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Evaluation des effets d'un programme de réhabilitation et de remédiation cognitive sur des patients schizophrènes

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par Charlotte Mouillerac
Université Paris 8 - Master2 de psychologie clinique 2008
  

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4.4. Critiques et remarques

9 patients sur 11 (82%) formulent des critiques à l'égard du CRESOP : sur le contenu du programme lui-même pour 6 patients et sur d'autres points pour 6 autres.

Cependant, comme on va le voir, ces critiques portent plutôt sur des améliorations à faire que sur une remise en question du programme proposé par l'unité.

Les critiques sont systématiquement assorties d'un contrepoint sur les bénéfices ressentis : « Ça m'a chamboulé un peu quand même parce que c'est bien mais... ce en quoi je croyais s'est effondré plus ou moins. Par contre ça a renforcé des fois certains sentiments, sur le respect dans la communication. » (4) ; « Ben c'est un peu rébarbatif, parce que c'est souvent la même chose mais on se rend compte qu'on a des facilités à exécuter les exercices. Et dans la vie quotidienne ça m'a vraiment servi... » (11)

Elles sont aussi toujours adoucies avec des modalisations du type : un peu, pas tellement... : « Sinon, dans la remédiation il y a des trucs plus ou moins rébarbatifs, des trucs plus intéressants que d'autres, des trucs qui sont un peu longuets. » (5) ; « Ce qui était peut-être un peu difficile... » (9) ; ou par des attitudes non verbales qui neutralisent le propos : « Les tests, ça voilà, sont un peu déroutants (rire). » (1).

Il ressort des entretiens qu'il n'est pas question pour les patients d'attaquer le CRESOP qui est vraiment perçu comme un lieu ressource.

Critiques sur les programmes de soin (remédiation, groupe PACT)

Nb de patients

Autres critiques

Nb de patients

Difficulté (remédiation, tests)

4

(36%)

Manque de feed-back

3

(27%)

Un peu simpliste (remédiation)

1

(9%)

Bouleversant (PACT)

2

(18%)

Parfois rébarbatif (remédiation)

2

(18%)

Aspect pratique

(coûteux en temps, difficile d'accès)

2

(18%)

Pas assez personnalisé, pas adapté pour tous (PACT, remédiation)

2

(18%)

 

Nombre total de patients qui formulent une ou plusieurs critiques sur les programmes de soin

6

(54,5%)

Nombre total de patients qui formulent d'autres critiques

6

(54,5%)

Nombre total de patients formulant des critiques 

9

(82%)

4.4.1. Critiques sur les programmes de soins

6 patients (55%), font des remarques sur le contenu du programme de soins lui-même.

La remédiation cognitive (pour 3 patients) et les tests (pour 2) sont qualifiés de difficiles par 4 patients en tout : « Les tests étaient difficiles et éprouvants » (9) ; « La remédiation c'était dur. Les exercices, ça demande beaucoup d'attention et de concentration, c'est fatigant. Mais ça m'a été utile c'est sûr. » (4) Cette difficulté du programme est évoquée avec l'idée que malgré cela ils y sont arrivés, et qu'ils ont pu progresser. Loin d'être une critique, ce point est plutôt à mettre en lien avec la notion de valorisation soulignée plus haut.

Programme PACT d'information sur la maladie

Fatigue

Plusieurs fois, lors du premier tour de table qui permet de savoir comment vont les uns ou les autres, des patients ont parlé de leur fatigue. « J'ai failli ne pas venir », disent-ils.

Juliet nous explique que parfois, l'angoisse l'empêche carrément de sortir de chez elle. Elle a fait l'effort de venir autant qu'elle a pu, parce que le groupe lui plaisait et qu'elle y était à l'aise, puis, à la 8ème séance, elle a arrêté de venir.

La remédiation paraît au contraire trop simple pour le patient 5 : « Un peu surpris par la simplicité du truc. Je m'attendais à un peu autre chose, à des exercices plus travaillés, à quelque chose de plus sophistiqué. ».

Comme le fait remarquer le patient 4 : « Tout dépend des patients avec qui on se trouve. On n'avance pas à la même vitesse. »

Programme PACT d'information sur la maladie

Dynamique de groupe

Une bonne dynamique de groupe s'instaure dès la première séance. Une certaine hétérogénéité ne nuit pas, au contraire. Les échanges sont d'autant plus riches que les vécus sont différents. Les tours de table permettent de repérer des points communs. Les signes d'alertes par exemple, nous font repérer deux groupes : ceux chez qui tout commence par un repli sur soi et ceux chez qui apparaît plutôt une accélération (insomnie, sentiment de toute puissance...). Romain et Farid sont de ce dernier groupe. Ils ont remarqué au fil des séances qu'ils avaient beaucoup de symptômes en commun, puis ils ont pu se poser directement la question : « Tu as une schizophrénie dysthymique, toi aussi ? ». A la suite de quoi Hervé a enchaîné : « Moi, mon médecin m'a dit que j'avais une schizophrénie paranoïde ».

Les patients se soutiennent et s'encouragent. Ainsi, quand Hervé annonce finalement qu'il a repris son traitement, tout le groupe le félicite.

Presque tous (sauf Roger...) souffrent de se sentir toujours fatigués. C'est un point sur lequel le groupe se solidarise, d'autant plus que certains de ses membres ont vécu des expériences difficiles : proches qui ne comprennent pas, difficultés au travail, difficulté à simplement se lever le matin...

Les séances qui font intervenir des intervenants extérieurs (et notamment les familles) sont des moments sensibles dans lesquels le groupe est fragilisé. Ce sont des temps où les animateurs doivent déployer une grande énergie pour renforcer des défenses qui peuvent être mises à mal.

2 patients parlent plutôt du groupe PACT pour regretter l'hétérogénéité des participants et auraient peut-être eu besoin d'un programme plus personnalisé :
« On n'avance pas à la même vitesse. J'ai l'impression d'être un avion et eux des escargots. Moi je veux aller trop vite en fait. Je trouve qu'ils se complaisent dans leur souffrance : « Je suis heureux dans ma souffrance même si ça ne va pas. ». » (4) ; « C'est comme à l'école, on apprend des généralités, c'est pas du cas par cas. Chacun a sa propre expérience de la maladie, ça n'apporte pas forcément de réponse à toutes les questions qu'on se pose. On n'est pas enclin à parler devant tout le monde de ses problèmes. » (11). Le patient 11 reconnaît ne pas être encore prêt à poser toutes les questions qui le travaillent.

Il est assez intéressant que les patients puissent être en demande de plus de personnalisation des activités. Cela signe sans doute un investissement important de ces soins, pour lesquels ils ont des exigences importantes. Cela permet aussi de les orienter vers des soins plus individuels, qui sont une autre étape de la prise en charge.

Le patient 4 a par exemple fait la demande d'une prise en charge individuelle : « Une thérapie individuelle pour me focaliser sur moi, pour avancer, progresser davantage avec une personne qui s'occupe seulement de moi. Mais j'avais besoin de passer d'abord par le groupe, par des activités en groupe, pour en être capable. »

Programme PACT d'information sur la maladie

Vulnérabilité

La question de la vulnérabilité fait l'objet de plusieurs séances.

Le film parle de sensibilité, plutôt que de vulnérabilité. Le mot fait écueil. Difficile de faire la part des choses entre ce qui serait « faiblesse » et ce qui pourrait plutôt être qualifié de « qualité d'âme ».

Plusieurs patients évoquent leur enfance, le sentiment d'avoir toujours été un peu différent : plus timide, plus sensible...

La question du stress est aussi évoquée longuement : comment reconnaître le stress, comment s'en préserver ? Y a-t-il de bons stress ? Il s'agit en fin de compte d'apprendre à se connaître soi-même, avec ses forces et ses faiblesses, être capable de se faire aider dans les moments difficiles, accepter de se faire ré-hospitaliser.

Faridah a décompensé à la naissance de son premier enfant.

Elle pose directement cette question : « Est-ce que je peux transmettre la maladie à mon enfant ? ». Les soignants lui répondent avec honnêteté et avec les réserves qu'imposent les limites de nos connaissances.

Bertrand met tout son espoir dans les découvertes à venir de la science. Il supporte la maladie parce qu'il veut croire qu'un traitement finira par être trouvé, même s'il doit attendre 20 ans.

La séance de questions au médecin va l'angoisser. Il y entend en effet que des anomalies sont retrouvées dans la structure cérébrale. Il se rassure un peu lorsque l'on aborde de la notion de plasticité cérébrale et de l'intérêt des techniques de réhabilitation.

Il est en colère contre le premier médecin qui l'a reçu et qui n'a pas posé le diagnostic de schizophrénie, retardant d'un an la mise en place d'un traitement. Il est envahi de questions : « et si j'avais eu ce traitement plus tôt...? ».

2 patients enfin trouvent la remédiation un peu rébarbative (dont le patient 5 qui la trouve aussi trop simple). Mais ils reconnaissent tous les deux qu'elle leur a permis de reprendre confiance en leurs capacités : « Ben c'est un peu rébarbatif, parce que c'est souvent la même chose mais on se rend compte qu'on a des facilités à exécuter les exercices. » (11).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci