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Première alternance politique au Sénégal en 2000: Regard sur la démocratie sénégalaise

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par Abdou Khadre LO
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - DEA Science Politique (Sociologie Politique) 2001
  

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1. Senghor et la peur du multipartisme.

Comme l'a noté le sociologue sénégalais Mar Fall4(*), le multipartisme n'est pas une donnée nouvelle au Sénégal. Déjà, dans la période coloniale, il existait plusieurs partis politiques affiliés aux partis de la métropole qui allaient peu à peu devenir des institutions proprement sénégalaises.

C'est le processus de consolidation de l'Etat post-colonial sous la présidence de Senghor qui a mis fin à ce pluralisme existant, soutenu par la thèse de certains politologues de la modernisation politique, selon laquelle le système du parti unique aurait été l'élément central de la construction nationale.

En accédant à l'indépendance, le Sénégal s'était doté d'un Président de la République (Léopold. S. Senghor) et d'un Président du Conseil, Chef du Gouvernement (Mamadou DIA), les deux leaders de l'Union Progressiste Sénégalaise (UPS) qui deviendra plus tard le Parti Socialiste.

Senghor se heurta à des oppositions de tous ordres, parmi lesquelles celle du scientifique Cheikh Anta DIOP 5(*). La concurrence entre ce dernier dont la réputation égalait celle de Senghor au début des années 19606(*) et le Président de la République est bien connue dans l'histoire politique du Sénégal.

En 1961, quelques mois après l'échec de la fédération du Mali (qui devait regrouper le Mali et le Sénégal), Ch. A. DIOP créait le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS), en déplorant à la fois l'orientation anti-fédéraliste de Senghor et sa soumission aux influences étrangères dites néocolonialistes. Ce parti était illégal au regard de la constitution en vigueur, à l'époque, et n'échappa pas à la dissolution.

En 1963, il crée encore le Front National Sénégalais (FNS) qui sera à son tour interdit. Cependant, à chaque fois qu'il dissolvait un parti d'opposition crée par Ch. A. DIOP, Senghor lui proposait aussitôt, mais en vain, une entrée au gouvernement. Ce qui signifie qu'il voulait un Etat-parti pluraliste plutôt qu'un multipartisme en tant que tel.

En interdisant, entre 1960 et 1964, les différents partis de Cheikh Anta DIOP et le Parti Africain pour l'Indépendance de Majhemout DIOP (fondé en 1957), l'Union Progressiste Sénégalais du Président de la République s'érigea en parti unique de facto, contre la Constitution.

Par ailleurs, Senghor pu aussi gouverner sans concurrence ni contrôle grâce à l'éviction du Président du Conseil et Chef du Gouvernement (Mamadou DIA), accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat. Par une révision constitutionnelle établissant les fondements du présidentialisme au Sénégal, il mit fin au bicéphalisme de l'exécutif et remporta les présidentielles de 1963 avec 99% des voix.

La politique de Senghor, dans un contexte certes différent, rappelle les propos de son homologue tanzanien, J. K. Nyerere, lorsque ce dernier écrivait : « lorsqu'il existe un parti, et que ce parti s'identifie à la nation dans son ensemble, les fondations de la démocratie sont plus solides qu'elles ne le seront jamais si vous avez deux partis ou plus, chacun représentant seulement une fraction, de la communauté. »7(*)

De 1963 à 1974, la vie politique sénégalaise fut marquée par la confiscation du pouvoir au profit d'un présidentialisme autoritaire.

* 4 Mar Fall, Sénégal, L'Etat Abdou Diouf ou le temps des incertitudes, Harmattan, Paris, 1986, p. 10.

* 5 Dimitri G. Lavroff, La République du Sénégal, LGDJ, Paris, 1966, pp. 182-239.

* 6 Il exerçait une réelle fascination sur les jeunes étudiants africains en France au moment des indépendances. En effet, si on se réfère à une enquête sélectionnant les personnalités qui ont travaillé à la réhabilitation des cultures négro-africaines, le nom de Ch. A. Diop a été cité (31%), après ceux d'Aimé Césaire (42%) et de Senghor (38%). Cf. Jean-Pierre N'Diaye, Enquête sur les étudiants noirs en France, Ed. Réalités Africaines, Paris, 1962.

* 7 Julius. K. Nyerere, cité par Denis-Constant Martin, « La houe, la maison, l'urne et le maître d'école. Les élections en Tanzanie 1965-1970. », in Revue française de science politique, vol 25, N°4, août 1975, p. 680.

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