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Les relations inter claniques chez les peuples Suundi de la République du Congo : héritage de Koongo dya Ntotila

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par Samuel KIDIBA
Université Marien Ngouabi - Doctorant en anthropologie culturelle 2006
  

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3.4. Dieu, les ancêtres, les vivants et l'héritage

Dans le fonctionnement normal d'un clan suundi, la gestion de tout héritage ou des biens est fonction du triptyque : participation, médiation et manipulation des vivants, bamoyo (sorciers) et des morts, bakulu, bafwa. Cette vision du monde est présente dans les mentalités collectives. Les esprits des ancêtres, dans l'imaginaire suundi, sont capables d'apporter bénédiction et malédiction aux vivants. Ces esprits sont partout dans les eaux, dans les forêts et dans toute la nature. La société est gérée sous un dualisme fait du visible et de l'invisible.

Le peuple suundi, comme tous «  les peuples africains reconnaissent l'existence d'un Etre Suprême théoriquement transcendant, mais en réalité immanent, à la fois omniprésent et omniscient, cet Etre est source et principe de vie. Sa dénomination varie selon les ethnies et plus d'un millier de mots foisonnent d'un bout à l'autre du continent pour suggérer la richesse de ses attributs. Son acte de création s'étend à l'univers : monde visible et invisible, terre et ciel que certains peuples décomposent en zones terrestre, céleste et souterraine. Cet ensemble est parcouru de forces émises et maîtrisées par lui. »26(*)

Cet Etre Suprême est le Dieu Tout puissant, Nzambi a Mpungu Tuleendo, Mampuungu. Les Suundi, comme les Grecs, ont une conception polythéiste de la religion ou de Dieu. Ils ont adoré plusieurs dieux. Les ngaanga et les nguunza devraient être considérés comme des prêtres du Dieu Tout Puissant, Mampuungu qui est au-dessus de tout ce qui existe.

La sorcellerie, kindoki, bundoki est un phénomène qui s'entend dans tous les clans suundi. Cela paraît banal aux yeux de certaines personnes, certes. Mais il est dans l'ordre du monde de l'invisible et du visible.

Dans chaque clan, on trouve des sorciers, bandoki. Le kindoki, bundoki s'entend sous le double sens positif et négatif. La première peut jouer le rôle de défenseur et protecteur des hommes et des biens. Dans ce cas précis, la gestion intra et extra générationnelle du patrimoine immobilier (étangs, forêts, montagnes sacrées ou non, etc.) exige une protection des lieux par un ou des sorciers. Le caractère communautaire et sacré de ce patrimoine lui confère cette protection diurne et nocturne. Pour éviter toute aliénation par un tiers du bien commun, on l'enveloppe d'une série d'interdits, véritable code moral. « L'interdit ou tabou constitue, dans la société traditionnelle africaine, un des traits culturels. Selon qu'on se trouve dans une aire culturelle bien déterminée, selon l'environnement spatial, temporel et social, l'interdit peut varier. Code social et moral, l'interdit dans la société traditionnelle est assimilé à une forme de règle ou de loi qui est observée rigoureusement par tous les membres de la communauté. Dans un cercle clanique ou dans la famille réduite, des garants sont tacitement indiqués en vue de veiller à son application. Le chef de clan, dépositaire du patrimoine clanique, s'en sert pour perpétuer une zone naturelle dans sa biodiversité. Une terre appartenant au clan revêt un caractère sacré en application des interdits qui se transmettent de génération en génération »27(*). Ceci est d'autant vrai pour la «forêt sacrée qui est une réalité congolaise, une forme de conservation de la nature. La forêt, en réalité, est le sanctuaire des esprits, des mannes et des ancêtres, on s'y rend pour apprendre, connaître et découvrir les essences naturelles fauniques et même animales qui constituent ce milieu »28(*).

La sorcellerie positive joue le rôle de police pour le clan contre les prédateurs ou pirates des âmes venant d'ailleurs.

Quant à la sorcellerie négative, elle a pour rôle de jeter les mauvais sorts dans le clan du sorcier et ceux des autres par le jeu des tontines, bitemo.

* 26 Lucie PRADEL, Dons de Mémoire de l'Afrique à la Caraïbe, Editions L'Harmattan

* 27 Samuel KIDIBA, L'interdit comme code moral de la société traditionnelle au Congo Brazzaville, in La Renaissance, n° 05, 2003, Journal du Ministère de la culture et des arts de la République du Congo

* 28 Samuel KIDIBA, Les forêts sacrées, une forme de gestion durable de l'environnement in Le canard de l'environnement n°006 décembre2003-février 2004

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