la nature nous offre. La convivialité qui s'associe au partage des aliments, se superpose ainsi à la commensalité [plus passive et évoque le repli sur soi] en faisant de la bouffe un grand classement fondateur de la société : les pratiques alimentaire sont une affaire de la solidarité.

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En éducation pour la santé, l'idée est ainsi de connaître les gens qui vivent autour de nous [en famille, en communauté], de les apprécier avec leurs différences, de partager avec eux des repas. Il s'agit d'un mode de vie compensatoire, qui en immigration, reproduit la solidarité d'antan dans les villages ou pays d'origine.

Plaisir : La construction de goût/ ou de dégoût à l'égard de l'alimentation est issu des représentations sociales, de même que les autres aspects [Adrien M. et Beghin I., 1993] : «manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie». Le plaisir alimentaire nous apparaît ainsi comme une des clés de la compréhension des

choix de consommation des aliments. Les consommateurs, si nous pouvons le (la) considérer ainsi, possèdent à la fois un espace de liberté pour choisir. Il est surdéterminé par un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques et socioculturels [Corbeau J. P. et Poulain J. P., 2002] : «quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je me retrouve sur les nuages eT j'éprouve un grand plaisir». Cependant : «manger peut conduire le corps à l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort».

Nous sommes au moins d'accord sur le fait que le plaisir alimentaire est à la fois, présent et important dans les qualités organoleptiques [palatabilité] : «l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmenter le plaisir de manger» et dans les images qu'un aliment véhicule [symbolique] : «je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31.

J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté» Du point de vue de l'aspect physiologique, le plaisir est une motivation fondamentale d'alimentation, une composante fonctionnelle de la sensation gustative, mais aussi tributaire de l'état de l'organisme : «dans ces conditions, c'est très difficile de penser aux bons aliments, à manger équilibré, à être bien avec son alimentation».

Pour Paul Rozin : «Food is a major source of pleasure for almost all humans : In the

elaborated forms of cuisine, the enjoyment of food has emerged as an aesthetic pleasure, with food as a form [Rozin P., 1998, p. 5]. Des toutes les manières, les pratiques de manger induisent des degrés différents de satisfaction ou d'insatisfaction : «pour moi, ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger».

Les gens préfèrent donner dans le choix alimentaire la priorité au goût/dégoût, au mode culinaire, etc. et en fonction des moyens disponibles. La palatabilité des aliments semble ainsi, être profondément formée selon la culture sociale, les repères des goût/dégoût, etc. et définissent l'identité individuelle et collective.

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Ce n'est pas parce que les gens savent qu'ils font forcément. Cette réflexion est également développée dans la thèse de Saadi Lahlou [Lahlou S., 1998]. Ainsi, en tant qu'éducateur pour la santé il ne suffit pas de démontrer le fait pour qu'il acquière une validité universelle. L'essentiel est de comprendre l'explication de sa construction.

Identité : Il est important de noter que l'interaction sociale, le positionnement dans l'espace social, le processus de construction des représentations identitaires, sont des facteurs plus importants que la vérité voire le fait ou l'acte de manger : «les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré». La nourriture est un instrument dans le domaine de l'identité collective et devient l'une des frontières dont il faut tenir compte entre les groupes en contact.

L'aliment occupe le premier plan dans l'ensemble des revendications régionales comme

Anne Hubert

[2000]

qui l'a de même observé dans son analyse consacrée à la cuisine et

politique, en voulant savoir si le plat national existe réellement. Dans cette perspective, la réduction de l'alimentation à sa stricte fonction nutritionnelle lui retire beaucoup de son intérêt [d'être en accord avec soi-même dans la chaîne alimentaire] : «derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis». En terme de l'alimentation, il est clair que l'on ne peut pas tout dire par la chimie ou la biochimie alimentaire : les glucides, les acides gras, etc.

Les pratiques de manger représentent un acte très profond, puis qu'on mange selon les us de la famille, de l'intimité, de la culture qui lient l'individu à sa base sociale, etc. : «manger me permet de me rattacher à ma source». Les spécialistes s'accordent d'ailleurs sur le fait qu'il n'existe pas de réelles ruptures en matière d'alimentation, mais simplement des écartements des normes alimentaires traditionnelles.

].

Une rupture impliquerait en effet une perte d'identité, [Fourny-Gallen, 2001, pp. 1-195

«You are what you eat» [vous reflectez ce que vous mangez [Rozin P., 1998, p. 5], «fait de la nourriture un élément doté d'un grand pouvoir de contagion sociale» [Rozin P., 1994, p.27].

Dans chaque culture les aliments, les cuisines et les mets sont utilisés pour expliciter des distances différentielles entre les groupes sociaux : «j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière». «En parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fais allusion à la logique d'identité, des règles communes»

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Les qualités symboliques de tout ce qui entre en contact avec des aliments [autres produits, emballage, individus qui produisent, transforment, vendent, mangent, etc.] se transmettent par contamination symbolique aux aliments eux-mêmes [Rozin P., 1994, pp. 25-27] : «dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartiens».

[2005]

dans son article sur les mutations des

Comme le signifie Jean-Pierre Poulain

pratiques alimentaires [le décalage entre normes et pratiques], il existe une relation d'interdépendance entre la norme diététique et la norme sociale.

L'éducateur pour la santé devra alors construire ses interventions sur le fait que l'alimentation est prescrite par l'appartenance socioculturelle : c'est-à-dire que c'est la culture qui détermine l'ordre de ce qui doit est comestible ou non, les forme de prises alimentaires, la façon dont ces aliments devront être ingérés : «manger du riz avec main».

Des études orientées vers l'approche psychologique ont aussi montré que les gens peuvent refuser d'ingérer certains aliments, jugés psychologiquement contaminés, sans pour autant que leur valeur nutritive soit mauvaise ou qu'elles présentent un danger sanitaire [Rozin P., 1994, pp. 28-36] .

Aux yeux de l'éducateur pour la santé, c'est ce qui explique l'origine de certains conflits identitaires qui se créent au travers de l'alimentation, puis qu'ils se traduisent par des comportements décalés avec la rationalité nutritionnelle ou traditionnelle.

Organisation : Selon la sainte Bible il ne faut pas s'inquiéter sur ce qu'on doit manger demain car, même les oiseaux du ciel qui n'ont pas de champs, mangent tous les jours. [Matthieu, VI : 25-29] Et encore, si à chaque jour suffit sa peine, ces oiseaux du ciel doivent quitter leur nid pour aller chercher à manger là où la nourriture se trouve : «c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous pour survivre : [dans le jargon africain, article 15 signifie : démêlez-vous pour survivre]».

Mais, si les individus se représentent la manière de s'alimenter, ils ne peuvent pas parfois les exécuter par manque d'organisation des ressources cognitives, matérielles, économiques, temporelles [Lahlou S., 1998] : «pour avoir de quoi mettre sous la dent et à boire, etc., je dois aller les chercher à la source, au champ. Et na mokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko [dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi]».

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Alors que : «je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation,. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois où je travaille pratiquement toute la nuit, [de 20h00 à 02h00 du matin], etc. Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment» !

Les résultats de nos analyses indiquent que l'aliment ne se présente pas de lui-même dans l'assiette ou dans le plateau : «manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot, mais aussi chercher, trouver, conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer». Lorsqu'on veut manger ce qu'on aime, comme on aime, quand on aime, une dose d'organisation est nécessaire. C'est-à-dire qu'il faut connaître les aliments, aller les chercher là où ils se trouvent [au champ, au supermarché, au dépôt, etc.], les traiter [de la production à la cuisson], les servir à table ou dans les plateaux et les ingérer.

C'est tout un parcours de combattant qui conduit souvent certaines personnes désorganisées sur la voie de la facilité, des plats à emporter : «je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux» «dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du kebab, du pain ou des frites contre ma propre volonté». Dans cette société de consommation on observe aussi que de plus en plus les repas hors famille se multiplient et deviennent comme des «modes» de socialisation.

Pour un expert en éducation pour la santé, il est alors important de considérer que le système de représentation individuelle s'organise autour des catégories, en fonction des objectifs de l'alimentation, de la fonction remplie par celle-ci et selon ses propriétés biophysiques et psychosociologiques. C'est ainsi que dans certaines sociétés, on identifie les aliments qui conviennent mieux aux hommes ou aux femmes ou encore aux enfants. Il existe même des aliments prévus pour des occasions ordinaires, festives ou encore funéraires.

En notre qualité d'éducateur pour la santé, nous devons admettre que l'interdépendance entre le contexte interpersonnel et social influe considérablement sur l'organisation des représentations de l'alimentation ou des pratiques alimentaires.

Santé : La relation entre l'alimentation et la santé s'applique non seulement sur les savoirs, mais aussi sur des représentations symboliques des aliments [Poulain J. P., 2002].

Les résultats de nos analyses des données montrent que les croyances relatives aux choix alimentaires affectent les représentations de la santé : «le manger me donne la force», «mon alimentation est ma santé, c'est ma vie».

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Elles constituent dans le cadre de cette étude des informations-clés à l'éducateur pour la santé, «ma santé, mon alimentation et ma vie font Un». Ces relations comprennent les concepts des aliments inoffensifs [qui ne rendent pas malade] et nutritifs [riches en vitamines, appétissant, nourrissants, énergétiques, etc.] : «mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé», «la santé vient en mangeant». Les concepts des aliments sont plus élaborés et s'appuient sur des perceptions de ce qui est bon pour la santé : «équilibrée», pour le bien-être.

L'alimentation signifie ainsi, manger beaucoup et sans danger : «manger me donne la force». Le cuisinier en chef, Piet Huysentruyt présente dans son livre, «Manger de bon coeur» plus de 150 recettes pauvres en cholestérol [Huysentruyt P., 2005].

Ainsi, l'éducateur pour la santé doit aider l'individu à penser et à bien prendre soin de son alimentation. Les pratiques alimentaires mobilisent des représentations qui guident les choix alimentaires sur le plan de la logique sanitaire avec tout ce qui est du domaine de la nutrition et diététique.

Survie : Il est au départ admis par tous que la faim est désagréable et douloureuse. Les pratiques alimentaires constituent un risque pour la survie, car «Food plays a central role in development» [Rozin P. 1998, p. 5] : «Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision», «je ne vis pas, mais je survis», «sans ces aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner».

La pratique alimentaire se représente ainsi comme une prise de risque, parfois [très] difficile pour l'individu, mais obligatoire, une lutte pour la survie : «je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante». «je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire».

Ceci explique la complexité de l'alimentation en tant qu'un phénomène de métissage, qui dépend aussi de l'aspect économique [Evans M. et al., 2001] : «je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress (...). Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit, avec du plaisir) que je vivais chez moi en famille».

Le risque global de la santé est, de facto, associé non seulement à l'aliment comme substance à ingérer par l'individu mais aussi à la situation dans laquelle il est manipulé ainsi que l'importance de ses dimensions situationnelles.

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En éducation pour la santé, il faut considérer une hiérarchie des facteurs du risque perçu de l'alimentation de la façon suivante [Kapferer J. N., 1998, pp. 203-10 ; Brunel O., 2002, pp. 129-145] :

- le risque physique lié à la santé, portant sur les attributs non perceptibles qui ne se révèlent qu'après le manger,

- le risque psychologique, lié aux sensations hédonistes qui résultent de la simulation sensorielle et de la valorisation personnelle, sociale et de l'estime de soi,

- le risque social, risque de désapprobation de la part de la société, qui se réfère à l'image que l'individu va donner de lui à travers l'alimentation,

- le risque financier lié à la perte de la somme d'argent, si e produit n'est pas bon, n'apporte pas du plaisir ou s'il peut être trouvé moins cher ailleurs.

- il y a aussi le risque de performance, dont le risque sensoriel.

Il est souvent indiqué que la surcharge pondérale a des coûts pour la société : coûts directs liés à la prise en charge médicale de l'obésité et des maladies qui lui sont associées. Il y aussi les coûts indirects liés à la perte de productivité des individus.

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d) L'organisation des représentations du corps et de l'alimentation :

Le fait de manger [l'ingestion] produit un mélange-fusion entre le corps et les substances alimentaires : nous pouvons ici évoquer la notion d'incorporation, d'intimité alimentaire, «on est

En général, lorsqu'on brasse deux ou plusieurs éléments, la résultante appelle à chaque fois les facteurs. Cette figure 4 : présente le comportement comme le produit des métissages interdépendants des représentations du corps et de l'alimentation. Les éléments qui les composent sont reliés entre eux.

Le développement du surpoids dépend du comportement de l'individu sous l'influence de ses représentations de son corps et de son alimentation. Ainsi, le résultat est observé en terme de santé ou du bien-être selon le contexte socioculturel qui constitue un dénominateur commun.

Ce reflet nous permet de donner une réponse éclairée à la question de l'organisation des éléments qui composent les représentations du corps et de l'alimentation. En tant qu'un ensemble uni, nous sommes ce que nous pensons, faisons, mangeons possédons, etc. [Paul Rozin, 1994]

Figure 6 : Organisation des représentations du corps et de l'alimentation

ce qu'on mange» [

 

Rozin P., 1994, p. 24 ; Fig. 6 :].

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e) Synthèse des résultats des représentations du corps

Les représentations du corps sont toujours entourées par les images du corps des autres, reconstruites par rapport à elles, dans un processus de socialisation permanente. Elles sont une partie du monde, un des aspects de l'expérience globale, qui met en jeu la personnalité, le corps et le monde extérieur. Autrement dit, les représentations du corps, qui sont par essence sociales, ne sont jamais isolées mais constamment accompagnées par d'autres.

Dans cette société occidentale et capitaliste, le statut de la propriété privée s'applique également au corps, à la pratique sociale de la santé et aux représentations que les en ont. Pour en dire plus, une enquête nationale de 2001 révélait cependant, que pas moins de 12% des belges souffriraient d'obésité. Et pourtant, les Flamands sont satisfaits de leur apparence, malgré les nouvelles alarmantes sur leur comportement de santé [(alimentation), le Metro : 09/ 2005].

Ce qui, en fait, relance tout le débat sur l'objet de cette étude, selon lequel le statut corporel est un fait de culture propre, régionale, national, etc. Par exemple, à l'intérieur des limites de la corpulence normale, selon les critères biomédicaux [18.5>IMC<25], il existe des grandes variations de constitution et d'image de soi : deux personnes de corpulence identique, de même taille et de même poids, peuvent vivre leur corps de façon tout à fait différente.

Mais, si la satisfaction de soi est étroitement liée aux dimensions de ses représentations du corps, les analyses de nos résultats font ressortir sept catégories d'éléments qui contribuent à leur définition : la séduction, la mécanique, le sentiment, la communication, l'identité, la maternité et la virilité.

D'après William Alexander McIntosh dans une approche traditionnelle du corps physiologique et une approche symbolique du corps, les fonctionnalistes observent les attentes des dimensions du corps et leurs liens d'interdépendance dans la définition des comportements naturels ou déviants, selon les normes sociales [McIntosh, 1996].

L'individu est donc à la fois émetteur d'une apparence et récepteur de celle de son milieu de vie. Ces représentations dualistes [externe et interne] du corps ne jouent pas uniquement sur les réactions des autres mais elles orientent également les comportements qui contribuent au retour à leur construction.

La figure 4, dans la présente étude répond donc à la question spécifique relative aux éléments qui composent la représentation du corps [Fig. 6 :].

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f) Synthèse des résultats des représentations de l'alimentation

L'alimentation ne doit pas se réduire pas à la nutrition, comme ce que nous vivons en Europe et spécialement d'une manière visible, le paradoxe anglais et américain [avec un taux de prévalence très élevé de la surcharge pondérale] où la culture nutritionnelle est très diffusée.

Les pratiques alimentaires d'acquisitions, de transformations et de prises, sont généralement définies dans les perspectives d'analyse des rôles des aliments, sur leurs valeurs nutritionnelles et des rations ou tout simplement pour mieux orienter les messages d'éducation nutritionnelle. Dans ce cas, la fonction biologique de l'alimentation est souvent considérée comme supérieure puisqu'elle est directement liée à la notion de la santé biologique.

Or, la nutrition et la diététique ne peuvent pas tout expliquer sur la problématique de santé nutritionnelle. Surtout que l'éducation nutritionnelle place les aspects de santé et de nutrition en position dominante, camouflant ainsi les autres univers alimentaires comme la convivialité, le plaisir, l'identité, le sens d'organisation, la santé et la survie.

Toutefois il apparaît que, c'est en mangeant [en tant qu'un acte intime] que les gens s'incorporent eux-mêmes et s'intègrent dans des espaces socioculturelles ainsi que dans des systèmes de significations. Cette incorporation alimentaire fait en soi l'objet d'habitudes, de pratiques, de rituels et de réglementations strictes [Rozin P., 1994]. Elles sont structurées dans un système social contextué, comme suggère aussi la théorie de site symbolique(d).

Ceci confirme l'idée selon laquelle l'alimentation est un levier du comportement de santé en ce sens qu'elle englobe l'aliment dans sa chaîne alimentaire avec ses attributs socioculturels. D'autant pu que dans le contexte actuel où de plus en plus le contact avec la terre ne nous est plus familier, ce rapport si intime à l'aliment du terroir tend à s'éloigner de notre conscience. Les produits que nous consommons ne nous apparaissent plus comme produits du travail d'un agriculteur ou d'un éleveur, d'un terroir mais plutôt comme des produits de savoirs, traités dans les usines.

Il y a donc intérêt de centrer le programme d'interventions en éducation pour la santé plus sur les représentations de l'alimentation que de la nutrition, qui habituellement relègue les autres valeurs de l'alimentation, comme facteurs de déviance. Ces facteurs représentent davantage la marque, un nombre de calories ou assemblage de vitamines, etc.

(d) L'Homo situs est l'homme social, pensant et agissant dans une situation donnée. Et, il est tout cela, en véhiculant le sens du moment, celui de sa situation avec tout le poids du passé et du changement qui s'impose. Les croyances et les mythes donnent sens et direction aux adhérents du site. Le site suppose ainsi complicité et proximité. Il est singulier mais aussi pluriel de par son ouverture sur l'environnement, sur le changement. Il est fermé et ouvert. C'est une entité immatérielle qui imprègne l'ensemble des comportements et des matérialités visibles de la contrée. Le site préfigure le caractère local des comportements [Lire Latouche S. et al., 1999].

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L'alimentation est la résultante des métissages multifactoriels des faits sociaux : elle dépend de la convivialité, du plaisir, de l'identité, de l'organisation, de la survie et de la santé. Nous estimons ainsi répondre à notre question spécifique de la recherche concernant l'identification des éléments qui composent les représentations de l'alimentation [Fig. 6 :].

g) Synthèse de l'organisation des représentations du corps et de l'alimentation

Les résultats de nos analyses catégorielles, tels qu'ils sont présentés par la figure 4:, montrent que les représentations du corps sont une construction multidimensionnelle qui comprend : la séduction, la mécanique, le sentiment, les émotion, les affects, l'identité, la maternité et la virilité.

Ces différentes dimensions sont interdépendantes dans l'explication des attitudes et des comportements à adopter par l'individu dans des diverses situations ou des circonstances sociales parfois différentes. Les représentations des corps sont ainsi définies comme un ensemble unique, un «tout» cohérent et l'alimentation, une activité à multiples facettes dont il faut en tenir compte afin de comprendre le développement ainsi que le maintien des habitudes alimentaires.

D'après les études de Anne Hubert, l'alimentation est le cristallisateur des représentations qui influencent les comportements selon les situations dans lesquelles l'individu se trouve [Hubert A., 2000].

D'après les résultats de nos analyses des données, l'alimentation mobilise un grand réseau d'éléments [dimensions] à partir desquels, on peut comprendre la complexité du développement des comportement de l'individu. Nous avons ainsi identifié six dimensions dans le cadre de ce mémoire : la convivialité, le plaisir, l'identité, l'organisation, la santé et la survie.

C'est aussi dans ce sens que pour Annie Hubert, le plat qu'elle qualifie d'emblématique, est utilisé par des groupes qui y retrouvent sécurité, bien-être, dans un souvenir idéal et idyllique d'un pays et d'une enfance qui ont perdu leur réalité. Et cela perdure tant que les gens se trouvent en situation d'exclusion ou en processus d'intégration comme les immigrés africains en Belgique [Hubert A., 2000, pp. 8-10].

Pour Claude Flschler cité par Marguerite Lavallée et al. l'alimentation est un acte universel qui est porteur de tradition et rejoignant l'identité des individus, leur rang social et leur appartenance culturel [Lavallée M. et al., 2004, p. 104], un processus d'acquisitions, d'échanges et d'utilisations, aussi un construit social [Garabuau-Moussarui I., 2002, pp. 232-248].

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Cette forme multidimensionnelle et pluri-inférencielle de l'alimentation permet de donner par métissage un sens commun à construire des relations, à situer les noyaux de sens, etc. En effet, l'individu étant ce qu'il possède, il est aussi ce qu'il mange. Il existe ainsi une parfaite interdépendance entre les représentations du corps et de l'alimentation, concourant à l'orientation des comportements de santé.

Les analyses de nos résultats dénotent également que les comportements évoluent dans le temps [grâce aux mass-médias, etc.] et dans l'espace [selon le coût, la disponibilité, le social, etc.] en fonction des contextes sociaux.

Nous présumons ainsi avoir répondu par ce graphique à nos questions spécifiques de la recherche, correspondants à la l'organisation des contenus des représentations du corps et de l'alimentation en éducation pour la santé [Fig. 6:].

h) Synthèse des résultats de photolangage du groupe

L'objet du travail de groupe était de comprendre ce que révélaient les planches photographiques des représentations du corps. En général les participants manifestent dans leurs discours si variés, une tendance favorable vers la grosseur qu'ils [les deux sexes] définissent comme critère de la santé [du bien-être], de la beauté physique, de la responsabilité, de l'autorité, de la maternité, du succès, de richesse, etc.

Les participants évoquent aussi que les représentations du corps ne sont pas un phénomène statique mais dynamique. Elles sont liées au temps, à l'espace et aux moyens [ressources] disponibles. Pour tout dire, ce sont les riches qui dictent la loi et fixent les normes de la représentation.

Du fait que ces normes se basent sur la notion de choix, elles sont susceptibles d'être à l'origine des confits de s'accepter et d'être en accord avec soi-même. Ces choix poussent les gens à ne plus s'accepter tels qu'ils sont naturellement. Ils se retrouvent ainsi inconsciemment dans le cercle vicieux infernal de la grosseur en ayant honte de leur silhouette. Ils se réfugient alors dans «le manger» en compensation par les aliments de remplissage [souvent hypercaloriques : les glucides et les lipides].

Les discours des participants révèlent aussi que les personnes enveloppées sont victimes de la ségrégation sociale les obligeant à transiger avec la société pour se faire accepter. Dans l'entre-temps, pour certains participants les mannequins ne devraient pas être considérés comme des anorexiques tendis que pour d'autres les avis sont partagés.

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Pour les participants les mannequins semblent plutôt mener une vie en contre courant avec la nature pour des raisons économiques [professionnelles] et faire plaisir aux communautés des affaires. C'est-à-dire que l'on vit gros dans sa tête, mais on apparaît mince aux yeux de la société. C'est une forme des conflits créés par le désaccord entre ce que l'on et ce que l'on est.

Ce déphasage entre l'intérieur et l'extérieur indique que le corps est un «tout» : «on mange pour être gros et on est gros parce qu'on mange». Il existe ainsi une grande complicité entre les représentations du corps dans sa dualité [visible et invisible] et de l'alimentation sur lesquelles l'éducateur pour la santé doit fonder ses interventions.

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CONCLUSION GENERALE ET PERPECTIVES DE LA RECHERCHE

4.1. Conclusion générale de la recherche

Cette étude à été réalisée entre juin et octobre 2005 auprès des immigrés africains de la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» à Anvers. Elle a voulu comprendre la représentation du corps et de l'alimentation dans des perspectives de l'éducation pour la santé.

Alors que le monde se dit à travers le corps et le corps à travers le monde, le corporéité est aussi présente dans le discours de toutes les civilisations. Il est le reflet des pressions et des mutations multiples qui sont fondées sur les valeurs et les croyances dictées par la société.

Dans ce cadre de la dynamique socioculturelle, à chaque époque, il existe des images idéales du corps qui émanent du désir d'une société de les ériger en normes et de les imposer aux individus. Si respirer, marcher, manger, etc., nous effectuons ces actes [par automatisme], sans penser pour autant, au mécanisme [très] complexe qui se cache derrière chacun d'eux.

Juste à propos, «le manger» est un acte indispensable à la vie, au maintien des fonctions vitales, à la définition identitaire, au plaisir quotidien, etc. C'est un acte banal qui cache pourtant derrière cette apparente simplicité, une réalité beaucoup plus complexe : nous pouvons ainsi parler de l'intimité de l'alimentation. Les pratiques alimentaires se présentent alors comme une manière par laquelle le corps se défend contre les agressions extérieures. Les études de Olivier Schwartz ont révélé, que dans les familles des défavorisés ouvriers, l'alimentation représente une victoire sur des frustrations et des manques antérieurs [Schwartz O., 2002]. Le surpoids apparaît alors comme la résultante des réactions à la situation de carence alimentaire, de crise, faisant des représentations du corps et de l'alimentation des produits de métissages. Cette réflexion s'est traduite dans les résultats de nombreuses recherches, selon lesquels nous sommes ce que nous mangeons [Rozin P., 1994] et ce que nous possédons

[Belk R. W., 1988].

Tout en étant guidés par la revue de la littérature, la corporéité et

l'alimentation apparaissent inextricablement liées entre elles, en un «tout» cohérent dans l'orientation des comportements. Manifestement, c'est ce qui justifie la pertinence d'adaptation de la théorie de comportement planifié [TCP d'Ajzen et Madden, (1986)] à l'explication des comportements de l'être humain au travers de ses représentations.

Sur le plan de la statistique, notre échantillon n'est pas représentatif des immigrés africains. Il a été subjectivement sélectionné, selon les règles de la recherche qualitative. Et en fonction des résultats de nos validations, à priori [pré tests] et à posteriori [restitution], la conclusion de ce mémoire n'est pas généralisable à l'échelle de tous les immigrés africains vivant à Anvers. Elle reste pour autant valable et limitée à la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» et ouvre les voies pour des recherches futures.

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4.2.Perspectives de la recherche

Les problèmes liés aux comportements selon les représentations du corps et de l'alimentation ont trait aux mécanismes [très] complexes. Ainsi, la surcharge pondérale est liée à l'appartenance sociale, qui construit le système d'influence de l'environnement et de la diffusion des normes familiales en matière d'alimentation.

a) Sur le plan méthodologique

La force du courant de pensées et d'actions «constructivistes», tiendrait à sa capacité de considérer ce qui fait l'originalité d'autres courants. Plus qu'une dépendance à sens unique, nous découvrons à l'issu de cette étude des circulations et des allers-retours, variés entre la pensée savante et la pensée profane ou naïve en éducation pour la santé.

Il serait donc intéressant de développer des réseaux pour mieux participer au processus de l'amélioration de la santé. Cependant, de tels réseaux créés, caractérisent la plupart des communautés, mais leur importance ainsi que leur capacité de favoriser l'intégration de leurs membres restent [très] variables.

D'après Altay Manço et Ural Manço, cette vison favoriserait un mode de vie permettant de développer une niche au sein de la société «majoritaire», tout en faisant partie d'une enclave ethnique qui servirait à légitimer sa propre culture [Manço A. et Manço U., 2001].

Cette société dans laquelle nous vivons est en pleine mutation. Elle crée et recrée les comportements qui s'inscrivent dans des systèmes socioculturels souvent particuliers car, c'est aussi à partir de ces comportements que sont définis les caractéristiques sociales.

Pour clarifier et concilier ces différentes questions, en rapport avec les itinéraires des représentations, l'apprentissage et les expériences dans le développement des comportements et la construction des modèles comportementaux, il serait essentiel, sur le plan méthodologique, d'avoir en éducation pour la santé, un cadre théorique et conceptuel commun [hybride et interdépendant] [Deccache A. et Meremans Ph., 2000, pp. 147-148].

En revanche, nous restons conscients dans le cadre de ce travail, que les travaux d'analyses et d'interprétations des résultats reste inachevé. Probablement le concours d'un expert et/ou l'utilisation de logiciel de traitement des résultats qualitatifs permettrait d'aboutir à des niveaux d'analyses plus poussées au cours des travaux ultérieurs dans ce domaine.

Ainsi il serait facile et aisé, d'organiser un réseau de collectes, d'analyses, d'explications des données et d'actions pérennes où tout un chacun pourrait se sentir concerné par le programme en éducation pour la santé.

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b) Sur le plan pratique

Il serait aussi intéressant en pratique de tester une nouvelle façon d'établir un vrai dialogue triangulaire [échange d'idées] entre d'un coté, les initiés [experts] en la matière et de l'autre les profanes [immigrés africains] et les politiques.

En s'appuyant par exemple sur les théories de recherche-action ou celle de co-construction de l'acceptabilité du risque du surpoids, cela permettrait d'éviter les types des projets que nous qualifions d'éléphants blancs [non avantageux] en éducation pour la santé.

Dans ce sens, la science ne produirait qu'une représentation de la réalité parmi tant d'autres, légitimant un rapprochement des différentes formes de connaissances des experts, des profanes et celles des politiques : vision constructiviste [Caillavet F. et al., 2002]. L'analyse en terme de représentation du corps et de l'alimentation dont sont issus les risques perçus du surpoids pourraient être mobilisée et activée afin de comprendre leurs différentes dimensions, tels que sont perçues par les gens.

Pratiquement, nous nous souhaitons que seules des profonds changements structurels, fondés sur des actions sociales, fiscales, d'aménagements du territoire et des politiques nationales qui garantiraient l'évolution d'une alimentation et des modes de vie sains, associés aux pratiques d'activités physiques régulières et rentables à tous.

Ainsi, sur ce terrain avec des pistes assez vaste de recherches, il serait mieux que :

- l'éducation alimentaire spécifique es immigrés africains, soit inscrite dans les priorités du

programme national de nutrition et santé [PNNS : encore en gestation] en Belgique,

- la mise en oeuvre des stratégies micro- et macro- de prévention, soit basée sur des

politiques négociées d'actions fiscales qui viseraient à taxer les aliments dénutritifs(e),

- en coopération avec des experts locaux, qu'un centre d'éducation pour la santé soit créé

au sein de la communauté «Fraternité catholique africaine-Karibu» à Anvers,

- la plate forme africaine soit appuyée dans ses actions en matière d'éducation pour la santé des immigrés africains, etc.

(e) La publication d'un rapport conjoint de l'OMS et de la FAO qui insiste sur les risques pour la santé liés à une alimentation trop riche en sucre et en graisse a provoqué des réactions très vives de la part des grandes firmes agroalimentaires. Ces dernières craignent de pâtir de la mise en oeuvre d'une stratégie mondiale en faveur d'une alimentation plus saine et plus diététique. Elles ont même mis en cause les fondements scientifiques de l'étude des deux agences et exercé des pressions pour empêcher sa diffusion. Mais, selon la RFI-afrique (28/04/2003), le lobby du sucre aurait même fait peser sur les deux organisations une menace de poids : celle d'obtenir la suspension des subventions américaines de 400 millions de dollars annuels allouées à l'OMS.

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- Rozin P., (1994), Penser, manger magique, Coll. Mutations/Mangeurs, n°149, France, pp.

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b) Ouvrages collectifs

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- Garabuau-Moussaou I., (2002), Une anthropologie par la consommation, In colloque «société et consommation», premières journées normandes de la consommation, Rouen, 26-27 mars, pp. 232-248

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- Rozin P. (1998), Réflexion sur l'alimentation et ses risques. Perspectives psychologiques et culturelles, Opcit, pp.135-47

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c) Site Internet

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d) Articles :

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- Belk R. W., (1988), Possessions and the extendend-self, In Journal of Consumer research, 15, September, pp. 139-168

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- CERIN, (2003), L'alimentation des populations migrantes : une adaptation délicate, In Bulletin alimentation et précarité, Dossier, n° 22, juillet, CERIN, pp. 1-16

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Humaines, Dossier Les représentations mentales, n° 128, juin, pp.32-35.

- Lavallée M. et al., (2004), Les représentations sociales de l'alimentation : convergences et divergences entre enfant, parents et enseignants, In Revue de l'Université de Moncton, vol. 35, n° 2, pp. 101-129

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e) Thèses, mémoires, rapport, syllabus, etc.

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- Deccache A., (1994), La compliance des patients aux traitements des maladies chroniques : approche éducative globale, Thèse de doctorat en santé publique, UCL, Belgique, 324 p.

- Deliège D., (2002), Méthodologie de la recherche : application aux sciences de la santé, SESA-UCL, Belgique, pp. 142

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- Fourny-Gallen C., (2001), De la dissonance cognitive au besoin de réassurance appliquée à la consommation alimentaire : une approche par les représentations mentales, Thèse doctorale, Nantes, France, 521 p.

- Manço A. et Manço U. (2001), Turcs de Belgique : la communauté comme logique d'intégration? Actes du VIIIème Congrès de l'Association pour la Recherche InterCulturelle Genève, 24-28 septembre.

- Lahlou S., (1994), Penser Manger. Les représentations sociales de l'alimentation, Thèse de doctorat, EHESS, France, 226 p.

- Vanasse A., (2000), Représentations de la santé: Activité physique et tabagisme, Thèse de doctorat en santé publique, UCL, Belgique, 195 p.

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ANNEXES

(a) Définition du sujet

a.1. La distribution de surpoids dans la population adulte belge

Figure 1 : Distribution de surpoids dans la population adulte belge

Les études du B.I.R.N.H. [Belgian Interuniversity research on Nutrition an Health] sur l'épidémiologie de surpoids du niveau-2 : confirment cette hausse entre 1969 et 1984 [Fig.1].

Commentaire : Pour l'année 2002 par exemple, on estime à 44% de la population belge sont en état de surpoids, dont 12% avec un IMC>30, pendant que 32% de la population présentent un IMC >25=30. [D'autres études stipulent que 50% des Belges sont en surpoids. Ce qui est une importante inquiétude sur le plan de l'épidémiologie : source : Demonte R., 2004]

La surcharge pondérale est devenue un réel problème de santé publique en Belgique. Elle concerne aujourd'hui 50 % des hommes et 30 % des femmes. A cet égard, le membre du Collège vient de subsidier un projet lancé à l'initiative de la fondation Hodie Vivere. Un réseau des «cliniques du poids» a donc été mis sur pied et douze cliniques ont déjà été sélectionnées. Aujourd'hui pour prendre part au programme du réseau des cliniques du poids, il faut déjà payer 25 € pour venir à une séance d'information, puis 65 € pour faire un bilan sans ajouter les frais réels du traitement qui suivront [Gosuin, 2002].

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a.2. Carte géographique de l'Afrique subsaharienne et liste des pays

Carte 1 : Carte et les noms des pays de l'Afrique subsaharienne

Source http://geotourweb.com/nouvellepage138.htm

o

Afrique du Sud,

o

Guinée équatoriale,

o

Angola,

o

Libéria,

o

Benin,

o

Madagascar,

o

Botswana,

o

Malawi,

o

Burkina-Faso,

o

Mali,

o

Burundi,

o

Maurice,

o

Cameroun,

o

Mozambique,

o

Cap-vert,

o

Namibie,

o
o

Centrafrique (République), Comores,

o
o
o

Niger, Nigeria, Ouganda,

o

Congo Brazzaville,

o

Rwanda,

o
o

Congo (République Démocratique), Côte d'ivoire,

o
o

Sao tome-et-principe, Sénégal,

o

Djibouti,

o

Seychelles,

o

Erythrée,

o

Sierra Leone,

o

Éthiopie,

o

Somalie,

o

Gabon,

o

Soudan,

o

Gambie,

o

Swaziland,

o

Ghana,

o

Tanzanie,

o

Guinée,

o

Tchad,

o

Guinée-Bissau,

o

Togo,

o

Kenya,

o

Zambie

o

Lesotho,

o

Zimbabwe

À l'exception de la Mauritanie

Catégories des immigrés Africains

Cette étude se déroule auprès des immigrés Africains qui résident en Belgique depuis trois ans au moins et majeurs. Pour Hyman I. [Healthy immigrant effect], reprise par les études de Renard F. et Doumont

D., (2004), les immigrés de première génération soient en meilleure santé que ceux de deuxième génération, et que ceux natifs du pays hôte. La santé des immigrés se détériore avec le temps1.:

o Les allochtone ou les autochtones : Cette catégorie n'est pas d'immigrés, elle hérite de l'immigration. Mais en Belgique, le terme allochtone désigne très largement, l'ensemble des personnes qui entretiennent un rapport avec l'immigration, et ne prend sens qu'en regard de son contraire autochtone, qui signifie en français qui est issu du sol même où il habite et qui n'entretient pas de rapport avec l'immigration. Selon les littératures, le terme «allochtone» crée la confusion. Il présente sans doute quelque utilité pour les idéologues nationalistes : L'allochtone, quoiqu'il fasse, où qu'il naisse, de quelque nationalité qu'il soit, reste marqué par l'extranéité. Et son acquisition éventuelle de la nationalité de l'État de résidence n'en fera jamais un membre à par entière de cette collectivité nationale, un «citoyen de souche». Sa subsistance est enracinée ailleurs et il sera toujours du dehors. De même selon les analyses de Chambon L., (2001), il y a une conception essentialiste, pour qui l'humain est frappé au coin d'une culture particulière, au principe de l'usage de ce terme qui prend place dans le contexte d'une société en définitive, peu ou faussement ouverte2

1 Renard F. et Doumont D., (2004), Immigration et santé des adolescents. In Série de dossiers techniques, UCL-RESO, Bruxelles, pp.

2 Chambon L., (2001), Le multiculturlisme néerlandais :

Être tolérant malgré soi. : http://www.laurentchambon.com/textes/le_multiculturalisme_neerlandais.htm

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o Les immigrés : De la deuxième génération est composée des immigrées, nés en Belgique d'au moins un parent né à l'étranger, mais qui ont conservé leur identité ainsi que leur sentiment de solidarité à l'intérieur de la communauté Africaine. Ceux de la première génération sont des immigrants Africains qui ne sont pas nés en Belgique. Certains auteurs préfèrent considérer cette dernière catégorie comme des immigrants récents, soumis au stress de l'immigration ainsi que de l'insertion sociale.

o Les réfugiés politiques, humanitaires :

Ces groupes se distinguent des autres immigrants, particulièrement de la première génération par les expériences, nettement difficiles qu'ils aient vécu en quittant leurs pays d'origines, par le caractère volontaire et non volontaire de ce départ processus migratoire , etc. L'immigré est, pour reprendre l'idée de Simmel (1969) dans la Discrétion sur l'étranger, un étranger qui est arrivé aujourd'hui mais qui restera demain. Il est un voyageur potentiel en quelque sorte. Bien qu'il n'ait pas poursuivi son chemin, il n'a pas tout à fait abandonné la liberté d'aller et venir3. «Si l'immigré est proprement un survenant qui introduit dans un groupe spatialement déterminé des caractères jusqu'alors inconnu, ses descendants, eux, nés dans ce groupe, ne le sont pas». Même s'ils ne possèdent pas la nationalité de leur pays d'accueil où ils sont nés, même s'ils sont étrangers en droit, sociologiquement, ce ne sont pas des survenants.

Les étrangers deviennent progressivement des autochtones moins marqués par la distance de leur ascendance que par la proximité de leur présence sur le territoire de l'État (Belge) qui le définit en droit, comme étranger. Il est un immigré venu vivre dans une collectivité nationale qui n'est pas la sienne, une collectivité qui lui est étrangère.

Mais voilà les immigrés ont changé. Ils se sont installés dans la société hôte, les travailleurs sont devenus des familles et les vagues d'immigration que la Belgique a connu depuis la 2ème guerre mondiale des générations, la 1ère engendrant une seconde, la deuxième, une troisième, [...]. Le provisoire est devenu durable et même définitif, la force de travail devenue ainsi la force démographique.

3 Simmel G., (1979), Digressions sur l'étranger. In (Coll.), L'école de Chicago. Naissance de l'écologie urbaine, Paris, Ed. du Champ urbain, pp. 53-59.

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(b) Cadres conceptuels et idéologiques

? Représentation

Selon Denise Jodelet, dans son ouvrage sur les représentations sociales, c'est parce que la représentation sociale est située à l'interface du psychologique et du social, qu'elle présente une valeur heuristique pour toutes les sciences humaines, à laquelle chacune apporte un éclairage spécifique sur ce concept complexe. Tous ses aspects psychologiques, sociaux, cognitifs, communicationnels, doivent être pris en compte et contribuer à approfondir la connaissance de ce concept afin d'enrichir une recherche d'intérêt commun. Les différentes approches de la représentation sociale.

Il existe différentes approches qui envisagent la façon dont s'élaborent les représentations sociales. Chacune d'entre elles, privilégie une de leurs facettes. Dénise Jodelet, dans ses travaux relève six points de vue sur la construction d'une représentation :

o Une approche qui valorise particulièrement l'activité cognitive du sujet dans l'activité représentative. Le sujet est un sujet social, porteur des idées, des valeurs et des modèles, qu'il tient de son groupe d'appartenance ou des idéologies véhiculées dans sa société. La représentation sociale se construit lorsque le sujet est en situation d'interaction sociale ou face à un stimulus social.

o Un autre point de vue insiste sur les aspects signifiants de l'activité représentative ; Le sujet, lui est producteur de sens. C'est-à-dire qu'à travers sa représentation, s'exprime le sens qu'il donne à son expérience dans le monde social. La représentation, reflet de la société est sociale, parce qu'elle est élaborée à partir des codes sociaux et des valeurs reconnues par la société.

o Une troisième approche envisage les représentations sous l'angle du discours. Ses propriétés sociales dérivent de la situation de communication, de l'appartenance sociale des sujets parlants, de la finalité de leurs discours,

o La pratique sociale est valorisée dans une quatrième optique, où le sujet est un acteur social. La représentation qu'il produit reflète les normes institutionnelles découlant de sa position ou aux idéologies liées à la place qu'il occupe,

o Dans une autre perspective, c'est l'aspect dynamique des représentations sociales qui est souligné par le fait que ce sont les interactions entre les membres d'un groupe ou entre groupes qui contribuent à la construction des représentations,

o Un dernier point de vue analyse la manifestation des représentations en postulant l'idée d'une reproduction des schèmes (configurations) de pensée socialement établie. L'individu est déterminé par les idéologies dominantes de la société dans laquelle il évolue.

L'étude de la représentation conduit ainsi à plusieurs champs d'applications, comme l'éducation, la diffusion des connaissances ou encore la communication sociale, aspects sur lesquels Serge Moscovici a particulièrement insisté dans ses recherches [Jodelet D., 1996, p. 69]. La variété de ces diverses approches enrichit la recherche sur les phénomènes représentatifs. Dans les traits ui suivent, je vais clarifier le concept de la représentation en présentant ses caractéristiques, ses caractères, son contenu et ses fonctions :

o La clarification de la représentation

D'après le dictionnaire Larousse, représenter vient du latin «repraesentare», rendre présent. Il précise qu'en philosophie, la représentation est ce par quoi un objet est présent à l'esprit et qu'en psychologie, c'est une perception, une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène, etc. du monde dans lequel vit le sujet. La représentation est l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'une figure, d'un symbole, d'un signe [Larousse, 1992].

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Ces différentes définitions contiennent des mots clés qui permettent d'approcher la notion de représentation : sujet et objet, image, figure, symbole, signe, perception et action :

- Le sujet peut être un individu ou un groupe social.

- L'objet peut être aussi bien une personne, une chose, un événement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. ; il peut être aussi bien réel

qu'imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis, [Jodelet D., 1996, p., 36]

- Le mot perception suggère le fait de se saisir d'un objet par les sens [visuel, auditif, tactile] ou par l'esprit [opération mentale].

- Le terme action renvoie à l'appropriation de l'objet perçu par le sujet.

- Image, figure, symbole, signe : ce sont des représentations de l'objet perçu et interprété.

La représentation est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social.[Jodelet D., 1996 p. 36]. Placées à la frontière du psychologique et du social, les représentations sociales permettent aux personnes et aux groupes de maîtriser leur environnement et d'agir sur celui-ci. Jean-Claude Abric définit ainsi la représentation comme une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l'individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s'y adapter et de s'y définir une place, [Abric J-C., 1996], afin de mieux saisir ce concept des représentations, je vais préciser leurs caractéristiques et fonctions.

o Les caractéristiques de la représentation

Le concept de représentation sociale est si riche et si complexe qu'il n'est pas toujours évident de le définir. Pour arriver à cerner cette notion, il est nécessaire d'ordonner et de schématiser son contenu. Nous discernerons d'une part les caractères fondamentaux d'une représentation sociale et d'autre part ses fonctions principales. Les caractères de base sont alors définis :

- Elle est toujours représentation d'un objet : Il n'existe pas de représentation sans objet. Sa nature peut être très variée mais il est toujours essentiel. Sans objet, il n'existe pas de représentation sociale. L'objet peut être de nature abstraite, comme la folie ou les médias ou se référer à une catégorie de personnes. L'objet est en rapport avec le sujet. La représentation est le processus par lequel s'établit leur relation, [Jodelet D. 1996, p. 366]. Le sujet et l'objet sont en interaction et ils s'influencent l'un l'autre. Dans la préface du livre de Herzlich C., «santé et maladie», Serge Moscovici écrit : «Il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur et l'univers intérieur de l'individu [ou du groupe]. Le sujet et l'objet ne sont pas foncièrement distincts [...] se représenter quelque chose, c'est se donner ensemble, indifférenciés le stimulus et la réponse. Celle-ci n'est pas une réaction à celui-là, mais, jusqu'à un certain point, son origine». [Herzlich C, 1996].

Dans l'étude des représentations, on s'intéressera donc au phénomène d'interaction entre un sujet et un objet. Herzlich C. définit son étude par le fait de tenter de comprendre les attitudes et le comportement qu'elles [représentations sociales] engendrent, le savoir qui circule à leur propos, dans la relation même qui se crée entre l'individu, la santé et la maladie ou le problème de santé.

o Les caractères de la représentation

- Elle a un caractère imageant et la propriété de rendre interchangeable le sensible et l'idée, le percept et le concept : Le terme image ne signifie pas la simple reproduction de la réalité, mais renvoie à l'imaginaire social et individuel. C'est la face figurative de la représentation.

- Par son caractère imageant, elle aide à la compréhension de notions abstraites. Elle relie les choses aux mots et matérialise les concepts, [Jodelet D., 1996, p. 361].

- Elle a un caractère symbolique et signifiant : La représentation sociale a deux faces, l'une figurative , l'autre symbolique. Dans la figure, le sujet symbolise l'objet qu'il interprète en lui donnant un sens. Pour Rouquette et Rateau, c'est le sens qui est la qualité la plus évidente des représentations sociales, [Rouquette M-L. et Rateau P., 1998, p. 9-29].

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- Elle a un caractère constructif : La représentation construit la réalité sociale. Pour Abric J-C., toute réalité est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l'environne. [Abric J-C, 1996, p. 12]. L'étude des représentations permet de mettre en évidence que la pensée sociale élabore la réalité selon différents modèles.

- Elle a un caractère autonome et créatif : Elle a une influence sur les attitudes et les comportements. C. Herzlich a bien montré comment les représentations de la maladie-destructrice ou libératrice-induisent des comportements : refus des soins et de recours au médecin dans le cas de la maladie destructrice, où l'on remarque la rupture avec les contraintes sociales, enrichissement sur le plan personnel, lorsque la maladie est vécue sur le mode d'une libération.

o Les contenus de la représentation

Le contenu de la représentation est appréhendé comme un champ structuré ou comme un noyau structurant. Dans la première conception, on dégage d'abord les constituants de la représentation [informations et attitude, pour reprendre les termes de Serge Moscovici], puis on recherche le principe de cohérence qui structure le champ de représentation. Cette notion de noyau figuratif, élaborée par Serge Moscovici, a été reprise et développée par Abric J-C., [1966, 1984], sous le terme de noyau central [ou noyau structurant]. Selon ce modèle théorique, il se distingue des éléments centraux et périphériques, où toute représentation est organisée autour d'un noyau central, constitué de un ou plus d'éléments dans sa structure. Et, en terme de l'éducation pour la santé, ce noyau exerce deux fonctions capitales :

- Une fonction génératrice, où le noyau central est à l'origine des éléments de la représentation. Il leur donne sens et valeur, et c'est par lui que peuvent se transformer ces éléments.

- Une autre fonction organisatrice qui détermine la nature des liens qui unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l'élément unificateur et stabilisateur de la représentation. Ce n'est que lorsque le noyau central est modifié que la représentation se transforme. Cette théorie permet dans ce sens de prévoir, [Abric J-C., 1996, p. 22].

Une représentation se définit donc par ses éléments constitutifs et par son organisation, c'est-à-dire les relations qu'entretiennent ces éléments. En d'autres termes, il s'agit du contenu et de la structure de la représentation. Les éléments qui la composent sont interdépendants sur laquelle est basée sa dépendance. En pratique, pour étudier une représentation sociale, il faut repérer ces éléments dits invariants structuraux et les relations qui les lient entre eux.

o Les fonctions de la représentation

- Des fonctions cognitives : Les représentations sociales permettent aux individus d'intégrer des données nouvelles à leurs cadres de pensée, c'est ce que Serge Moscovici a mis en évidence à propos de la psychanalyse. Ces connaissances ou ces idées neuves sont diffusées plus particulièrement par certaines catégories sociales : les journalistes, les politiques, les médecins, les formateurs, [...].

- Des fonctions d'interprétation et de construction de la réalité : Elles sont une manière de penser et d'interpréter le monde et la vie quotidienne. Les valeurs et le contexte dans lequel elles s'élaborent ont une incidence sur la construction de la réalité. Il existe toujours une part de création individuelle ou collective dans les représentations. C'est pourquoi elles ne sont pas figées à jamais, même si elles évoluent lentement.

- Des fonctions d'orientation des conduites et des comportements : Les représentations sociales sont porteuses de sens, elles créent du lien : en cela elles ont une fonction sociale. Elles aident les gens à communiquer, à se diriger dans leur environnement et à agir. Elles engendrent donc des attitudes, des opinions et des comportements. La représentation sociale a aussi un aspect prescriptif : Elle définit ce qui est licite, tolérable ou injuste dans un contexte social donné, [Abric J-C, 1996, 16].

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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- Des fonctions identitaires : Les représentations ont aussi pour fonction de situer les individus et les groupes dans le champ social [elles permettent] l'élaboration d'une identité sociale et personnelle gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de normes et de valeurs socialement et historiquement déterminés, [Mugny et Carugati, 1985, cités par Abric J-C., 1996, p. 16]. Denise Jodelet parle d'affiliation sociale que partager une idée, un langage, c'est aussi affirmer un lien social et une identité, [Jodelet D., 1996, p. 51].

- Des fonctions de justification des pratiques : Elles me semblent très liées aux fonctions précédentes. Elles concernent particulièrement les relations entre groupes et les représentations que chaque groupe va se faire de l'autre groupe, justifiant a posteriori des prises de position et des comportements. Selon Abric J-C., il s'agit d'un nouveau rôle des représentations, celui du maintien ou du renforcement de la position sociale du groupe concerné, [Abric J-C., 1996, p. 18]. Ce point de vue m'interroge par rapport à l'objet de mon étude : si la représentation du corps et de l'alimentation des immigrés africains a une influence sur leur processus d'intégration sociale, y compris sanitaire

? Représentation du corps

La réhabilitation du corps constitue l'un des aspects les plus importants de l'histoire de la vie privée. Elle modifie en effet le rapport de l'individu avec lui-même et les autres. Se maquiller, faire de la gymnastique ou du jogging, du tennis, du ski , etc., c'est prendre son corps à la fois comme fin de son activité et comme moyen. Dans certaines activités, le travail physique, le corps est un moyen, non une fin. Dans d'autres, comme la cuisine, le corps est la fin, mais le moyen est un intermédiaire, les plats que l'on prépare dans cet exemple.

Se sentir bien dans sa peau devient un idéal. Ainsi, s'occuper de son corps prend une place importante dans la vie privée, et l'on y recherche des gratifications multiples et complexes. Le plaisir du bain, de la toilette, de l'effort physique est en partie une satisfaction narcissique, contemplation de soi-même. On ne se regarde pas seulement dans le miroir avec le regard d'un autre, pour voir si l'on respecte les codes vestimentaires, mais on s'y regarde parce que les autres ne sont pas autorisés à le faire : sans maquillage, nu, etc.

S'occuper de son corps, c'est le préparer pour le donner à voir. Il ne suffit pas de montrer ses parures, ses bijoux, ses décorations. Le vêtement ou bien se fait fonctionnel, confortable, pratique, fût-ce au mépris des usages ou bien met en valeur le corps, le laisse deviner, le souligne et parfois le révèle. On fait parure désormais de son bronzage, de sa peau lisse et ferme, de sa souplesse, et le dynamisme du cadre moderne est attesté par ce que son style suggère de sportif. On laisse d'ailleurs voir de plus en plus son corps [exhibition]. Chaque étape de ce dénudement partiel commence par faire scandale, puis se répand rapidement et finit par s'imposer, du moins parmi les jeunes, aggravant la coupure entre les générations. C'est l'histoire de la minijupe, au milieu des années 1960, comme celle dix ans plus tard, du monokini sur les plages. Montrer ses cuisses ou ses seins, cesse d'être indécent. Pendant l'été, l'on voit dans les villes, des hommes en short, chemise ouverte et torse nu. Le corps est réhabilité, assumé, revendiqué et donné à voir [Prost A., 1987].

? Représentation de l'alimentation et de la sécurité alimentaire

Les principaux déterminants de la représentation alimentaire sont construits par l'apprentissage, l'expérience directe/indirecte [un des supports principaux d'informations], les préférence, les facteurs sociaux, la cuisine avec son appareil normatif, la culture et ses normes, ses rituels, ses significations morales la catégorisation des aliments, les rôle de la nourriture dans la vie quotidienne et aussi le contexte dans lequel est présenté l'aliment [Fourny-Gallen, 2001 ; Lahlou S., 2002 ; Poulain, 2002a].

La prise alimentaire a pour principal but de procurer des nutriments indispensables à la vie et au bon fonctionnement de l'organisme. Elle est aussi un moment de plaisir, qui s'inscrit dans un cadre social, relationnel et affectif. Le choix de l'aliment va revêtir toute son importance pour répondre à ces critères de vie, de plaisir et de partage. L'alimentation est un processus assez complexe, au coeur de la représentation de notre santé et la pierre de base de notre avenir [Oualid J., 2000, p. 5].

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La définition de la sécurité alimentaire, acceptée sur le plan international, est celui de la FAO [2003]. C'est l'accès physique et économique de tous, à tout moment, à une alimentation suffisante, adéquate du point de vue nutritionnel et sanitaire, et son utilisation efficace. Dans la pratique, les anglo-saxons distinguent deux types de sécurité alimentaire :

o «Food safety» qui correspond à la sécurité sanitaire et des aliments,

o «Food security» qui sans terme équivalent en français, qui correspond à la capacité de se procurer en quantité suffisante une nourriture socialement, culturellement et nutritionnellement acceptable et par des moyens normaux, c'est-à-dire sans devoir dépendre de l'aide alimentaire ou du vol.

L'absence de cette capacité est l'insécurité alimentaire ou «food insecurity». Un indice, développé au USA, y a permis d'estimer la prévalence de l'insécurité alimentaire à 4%, [Alaimo K. et coll., 1998, p. 419-426] .

Dans le domaine alimentaire, le système de représentation s'élabore par la constitution d'une catégorisation des aliments en consommables/non consommables, bon/mauvais, etc. [pensée classificatoire de Fischler]. C'est la représentation que l'on se fait du produit qui semble déterminer le type de catégorisation adopté en fonction de ses vertus, qualité, danger, goût, perception sensorielle, plaisir procuré, etc. (Chiva M., 1996).

? Représentation de l'Éducation pour la Santé

Une manière simple de parler des représentations serait de dire qu'il s'agit de l'idée que l'on se fait de [...], ce qui correspond à des états de connaissances antérieurs à un apprentissage systématique [Lacroix A. et al., 1998, p. 34].

C'est en faisant évoluer sa pensée «naturelle», composée des représentations «naïves» antérieures, que l'on a pu apprendre ce que l'on sait aujourd'hui et se développer. Les représentations du corps et de l'alimentation permettent d'observer une dualité. Ce schéma se retrouve aussi dans les représentations de l'alimentation [alimentation survie opposée à la convivialité et au plaisir, et, alimentation santé (diététique) opposé à l'organisation]. Cette dichotomie pourrait être analysée par un effet générationnel, car l'évolution des représentations du corps et de l'alimentation, ont une influence sur les constructions identitaires, [Costalat F., A-M., 2002, p. 1-20].

Pour Paul Rozin:

o Food is a major source of pleasure for almost all humans : In the elaborated forms of cuisine, the enjoyment of food has emerged as an aesthetic pleasure, with food as a form.

o Food plays a central role in development : nursing and weaning are major features of early life; there is nothing more important in early life than learning about what is or not edible.

o Food is also a centre for parent-child interaction. Such interaction is not toddlers make to their paediatricians that their toddlers accept only a very narrow range of foods.

o Food plays a central role in human folk psychology, too. People in traditional cultures typically believe that you are that you eat. They put forth the very reasonable suggestion, in accordance with most experiences in the world, that when food and food consume mix, the consumer takes on properties of the ingested food : (manger de la semoule, c'est...)

o The social role of food are particularly clear in immigrant groups, who seem to retain their ethnic identity through food long after they have become assimilate in most other ways. Similarly, food habits and taboos frequently serve as markers for particular culturally, culturally defined groups of people. The haring of food is a major feature of the expression of solidarity, just as avoidance of food haring s an expression of social distance.

o Food is often central in religious systems. The eating of an apple is the core of the Adam and Eve story. (...) in large part, food offers to the deities and the avoidance of food that are polluted by virtue of their nature or their previous human contacts.

o Eating is the principal mode of material transaction between the world and the person. Given the way that food has permeated human life, it is not surprising, [Rozin P., 1996, p. 18-24].

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Les représentations sociales du corps et de l'alimentation ont des fonctions socialisantes et socialisées qui s'inscrivent comme médiation identitaire. Face à des pratiques et des aliments inconnus, les immigrés africains se retrouvent dans une situation d'adaptation qui ne va pas sans difficultés, [CERIN, 2003, p., 1-16].

Si à long terme l'état de santé des immigrés tend progressivement à se rapprocher de celui des autochtones, leur nouvel environnement culturel constitue en soi un important facteur d'adaptation harmonieuse pour les récents immigrés et leur bien-être en dépend énormément. Leurs conditions de vie [socioéconomique et environnementale] sont inhérentes au maintien ou à la détérioration de leur santé, [Vissandjée P., 1998, p., 124-133].

En éducation pour la santé, il y a plusieurs possibilités d'y faire référence, soit :

- Ne pas la considérer, parce qu'elle apparaît comme parasitaire ou fait peur ou fait perdre du temps,

- Faire avec, et la considérer comme une source de motivation en cherchant à la faire exprimer,

- Faire contre, en a remettant en cause ou en la réfutant ou tout simplement en cherchant à la purger parce qu'il n'y a pas d'assurance qu'elle possède la vérité ou la bonne situation pour la communauté,

- Faire avec pour aller contre : c'est-à-dire s'appuyer sur elle, la considérer comme point d'ancrage, pour la transformer, créer des situations éducatives, prometteuses, où elle va pouvoir se confronter. C'est exactement dans cet ordre que nous considérons que la représentation est un déclencheur de l'apprentissage, de l'Éducation pou la Santé.

Elle n'est pas seulement faite des savoirs, mais aussi des imaginaires, des pensées symboliques, opinions, des normes, etc. et s'exprime dans les comportements, attitudes du corps et de l'alimentation. En psychologie, la représentation se définit comme un ensemble de connaissances ou de croyances encodées en mémoire et qu'on peut extraire et manipuler mentalement [Dortier, 2002]. Les représentations sont alors observables dans le discours, les mots, les messages médiatiques, les conduites, etc. [Lihlou S., 2002]. Elles guident les pratiques, mais inversement les pratiques évoluent progressivement en parallèle. Mais les représentations parce qu'elles sont les fait d'un triple ancrage : social, institutionnel et psychologique, elles sont relativement tables dans le temps [Dortier, 2002].

o Alimentation et nutrition :

La prise en charge globale de surpoids et les aspects thérapeutiques, n'apparaissent évidemment pas les seuls importants. Il nous semble que la prévention, surtout primaire constitue l'élément primordial qui mériterait notre attention particulière. Le comportement alimentaire, un processus assez complexe en est une des composantes. Il met en jeu plusieurs systèmes régulateurs chargés d'attributs énergétiques (biologiques), hédonistiques (émotionnelles et affectives) et symboliques (socioculturelles et ethniques) , qui résultent des intégrations successives. Pour mieux dire, le répertoire et l'identité alimentaire permettent aux gens de partager des valeurs communautaires et de communiquer. Des facteurs qui interviennent dans la pédagogie alimentaire, les gens semblent manger par plaisir, par préférence, selon les disponibilités alimentaires, et pour s'identifier. Alors que la sécurité alimentaire des immigrés serait fonction de la politique alimentaire macroéconomique, de l'accessibilité alimentaire, de la disponibilité alimentaire [en famille] et des facteurs des choix alimentaires qui dépendraient aussi des préférences [les préférences seraient les résultats d'intégrations des informations dans le cerveau biologie du comportement nutritionnel , à partir des diverses sources de métabolisme, de l'environnement et des propriétés sensorielles : la palatabilité et les qualités organoleptiques et nutritionnelles des aliments, individuelles et sociales. Elles permettraient de maintenir l'homéostasie interne et d'assurer la survie homéostasie externe . Mais les immigrés africains éprouveraient souvent des difficultés à associer leur état métabolique à leur alimentation et à leur choix alimentaire. Cette association dérive des épreuves diététiques acquises et des facteurs environnementaux assez diversifiés. Ces facteurs, influençant les choix alimentaires reposeraient sur les préférences individuelles, mais elles dépendent aussi des situations sociales, culturelles et économiques [Rozin P., 1998].

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Selon diverses expériences réalisées, il apparaît que la graisse des tissus adipeux provient en grande partie des lipides alimentaires et que les acides gras saturés [AGS] en sont les plus grands responsables. En outre, il y a les aliments à index glycémiques [IG] élevés, comme les sucres simples. Selon les littératures, l'ingestion du sucre simple serait indirectement liée au développement du surpoids, tandis que l'ingestion des lipides lui, l'est directement. «We do not understand why information from culture leads to affective responses in some cases and not others. It is notable that affective responses to food almost always focus on sensation associated with de mouth (or nose). To like a food essentially mens that il tastes good, to dislike il means that you are sure it tastes bad, even if you have never tried it. [...]. Affective investment seems like the best way to produce resilient enculturation»4.

o Niveau socio-économique :

Le surpoids, par son ampleur, est un phénomène déjà bien connu dans les pays développés. Il est de plus en plus fréquent chez les citadins et les nanties des pays africains. Ces pays n'y ont malheureusement jusqu'à présent pas prêté beaucoup d'attentions. La modernité des industries agroalimentaires et la croissance économique ont par contre favorisé une nutrition déséquilibrée, riche en protéines, en énergie en particulier en graisses saturées, en farines raffinées, en glucides simples, etc. et pauvre en légumes, en fruits et en glucides complexes. Darmon N. et al. (2003), reprise par Lecerf J-M., (2003) ont démontré qu'il était impossible de satisfaire à ses apports nutritionnels avec un revenu inférieur à 3.18 et 3.31€/jour, respectivement pour une femme et pour un homme.

L'auteur a également confirmé la théorie selon laquelle l'alimentation est inversement proportionnelle au niveau de revenu. Il continue en évoquant que dans le désir symbolique d'imitation «convoité», mais aussi pour des raisons de priorité, les choix alimentaires des milieux défavorisés passent parfois après certaines dépenses jugées superflues et bien sûr après les dépenses de santé5.

4 Rozin P. (1988), Human Food Selection : the Interaction of Biology, Culture and Individual Experience In Towards a psychology of Food Choice, Institute Danone, Belgium, pp. 59-86.

5 Lecrf J-M., (2005), Opcit, p., 7.

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(c) Méthodologie

Matrice 1 : Caractéristiques des participants au travail du groupe

Variables

Catégorie sexuelle

Moyenne

%

Masculin

Féminin

Total

Âge

<18 ans

0

0

0

41

0

18 ans

0

0

0

0

>18 ans

6

6

12

100

Niveau

d'instruction

Primaire

0

0

0

******** ******** ******** ********

0

Secondaire

0

3

3

25

Supérieur

1

2

6

50

Universitaire ou plus

5

3

3

25

Urée de séjour

<3 ans

0

0

0

6

0

3 ans

2

0

2

16.7

>3 ans

4

6

10

83.3

Composition
familiale

1 personne

1

0

1

4

8.3

2 personnes

2

1

3

25

3 personnes

1

2

3

25

>3personnes

2

3

5

41.7

Occupation
professionnelle

Sans emploi

1

2

3

******** ******** ******** ******** ********

25

Emploi temporaire

3

1

4

33.3

Emploi permanent

1

1

2

16.7

Chômage

1

2

3

25

Retraité

0

0

0

0

Revenu mensuelle

<625 €

0

0

0

775€
et

880€

0

625 €

1

2

3

25

>625 €

5

4

9

75

État civil

Célibataire

1

1

2

********

********

********

16.7

Marié (e)

4

5

9

75

Divorcé (e)

1

0

1

8.3

Total

6

6

12

********

100

c.1. Caractéristiques de la population de l'étude

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c.2. Guide d'entretien individuel semi-dirigé

Guide 1 : Guide d'entretien individuel semi-directif

0. Introduction

o Salutations (et accueil),

o Présentations :

- De l'intervieweur et de l'interrogé,

- Du but et des objectifs,

- Des démarches pratiques de l'entrevue.

o Sollicitation d'accord du participant pour l'enregistrement de l'entrevue.

1. Définition ou représentation de la Santé

o Parmi ces définitions de la santé, laquelle est d'après vous, la meilleure ?

o Quelles sont les motivations qui vous ont poussées à choisir cette définition ?

2. Représentation du Corps

o Comment attirez-vous sur vous l'attention des autres [...] ?

o Parlez-moi un peu de votre corps, de sa description [...] ?

o Comment utilisez-vous votre corps pour communiquer aux autres [...] ?

o Comment se comporte votre corps, lorsque vous êtes affecté par les émotions, par les sentiments, [...] ?

o Comment votre apparence corporelle vous différencie-elle des autres [...] ?

o Quels sont les effets sociaux, favorables ou défavorables que vous pouvez associer à la représentation de votre corps [...] ?

o Selon vous, en tant qu'humain (homme ou femme), que vous évoque l'image du corps [...] ?

o Quels sont vos commentaires sur la représentation de votre corps [...] ?

3. Représentation de l'Alimentaire

o Que savez-vous de votre comportement alimentaire ?

o Que (res)sentez-vous lorsque vous mangez avec appétit le repas de votre choix, [...] ?

o Comment vous identifiez-vous par votre alimentation [...] ?

o Comment vous organisez-vous pour vous alimenter, pour manger, [...] ?

o Pourquoi êtes-vous obligé de mangez tous les jours, [...] ?

o Comment, pensez-vous que votre alimentation a des effets sur votre santé, [...] ?

o De tout ce que nous avons parlé dans cet entretien, quels sont vos commentaires sur votre alimentation ?

4. Profil de (la) participant (e)

Merci de bien vouloir remplir [seul, si possible] cette fiche d'identification [annexe] des participants à notre recherche.

Date : le___/___/2005
Chercheur : Dieudonné P.
Lieu :...
Durée : de.....h....- à -....h....

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Organisation des «mots-thèmes» qui composent la représentation du Corps, de l'alimentation et de la Santé

Nous avons procédé par l'indexation de retranscrit. Elle a consisté à repérer et à extraire certains mots ou expressions particulièrement significatifs [appelés «termes»] en fonction des questions de départ, et à créer un lien entre ces termes et le texte original. Ce qui nous a conduit à la catégorisation, susceptible d'attribuer au verbatim des marques distinctives, renseignant avec pertinence sur le contenu et le classer, [Matr. 4 :].

c.3. Matrice d'organisation des représentations du corps et de l'alimentation

Matrice 4 : Organisation des représentations du Corps, de l'Alimentation et de la Santé

 
 

«Mots-thèmes» des représentations du Corps, de l'Alimentation et de la Santé

 
 
 

0

Corps

Alimentation

1

Séduction

Mécanique

Sentiments

Communication

Identité

Maternité

Virilité

Convivialité

Plaisir

Identité

Organisation

Santé

Survie

2

 
 
 

Verbale

Gestuelle

Mimo-
gestuelle

Propre

Sociale

 

Physique

sexuelle

 
 

Propre

Sociale

 

Vide

Equilibre

Capitale

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La représentation de la Santé

Le concept de santé est en évolution permanente. Son évolution est liée aux savoirs scientifiques, mutations socioculturelles, contextes socioéconomiques, etc. La santé est l'équilibre et l'harmonie de toutes les possibilités de la personne humaine. Ce qui exige la satisfaction ses besoins fondamentaux, qui sont qualitativement les mêmes pour tous les humains et une adaptation soutenue remise en cause, de l'homme à son environnement continuellement dynamique, [OMS, 1986,].

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c.4. Entretiens individuels semi-dirigés

Introduction

(DP)L'immigration entraîne un bouleversement des habitudes de vie et demande un effort considérable d'adaptation du pays d'accueil. En particulier pour ce qui concerne l'alimentation, elle induit de nouveaux comportements alimentaires faits d'emprunts de nouvelles pratiques et d'abandons de pratiques traditionnelles. Une adaptation souvent délicate qui n'est pas sans conséquences sur la santé de ces population. Je veux récolter les éléments pertinents auprès des immigrés africains sur leur représentation du corps et de l'alimentation dans les perspectives d'un projet d'éducation pour la santé. Et je vous ai personnellement choisi pour participer à ces enquêtes.

1ère partie de l'entretien semi-dirigé : sur la représentation de la Santé et du Corps

(DP) En juin dernier, au cours de notre travail de groupe, vous aviez évoqué dans votre discours , je cite : «Être gros est normal dans la majorité des pays en voie de développement. Ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables....». Dernièrement au début du mois précédent, en septembre, je vous ai administré un questionnaire pour choisir votre meilleure définition de la santé. Pour vous, la santé est l'équilibre : physique, biologique, mental, dans ma

famille. Ce qui fait mon plaisir de vivre et de profiter de ma vie avant ma mort.

C'est tout ce qui est du domaine du hédonisme de la santé !

(DP)Pour commencer, je vous prie encre de consulter ces différentes définitions de la santé ; Mais en quoi celle que vous avez choisi est la meilleure ?

(Ng)En quoi, c'est la meilleure définition pour moi !... En fait, ce qui m'a poussé à choisir cette réponse est la situation dans laquelle je vit actuellement. C'est une question intéressante : «tambola na mokili omona makambo», (il faut voyager pour savoir les choses). Ma santé, c'est tout. C'est profiter de ma vie à tout moment, ce n'est pas consulter un médecin, c'est être heureux, c'est avoir la joie de vivre. Renforcée par mon

C'est quelque chose, un trésor, un objet très précieux,

alimentation, ma santé, c'est ma vie. Sans ma santé, je ne vis pas. Oui, je crois que c'est cela.

mais très volatile. Je dois très précieusement conserver ma santé. Je compare ma santé au kérosène ou au parfum. Je dois la saisir au moment opportun et bien la conserver dans une vase étanche. Sinon, je vais la perdre. Perdre ma santé, c'est tiré une conclusion de ma mort, physique, mentale,

spirituelle et sociale.

(DP)?En disant que votre santé, c'est tout sauf votre mort : que voulez-vous dire par là ?

(Ng)(mmm)Mon cher Dido ! Si vous connaissez le comédien camerounais, Ka-l'Africain, je suis vraiment d'accord avec lui : la santé est avant tout. Oui ! N'est-ce pas, c'est grâce à ma santé que je parviens à répondre à vos questions, à me déplacer, à faire face aux contraintes de ce monde de l'immigration. C'est qui fait que je sois bien dans ma tête, dans mon corps, dans ma peau, dans mon assiette et avec la société dans laquelle je vis. C'est cela ma vie rêvée. Mais, hélas ! Il faut avoir la force pour résister, sinon on craque tout simplement : c'est-à-dire, il ne faut pas que je me laisse faire et surtout ne pas avoir honte aux yeux des autres quand je dois revendiquer le droit de ma vie.

Aussi (...), malheureusement actuellement, par rapport à la question de ce qu'est ma santé, je ne me considère pas du tout comme une personne équilibrée sur le plan surtout mental. Et cela se répercute sur ma santé physique et le reste. Je suis soumis à l'incertitude. Euh ! Je suis un mort-vivant, euh !

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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(DP)-*«Je ne me considère pas du tout comme une personne équilibrée sur le plan surtout mental». J'ai repris votre phrase : que voulez-vous dire par là ?

(Ng)Ok. C'est-à-dire que mes problèmes qui, au départ sont d'ordre psychologiques, causés particulièrement par la pression de ma situation sur moi, se transforment depuis un certain temps, de plus en plus à un problème physiologique. Ma santé en est affectée. Je souffre d'insomnie, je manque d'appétit ! Ôpla ! donc, cela me crée des sérieux problème de santé, dont la gastrite. La situation s'est aggravée lorsque j'ai eu le rejet de ma demande d'asile au commissariat général aux réfugiés et apatrides ! Envois ton feu Seigneur.

(DP)-*Si je vous ai bien suivi, votre santé est mobile. Mais comment expliquez-vous cela ?

(Ng)Mais si ! Exactement ! Je veux vous dire que ma santé n'est pas un état statique ou fixe. Elle est instable, quelque chose qui bouge, qui évolue dans tous les sens. Pour dire, je suis en bonne santé quand je vaque sans faute à toutes mes préoccupations. C'est un moyen, une arme pour moi, une résultante multifactorielle. Je vais même dire que ma santé n'est pas une, mais plusieurs qui font Un : santé psychologique, santé sociale, santé physique, santé environnementale !. Ceci pour vous dire aussi, j'ai des difficultés de pouvoir vous donner la position exacte en temps réel de ma santé. Il faut vivre avec, je crois ! parce que s'il ne va pas dans la tête ou dans le corps ou dans la communauté, comme actuellement avec les guerres sans fin qui se sont établies chez moi au pays et arrivé ici, vous savez autant que moi. Il faut profiter maintenant de cette vie, car je ne suis pas rassuré de ce qui sera demain. Les gens nous acceptent difficilement. Laissez, pardon ! Mon Dieu !.

(DP)-*Comment expliquez-vous cela ?

(Ng)Comment j'explique cela ? Mais, c'est pas parce que lorsque je suis apparemment gros ou comme j'étais et en bonne santé que je le suis vraiment. Makambo ezali moto, (il y a des affaires mon cher). C'est la forêt qui cache les arbres. Depuis cinq ans, je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Et mon dossier se trouve toujours pendant devant le Conseil d'État Belge. Cette situation sociale et administrative ne me met pas dans une situation confortable d'équilibre. Je suis très inquiet de ma situation en Belgique, je ne travaille pas, parce que je n'ai pas droit, je n'ai pas droit non plus de bénéficier d'une assistance sociale, etc. Je dirai que pour les autorités belges, je n'ai pas droit de vivre, je n'ai pas droit de satisfaire, même à mes besoins de base : article 15 : « Débrouillez vous ».

(DP)-*Je dirai donc que votre projet de vie est très affecté par l'évolution de ce dossier ?

(Ng)C'est clair. Comment faire un projet quand (silence). Vous avez mon cher ami, pour moi, en tout cas je parle de moi, ce titre de séjour est mon assise pour que je puisse me tracer une voie de vie honorable et humaine en Belgique. Ce stress me coupe d'appétit et m'oblige de mener une vie qui ne se différencie pas de celle que mène les sans abris. Du coup, mon poids a chuté de 85 kg à 60 kg. Moi qui suis d'une taille de 168 cm. Mais je commence à reprendre mon poids. Par la grâce de Dieu, cette impression de ma déconsidération par l'état belge, m'expose de facto aux divers troubles

d'ordre psychologiques, physiologiques, sociaux et la peur de me faire expulser d'un moment à un autre, etc. Cela me fragilise encore. C'est tuer le cadavre. Bref un déséquilibre global au niveau de ma vie et de la santé physique : affaiblissement, amaigrissement, psychologique : souci permanent, un peu la culpabilité, manque d'estime de soi, biologique : dysfonctionnement des systèmes circulatoire, nerveux, manque d'appétit, sociale : isolement,

mendicité, sans résidence fixe. Est-ce qu'avec tout cela vous pouvez un instant parler de la santé des immigrés africains ? Ecoutez, mon grand frère mesure 1,82 m, et il se bat ces jour pour atteindre les 100 kg, son objectif. Mais actuellement, il ne beigne qu'entre 80 et 82 kg, et il n'est pas content. Il faut le voir alors manger, (rire).

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(DP)?Selon vous, quelles sont donc les principaux déterminants de votre santé ?

(Ng)Mon Dieu, mais je l'ai déjà dit, non. Vous êtes malin, mon cher. Est-ce que vous savez que chacun est roi dans son pays. La mauvaise alimentation est pour moi moi la conséquence du manque de moyens pour survivre. Mais comme je vous ai largement expliqué tantôt que ma santé est plurielle et dépend évidemment des plusieurs facteurs que je ne sais pas vous expliquer tous. En tant qu'immigré africain, ma santé dépend d'abord de ce qui se passe dans ma tête par rapport à ma situation de séjour. Les autres facteurs suivent, dont quoi manger et comment, où dormir, la relation sociale, amusement, être dans mon corps, etc. «Un esprit saint dans un corps sain» dit-on.

(DP)Que diriez-vous en plus au sujet de votre santé comme le don de Dieu ?

(Ng)Il faut prier. Seigneur que Ton feu descende sur moi. C'est Dieu qui donne et c'est encore Lui qui reprend. Donc, à Lui seul la gloire et les louanges éternelles. Ma santé est le don de Dieu. Je ne dois pas me décourager, je dois bosser dur, je dois me battre pour la gagner et maintenir ma décision de réussite jusqu'à l'accomplissement de la volonté de mon Dieu et non pas à celle des hommes. Je met mon espoir dans le Seigneur et je suis sûr de sa parole. Je veux que les autorités belges se réveillent, qu'elles prennent conscience pour aussi me donner le droit de vivre ma vie comme eux. Ma vie c'est ma santé. Travailler, c'est la vie. Souffrir, c'est aussi la vie, mais mourir c'est le déclin de la vie et «ozangi bisengo», vous manquez le plaisir !

(DP)Si je vous ai bien suivi, vous êtes fidèle à vos croyances spirituelles. Votre corps est le temple du Seigneur. Ce qui vous renforce et vous soutien dans votre combat d'incitation des autorité belges à prendre conscience et leur responsabilité humaine à l'égard de votre existence. Votre santé est votre vie, un plaisir, une jouissance de vivre, un état instable qui bouge dans tout les sens ; C'est un équilibre entre les différents facteurs qui l'influencent. Elle est fonction des facteurs psychologiques, spirituels, physiques, biologiques, socioculturels, alimentaires, etc. Votre santé n'est pas «une» santé, mais «des» santés qui font «Un». Et, l'évolution de votre dossier de demande d'asile occupe se constitue comme le noyau de votre santé, auquel sont rattachés les autres facteurs. En allant au fond, pour vous un esprit saint ne peut qu'habite un corps saint. Votre santé est donc le don de Dieu.

(Ng)C'est ça ! Vous avez dit l'essentiel..

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(DP) Merci beaucoup (Ng). Mais en vous ayant entendu parler d'«Un esprit saint dans un corps sain». Que voulez vous dire par cette phrase ?

(Ng)Je vous répond par ceci : mwili wako ni hekalu la Mungu, hakae roho. Mbona unaichafua. Unavuta sigara, unaijaza moshi kama gari moshi inaelekea Moshi, (ton corps est le temple du seigneur, où réside son Esprit. Pourquoi, fumes-tu la cigarette est remplir ton corps de la fumée comme le

train qui va à Moshi. Mon corps doit être sain et non pas un réservoir des déchets. Pour moi tout est dit dans ce strophe, parce que mon corps n

'est pas

le dépotoir des déchets, mais le temple du Seigneur. Je dois le soigner en lui apportant les éléments nécessaires. C'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur. Voyez-vous ça !

(DP)Qu'est-ce que vous faites pour attirer l'attention des gens sur vous ?

(Ng)C'est simple et compliqué. J'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens. Je fait un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches. Je n'oublie jamais de brosser mes dents et de prendre soin de ma bouche pour éliminer les odeurs, parfois désagréables aux autres. Pour les gens comme je suis propre, je respecte mon corps, c'est ça ! Même si l'habit ne fait pas moine, j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant sa confiance dans l'Amour de Dieu. Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure.

(DP)-*Qu'est ce que vous appréciez, lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois. Qu'elle soit un homme ou une femme ?

(Ng)Vous savez, lorsque je rencontre une personne, la première chose que je regarde est sa tenue, c'est très important. Comment est-elle vêtue ! Si c'est une femme, à plus de sa coiffure et de sa tenue, j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, etc. sa beauté, appelons le chat par son nom, ses fesses, ses seins. Pour parler de ses seins, de façon générale, ils occupent une grande place dans la vie des femmes.

(DP)-*Pourquoi ?

(Ng)Parce que les seins sont des symboles de maternité, d'intimité et de sécurité. Les femmes entretiennent avec leurs seins des rapports complexes. Mais il y a aussi des gens que je rencontre et qui gagne sans effort sympathique. Oui je vie ça aussi.

(DP)Comment décrivez-vous votre corps ?

(Ng)Beaucoup de choses que je ne saurai pas tout vous expliquer : vous savez que mon corps, ce corps que vous voyez là, est une machine que personne ne maîtrise son fonctionnement à fond, sauf Dieu qui l'a créé. C'est une enveloppe sacré pour moi. Je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée. Tout y est lié, interconnecté... En cas de déséquilibre entre les différents organes, appareils et systèmes, le corps ne fonctionne plus correctement. Mais le corps que j`ai, c'est un corps meurtri. La situation est difficile !

(DP)-*Comment l'expliquez-vous ?

(Ng)Par exemple, pour le moment, je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Mon dossier se trouve pendant devant le Conseil d'État. Ce qui fait que mon corps est loin d'être en équilibre, car le souci lié à cette procédure d'asile me perturbe à fond. Ce stress m'apporte la rouille dans les engrainage de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays. Pour vous dire, franchement c'est comme ça que fonctionne mon corps, comme une voiture, un vélo. En tout cas, sans pédales, il est impossible si pas très difficile de rouler à vélo ! C'est impossible, !

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(DP)-*Comment votre corps réagit-il contre les agressions internes et externes ?

(Ng)Mmm ! Je suis chrétien croyant. Et c'est ma foi qui oriente ma réaction. Elle assure ma sécurité et conduit mes actes, disons comme ça euh ! Mais il faut la soutenir par des prières, si non ! Dans l'état actuel de chose, comme vous le voyez, j'ai la morale trop basse, peut-être avec peu de foi. J'ai un corps avec le par-choc, en carton qui se ramollie comme le carton mouillé, me rendant ainsi très est vulnérable. Je suis à cause de ma demande d'asile soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir physiquement et intellectuellement (mopaya zova (l'étranger est un idiot). À cause de ce titre de séjour. Alors que j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille, etc. N'est-ce pas là ces quelques conditions minimales pour survivre humainement. Mais l'ai-je vraiment droit ? Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop (...), etc. pfrr ! Je suis un humain comme tout le monde. Lorsque j'ai des émotion ou ai reçu des mauvaises nouvelles, je tremble, j'ai le coeur qui bat trop vite, je transpire...pour moi, ces signes me permettent d'extérioriser ce qui se passe en moi. Comme je suis croyant, je remet le tout, bonne ou mauvaise nouvelle entre les mains de mon Dieu ! Mais ce que je peux aussi vous dire, quand il faut prendre une décision, j'essaye de fois d'être rationnel à côté de mon coeur, ma foi !

-* Interruption de trente minutes (30) pour e manger !

(DP)-*Comment cherchez-vous donc à vous protéger contre ces agressions ?

(Ng)Chaque week-end je vais à l'Église, prier avec mes frères et mes soeurs en Christ et me ressourcer en Esprit à l'amical. Je vais chaque samedi prier avec la communauté fraternité africaine Karibu. Essayer de vivre spirituellement, comme les autres. C'est très difficile surtout lorsqu'il faut être tout le temps dans ces situations d'irrégularités. Nous sommes tous des passagers sur cette terre, à Dieu Seul louanges et la gloire éternelle. C'est ce que les politique ignorent (silence).

(DP)-*Voulez-vous dire que les immigrés africains ne sont pas bien accueillis en Belgique ?

(Ng)Umm ! Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais de toute les façons, je n'ai pas de choix et je pense que j'ai le droit de dire ce qui entrave mes droits humains : Dieu ne m'abandonnera pas. Peut-être ceux qui ont les oreilles d'entendre m'entendront et ceux qui ont la foi, me croiront. Ce qui est pire ! Ces conditions déshumanisantes des immigrés ! C'est pas possible, incroyable mais vrai ! C'est très frustrant pour moi que je sois ici considéré comme un «profiteur», un mendiant, un pauvre, un sans droit à la vie digne de ce nom, (...).Je l'ai senti à mon arrivée à Zav (...). (...).

(DP)-*Comment ?

(Ng)Que voulez-vous que je dise. Regardez : j'ai été contraint de dormir dans des dortoirs où dorment les tuberculeux potentiels, des fumeurs, des personnes parfois qui puent comme des cadavres. Je n'ai pas fermé l'oeil pendant le deux nuits dans ces conditions. Je n'oublierai jamais cela. Les immigrés sont des indigents, des clochards de cette société ! Vous imaginez la vie que je mène pendant ces cinq ans sans un document administratif officiel ? Ahh ! Laissez tomber. Mais mon corps est pour le Seigneur !

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(DP)-*C'est pas trop dur ce que vous dites là ?

(Ng)Comment et c'est dur en quoi ? Ne sommes-nous pas dans un État, dit de droit ou pas ? C'est la démocratie ! Mon frère il ne faut pas être distrait ou hypocrite. Excusez-moi, parce que ceux qui nous ont accueilli ici, ne veulent pas nous considérer à notre juste valeur, d'humains et autre. Les noirs, ohhh...ces africains là (...) laissez-tomber. Mais si dieu est pour moi personne sera contre moi. Puis-je encore dire quelque chose ?

(DP)-*À vos ordres. Vous avez la parole !

(Ng)Dans la langue, il est dit : «Oyebi que soki bongo ebosani to esali faute, nzoto mobimba ekofuta faute ya bongo»,(si le cerveau a oublié ou commet la faute, c'est tout le corps qui paye le frais). À chaque fois que je pense à cette condition de vie et cette situation de séjour irrégulier, à ce dossier qui de toute façon occupe le centre de ma survie ici en Belgique, mon appétit s'évapore, je m'affaibli physiquement, biologiquement, etc. Heureusement que j'ai des cassette audio des chansons religieuses qui me servent des tampons sur le plan spirituel. Tout est vaniteux dans ce monde des hommes. La terre passera et la parole de Dieu demeurera pour toujours ! Mais, si Dieu est pour moi, qui d'autre sera contre moi ! Lui qui a calmé la tempête, alors que ses disciples étaient au bord de noyade. Il est ma force, mon unique bouclier, etc. Je me remet en Lui ! Je m'agenouillerai à chaque instant pour l'adorer !

(DP)Comment utilisez-vous votre corps pour communiquer aux autres ?

(Ng)Mais, moto, oyeba e te mobali alobaka mingi te, (mon cher, sachez que l'homme ne parle pas trop) même si ma ouche sert à exprimer ce que je pense.... J'ai été éduqué comme ça et c'est aussi ce qui se passe dans ma culture. Je pense que cela renforce ma personnalité et mon caractère d'homme. Mais, comme dans une moule, mon corps doit s'adapter aux diverses situations. Par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres. Par les signes de mains : en pointant mon pousse vers le haut ou vers le bas, je veux dire bon ou mauvais, par le mouvement de la tête : secouer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, signifie respectivement le refus et l'acceptation .Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouge, je respire rapidement, etc. Quand je marcher rapidement, cela signifie que je suis pressé. Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en en travaillant, etc. De même quand il fait chaud ou en cas de la fièvre, je transpire. Quand j'aime, j'embrasse ! Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment, par exemple, appeler, etc.

(DP)-*Parce que vous parlez de marcher, quels types d'activités faites-vous durant la journée ?

(Ng)Que voulez-vous que je vous dise ! Je vous ai déjà dit, que je n'ai pas droit à la vie et même à la survie. Naturellement, j'aime le volley-ball et un peu le foot ; Mais, vous comprendrez que mon sport est la marche à pied, parce que je ne prend pas le tram et le bus si je n'ai rien dans la poche pour payer le ticket ! À la maison, pour me destresser, je reste plaqué dans mon petit fauteuil, écoutant les musique ou en visionnant la télé.

C'est tout ! Eh, et j'ai aussi le vélo, qui d'ailleurs me sert beaucoup, pour aller à mon boulot de survie !

(DP)-*Dans cette condition, est-ce que vous n'avez pas peur de grossir ?

(Ng)(Rire) Mon frère ce que je peux aussi vous avouer maintenant est que pour moi, si être gros comme ces blanc le qualifie est positivement perçue par les africains de sang et authentiques. Pour revenir aux activité physiques, il est vrai que pour moi ses bienfaits surpassent les méfaits de la grosseur. Mais, il ne faut pas que les occidentaux continuent à accuser la grosseur de tous les maux du monde, en négligeant l'ennemi le plus important, en l'occurrence les habitudes de vie des immigrés africains. C'est où le bas blesse, je crois (phrases censurées)

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(DP)-*Que signifie pour vous ce fait de vous s'agenouiller ?

 
 

(Ng)C'est un signe qui exprime ma foi, la grandeur de mon Dieu et ma faiblesse, ma petitesse. C'est

un moyen pour moi de me mettre dans un état de

demande, d'infériorité, etc. C'est l'adoration ! (rire) C'est une manière de me confier personnellement à mon Dieu... Il est Grand en Amour !

(DP)Comment se comporte votre corps, lorsque vous êtes affecté (e) par les émotions, les sentiments, etc. ?

(Ng)Pfff ! C'est d'une situation très instable que vous voulez que je vous parle. Parce que quand il fait chaud, froid ou tiède, mon corps se comporte en conséquence ! Quand je suis content, même d'une manière éphémère, comme c'est le cas maintenant, j'ai selon les dires des gens un visage rayonnant : j'ai l'impression de grossir en quelques seconde, je souris, j'éclate même de rire, de fois je saute, je suis hyperactif, je danse, etc. Mais dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche, etc.

(DP)-*Donc, c'est-à-dire....

(Ng)Une minute. Je n'ai pas fini, s'il vous plaît ! De même en cas de tristesse, d'un échec, d'annonce des mauvaises nouvelles, je met ma tête entre mes deux mains, je perd d'appétit, je pleure de fois, comme ça a été le cas par exemple, lorsque ma demande d'asile a été rejeté par le CGRA. Lorsque je me fâche, j'ai le visage ride, j'ai la dilatation des pupille, je n'hésite pas aussi de lancer les injures, à taper le poing sur la table, à pleurer, à couler mes larmes, etc. En tout cas dans les deux cas, de la tristesse ou de la joie, je perd l'appétit ! je suis rassasié par les émotions, donc...

(DP)Comment votre corpulence vous différencie des autres ... je veux savoir si votre image de corps vous distingue des autres ?

(Ng)Vous voulez savoir comment je m'identifie par ma corpulence ? C'est ça ou les aspects de mon corps qui me différencient des autres ?

(DP)Oui, oui...de tout cela...

(Ng)Eh bien ce que je vais vous dire, je suis d'une famille qui avait des moyens. En tout cas dans ma région d'origine, où je suis né et grandi en RD Congo, tout le monde connaît mon père et notre famille, parce que nous avions des magasins. Nous ne maquions de rien. Dieudonné, la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance, mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance. (...), le fait que je me sens heureux. Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Pourquoi ? Parce que j'ai un grand réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions !

(DP)-*J'ose me faire l'idée selon laquelle vous appartendriez à une famille des gros ?

(Ng)Bien sûr que oui. Dans notre famille, nous sommes tous des gros en santé. C'est dans le sang (...) parce que même mes parents sont gros. Nous le

sommes, même si cette apparence traduit aussi le signe d'aisance, de la santé, bien sûr. Les gens doivent cesser avec leur hypocrisie. Je suis à l'aise

comme ça et j'en suis fier ! Mais, mais, mais, mais (...) Pour moi, je suis convaincu que les africains aiment la grosseur même si certains veulent se

faire voir (...), je ne sais comment. C'est un choix socioculturel. Oui ! Les gens doivent arrêter de lier cela à la famine ou à perler de n'importe quoi ou de qui (...) Non !

(DP)-* En allant un peu plus en profondeur, comment votre corpulence vous distingue-t-elle des autres immigrés africains ?

(Ng)(rire)C'est très difficile à expliquer ! Mais d'un rwandais Tutsi, oui ! Parce que je n'ai pas un nez effilé. Avec ma coiffure, je m'identifie facilement au congolais qu'à un rwandais. Il y a aussi la manière dont je prononce les mots. Ah c'est difficile... C'est clair que je suis gros par rapport à une personne mince. Si la minceur dans la société d'abondance est par contre valorisée, le surpoids l'est dans les société africaine. C'est normal, je trouve (vide). J'aime gros et je n'ai pas grandi dans la famine ; c'est ça !

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(DP)-*Personnellement, comment vous vous identifiez dans votre corpulence ?

(Ng)Bien ! Je suis africain, je suis noir et du sexe masculin. Généralement d'une carrure imposant, gros. Et voilà la nature a fait que je me retrouve

actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est

le sens à donner à la

misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence. C'est dramatique, vous le savez ! En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps. Comment voulez-vous que je puisse me reconnaître dans un corps qui ne promet pas l'élégance. Écoutez, les habits que je met ne

donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille. Je ne suis pas un Éthiopien ou un Somalien, quand-même ! Les gens qui m'ont connu avant, s'ils me rencontrent aujourd'hui, ils se poseront des questions sur ce qui s'est réellement passé. Incroyable mais vrai !

(DP)-*Mais, que voulez-vous dire par «Éthiopien ou Somalien» ?

(Ng)Généralement, les éthiopiens ou les somaliens traduisent pour moi et dans le langage de mon pays la pauvreté, la misère, la famine. Vous savez mieux que moi que le corps des enfants reflète la santé de la famille, de la communauté, de a société, de la nation, du continent du monde. Ils ne mentent pas. Dieu n'abandonnera pas les siens, par ce que je ne suis pas né dans le désert, là où il n'y a pas à manger.

(DP)-*Que voulez-vous dire par là ?

(Ng)Ce corps, mon corps, celui dans lequel mon esprit habite pour le moment, c'est une enveloppe qui n'est pas la mienne. Cette enveloppement est pour les «batu ya nzala na bazanga, mawa, (les affamés et les pauvres, malheureux). En tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi et je suis certain et pour beaucoup d'africains. Je suis désolé pour le sens que les gens donnent à ce type de corpulence. C'est manquer à dire, je pense !

(DP)Bien ! Mais quels sont les effets sociaux, favorables o défavorables que vous pouvez associer à votre corpulence ou image de votre corps, actuellement ou ntérieurement ?

(Ng)(sourire) Ma grosseur c'est ma vie, c'est aussi mon plaisir même de vivre. Je vous demanderai de faire un petit tour dans votre vie. Parce que pour moi, chaque instant est une vie. Sachez que pour moi, je fait un effort pour survivre. Depuis que je grandit, je suis toujours gros. Et parmi les amis de mon âge, j'ai toujours été considéré pour le plus âgé. Comme pour dire que le fait de grossir signifiait aussi grandir, la sagesse, la responsabilité (mmm). Et ils me craignaient, surtout que je suis quelqu'un qui ne parle pas normalement trop. De ce fait, à cause de ces caractères et de ma

corpulence évidemment, j'ai toujours été nommé le chef de ma promotion.

(DP)-*Qu'est-ce que les gens ou vos collègues voyaient dans votre corpulence ?

(Ng)En moi, ils voyaient beaucoup de choses, parce que j'avais même un sobriquet : ils voyaient en moi la force, la sagesse, l'autorité et le pouvoir naturel, l'appartenance à une famille riche, etc. D'ailleurs les gens m'avaient surnommé «Pépé Kallé», l'éléphant marchant de l'orchestre Empire Bakuba. Et les grosses affaires sont mes affaires (...) Là où je fait mon job de survie, les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je met le gilet. Dieudonné, je vais vous dire qu'après mes études à l'UNIKIN, ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueuse. Vous savez aussi bien que moi, qu'en Afrique et pour les immigrés africains, même ici, la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tendis que, la pauvreté est représentée par un homme squelettique, maigre, mince. Donc, je ne crois pas encore si vraiment les européens n'aiment pas le fait d'être gros ou tout simplement ils sont manipulés par les mas-médias. Ils m'appellent d'ailleurs Ministre. Est-ce par ironie, (bfrf) !

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plus de générosités ! Mais toujours ans cette harmonie du corps, entièrement ronde. Quelle gourmandise ! Si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, les fesses, les seins, etc. sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent seules et d'elle-même... oui c'est ça mon cher !

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(DP)-*Avez-vous déjà rencontré les réactions différentes par rapport à votre corpulence ?

(Ng)Oui, oui ! Mais, vous me rappelez une histoire bizarre. J'étais alors en cinquième A du primaire. Notre classe devrait opposer une équipe de footballeur de la cinquième B. J'ai été classé défenseur comme j'étais gros. Certains de mes collègues me traitaient de chiffon, d'éponge. Mais je m'en foutais. J'étais trop fier et le suis encore de ma corpulence. J'suis bien comme ça. Le chien aboie et la caravane passe, c'est ça !.

(DP)Selon vous, en tant qu'homme, que vous évoque alors votre corpulence ?

(Ng)Depuis le début de cet entretien, nous ne faisons que parler de ça, je crois ! Déjà je vais vous dire une chose. Personne sur cette terre, personne aime avoir peu ou être petit. Les scènes se voient tous les jours dans nos vies. Et donc, pourquoi il faut interdire à quelqu'un de faire son choix d'être gros ou non ? Si être gros, pose vraiment de problème, vous en tant que (um), n'est-ce pas que c'est en Occident, ici où ils se comptent en milliers, des personnes grosses. Il me semble d'ailleurs que plus de 50% des américains sont gros, et la Belgique n'en est pas du reste. Est-ce que c'est parce qu'ils ne sont pas intelligents ou qu'ils sont forcés à être gros ? Dites le moi. Même si les immigrés africains sont venu gonfler ce chiffre. Ceci pour vous dire qu'une fois de plus que le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir, signifie pour moi, est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, la force, la stabilité, l'aisance, à la beauté, patati-patata.

(DP)Pensez-vous que les autres immigrés africains, les hommes seraient de votre avis sur la corpulence ?

(Ng)(sourire) Chacun a son choix à faire pour sa vie, mais qui dans la plus part des cas est dicté par l'éducation de base au niveau de chaque famille. C'est une affaire de la culture mon ami et mon frère. Vous savez il n'y a pas de règles sans exception. Il est de tout évidence que pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir une homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable, etc. Être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité : soyons sérieux et honnête. Parfois, il faut rester là où on est.

(DP)-*Quel est le sens que vous donnez au corps d'une femme enveloppée ?

(Ng)Dieudonné, je vais vous dire que la conscience de chacun reste le juge ultime en ce sujet. C'est vraiment relatif, mais ce que je vous dis me concerne personnellement. Une femme enveloppée est pour plus mignonne, coquine ! Nous sommes et demeurons tous des africains, même immigrés bien intégrés, mais pas aliénés. Si pour les sociétés occidentales, les gros sont rejetés, il est important de souligner que la grosseur symbolise le succès social et suscite l'attrait et non la répulsion. Du moins pour moi, la rondeur est liée à la douceur, à la tendresse, à la beauté africaine ! Comme beaucoup d'hommes africains, j'aime les femmes rondes et leur rondeur. Je trouve que ces femmes possèdent tous les attributs naturel féminins qui peuvent me séduire.

(DP)-*Vous voulez dire que c'est une pratique de séduction en grande échelle ?

 
 

(Ng)Tout à fait : moi je dit absolument oui ! C'est une séduction à grande échelle, qui ne veut autrement que dire,

plus de formes donc plus de seins,

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

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(DP)-*Est-ce la rondeur est-elle suffisant pour donner le sens de la féminité africaine ?

 
 
 

(Ng)Non ! Bien entendu la rondeur n'est pas suffisante : le charme, la séduction et une tête bien remplie, sont autant d'atouts, parce que

la rondeur et la

poitrine généreuse est souvent liée à douceur, à la tendresse. Pour moi, une femme ronde, elle est une femme, selon mon coeur et mon goût authentique. Tiens ! en parlant de poitrine généreuse, voilà une constance de séduction chez les femmes rondes... En règle général, elles savent parfaitement en jouer, pour mon plus grand plaisir... Et une fois sous la couette, quand on est gourmand comme je le suis ! Je pourrais aussi vous dire que je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle (?), plus..., et plus...Mais ceci est une autre histoire. Peut être, un de ces jours, au détour d'une rue...

(DP)-*Je voudrai savoir ce que vous attendez de la corpulence d'une immigrés africaine ?

(Ng) Mais tout est dit mon cher. La maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé... En sautant de coq à l'âne, une femme, africaine dans une robe ou dans une jupe, pour moi n'expose pas la beauté authentique. Pire encore ici en occident, quand tout le monde se confond dans le pantalon, on ne sait plus qui est qui est homme ou femme. C'est la démocratie ! Et puis, une femme lokola nzete ya pondu, comme la bouture de manioc (mince) ou des gros seins sans fesses ne vaut la peine. Moi, je veux un camion rempli des marchandises et non pas une voiture vide. C'est ça ! Une silhouette iconique !

(DP)-*Par curiosité, parlez-moi un peu de la corpulence de votre épouse ?

(Ng)Quelle curiosité ! Mais, il n'y a pas de problèmes mon cher (rire), nous allons voir et apprécier ensemble. Euh ! La corpulence de ma femme que j'ai choisi pour ma famille et construire ma vie, a une signification très profonde pour moi : sa générosité, sa douceur, sa tendresse, son amour, sa beauté africaine... sont authentiques, je l'adore ! Elle est là sur la photo. Entendez, je vais vous la présenter. Dans ce corps je voyais la maternité assurée. Elle est là, loin de mes yeux mais tout près de mon coeur, avec notre petit garçon, notre fils «Grâce», est son nom.

(DP)-*Qu'est-ce que vous voulez dire de la maternité assurée ?

(Ng)La maternité ! Elle est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son sein, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges de la terre, comme déclamé, Camara Laye : «femme noire, femme africaine». Une femme pour moi, doit avoir la peau tendre, lubrifiée et non pas sèche, musclée comme un homme. Ce qui se passe ici est contre la nature, où les femme se confondent aux hommes dans leur corpulence. Je ne sais d'ailleurs pas si elles allaitent leurs enfants, parce qu'elle s ne veulent même pas concevoir, seulement (...) !

(DP)-*Donc, pour vou, la maternité est cette capacité de la femme de concevoir, d'accoucher et d'assurer l'allaitement au sein par la suite. Et que plus la femme est mince ou maigre, plus, elle court le grand risque de ne pas jour pleinement ce rôle de la femme, de sa maternité ?

(Ng)Oui ! Je crois que toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme. La femme naturelle doit avoir suffisamment de réserve pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ce réserve pour la femme se traduit dans sa rondeur, dans la graisse. Vous comprenez ainsi, que dans le cas d'insuffisance ou d'absence de ce réserve en graisse, le risque est grand pour les accouchements prématurés ou même de faire des mort-nés. La catastrophe, n'est-ce pas ! Dites-le moi !

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(DP)Quels sont vos commentaires sur l'idée que vous vous faites de votre corps ?

(Ng) L'Occident avec ses mas-média veut en effet exercer une influence sur le regard des hommes, particulièrement les africains. Mais la plupart d'entre eux ne voient pas les femmes minces et préfèrent les femmes rondes. Mais ce que je dois sincèrement vous dire ceci : la comparaison n'est pas la raison. Je me suis fait une réflexion qui m'était déjà passée par la tête : mon Dieu que les femmes blacks sont belles quand elles sont rondes ! Et inversement, est-ce que c'est le coté exotique qui fait ça, ou les rondes de couleur sont-elles vraiment plus belles ! Peut-être sont-elles tout simplement plus belles car mieux dans leur peau. La rondeur étant, en tout cas, il me semble d'après les quelques témoignages que j'ai vu, mieux acceptée, voir même appréciée par les hommes, moi y compris dans les cultures afro ! Ou le coté esthétique de la culture afro met-il simplement plus les femmes rondes en valeur. Rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourries et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a un certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires.

(DP)-*Est-ce que je peux oser vous dire que votre apparence actuelle, est trompeuse ?

(Ng)oui et non. Mmm, vous n'avez pas tord. Je crois que l'image de mon corps actuel relève du schéma corporel au niveau social critique dans lequel je

suis. Elle est selon le contexte, loin de ce que je veux être. Comme la santé, mon corps est une entité à double face visible et invisible. Et c'est

exactement sur cet aspect de chose que les pubs s'appuient pour imposer leur ligne de conduite, ainsi que jouer sur le comportement des gens. Voilà c'est ce qui crée de fois la non coïncidence entre la représentation du corps physique et l'image réelle que l'on s'en fait, son corps invisible que je considère comme l'idéal.

(DP)-*Est-ce que cette situation de déphasage vous affecte-t-elle ?

(Ng)Ah oui ! Vous savez qu'à cause de ce déphasage, mon corps et devenu une source de ma culpabilité et de la honte de mon identité personnelle. Être maigre, n'est pas mon état préféré. Je pense que des efforts devront être consentis par les décideurs pour éviter aux immigrés Africains, (comme moi) de tomber dans ce genre de piège, qui banalise la culture africaine. Si mon corps physique est le reflet de mon corps invisible, il est à jamais le temple de mon Seigneur

(DP)Donc, votre corps est visible et invisible. Entre votre corps visible et votre corps invisible, il existe une relation réciproque d'influence pour être en équilibre, en santé et dans un environnement global. Ainsi, votre corps serait un outil de la séduction, un moyen de communication, un sièges des émotions, des sentiments, des affects, etc., un structure mécanique, un trait identitaire, un signe du pouvoir, de la force, de la protection et d'autorité naturelle, le temple du seigneur, le témoin de la santé, etc.

(Ng)Tout à fait, c'est très complexe oui !

(DP)En tout cas merci beaucoup de m'avoir accueilli chez vous et surtout de bien vouloir m'accorder cet entretien aussi riche. Le temps nous étant très limité, je souhaiterai revenir en vous la semaine prochaine pour la seconde partie de notre entrevue. Merci encore, et je vous laisse ces quelques heures, le temps de vous préparer pour votre job de «survie». C'est grave, la vie.

Merci encore «Ng».

(Ng)Pas de quoi et à la semaine prochaine, si Dieu le veut. Prenez soin de vous, car chaque instant est une vie ! Chiao.

(DP)Merci et à la semaine prochaine pour la dernière partie de notre entretien. Merci beaucoup pour votre accueil, vote générosité et surtout de vos disponibilités !

Fait à Anvers, le 09/10/005 : de 15h00' à 16h15' (45'+30'=75', y compris les temps (30') de manger)
Participants : Dieudonné Pascal (DP) et (Ng)

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2ème partie de l'entrevue semi-dirigée : la représentation de l'Alimentation

Introduction

(DP)La semaine passée, d'avant, je veux dire, nous avons parlé de l'idée que vous vous faites de votre santé et de votre corps. Plusieurs facteurs ont été identifiés, dont l'alimentation. Cette seconde partie de notre entretien portera spécifiquement sur la représentation de votre alimentation, le sens que vous lui donnez dans votre vie, ce que vous en pensez. Je veux surtout que nous puissions plus parler de vous que des autres. Merci encore d'accepter que je puisse enregistrer cet entretien sur une cassette audio. De toute façon elle reste votre propriété privée.

(Ng) Il y a pas de problème. Nous restons dans le cadre prescrit par votre travail, comme vous me lavez communiqué au téléphone. Je suis à votre disposition, donc.

(DP)Et pour commencer, que savez-vous de votre alimentation ?

(Ng) Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, parce que mon père est polygame. Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même

si de fois, les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques.... Je vous assure que je mangeais

 

à la maison avec un grand

appétit et plaisir. Est-ce que vous savez apprécier le goût du riz quand vous mangez avec la fourchette ou à la main ! Ca c'est authentique. Je n'ai jamais ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je suis ici en Europe, où le stress et la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est

pas facile pour moi de manger seul... Pour le moment, mon alimentation est la survie et le moyen de survivre : c

'est avaler n'importe quoi sans en avoir

plus d'infos sur les conséquences dans le temps. De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision. Alors que manger,

c'est pour moi, manger ou s'alimenter naturellement. C'est-à-dire avec des aliments vrais. Et non pas faire manger les gens les produits travaillés dans les laboratoire comme des cobayes. De n'importe quoi !

(DP)-*Que voulez-vous dire par «manger au taux du jour» ? ?

(Ng) Sachez que manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver,

conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer. Ce processus n

est pas aussi évident pour les immigrés africains surtout s'ils sont des «sans

lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour

papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, régulier, vous êtes cuit pour la survie !

(DP)-*C'est-à-dire que sans ce document vous ne pouvez pas vivre : c'est cela...

(Ng) (sourire)Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie. Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller

les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko ! (dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi !). Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau.

Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les

pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle. (DP)-*Qu'est-ce que vous aimez manger dans cette situation

difficile ?

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(Ng) «Loso na pondu», du riz avec du sombé (feuille de manioc) ! Je suis né dans la région de (X) en RD du Congo. Cette région est réputée dans la production du riz. Je suis né et grandi dans et par le riz. Il y a aussi d'autres aliments, comme les bananes, le foufou, les patates douces. Mais, pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger.

(DP-*Qu'est-ce qu'un aliment pour vous ?

(Ng) Un aliment est tout ce qui se mange ! Attention, il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés comme des poisons. Je vais

! De la cigarette, en passant par l'eau au riz,

citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent

je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection. Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent.

(DP-*Quelle signification vous donnez-vous aux lipides dans votre alimentation ?

(Ng) Je vais vous dire que dans le cadre de cette entrevue, vous devez retenir que l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmente le plaisir de manger. Moi personnellement je n'aime pas manger les repas préparé sans huile. Il n'est pas possible de faire la sauce rouge... En outre manger de la graisse, de l'huile est aussi le signe d'aisance !. «Recevoir sa part du porc bien gras», est une expression qui trouve tout son sens ici. Oui..., le goût et

l'apparence du plat, est le travail de la graisse !

(DP)-*Quels sont les rôles de ces aliments dans votre organisme ?

(Ng) Je ne suis pas biologiste ou scientifique, mais pour moi, les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et

d'assurer ma santé, ma survie. Ils sont composés des nutriments qui entretiennent mon équilibre physique, biologique, psychique et sociale.

Sans ces

 

ma

aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé. Vos savez, Dieudo,

survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu ! Mmm..., mais, mais, malheureusement dans beaucoup de cultures africaines, les gens mangent deux fois par jour et leurs organismes s'en sont ainsi adaptés. Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin. Cette situation est pour moi un risque qui sait qu'elle toucher ma génétique, si j'y demeure !

(DP)-*Mais alors quand et où aimez-vous manger ?

(Ng) Je peux vous dire que bien manger en famille, surtout à midi et le soir, de fois avec les amis, c'est à la fois manger bon et manger sainement,

apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir ! Se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement. L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. Je crois que mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles, etc.

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Ces

concerne les légumes, je crois le pondu est aussi un légume vert. Et si vous voulez parler des salades ou des légumes frais et crus, je suis désolé !

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histoires ne sont pas de mon goût. Ca coûte cher pour rien. Etondisaka mpe te, (ça ne fait pas rassasier). Normalement, je mange d'abord pour apaiser la faim et survivre, puis par envie et le reste. Seulement ma marge de choix étant très limitée dans mon alimentation, j'essaye d'être plus rationnel. Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas.

(DP)Que (res)sentez-vous lorsque vous mangez avec appétit le plat de votre choix ?

(Ng) Laissez-moi vous dire quelque chose. J'aime croquer les carottes de maïs frais, comme du riz au sombé, je mange aussi le foufou, la patate douce, les banaes patin, surtout mures... J'adore ! Quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, un extase d'appétit, un sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit, etc. Je mange alors avec l'appétit de loup, comme si je le faisais pour la dernière fois. Je vous dit que ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source : je vois... C'est cela que je considère comme bien manger pour établir l'équilibre entre mon corps physique, mental et social. Je transpire ! Je

crois même que c'est à ce moment précis que je peux parler de l'expression : «un esprit saint dans un corps sain». En tout cas ce sentiment soutient le propos selon lequel on ne mange bien chez soi, qu'ailleurs.

(DP-*Comment ça se passe ou ça se passait chez vous en famille ?

(Ng) (rire) Chez nous en famille c'est la joie et le plaisir de manger. Laissez-moi vous redire ce que j'avais déjà dit : que manger était chez nous comme une fête, la kermesse. Ici, le groupe d'enfants, là les femmes et de l'autre coté les hommes et là les vieux.... La radio de papa était toujours posée sur le seuil de la fenêtre de notre véranda de la cuisine. Cette ambiance faisait que grandir l`appétit de manger. Et je mangeais ! En tout cas la quantité d'aliments que je mangeais chez nous en famille, nakamwaka tango mosusu ngai moko, (je m'étonne parfois personnellement). Mais lorsque, j'étais à l'Isc, là c'était la «jocole». Je m'efforçais à manger, mais seul mon cher, avec le souci des études et la solitude, l'appétit ! Je manquais souvent d'appétit. Quand je rentrais en vacances, à la maison, je faisais le rappel pour manger ! Rattrapage.

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(DP)-*Comment ça se passe ou se passait chez vous en famille, le kermesse de manger ?

(DP)Les fruits et les légumes, ne les mangez-vous pas) ?

(Ng) Chez nous par exemple, à la maison en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du

(Ng) Oui, mais très rarement. Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. Ce qui est compliqué dans ma façon d'être est que je n'aime pas manger dans a rue, mais à la maison et dans un endroit précis, à la maison au salon, comme je n'ai pas assez d'espace. C'est comme cela que j'ai été éduqué. Pour ce qui

domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens. C'est ça ! Malheureusement, le maintien d'une tradition alimentaire spécifique chez les immigrés africains dans leurs milieux de résidence, n'est pas toujours facile à persévérer, et dépend entre autre des facilités d'approvisionnement alimentaire.

(DP) Comment vous identifiez-vous par votre alimentation ?

(Ng) (rire) Ah bon ! Comme tout immigré, (...) je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés. (...) depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire.

Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité. C'est une notion difficile à expliquer en ce peu de temps. Mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. Je crois que dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient. Mais, le problème qui se pose, comme pour tout immigré, est qu'à partir du moment où l'alimentation est inscrite dans un système social autre, on ressent les tendance de refouler ses pratiques alimentaires pour adopter celles d'ici. Cette conflictualité crée en soi une difficulté de son intégration globale.

du plaisir de manger ! Une fois de plus, je pense que l'on mange mieux chez soi qu'ailleurs. Je dois aimer et vouloir ce que je mange. Mon alimentation est ma santé, c'est ma vie, c'est ma spécificité, ma particularité, mon identité !

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(DP)-*Pensez-vous qu'il y a des changements depuis que vous êtes ici en Europe ?

(Ng) Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi, Dieu pour tous et les autres pour le démon), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne. Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Comment avoir l'appétit lorsque je suis dans la plus part déconsidéré. Loin du racisme, nous les noirs, sommes soumis à une autre forme des pressions sociale et politique. Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit et le plaisir) que je vivais chez moi en famille. Mboka mopaya (pays étranger) !

(DP)-*Comment votre alimentation contribue-t-elle à la construction de votre corps ?

'est tout cela, qui donne le sens, la signification au manger et ainsi participer à la construction de mon corps, jusqu'à mon insertion

Vous savez que, c

sociale. Pour couper court, manger ce que je veux, ce que j'aime, me donne de l'appétit, du plaisir, je sens la force, la capacité de travailler, j'ai de

l'énergie et ça me rend heureux. J'ai la satisfaction, je sens l'accomplissement d'un désir. Bon,

c'est l'affection, c'est la satisfaction, c'est se combler

(Ng) Mmm...Vous avez Dieudonné. Manger en soi, n'est autre que tuer. Est-ce vous le savez ? Parce que pour manger, il faut tuer. Donc manger `est dévorer, c'est se venger pour survivre, (...). Déjà dès le bas- âge, le bébé se voit pousser ses dents, il essayer de mordre le mamelon de sa mère. C'est une pratique complexe. Manger permet d'apporter à mon corps des éléments essentiels pour survivre. Sans manger, ll n'y a pas de vie. C'est clair !

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(DP)?Si je vous ai bien suivi, vous voulez dire que chaque groupe social devra réfléchir sur son alimentation pour conserver son identité ?

(Ng)Bien sûr que oui ! Parce que ce que je vois, est que chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. Pour aller directement au but, je vais dire qu'aujourd'hui, j'ai l'impression que j'éprouve des difficultés à construire des règles culinaires, un tout petit différentes, à essayer de les repenser en fonction du processus d'adaptation là où je vit, et de considérer les techniques culinaires locales, de préparation. Mon cher du riz au sombé, comme tout autre aliment a une histoire, et dans ma vie. C'est la même chose que les frites avec la mayonnaise pour les belges, du vin pour les français, etc. Vous comprenez bien que derrière cette logique de l'alimentation, c'est quelque chose est transmise de génération en génération, etc. Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est

transmis, ça c'est certain. Les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré.

(DP)?Est-ce que vous voulez dire que c'est ce quelque chose qui cadre avec votre culture alimentaire ?

(Ng)Exactement ! Parce qu'en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes. Mais avec tout ce qui est de l'immigration, permanente ou temporaire, je me vois essayer de repenser mon système alimentaire en ne me fondant pas obligatoirement sur une logique identitaire et culturelle. Eh, eh, eh : tsya! Pardon ! Excusez-moi. Je suis un peu enrhumé. Cette merde de vie !

(DP)?À votre santé ! Voulez-vous ajouter quelque chose ?

(Ng)Merci. Ce que je veux dire aussi, est que l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou (...).

(DP)?Est-ce que vous pensez que la quantité des aliments que vous consommez, comme la semoule, la pâte, du riz, etc. a-t-elle changé depuis que vous êtes ici ?

(Ng)Je ne crois pas ; peut-être ! Je ne sais pas bien. Mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité : ça oui. Mais il arrive de fois que je n'ai pas d'appétit et je mange juste un peu, pare que je suis sous le coup de stress, des émotion (...)

(DP)Comment vous organisez-vous pour vous alimenter, pour manger ?

(Ng) (rire) C'est compliqué ! `abord, je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. Je travaille aussi quelque fois la journée. Et là je quitte la maison très tôt, vers 03h00' du matin pour revenir vers 20heures. Tantôt dans le restaurant, tantôt dans le champ, etc. Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux. Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue. Mais lorsque je ne travaille pas, j'essaye de me faire du plaisir de manger selon ma volonté et mes moyens. Argent !

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(DP)-*Voulez-vous dire que vous n'avez assez du temps pour votre alimentation. Mais que faites-vous pour conserver le reste de repas que vous avez préparé ?

(Ng) (ô, oh, rire) ! Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée. Par exemple quand j'achète du lait, ça ne fait pas trois jours avant que ça se gâte. Le repas que je préparer aujourd'hui, je peux encore le manger demain sans trop de risque. C'est pendant l'hivers que mes repas ne se gâtent pas vite.

(DP)-*Est-ce qu'il vous arrive de temps en temps d'aller manger au restaurant ?

(Ng) (signe de main) Non ! Ca c'est ue provocation. Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors

que je suis très limité du coté financier. Ceux qui y vont manger, ils se connaissent na bacoté wana (de ces cotés là). Vous savez, qu

'un plat que je

mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire. Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize. De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental

ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...)

(DP)-*Quelle est la part de votre alimentation dans votre budget ?

(Ng) (rire) Sans trop de commentaires, je vous dirai que tout ou presque, ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici (...). Je vous prive des autres infos privées. Ici c'est top secret ! En chiffre, je vais dire environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie !

(DP)-*Comment conservez-vous vos aliments non préparés ?

(Ng)Pour ces aliments, il n'y a pas de problèmes majeurs, surtout que les rats n'existent pas dans ce appartement. L'appartement comme vous le voyez est propre. Sauf seulement pour les aliments comme les pommes de terre, les choux, les tomates, etc. J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation.

(DP)-*Comment planifiez-vous votre alimentation ?

(DP)-*Que voulez-vous dire par là ?

(Ng)Je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...). Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique ! C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (pfss). Voilà ! C'est dur, dur, cette vie. Mon frère, s'il y a du mal, c'est d'être né et d'être réfugié classé au bas de l'échelle sociale dans un État qui se déclare démocratique et respectant les droits humains.

L'Europe risque d'être un mirage

(...)!

(Ng)Que voulez-vous dire ? Quand, à partir du moment où, pour moi, sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture. C'est un comportement dirai-je de manger, un peu boulimique. Je veux dire que j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière pour éviter ce trouble, que je qualifierai de psychologique et social.

95

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

(DP)-*Personnellement, il m'est très difficile de manger le matin les aliments durs. Mais je peux encore prendre du café, du thé. Mais vers 9-10h00' je me sens très fatigué. Et pour aller le matin au boulot, que faites-vous pour manger ?

(Ng)Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. Je n'ai pas évoqué ici la question de la bombonne de gaz que j'utilise pour cuisiner. C'est compliqué ! Quelle galère ? Merde (ouff) Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger (...). Mais de fois, j'utilise aussi ce réchaud pour réchauffer le plat. Malheureusement ça marche lentement, pas comme le gaz !

(DP)-*Or, il me semble que la prise en charge des immigrés est inscrite dans le programme de l'assistance humanitaire du gouvernement belge ?

(Ng)Vous y croyez vraiment ! Je dirai que la situation que je traverse actuellement en immigration, est pour moi un crime masqué contre l'humanité ! Je vais vous présenter un cas : le mois dernier, j'avais préparé de la viande de porc avec du haricot blanc. Comme mon frigo devait être dégivré, j'ai laissé la casserole sur la table de la cuisine. Le lendemain soir, j'ai rallumé le réchaud pour réchauffer ce reliquat. J'étais très affamé. Aussitôt fait, j'ai mangé une bonne quantité. Mais j'ai passé la nuit aux toilettes, je vous assure. J'ai eu la diarrhée provoquée parce que j'ai mangé ce repas gâté, périmé ! J'ai dû recourir au bon sens pour me soigner seul sans aller consulter les médecin.

C'est pas prudent, parce que je connais ceux qui ont été poursuivis par les policiers comme ça (ouf). Mpasi ya moninga bakoyokaka se na matoyi lokola lisolo. Kasi esala yo na motema lokola ye te, (la douleur de quelqu'un d'autre, on l'entend comme un histoire. Mais ce que vous ressentez dans votre coeur n'est pas comme ce qu'il ressent). Les wahiliphones ne disent-ils pas : « Wanaokaa kwako wajaliwa heri, furaha inadumu milele kwao (ceux qui habitent chez vous, s'ils sont heureux, la joie demeurera à jamais en eux), et cet accueil des immigrés, particulièrement africains...» Laissez tomber.

(DP) Comment, pensez-vous que votre alimentation a des effets sur votre santé ?

(Ng) Absolument. Ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger. Mais les conditions dans lesquelles je vit actuellement me conduit vers une alimentation influencent négativement sur ma santé. À savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois que je dis ! Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses !

(DP)-*Vous voulez dire que vous mangez pour survivre ?

(Ng) Je ne vis pas, mais je survis. Je ne suis pas esclave du manger ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.

(DP)-*Pensez-vous que dans ces conditions, il vous est possible de bien manger ?

(Ng) C'est là où se situent, où se resserrent tous les noeuds et les sens du manger pour nous les immigrés africains. Dans ces conditions; c'est très difficile de penser aux bons aliments, à manger équilibré, à être bien avec son alimentation (...). Ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète.

Or, je ne mange pas ce que je veux, comme je veux. Réellement, je souffre atrocement au fond de moi-même ! malheureusement, n

os cris ne sont pas

écoutés par ces décideurs pour nous assurer une vie digne de ce nom !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

96

(DP) Pourquoi êtes-vous obligé (e) de manger tous les jours ?

(Ng) Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. Pour cela, je pense qu'il m'est important d'être à l'écoute des gens pour que leur volonté de manger s'accomplisse. Quoiqu'il en soit, mon corps reste le temple du Seigneur que je dois soigner par le manger. Je mange toujours pour répondre présent à l'appel de mon Seigneur, mon Dieu. Si physiquement et biologiquement je survis, du moins spirituellement, je vis.

(DP)-*Vous n'êtes donc pas esclave du manger, c'est cela ?

(Ng) Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre. Ainsi dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment du bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va contre le commandement de Dieu, celui de sauver ma

vie, la santé. Que dire...encore...

(DP)-*Oui, oui... ?

(Ng)C'est vraiment dommage que le politique n'essaye pas vraiment de nous écouter, nous les immigrés africains pour, aussi nous donner les pleines chances de profiter de la vie ; cette vie, cette santé qui est le don gratuit de Dieu. Cet espace qui sépare la naissance de la mort. Comme si la loi de

vivre n'est faite que pour les marginalisés. Alors que le ventre affamé n'a pas d'oreilles. Cela est aussi mon cas et celui de tous ces gens. Oui, oui !

(DP)-*Mais, avez-vous posé la question au politique au sujet de votre santé alimentaire ?

(Ng) Je ne sais pas comment est-ce que nous devons faire pour être écoutés. N'est-ce pas, il nous voit gros, non, selon eux ! Je ne sais pas... Le politique avec la politique à deux vitesses. Mmmm ! Ce politique. Pourquoi il ne peut pas soutenir les initiatives comme celle-ci dans le processus d'intégration, d'insertion sociale des immigrés africains.

(DP)De tout ce que nous avons parlé dans cet entretien, quels sont vos commentaires sur votre alimentation ?

(Ng) Dans le cadre normal, lorsque je ne suis soumis à aucune astreinte, mon alimentation est une pratique libre, effectuée dans un contexte socioculturel et économique qui impose un certain nombre de connaissances. Je pense que mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé. Comme un ensemble d'éléments adjacents, le fait d'oublier ou d'ignorer quelque chose de l'alimentation, entraîne le risque de créer le déséquilibre. Je dois me placer dans ma chaîne alimentaire. Et cet emplacement, dans le cas qui me revient, est largement influencé par les décisions politiques des autorités belges et de mon environnement. L'idée est aussi de parler des immigrés africains, un peu concernant des critères de beauté chez certaines femmes qui sont enveloppés ou trop et qui se sentent jolie, mais peut-être un peu décalée des critères valorisés en Occident.

(DP)-*Donc, vous voulez dire qu'il y a intérêt à comprendre l'alimentation des immigrés africains pour tenter une négociation et mettre en place un projet efficace ?

(Ng)Oui ! Parce qu'il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés

qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie. Je pense qu'une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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(DP)?Dans ces conditions, pensez-vous que votre alimentation peut aussi être l'enfer pour vous ?

(Ng)(rire) Selon les messages et les messages radiodiffusés et télévisés, ainsi que dans les journaux, les nouvelles semblent alarmantes : les maladies

liées au fait de grossir sont classées au sommet de l'échelle des tueuses chroniques en Belgique voire en Europe. Je crois aussi ! umm ! Mais,

il faut

bien m'écoutez ! Manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie. Même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore !

D'un coté dans la sainte Bible, Jésus dit qu'Il est la vie et que celui qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle. De l'autre coté et toujours selon la Sainte Bible, il est dit que l'excès de table est un péché. Ceci pour vous dire que manger est un couteau à double tranchant qui peut effectivement être, à l'opposer de la jouissance, l'enfer si l'on ne fait pas attention à son alimentation. C'est-à-dire manger peut conduire le corps à

l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort. Bien sur que oui,

la santé vient en mangeant de toute façon. Moi, j'envie la grosseur,

je la vie, c'est dans la grosseur que j'identifie l'ampleur de la beauté africaine, la maturité humaine. Je ne sais pas jusqu'où il faut se limiter pour manger et garantir la santé.

(DP)Pour résumer, si je vous ai bien suivi, nepas savoir manger, un acte de mangers dans sa simplicité même, reste un acte sacré, c'est ne pas savoir vivre. L'alimentation, c'est le plaisir, l'équilibre, la convivialité, la santé, la vie la jouissance, la culture, la survie, l'organisation, l'identité, le don de Dieu, etc. De cette manière, l'alimentation entre dans votre vie par plusieurs voies, comme le signe de la solidarité humaine. Enfin, je vous dit merci de m'aider à compléter cette fiche pour e cas échéant me permettre de compléter mes données.

(Ng)Formidable mon cher.

(DP)Je vous remercie très sincèrement de m'avoir si très chaleureusement accueilli chez vous. Kwa kuonana tena. Aksanti. (À nous revoir encore. Merci) Buy, buy !

Fait à Anvers, le 16/10/2005 de 09h13' à 11h118' (1h05') Acteurs : Dieudonné Pascal (DP) et (Ng):

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

98

c.5. Matrice d'identification des participants à l'étude

Matrice 2 : Matrice d'identification des participants

0. N°:

1. Nom : / /

2. Prénom : / /

3. Adresse : / /

/ /

/ /

4. Tél/GSM : / /

5. E-mail : / @ /

6. Sexe : Masculin ; Féminin

8. Âge

(À compléter par l'enquêteur)

: <18 ans ; 18 ans ; >18 ans

8. Durée de séjour : <3 ans ; 3 ans ; >3 ans

9. Nationalité d'or. : / /

10. Niveau d'études. : Primaire ; Second. ; Super. ; Univ.

11. Spécialité : / /

12. Revenu Mensuelle : <625, € ; 625, € ; >625, €

13. Occupation professionnelle : S.E. ; E.T. ; E.P. ; Retr. ; Chômage

14.

État civil : Célibat. ; Marié (e) ; Divorcé(e)

15. Statut administratif : S.P. ; D.A. ; Réf. ; Bel. ; Autres

16. Composition Familiale : 1 ; 2 ; 3 ; >3

17. Poids :

18. Taille :

kg cm

Fait à Anvers, le

_____/_____/2005

 
 

Enquêteur

 
 

Signature ou paraphe

N'chweki M. D.P.

 
 
 
 
 

Abréviations

 

SE

Sans emploi

Réf.

Réfugié

ET

Emploi temporaire

Bel.

Belge

EP

Emploi permanent

Univ.

Universitaires

Retr.

Retraité

Super.

Supérieurs

SP

Sans papier

Second.

Secondaires

DA

Demandeur d'asile

 
 

99

(d) Résultats et conclusion

Analyse (classement) du contenu des discours des immigrés africains

Pour analyser les informations contenues dans les discours [du photolangage et de l'entretien semi-dirigé] des immigrés africains. J'ai procédé par des découpages en unités de sens par thèmes, afin de construire les catégories et les sous-catégorie. Seulement pour les catégories de la santé, je me suis basé sur les définitions empruntées D'Houtaud et coll.) :

d.1. Matrice de la catégorisation des représentations de la Santé

Matrice 5 : Catégorisation et sous catégorisation prédéfinies des représentations de la santé

5.1.

5.2.

5.3.

5.4.

Joie de vivre

Bonheur

Bonne moral

Bonne humeur

6. Hygiène

7.1.

7.2.

L'essentiel

La grande richesse

8. Prévention

9.1.

9.2.

Pleine forme

Pouvoir travailler

10.Non malade

10.1

10.2.

Ne pas être malade

Etre suivi par un médecin

Distribution des fréquence des réponses
des participants selon le concept de santé
de Claudine Herzlich

? Santé vide : 10, 8,

? Santé équilibrée : 1, 2, 3, 5, 6, 11, 12

? Santé capitale : 4, 7, 9.

La définition ou représentation de la santé

1. Usage hédoniste de la vie

Vie sans contraintes

Profiter de la vie

Ne pas penser à la maladie

Voir le médecin le moins possible

3. Équilibre

Bon équilibre physique

Bon équilibre mental

Bon équilibre biologique

Bon équilibre dans la famille

5. Référence au corps

Ne pas sentir son corps

Se sentir bien dans sa peau

Un corps sain dans un cops sain

7. Vitalité

4.1.

Pouvoir affronter tous les problèmes

 

4.2.

Optimisme

 

4.3.

Ne pas avoir peur de l'avenir

 

4.4.

Épanouissement

 

4.5.

Dynamisme

 

9. Bien-être psychologique

6.1.

Avoir une alimentation équilibrée

 

6.2.

Bien dormir

 

6.3.

Vivre la plus possible au grand air

 

6.4.

Avoir une vie régulière

 

6.5..

Avoir une vie saine

 

6.5.

Avoir bon appétit

 

6.6.

Se reposer

 

6.8.

Ne pas faire d'excès

 

6.9.

Sobriété

 

6.10.

faire du sport

 

7. Valeur de la santé

8.1.

Passer un bilan régulièrement

 

8.2.

Se surveiller

 

8.3.

Se bien connaître

 

8.4.

Mieux vaut prévenir que guérir

 

8.5.

Vivre le plus longtemps possible

 

9. Aptitudes physiques

1.1.

1.2

1.3.

1.4.

2.1.

2.2.

2.3.

2.4.

3.1.

3.2.

3.3.

(D'après D'Houtaud et coll., 1991)

100

d.2. Catégories des représentations du corps

Catégorisation des représentations du corps

1. Corps-Séduction :

«C'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur».

«J'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens. Je fait un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches. Je n'oublie jamais de brosser mes dents (...)»

«Même si l'habit ne fait pas moine, j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant ma confiance dans l'Amour de Dieu. Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure».

«lorsque je rencontre une personne, la première chose que je regarde est sa tenue, c'est très important. Comment est-elle vêtue ! Si c'est une femme, à plus de sa coiffure et de sa tenue, j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, etc. sa beauté, appelons le chat par son nom, ses fesses, ses seins»

«la grosseur symbolise le succès social et suscite l'attrait et non la répulsion. Du moins pour moi, la rondeur est liée à la douceur, à la tendresse, à la beauté africaine ! Comme beaucoup d'hommes africains, j'aime les femmes rondes et leur rondeur. Je trouve que ces femmes possèdent tous les attributs naturel féminins qui peuvent me séduire»

«C'est une séduction à grande échelle, qui ne veut autrement dire que plus de formes donc plus de seins, plus de générosité. Mais toujours dans cette harmonie du corps, entièrement ronde».

«Si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, (...) sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent seules et d'elle-même»

«(...) la rondeur n'est pas suffisante : le charme, la séduction et une tête bien remplie, sont autant d'atouts, parce que la rondeur et la poitrine généreuse est souvent liée à douceur, à la tendresse».

«je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle»

«La rondeur étant, en tout cas, il me semble d'après les quelques témoignages que j'ai vu, mieux acceptée, voir même appréciée par les hommes, moi y compris dans les cultures afro ! Ou le coté esthétique de la culture afro met-il simplement plus les femmes rondes en valeur. Rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourries et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a un certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires».

«La corpulence de ma femme que j'ai choisi pour ma famille et construire ma vie, a une signification très profonde pour moi : sa générosité, sa douceur, sa tendresse, son amour, sa beauté africaine... sont authentiques, je l'adore ! Elle est là sur la photo».

«Là où je fait mon job de survie, les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je met le gilet».

«je ne crois pas encore si vraiment les européens n'aiment pas le fait d'être gros ou tout simplement ils sont manipulés par les mas-médias, (...)»

«je suis certain et pour beaucoup d'africains. Je suis désolé pour le sens que les gens donnent à ce type de corpulence»

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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«je vais vous dire que la conscience de chacun reste le juge ultime en ce sujet. C'est vraiment relatif, mais ce que je vous dis me concerne personnellement. Une femme enveloppée est pour plus mignonne, coquine»

« une femme ronde, elle est une femme, selon mon coeur et mon goût authentique»

«L'Occident avec ses mas-média veut en effet exercer une influence sur le regard des hommes, particulièrement les africains. Mais la plupart d'entre eux ne voient pas les femmes minces et préfèrent les femmes rondes».

2. Corps-Mécanique :

«(...) mon corps, (...), est une machine que personne ne maîtrise son fonctionnement à fond, sauf Dieu qui l'a créé. C'est une enveloppe sacré...»

«Je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée. Tout y est lié, interconnecté...»

«En cas de déséquilibre entre les différents organes, appareils et systèmes, le corps ne fonctionne plus correctement»

«(...) c'est comme ça que fonctionne mon corps, comme une voiture, un vélo. En tout cas, sans pédales, il est impossible si pas très difficile de rouler à vélo ! C'est impossible...»

«À chaque fois que je pense à cette condition de vie et cette situation de séjour irrégulier, à ce dossier qui de toute façon occupe le centre de ma survie ici en Belgique, mon appétit s'évapore, je m'affaibli physiquement, biologiquement»

«Comme la santé, mon corps est une entité à double face visible et invisible. Et c'est exactement sur cet aspect de chose que les pubs s'appuient pour imposer leur ligne de conduite, ainsi que jouer sur le comportement des gens»

3. Corps-Sentiments, émotions, etc. :

«Ce stress m'apporte la rouille dans les engrainages de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays...» «Dans l'état actuel de chose, comme vous le voyez, j'ai la morale trop basse, peut-être avec peu de foi. J'ai un corps avec le par-choc, en carton qui se ramollie comme le carton mouillé, me rendant ainsi très est vulnérable. Je suis à cause de ma demande d'asile, soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir physiquement et intellectuellement»

«(...) j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille»

« Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop (...),

«Je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier»

«J'suis bien comme ça. Le chien aboie et a caravane passe, c'est ça» !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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4. Corps-Communication :

«(...) mobali alobaka mingi te, ( l'homme ne parle pas trop), même si ma bouche sert à exprimer ce que je pense...»

«M'agenouiller ! C'est un signe qui exprime ma foi, la grandeur de mon Dieu et ma faiblesse, ma petitesse. C'est un moyen pour moi de me mettre dans un état de demande, d'infériorité, etc. C'est l'adoration ! (...) C'est une manière de me confier personnellement à mon Dieu, parce qu'Il est Grand, ainsi que Son Amour» !

«Quand je suis content, même d'une manière éphémère, comme c'est le cas maintenant, j'ai selon les dires des gens un visage rayonnant : j'ai l'impression de grossir en quelques seconde, je souris, j'éclate même de rire, de fois je saute, je suis hyperactif, je danse, etc.»

«Par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres. Par les signes de mains : en pointant mon pousse vers le haut ou vers le bas, je veux dire bon ou mauvais, par le mouvement de la tête : secouer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, signifie respectivement le refus et l'acceptation .Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouge, je respire rapidement, etc. Quand je marcher rapidement, cela signifie que je suis pressé. Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en en travaillant, etc. De même quand il fait chaud ou en cas de la fièvre, je transpire. Quand j'aime, j'embrasse ! Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment, par exemple, appeler...»

«dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche...»

« en cas de tristesse, d'un échec, d'annonce des mauvaises nouvelles, je met ma tête entre mes deux mains, je perd d'appétit, je pleure de fois, comme ça a été le cas par exemple, lorsque ma demande d'asile a été rejeté par le CGRA. Lorsque je me fâche, j'ai le visage ride, j'ai la dilatation des pupille, je n'hésite pas aussi de lancer les injures, à taper le poing sur la table, à pleurer, à couler mes larmes, etc. En tout cas dans les deux cas, de la tristesse ou de la joie, je perd l'appétit ! je suis rassasié par les émotions...»

«une femme africaine dans une robe ou dans une jupe, pour moi n'expose pas la beauté authentique. Pire encore ici en occident, quand tout le monde se confond dans le pantalon, on ne sait plus qui est qui est homme ou femme. C'est la démocratie ! Et puis, une femme lokola nzete ya pondu, (comme la bouture de manioc mince) ou avec des gros seins sans fesses ne vaut la peine. Moi, je veux un camion rempli des marchandises et non pas une voiture vide. C'est ça» !

5. Corps-Identité :

«C'est clair que je sois gros par rapport à une personne mince. Si la minceur dans la société d'abondance est par contre valorisée, le surpoids l'est dans les société africaine. C'est normal, je trouve. J'aime gros et je n'ai pas grandi dans la famine, c'est ça» !

«Généralement, les éthiopiens ou les somaliens traduisent pour moi et dans le langage de mon pays la pauvreté, la misère, la famine».

«Je suis africain, je suis noir et du sexe masculin. Généralement d'une carrure imposant, gros. Et voilà la nature a fait que je me retrouve actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est le sens à donner à la misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence».

«C'est dramatique, vous le savez» !

«En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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«Écoutez, les habits que je met ne donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la

taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille. Je ne suis pas un Éthiopien ou un Somalien,»

«par ce que je ne suis pas né dans le désert, là où il n'y a pas à manger (...) mon corps, celui dans lequel mon esprit habite pour le moment, c'est une

enveloppe qui n'est pas la mienne. Cette enveloppement est pour les «batu ya nzala na bazanga, mawa, (les affamés et les pauvres, malheureux)».

«En tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi»

«(...) je suis convaincu que les africains aiment la grosseur même si certains veulent se faire voir (...), je ne sais comment. C'est un choix culturel. Oui !

Les gens doivent arrêter de lier cela à la famine ou à parler de n'importe quoi (...)»

«Dans notre famille, nous sommes tous des gros en santé. C'est dans le sang (...) parce que même mes parents sont gros. Nous le sommes, même si cette

apparence traduit aussi le signe d'aisance, de la santé, bien sûr»,

«la construction de notre image doit dépendre de nos interactions et de tout ce qui nous entoure, notre environnement»,

«Actuellement, plus de jeunes filles sont victimes de ces pressions sociales, puisqu'elles sont exposées à l'extrême importance qu'attache la société de la

beauté féminine, à la minceur qui en a fait une identité».

«Ils sont confrontés à des représentations du corps masculin extrêmement musclé ou chétif dans les médias, les cinémas».

«Depuis que je grandit, je suis toujours gros».

« c'est ce qui crée de fois la non coïncidence entre la représentation du corps physique et l'image réelle que l'on s'en fait, son corps invisible que je

considère comme l'idéal»

«je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Mon dossier se trouve pendant devant le Conseil d'État. Ce qui fait que mon corps est loin d'être en

équilibre, car le souci lié à cette procédure d'asile me perturbe à fond».

«Le regard de l'autre et votre propre regard vous soumettent à une double analyse, dont les conséquences peuvent s'avérer très importantes. Ils peuvent

vous fragiliser ou vous renforcer et vous rendre sûr de vous. Ce double regard représente dans des situations extrêmes, le facteur déclencheur de trouble

de représentations»

6. Corps-Maternité

«(...) les seins sont des symboles de maternité, d'intimité et de sécurité. Les femmes entretiennent avec leurs seins des rapports complexes»

«La maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé»

«Dans ce corps je voyais la maternité assurée»

«La maternité (...) est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son sein, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges de la terre...»

«(...) toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme. La femme naturelle doit avoir suffisamment de réserve pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ce réserve pour la femme se traduit dans sa rondeur, dans la graisse».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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7. Corps-Virilité :

«Être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité»

«(...) la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance, mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance».

«(...) je vais vous dire qu'après mes études à l'Isc, ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueusé».

«(...) le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir, signifie pour moi, est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, la force, la stabilité, l'aisance, à la beauté,»

«Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Parce que j'ai un grand réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions».

«Et parmi les amis de mon âge, j'ai toujours été considéré pour le plus âgé. Comme pour dire que le fait de grossir signifiait aussi grandir, la sagesse, la responsabilité (...). Et ils me craignaient, surtout que je suis quelqu'un qui ne parle pas normalement trop. De ce fait, à cause de ces caractères et de ma corpulence évidemment, j'ai toujours été nommé le chef de ma promotion».

«(...), la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tendis que, la pauvreté est représentée par un homme maigre, mince».

«(...) que pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir une homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable,»

«Certains de mes collègues me traitaient de chiffon, d'éponge».

d.2. Catégories des représentations de l'alimentation Catégorisation des représentations de l'alimentation

1. Alimentation-Convivialité :

«Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, (...). Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même si, de fois que les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques...»

«Je peux vous dire que bien manger en famille, (...) avec les amis, c'est à la fois manger bon et apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir de se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement».

«L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. (...) mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles,»

«(...) en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

«ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source (...)».

«je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés»

«depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire. Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité»

«mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. (...) dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient»

«chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. (...) Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis,(...)»

«les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré»

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2. Alimentation-Plaisir :

«manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie».

«manger peut conduire le corps à l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort».

«Je vous assure que je mangeais à la maison avec un grand appétit et plaisir. Je n'ai jamais ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je

suis ici en Europe, où le stress et la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est pas facile pour moi de manger seul...»

«pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien

préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger»

«l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmenter le plaisir de manger»

«j'aime croquer les carottes de maïs frais, comme du riz au sombé, je mange aussi le foufou, la patate douce, les bananes patin, surtout mures...

J'adore ! »

«quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, un extase d'appétit, un

sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit,»

«lorsque je ne travaille pas, j'essaye de me faire du plaisir de manger selon ma volonté et mes moyens. Argent» !

«manger ce que je veux, ce que j'aime, me donne de l'appétit, du plaisir, je sens la force, la capacité de travailler, j'ai de l'énergie et ça me rend heureux.

J'ai la satisfaction, je sens l'accomplissement d'un désir. Bon, c'est l'affection, c'est la satisfaction, c'est se combler du plaisir de manger (...) l'on

mange mieux chez soi qu'ailleurs. (...). Mon alimentation est ma santé, c'est ma vie,...»

3. Alimentation-Identité :

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«en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes»

«l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou »

«mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité»

«j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière»

«je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...)».

«même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore» !

«il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie (...) une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains» !

4. Alimentation-Organisation :

«Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko [dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi]. Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau. Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle»

« manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver, conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer»

«De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...)» «Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent»

«Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. (...). Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas»

«(...) je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. (...) Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux».

«Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue»

«Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize».

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«Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée».

«J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation»

«C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (...)»

«Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi,...), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne»

«sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture».

«ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici. (...) environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie» !

«De la cigarette, en passant par l'eau au riz, je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de

l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection»

«Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. (...). Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger»

«Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors que je suis très limité du coté financier. Ceux qui y vont manger, ils se connaissent na bacoté wana (de ces cotés là). Vous savez, qu'un plat que je mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire»

«De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Ce processus n'est pas aussi évident pour les immigrés africains surtout s'ils sont des «sans papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour régulier, vous êtes cuit pour la survie»

«Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique» !

«Un aliment est tout ce qui se mange, qui se fume, qui se boit ! (...), il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés

comme des poisons. Je vais citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent» !

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5. Alimentation-Santé :

«C'est cela que je considère comme bien manger pour établir l'équilibre entre mon corps physique, mental et social. Je transpire ! Je crois même que c'est à ce moment précis que je peux parler de l'expression : «un esprit saint dans un corps sain». En tout cas ce sentiment soutient le propos selon lequel on ne mange bien chez soi, qu'ailleurs»

«Ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger».

«À savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois que je dis»

«Ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète, mais, je mange pas ce que je veux, comme je veux. Réellement, je souffre atrocement au fond de moi-même» !

«Quoiqu'il en soit, mon corps reste le temple du Seigneur que je dois soigner par le manger. Je mange toujours pour répondre présent à l'appel de mon Seigneur, mon Dieu. Si physiquement et biologiquement je survis, du moins spirituellement, je vis».

«Ainsi dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment du bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va contre le commandement de Dieu, celui de sauver ma vie, la santé»

«(...), lorsque je ne suis soumis à aucune astreinte, mon alimentation est une pratique libre (...) mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé. Comme un ensemble d'éléments adjacents, le fait d'oublier ou d'ignorer quelque chose de l'alimentation, entraîne le risque de créer le déséquilibre. Je dois me placer dans ma chaîne alimentaire...»

«(...), la santé vient en mangeant de toute façon. (...), j'envie la grosseur, je la vie, c'est dans la grosseur que j'identifie l'ampleur de la beauté africaine, la maturité humaine. Je ne sais pas jusqu'où il faut se limiter pour manger et garantir la santé»

«Sans manger, il n'y a pas de vie»

«Mais les conditions dans lesquelles je vit actuellement me conduit vers une alimentation influencent négativement sur ma santé»

«C'est vraiment dommage que le politique n'essaye pas vraiment de nous écouter, nous les immigrés africains pour, aussi nous donner les pleines chances de profiter de la vie ; cette vie, cette santé qui est le don gratuit de Dieu ; (...) le ventre affamé n'a pas d'oreilles»

«L'idée est aussi de parler des immigrés africains, un peu concernant des critères de beauté chez certaines femmes qui sont enveloppés ou trop et qui se sentent jolie, mais peut-être un peu décalée des critères valorisés en Occident»

6. Alimentation-Survie :

«(...) les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et d'assurer ma santé, ma survie (...) Sans ces aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé»

«Pour le moment, mon alimentation est la survie et le moyen de survivre : c'est avaler n'importe quoi sans en avoir plus d'infos sur les conséquences dans le temps»

«Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin»

«Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision»

«Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit, avec du plaisir) que je vivais chez moi en famille»

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- Participant -1-

Photolangage du groupe

Extraits de douze discours des participants

(... ) les types de corps que l'on recherche chez la femme changent avec la place que la femme occupe dans la société.

Dans plusieurs pays Africains, être bien en chair signifie être en santé. C'est la preuve qu'on a assez à manger. Les hanches pleines, le bassin large promettent des accouchements faciles et les gros seins, un lait abondant.

Ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables sont habituellement des pays où le rôle social de la femme demeure assez traditionnel, c'est-à-dire qu'on s'attend d'elle qu'elle enfante et nourrisse la famille.

Le gros étant celui qui mange plus que sa part, qui n'accepte pas la logique de la redistribution. Dès lors, le gros, le glouton est vu comme celui qui ne joue pas le jeu du don réciproque, celui qui prend sans attendre le don, qui reçoit sans rendre ou qui reçoit plus qu'il ne donne, sans se sentir soumis à l'obligation du contre-don. La grosseur est, dans cette perspective, moralement incorrecte, elle signifie l'égoïsme, atteste une perte de contrôle de soi.

La minceur demeure alors un signe d'intégrité morale, d'identité comme pour signifier que tout ce qui est occidental est parfait

(...)dans nos rapport avec l'autrui, nous avons toujours tendances à définir une personne à partir de certains traits de personnalité saillant, comme l'apparence physique.

Pour un Africain, ce que nous remarquons est que les gros ou les obèses sont censés par la société être des responsables, des chefs de file. (...) Ils sont perçus comme étant d'un commerce plus aimable, plus ouvertes à la communication et à l'empathie que les mince, les maigres.

(...) cet état peut aussi être le résultat d'un processus d'adaptation à l'évolution de la société.

L'apparence physique serait le critère de définition de caractéristiques humains. Elle est fonction de la dynamique et d'adaptation sociale. Il révèle que pour les africains, un corps enveloppé traduit l'aisance, l'état de bien-être, la responsabilité, etc. Alors que pour les occidentaux, c'est la minceur qui symbolise l'intégrité morale. La grosseur serait pour les occidentaux, le signe

d'irresponsabilité individuelle, de
l'égoïsme morale.

Résumé

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

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«(...) ma survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu» «Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses» «Je ne vis pas, mais je survis. (...) ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.»

«Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. (...)»

«Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre».

«Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie»

d.4. Présentation des résultats de photolangage du groupe

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

Participant -2-

Participant -3-

Les mannequins ne sont pas à confondre avec les anorexiques. Parce que la maigreur chez eux est une obligation professionnelle même si dans la réalité, c'est-à-dire mentalement ils ne sont pas d'accord. Lles médecins évoquent la question de poids idéal, qui dans la réalité n'existe pas. Alors que 'apparence physique est fonction de la représentation sociale. Et, en occident, c'est la minceur qui est valorisée. Ainsi, les gros sont obligés de se racheter pour ne pas se faire rejeter par la société en adoptant, parfois des attitudes indigne, en jouant les rôles spécifiques etc. pour faire plaisir à la société.

Le développement de la technologie nouvelle et la pression économique rendent les femmes obsédées par la minceur, qui est devenue pour elles un devoir morale. De cette manière, les femmes vivent en désaccord entre ce qu'elles sont et ce qu'elles présentent à la société. Cela entraîne chez certaines à se lancer sur la voie des régimes yoyos alors que sur le plan biomédical, elles sont normales. Elles ne s'acceptent plus. Mais pour les immigrées africaines, cette grosseur est la bienvenue, parce qu'elle signifie autre chose, le bien-être, même. Tant mieux, si elles font partie de la classe sociale défavorisée.

(...) je trouve terrible que certaines personnes considèrent les mannequins comme des malades anorexiques. Bien que oui, j'en connais un certain nombre et peu le sont à mon avis !

(...) il n'y avait aucune loi suprême sur la maigreur en tant que critère de la beauté. Bien sûr les anorexiques cherchent à plaire à leur entourage, intellectuellement et physiquement.

Mais si on leur demande d'être maigres et grandes, c'est parce qu'elles vantent des produits et que la meilleure façon de mettre en valeur ces produits et que le corps mette le mieux en valeur les vêtements.

En propageant des idées négatives sur les personnes de poids plus élevé, on enseigne aux jeunes de tous les poids que la grosseur est quelque chose dont elles doivent s'éloigner, de peur d'être elles-mêmes rejetées dans cette société où la minceur dite la loi. C'est l'un des éléments qui encourage les jeunes filles à se mettre à la diète, à cet âge où l'acceptation sociale est si importante.

Malheureusement cet intérêt scientifique qui est en fait de disposer des valeurs de corpulence optimales, pousse certains professionnels jusqu'à parler de poids idéal. Mais ce poids n'est pas de ce monde de l'immigration, surtout.

(...)que le comportement nutritionnel est un acte social à par entier et socialisant.

À travers notre corps, et en particulier notre corpulence, passent des significations sociales très profondes. L'une des plus importantes est que la corpulence traduit aux yeux de tous la part de nourriture que l'on s'attribue symboliquement, la part que l'on prend, légitimement ou non, dans le partage de la richesse sociale.

Un soupçon pèse donc sur les gros : Ces gros ont une possibilité de se racheter de ce soupçon, s'ils ne peuvent maigrir ou en procédant à une sorte de restitution symbolique en acceptant de jouer le rôle sociaux qu'on attend d'eux. Jouer de la comédie.

L'obsession de la minceur dans ce pays est devenue un état d'âme à la mode, que ce désir de maigrir n'est qu'un symptôme d'un problème social beaucoup plus grave auquel nous sommes tous confrontés voire habitués, peu importe notre âge ou notre sexe.

Grâce à toutes ces nouvelles technologies pour modifier le corps, la situation des femmes d'aujourd'hui est en quelque sorte pire que celles d'il y a 50 ans.

De devoir social, la beauté à travers l'image du corps est devenue un devoir moral dans lequel l'échec n'est plus le seul fait d'un handicap, mais bien plutôt le résultat d'une incapacité individuelle.

Cette nouvelle tendance constitue une preuve supplémentaire de ce que certains auteurs appellent l'intensification du dispositif répressif dont les femmes font l'objet au travers de leur corps.

Les femmes sont au service de leur corps et le corps des femmes sert à faire rouler l'économie. Les images du corps de la femme partout dans les médias véhiculent des messages (...)

Ces messages servent à faire croire aux femmes qu'elles doivent travailler sur leur apparence et atteindre un certain poids pour accéder à la réussite.

Elles ont si bien intériorisé ces critères de maigreur que le corps normal d'une femme leur paraît trop souvent obèse ou laid.

Leur distorsion de l'image du corps des femmes les empêche d'être en mesure d'accepter leur corps naturel, même lorsqu'elles sont maigres.

(...)la plupart des personnes qui suivent les régimes amaigrissants ont un indice de masse corporel normal et souhaite maigrir pour une question de bien-être au plan physique et psychologique.

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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(...)les immigrés africains appartiendraient généralement à la classe sociale défavorisée, où ils n'ont pas assez de liberté pour choisir leur comportement de santé.

 

Participant -4-

(...) les images des modèles filiformes, des minceurs, des maigreurs, nommez les comme vous voulez, qui sont sensés de nous donner une idée de l'identité, de la beauté (surtout pour les femmes) sont en train d'intéresser tout le monde, tant les hommes que les femmes.

Avec la mondialisation de la minceur, sous les coups de mass-média, la beauté pulpeuse des femmes africaines n'attire plus les jeunes, qui veulent imiter les femmes occidentales ou occidentalisées. Malgré le cris d'alarme des responsables

de la santé publique, certaines
professions s'accommodent (politique) mieux avec la grosseur. Tout ce qu'il faut avoir, est de ne pas être en accord avec soi. la grosseur est aussi le produit des facteurs génétiques.

La taille épais, les hanches disparues, parlons de la beauté pulpeuse qui encore exposée, surtout parmi les africaines, n'attire pas vraiment l'ensemble des femmes occidentales ou noires occidentalisées qui veulent suivre la mode, marqué par la minceur.

(...) la femme comme quelqu'un qui pèse tout court (maman-kilo) : Cependant, détrompons-nous que la beauté de la femme Africaine se trouve dans la minceur, surtout quand il s'agit de la femme qui doit fonder un foyer».

(...) la femme est le fondement de la famille. C'est aussi biblique, non ! Pour l'Africain, plus la femme est grosse, plus la garantie est assurée pour la santé de l'enfant. Bébé hollandais ! C'est ça ! Donc la grosseur est l'indicateur de choix

(...) certains individus sont en quelque sorte institutionnellement engraissés pour remplir des fonctions hautement valorisée, comme pour les hommes politiques, les autorités gouvernementales.

C'est une responsabilité individuel d'assurer le contrôle de sa santé (...).On semble manquer de confiance en soi. Mais ! Seulement pour être bien avec les autres, je pense qu'il faut d'abord être bien pour soi-même.

(...), au devant ce modèle paradoxal de la société, les professionnels de la santé ne cessent d'attirer l'attention des gens que notre société occidentale grossit entraînant des risques considérables en santé publique.

(...) les enfants (filles) pénètrent le processus de régime à répétition, par peur de devenir grosses, il est sans doute certaine que leur relation avec la nourriture se compliquera et risque de les conduire aux désordres nutritionnels.

(...) et la génétique ont aussi leur rôle dans la définition des représentations de l'image du corps : «Bazalaka na bango bongo» (C'est leur nature).

Participant -5-

Une attitude envers son corps, le fait de s'accepter tel que l'on est, résulte d'une image corporelle de la santé, selon chacun.

La représentation que nous nus faisons de notre corps, est une question d'accord personnelle de garder son identité dans l'ensemble. En occident, être gros, est

considéré comme la poubelle qui
emmagasine les graisses, les mauvaises. Et pour s'en débarrasser, il faudra un peu d'humour, afin d'éviter cet objet de la discrimination sociale. Mais n'oublions pas non plus les mass-média.

(...) la construction de notre image doit dépendre de nos interactions et de tout ce qui nous entoure, notre environnement.

(...) il n'y a rien de plus concret, de plus naturel que notre propre corps.

(...) puisqu'il existe une distinction complexe à faire entre le schéma corporel, ce que je vois, l'image du corps, ce que je ne vois pas et les représentations du monde,

Actuellement, plus de jeunes filles sont victimes de ces pressions sociales, puisqu'elles sont exposées à l'extrême importance qu'attache la société de la beauté féminine, à la minceur qui en a fait une identité.

Ils sont confrontés à des représentations du corps masculin extrêmement musclé ou chétif dans les médias, les cinémas.

(...) j'ai peur qu'elle sourit et continue à sourire pour masquer une intolérable souffrance qu'elle vit en profondeur, caché (vide), et alors bien cachée. La personne sourit pour faire croire à son entourage, à la société qu'elle est bien (...).

La poubelle avait en effet l'aspect d'une personne grosse, souriante et heureuse, parce qu'elle était débordée des déchets bien gras. Moi qui étais une adolescente ronde, hérita du surnom.

Mais le professeur me reprocha mon manque d'humour. (...). Pour lui je devais apprendre à me sentir un déchet et à me détester profondément.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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(...) j'ai tenté une première suicide donc, (...), comprenez les poids des regards et des dires des autres que témoignent bien la discrimination, le manque d'amour.

 

Participant -6-

(...) je pense que le problème de l'image du corps qui est soulevé par cette recherche de Dieudonné est une question d'attitudes, de respects de soi.

L'image du corps, c'est le respect de soi, d'être en accord en soi et pour soi. La rondeurs est aussi question de choix, afin de garder sa culture naturelle. Mais, les mannequins semblent mener une vie difficile, car ils sont obligés à garder une forme artificielle du corps pour des fins économiques ou publicitaires. C'est le déphasage entre ce qui est et ce que l'on veut.

(...) je pense sincèrement que la plupart des mannequins, mis à part le côté paillettes, vivent une vie très difficile dans leur tête comme dans leur corps., physiquement.

Elles sont naturellement rondes et elles ont choisi de l'être, et le public les accepte !

Je me demande toujours pourquoi nous, les immigrés africains, ne pouvons-nous pas garder notre culture d'être toujours en contact avec la nature !

Alors j'ai compris qu'il faut être naturel.

(...) dans des sociétés soumises régulièrement aux pénuries alimentaires, qu'être gros signifierait être à l'abri des disettes comme en Afrique noire.

En Afrique, on ne meurt pas de faim partout. Au Sénégal, par exemple, même en RD du Congo, les gens peuvent-être pauvres mais ils ne meurent pas de faim.

C'est une différence culturelle, et ça n'a rien a voir avec la faim ou la pauvreté, soyons sérieux et clairs. C'est peut-être tout simplement le fait que les femmes là-bas, ont cette morphologie particulière et qu'elle y est appréciée.

Je ne crois pas que l'idéal européen se vendent uniquement parce que les gens ont encore des carcans idéologiques dans certains pays du Sud !

(...) pour certains industriel et publicitaires la norme est européenne, mince. Cela pose un problème de représentation, de vision, de perception, d'autant cela tend à homogénéiser tout le monde, à mettre tout le monde dans un même sac et à exclure de plus en plus de monde. Du coup je peux vous dire que l'Occident peut constituer du mirage pour des gens qui ont été soumis (...) par les européens.

Participant -7-

(...) aujourd'hui, il est établi que parmi les facteurs intriqués qui interviennent dans l'initiation, le développement et l'expression clinique des maladies les plus répandues en Occident, la nutrition,

La nourriture, plus spécifiquement, du

sucre et les graisses sont identifiés
comme étant les responsables de la

grosseur. La société est en pleine
évolution : ainsi, un enfant qui arrive à

résoudre ses problèmes par l'apport
alimentaire fini par lier les solutions à

ses problèmes à la nourriture.

Actuellement, l'image de la femme
traditionnelle est d'une façon maniaque, rejetée, dans cette société où il y a une

obsession de la minceur. C'est une
question de choix personnel. Cela crée parfois le désaccord entre la vie physique et la vie mentale : d'où l'origine de la

Des nombreux auteurs mettent en avant le rôle de l'ingestion des aliments riches en sucres et en graisse pour devenir gros, particulièrement en cette situation de l'immigration africaine (...)

La question de l'image du corps ou de la corpulence, est une situation qui se construit, qui évolue avec le temps

(...) si la mère répond à toute demande de l'enfant par le don de nourriture, que celle-ci soit liée à la faim, mais aussi à la soif, au sommeil, à une demande d'amour ou de câlins, l'enfant engrammera la réponse-nourriture capable de colmater ses besoins, désirs, affects (...)

La nourriture n'est pas la solution à tous les problèmes posés (...)

Il s'agit de rejeter l'image de la femme mure traditionnelle avec les seins lourdes et aux bassins méditerranéens aux quelles les jeunes de seconde génération ne veulent pas du tout ressembler.

(...) je veux aussi dire que pour d'autres, grosseur et grossesse se confondent. Tout est alors confondu, témoin paradoxal de l'échec de leur féminité. Ainsi, les femmes un peu ronde, ne se sentent pas bien en étant enceinte en pensant dissimuler de la sorte des formes avantageuses «d'être mince» au point même de ne pas voir accoucher.

Les sociétés modernes n'aiment pas les graisse, n'aiment pas non plus les gens trop gros.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

113

 

Actuellement l'une des caractéristiques de la société occidentale, surtout, c'est son obsession de la minceur, son rejet quasi maniaque de la grosseur !

crise de l'estime de soi et de pour soi.

C'est la société qui crée des gros et par la suite c'est la même société qui ne les tolère pas. C'est abominable, c'est injuste, c'est affreux !

C'est cela la crise psychologique par rapport à son estime de soi,

Participant -8-

(...) les idéaux esthétiques au sein d'une société correspondent habituellement aux propriétés corporelles que seules les classes dominantes peuvent posséder, parce qu'elles exigent du temps et de l'argent.

Les gens sont attachés à leurs idéaux esthétiques qui sont souvent dictés par la classe sociale dominante, de eux qui ont des moyens selon l'appartenance sociale. Ce qui fait qu'au Nord et au sud, la

représentation du Corps est
différemment valorisée. Pour le premier, c'est la minceur et la grosseur pour le second. Dans les deux cas, selon le contexte socioculturel, la représentation du corps symbolise, l'identité, la beauté, la richesse extérieure, etc.

Bref, c'est la carte de visite sociale. La

représentation du corps est aussi, le

résultat d'un processus d'adaptation

environnementale. Il faudrait tout
simplement s'accepter tel que l'on est, selon les conditions dans lesquelles on se trouve.

Dans les communautés pauvres avec une insuffisance alimentaire, grossir est par contre valorisé par ces riches.

(...) être mince dans une société occidentale, c'est prouver aux yeux de la société que l'on est capable de s'offrir des aliments fins, des fruits, des légumes !

Être mince, c'est aussi un façon de s'identifier dans la société, de clarifier et montrer qu'on dispose des moyens nécessaires pour consacrer une partie de son temps à l'adoption de comportement de la santé.

Actuellement encore, dans beaucoup des sociétés où il existe les souvenirs des périodes de la vache maigre, être gros, est un critère de la beauté féminine, ainsi qu'un signe extérieur de richesse, une sorte de carte d'identité, une carte de visite sociale.

(...) la minceur est à sa manière un signe extérieur d'aisance.

La minceur est le signe extérieur de la richesse et associée à une alimentation choisie, aux soins apportés au corps.

Ici il y a la responsabilisation de l'individu, l'invitant à se construire un projet personnel et la minceur devient un signe visible de la santé, de bien-être, un enjeu du ben-être

Le fait d'être grande et mince est une obligation pour un mannequin qui doit pouvoir porter et valoriser n'importe quel vêtement. Ces impératifs du métier n'ont rien à voir avec un quelconque modèle corporel de la santé, parce que l'homme n'est pas un jouet.

(...) dès que la représentation du corps ne coïncide pas avec l'image du corps physique, le conflit est là. !

(...) toute modification de la corpulence ou de l'image du corps est pour moi, le résultat d'adaptation du corps aux conditions environnementales.

(...) le fait même de forcer la nature pour être mince ou gros selon les préférences de chacun, serait une déviance par rapport aux normes physiologiques, aux normes naturelles.

Participant -9-

Les poumons, le foi, le coeur, tous les viscères, on ne les voit pas, parce qu'ils sont bien cachés à l'intérieur de l'organisme. Ce que l'on voit, c'est ce qui est apparent : Les mains, le visage, les jambes, les pieds, les fesses, le ventre (...).

L'apparence peut parfois être trompeuse, parce que ce que nous voyons (visible) n'est pas la réalité (invisible). Il serait donc important de tracer le parallélisme

entre ces deux dimensions de la
représentation du corps, l'invisible et la visible pour mieux appréhender la réalité qui est le plus souvent sous le coup des médias. D'où les difficultés de s'accepter

Il serait très intéressant de faire un parallélisme entre le sens de la vue et le regard, qui est l'expression mentale, qui renvoie à l'invisible !

Le regard de l'autre et votre propre regard vous soumettent à une double analyse, dont les conséquences peuvent s'avérer très importantes. Ils peuvent vous fragiliser ou vous renforcer et vous rendre sûr de vous. Ce double regard représente dans des situations extrêmes, le facteur déclencheur de trouble de représentations.

Et du coup, on n'est plus dans l'esthétique, surtout que si s'introduit un troisième «oeil», celui de la société et des médias. Comme vous le savez, les médias ne font que s'interposer dans cette logique de l'interaction où le développement social de l'image du corps est conditionnée de près par l'image du corps de l'autre.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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Il y a souvent de décalage entre le désir de perdre le poids physique qu'a la personne a dans sa tête .

 

Il est très difficile de faire le deuil de ce que l'on est aujourd'hui pour devenir quelqu'un d'autre et faire plaisir à la société. C'est terrible que les gens ne veulent plus accepter naturellement et s'accepter.

Participant -10-

(...) grossir s'inscrit dans un contexte souvent inconscient. L'individu peut percevoir inconsciemment un manque intérieur dans sa vie à un moment donné qu'il utilise la nourriture ou l'alcool ou le tabac. Comme substitut de remplissage. Ce produit de remplissage ne correspond pas au manque, à la faim. Cela entraîne l'installation de la culpabilité et renforce le symptôme dépressif dans le cas présent la grosseur ou l'image du corps. Ce souci de l'image de soi et celle que nous renvoient les autres : Je suis vu comme gros, pas séduisant ou pas performant (...) avec toutes les qualifications que vous voulez, de monstruosités (...) renforcent encore cette spirale dépressive larvée. Et comme le malheur n'arrive jamais seul, cette anesthésie des sensations ne correspond pas exactement à la perception de ce vide, de ce manque intérieur et du symptôme dépressif larvé. (...) C`est sûr, puisque la compensation, dès la fin de la digestion devient sensation de vide physique et affectif, ramène à l'envie impérative de manger. Le cercle vicieux est alors auto-entretenu vers la grosseur (...). C'est ici que souvent est impliqué, un des aspects de l'hyperphagie.

Il est important de savoir que la grosseur

peut s'inscrire dans le contexte de
l'inconscient, où il s'établit un cercle vicieux infernal de la grosseur. Dans ce cas il y a perte d'estime de soi , pour soi et on croit que la solution se retrouverait dans la nourriture, en s'y réfugiant. Les

normes créent les conflits d'identité ou
la culpabilité, etc. Un seule attitude idéal à adopter est de s'accepter tel que on est. Tout est dicté par la société pour elle et en elle.

Elles pensent uniquement ne pas être conformes à une certaine norme véhiculée, par une magazine de mode (...), elles ont leur image du corps dévalorisé et se sentent du coup mal à l'aise.

C'est le problème ! Même si on entend par poids la masse globale, le critère pour déterminer l'ampleur de la silhouette reste pour autant insuffisant. Il y a des gros qui sont jugés positivement..

Le classement d'un gros dans la catégorie positive ou négative résulte sans doute non pas d'un trait particulier, mais de la relation entre les traits physiques et l'image sociale de la personne, (...)

Participant-11-

(...) l'image de soi relève du schéma corporel, mais elle peut aussi s'éloigner de la réalité objective du fait de l'idéalisation de ce qu'elle veut être. La perception psychologique prend alors le pas sur la perception anatomique, d'où la non coïncidence en l'apparence du corps et sa construction mentale. A cause de ce déphasage entre l'image et la réalité, le corps peut devenir source de culpabilité et de la honte de son identité !

La représentation du corps s'inscrit dans le schéma corporel par rapport à la

dualité du corps. Il apparaîtrait que
l'apparence que les gros affichent, est la face de la médaille, dont le revers cache la souffrance. L'environnement ne cesse d'exercer son influence sur cette image du corps en attribuant au gros parfois la

rôle de viveur. L'essentiel état de
s'accepter tel que l'on est.

(...) derrière cette sympathie, on aperçoit percer une image négative du gros corps. La jovialité des gros est souvent soupçonné de n'être qu'une face de la pièce, une façade où se dissimuler de souffrance, de la tristesse.

La construction de notre corps dépend de nos interaction avec notre environnement, qui a bien sûr évolué.

Mise à part son dégoût de grosseur, la société attribue l'embonpoint de la gaieté, de la bonne humeur, le goût de la bonne chère, de la convivialité. C'est un viveur

Une attitude correcte envers son corps est le fait de s'accepter tel que l'on est

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

Participant -12-

L'application des normes de la corpulence valorise une image forgée du corps. Elles sont souvent à l'origine de conflit, car elles incitent à choisir. Alors qu'il n'existe pas dans la réalité, en ce terme de poids idéal. Tout est social. On voit même que certaines sociétés engraissent es jeunes femmes pour le mariage, alors qu'à l'opposé, la grosseur est une caractéristique de la classe sociale des pauvres en occident, où de plus en plus les nouveaux riches sont minces. L'on doit aussi reconnaître que la biologie aussi trouve une explication dans la grosseur au delà de l'influence sociale.

La notion de poids idéal dépend de l'idée d'image du corps qu'on s'est forgée

 

(...) la recherche des valeurs biologiques moyennes est, à la limite, dépourvue de sens, car elle aboutit à une valeur purement théorique qui dans les faits, n'existe pas.

Il est clair que la communauté, la société qui est créatrice des normes, puissantes parmi les quelles les meilleures sont celles qui favorisent son épanouissement.

Il y a en cela une source inévitable de conflit qui se crée, car créer des normes, c'est aussi choisir. Or, choisir, c'est trier, c'est éliminer, rejeter et donc susciter des conflits, créer la discrimination au sujet de l'image du corps.

Certains pays africains ont conservé cette tradition qui consiste à engraisser les jeunes mariées à l'extrême, en signe de prospérité et d'opulence.

La minceur est le privilège des riches, des intellectuels, alors que la grosseur dénote souvent des personnes issues des classes moins favorisées. Cette réalité est plus marqué ici, en Europe.

Force est de reconnaître que, mis à part quelques nouveaux riches souvent peu instruites des classes aisées, sont minces. «Aisé» ne signifie plus «à son aise», confortablement repu et entouré de coussinets graisseux, mais bien «à l'aise» dans son pantalon de taille 36 qui semble presque trop grand.

Les gros peuvent être victimes de leurs glandes, du développement environnemental, de leurs prédispositions génétiques ou coupables de leurs gloutonneries.

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d.5. Matrice de la validation à posteriori et modèle de la lettre de transmission et d'invitation

Matrice 3 : Matrice de la validation à posteriori des résultats par la restitution

Représentation du corps

Variables

Degré de satisfaction

Recommandations

Contenu

Organisation

1

Séduction

 
 
 
 
 

2

Mécanique

 
 

3

Émotion

 
 
 

4

Communication

 
 

5

Identité

 
 
 

6

Maternité

 
 

7

Virilité

 
 

Représentation de l'alimentation

Variables

Degré de satisfaction

Recommandations

Contenu

Organisation

1

Convivialité

 
 
 
 
 

2

Plaisir

 
 

3

Identité

 
 
 

4

Organisation

 
 

5

Santé

 
 
 

6

Survie

 
 

Critères de validation

Valeurs

Degré de
satisfaction

Représentation

s

Propositions partisanes

5

Tout à fait
d'accord

Corps

Le contenu des représentations du corps est correctement identifiées

4

D'accord

 

L'organisation du contenu des représentations du corps reflète la réalité

3

Sans opinion

Alimentation

Les représentations de l'alimentation est correctement défini

2

Pas d'accord

 

La structuration des représentations de l'alimentation reflète

1

Pas du tout
d'accord

 

ben la réalité

Merci

Fait à Anvers, le 13 décembre 2005

Pour accord de principes Enquêteur

N'chweki M. Dieudonné P.

Remarque : Une ou des feuilles supplémentaires peuvent être annexée (s) si nécessaire

Commentaires : La validation à posteriori, dénote que les participants sont d'accord à la valeur moyenne de [4,0 : ce chiffre n'a pas une valeur statistique] de nos résultats d'analyses des données. Les recommandations des participants ont été considérées et résumées dans les perspectives pratiques. Les contacts téléphoniques e sont poursuivis après les expéditions des documents aux participants [population de l'étude]

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Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

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Modèle 1 : Lettre d'accompagnement et d'invitation

Madame, Mademoiselle Monsieur

Anvers, le 13 décembre 2005

Concerne : Invitation pour validation des résultats de mes recherches.

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Dans le respect de mes engagements et fidèle à ma parle, je reviens une fois de plus vers vous et cette fois-ci pour solliciter votre appréciation sur les résultats de mes analyses des données.

Je vous prierai donc de trouver aux annexes, les copies de synthèses des résultats d'analyses, la copie de l'organisation des composantes de la représentation du corps et de l'alimentation, ainsi que le tableau 4 : d'appréciations individuelles.

Pour chaque question, cochez la réponse qui vous paraît la plus proche de ce que vous pensez. .Sans opinion signifie que vous ne pouvez vraiment pas vous décider. Les questions portent sur :

1) Les définitions des composantes des représentations : - du corps

- de l'alimentation

2) L'organisation des composantes des représentations : - du corps

- de l'alimentation

3) Au niveau de chaque variable [2ème colonne], vous avez les possibilités de formuler vos recommandation pour justifier votre positionnement ou votre degré de satisfaction.

Je vous invite alors au lieu, date et heures indiqués au bas de la page, de bien vouloir vous joindre à nous pour valider en groupe, nos résultats de recherches, dont l'objet est de comprendre la représentation du corps et de l'alimentation dans les perspectives d'éducation pour la santé. Votre présence physique est vivement recommandée. Mais si jamais, il vous arriverait de ne pas venir pour nous rejoindre physiquement, je vous prie de bien me faire parvenir votre matrice d'appréciation, dûment clairement rempli, accompagnée de votre ou vos recommandation (s).

- Jour et date : Dimanche 18/12/2005 - Lieu : Ferd. Cosemansstraat, 85 - Heures : 14h30

Tout en vous réservant un accueil chaleureux et convivial, je vous prie d'agréer Madame,

Mademoiselle, Monsieur , l'expression de mes sentiments fraternels.

Bien à vous,

Enquêteur

Dieudonné P. N'CHWEKI M. Ferdinand Coosemanssatraat, 85 B-2600 BERCHEM (Anvers) didopas@hotmail.com

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille