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L''installation de la chambre de métiers du Rhône, années 1920-années 1930


par Fabrice FLORE-THéBAULT
Université Lyon 2 - Maitrise d'histoire 1998
  

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2.2.5 Enquête auprès des syndicats pétitionnaires

A la demande du Comité départemental de l'enseignement technique, la préfecture entreprend à partir du 5 novembre 1930 une enquête auprès des syndicats qui s'étaient montrés intéressés par la création d'une Chambre de métiers l'année précédente31. Elle demande à chacun d'eux de donner son avis sur cette création, et de préciser le nombre exact de maîtres artisans et de compagnons cotisants et de donner un relevé sommaire des recettes et dépenses de l'exercice 1929. Les réponses tardent à venir: la préfecture relance les syndicats à plusieurs reprises32 , et l'enquête ne se termine ainsi qu'au printemps 193133.

La circulaire du préfet insiste sur le risque d'augmentation des charges que cette création pourrait entraîner. Ce risque motive le refus de certains syndicats (celui des charrons de Tarare en particulier). Les syndicats de la Fédération des artisans du sud-est réagissent de manière unanime à cette insistance: ils envoient tous un exemplaire d'une lettre pré-imprimée rappelant qu'il ne saurait être question d'augmentation des charges, si l'on observe les spécifications du décret de

29. L 'Artisan du sud-est, novembre-décembre 1930; retranscription de la lettre du ministre du travail [BMLPDR F3 83].

30. L 'Artisan du sud-est, août 1929, article « Les Chambres de métiers » et encart « Qu'est-ce qu'un artisan?» [BMLPDR F383].

31. Circulaire du 5 novembre 1930 [ADR 9M30].

32. Relance des syndicats par la préfecture le 27 novembre 1930, le 9 décembre 1930, et le 18 mars 1931. Les réponses des syndicats sont incluses dans le même dossier [ADR 9M30].

33. Réponses favorables des syndicats interrogés: voir tableau 2.2 page suivante.

TABLEAU 2.2 -: Les syndicatsfavorables à l'installation d'une Chambre de métiers début 1931 et leurs adhérents

Catégoriea

Profession

Nombre d'adhérents

1 alimentation

tripiers

80

2 bâtiment

bâtiment

215

3 ameublement et bois

charrons

163

3 ameublement et bois

tapissiers

38

4 métallurgie

maréchaux de Belleville

48

4 métallurgie

maréchaux de Lyon

28

4 métallurgie

maréchaux de Tarare

18

4 métallurgie

maréchaux du Bois d'Oingt

25

5 vêtements et textiles

guimpiers

117

5 vêtements et textiles

tisseurs

203

6 travail d'art et soins personnels

coiffeurs

560

6 travail d'art et soins personnels

cordonniers de l'Arbresle

137

6 travail d'art et soins personnels

cordonniers de Lyon

97

6 travail d'art et soins personnels

photographes

125

a Sources: [ADR 9M30]; Les syndicats sont classés par métiers, en fonction des catégories utilisées pour la Chambre de métiers dès le recensement de 1932.

1928 qui permettent le transfert des charges de la Chambre de commerce vers la Chambre de métiers lors de l'inscription de ses membres. Cette lettre rappelle aussi le rôle de la Fédération des artisans du sud-est dans la demande de création de la Chambre de métiers, les termes de la loi de 1925 et la définition des maîtres artisans. Cette enquête est utilisée par la fédération comme un moyen de faire pression sur le Comité départemental de l'enseignement technique et de lui rappeler les termes de la loi: l'appel de celle-ci au ministre du travail pour empêcher celui-là de limiter l'inscription à la Chambre de métiers aux artisans fiscaux est presque contemporain de cette enquête. Les réticences du Comité départemental de l'enseignement technique à voir la création d'une Chambre de métiers trop ouverte peuvent même expliquer la formulation de la circulaire du préfet, avant tout faite pour décourager les syndicats intéressés par cette création. On est loin de l'enthousiasme du Comité départemental de l'enseignement technique pour les «Conseils de métiers ». C'est pourtant toujours M. Besse qui s'occupe de la question.

Cette enquête n'a pas été faite avec un souci d'exhaustivité. Seuls les syndicats pétitionnaires de l'année précédente sont interrogés. Sauf erreur: le syndicat des chausseurs de Lyon est contacté, par confusion avec le syndicat des cordonniers de Lyon. Erreur d'un autre type: le syndicat des charrons de Tarare, déjà inclus un moment par erreur dans la liste des pétitionnaires par la préfecture, est à nouveau contacté; il répète son opposition à la création d'une Chambre de métiers. Il faut supposer que ce sont les seules erreurs, et que les variations dans les dénominations des groupes n'indiquent pas qu'il s'agit d'un groupe différent34.

En conséquence tous les syndicats qui pourraient être intéressés ne sont pas consultés. Ils ne se manifestent pas sur le moment, mais l'un d'eux, en 1935, alors que la Chambre de métiers s'est déjà installée depuis un an, la chambre syndicale de l'ameublement de Lyon et de la région, se plaint de n'avoirjamais été consulté au sujet de la création de celle-ci35. De sorte qu'une partie seulement des syndicat patronaux a été consultée. Aucun syndicat d'ouvriers ou de compagnons n'est contacté, alors même que certains syndicats ne comportant que des artisans maîtres donnent au préfet le nom et l'adresse des syndicats ouvriers correspondant à leur profession.

Seuls les syndicats pétitionnaires de l'année précédente sont interrogés. Pourtant, tous ne se montrent pas favorables à la création d'une Chambre de métiers. D'abord, tous ne répondent pas: les cordonniers de Belleville et les tailleurs de Lyon ne donnent aucune réponse, et les artisans de Villefranche annoncent que leur groupement est dissous depuis fin 1929. Surtout, cinq d'entre eux ne se montrent pas formellement intéressés par la Chambre de métiers. La préfecture les classe tous, un peu vite sans doute, dans un dossier « réponses négatives ».

On retrouve parmi ces cinq syndicats trois des quatre syndicats d'artisans commerçants de l'alimentation. Leur retrait est en grande partie dû aux efforts entrepris par le Comité départemental de l'enseignement technique pour écarter les artisans de l'alimentation de la Chambre de métiers. Le Syndicat de la boucherie en gros de la ville de Lyon et l'Union syndicale des patrons confiseurs de Lyon et de la région estiment qu'aucun de leurs adhérents n'est considéré comme artisan. La position de la chambre syndicale patronale de la boulangerie lyonnaise est plus nuancée, et permet d'expliquer la position des autres commerçants: la loi ne considère pas actuellement les commerçants d'alimentation comme membres d'une profession artisanale, et le syndicat, qui ne comporte aucun compagnon, n'a pas fait le compte de ses adhérents qui pourraient éventuellement bénéficier des avantages propres aux artisans; la grosse majorité des «petits-patrons boulangers » pourraient pourtant prétendre au « titre d'artisan »; ceux-ci seraient enregistrés comme artisans «avec plaisir » par le syndicat si leur admission devait avoir pour résultat l'exonération de charges fiscales.

L'exclusion des métiers de l'alimentation par le Comité départemental de l'enseignement technique n'a par contre pas touché les tripiers. Le quatrième syndicat de l'alimentation, le Syndicat de la triperie lyonnaise, reste lui très favorable à la Chambre de métiers. Il a d'ailleurs resserré les liens avec la Fédération des artisans du sud-est: il envoie l'imprimé conçu par celle-ci. Ce syndicat ne représente pas l'ensemble des artisans tripiers lyonnais. La préfecture avait aussi contacté l'Union de la triperie lyonnaise, qui finit refuser la création de la Chambre de métiers. Dans un premier temps, elle avait pourtant envisagé la participation de ses membres se considérant comme des « commerçants- artisans» à celle-ci36.

De manière plus étonnante, on trouve parmi ceux qui refusent le plus clairement la création d'une Chambre de métiers des anciens syndicats de la Fédération des artisans du sud-est: les

34. On considère ainsi, par exemple, que le « syndicat des blanchisseurs du lyonnais » est le même que le « syndicat des patrons blanchisseurs de Lyon et région ».

35. Extrait des délibérations du conseil d'administration de la chambre syndicale de l'ameublement de Lyon et de la région du 2 octobre 1935 [ADR 9M30].

36. Première réponse de l'Union de la triperie lyonnaise le 30 novembre 1930, seconde réponse le 19 décembre 1930 [ADR 9M30].

blanchisseurs et les bourreliers selliers. Ils ne font plus mention de leur appartenance à la fédération, et ne motivent pas leur refus. Il ne reste ainsi plus que 14 syndicats visiblement favorables à cette création. Tous sont membres de la Fédération des artisans du sud-est ou en sont très proches.

Les informations manquent sur l'usage qui a été fait de cette enquête, et sur la suite des opérations concernant la création d'une Chambre de métiers. Les avis des autres institutions ayant été donnés avant la clôture de l'enquête, le Comité départemental de l'enseignement technique est le seul à l'avoir utilisé. Son avis une fois rendu, le 2 décembre 1931, tous les avis nécessaires ont été recueillis. Le dossier peut être envoyé au Conseil d'État. Rien n'est pourtant fait en février 1932. La Fédération des artisans du sud-est, à la veille de son assemblée plénière de février 1932, relance la préfecture à ce sujet: le secrétaire général annonce sa visite au bureau compétent de la préfecture afin de récolter des renseignements sur les suites données à la demande de constitution de la Chambre de métiers37. L'avis des Chambres de commerce de Villefranche et de Tarare manque encore. Le 11 mai 1932, le préfet invite ces Chambres à donner leur avis sur la création d'une Chambre de métiers. Leur avis est favorable38.

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