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La force du verbe dans la tradition orale wolof: l'exemple des chants du Cercle de la jeunesse de Louga

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par Ousseynou WADE
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA 2007
  

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Chapitre I : Civilisation de l'oralité et dramatisation de l'idée

I. Introduction du problème

Pour introduire cette problématique le Professeur Mamoussé Diagne s'appuie sur les travaux du Baron Roger8 et de Pierre Boiteau pour constater avec eux le foisonnement des images dans l'oralité.

Son interrogation porte sur le procédé utilisé pour codifier, organiser, élaborer, gérer et transmettre le savoir. Ensuite, il se demande pour quelle raison procède-t-on ainsi ?

Monsieur Diagne évacue les idées reçues sur la question entre écriture et oralité. Guy SPIELMAN9, Simon BATTESTINI10 le confortent dans sa position d'autant plus qu'il suppose qu'il n'est aucune culture africaine qui n'ait un système de conservation et de communication de certains messages. Il rejette les thèses de dévalorisation de l'oralité et les thèses apologétiques pour effacer la dualité « société orale »/ « société écrite ». Le Professeur Diagne se penche sur les procédés de pérennisation disponible dans le legs culturel, choisi en fonction de leur efficacité par rapport au contexte de déploiement.

Il découvre une révélation de traits pertinents, pas accidentels mais liés au contexte oral (image/ dramatisation) le logos oral est proféré de vive voix, en situation de performance, dans une trame temporelle instituant un défi à sa rétention durable. C'est pourquoi, il déploie un ensemble de procédures qu'il rend par la notion de logique d'oralité. Le but consiste à répertorier et d'écrire les procédures auxquelles font appel les civilisations de l'oralité : réévaluation, réorientation de la réflexion sur le legs des civilisations africaines traditionnelles. Il écarte dans les instruments d'analyse la poésie orale car l'usage de l'image y est un fait normal, c'est la règle.

A mi-chemin, le philosophe sénégalais retient que «  la dramatisation du savoir (...) traduit fondamentalement une sorte de réflexe de suivi pour une civilisation de l'oralité ». Il la baptise avec raison « la ruse de la raison orale ».

II- L'idée et sa mise en forme

Ce titre peut paraître en apparence énigmatique, volontairement ambigu. Il signifie tout simplement que le concepteur d'une idée peut prendre l'initiative de la mettre en scène par une histoire dramatisée. La finalité est de communiquer un savoir.

Pour valider une telle idée, M. Diagne passe par l'étude d'actes de discours élémentaires comme les proverbes et les maximes. En même temps, il vérifie si l'on a affaire à un trait essentiellement de l'oralité.

D'abord, il rappelle l'étude qu'en avaient faite Hubert LE BOURDELLES11 et Anna Maria IERACI BIO, Claude BURIDANT12. Ces « prêt à penser » ou «  moralité en boîte » condensent dans une réduction généralisante l'autorité morale ou l'expérience référée à la norme. Au passage, il cite BURIDANT pour qui le proverbe se présente globalement comme un énoncé autonome ou micro-récit ayant une organisation logique - régi fondamentalement par le principe d'implication - de structures formulaires caractérisées par des traits prosodiques et sémantiques en rupture avec le discours continu. (1984, p. 114)

C'est un va-et-vient entre système de signes et réalité sociale. Des images et des lois de fonctionnement s'y révèlent. Dans les sociétés traditionnelles, le proverbe est un viatique avec une fonction non ponctuelle, un savoir comprimé plus une illustration et des réponses sur les « routes de l'existence ». Ainsi, c'est un message gravé dans la mémoire des hommes. Il est une parole d'autorité, un acte langagier par procuration.

Les positions de Jean CAUVIN13, de Firmin RODEGEM14 et d'André JOLLES15 confirment cette position et révèle son caractère conclusif. Le proverbe fonctionne comme «un couvercle sur un puits » car il prévient et rappelle un danger.

Dans cette perspective, le Professeur Diagne montre que le proverbe est porté par la dramatisation. A partir du proverbe, on décèle des expériences réelles ou fictives, une narration miniaturisée d'expériences, le raccourci d'une histoire, une économie linguistique, par un détour rhétorique. Le proverbe part des faits réels et en parle de façon détournée, mais il est toujours en situation. Il émane d'une autorité arbitrale (wolof Ndiaye,) déploie un contexte et/ou une expérience réelle ou fictive (dramatisation, adjoint à la brièveté la symétrie (des artifices langagiers de l'oralité) ; fait exister l'espace et le temps dans la mesure où ils sont matérialisés ; et fait participer l'ouïe et la vue.

En conclusion, on retient que le proverbe apparaît comme un condensé d'une histoire réelle ou fictive. Il est au carrefour de deux séries d'expériences (passées et présentes). La dramatisation est son instrument d'illustration et de validation.

Avec la devinette ; on découvre qu'elle est à l'inverse du proverbe. Il n'y a pas de mise en scène. Sa situation d'emploi est dérobée. C'est comme un proverbe à l'interrogatif. La devinette invite à exhiber un savoir consacré.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon