WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les procédés de modalisation dans l'oeuvre romanesque de jules verne: le cas de Michel Strogoff

( Télécharger le fichier original )
par Bauvarie Mounga
Université Yaoundé I - DEA 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II- LA SOURCE DE LA MODALISATION

Nous entendons par source de la modalisation, l'entité qui exprime son attitude (ou dont on exprime l'attitude), qui émet un jugement, qui est responsable de la modalisation. La question qui se pose est de savoir quel nom attribuer à la personne qui est à la base de la modalisation dans Michel Strogoff. Est-ce le sujet modal ou le support modal ? Nous allons au préalable essayer de clarifier les notions de sujet parlant, locuteur et énonciateur.

II.1- Le sujet parlant, le locuteur et l'énonciateur

Les termes sujet parlant, locuteur et énonciateur prêtent très souvent à confusion. L'on est presque toujours tenté de les considérer comme des synonymes. Cela paraît être le cas de Mounin (1974 :206) qui fait remarquer que le locuteur est  la personne qui produit un énoncé. Par la suite, Mounin (1974) donne comme synonymes de locuteur, sujet parlant et énonciateur. Nous voulons montrer que ces notions renvoient plutôt à des instances différentes qui se superposent dans un texte. Elles sont d'ailleurs au centre des travaux sur la polyphonie menés par Ducrot (1984). Pour mieux faire comprendre comment les trois instances qu'il a introduites se repartissent les tâches dans le discours, Ducrot (1984) se tourne vers la théorie littéraire et établit un parallèle avec la triade responsable de la narration dans la théorie (auteur, narrateur, personnage).

II.1.1- Le sujet parlant

Le sujet parlant est le producteur effectif de l'énoncé, un être physique qui n'est pas réalisé dans l'énoncé lui-même. C'est ce qui ressort des propos de Maingueneau (1993 :76) lorsqu'il soutient que le sujet parlant,  joue le rôle de producteur de l'énoncé, de l'individu (ou des individus) dont le travail physique et mental a permis de produire cet énoncé. 

Ce sujet se définit alors comme l'individu dans le monde qui prononce l'énoncé. C'est dans le même sens que Larcher (1998 :219-220) souligne : le sujet parlant est un  être empirique, auteur du discours, mais extérieur à lui.  Aussi le sujet parlant appartient-il au monde extralinguistique. L'on peut dire, de ce fait, que pour ce qui est de notre corpus, le sujet parlant est Jules Verne. En fait, c'est lui qui a produit, rédigé Michel Strogoff même si ce n'est pas à lui qu'on doit attribuer la responsabilité des énoncés qui y sont proférés, mais au locuteur.

II.1.2- Le locuteur

Il représente la personne à qui on doit imputer la responsabilité d'un énoncé. Plus exactement, le locuteur profère un énoncé (dans ses dimensions phonétique et phatique ou scripturale) selon un repérage déictique ou indépendant. Ducrot (1984 :190) indique, en outre, que le locuteur  est désigné par les marques de la première personne (celui qui est le support des procès exprimés par un verbe dont le sujet est je, le propriétaire des objets qualifiés de miens, celui qui se trouve à l'endroit appelé ici). 

Ducrot (1984) traduit ainsi le fait que le locuteur est appréhendé comme l'origine des repérages utiles pour l'étude des mécanismes. C'est dans le même ordre d'idées que Meunier (1990 :384) estime que le locuteur est un  être de discours, ayant la compétence d'un code et à partir duquel se construisent les valeurs référentielles, et les repères de la déixis. La présence du locuteur est perceptible à travers des éléments grammaticaux tels que les pronoms personnels à la première personne. C'est le cas dans Michel Strogoff lorsque le personnage passe du statut de non-personne à celui de locuteur, le discours direct ayant la capacité d'introduire dans la narration les énonciations des autres sujets comme dans les exemples suivants:

(1) Je sais tout cela Altesse, et je sais aussi qu'Ivan Ogareff a juré de se venger personnellement du frère du czar. (p.323)

(2) Je crois même qu'il y a un vers célèbre à ce sujet, mais du diable ! (p.301)

(3) Je ne peux plus aller. (p.283)

Dans ces énoncés, les locuteurs (Ivan Ogareff, Alcide Jolivet, Nadia) sont bien présents et se manifestent par l'emploi du pronom personnel je. Ils assument la portée de leurs propos et c'est leur voix qui modalise leurs énoncés respectifs. Par contre, il arrive souvent que le locuteur soit absent notamment dans les énoncés historiques qui ont toutefois un énonciateur. Le locuteur est alors réduit à un metteur en scène répartissant la parole entre différents personnages. Selon Rabatel (2005 :11),

 cette conception de la mise en scène énonciative fait du locuteur, sinon une instance vide, du moins l'organisateur abstrait et quasi fantasmagorique des relations avec les énonciateurs qui traversent son discours, sans que le locuteur soit aisément saisissable. 

D'une façon significative, le locuteur est présent dans l'énoncé, mais ne se manifeste pas et prend même souvent ses distances. Il est partout, à travers sa mise en scène des énonciateurs, et nulle part, pour son propre compte, tellement la relation du locuteur à l'énonciateur est floue au regard des mécanismes de prise en charge. A en croire Vion (1998 :71), il en résulte que le locuteur choisit de parler à travers des simulacres, des  fluctuations permettant au sujet de jouer à cache-cache avec des opinions, de les camper, de disparaître, de jouer une position en mineur ou en contrepoint, puis de se réapproprier plus ou moins violemment une place énonciative dominante. 

C'est dire que le locuteur se pose comme le maître dans l'organisation du discours. Il y a une sur-valorisation du locuteur, considéré comme un grand metteur en scène difficilement saisissable, auquel il est difficile d'assigner un point de vue qui le caractérise en propre. Analysons, à cet effet, les énoncés ci-dessous :

(4) Il ne pouvait hésiter et se mit à l'oeuvre. (p.172)

(5) Leur ancien compagnon de voyage, pris avec eux au poste télégraphique, savait qu'ils étaient parqués comme lui dans cet enclos que surveillaient de nombreuses sentinelles, mais il n'avait point cherché à se rapprocher d'eux. (p.193)

(6) Mais Nadia comprit que son compagnon ne lui disait pas tout, et qu'il ne pouvait pas tout lui dire. (p.282)

(4), (5) et (6) représentent des énoncés où le locuteur n'est pas présent. Le discours se déroule à la troisième personne (il, ancien compagnon, Nadia). Le locuteur (narrateur) donne existence à des énonciateurs dont il organise les attitudes et exprime les points de vue. Il se présente comme le porte parole des personnages dont il structe les pensées qu'il dévoile par la suite au lecteur. Le locuteur tient une place primordiale dans notre support d'étude dans la mesure où les jugements qui y sont énoncés émanent explicitement ou implicitement de lui. De plus, même quand les énonciateurs s'expriment directement, c'est le narrateur qui oriente l'angle sous lequel doivent être perçus leurs propos ; les idées véhiculées dans Michel Strogoff sont liées à l'idéologie que défend le narrateur. Cela étant, à quoi consiste au juste le rôle de l'énonciateur dans un énoncé ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite