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Les relations inter claniques chez les peuples Suundi de la République du Congo : héritage de Koongo dya Ntotila

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par Samuel KIDIBA
Université Marien Ngouabi - Doctorant en anthropologie culturelle 2006
  

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Les relations inter claniques chez les peuples Suundi de la République du Congo : héritage de Koongo dya Ntotila

Par 

KIDIBA Samuel

Directeur du Musée National du Congo,

Chargé de cours à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Université Marien Ngouabi de Brazzaville

Doctorant en anthropologie culturelle

Résumé :

Les peuples suundi sont situés dans la partie sud de la République du Congo précisément dans les départements du Niari, de la Bouenza et du Pool. Ils appartiennent au grand groupe Koongo constitué de bien d'autres ethnies : kuni, beembe, laadi, koongo, doondo, haangala, kaamba, yoombe etc. Tous ces peuples ont une souche commune, le Koongo dia Ntotila en Angola. De cette souche commune, les peuples suundi ont conservé, entre autres, les clans, makaanda.

Le kaanda est une organisation sociale faite des mécanismes que tout le monde observe consciemment ou inconsciemment. En pays suundi, le kaanda vit grâce aux rapports entre ses membres bisi kaanda et à ses liens séculaires tissés dans la trame de l'histoire par les ancêtres avec d'autres clans par alliance, bankweesi ou des clans voisins, makaanda ma mbambi kingenga.

L'héritage, qui est venu de Koongo dia Ntotila, a, sans doute, connu des modifications sur le cheminement migratoire. Cependant, il en reste une base, une vraie sève, mamelle de survie identitaire.

Cette communication veut montrer le lien qui reste vivant entre la terre mère et l'aire culturelle suundi.

Mots clés : relations inter clanique - peuples suundi - héritage - Koongo dya Ntotila -clan-Kaanda

Summary:

Suundi peoples are located in south of the Republic of Congo, departments of Bouenza, Niari and Pool. They are members of Koongo great group with others as: Kuni, Beembe, Laadi/Laari, Koongo, Doondo, Haangala, Kaamba, Yoombe and so on. All these peoples have a common origin, Koongo Dya Ntotila in Angola. Suundi peoples preserved many things from this stump, for example, clans, makaanda.

The kaanda is a social organisation made by some rulers observed by all members of the society. In suundi country, the kaanda live depends in report of its members and contact with others clans in love, bankweesi or neighbour clans, makaanda ma mbambi kingenga.

The heritage from Koongo dya Ntotila probably changed on the evolution for the time and in migration movement.

The speech will show the link between the main land and suundi cultural area.

Key words:

Inter clanic relationships - suundi peoples - heritage - Koongo dya Ntotila-clan-Kaanda

«Les Koongo, en fin de compte, fait remarquer DOUTRELOUX dans son Introduction à la culture Koongo comme un complexe ethnique aux composantes encore mal répertoriées, cimentés par une unité culturelle certaine... » et plus loin : p.122 « Nous souhaitons ...que la passion qu'ils nourrissent envers toutes les traditions de leur peuple suscite les chercheurs Koongo qui seuls,sans doute, mèneront à son terme ultime l'étude de la culture Koongo. »

Dominique NGOIE NGALLA

Introduction

Mesdames et messieurs, chers soeurs et frères, lorsque j'ai reçu l'invitation de participation à cette table, un sentiment de retour aux sources m'a traversé. Sentiment de retour aux sources simplement parce qu'il y a une phrase très récurrente revient chez les Suundi et tous le Koongo : Yeeto ku Koongo dya Ntotila ku Angola tafuma/tuuka, ku Mbanza Koongo Kwa bwiila maambu littéralement, cette phrase veut dire : nous nous venons de Koongo dya Ntotila en Angola, à Mbanza Koongo où s'étaient produits des grands événements, ou mieux, nous sommes originaires de Koongo dya Ntotila en Angola, à Mbanza Koongo où se produisirent des grands événements.

Une phrase très récurrente qui revient dans le discours et même dans certaines créations musicales des hommes, des femmes et mêmes des jeunes enfants du grand groupe Koongo :

« hééé éyaya lubaanza é yaya

hééé éyaya lubaanza é yaya (refrain)

é yeto kuna Kongo dya Ntotila dya Angola kwa tutuka

hééé yaya lubaanza é yaaya lubaanza»1(*).

Cette phrase, mesdames et messieurs, revient souvent, chez les Koongo, elle rappelle cette appartenance, cette nostalgie de la souche, la terre mère génitrice des peuples Koongo.

Une phrase quelque peu banale et nostalgique qui rallume « Le feu des origines »2(*). En effet, ils sont conscients d'être originaires de Mbanza Koongo.

Mais dans la dernière partie de cette phrase, il y a la particule Ku Mbanza Koongo Kwa bwiila maambu. Dans nos contacts avec les détenteurs de l'oralité, les historiens et historiennes du verbe, les littéraires de l'oralité3(*), il s'est révélé que les grands événements dont il est question ici sont : la Bataille d'Ambwila en 1665, la désacralisation du prestigieux Royaume, notamment sa christianisation en 1491 avec l'arrivée des Portugais au XVè siècle  avec Diego Câo en 1485. Ayant constaté l'organisation du Royaume, jamais rencontrée nulle part au monde, ces derniers ont vite fait de le déstabiliser et le massacrer à la fin XVIIè siècle et ils le nommèrent San Salvador dès le XVIè siècle. Ils le firent pour le trafic des esclaves dont 15.000 âmes partaient de l'Angola pour l'Amérique toutes les années.

En gros, cette particule de phrase fait allusion au déclin du Royaume qui reste connu par les Koongo, la terne dislocation du groupe, la défection des provinces périphériques du Royaume dont celle de Nsuundi qui était peuplée par l'ethnie Suundi.

Le nom Ambwila, d'après nos sources orales, vient du verbe kubwiila, kubwa, attraper, tomber, chuter, (se) produire; et donc Ambwila signifierait le lieu où s'était produit un événement ou Bataille dya bwiila, mieux bataille de la chute ou de la défection4(*). D'où la particule kwa bwiila maambu, l'événement de la défection du Royaume.

Défection assez regrettable dont le Roi de Kongo, Garcia II, au milieu du XVIIIè siècle, fit une analyse lucide :

« Au lieu de l'or, l'argent et des autres biens qui servent

de monnaie ailleurs, ici la monnaie est faite de personnes,

qui ne sont ni en or, ni en tissu mais qui sont des créatures.

C'est notre honte à nous et à nos prédécesseurs d'avoir,

dans notre simplicité, ouvert la porte à tous ces maux et,

surtout, permis qu'il y eut des gens pour prétendre que nous

n'avons jamais été des seigneurs de l'Angola et de Matamba.»5(*)

Elle explique aussi leur présence en ces terres quelque peu étrangères sur l'actuel territoire des deux Congo, la République du Congo et la République démocratique du Congo.

Et donc, nous avons vite fait d'aller à la recherche des éléments culturels liés à l'organisation sociale des Suundi de la République du Congo. Des éléments culturels, véritable pan ou héritage venu des ruines de Mbanza Koongo. Nous avons porté notre choix sur le clan, kaanda au singulier et makaanda au pluriel.

Tout est parti d'un constat, les clans de Mbanza Koongo sont restés les mêmes chez les Suundi de la République du Congo. L'autre fait de constatation : c'est le pouvoir qui se transmet de l'oncle, ngudi nkasi au neveu, mwaana nkasi ou d'un aîné, kihuunda au cadet, kilesi. C'est le système social basé sur le régime matrilinéaire, mode de filiation dans lequel seule l'ascendance par les femmes est prise en compte pour toute transmission des statuts et autres attributs de chefferie.

Et selon toute vraisemblance, le fondateur du royaume Koongo, NIMI A LUKENI aurait bâti la trame du commandement sur cette base matrilinéaire. Et dans l'imaginaire suundi, on explique l'origine des peuples suundi sur « ...la construction de la maison de yongi, nzo ya yongi qui se construisait au coeur même de l'ancien royaume Koongo. Elle représentait le symbole de l'unité Koongo6(*)».

De plus, les Suundi sont l'un des peuples bâtisseurs du Royaume de Koongo. La province Nsuundi était la plus proche de la Capitale du royaume de Koongo, Mbanza Koongo. La province elle-même avait pour capitale, Mbanza Nsuundi. Du fait de sa situation géographique, la province gardait l'armure, d'après la tradition orale. La province était une myriade ethnique au Koongo dya Ntotila7(*).

Certaines traditions orales soutiennent que l'ancienne province de Nsuundi a été un immense territoire qui englobait l'actuelle région de Minduli, en passant par Boko-Songho et toue la vallée du Niari.

Autant de raisons qui ont milité en faveur du choix de notre thème. Il s'agit, en effet, de montrer, tout le long de ce travail, les restes des souvenances culturelles que les Suundi de la République du Congo ont gardées de leur point de départ Mbanza Koongo.

Les peuples Suundi qui appartiennent ainsi au grand ensemble Koongo, sont présents dans trois départements de la République du Congo : la Bouenza au sud ouest du district de Boko-Songho, le Niari dans les districts de Londela Kayes et Kimongo et le Pool dans les districts de Lwiingi, Minduli, Kindaamba, Kinkala, et Mayama.

Et Proyart a vu juste, le kongo de Mbanza Kongo (San Salvador), le yombe (Iomba), le vili (Loango, Ngoyo, Cabinda) sont, en effet, les divers parlers de la langue bantu parlée par les Kongo (Nord -Ouest de l'Angola, le sud de la République Démocratique Congo, la République du Congo méridional), soit le kikongo8(*).

Les peuples suundi du Congo cohabitent avec les Yombe, Laadi ou Laari, Téké, Kuni, Doondo Kaamba, Manyaanga (en République Démocratique du Congo), etc. Des peuples voisins avec qui ils ont en partage bien d'aspects culturels pour les mêmes raisons des origines communes, Mbanza Koongo.

Nous sommes donc obligés de suivre ce que DOUTRELOUX a souhaité « ...susciter les chercheurs Koongo qui seuls, sans doute, mèneront à son terme ultime l'étude de la culture Koongo. »9(*)

I. Présentation des peuples suundi

Comme annoncé, les suundi sont originaires de l'Angola, groupe ethnique du grand ensemble Koongo.

Nombreuses sources historiques soutiennent que les Koongo sont nés en Ethiopie par suite d'un mélange de sang entre les enfants de Tamis venus de l'Inde et, les Bana zulu, les enfants du ciel, venus de la lumineuse étoile kakoongo. Après le déluge, le Grand ancêtre Koongo Nimi enfanta trois fils Nsaku Mpanzu et Nzinga. Ils sont appelés « les enfants de yaaya Nguunu ».ces trois enfants sont des Bana Koongo. Le père charnel s'appelle OMA-KONGO, AKONGO NE KONGO KALUNGA. Après l'Ethiopie, les Bana Koongo se dispersent en Nubie, au Madiani, au pays de Ekipata, Ngipiti (Egypte).

Dans le parcours migratoire, les Koongo se retrouvèrent sur et autour de la montagne du royaume. Ils devinrent très nombreux à Mbanza Koongo et aux alentours. La tradition orale rendue par Muanda Nsemi enseigne que Nguunu est la matriarche de tous les Koongo, les Téké, les Tyos, les Woyo etc.10(*)

D'après les classifications des langues bantu11(*) faites par les savants de l'« International African Institute » de Londres M. A. Bryan et le grand anthropologue américain George Peter Murdock, le peuple Suundi appartient au Bantu du centre dans le groupe Kongo. Il est dans le même groupe que les Mboma, Solongo, Mpangu, Mbamba, Ntandu, Mbata, Zombo, Mboka, Kuni, Beembe, Vili, Yombe, Yaka, Haangala, Doondo, Kaamba, Laari, etc. Ces peuples se reconnaissent grâce à des notions dont leurs langues possèdent la détermination, c'est la démarche paléontologie linguistique, appliquée aux Proto Bantu, qui en est la base.

Les Suundi qui se retrouvent dans les quatre départements suscités, sont partis donc de Mbanza Koongo après la déconfiture du Royaume.

Ceux du district de Boko-Songho seraient venus de la République Démocratique du Congo en passant par la cité urbaine de Nkuundi. Ils ont contourné le fleuve. D'autres sources orales affirment que mêmes certains Suundi de Londela Kayes et Kimongo auraient emprunté le même itinéraire avant de s'établir sur leur actuel territoire. Les autres sont venus droit sans passer par Nkuundi.12(*)

Les suundi du Pool quant à eux, premiers habitants, sont plus nombreux dans le département. Malheureusement, le parler suundi du Pool disparaît effroyablement au détriment du Laari, langue urbaine qui supplante toutes celles dudit département.

Point n'est en effet besoin d'insister sur les origines Koongo des Suundi de la République du Congo. Tant il est vrai qu'une littérature très abondante existe sur la question. Aussi, il est souvent démontré tant par les sources orales que par les sources écrites que les Suundi étaient présents depuis Mbanza Koongo. Leur participation à l'édification du royaume ne se démontre plus.

II. Origines et fonctionnement des clans chez les peuples Suundi

2. 1. Les clans de Mbanza Koongo

Le clan chez les Suundi remonte des origines de Mbanza Koongo. Tout part de des trois enfants Nsaku, Mpanzu et Nzinga qui sont nés de NGUUNU.

Ils sont tous trois géniteurs d'un clan qui porte leur nom. Nsaku, grand prophète, prêtre religieux est l'ancêtre du clan Nsaku, avec pour sous clans : kinsaku, lemba,muanda,lunda,kalunda, kilunda, kinzambi, ndembo, ndingi, madingu, Ba dia ndingi, mbuta, kimbuta, kihunda, kivunda, kimbunda, mavunda, mpunda, mbata, kimbata, kota, kikota, kahita, mukukulu, nkukulu, nkokolo, nkala, kinkala, mukala, milimina, kabemba, mbemba, mpemba, kimpemba, mvemba, kimvemba, lawu, mankunku, nkunku, nsongo, tsongo, mitsongo, kimanga, mbika, kimbika, kimvika, kiyuvu, mabika, nsengele, kinsengele,sengele,kiuvu,kinsumbu, mvika, matsakula, kibuila, kimbuila, mbuila, mpila, kimpila, kingidi, kingila, kividi, kiyidi, mayidi, neyidi, ngidi, ngiri, nzidi, nsivuila, kuimba, kikuimba, etc. 

Mpanzu, d'une intelligence divine, ancêtre du clan Mpanzu, avec pour sous clans : Mpanzu, kimpanzu,lamba, tadi, kilamba, kalamba, lufu, luvu, dondo, ndundu, munuani, kesa, muteke, kuanza, nkuanza, muanza, kimuanza, nganzi, bangu, kibangu, kabangu, kuangu, luangu, kikuangu, kiluangu, tsiluangu, mpangu, kimpangu, mvangi, muangu, kihungu, hungu, vungu, kimbungu, mbungu, ngungu, mangungu, mahungu, mavungu, mfutila, kimfutila, ndamba, kindamba, nlamba, mbau (tiya), kimbauka, mbauka, nsundi, kinsundi, kinsula, kinsulu, musundi, fumina, kifuma, vonga, luvongo, mbongo, kimbongo, kinuani, etc.

Nzinga, Kabu dia Mayala, grand gouverneur, politique, roi, est l'ancêtre du clan Nzinga avec pour sous clans : Nzinga, kinzinga, mbamba, kimbamba, kambamba, mbala, kihangala, kiluamba, kimbala, kiama, kimbambi, mbambi, kinzamba, nanga, kinanga, kananga, enanga, zananga, mayamba, mazamba, miyamba, mpal'a nzinga, muabi, muyabi, nzamba, yambi, zambi, yanzi, kiyanzi, kiniangi, kiyangu, kianza, kikiangala, mandiangu, nianga, manianga, mani, mayanzi, mbangala, mpalanga, muakase, nsanzala, mbanda, kimbanda, kibanda, mumbanda, kiyandu, mbandu, yandu, lunga, mabulungu, bulungu, madungu, mandungu, malunga, ndunga, nkunga, kiyinda, mbinda, makondo, nkondo, mukondo, mikondo, mbenza, muzinga, njinga, mujinga, ngongo, nsinzi, nsindi, ngundu, ngunu, kingunu, kingundu, mahinga, muhoyi, mungoyo, ngoyo, kingoyo, woyo, lukeni, nkenge, kinkenge, kenge, mafuta, etc.

Tous ces clans existent chez les Suundi et Koongo de la République du Congo ou tout au moins les plus représentatifs comme Nsuundi, Lwaangu, Mpaangala, Kinkala, Kinkeenge, Kingila, Kinaanga, Kimbaanda, Kingila, Kimbeenza, Maziinga, Kihuungu, Mbiinda, Maduungu, Mikoondo, etc.

Ces noms de clans sont devenus aussi des noms des lieux, des rivières, des forêts, des villages et des villes et même des personnes tels que :

Personnes : Mabiika, Mahiinga, Mahuungu, Mumbaanda, Mbeenza, Koongo, Nguunu, Nkeenge, Mafuta, Yaanzi, Zanzala, Nduundu, Kibaangu, Ngidi, Mbeemba, Mpeemba, Kinzinga, Mboongo, Kimbuta, Nkokolo, Nkala, Mukala, Lawu, Mbika etc.

Villages, villes et quartiers : Kinkala, Kihuungu, Kinzaambi, Maduungu, Mbiinda, Mukoondo, Mikoondo, Ngoyo, Kinkeege, Kimpalanga, Mafuta, Manyaanga, Kibaangu, Muyabi, Kividi, Mukala, Mpila, Kimpila, Nyaanga etc.

Rivières, forêts : Muziinga, Mbaka, Mpaanga, Mbeemba, Mpeemba, Mukukulu etc.

D'après nos informateurs, les noms des lieux des forêts ou des rivières rappellent l'existence des anciens villages qui étaient habités par des membres d'un même clan. Et cet ancien village peut devenir un cimetière ou une forêt où les membres du clan vont se ravitailler en ressources vitales.

2.2. Les noms des clans et des lieux

Lors de la traversée du fleuve, selon nos sources orales, les Kongolais, notamment ceux qui avaient pris la trajectoire de Nkuundi pour s'établir dans les districts de Boko-Songho et Londela Kayes, le chef du clan nsuundi, mfumu nsuundi devrait être leur guide. Le mfumu nsuundi encadrait et orientait les autres clans vers des terres encore vierges et inhabitées.

Ce fait expliquerait la présence territoriale du clan nsuundi, mansuundi dans les départements de la Bouenza, du Pool et du Niari. On a par exemple, dans les districts de Boko-Songho et Londela Kayes:

*nsuundi Munwaani

*nsuundi ya Miinga

*nsuundi ya Kayi (nom d'une forêt qui est celui d'un ancien mfumu dikaanda)

*nsuundi Mbaku Leemba

*nsuundi Muluundu

*nsuundi ya Lusiimba

*nsuundi ya Lowa (nom d'une rivière qui arrose une partie des districts de Boko-Songho et Londela Kayes)

*nsuundi ya Kayes Mbaku

*nsuundi ya Banda Kayes

*nsuundi ya Kindaamba

*Mabudi ma nsuundi, etc.

D'autres clans comme Lwaangu, Kibweende et Kingiimbi sont aussi présents un peu partout. Selon la souche mère, luvila, on a :

*Lwaangu lwa Malolo

*Lwaangu lwa Lusiimba

*Lwaangu lwa Busaamba

*Kingiimbi kya Mubeenga

*Kingiimbi kya Mikiindu

*KKingiimbi Kya Manzakala

Munwaani, Miinga, Kayi ou Kayes, Leemba, Lowa, Muluundu, Mankala, Kindaamba, Malolo, Lusiimba, Busaamba, tous ces noms qui complètent ceux des clans originels, indiquent soit des lieux, soit des personnes.

La cité urbaine de Nkuundi était donc le point de chute des Kongolais qui quittèrent Mbanza Koongo en désespoir de cause. Le déclin certain du Royaume les poussa à migrer vers d'autres cieux. Nos informateurs nous disent que le nom de Nkuundi, mukuundi, en koongo, ami, vient de kikuundi, amitié. Et que l'attribution de ce nom viendrait de l'hospitalité des lieux, de la localité de Nkuundi qui rassembla et accueillit des amis, bakuundi en provenance de Mbanza Koongo13(*).

Les ancêtres ont gardé le nom de départ de Mbanza Koongo, et du fait de la multiplication ou du développement des clans, chaque ngudi ou mfumu dikaanda a fini par être le nom diminutif même du clan.

Plusieurs localités portent encore le nom de Mbanza en pays Koongo de la République du Congo et en République Démocratique du Congo : Mbanza, Mbanza Mpudi, Mbanza Nguungu, Mbanza Kinyati, Mbanza Mankondi, Mbanza Luvizi, Mbanza Nkaka, Mbanza Nduunga etc. Certaines localités qui étaient des minis cités urbaines, s'étaient disloquées du fait de la maladie du sommeil et des plaies profondes en langue suundi nkudu14(*). Leur localisation aux bords des grandes rivières comme la Loudima15(*), lieux propices de propagation de la mouche tsé-tsé, en fut la cause principale. C'est le cas de Mbanza Luvizi qui a disparu et Mbanza Kinyati qui est réduit à un simple village.

Certains fugitifs de ces pandémies ont trouvé refuge de l'autre côté de la rivière où ils créèrent d'autres Mbanza et, naturellement, avec les mêmes clans qui, parfois, se disloquaient.

Aussi « les nombreuses guerres inter claniques, les maladies et autres calamités naturelles qui ont surgi à des périodes disproportionnées, ont été des faits décisifs de plusieurs séparations claniques et lignagères. Selon la tradition orale, la trypanosomiase avait amplifié le mouvement permanent des populations à l'intérieur de l'actuel district de Boko-Songho, à la fin du XIXè siècle. Dans ce déferlement inhabituel, les vaincus ont quitté les lieux pour s'implanter plus loin. Ainsi, chaque lignage s'activait à occuper un espace pour lequel il n'était pas forcément le premier occupant. Aucun espace n'était resté vide, sans maître. D'ailleurs, l'occupation totale des terres n'est pas imputable aux seuls Kongo qui sont à Boko-Songho. Dans ses investigations relatives aux Pays du Niari, Gilles Sautter (1993:95) qui cite R P.Van Wing affirme l'inexistence d'une seule parcelle de terrain à laquelle on peut appliquer le sens propre du terme de terre vacante. »16(*)

2.3. Les éléments de moralité et de fidélité des membres du clan

Le devoir de sang

Le clan, kaanda est fait des hommes et des femmes qui se reconnaissent d'un même ancêtre, mukulu et ayant une matriarche commune, luvila. Clan = kaanda, dikaanda, pluriel makaanda, « di » art singulier, « ma » art pluriel, la pomme de la main. Les traces de la pomme varient selon qu'on est issu de la même mère, d'un même kaanda ou d'un autre. Et on dit en suundi, kaanda dyeeto di mosi, meenga ma mosi twidi, nous sommes du même clan, le même sang. En effet, le lien de sang dans un kaanda, chez les suundi, est très déterminant et contraignant. Ayant le même sang que ses parents : soeur, mpaangi ya mukeento, kibusi, frère, mpaangi ya bakala, nkasi, mère, ngudi, oncle, ngwa nkasi neveu ou nièce, mwaana nkasi etc. le membre du clan suundi a un devoir. Un devoir moral d'assister, en tout temps et en tout lieu, ses parents consanguins. Ne pas le faire rimerait à un refus pur de soi-même et de ses origines. D'aucuns finissent par être envoûtés ou ensorcelés pour n'avoir pas respecté ou honoré ce lien tout naturel. Le luvila est fait des soeurs qui sont nées d'une même mère et donc le (s) même (s) oncle (s), mfumu, ngudi nkasi, ngwa nkasi, mama nkasi, la mère homme, frère cadet ou aîné de maman. Le ngwa nkasi ou ngudi nkasi est souvent le chef du clan, mfumu dikaanda. Les mères donnent des descendants et descendantes qui se diront être du même luvila chacune. On est, en vérité, de la même mère génitrice, la même souche, luvila lumosi. Cette nomenclature structurale du clan, chez les Koongo, est à l'image de celle de maman Nguunu aux origines de Mbanza Koongo. On dit ainsi que Mpanzu, Nzinga et Nsaku étaient du même luvila.

Ce devoir de sang a une grande dimension identitaire dont la responsabilité morale incombe à chaque membre. Le clan est vu, sous cet angle, comme une identité culturelle plurielle qui se définit de façon claire sur le kinkulu, l'ancien, un héritage aux doubles assises matérielle et immatérielle.

Pour parler des sources anthropologiques, notons ce que dit Lewis Henri MORGAN, du clan et de la tribu, « Le clan est un groupe de parents consanguins descendants d'un même ancêtre commun et distingués par un nom de gens et liés par des relations de sang. Quant à la tribu, il la définit comme une société complètement organisée, un assemblage de clans, et qui par ailleurs présente la caractéristique d'être individualisée par un nom, par un dialecte séparé, par gouvernement suprême et par la possession d'un territoire qu'elle occupe et défend comme le sien propre. »17(*)

Ainsi, le clan est une structure qui fonctionne au mieux chez les Kongo : rigoureuse, bien structurée, solidaire, organisée, démocratique, libre ; sans doute par fidélité aux ancêtres de Koongo dya Ntotila dont le royaume était l'un des plus organisés jamais rencontrés par les explorateurs portugais. Les membres  du clan, bisi kaanda, sont unis dans un système d'organisation sociale leur permettant de se reconnaître à travers un nombre de biens, tant matériels qu'immatériels, hérités de leur longue descendance commune: la terre, kitoto, le territoire, nsi ; des symboles, bidiimbu ; l'héritage, fwa, kitoto, nsi, kinkulu, bunkaaka, les noms, nkuumbu.

Kinkulu, «ki » article le ou un ; nkulu, ancien, vieux ; bunkaaka,  « bu» article le ou un, nkaaka, grand parent, ancien, vieux. Tout est fonction du passé, de l'ancien et donc de l'héritage des ancêtres. Un pilier sur lequel s'appuie le clan dans son fonctionnement ou les relations des membres d'un même clan.

Un histoire commune se transmet de génération à génération, une histoire construite autour de la vie du clan, ses rapports avec les autres clans, la gestion et la conservation de tous les biens hérités des ancêtres, des interdits, miina qui sont un vrai code moral pour tout membre du clan. Les membres du clan sont tenus à observer un nombre de « lois » qui fait l'équilibre du groupe.

La même histoire se transmet aussi par la transmission des noms des ancêtres qu'on donne à la descendance : le nom de la mère ou de grand-mère est donné a une fille et celui du père ou du grand-père au fils.

«  Les rapports sociaux entre membres d'un clan sont déterminants et se reposent sur plusieurs aspects: droits d'aînesse, cérémonies de règlement de conflits, le plus vieux est supposé être au parfum de tout. Il a vécu des faits, des temps, des expériences, des échecs et des réussites, il est un homme de raison, investi d'un pouvoir doublé de sagesse, il est illuminé. Les jeunes ne doivent pas l'interrompre, le plus jeune n'a nullement le droit de prendre la parole de façon anarchique ou non autorisée. C'est une manière de faire prendre conscience au plus jeune, un apprentissage à l'écoute, à la patience, à l'attention. C'est pourquoi, chez les Suundi du sud de Boko-Songho département de la Bouenza en République du Congo, le vieux jouit d'un respect glacial qui le place à un niveau élevé de la société. Il a la clé des solutions aux multiples problèmes sociaux, il est sensé être ce juge, nzoonzi investi d'une sagesse lui permettant de juger impartialement tout cas de conflit de quelque nature qu'il soit, au niveau du clan ou de toute la société. Il faut préciser que le nzoonzi, chez ces peuples, peut être relativement jeune »18(*)

Les armoiries du clan

Le clan, chez les Suundi a des insignes, des armoiries qui peuvent être :

- un couteau, mbeele ya lusiimba, le cas du clan nsuundi ya Kayes à Kabadisu, district de Boko-Songho. Ce couteau qui a servi de guillotine depuis le XVIIIè siècle est gardé par le clan en signe de puissance ;

- un balai (chasse mouche), kikomboso de nsuundi ou mansuundi-mulundu ya Nsuku Bwaadi ;

- une étoffe de tissu, mulele mfunani, kiteende de Kinaanga de Kinzaambi et le clan du défunt canton Emmanuel à Hidi. Le tissu, symbole de richesse, facilite toutes les entreprises ;

- une couverture en laine, vuunga dya leeni, pour le clan Mbiinda de Kissengha ;

- une clé, lusaafi ou lusabi du clan Kibweende kya Kinzaambi ;

- une pièce de monnaie de cinq francs, Mipata mitaanu du clan Nkebasani ;

- une statuette en forme de chat, kinyaahu du clan Lwaangu de la vieille BIBIMBU à Kissengha. La statuette, en forme de chat, a un rôle tutélaire et protecteur.

Tous ces objets ont un rôle différent d'un clan à un autre, et les membres de chaque clan s'y reconnaissent et ont une obligation à les garder, les gérer et le transmettre aux autres générations. Ces objets ont une dimension immatérielle, mystique mais aussi et parfois symbolique. Dans ce dernier cas, le clan peut conserver un objet juste pour des raisons liées à l'histoire du clan, sans charge mystico religieuse. Il rappelle et rappellera, à toute la descendance, tous les événements heureux ou malheureux qui lui sont liés et qui concernent le clan.

La peine capitale a existé chez les Suundi. Toute personne qui allait contre les lois sociales préétablies passait à la sentence, la peine capitale de la guillotine, mbeele ya lusiimba du nsuundi de Kayi à Kabadisu. Au préalable, on faisait perdre connaissance à la victime, en lui frappant deux coups de balai, kikomboso par un membre du clan nsuundi-mulundu. Par la suite, un membre du clan Nsuundi l'exécutait avec le couteau ou coutelas, mbeele ya lusiimba du clan Kayi à Kabadisu.

La victime était placée au bord d'un grand ravin qui sert de tombeau et dans lequel d'autres infortunés le suivaient en leur temps. Le ravin devenait ainsi une fosse commune. D'après nos informateurs, les clans Nsuundi, Lusiimba et Muluundu formaient le même clan19(*).

Kitoto/Bototo/Nsi/Zuumbu, Terre, territoire

Un autre pilier du clan chez les Koongo c'est la terre, kitoto, butoto le territoire, nsi.

La terre, kitoto, butoto, zuumbu, est une véritable matrice dans la culture suundi, ne pas avoir un kitoto est synonyme de pauvreté. On est ainsi obligé à travailler sur des terres d'emprunt, on est comme réduit à l'esclavage. La terre est sacrée et inaliénable ; le kitoto est un bien commun. C'est le kitoto qui reçoit la matrice, kibutulu de la nouvelle maman et le nombril, kikwaabi du nouveau né. Même quand le bébé voit le jour en « terre étrangère », le kibutulu et le kikwaabi sont ramenés, mis en terre sur territoire de leurs ancêtres, nsi. Ce fait lie le nouveau né à son kitoto qui est sacré et inaliénable, pour cette raison.

La gestion du kitoto est purement communautaire de même que tous les éléments qui le constituent, notamment les arbres fruitiers bikunu, miti, les lacs, les étangs madyaanga. Elle se focalise sur un système traditionnel local propre à tous les membres du clan. Le chef de famille mfumu dikaanda, est garant de cette gestion dont il a l'impérieuse charge, avec les autres membres du clan, à perpétuer pour les générations futures bilesi, balaanda. «Ce système est basé sur un ensemble de règles communautaires qui tirent leur légitimité et leur autorité d'un sous-système pluriel fait de valeurs, de reconnaissances et conventions sociales.»20(*). Le clan responsable du site a donc la lourde charge d'en faire une gestion intergénérationnelle et extra générationnelle.

Les clans par alliance, bankweesi ont une participation effective dans la gestion du kitoto, ce bien commun.

« La terre est à la fois objectivement organisée et culturellement inventée. Elle est différente de l'espace qui, lui, peut être défini comme une « étendue socialisée». L'espace est ce que les hommes constituent à partir de quelque matière première, en fonction de leurs activités, de leurs techniques, de leur organisation sociale, de leurs projets ; il est du côté de la société, de l'histoire », dit Pourtier cité par Jena Félix YEKOKA.

« La jouissance effective du droit de propriétaire foncier a toujours suscité des remous dans les sociétés traditionnelles, voire urbaines. Historiquement, l'implantation et l'occupation des terres par les migrants venus de Kongo dia Ntotila, légende vivante de la culture et de la civilisation Kongo, avant (probablement) la période antélusitanienne, pour les uns, et entre le XVè et la fin du XVIIIè siècles, pour les autres, ont été faites progressivement dans cette partie du Congo méridional. »21(*)

NTUUKA KOONGO, retour aux sources

La terre dans les pays koongo est source de conflit, chaque clan cherche d'ailleurs à retrouver ses terres, d'où le phénomène « Ntuuka Koongo » : temporalité, permanence et continuité.

Avant 1991, le Congo a vécu sous le monopartisme avec un seul parti qui avait pour devise, Tout pour le Peuple, Rien que pour le peuple. L'Etat avait le monopole sur tout le domaine public et même privé.

La Conférence Nationale Souveraine a, entre autres, réhabilité le droit de propriété. Aussitôt, les conflits fonciers, les menaces de repartir chez soi devinrent plus nombreux et récurrents. Ainsi, se forment de nos jours dans les pays suundi et Koongo de la République du Congo, tout un circuit de revendications terriennes qui, par la suite, aboutiront à des mouvements incontrôlés de retour au terroir. Le manque de documents écrits authentiques, susceptibles de dire l'histoire vraie des peuples en proie aux différends fonciers, est comblé par les témoignages oraux de quelques notables. Mais, bien souvent, ces notables sont corrompus à cause de certaines alliances conclues entre les clans. Ce qui fait exacerber les conflits dans ces pays.

Il faut dire que ce phénomène a existé avant la Conférence Nationale Souveraine qui l'a vu s'intensifier. Dans beaucoup de zones, de Boko-Songho, Kimongo et Londela Kayes, le phénomène Ntuuka Koongo a vu naître bien de villages : Kingoma, Nkebasani, Yandi Nsi, Ntoto wola (Kionzo), Kinseembo,Kimbaoka, Kaana, Nsonizaahu. Des noms évocateurs qui parlent de l'unité, du nom du clan, de la fertilité de la terre retrouvée, l'attachement au pays natal, en gros la nostalgie du retour au pays natal, de la terre longtemps abandonnée et qu'on retrouve.

Jean Félix YEKOKA, parlant du phénomène Ntuuka Koongo, dit  qu'il « semble de plus en plus s'écarter de la vérité et du devoir historique pour intégrer le monde folklorique, donc culturel. Depuis quelques décennies déjà, ce folklore, sans risque de nous tromper, vise la revendication, sinon l'affirmation identitaire d'un peuple : les Kongo du Pool, comme s'ils constituent seuls le socle même de la culture et de la civilisation Kongo. C'est un accaparement identitaire. Plus que jamais, il faut une reconstruction, une réécriture de l'histoire  Ntuuka koongo. Le Ntuuka koongo est, selon toute vraisemblance, une désignation, une catégorisation, une parcellisation humaine, voire une identité toute particulière qu'on attribue à une catégorie de personnes. Il veut dire `'revenant de Kongo dia Ntotila.'' Il s'agit probablement de ceux qui, dans leur pérégrination, entre la période qui a succédé à la chute total du pouvoir de Mbanza Kongo (1665) et la deuxième moitié du XIXè siècle, abandonnèrent la marche pour s'abriter à des endroits précis (bula nzau) où ils formèrent des îlots biologiques peu considérables avant de se remettre en marche, pour diverses raisons ; puis s'installer là où les prédécesseurs avaient déjà occupé puis partagé les terres »22(*).

III. Le mariage trait d'union entre clans

1.2. Le non mariage entre membre d'un même lignage

Il est dit en koongo : « Meenga ma mosi ka ma sompasana ko/ma kwelanaa ko », le même sang ne se transmet pas ou ne se prête pas, en clair, les membres d'un même lignage ne se marient pas. Il est encore dit : « Mbula kibusi kyuula/kihuku », le vagin de la soeur est comme un crapaud, il n'est pas beau à regarder. On ne peut pas se marier à sa propre soeur.

Ainsi, on va chercher femme chez les voisins. C'est pourquoi, chez les suundi, tout comme chez tous les Koongo, le mariage ou mieux l'exogamie est la pierre angulaire de toute relation entre les clans. Du mariage découlent tous les autres aspects qui impliquent responsabilité, respect, assistance, solidarité entre les membres des clans par alliance : funérailles, activités de subsistance (pêche, chasse), gestion des biens, éducation des enfants.

L'alliance entre les clans est donc visible et parfois invisible. Les clans ayant le même nom, leurs membres observent une solidarité glaciale. Dès qu'un  étranger d'un quelconque clan, du même nom Makaba, Kibweende, Kimbeenza ou autre, arrivait dans un village, on faisait vite de le diriger chez son frère du même clan, mwisi kaanda, yaaya kaanda. Même quand il vient d'un village lointain et inconnu, du Congo ou de la République Démocratique du Congo même. Son mwisi kaanda à l'obligation de le loger et de lui trouver une niche.

Bien plus, à l'époque de l'esclavage, la solidarité était très manifeste. En effet, les causes de ce commerce honteux étaient diverses : cas d'indiscipline d'un jeune gens, manque d'argent ou de tissus d'étoffes utile au remboursement d'une dette contractée auprès d'un autre clan, pour n'avoir pas honoré un quelconque engagement du genre, ensevelissement d'un conjoint, etc. Un autre clan ayant le même nom peut payer à la place de l'autre, au nom de ce lien de yaaya kaanda, on a une obligation morale de délivrer, kukuula.

Ou encore, les orphelins, bisaana étaient élevés par des yaaya kaanda avec qui on n'a pas parfois le même luvila ou souche commune. Toutefois, avoir le même nom de clan explique une appartenance lointaine, depuis la terre mère de Koongo dya Ntotela. Et aussi dans l'imaginaire suundi il est dit que : « Musiinga kaanda kati ni watintaana ka leendi ko watabuka », la corde du clan même quand elle est raide, elle ne se casse jamais. Autrement dit, un clan même quand il n'existe plus à un endroit, il survit ailleurs22(*).

2. Le choix du conjoint/de la conjointe

Le mariage avec un membre d'un autre clan ne se fait pas selon la volonté des jeunes conjoints. Il va de l'histoire qui lie les deux clans. Il existe des clans qui ont une réputation peu reluisante comme : le vol, bwiifi, l'infidélité, kinsuusa, le manque de respect ou l'insolence, munwa/leho, la paresse, buyeemba, buleenga etc.

Mais le clan peut avoir un interdit, kikaandu ou nzambila qui est une forme de jurisprudence qu'on secoue et qu'on garde comme tableau de bord. Au cas où il existe un nzambila entre deux clans, il y a ipso facto interdiction formelle de se marier. Ce fait doit être connu par tous les membres du clan.

Il faut préciser que certains clans autorisent l'endogamie, le mariage entre membres d'un même clan. Très souvent c'est pour une conservation jalouse et à jamais d'une vertu ou d'un totem propre au clan. Dans le clan Lwaangu à Kissengha, ce phénomène est observable aujourd'hui. L'ancien député de Boko-Songho, Samuel MPINDI dit Kilemba, était marié à sa propre nièce pour cette raison. Il n'y a aucun vice car c'est comme une loi édictée par les ancêtres depuis des temps anciens.

Un autre motif de mariage endogamique chez les Suundi s'expliquait par des faits tels que : une jeune fille, un jeune homme handicapé physique, kikata ou handicapé mental, kihulu, kizoba qui, très souvent, n'a pas de chance de trouver mari ou épouse dans la société. Et c'est pourquoi, obligation était faite à un membre du clan de sexe opposé d'accepter de convoler en justes noces avec sa soeur ou son frère. Car les Suundi disent, Kihulu kya mana ba kyaaku, maseembo hu muyukuti, lorsque vous avez une personne frappée d'un handicap mental, vous devez accepter tous les reproches et toutes les railleries. Autrement dit, chez les Suundi, personne ne peut être abandonné au bord du chemin, quel que soit son état.23(*)

3.3. Obligations et assistance entre clans par alliance

Et lorsqu'un mariage est scellé entre deux clans, les membres des deux clans se disent désormais d'un même clan. On dit que : « Lwa mana kweelana lweka kaanda dimosi », dès lors que vous acceptez de vous unir par le mariage, vous formez un même clan. Et de cette manière, les égards de part et d'autre sont une règle d'or, Nkweesi nene mfumu bwaala, le beau parent peut être un chef du village. Le non dit dans cette sentence c'est que les membres du clan par alliance sont pris au même titre que les chefs ou les membres du clan. Vous vous assistez en toutes circonstances.

Un autre aspect qui lie les clans c'est l'assistance en cas de décès, nkutasani. Le nkutasani se fait entre des clans qui sont liés par le mariage et ceux qui ne le sont pas. Il se fait selon des règles reconnues préétablies par toute la société. Dès qu'il ya décès, tout le monde se retrouve pour venir en aide au clan éprouvé, la contribution, fuundu, des uns et des autres clans se donnent officiellement devant tout le monde. Il varie selon la « taille » du cadavre, un bébé, un enfant ou une grande personne, Bunene bwa mvuumbi ni bunene bwa fuundu.

Le trait d'union entre des clans par alliance demeure les enfants, baala .Ceux-ci appartiennent au clan de la femme mais le côté paternel a un droit tutélaire sur eux. Au point où, d'un premier côté ils sont appelés neveux, baala ba nkasi ou kaanda et du côté du père, baala ba mbuta, les enfants nés du père. Ils sont mystiquement protégés dans une dualité paternelle et maternelle. Mais le père géniteur en est le Dieu ici-bas. Les Suundi disent : Taata eevo sya nzaambi ya ntoto ya baala, le père ou le papa est le Dieu des enfants sur Terre. Toutefois, il ne peut pas les ensorceler sans l'avis de ceux à qui ils appartiennent, les oncles maternels, bavwiidi, ba mfumu.

Et quand on marie deux jeunes conjoints, les Suundi insistent sur un aspect très cardinal, la sorcellerie, Kindoki, budonki. Il est interdit à un des conjoints de transmettre cette « intelligence » à l'autre.

D'après nos informateurs oraux, un sorcier, ndoki n'a pas le droit de jeter un mauvais sort à un non membre de son clan. Toutefois, on peut solliciter un sorcier d'un autre clan, plus huppé, pour exécuter une opération assez périlleuse. Et généralement, le mfumu dikaanda est sensé détenir cette intelligence24(*).

Et le professeur Théophile OBENGA de dire : « Chez les anciens peuples bantu, il existe une idéologie que l'on peut découvrir dans les rapports des hommes avec le sacré (cultes, magies), dans les rapports des hommes entre eux sous le regard des ancêtres et des tribaux, dans l'exercice du pouvoir souverain par le chef de clan, le chef de lignage, le chef de village, le chef de terre, le chef de chefferie ou par le roi.»25(*)

3.4. Dieu, les ancêtres, les vivants et l'héritage

Dans le fonctionnement normal d'un clan suundi, la gestion de tout héritage ou des biens est fonction du triptyque : participation, médiation et manipulation des vivants, bamoyo (sorciers) et des morts, bakulu, bafwa. Cette vision du monde est présente dans les mentalités collectives. Les esprits des ancêtres, dans l'imaginaire suundi, sont capables d'apporter bénédiction et malédiction aux vivants. Ces esprits sont partout dans les eaux, dans les forêts et dans toute la nature. La société est gérée sous un dualisme fait du visible et de l'invisible.

Le peuple suundi, comme tous «  les peuples africains reconnaissent l'existence d'un Etre Suprême théoriquement transcendant, mais en réalité immanent, à la fois omniprésent et omniscient, cet Etre est source et principe de vie. Sa dénomination varie selon les ethnies et plus d'un millier de mots foisonnent d'un bout à l'autre du continent pour suggérer la richesse de ses attributs. Son acte de création s'étend à l'univers : monde visible et invisible, terre et ciel que certains peuples décomposent en zones terrestre, céleste et souterraine. Cet ensemble est parcouru de forces émises et maîtrisées par lui. »26(*)

Cet Etre Suprême est le Dieu Tout puissant, Nzambi a Mpungu Tuleendo, Mampuungu. Les Suundi, comme les Grecs, ont une conception polythéiste de la religion ou de Dieu. Ils ont adoré plusieurs dieux. Les ngaanga et les nguunza devraient être considérés comme des prêtres du Dieu Tout Puissant, Mampuungu qui est au-dessus de tout ce qui existe.

La sorcellerie, kindoki, bundoki est un phénomène qui s'entend dans tous les clans suundi. Cela paraît banal aux yeux de certaines personnes, certes. Mais il est dans l'ordre du monde de l'invisible et du visible.

Dans chaque clan, on trouve des sorciers, bandoki. Le kindoki, bundoki s'entend sous le double sens positif et négatif. La première peut jouer le rôle de défenseur et protecteur des hommes et des biens. Dans ce cas précis, la gestion intra et extra générationnelle du patrimoine immobilier (étangs, forêts, montagnes sacrées ou non, etc.) exige une protection des lieux par un ou des sorciers. Le caractère communautaire et sacré de ce patrimoine lui confère cette protection diurne et nocturne. Pour éviter toute aliénation par un tiers du bien commun, on l'enveloppe d'une série d'interdits, véritable code moral. « L'interdit ou tabou constitue, dans la société traditionnelle africaine, un des traits culturels. Selon qu'on se trouve dans une aire culturelle bien déterminée, selon l'environnement spatial, temporel et social, l'interdit peut varier. Code social et moral, l'interdit dans la société traditionnelle est assimilé à une forme de règle ou de loi qui est observée rigoureusement par tous les membres de la communauté. Dans un cercle clanique ou dans la famille réduite, des garants sont tacitement indiqués en vue de veiller à son application. Le chef de clan, dépositaire du patrimoine clanique, s'en sert pour perpétuer une zone naturelle dans sa biodiversité. Une terre appartenant au clan revêt un caractère sacré en application des interdits qui se transmettent de génération en génération »27(*). Ceci est d'autant vrai pour la «forêt sacrée qui est une réalité congolaise, une forme de conservation de la nature. La forêt, en réalité, est le sanctuaire des esprits, des mannes et des ancêtres, on s'y rend pour apprendre, connaître et découvrir les essences naturelles fauniques et même animales qui constituent ce milieu »28(*).

La sorcellerie positive joue le rôle de police pour le clan contre les prédateurs ou pirates des âmes venant d'ailleurs.

Quant à la sorcellerie négative, elle a pour rôle de jeter les mauvais sorts dans le clan du sorcier et ceux des autres par le jeu des tontines, bitemo.

Conclusion

Les liens entre les clans suundi et ce passé restent indéfectibles : mode de gestion de la société, le clan est une structure qui a un fonctionnement qui ne se fait pas en vase clos. IL reste lié aux autres membres de la société. Mais le lien entre clans prend en compte tous aspects visible et invisible. Ce lien pèse dans la balance de l'équilibre de la société suundi qui en tire une partie fort importante dans son affirmation identitaire.

Malheureusement, l'avancée du modernisme érode inexorablement cette forme d'organisation sociale, héritage du Mbanza Koongo.

Loin d'être nostalgique d'un passé qui n'est pas exclu de tout manquement, les pays africains peuvent s'en inspirer dans la confection des textes juridiques et autres formes d'éducation, formelles ou informelles, de la jeune génération qui en est effroyablement étrangère et qui végète dans un oubli de ce qu'ils devraient être. Et Dominique NGOIE NGALLA de dire : « Ce qu'ils apprendront vaut-il ce qu'ils oublient ? », interrogation angoissée que, dans L'aventure ambiguë, Cheik Hamidou Kane met dans la bouche du chef des Diallobé à qui on demandait de juger de l'opportunité d'envoyer les enfants à l'école des Blancs. Question redoutable, devant tant de désordre de nos sociétés et l'incertitude de nos lendemains.»

Les ateliers du Musée National du Congo, qui prennent en ligne de compte les nouveaux tournant de la nouvelle muséologie africaine, sont organisés dans une optique à mi parcours entre l'ancien /le traditionnel et le moderne/le nouveau.

C'est entre autres les idées de bâtir une nouvelle Afrique sur ce prestigieux passé. Nous nous refusons de faire de l'art pour l'art au risque d'être taxé de tigre qui clame sa tigritude sans bondir sur sa proie. Loin de faire du catéchisme culturel outre-atlantique, nous souhaitons que l'Afrique reparte au point de départ, qu'elle interroge son passé, pour un meilleur bond dans l'avenir, l'héritage de Mbanza Koongo peut compter parmi les creusets d'édification d'une nouvelle Afrique.

Propositions :

- Institutionnaliser la table ronde sur Mbanza Koongo en biennale, tous les deux ans, lieu de rencontre pour rendre à Mbanza Koongo ce qu'il a donné au monde;

- Création des Chaires Mbanza Koongo dans les universités du monde, notamment aux Etats unis, pour l'enseignement des cultures Koongo, la société civile peut être mise à contribution;

- Création d'une Grande Bibliothèque et d'un grand Musée, sur Mbanza Koongo, véritable projet scientifique, à l'image de la grande bibliothèque d'Alexandrie en Egypte;

- Créer une espèce de communauté culturelle des chercheurs Koongo, une forme de Ciciba, avec un financement extérieur (% plus) et des Etats (% moins): Angola, Congo, Gabon et la RDC.

- Créer une revue scientifique qui sera dénommée La Lettre de Mbanza Koongo ou seront publiés toutes les recherches, conférences et autres aspects liés à l'histoire de Mbanza Koongo sous tous ses aspects : linguistique, migratoire, anthropologique, sociologique, archéologie, histoire, etc.

Orientations bibliographiques

- DOCQUIER Marie - Claire, N'kankata, sanctuaire et musée, Syncrétisme et sorcellerie en pays Koongo; Mémoire pour l'obtention de la licence en Histoire de l'art et archéologie, Faculté de Philosophie et Lettres, Université Libre de Bruxelles; Année académique 1993-1994.

- KIDIBA Samuel, Une vision de la gestion communautaire du patrimoine culturel immobilier in Renaissance N° 004 du 10 Avril 2003 (journal du Ministère de la Culture et des Arts de la République du Congo).

- Samuel KIDIBA, « Les forêts sacrées, une forme de gestion durable de l'environnement », In Le canard de l'environnement, n°006 , écembre 2003-février 2004

- OBENGA Théophile, Les Bantu : Langues - Peuples - Civilisations, Présence Africaine, 1985

- YEKOKA Jean Félix, Essai d'ethnohistoire des suundi : cas des suundi de Boko-Songho (XVII-XX siècle); Mémoire de maîtrise année académique 2002-2003

- Emmanuel KAMDEM, in Management et inter culturalité en Afrique, Expérience du Cameroun, Presses de l'Université Laval, 2002.

J. F. YEKOKA, Droit foncier et retour au domaine dans le « pays de Boko-Songho » (fin XIXe - début XXIe Siècle.) communication inédite

- NGOIE- NGALLA Dominique, Les migrations des koongo de la vallée du Niari, Badoondo, Basuundi, Babeembe, Bakaamba et Bakuni

Sources traditionnelles orales : personnes ressources

1. Suundi (Bouenza- Niari) :

-BALEMVOKOLO Charles, village Nzangi

- BAVIBIDILA Dieudonné, village Dublin

-BATALU MBETANI Alphonse, village Mbengo

- NGOMA PINDY Brice, village Kissengha

- MILANDOU Oscar, village Nsuku Buadi

- MABIALA MIYENIKIN Maxim, village Kinzambi

- NGONDO Simon Papa Wemba, village Manzakala

- KIONGA Hilaire, village Kissengha

- KISSADABA Daniel, village Nsuku Buadi

-DEDIKA Esaie, village Nsuku Buadi

- MBOUNGOU Casimir Mafaute, village Kabadisu

- NZAOU François, village Kabadisu

- NIANGUI Pauline, village Kabadisu

-BABOKA Thomas, village Kabadisu

- MAHOU Henriette, village Manzakala

- NKENGUE Marie, village Kabadisu

- NZAOU Joseph, village Nzangi

2. Laari -suundi (Pool):

- MIABETO LAADI Auguste, Brazzaville

3. Kuni (Bouenza) :

NZIKOU Boniface, Loudima poste

Nzikou Ntsimba Francisca, Brazzaville 

4. Doondo (Bouenza)

Hubert Ngambu, Brazzaville

* 1 Chant du griot Bavoueza Dino, ancien présentateur de l'émission Les Salceros de Brazzaville, à Radio Congo

* 2 Titre d'une célèbre oeuvre littéraire d'un écrivain congolais Emmanuel BOUNDZEKI DONGALA, qui rappelle les origines Koongo de l'Angola.

* 3 Entretien avec la vieille NKENGUE Marie, âgée de 89ans, du village Kabadisu, District de Boko-Songho, République du Congo, le 19 décembre 2006.

* 4 Oscar MILANDU, Enquête orale du 02 septembre 2007.

* 5 Elikia MBOKOLO, cité par J.F. YEKOKA, Essai d'ethnogenèse des suundi : cas Suundi du district de Boko-Songho (XVIIè - XX siècles), Mémoire pour l'obtention du diplôme de maîtrise ès Lettres, option : Histoire précoloniale, année académique 2002- 2003.

* 6 J.F. YEKOKA, op. cit.

* 7 J.F. YEKOKA op. cit.

* 8 Théophile OBENGA, Les Bantu, Langues - Peuples - Civilisations ; Présence Africaine, 1985

* 9 Cite par Dominique NGOIE NGALLA, Les Kongo de la vallée du Niari, Origines et migrations XIII - XIX siècles

* 10 MUANDA NSEMI, Connaître le Kongo, Kinshasa, Editions Mpolo Ngimbi, 1986, pp 1-6

* 11 M. GUTHRIE, The clacification of the Bantu Langages, Londres, Oxford university Press, 1948, 91 pages

A. N.TUCKER et M.A. BRYAN, Linguistic Survey of the Northern Borderland, Vol. IV

M.A. BRYAN, The Bantu Langages of Africa, Londres, Oxford University Press. 1959, 170 pages

Cités par Théophile OBENGA in Les Bantu, langues peuples civilisations, Editions Présence Africaine, 1985, page 22

* 12 Enquête orale du 29 mai 2006 avec le Pasteur à la retraite de BAVIBIDILA l'Eglise Evangélique du Congo (EEC), du village Dublin du district de Londela Kayes

* 13 Oscar MILANDU, Enquête orale du 02 septembre 2007

* 14 Le nkudu est une maladie qui était très redoutée comme la maladie du sommeil en pays suundi

* 15 La Loudima est une rivière qui arrose le département de la Bouenza, notamment les districts de Boko-Songho et de Loudima. Elle est une frontière naturelle entre les départements de la Bouenza et le Niari à certains endroits. Elle se jette dans le fleuve Bouenza - Niari

* 16 J. F. YEKOKA, Droit foncier et retour au domaine dans le « pays de Boko-Songho » (fin XIXe-début XXIe Siècle.), communication inédite.

* 17Cité par Emmanuel KAMDEM, in Management et inter culturalité en Afrique, Expérience du Cameroun, Presses de l'Université Laval, 2002.

* 18 Samuel KIDIBA, L'interdit comme mode de codification de la société traditionnelle au Congo Brazzaville, in Journal La renaissance du Ministère de la Culture et des Arts, 2003.

* 19 Joseph NZAOU « Kibulu », Enquête du 23 septembre 1997 au village Nzangui ; Oscar MILANDU, Enquête orale du 02 septembre 2007

* 20 Samuel KIDIBA, op. Cit.

* 21 Jean Félix YEKOKA, op. Cit.

* 16- La définition ou la signification de la terre ici ne se réduit pas au seul sens chimique du terme, elle inclue aussi toutes ses composantes que sont, entre autres, les étangs, les arbres, les animaux sauvages, l'espace cultivable, les champs, etc.

* 22 Alphonse BATALU MBETANI, Enquête orale du 29 Août 2007

* 23 Oscar MILANDU, Enquêtes orales du 15 juin 2007 et du 02 septembre 2007

* 24 Hilaire KIONGA et Oscar MILANDU, Enquêtes du 10 octobre 2005.

* 25 Théophile OBENGA, Les Bantu, langues, peuples, civilisations, Editions Présence Africaine, 1985.

* 26 Lucie PRADEL, Dons de Mémoire de l'Afrique à la Caraïbe, Editions L'Harmattan

* 27 Samuel KIDIBA, L'interdit comme code moral de la société traditionnelle au Congo Brazzaville, in La Renaissance, n° 05, 2003, Journal du Ministère de la culture et des arts de la République du Congo

* 28 Samuel KIDIBA, Les forêts sacrées, une forme de gestion durable de l'environnement in Le canard de l'environnement n°006 décembre2003-février 2004






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