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La production imprimée à  Angers pendant la période révolutionnaire, 1787-1799


par Cédric Pichot
Université d'Angers - Maà®trise d'histoire du livre 2002
  

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Chapitre 9 : Les moyens de la concurrence :

Dans le contexte révolutionnaire, avec la suppression des corporations et la libéralisation des métiers, n'importe qui peut désormais exercer celui d'imprimeur, comme tout autre. Le métier d'imprimeur devient alors extrêmement attractif par sa proximité avec la culture et l'information, d'une part pour compter parmi les premières personnes informées, d'autre part pour côtoyer les personnes cultivées. Les premiers à être tentés par cette profession sont les libraires qui, souvent, tentent depuis longtemps d'y accéder mais n'y parviennent pas en raison de la forte concurrence pour accéder à un poste. A Angers, par opposition à de plus grandes villes, il ne semble pas y avoir d'imprimeur qui arrive avant 1797, excepté Jahyer et Geslin qui prennent la succession d'André-Jacques Jahyer. Cela peut signifier que le nombre d'imprimeurs présents à Angers suffit à la production locale. Il faut donc vérifier quelle est la

nature de la concurrence dans cette ville. Celle-ci s'effectue à travers la course aux titres, l'implication politique et la publicité.

I- La course aux titres :

Si les imprimeurs ont montré une farouche opposition au système des privilèges avant la Révolution, ils semblent néanmoins en apprécier les conséquences et vouloir la survie de ce système sous d'autres formes. En effet, ils ont lutté contre ce système qui centralisait la majeure partie de la production imprimée française entre les mains des imprimeurs parisiens. Mais, maintenant que la production est plus équilibrée avec la province, ils veulent à leur tour profiter de ce système qui leur assure des commandes régulières, donc la sécurité financière. Ainsi, chacun veut pouvoir se vanter d'être l'imprimeur d'une organisation, association, administration, ... (le Roi, l'évêque, l'administration du département, ...)411 . Néanmoins, si ce fait augmente la notoriété de certains imprimeur dans leur ville d'exercice et dans les alentours, cela ne favorise pas tous les imprimeurs et il peut sembler étrange de ne trouver aucune protestation de ceux qui ont le moins de << privilèges >>. C'est pourquoi il est étonnant que les imprimeurs s'empressent de recréer un système si proche du précédent qu'ils critiquaient avant la Révolution.

A la fin des textes n° 1412, 4413 , 27414 et 78415, la note suivante est inscrite par l'imprimeur : << A Angers, de l'Imprimerie de Jahyer, seul Imprimeur du Roi, rue Saint-Michel >>. En fait, à la mort de François Hernault, un autre imprimeur angevin, en 1762, André-Jacques Jahyer devient le seul imprimeur officiel du Roi dans toute la généralité de Tours. Désormais, il affiche sur une large majorité de ses imprimés la mention << à Angers, chez Jahyer, seul imprimeur du Roi >>. Cependant, le Roi nomme Mame comme << imprimeur du Roi en survivance >> le 20 août 1787416. Par cette nomination, Mame devient à son tour << Imprimeur du Roi >>, tandis qu'André-Jacques Jahyer perd sa place, au moment décisif auquel la production imprimée va exploser. Il peut aussi paraître curieux que Jahyer affiche toujours ce titre sur les textes n° 27, qui date de 1789, et 78, datant de 1790.

Charles-Pierre Mame détient une place privilégiée : comme le montrent les titres qu'il inscrit sur les documents qu'il publie, il est simultanément (ou successivement, selon les cas) << garde de la librairie de l'université >> (1778), << imprimeur de la ville >> (1781), << imprimeur

411 A ce sujet, voyez le chapitre 3- Les principaux clients des imprimeurs.

412 Almanach ou calendrier d'A nj ou, pour l'année commune 1787, Jahyer, 1787.

413 Edit du Roi, portant création d'assemblées provinciales (...), Jahyer, 1787.

414 Calendrier ou almanach d'A nj ou, pour l'année 1789, Jahyer, 1789.

415 Calendrier ou almanach d'A nj ou, pour l'année 1790, Jahyer, 1790.

416 DAUDIER, Matthieu, Op. Cit., p. 83.

de Monseigneur l'évêque >> (1781), << de Monsieur, frère du Roi >> (juin 1781), << du Roi >> (1787), << du collège >>, << du chapitre >>, << de la municipalité >> (1790), << du département de Mayenne et Loire >>, puis << du département de Maine-et-Loire >> (1790-1797). Cette position, largement favorisée par la municipalité, provoque la convoitise des autres imprimeurs qui tentent de pondérer cette situation en profitant de certains marchés que Mame ne peut pas développer, du fait de la charge de travail fournie par l'administration. En 1792, il imprime le document n° 221417 et inscrit à la fin du texte << Imp. du tribunal criminel >>. En fait, il est imprimeur de l'administration centrale du département de Maine-et-Loire en général, mais, afin d'augmenter sa notoriété, se déclare imprimeur de chaque organe de l'administration départementale en particulier.

Généralement, au début de la période, tout à la fin des Affiches d'Angers, Mame signe : << A Angers, de l'imprimerie de Monsieur, Chez Mame, Imprimeur de Mgr l'Evêque, au bas de la rue Saint-Laud. 1787. >> Cependant, à partir de sa nomination comme imprimeur du Roi en 1787, il ne se dit plus imprimeur de l'évêque : le titre d'imprimeur du Roi est beaucoup plus prestigieux que le précédent. Il reste néanmoins le seul imprimeur de l'évêque, mais ne dégage plus sa principale activité des impressions pour l'Eglise. En 1789, Mame profite de sa situation privilégiée dans l'imprimerie angevine pour multiplier les titres : dans le document n° 51418, il se déclare << Imprimeur des volontaires de la garde nationale de cette ville >>, et, dans le texte n° 70419, il se dit << Imprimeur de l'Académie >>.

La recherche de ces titres montre bien que chacun des différents imprimeurs veut travailler pour des personnes dont il sait, grâce à ces monopoles, qu'il est le seul imprimeur. En fait, il semblerait qu'ils veulent garder le système des privilèges qui était si ardemment critiqué sous l'Ancien Régime, désirant seulement éliminer certaines entraves à leur production et à leur commerce : ce n'est pas proprement la monarchie, ni la rigueur de la royauté, qui les dérangent, mais seulement le monopole parisien qui empêche l'imprimerie provinciale de prospérer et les entraves provoquées par le régime de la censure à l'exercice de leur profession. C'est pourquoi, la censure ayant mal été supprimée, elle est rétablie aussi aisément par le pouvoir lorsqu'il le désire.

417 Jugement du tribunal criminel du département de Mayenne et Loire, du 15 février 1792, Mame, 1792.

418 Règlement des volontaires de la garde nationale d'Angers, du 3 décembre 1789, Mame, 1789.

419 Discours sur cette question : quels sont les moyens d'encourager le commerce à Angers ?, Mame, 1789.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo