WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La production imprimée à  Angers pendant la période révolutionnaire, 1787-1799


par Cédric Pichot
Université d'Angers - Maà®trise d'histoire du livre 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II- Les justifications :

Pendant la Révolution, l'imprimé devient aisément accessible pour un nombre croissant de personnes. C'est l'occasion pour celles-ci de s'exercer à la lecture et à la réflexion, mais aussi pour les intellectuels de faire connaître leurs opinions sur tout sujet, d'en débattre, afin de tenter de répandre leurs idées. A cette occasion, l'imprimé devient un moyen de se justifier, par rapport à des actes commis ou des propos prononcés, auprès d'un nombre de personnes largement accru. C'est une chose d'autant plus facile depuis la promulgation du texte n° 99448 qui assure la liberté de pensée pour tous.

Parmi les textes étudiés, certains montrent une réelle volonté de justification de la part de leurs auteurs, afin d'opposer leur vision à celle de leurs détracteurs. Ainsi, les documents n° 25449, 230450, 612451 et 741452 sont publiés pour expliquer des situations ou démentir des

446 DAUDIER, Matthieu, Op. Cit., p. 260.

447 KUPIEC, Anne, Le livre-sauveur, la question du livre sous la Révolution fran çaise, 1789-1799, Paris, Kimé, 1998.

448 Lettres patentes du roi qui déclare qu 'aucun citoyen ne peut être inquiété à raison de ses opinions, Mame, 1790.

449 Justification de Gouppil fils, apothicaire à Angers, Jahyer et Geslin, 1795.

critiques. Le texte n° 25 est une argumentation de l'action menée par Gouppil. Ce dernier se justifie par rapport aux accusations << calomnieuses >> qui ont été portées contre lui et prouve ce qu'il déclare par une liste de 16 pièces justificatives qui sont jointes à la fin de son texte, signées de Richard, Francastel, Turreau, Esnue-la-Vallée, Hentz, Bourbotte, (...), tous représentants de l'Etat. Il répond donc par l'imprimé à des accusations qui ont certainement été rendues publiques par la même voie. De la même manière, les trois autres imprimés sont des réponses à des accusations et des justifications politiques. Le texte n° 230 est une justification de Vigier devant ses commettants, c'est à dire les personnes qui l'ont élu.

III- Un instrument pour diffuser de la propagande :

Charles-Pierre Mame, dans son prospectus des Affiches d'Angers du 2 janvier 1790, publie cette déclaration personnelle : << Alors que le signe de la liberté vivifie et anime toutes les âmes, alors que des intérêts puissants et généraux donnent aux esprits un mouvement et une activité extraordinaires, tout le monde veut s'instruire, tout le monde veut lire >>. Par cette déclaration, Mame tente d'encourager ceux qui savent lire à s'informer et à participer aux débats politiques. L'imprimé permet donc la diffusion d'idées et de différentes visions de la société établie par la Révolution, mais aussi de celle que certains voudraient voir naître. Ainsi, un certain nombre de critiques envers le gouvernement émergent, dès 1789 comme après (documents n° 40453, 51 7454) . C'est pourquoi ce dernier, pendant la période de la Terreur, se

450 Lettre de Louis-Fran çois-Sébastien Vigier à ses commettants, Angers, Jahyer et Geslin, 1792.

451 Coup d'oeil, ou notes pour servir à la défense de Pierre Chaux, ..., Jahyer et Geslin, 1795.

452 Mémoire justificatif pour le citoyen P. Foucaud, jeune, commandant de bataillon, ..., Jahyer et Geslin, s.d.

453 Lettre d'un membre du Tiers-Etat de la province d'Anjou, à M. le comte de W... S... T..., s.i., 1789.

454 Lettre adressée à la Société des Défenseurs des droits de l'homme, par un de ses membres, Mame, 1794.

justifie en permanence de ce qu'il fait : dans le texte n° 83455, l'assemblée nationale explique son activité, laissant ainsi penser qu'elle est controversée à ce moment.

L'importante production de documents administratifs durant la période révolutionnaire est motivée essentiellement par la volonté de transparence, ainsi que la justification et la légitimation du pouvoir en place. L'action menée par les pouvoirs politiques doit être clairement comprise de tous les citoyens français, afin d'éviter toute révolte contre celui-ci. C'est donc partiellement pour la stabilité du pouvoir politique que le gouvernement publie les textes qu'il promulgue, voyant l'intérêt manifesté par la population. Par ailleurs, c'est en espérant se faire comprendre par les insurgés, vendéens et autres, que le pouvoir entend maîtriser la situation. De la même manière que la monarchie, qui voulait se servir de l'imprimé comme élément de pouvoir et le craignait pour les mêmes raisons (c'est pourquoi elle avait pris des mesures contre lui), les différentes instances de l'Etat se servent donc de l'imprimé.

Néanmoins, ce mobile prétendu cache une raison non avouée des pouvoirs politiques : ils cherchent à répandre une propagande voulant faire prendre conscience que l'Etat agit pour le bien de tous. Les autorités semblent donc se servir de l'imprimé comme d'une manière de légitimer leur pouvoir. Ainsi, on peut remarquer un nombre important d'écrits imprimés sur ordre d'hommes politiques, angevins ou non, et même de chefs militaires français. L'objectif de ces publications est donc de rassurer la population. Afin de légitimer et de consolider le pouvoir en place, les autorités tentent d'amener un consensus relatif au sein de la population. Ainsi, << le 14 Brumaire [an VI, 4 novembre 1797], le secrétaire du Directoire rendait compte au ministre de la police de la nécessité d'établir à Angers un troisième imprimeur afin de réunir s 'il en est possible les habitants sous la même opinion et de former l 'opinion

publique >>456.

Pareillement, on voit les autorités départementales redouter les effets de l'écrit. Ainsi,

<< M. Bourée >>457 annonce qu'un écrit << très insandiere qui a été adressé à M. de la Pomeraye, timbré d'Angers >> se répand dans le département. Il demande donc que la circulation en soit interrompue, car elle risque de faire beaucoup de mal458. Ce document est daté de mars 1790. Un autre document de la même cote459, daté de 1791, est une lettre de Gourdault (colonel), à

M. Dorme : le sieur d'Arzilly de Brignon vient de répandre un écrit dont il a été fait

455 Extrait du procès-verbal de l'Assemblée nationale du 11 février 1790, Mame, 1790.

456 PASQUIER, Emile, DAUPHIN, Victor, Op. Cit.

457 Le texte ne précise pas de qui il s'agit.

458 sous série1 L 354 : Police politique. Fausses nouvelles. Ecrits clandestins ; document n° 1. 459 Ibid., texte n° 3.

différentes copies. Ce sieur a dit le tenir de l'abbé de Chambon, près de Thouars. Cet écrit prétend que tout le travail de l'assemblée nationale a été anéanti, que le clergé reviendrait dans tous ses droits en payant 4 millions, ainsi que la noblesse. Cette lettre dit ensuite que « M. Delaunay, procureur syndic du département de Maine-et-Loire, était demandé à la barre de l'Assemblée nationale pour rendre compte de sa conduite ». L'auteur se plaint en fait des fausses illusions données à certaines personnes et des fausses craintes données à d'autres par cette lettre, parmi ceux qui l'ont lue. Ces communications démontrent la crainte éprouvée par les autorités des idées que peut répandre l'imprimé.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry