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L'impérialisme culture occidental et devenir de la culture africaine: Défis et perspectives

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par Bernard ZRA DELI
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de Philosophie (Licence) 2008
  

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II. 2.3.2. L'art africain

Tout comme la religion et la langue, l'art reste une des expressions les plus hautes de la culture d'un peuple. Il exprime la vie du peuple, sa manière d'être, sa vision du monde.

En Afrique, l'art symbolise la vie concrète de l'univers cosmique. De manière traditionnelle, il excelle dans la musique, la danse et la sculpture sous toutes les formes. Il remplit une fonction symbolique et ne reste pas une simple copie du cosmos. Il est étroitement lié à la vie. L'art africain traditionnel est vie, langage et ne connaît pas tout ce qu'accorde le monde moderne à l'art au sujet du goût, de l'esthétique. La question de son esthétique est une question de vie et non de l'ornement et de la beauté simple ou de divertissement. Il va au-delà des simples représentations. L'essentiel dans l'art africain est non la forme, mais ce qu'il représente et transmet comme message aux yeux des Africains. Comme l'ont remarqué LABURTHE-T. P. et BUREAU René,

« Ce qui est essentiel est le nom ou la fonction que l'on donne à l'objet, son sens, ce qu'il représente; même faite de bois (matière la plus noble parce que vivant) une chose ne peut que désigner un être sans jamais s'identifier à lui. C'est pourquoi l'art africain est éminemment symbolique, bien que l'accent mis sur les symboles le rende en même temps expressionniste. »76(*)

Cette dimension où s'exprime l'essentiel de l'art africain se trouve aujourd'hui escamotée et a rendu cet art incompris.

Dans l'ancienne Afrique, encore pleine de ses richesses, l'art servait de lien entre le sacré et le profane, entre les vivants et les ancêtres, entre l'homme et le Transcendant. Il devient ainsi l'existence générale tant d'ici-bas que de l'au-delà.

Aujourd'hui, considéré comme objet des fétiches, l'art traditionnel telle la sculpture se dénature, perd sa signification profonde. Il s'en va en lambeau avec la vision du monde africain, la sagesse, les langues et les religions. On n'y accorde plus d'importance sinon quelques amateurs touristes venus de l'autre bout du monde. Au plan sculptural, l'art traditionnel est rangé en objets de musée et d'ornement. Et combien d'Africains l'utilisent même pour ces buts ?

Le contact avec l'extérieur a dépouillé l'art africain traditionnel de son prestige, de sa valeur et de ses fonctions. Le fait est très palpable dans nos danses traditionnelles modernisées, nos musiques traditionnelles vidées de leur sens pour laisser place aux bruits pédants. La danse traditionnelle est devenue un simple folklore ou même un classicisme mal assimilé alors qu'il y a quelques laps de temps, elle exprimait la vie quotidienne de l'homme noir. Aujourd'hui, la question de survie a pris le devant sur le génie créateur de l'artiste africain. Or tout ce qui est lié à l'art comme moyens de subsistance le dévalorise davantage lorsqu'il faut créer une oeuvre d'art simplement pour se faire de sous. Le phénomène bat son plein dans tout le Tiers-Monde. Et TRAN VAN KHE l'a si bien remarqué en ce qui concerne la musique :

« L'acculturation, véritable ``épidémie'' pour les traditions musicales des sociétés non industrielles, a provoqué beaucoup de désastres parce que les Asiatiques et les Africains se tournent vers l'occident et y puisent des éléments, non pas nouveaux et constructifs, susceptibles de revigorer leurs propres musiques, mais surtout les éléments incompatibles avec les principes fondamentaux des musiques traditionnelles de l'Asie et de l'Afrique. »77(*)

L'art africain s'abâtardit pour devenir simple exaltation de la subjectivité. Cet art n'est plus engagé. Il est donc nécessaire que nous puissions revenir aux significations les plus profondes de ces arts africains. Avec LABURTHE-T.P. et René BUREAU, l'espoir renaît car « la musique et la danse africaines relayées par l'Amérique du Sud et du Nord, apportent une contribution capitale à la civilisation moderne. Non seulement au niveau populaire, mais aussi dans la musique savante (la création du monde de DARIUS MILHAUD ; recherches polyrythmiques d'Olivier MESSIAEN, etc....). »78(*) Aussi, nombre d'artistes africains ne destinent-ils pas leurs arts tant dans la peinture, la sculpture, la littérature que dans la musique au service du peuple pour la liberté, l'épanouissement de l'univers humain ?

L'oeuvre artistique ne doit nullement demeurer en marge des luttes que mènent les Africains pour leur indépendance culturelle. Artistes de toutes sortes : écrivains, musiciens, sculpteurs doivent exprimer leur génie créateur pour les intérêts du peuple, la conscientisation et la moralisation du peuple. Ces artistes doivent cesser d'être des griots et des mendiants en quête de survie. L'art africain ne doit pas se réduire au plagiat ni même au mimétisme. Pour remédier à cette situation, les artistes africains doivent s'inspirer des réalités africaines et puiser dans leurs traditions ce qu'il y a d'original et de marque. La seule clé du succès d'un artiste est le travail quotidien. Les jeunes talents doivent s'inspirer des anciens tout en cherchant à les dépasser. Un vieil adage africain précise bien « Qui ne sait pas tailler un piquet, doit s'inspirer de l'oreille du chien. »

* 76 LABURTHE -T. P., -BUREAU R., Op. Cit., p. 109.

* 77 TRAN VAN KHÊ, Op. Cit., p.11.

* 78 LABURTHE-T. P., -BUREAU R ., Op. Cit., p. 110.

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