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Les relations inter claniques chez les peuples Suundi de la République du Congo : héritage de Koongo dya Ntotila

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par Samuel KIDIBA
Université Marien Ngouabi - Doctorant en anthropologie culturelle 2006
  

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III. Le mariage trait d'union entre clans

1.2. Le non mariage entre membre d'un même lignage

Il est dit en koongo : « Meenga ma mosi ka ma sompasana ko/ma kwelanaa ko », le même sang ne se transmet pas ou ne se prête pas, en clair, les membres d'un même lignage ne se marient pas. Il est encore dit : « Mbula kibusi kyuula/kihuku », le vagin de la soeur est comme un crapaud, il n'est pas beau à regarder. On ne peut pas se marier à sa propre soeur.

Ainsi, on va chercher femme chez les voisins. C'est pourquoi, chez les suundi, tout comme chez tous les Koongo, le mariage ou mieux l'exogamie est la pierre angulaire de toute relation entre les clans. Du mariage découlent tous les autres aspects qui impliquent responsabilité, respect, assistance, solidarité entre les membres des clans par alliance : funérailles, activités de subsistance (pêche, chasse), gestion des biens, éducation des enfants.

L'alliance entre les clans est donc visible et parfois invisible. Les clans ayant le même nom, leurs membres observent une solidarité glaciale. Dès qu'un  étranger d'un quelconque clan, du même nom Makaba, Kibweende, Kimbeenza ou autre, arrivait dans un village, on faisait vite de le diriger chez son frère du même clan, mwisi kaanda, yaaya kaanda. Même quand il vient d'un village lointain et inconnu, du Congo ou de la République Démocratique du Congo même. Son mwisi kaanda à l'obligation de le loger et de lui trouver une niche.

Bien plus, à l'époque de l'esclavage, la solidarité était très manifeste. En effet, les causes de ce commerce honteux étaient diverses : cas d'indiscipline d'un jeune gens, manque d'argent ou de tissus d'étoffes utile au remboursement d'une dette contractée auprès d'un autre clan, pour n'avoir pas honoré un quelconque engagement du genre, ensevelissement d'un conjoint, etc. Un autre clan ayant le même nom peut payer à la place de l'autre, au nom de ce lien de yaaya kaanda, on a une obligation morale de délivrer, kukuula.

Ou encore, les orphelins, bisaana étaient élevés par des yaaya kaanda avec qui on n'a pas parfois le même luvila ou souche commune. Toutefois, avoir le même nom de clan explique une appartenance lointaine, depuis la terre mère de Koongo dya Ntotela. Et aussi dans l'imaginaire suundi il est dit que : « Musiinga kaanda kati ni watintaana ka leendi ko watabuka », la corde du clan même quand elle est raide, elle ne se casse jamais. Autrement dit, un clan même quand il n'existe plus à un endroit, il survit ailleurs22(*).

2. Le choix du conjoint/de la conjointe

Le mariage avec un membre d'un autre clan ne se fait pas selon la volonté des jeunes conjoints. Il va de l'histoire qui lie les deux clans. Il existe des clans qui ont une réputation peu reluisante comme : le vol, bwiifi, l'infidélité, kinsuusa, le manque de respect ou l'insolence, munwa/leho, la paresse, buyeemba, buleenga etc.

Mais le clan peut avoir un interdit, kikaandu ou nzambila qui est une forme de jurisprudence qu'on secoue et qu'on garde comme tableau de bord. Au cas où il existe un nzambila entre deux clans, il y a ipso facto interdiction formelle de se marier. Ce fait doit être connu par tous les membres du clan.

Il faut préciser que certains clans autorisent l'endogamie, le mariage entre membres d'un même clan. Très souvent c'est pour une conservation jalouse et à jamais d'une vertu ou d'un totem propre au clan. Dans le clan Lwaangu à Kissengha, ce phénomène est observable aujourd'hui. L'ancien député de Boko-Songho, Samuel MPINDI dit Kilemba, était marié à sa propre nièce pour cette raison. Il n'y a aucun vice car c'est comme une loi édictée par les ancêtres depuis des temps anciens.

Un autre motif de mariage endogamique chez les Suundi s'expliquait par des faits tels que : une jeune fille, un jeune homme handicapé physique, kikata ou handicapé mental, kihulu, kizoba qui, très souvent, n'a pas de chance de trouver mari ou épouse dans la société. Et c'est pourquoi, obligation était faite à un membre du clan de sexe opposé d'accepter de convoler en justes noces avec sa soeur ou son frère. Car les Suundi disent, Kihulu kya mana ba kyaaku, maseembo hu muyukuti, lorsque vous avez une personne frappée d'un handicap mental, vous devez accepter tous les reproches et toutes les railleries. Autrement dit, chez les Suundi, personne ne peut être abandonné au bord du chemin, quel que soit son état.23(*)

* 22 Alphonse BATALU MBETANI, Enquête orale du 29 Août 2007

* 23 Oscar MILANDU, Enquêtes orales du 15 juin 2007 et du 02 septembre 2007

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