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Acces des pays en voie de développement aux médicaments


par Gaelle Saupin
Esc Wesford -   2004
  

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2. PVD et PMA : vers un réel accès aux médicaments ?

Cet accord ADPIC, aussi bien signé par les pays développés que par les pays en

voie de développement, prévoyait certes des règles à respecter en matière de

protection intellectuelle mais il contenait également des flexibilités, notamment

celle des « autres utilisations sans autorisation du détenteur » du brevet

appelées plus tard « licences obligatoires ».

En effet, selon cet accord, un gouvernement d'un pays membre de l'OMC peut

délivrer une licence obligatoire, c'est-à-dire qu'il peut autoriser un tiers à

fabriquer le produit breveté sans le consentement du titulaire du brevet ; la

délivrance de ces licences n'étant possible que sous un certain nombre de

conditions visant à protéger les intérêts du détenteur du brevet. Les PVD,

espérant pouvoir se servir de ce système de licences obligatoires, ont signé cet

accord en attendant également un futur assouplissement des règles

internationales en matière thérapeutique.

Cette réforme était programmée pour 2001, lors d'un nouveau cycle de

négociations internationales au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce.

Ces licences obligatoires pouvaient, en théorie, être délivrées dans les

« situations d'urgence nationales 4», dans d'autres « situations d'extrême

urgence » ou en cas d'utilisation « par les pouvoirs publics à des fins non

commerciales ». Dans la pratique, cela est plus confus et plus difficile. En effet,

lorsque les états des pays en voie de développement ont décidé de recourir

à cette flexibilité, ils se sont heurtés à la résistance des pays développés.

4 Accord ADPIC, Article 31b

- 1 0 -

Un cas est particulièrement connu : il s'agit de l'Afrique du Sud.

L'Afrique du Sud est, avec 5.3 millions de personnes infectées, le pays qui

compte le plus grand nombre de malades du sida dans le monde.

En 1997, cet Etat a légiféré pour permettre aux malades d'accéder aux

médicaments adaptés et à bon marché. Cette loi a donc ouvert un espace à la

production et à l'importation de médicaments génériques, moins chers que ceux

mis sur le marché par l'industrie pharmaceutique mondiale suivant le principe des

licences obligatoires.

Cependant, les grands laboratoires mondiaux n'ont pas tardé à agir en justice

devant les instances internationales contre l'Afrique du Sud, au motif qu'elle

violait les règles internationales en matière de propriété intellectuelle.

Cette affaire a été médiatisée dans le monde entier et s'est révélée être le

procès de tous les pays du Sud, privés de traitement car ils ne sont pas assez

solvables contre les grands laboratoires du Nord et les pays où sont situés

leurs sièges sociaux, notamment les Etats-Unis et certains pays d'Europe. En

effet, aux côtés des laboratoires, les pays du nord ont également participé aux

pressions, économiquement, sur les gouvernements des pays souhaitant mettre

en place de telles stratégies.

Les Organisations Non Gouvernementales de tous les pays sont intervenues pour

demander le retrait de la plainte des laboratoires, qui ont cédé devant l'ampleur

de la situation. L'Afrique du Sud a donc pu continuer à mettre en place des

solutions pour améliorer l'accès de ses malades aux génériques.

Après cette affaire, la question de l'accès des pays pauvres aux médicaments

s'est trouvée au centre des discussions ayant lieu à l'OMC. En effet, elle est

devenue le symbole de la prise en compte des spécificités des pays du Sud.

A Doha, en 2001, un assouplissement des règles internationales en matière

thérapeutiques était prévu (depuis la signature des accords de Marrakech).

A la fin des négociations, les Etats membres ont adopté une « Déclaration sur

l'Accord sur les ADPIC et la Santé Publique » dans le but d'élargir à tous l'accès

aux médicaments, notamment pour les maladies telles que le Sida, la tuberculose

et le paludisme.

- 1 1 -

Dans cet accord, souvent appelée « Déclaration de Doha » (Annexe 1), les pays

du Nord reconnaissent la « gravité des problèmes de santé publique qui touchent

les pays en voie de développement et les pays les moins avancés5 ». Les états

membres ont également reconnu l'importance de la santé publique et de l'accès

de tous aux médicaments existants. Pour la première fois, on a affirmé que les

médicaments n'étaient pas une marchandise comme les autres et que la santé

publique primait sur les droits de propriété intellectuelle. Aujourd'hui encore,

cette conférence de Doha est reconnue comme un acte politique majeur de la

part de tous les états en faveur de l'accès des pays pauvres aux médicaments.

Qu'a apporté concrètement cette décision ?

Cette déclaration valide la flexibilité de l'accord ADPIC sur les licences

obligatoires dans le sens où elle autorise chaque membre à accorder ces licences

toujours en cas de situation d'urgence. Elle reconnaît également que les maladies

telles que le Sida, le paludisme et la tuberculose peuvent représenter une

situation d'urgence nationale dans certains pays, ce qui est une bonne chose pour

les pays en voie de développement.

Cependant, cette flexibilité creuse encore un peu plus l'écart entre les pays qui

ont les capacités de production de médicaments génériques au sein des PVD,

comme le Brésil, l'Inde ou la Thaïlande, et ceux dont la situation économique ne

leur permet pas de produire eux-mêmes les médicaments dont ils ont besoin.

Dans ce sens, les pays membres ont également reconnu dans cette déclaration

relative à la santé publique que « les pays ne disposant pas de capacités de

production dans le secteur pharmaceutique [PMA] pourraient avoir des

difficultés à recourir de manière effective aux licences obligatoires6 ».

En effet, si la déclaration de Doha entrouvre la voie de l'accès aux médicaments

pour les pays émergents par l'utilisation des licences obligatoires, ce qui

constitue une avancée certaine ; elle interdit toujours l'exportation des

génériques entre pays émergents producteurs, PVD non producteurs et PMA,

souvent les plus touchés par la maladie. Pourquoi ? Principalement parce que les

laboratoires craignent que ces médicaments génériques, produits dans les pays

du Sud, viennent inonder les marchés solvables du Nord, ce qui entraînerait une

baisse considérable de leurs revenus.

5 Déclaration de Doha, Article1.

6 Déclaration de Doha, Article 6

- 1 2 -

Malgré les réticences des pays du Nord, les membres de l'OMC sont quand même

convenus qu'il fallait trouver une solution pour faciliter l'accès des pays les plus

pauvres aux soins et se sont donnés jusqu'à fin 2002 pour trouver une solution

acceptable pour les deux parties. Or, aucune décision n'a été prise avant

l'échéance donnée par l'OMC lors de la conférence de Doha. Pourtant l'Union

Européenne ainsi que vingt quatre gouvernements étaient arrivés à un accord fin

2002. Celui-ci devait autoriser certains pays à fabriquer et à exporter ces vers

les pays les plus nécessiteux en terme de traitement, en étudiant chaque dossier.

En résumé, cet accord, s'il avait été adopté, aurait garantit l'accès des plus

pauvres aux produits génériques tout en évitant la réexportation vers d`autres

pays. Il ne restait plus qu'à déterminer quels médicaments étaient concernés par

cet accord et quels pays auraient pu en bénéficier. Mais aucun consensus n'a été

approuvé par tous les membres de l'OMC par rapport à cet accord.

Pourquoi ?

Une nouvelle fois, on a assisté à une opposition des parties présentes sur tous

les plans et chaque partie est restée « campée » sur ses positions notamment en

ce qui concerne les maladies visées par cet accord. En effet, les Etats-Unis et

pays développés voulaient qu'une liste de vingt-cinq maladies transmissibles soit

établie alors que les PVD ne voulaient pas déroger à l'article 1 de la déclaration

de Doha qui mentionne « le Sida, la tuberculose, le paludisme et d'autres

épidémies... », c'est-à-dire toutes les maladies pouvant entraîner une situation

d'urgence sanitaire.

En effet, les PVD ne veulent aucune restriction pour pouvoir importer tous les

médicaments dont leurs populations ont besoin. Mais certains PVD, comme l'Inde

ou l'Afrique du Sud, producteurs de génériques, ne souhaitent pas non plus voir

se fermer de futurs marchés potentiels ; ces pays n'étant pas non plus dénués de

toutes arrières pensées économiques.

L'opposition s'est également remarquée sur l'attitude des deux parties. Les pays

développés craignent que les pays du Sud abusent de la situation, c'est-à-dire,

qu'ils considèrent chaque maladie comme une situation d'urgence qui entraîne

donc, selon cet accord, l'importation de génériques à bas coûts. Les PVD, quant à

eux, pensent que les pays développés manquent à leur parole, surtout après

l'affaire concernant les licences obligatoires en Afrique du Sud notamment.

- 1 3 -

Dans ces conditions, il apparaît clairement qu'aucun accord n'ait pu être trouvé.

La situation, dans une impasse depuis, a enfin trouvé une solution fin août 2003

grâce à une décision de l'OMC sur l'importation de génériques par les pays les

moins avancés (Annexe 2).

Cette dernière décision va-t-elle enfin permettre aux PVD et surtout aux PMA

d'importer ces génériques ?

Oui, mais sous réserve. En effet, cet accord permet à tous les pays membres de

l'OMC d'exporter des produits pharmaceutiques dans le cadre de licences

obligatoires mais sous certaines conditions qui figurent dans la décision. Il faut

notamment que le pays exportateur et le pays importateur émettent

simultanément des licences obligatoires et que le pays importateur ait au

préalable informé le conseil des ADPIC de son intention d'importer des

génériques au risque de subir ensuite d'éventuelles pressions économiques

unilatérales de la part de certains pays développés. Il apparaît donc à la vue de

toutes ces conditions et procédures que cet accord sera, une fois encore, bien

difficile à mettre en oeuvre pour les pays pauvres.

En résumé, favoriser l'accès des pays pauvres aux médicaments est une idée

reconnue et admise par tous, y compris par les pays développés. Des accords

internationaux ont été signés en ce sens à de nombreuses reprises mais dans la

pratique, ces accords semblent, à chaque fois, contenir des éléments qui freinent

cet accès voire qui l'empêche. Cependant, on peut quand même noter une certaine

avancée dans le sens où les pays développés ont accepté ce dernier accord sur

l'importation des génériques par les pays les moins avancés, sous de nombreuses

conditions, certes, mais le concept a été accepté.

Depuis la déclaration de Doha et suite à de nombreuses pressions internationales

de la part des organisations non gouvernementales mais aussi des pays en voie de

développement producteurs de génériques, tels que l'Inde ou le Brésil, les grands

laboratoires ont mis en place de nouvelles stratégies visant à diminuer le prix de

leur thérapies pour les pays les moins avancés.

Quelles stratégies doivent être mises en place pour favoriser l'accès des plus

pauvres aux médicaments à l'avenir ? Qui sont les acteurs ?

- 1 4 -

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite