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Evaluation des effets d'un programme de réhabilitation et de remédiation cognitive sur des patients schizophrènes

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par Charlotte Mouillerac
Université Paris 8 - Master2 de psychologie clinique 2008
  

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4.5. Discussion :

La philosophie du CRESOP est à la croisée de différentes théories et techniques, neurosciences, thérapies cognitivo-comportementales, psychodynamiques ou humanistes. L'expérience des patients est reconnue dans son unicité. Ils sont seuls véritables experts de leur maladie.

C'est une place particulièrement active :

Ø Participation à différents programmes de recherche, avec ce que cela implique de contraintes : IRM, multiples tests neuropsychologiques à passer et repasser, entretiens d'évaluation...

Ø Réentraînement des fonctions cognitives.

Ø Participation à des groupes d'information et d'échange sur la maladie.

Ø Entraînement aux habiletés sociales.

Visiblement les patients y trouvent leur compte.

Si les activités ont elles-mêmes une action directe non négligeable et vérifiée, une part considérable est probablement due au contexte.

La participation aux programmes de soins du CRESOP entraîne un changement de perspective notable, que ce soit dans la façon dont les patients perçoivent leur maladie, dans le regard que les soignants portent sur eux, ou dans l'alliance thérapeutique qui s'instaure.

Il s'agit alors de s'interroger sur le retentissement d'une telle prise en charge sur la place et le rôle de chacun, que ce soit du patient, du psychologue ou des différents membres de l'équipe ?

Les patients ne présentent pas la même image d'eux-mêmes à chaque interlocuteur. Selon qu'ils sont face au médecin, au psychologue, à l'assistante sociale, à une infirmière ou dans un service d'hospitalisation, face à d'autres patients, ils n'offrent pas le même visage.

C'est la réflexion que me faisait une infirmière, travaillant à temps partiel au CRESOP et dans un service d'hospitalisation classique : quel étonnement de voir qu'un patient apparemment très délirant et dépendant en service puisse montrer tant de compétences au moment de participer au programme de remédiation. Elle me parlait ensuite de la difficulté qu'il pouvait y avoir à faire partager cette perception à ses collègues, qui ne rencontraient le patient que dans l'unité d'hospitalisation.

Lorsque les malades ne sont plus définis par leurs déficits mais par leurs compétences, le regard change, de part et d'autre.

De là une hypothèse que certains indices pourraient laisser envisager : les techniques de réhabilitation n'auraient-elles pas aussi un effet sur les soignants en changeant le regard que ceux-ci ont sur leurs patients ? Si le patient n'est plus objet mais sujet des soins, le soignant n'est plus en position de pouvoir mais de coopération.

Même si, comme le remarque sans doute justement Béatrice Benattar dans son travail sur les GEM22(*), il n'est peut-être pas raisonnable d'espérer de la part des malades mentaux le même type d'émancipation et de « prise du pouvoir médical » que l'on a pu voir apparaître avec les malades du SIDA et les actions d'Act Up, ce type de prise en charge peut néanmoins apporter un changement dans le paysage psychiatrique :

Ø Modification du regard que les malades ont sur eux-mêmes,

Ø Idée que la honte qui reste attachée à ce type de pathologie pourrait être dépassée, pour faire place à la reconnaissance du fait que la schizophrénie est une maladie qui ne devrait pas donner lieu à un jugement de valeur,

Ø Modification des relations entre patients, entourage et soignants,

Ø Modification du rôle des soignants.

Pour les soignants, ces changements entraînent une re-dynamisation, l'impression d'avoir une capacité d'intervention plus efficace.

Il est également possible de rencontrer des résistances qui pourraient avoir à voir avec l'ambivalence du soignant : on entend en effet parfois des injonctions paradoxales du type : « Prenez-vous en main / faites ce que je vous dis ».

Ce pourrait être, pourquoi pas, l'objet d'un autre travail de recherche.

* 22 BENATTAR B. / Actualités des clubs thérapeutiques et groupes d'entraide mutuelle. / Vie sociale et traitements n° 95 2007/3. p.64 à 73

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry