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Etude des conséquences immédiates et à  terme des phénomènes associés à  un événement El Nino


par Florent Demoraes
Université de Savoie - DEA Interface Nature / Sociétés 1999
  

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IV / - Essai d'évaluation des conséquences à long terme de l'épisode El Niño

de 1982-83 sur le territoire équatorien (étude de faisabilité)

A / Premiers éléments de réponse

L'Equateur a retenu mon attention pour plusieurs raisons qui ont été évoquées tout au

long du texte et que je résume ici. Tout d'abord, rappelons que les mécanismes pluviogènes,

plus particulièrement sur sa marge littorale, dépendent directement des conditions océaniques

et du positionnement de l'Equateur Météorologique, les deux paramètres étant liés. Or, lors

des événements ENOA, l'Equateur est le premier pays à être atteint par le courant

anormalement chaud et ses phénomènes induits (modifications de la dynamique érosive

littorale, perturbation des écosystèmes marins) et ce, nous l'avons vu, sur la plus longue

période. Par ailleurs, les épisodes El Niño étant associés à une migration de l'EM en direction

du sud, les régimes pluviométriques équatoriens apparaissent profondément bouleversés en

phase ENOA. Des précipitations fortement excédentaires généralisées (sauf dans l'Oriente) et

très supérieures aux moyennes saisonnières s'étalent pendant plusieurs mois et sont à l'origine

de toute une série d'aléas physiques tels que des inondations, des glissements de terrain, des

translations du lit des rivières, etc.,... Ces phénomènes inopinés d'origine naturelle entraînent

à leur tour des conséquences notoires sur les enjeux humains, ce qui place l'Equateur comme

l'un des pays andins le plus durement touché, en valeur relative, puisque 15% de sa

population a été directement ou indirectement concernée par les préjudices attribuables à

l'épisode de 1982-83. En résumé, il apparaît que, même si tous les phénomènes associés ne

sont pas systématiquement négatifs sur son territoire (Cf. III/C), l'Equateur s'avère malgré

tout être un pays profondément affecté par les événements El Niño récurrents d'autant que les

aléas à l'origine des catastrophes interviennent majoritairement dans la région côtière, zone

économiquement prépondérante. Ces perturbations bouleversent fortement son organisation

générale parfois plusieurs décennies durant.

Je propose donc dans ce dernier paragraphe de soulever des interrogations et de

formuler des pistes de recherche au sujet des conséquences à plus long terme des phénomènes

physiques induits par l'avènement des épisodes El Niño sur les enjeux humains. Une réflexion

initiale est à développer en vue de savoir si l'analyse des effets à terme est réalisable sur le

territoire équatorien. Je suggère d'établir une première évaluation qui constituera un canevas à

étayer ultérieurement au cours d'une thèse de doctorat. L'événement de 1982-83, considéré

comme l'un des El Niño les plus intenses du siècle, a été retenu comme point de départ pour

cette étude.

Est-on en mesure aujourd'hui de discerner en Equateur des dysfonctionnements ou à

l'opposé des améliorations dans l'organisation des structures sociétales attribuables au

phénomène survenu il y a 17 ans ? Dans quelle mesure les effets de l'épisode El Niño de

1982-83 influencent-ils encore la situation socio-économique actuelle de l'Equateur ? A-t-il

contribué à la péjoration d'une situation de crise qui existait avant son avènement ou alors l'at-

il déclenché ? La difficulté majeure de ce genre d'analyse relève de la nature extrêmement

variée de tous ces indices qui rend leur identification fort complexe.

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A-t-on observé des changements dans les pratiques sociales, des perturbations des

réseaux de communication, des formations où des relocalisations de quartiers, des

modifications dans l'aménagement et la gestion des territoires suite à l'épisode El Niño de

1982-83 qui soient encore perceptibles aujourd'hui ? Y a-t-il eu une prise de conscience

nationale du danger encouru lors de l'événement de 1982-83 et a-t-elle débouchée sur des

mesures au niveau international, national, régional ? Des mesures ont-elles été entreprises

pour réduire les impacts des catastrophes et ou pour prévenir l'occurrence des aléas ? Des

erreurs ont-elles été commises ou au contraire constate-t-on des progrès ? La population a-telle

mieux été préparée pour faire face au dernier événement à la lumière des enseignements

de l'événement 82-83 ? A-t-on constaté un manque d'efficacité de certains organismes ou de

certaines administrations ? Si oui, quelles leçons a-t-on tiré de ces lacunes dans la gestion des

crises imputables à El Niño ? Mais surtout, observe-t-on aujourd'hui une gestion plus

efficace, plus optimale, plus performante des crises ? A-t-on amorcé des réformes dans

certaines structures impliquées dans la gestion des crises ? A-t-on voté des lois, adopté de

nouvelles normes, établi de nouveaux plans d'occupation des sols (interdiction de construire

en zone inondable ou dans les secteurs littoraux en régression...) ?

Ces questions auxquelles il n'est pas évident de répondre dès à présent de manière

précise constituent une des trames essentielles de mes investigations futures. Je propose de

formuler dans les lignes qui suivent un début de réponse.

Il est certain que l'épisode El Niño de 1982-83 a profondément marqué à l'époque la

communauté internationale et l'Equateur et qu'il continue d'influencer dans bien des aspects

les structures socio-économiques actuelles du pays.

Tout d'abord dans le domaine de la prévision de l'occurrence des phénomènes,

plusieurs mesures ont été prises favorisant ainsi la mise en garde des populations afin de

minimiser l'impact des aléas induits.

J.F Nouvelot et P. Pourrut93 écrivaient en 1984-85 : «Etant donné ses conséquences

parfois catastrophiques, il était normal (...) que El Niño donne lieu à des études plus

spécifiques. C'est ainsi que le Chili, la Colombie, l'Equateur et le Pérou ont formé le groupe

ERFEN94 qui, principalement sur la base d'échanges d'informations météorologiques et de

croisières océanographiques, essaie de comprendre et de prévoir l'apparition du phénomène.

Par ailleurs, à l'échelle internationale, il existe un groupe de travail mixte COI-OMMCPPS95

qui réalise des études détaillées sur les conditions physiques, météorologiques et

biologiques de l'océan, en utilisant les données recueillies et transmises par des stations

météorologiques fixes, des bateaux océanographiques ou marchands, des bouées dérivantes,

des satellites, etc.»

93 NOUVELOT J.-F., POURRUT P., 1985, El Nino, phénomène océanique et atmosphérique - Importance en

1982-83 et impact sur le littoral équatorien, Cahiers Orstom, série Hydrologie, vol. XXI, No 1, pp. 39-65.

94 Estudio Regional del Fenómeno El Niño, aujourd'hui COPEFEN (Unidad Coordinadora del Programa de

Emergencia para Afrontar el Fenómeno El Niño).

95 COI : Commission Océanographique Internationale ; OMM : Organisation Météorologique Mondiale ; CPPS :

Commission Permanente du Pacifique Sud) à l'origine du programme TOGA (Tropical Oceanic and Global

Atmosphere)

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En ce sens, les organismes chargés de l'observation et de la surveillance des variations

des dynamiques de l'Océan Pacifique et de l'atmosphère ont annoncé au cours de l'année

1997 l'apparition d'une nouvelle phase ENOA. Aussi, les pouvoirs politiques, en

collaboration avec des organismes scientifiques nationaux et étrangers, ont-ils décidé

d'organiser une conférence internationale à Quito en novembre 1997 au sujet des

«conséquences climatiques et hydrologiques des événements El Niño à l'échelle régionale et

locale»96 afin d'informer, de prévenir et de mettre en garde les institutions nationales contre

les risques encourus.

Cette sensibilisation devait s'accompagner d'une meilleure préparation des

populations face aux dangers. Dans ce domaine, les médias ont largement contribué à

véhiculer l'information mais encore faut-il que tout un chacun ait accès à un téléviseur, à une

radio ou à des journaux qu'il soit en mesure de lire.

Les graves inondations qui ont touché en 1982-83 l'ensemble du bassin inférieur du

Río Guayas ont impulsé la construction d'ouvrage de contention des crues. Un bilan sur cette

thématique a été établi en 1993 par F. Rossel, E. Cadier et G. Gómez97. «Esta marcada

influencia del fenómeno ENSO en el litoral ecuatoriano ha obligado al gobierno a tomar

medidas precautelatorias ante posibles eventos hidrometeorológicos que provocan

inundaciones en esta importante zona de desarrollo económico del país, mediante la

planificación, diseño y construcción de obras de infraestructura para la protección contra las

inundaciones».

C'est ainsi que la ville de Babahoyo située dans la partie inférieure de ce bassin

versant et qui avait subi des inondations catastrophiques en 1982-83, a été épargnée lors du

dernier événement grâce à la construction d'un endiguement et de retenues d'eau en amont.

Il semble que de nombreux efforts aient été menés aussi bien au niveau national que

supranational dans la perspective d'améliorer les prévisions météorologiques d'une part et de

minimiser les répercussions des aléas d'origine naturelle qui accompagnent les épisodes El

Niño d'autre part. Mais, compte tenu de l'ampleur des dégâts estimés à plus de 2800 millions

de dollars pour l'Equateur lors du dernier événement, on est en droit de se demander si ces

mesures n'ont pas été en définitive insuffisantes et si les structures d'intervention d'urgence

n'ont pas été inefficaces et victimes de dysfonctionnements.

Par ailleurs, comme le souligne F. Rossel et al., le manque de travaux de régulation

des débits et leur trop faible capacité n'ont pas permis non plus de juguler les inondations :

«Sin embargo es claro que en caso de surgimiento de períodos lluviosos de frecuencia mayor,

como fue el caso del invierno catastrófico de 1983, la presa Daule-Peripa se llenará en las

primeras crecidas, no pudiendo almacenar las crecidas posteriores y su papel se limitará a la

reducción provocada por la liminación del pico en el lago».

96 INAMHI, ORSTOM, 1997, Seminario Internacional, Consecuencias climáticas e hidrológicas del evento El

Niño a escala regional y local, Incidencia en América del Sur, Memorias Técnicas, Edición preliminar, 26-29 de

noviembre de 1997, Quito-Ecuador, 230p.

97 ROSSEL F., CADIER E., GOMEZ G., 1993, Las inundaciones en la zona costera ecuatoriana: causas ; obras

de proteccion existentes y previstas, in Bull. Inst. Fr. Et. And., Tome 22, No 1, pp. 399-420.

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Parmi les causes contribuant à expliquer cette inefficacité, on distingue en Equateur un

facteur politique de vulnérabilité caractéristique, symbolisé par la très nette dualité

économique et politique qui existe entre les villes de Quito et de Guayaquil. La majorité des

fonds publics sont investis dans la province du Pichincha dont la capitale est Quito aux

dépens du reste du pays.

Guayaquil, bien que plus peuplée, ne bénéficie quant à elle que d'un pourcentage

réduit des ressources de l'Etat, ce qui n'autorise pas la mise en place de campagnes

d'information et la réalisation d'ouvrages de mitigation des aléas générateurs de dommages

dans les provinces du Guayas et d'une manière générale dans les provinces rurales (la

province du Manabí en particulier). La corruption et les détournements d'argent s'ajoutent

encore aux problèmes liés à l'inégale répartition du budget national.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite