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L'impact des décisions administratives sur le suivi éducatif des mineurs étrangers isolés et des jeunes majeurs en France

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par Roland TCHOUAGA
Institut national de formation et d'application - Diplome d'état d'éducateur spécialisé 2006
  

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Conclusion

Dès 1997, les associations s'inquiétaient de la difficulté des mineurs isolés d'obtenir des mesures de protection. La situation n'a guère beaucoup évolué depuis. A l'heure actuelle, les associations et les institutions tentent de mieux s'organiser pour une meilleure coordination. Elles se mobilisent pour tenter d'obtenir les moyens pour leurs accompagnements, et aussi pour pallier aux disfonctionnements institutionnels inhérents à ces adolescents, qui consistent à les transférer d'un service à l'autre. Dans l'ensemble les travailleurs sociaux commencent à se former à la problématique des mineurs isolés. Les insuffisances se manifestent lorsqu'il faut les accompagner dans certaines démarches administratives et au moment des orientations. Les décisions issues de ces démarchent provoquent souvent l'arrêt des prises en charge ou empêchent certaines orientations.

Ce qui veut dire que nous devons élaborer une véritable politique d'accueil et de prise en charge et c'est urgent.

Le mineur isolé est d'abord un enfant avant d'être un immigré. En situation de danger en France, il devrait être protégé avant toute chose. Je rappelle que si ces mineurs fuient la misère, les guerres, les persécutions et choisissent la France ou l'Europe c'est parce qu'il recherche un idéal de liberté. Cette liberté qu'ils n'ont pas chez eux. L'eldorado Européen ne serait pour beaucoup que la « cerise sur le gâteau » sur le chemin de cette liberté qu'ils recherchent. Le mineur isolé n'est pas un profiteur. Une fois que le mineur ou le jeune majeur se retrouve dans la clandestinité se sont les trafiquants qui en « profitent ». Le travail en réseau et en partenariat doit être renforcé entre les différents acteurs : le juge pour enfants, l'aide sociale à l'enfance les associations et certains services éducatifs. La nomination d'un tuteur permettrait de veiller à ce que le droit et l'intérêt de l'enfant soient respectés. Cet intérêt doit être la considération primordiale en cas de prise en charge éducative ou lors d'un retour en famille. En tant qu'éducateur je dois veiller à ce que le mineur soit protégé contre toute sorte de d'exploitation. Je dois vérifier que le retour en famille dans le pays d'origine soit conforme aux opportunités et à la volonté de la famille pour prendre en charge leurs enfants et apporter les soins dont il a besoin. Le mineur devrait pouvoir intégrer les structures de l'aide sociale à l'enfance si le retour au pays n'est pas possible.

Sur un plan plus global, les pouvoirs publics devraient instaurer une politique de coopération entre les différents pays d'origines, les organismes internationaux, les organisations non gouvernementales, pour juguler le phénomène de la traite des mineurs. Pour cela le travail doit se faire en amont sur les causes qui engendrent dans les pays d'origines le départ de ces mineurs, par le développement social, la scolarisation des enfants, la sensibilisation de l'opinion publique sur les phénomènes de la traite des enfants et sur la situation des mineurs isolés en France.

La réponse donnée à la complexité du phénomène interpelle la valeur accordée à la notion de protection de l'enfance en France et en Europe et devrait constituer un enjeu en travail social sur les questions de la rencontre et de la relation à l'autre.

En tant qu'éducateur spécialisé, je dois être un médiateur entre les personnes qui ont besoin d'aide et les institutions qui fournissent cette aide. Ce travail de médiateur est mis en exemple dans la pratique au quotidien auprès des mineurs isolés étrangers. Mes recherches théoriques en droit, en psychologie, en sociologie et en psycho- sociologie, m'ont permis de me questionner sur le rôle de l'éducateur dans le cadre de la rencontre pour l'accompagnement éducatif, la médiation et pour prendre soin d'une personne. Au-delà des apports théoriques, je ne peux pas être indifférent à la souffrance de l'autre.

Que les mineurs isolés qui souhaitent rester en France puissent trouver un écho à leurs demandes, et ceux qui souhaitent partir soient accompagnés dignement dans cette démarche.

L'aspect administratif et juridique sur lequel j'insiste a tendance à prendre le pas sur les souffrances de ces adolescents. C'est une réalité qui perdure encore. La question des mineurs étrangers isolés doit être prise au sérieux tant sur le plan national qu'international. Il faudrait lancer un débat sur la question des mineurs étrangers isolés, et, au-delà, sur l'accueil de l'autre en France. Cela implique un changement de regard, de mentalités et de représentations sur cette population et sur les étrangers en général. C'est un premier pas à effectuer pour ne pas généraliser l'indifférence face aux souffrances, et aux traumatismes que ces jeunes ont connu. Souvent, l'ignorance, les manipulations médiatiques et politiques face aux enjeux que pose la question de la présence de ces enfants sont sources de ces indifférences.

Ma rencontre avec ces jeunes privés de leurs familles et de leur environnement familiers déracinés de leurs terres natales et en proie à des adultes manipulateurs, ayant fui des conflits divers et des problèmes économiques m'a permis de réfléchir sur ma propre condition d'individu.

Les échanges que nous avons eus, la relation que nous avons tissé ensemble au fil des jours, m'ont enrichi tant sur le plan personnel que professionnel. La relation éducative qui s'est mis en place par la rencontre de nos parcours de vie s'est progressivement transformée en relation de confiance mutuelle et respectueuse de la singularité et de la particularité de chacun.

Les mineurs étrangers sont bien présents en France, et continuent d'arriver. Je constate que, par les moyens d'entrée qu'ils utilisent que beaucoup échappent à toute logique de contrôle migratoire. Même si leurs nombre est sensiblement en baisse, le phénomène n'est pas prêt de s'arrêter, et les récents drames que subissent les familles qui perdent leurs proches ne découragerons pas d'autres mineurs à quitter le pays pour aller chercher une vie meilleurs sous d'autres cieux. Par leur volonté de rester et de s'intégrer en France, ils s'adaptent rapidement et la plupart progressent aussi vite dans leur apprentissage du français. En équipe, nous avons été confrontés à des jeunes qui racontent souvent des histoires incohérentes dictées par les adultes qui les manipulent. Cependant nous avons aussi été confrontés à des adolescents en détresse par rapport à leurs vécus traumatiques, et aussi par le manque de projection face à l'incertitude de l'avenir.

Tous ces enfants sont en danger tant que la société ne s'organise pas pour leur venir en aide à des fins de protection. C'est en cela que la réponse administrative peut être pertinente.15(*)

La décision administrative doit intervenir comme un support à la relation éducative et non comme une contradiction à cette relation et à l'intérêt du mineur ou du jeune majeur.

La réalité est tout autre.

Les services éducatifs en charge de ceux-ci sont confrontés à des injonctions contradictoires. D'une part ils sont chargés d'accompagner ces mineurs dans toutes leurs démarches d'intégration et d'insertion, d'autre part, ils sont obligés d'intégrer et d'insérer à minima.

Je suis bien conscient que les choses sont complexes. Les intérêts de part et d'autres, sont parfois contradictoires. Il n'empêche : les droits humains doivent invariablement être prioritaires sur toute autre considération.

* 15 Je prendrai pour exemple le cas de l'Italie, où un comité interministériel de coordination nationale a été créé.

Tout mineur étranger isolé présent sur le territoire doit être signalé à ce comité qui est chargé d'identifier le mineur, de rechercher sa famille et d'activer les mesures de protection. Ce comité doit vérifier les modalités de séjour et veiller à ce que le mineur ne soit pas victime d'abus ou d'exploitation. La Belgique insiste sur les notions de danger et de protection, et vient aide à ces mineurs en se basant sur le danger qu'ils subissent. C'est ainsi que les Pays-Bas délivrent des titres de séjour pour des raisons humanitaires aux mineurs étrangers isolés. Ce qui leur permet d'entamer des projets de formations professionnelles

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote