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La production imprimée à  Angers pendant la période révolutionnaire, 1787-1799


par Cédric Pichot
Université d'Angers - Maà®trise d'histoire du livre 2002
  

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B- Les changements révolutionnaires :

La liberté d'imprimer suscite un véritable engouement pour les métiers du livre. Mais l'augmentation de la production est aussi due aux impressions pour le département (voir supra, chapitre 3) et à l'abondance de textes à caractère politique. Ces deux facteurs ont une conséquence évidente et commune : le développement exponentiel du support imprimé. En effet, La production change totalement après la Révolution : alors qu'elle se limitait à onze textes en 1787 et à douze en 1788, elle fait un premier bond à cinquante imprimés en 1789 (n'oublions pas que la liberté d'imprimer est consacrée seulement au milieu de l'année 1789), puis un second en 1790 à 101 documents42.

Etienne-René Jahyer est << compagnon imprimeur >> chez son oncle quand il achète son imprimerie, rue Saint-Michel, au milieu de l'année 1790. Mais, dès le mois de septembre, il la transfère rue du Pilori, dont on vient de changer le nom en celui de rue Milton43. Contrairement à de nombreux imprimeurs, il ne s'installe donc pas par opportunisme du fait des conditions particulières de la période.

En 1791, Etienne-René Jahyer et René-Jean Geslin, qui est né à Angers le 5 mai 1767, s'associent et reprennent l'atelier d'André-Jacques Jahyer, l'oncle d'Etienne-René. Ils publient de nombreux libelles révolutionnaires << à l'imprimerie des sans-culottes >> dans la rue Milton (ex-rue du Pilori). En novembre 1791, il reprennent le Journal du département de Maine-et-Loire, par les Amis de la Constitution d'Angers44, mais la feuille disparaît presque aussitôt, début 1792. Ils font partie des plus ardents révolutionnaires angevins45. Cette association dure environ cinq ans. Jahyer et Geslin sont donc les deux seuls nouveaux venus de l'imprimerie angevine au début de la Révolution.

On remarque donc que le renouvellement du personnel chez les professionnels du livre concerne modérément les imprimeurs, puisque seule l'imprimerie de André-Jacques Jahyer change de propriétaire au début de la Révolution. De surcroît, les deux personnes qui reprennent cette imprimerie, Jahyer et Geslin, travaillaient dans ce métier auparavant : le premier travaillait chez son oncle, André-Jacques, tandis que le second était employé par Mame. Les imprimeurs angevins ne connaissent donc pas de réelle transformation au début de la Révolution.

42 Voyez le graphique introduit avant le paragraphe précédent.

43 Cette rue correspond à l'actuelle rue Lenepveu.

44 Document n° 780.

45 Selon Célestin Port, Op. cit.

C- Les incertitudes de la Terreur :

Pendant cette période, on remarque les difficultés rencontrées par les imprimeurs. En effet, dans un courrier adressé à l'administration départementale46, datée du 29 brumaire an 2 (19 novembre 1793), Mame se plaint de ses conditions de travail, des mauvais paiements de l'administration et du fait que ses deux fils aînés (Charles-Mathieu, né en 1774, et Louis-Charles, né en 1775) sont au combat contre les Vendéens. Le département de Maine-et-Loire ayant fait transmettre les plaintes de Mame au Ministre de l'intérieur, ce dernier renvoie au département un courrier47 pour déclarer que les caisses de l'Etat sont vides et que, même avec la meilleure volonté, il serait impossible de lui accorder une faveur en numéraire. Cependant, il assure que les versements seront désormais faits à chaque impression.

Pourtant, le 9 nivôse an V, Mame se plaint encore : il expose de nouveau à l'administration départementale les difficultés financières dans lesquelles il se trouve et la nécessité qu'elle lui rembourse l'argent qu'elle lui doit afin qu'il puisse continuer à acheter du papier, payer ses ouvriers et imprimer pour le département. Cependant, c'est certainement de ces impressions qu'il tire ses principaux bénéfices. Mame n'a donc pas le choix, il doit imprimer les textes pour le département, en espérant que les paiements arriveront au plus vite.

De la fin de l'an IV à l'an VI, Mame connaît effectivement de grandes difficultés financières. Dans les Affiches d'Angers, du numéro 33, du 5 frimaire an IV (jeudi 26 novembre 1795) au numéro 42, du 23 frimaire an IV (lundi 14 décembre 1795), Mame fait publier différents avis déclarant ne plus pouvoir faire parvenir son journal aux abonnés pour le même prix qu'auparavant. Il conserve néanmoins la part la plus importante de la production angevine jusqu'en 1797, produisant plus de 50% des imprimés angevins à lui seul. Cependant, cette situation n'est pas si favorable à Mame que ce que les autres imprimeurs voudraient faire croire.

En effet, la position de Mame suscite des convoitises : le document n° 1 7048 est une lettre de Louis-Victor Pavie qui se plaint du fait qu'il ait rendu des services aux autorités départementales, mais qu'il n'ait reçu d'elles que le titre d'"Imprimeur des Assemblées générales de MM. les électeurs du département de Maine-et-Loire". Il déplore qu'en revanche, Mame bénéficie d'un grand nombre de titres et qu'il imprime les Affiches d'Angers qui sont « d'un très grand rapport ». Enfin, il vient d'être nommé imprimeur de l'administration du département, raison de l'insurrection de Pavie.

46 ADML, 1 L 938.

47 Ibid.

48 Adresse à MM. les électeurs du département de Maine-et-Loire, Pavie, 1790.

La production de Pavie ne connaît une montée que dans les années 1789-1790 : ce sont les deux seules pendant lesquelles il produit plus de 10 documents, à savoir 16 en 1789 et 23 pour 1 79049 . En 1791, seuls 9 documents imprimés par Pavie ont été recensés et ce repli se poursuit par la suite : en 1792 et 1793, il ne produit que deux textes par an et aucun n'a plus été recensé ensuite avant 1798, année au cours de laquelle la veuve de Pavie reprend son imprimerie. Cette chute de la production de Pavie est essentiellement due aux circonstances et aux aléas révolutionnaires.

Au début de la Révolution, Pavie travaille pour le comité permanent de la milice angevine. Lors de l'occupation d'Angers par les Vendéens, le 18 juin 1793, ils emprisonnent Mame et pillent son imprimerie. Pavie, lui, est réquisitionné pour l'impression de leurs affiches et de leurs proclamations. En se retirant d'Angers, les Vendéens emportent avec eux une partie du matériel qui leur sert à organiser leur propre imprimerie à Maulévrier. Au retour des républicains, il est accusé d'avoir prononcé des propos inciviques, et d'avoir imprimé, vendu et distribué des « écrits tendant au rétablissement de la royauté et à l'anéantissement de la liberté de la République ». Pavie est arrêté et traduit devant la commission militaire qui se déclare incompétente et renvoie l'accusé devant le tribunal révolutionnaire de Paris. Mais il parvient à s'enfuir avant d'y être conduit. Sa maison est mise sous scellés le 8 septembre, et sa femme est incarcérée à son tour le 20 octobre. Lorsque l'amnistie est générale, Pavie rentre à Angers le 9 pluviôse an III (28 janvier 1795), et rentre en possession de ses biens50.

La principale constatation que l'on puisse faire sur cette période réside dans la difficulté à trouver une certaine stabilité dans l'exercice du métier d'imprimeur. De plus, on s'aperçoit qu'il ne semble y avoir aucun nouvel imprimeur. Ces deux constatations se justifient par les fortes tensions dues à la Terreur.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus