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Les sujets de l'annonce de la parole de Dieu selon le code de droit canonique

( Télécharger le fichier original )
par Toussaint TSHINGOMBE ILUNGA
Université catholique d'Afrique Centrale - Maitrise 2008
  

Disponible en mode multipage

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ÉPIGRAPHE

" Ta parole, Seigneur est vérité, et ta loi délivrance."

DÉDICACE

A la Congrégation des Fils de l'Immaculée Conception,

A mes parents TSHINGOMBE - WA - ILUNGA Camille et N'SEYA -WA-TSHIBANGU Augustine,

Je dédie ce travail.

REMERCIEMENTS

C'est maintenant, plus que jamais, le moment de nous acquitter d'un devoir impérieux en rendant grâce au Père des cieux, notre Dieu Un et Trine, pour tant de merveilles accomplies pour nous.

Que serait alors devenu ce mémoire sans le concours de plusieurs personnes ? Qu'il nous plaise d'adresser, de prime abord, nos remerciements chaleureux à la Révérende Soeur Sylvia RECCHI. Nous lui reconnaissons le mérite d'avoir assumé, avec tant de dévouement, de disponibilité et de perspicacité, la direction de ce mémoire, cela en dépit de ses multiples occupations. Par son sens d'accueil et ses multiples conseils, elle reste pour nous l'image de celle qui nous a donné le goût des études en droit canonique.

Notre expression de profonde reconnaissance et respectueuse gratitude s'adresse à Nos supérieurs, nos formateurs et professeurs du Département de droit Canonique de l'Institut catholique de Yaoundé, pour nous avoir soutenu et permis de mener à terme ce deuxième cycle de droit canonique.

Qu'il suffise de remercier, de façon spéciale et particulière, les Pères Aurelio MOZZETTA, Michel PERNIOLA, Sergio IANESELLI, François CAVALIERI, Frère Ignace NGAMAYAMA , Les Abbés Paulin POUCOUTA et Jean Jacques MACKOSSO qui ont été pour nous source d'encouragement et de réconfort.

Puissent nos confrères, ASSIR Patrick Toty, Cyriaque Geoffroy EBISSIENINE, Jean BELIBI et Paul TENTOW, découvrir, à travers ces lignes, le témoignage éloquent de notre sentiment de gratitude. Nous disons également merci à tous les autres confrères conceptionnistes de la communauté du Scolasticat de l'Immaculée, pour toutes les marques de sympathie et de fraternité.

A tous ceux qui ont, de quelque manière, apporté de l'eau au moulin en vue de notre épanouissement moral, intellectuel et spirituel, mais dont les noms ne sont pas cités explicitement, nous les invitons à se reconnaître présents sur cette liste.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

§ : Paragraphe

2Tm. : 2 Timothée

A.G : Ad Gentes

AAS : Acta Apostolicae Sedis

AAVV : Auteurs variés

C.E.B. : Communauté Ecclésiale de Base

Can. : Canon

Cann. : Canons

CD : Christus Dominus

CIC : Codex Iuris Canonici

DC : Documentation catholique

DV : Dei Verbum

Éd. : Édition

EIC : Ecclesia Iuris Canonici

Enc. : Encyclique

Eph. : Éphésien

EV : Emchirdium Vaticanum

Exhort. Apost. : Exhortation Apostolique

Hb : Hébreux

Jn.: Jean

Lett. Ap. : Lettre Apostolique

LG : Lumen Gentium

MP : Motu Proprio

Mt. : Matthieu

N : Numéro

nn : Numéros

p. : Page

pp. : Pages

SC : Sacrosanctum Concilium

ss : Suivants

Trad. fr : Traduction française

INTRODUCTION

Le monde du troisième millénaire est marqué par le phénomène du prophétisme religieux et celui de la prolifération des nouveaux mouvements religieux. Chacun proclame ou plutôt prétend proclamer le nom de Dieu, avec des variantes allant des plus fantaisistes aux plus insolites. Les lieux de culte se multiplient à une vitesse vertigineuse. Même de simples habitations sont transformées en « sanctuaires ».  Des « pasteurs » sans formation requise dans le ministère pastoral, qui se disent appelés par Dieu lui-même, animent ces communautés. L'Evangile est proclamé haut, avec parfois le concours de mégaphones. On n'est pas loin de croire que la religion est devenue un secteur d'affaires. La foi, le miracle, la guérison et autres promesses séduisantes entretiennent un lien étroit.

La fascination de cette nouvelle vague de religions est telle que les fidèles du Christ de l'Eglise catholique en subissent l'influence. Ils ont tendance à imiter, sinon à copier aveuglément certaines pratiques en vogue dans ces religions à la mode. Certains groupes catholiques de piété manifestent davantage ce mimétisme.  Cette fascination entraîne parfois de doutes sur certaines affirmations de la foi catholique. Si d'aucuns y résistent, d'autres, par contre, finissent par quitter l'Eglise qui les a fait naître dans la foi. Ce passage constitue la négation de tout un héritage religieux. Les « déserteurs » deviennent ainsi prisonniers des opinions religieuses bouleversantes,  troublantes même qui, au fond, répondent plus aux besoins immédiats de l'homme plutôt que d'établir une relation aimante avec Dieu

C'est une forme d'esclavage qui réduit certains fidèles à « consommer » une religion de miracles, de profits égoïstes, d'illusions parfois, en tout cas un trafic de manipulations entretenu par un jeu psychologique  pas ou peu orthodoxe.  Ce type d'esclavage a conduit certains à perdre non seulement leur personnalité, mais aussi leurs biens matériels au profit de leur nouvelle communauté ou de leur chef spirituel.

 La fascination de mouvements religieux à la mode met aussi les chrétiens catholiques dans l'embarras dans le domaine de l'oecuménisme. Certains catholiques se sentent obligés de faire oecuménisme avec toutes les religions du milieu, sans pour autant connaître leur doctrine. C'est ainsi que le processus oecuménique lui-même perd son sens dans certains milieux. Il prend les allures d'un amalgame, d'un syncrétisme ou d'une confusion de religions.  Or, l'oecuménisme n'est possible qu'entre Eglises ayant en commun la foi en Jésus-Christ, reconnu  comme Fils de Dieu. C'est un processus où l'on s'engage à promouvoir les points communs de la foi en n'insistant pas sur les divergences. Bref, c'est la recherche de la promotion du patrimoine commun. Mais dans certains cas, ce patrimoine commun ne semble pas clairement défini à cause du flou doctrinal de certains nouveaux mouvements religieux.

Ces phénomènes peuvent être justifiés par le fait que ces "pasteurs", sans aucun mandat et sans formation adéquate, s'autoproclament ministres de la parole de Dieu. Or, dans l'Eglise catholique, les fidèles du christ remplissent tous la mission de l'Eglise mais, chacun selon sa condition propre. Concernant la parole de Dieu, le droit universel de l'Eglise a établi des normes pour une meilleure discipline dans la prédication. De ce constat, surgissent quelques questions : Tous les fidèles du Christ sont-ils habilités à annoncer la parole de Dieu ? De quelle prédication s'agit-il et dans quelles circonstances ? Autrement dit, quel peut être le titre canonique de celui qui est appelé à prêcher dans l'Eglise Puisque dans une communauté humaine, la prise de la parole se fait à quelque titre et pour une mission déterminée. La problématique se pose avec acuité, surtout dans une Eglise où chacun veut se montrer utile. L'annonce de la parole de Dieu a des normes spécifiques que la suite de nos réflexions plus modeste tentera d'élucider

CHAPITRE I : DONNÉES BIBLIQUES

1. Dieu un et Trine

Les trois personnes divines sont actives dans l'oeuvre de la révélation de Dieu à l'homme. En effet, le service de l'annonce de la Parole est la communication du message évangélique, mystère du salut réalisé par Dieu le Père en Jésus-Christ son Fils, avec la force de l'Esprit saint1(*).

Dès le début, Dieu a toujours communiqué avec son peuple par ses serviteurs, les prophètes, et dernièrement, par son Fils2(*), dont la prédication et tout l'enseignement prophétique ont atteint le faîte dans le mystère pascal3(*). Le Christ est « à la fois le médiateur et la plénitude de toute révélation »4(*), alors que l'Esprit Saint est le protagoniste de l'annonce de la Parole5(*).

Bref, le mystère de Dieu Un et Trine demeure le principe originaire de toute prédication. Le premier sujet de l'annonce est donc la Sainte Trinité qui communique et se communique, c'est-à-dire transmet sa substance à l'humanité pour la rendre semblable à elle. Toute l'oeuvre divine est gratuite et la révélation est un don d'amour dont l'initiative vient de Dieu. La justice de Dieu envers les hommes à l'égard de la parole est scellée autour de la fidélité à sa promesse du salut. Cette certitude devait en fait stimuler tout prédicateur à la fidélité au message et à l'esprit du service de la parole6(*)

2. Les ministres de la parole de Dieu dans le Nouveau Testament

L'objet central du Nouveau Testament selon le catéchisme de l'Eglise catholique est Jésus Christ (n°22). Et la révélation de Dieu s'accomplit par Jésus Christ verbe incarné selon Jean De lacroix. « Dès lors qu'il nous a donné son Fils qui est sa parole ultime et unique, Dieu a tout dit en une seule fois dans cette parole et il n y a plus rien à dire ». Jésus Christ apparaît dans cette perspective comme l'envoyé de Dieu, celui que les prophètes ont annoncé. Il est aussi en tant qu'envoyé de Dieu investi d'une mission : la proclamation du règne de Dieu. De son vivant il partage cette mission avec les apôtres et la confie par la suite aux apôtres. Après sa mort cette mission est continuée par les apôtres. C'est cette perspective missionnaire que le livre des Actes des apôtres présente à travers différents personnages. Ces différents contours nous permettront de découvrir qui sont les ministres de la parole de Dieu dans le Nouveau Testament.

a) Jésus

La mission confiée à Jésus par Dieu est à comprendre comme l'oeuvre de Dieu lui-même. Dieu envoie son fils Jésus Christ et sa mission s'accomplit par des paroles accompagnées d'actes. En Luc 4, 18-19 lors de la prédication de Jésus à Nazareth, Jésus lui-même atteste : « L'esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue ». La mission de Jésus est l'annonce de la parole de Dieu. Cette parole annoncée par Jésus est porteuse des bienfaits de la part de Dieu.

Dieu a envoyé Jésus comme prophète7(*)pour qu'il annonce et réalise la bonne nouvelle du salut. La synagogue de Nazareth est le cadre ou Luc fait commencer la mission de Jésus :

- L'annonce de la bonne nouvelle aux pauvres

- La proclamation de la délivrance aux prisonniers

Jésus en annonçant la parole de Dieu apparaît comme le ministre par excellence de cette parole car il a été envoyé et mandaté par Dieu. Envoyé par Dieu, il est appelé à porter la bonne nouvelle aux pauvres par la prédication et l'annonce de la parole de Dieu. Cette annonce est bonne nouvelle car adressée aux hommes, elle est en vue du rétablissement spirituel et humain de l'Homme.

Jésus en tant qu'envoyé du Père pour annoncer la bonne nouvelle situe également sa mission dans le cadre de l'enseignement. Cet enseignement use de paraboles suivies d'explications. La parole de Dieu annoncée est appelée à être saisie par ses auditeurs d'où de nombreuses explications. La parole de Dieu expliquée doit amener les auditeurs à croire. La parole que Jésus annonce, celle qu'il explique est un enseignement qu'il présente très souvent sous forme de parabole. Comme exemples nous avons :

La parabole du semeur (Mt 13,1-9)

La parabole de l'ivraie (Mt 13,24-30)

La parabole du grain de moutarde (Mt 13,31-32)

La parabole du levain (Mt 13,33)

b) Les Apôtres

Jésus a partagé son ministère terrestre avec les apôtres qu'il avait choisis à sa suite. Appelés par Jésus, les apôtres ont été instruits par la parole et à l'exemple de Jésus, ils ont aussi annoncé la bonne nouvelle. L'annonce de la bonne nouvelle est la mission essentielle que Jésus confie aux apôtres : « enseignez toutes les nations » (Mt 28,19).

Ceux que Jésus appelle apôtres sont désormais mandatés, pour annoncer la bonne nouvelle. La prédication tient une place centrale dans l'annonce de la bonne nouvelle. La mission itinérante de Jésus en Judée et à Capharnaüm a pour objectif l'annonce de la bonne nouvelle : « je dois annoncer aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, c'est pour cela que j'ai été envoyé  »8(*). Jésus dira à ses disciples : « Allons ailleurs dans les villages voisins pour que j'annonce l'évangile là aussi car c'est pour cela que je suis sorti. »9(*)

Tout comme Jésus, la prédication des douze reposera sur la parole de Dieu : « Ils partirent donc, ils allaient de village en village en annonçant la bonne nouvelle et en faisant partout des guérisons »10(*)

Dans les Actes des apôtres, ces derniers, après avoir été avec Jésus seront eux-mêmes en action. Les apôtres seront les témoins de la résurrection par l'annonce de la parole de Dieu et par l'accomplissement des signes et prodiges. Cette annonce rejoint l'intention de Jésus lorsqu'il s'adresse aux apôtres : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre ».11(*) Le livre des Actes des apôtres marque le temps où les apôtres sont le prolongement visible de Jésus, ils annonceront l'Evangile.

Les actes des apôtres privilégient la forme d'évangélisation qui repose sur la proclamation de la bonne nouvelle par les apôtres délégués pour cette fin. Un rôle capital est attribué aux apôtres en ce qui concerne l'annonce de l'Evangile. Cette annonce missionnaire de l'Evangile en Actes 2,42 « l'enseignement des apôtres ». Cet enseignement des apôtres est à considérer comme une prédication adressée aux croyants, et aux païens. Les apôtres situent leur mission dans la parole de Dieu : « Chaque jour au temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer la bonne nouvelle du Christ Jésus »12(*) . La prédication missionnaire accomplie par les apôtres est aussi présentée sous forme d'enseignement

En Actes 6, l'institution des sept diacres pour le service de la parole de Dieu nous permet de découvrir ceux qui ont exercé le ministère de la Parole hors mis les apôtres. « On choisit Etienne, Prochore, Nicanor, Timon [...]. La parole de Dieu croissait et le nombre de disciples augmentait » (Actes 6,5-7) Etienne va se signaler par sa prédication dont Luc fait la présentation en Actes 7. Philippe, l'un des sept prêche en Samarie en proclamant le Christ (Actes8). La prédication sera aussi effectuée en grande partie par Paul à Ephèse, à Antioche.

3. La mission des douze et des soixante-douze

« ... Il appela ses douze disciples et se mit à les envoyer deux par deux. (Mc 6, 7) Après cela, le Seigneur choisit soixante-douze autres hommes et les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et les endroits où lui-même devait se rendre ». (Lc10, 1)

La mission apostolique, comme « participation » à la mission et/ou oeuvre du Christ - « ...Qui vous écoute m'écoute... » (Lc10, 16) - et l « envoi vers » qu'elle suppose et implique toute à la fois, sont en « un », l'effet de l'urgence de la proclamation de la Parole [de Dieu], de l'évangélisation. L'urgence est ici plus qu'un impératif catégorique, le salut des âmes étant en jeu. Ce qui explique dans une large mesure le « à-temps-et-à-contre-temps » dont use Paul en exhortant Timothée à proclamer avec insistance la Parole, à patiemment persuader, reprocher et encourager, dans le souci d'enseigner, d'instruire. (2Tm 4, 2) Il ressort de ce qui précède que mission et envoie vers, effet de l'urgence de la proclamation, appellent l'enseignement et ses principaux protagonistes, l'enseignant et les enseignés, l'envoyé et ceux vers qui il est envoyé.

L'envoie en mission des douze puis des soixante-douze est l'icône classique de l'urgence de l'annonce exprimée dans un « plus qu'impératif » et de ce rapport plus que simplement pédagogique entre protagonistes (agent et patient) pastoraux. Il est une icône parce que mettant en évidence la dimension ecclésiale de la proclamation posée sur un fond unique à la fois ultime et apodictique : la donnée historique révélée13(*), confiée à l'Eglise mais dont le lieu de jaillissement reste la Parole. Le code de Droit Canonique d'ailleurs ne manque de le préciser :

« L'Eglise, à qui le Christ a confié le dépôt de la foi, afin que, avec l'assistance de l'Esprit Saint, elle garde saintement la vérité révélée, la scrute plus profondément, l'annonce et l'expose fidèlement, a le devoir et le droit inné, indépendamment de tout pouvoir humain, de prêcher l'Evangile à toutes les nations, en utilisant aussi les moyens de communication sociale qui lui sont propres. »14(*)

C'est l'Eglise, dans son noyau primitif - douze et soixante douze - qui évangélise les nations - « Allez par le monde entier, proclamez à toutes les créatures... » (Mc 16, 15) -, l'humanité, ou simplement l'Homme fondamental du peuple de Dieu.15(*) Elle est d'essence missionnaire et l'oeuvre d'évangélisation, par elle, est devoir. Elle ex-plicite la « donnée » révélée à ces êtres spirituels et historiques que sont les Hommes, la laissant se déployer dans la Parole proclamée. De là, toute l'incidence de l'enseignement au sens d'explication16(*) : il est la réponse à la question « Comment pourrais-je comprendre, si personne ne me l'explique ? » posée par le fonctionnaire éthiopien à Philippe (Ac 8, 31) et un acheminement sûr vers le baptême au nom de Jésus et un ferment nourricier à la perfection de la vie divine en tout baptisé.

L'icône de l'envoie en mission qu'est l'envoie des douze et des soixante douze [disciples] surtout (dont le récit est plus détaillé chez Luc), comme nous le notions plus haut, respecte ce canon théorique ci-dessus rappelé. Les disciples, appelés et/ou choisis et a priori instruit par Jésus, reçoivent de ce dernier des consignes claires, leur demandant de partir comme des pauvres « Ne prenez rien avec vous pour le voyage... ». (Luc 9, 3) Le message à transmettre est limpide et ardent ; il tient en deux phrases : la paix pour les maisons généreuses, et le Royaume de Dieu qui s'est fait tout proche... Il y a ici, souligné par Jésus lui-même, la dimension de l'urgence dont nous faisions allusion : « Ne vous arrêtez pas en chemin... ». (Lc 10, 4)

Jésus ne cache pas la difficulté de l'entreprise, les rejets à affronter dans certaines villes à parcourir et l'acte significatif à poser après rejet : secouez la poussière même cette ville sous vos pieds tout en leur annonçant le message central, le Royaume est proche. [L'élément « à temps et à contre temps » ici mis en relief] (Lc, 10, 11) Ainsi ce rejet est assorti d'une parole rude en analogie à Sodome : « Au jour du jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. » (Lc 10, 12)

Sans transition, nous retrouvons Jésus en train d'accueillir les disciples au retour de la mission. Ils sont là tout joyeux, et ils racontent : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. » (Lc 10, 17) Ce qui leur avait été demandé ou promis s'est accompli ; ils en sont tout étonnés, émerveillés, et peut-être même un peu encombrés intérieurement d'un brin d'autosatisfaction que Jésus s'empresse de purifier pour donner plus d'ampleur au regard des soixante douze sur l'action de Dieu dans la mission qui était la leur et qui, toujours, le sera.

Voilà ce qu'il y a de fondamental à côté du fait que, de la mission, l'oeuvre du mauvais s'écroule : « ... vos noms sont inscrits dans les cieux ». (Luc 10, 20) L'accomplissement de la mission à l'issue de l'envoie débouche sur une félicité, plus qu'une promesse, accordé au sujet fidèle de la mission : la pleine participation à la mission salvifique du Christ et une joie parfaite, la Vie éternelle.

CHAPITRE II : DONNÉES ECCLÉSIOLOGIQUES

1. L'annonce de la parole de Dieu selon le concile Vatican II

L'annonce de l'évangile se veut pour notre Église d'aujourd'hui, en buttes aux incertitudes et en proie au désarroi, une préoccupation, disons, un devoir fondamental. C'est dire en d'autres termes que l'annonce de l'évangile relève de la mission première de l'Église. En effet, au numéro 2 de l'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du pape Paul VI, il est dit que annoncer l'évangile pour l'Église, c'est accomplir son office de messagère de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ proclamée à partir de deux consignes fondamentales : à savoir, « Revêtez l'homme nouveau » (Ep. 4, 24 ; 2, 15) et « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co. 5, 20). C'est une mission dont il faut s'acquitter avec diligence.

Toutefois, si l'annonce de l'évangile se veut un devoir pour l'Église il n'en demeure pas moins que les dimensions de cette annonce se doivent aussi d'être révisées pour apporter des éléments de réponses aux multiples interrogations qui hantent notre monde moderne. C'est pourquoi le Concile Vatican II s'est donné le devoir de réfléchir sur certaines questions en rapport avec l'annonce de l'évangile dont deux d'entre elles méritent d'être retenues ici.

La première revient à se demander, comment faire arriver à l'homme moderne le message chrétien dans lequel il peut trouver la réponse à ses interrogations et la force pour son engagement de solidarité humaine ? Autrement dit, comment actualiser le message chrétien pour le rendre assimilable par la modernité et que par ce fait il parvienne à susciter des renouvellements intérieurs ?

La deuxième question pendante à la première revêt une dimension méthodologique qui peut se résumer en ces termes. Suivant quelles méthodes faut-il proclamer l'Evangile pour que sa puissance soit efficace ?

Ainsi ces deux questions, pouvons-nous dire, vont servir de canevas au renouvellement méthodologique, ou disons à la révision des méthodes de l'annonce de l'évangile au monde moderne. Mais à ces deux questions, le deuxième Concile du Vatican se donne deux devoirs pouvant aider à mieux canaliser ces renouvellements méthodologiques et cette recentralisation du message évangélique :

Selon le premier devoir, il s'agit de préserver dans sa pureté intangible le message évangélique. En d'autres termes il s'agit d'éviter la prostitution de l'évangile, c'est-à-dire y faire entrer subrepticement toute sorte de choses pouvant dénaturer le message chrétien proclamé par le Christ.

Selon le deuxième devoir, il consiste à présenter aux hommes de notre temps, autant que possible, le message évangélique de manière compréhensive et persuasive. Ici deux dimensions méritent d'être relevées : la première est de l'ordre de la compréhension, c'est-à-dire comment faire pour que le message évangélique soit accessible à l'entendement de tous les hommes quelque soit leur culture intellectuel. Ici intervient le souci du ciblage de son auditoire et de l'adaptation du message. La deuxième est de l'ordre de la persuasion, c'est-à-dire comment rendre le message chrétien efficace. Cette visée est de l'ordre de l'efficacité et de l'efficience.

Ceci revient à dire que l'annonce de la Bonne Nouvelle aujourd'hui exige de l'Eglise la conviction, la liberté d'esprit et l'efficacité. Pour parvenir à sa fin l'axe central de l'annonce de l'évangile pour l'Église passe par trois considérations : la fidélité au message évangélique, se sentir serviteur de ce message et le transmettre intact et vivant. Intact, c'est-à-dire dans sa pureté originelle ; vivant, c'est-à-dire toujours d'actualité.

Nonobstant les dimensions de l'annonce de l'évangile susmentionnées, il importe tout de même de s'arrêter un temps soit peu pour saisir la portée significative de l'annonce de l'évangile. Il s'agit en d'autres termes, de saisir le sens de l'expression annoncer l'évangile ou tout simplement la teneur conceptuelle du terme évangéliser.

En effet, annoncer l'évangile pour l'Eglise, c'est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux humains, et par son impact, transformer du dedans, rénover (renouveler) l'humanité elle-même. Il s'agit aussi comme le souligne Gaudium et Spes au numéro 53, d'évangéliser la culture et les cultures. Mais la dimension verbale en elle même ne saurait suffire pour aboutir à l'efficacité et la persuasion que vise cette annonce. C'est pourquoi le témoignage de vie se veut un élément primordial à la fructuosité de l'annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Il s'agit là certes d'une proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle selon Evangelica Nuntiandi au numéro 21. Le témoignage de vie revêt de ce point de vue une place capitale dans l'évangélisation.

Toutefois, au témoignage de vie il s'avère nécessaire d'adjoindre l'annonce de Jésus-Christ par la parole, c'est-à-dire l'annonce explicite, annonce claire de la parole de vie. La parole de Dieu se doit d'être proclamée au-delà d'être témoignée par le vécu des porteurs de ce message, ceux que l'on appelle les messagers de la Bonne Nouvelle.

Cependant, l'annonce de la parole ne se limite pas à faire connaître les mystères du Christ, mais elle acquiert toute sa plénitude quand elle conduit à une adhésion du coeur et à une transformation de vie. De sorte qu'elle devient un facteur de libération et de conversion. L'annonce de l'évangile a une dimension libératrice et transformatrice. C'est même là un devoir, disons un mandat que l'Église a reçu du Seigneur, afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Cette mission de l'Église n'est pas facultative, c'est un devoir qui relève d'un impératif catégorique. C'est pourquoi il faut s'acquitter à la perfection de ce ministère. Â ce propos l'apôtre Paul disait déjà « malheur à moi si je n'annonce pas l'évangile». Ainsi, il ne s'agit aucunement d'un titre de gloire, mais d'une obligation.

De plus, l'annonce de la parole de Dieu selon le Concile relève de la triple fonction d'enseigner, de sanctifier et de gouverner que l'Eglise a reçu du Christ qui est prêtre, roi et prophète. C'est pourquoi annoncer l'évangile c'est se faire un alter christus.

Par ailleurs, évangéliser c'est annoncer que le règne de Dieu est parvenu jusqu'à nous ; or ce règne est un déjà là qui n'est pas encore là. C'est pourquoi il importe de le rechercher, de le construire et de le vivre, une tâche grandiose qui incombe à toute la chrétienté. C'est aussi l'annonce du salut avec pour objet premier la libération de ce qui opprime l'homme à savoir le péché, le malin.

En somme il parait plus aisé pour nous de conclure en disant que l'annonce de l'évangile est en même temps une grâce et une vocation qui nous identifie au Christ fondateur de l'Église à qui il a laissé le mandat de poursuivre cette oeuvre gigantesque qui consiste à ramener dans la bergerie du Seigneur toutes les brebis dispersées.

2. La mission de l'Église peuple de Dieu

Bien qu'il soit difficile de tirer au clair les modalités de passage du pouvoir et de la mission du Christ à l'Église, il est indéniable que l'Église agit in nomine Christi. Depuis les premières heures de son institution, à dater de l'époque apostolique, l'Eglise fut dotée du pouvoir de poursuivre la mission salvifique du Christ. La fonction d'annoncer l'Evangile de Dieu à toutes les créations de la terre incombe à l'Eglise, par mandat divin. C'est ce dernier qui est le fondement de la fonction missionnaire de l'Eglise17(*).

De manière générale, la participation aux tria munera Christi revient à toute l'Eglise constituée en Peuple de Dieu. Avant de parler du rôle des individus ayant reçu en particulier la mission formelle d'assurer la charge officielle d'enseigner la Parole de Dieu au sein du Peuple de Dieu, il est logique de considérer une telle fonction comme ecclésiale, c'est-à-dire une fonction attribuée tout d'abord à l'Église, au Peuple de Dieu tout entier.

L'importance ministérielle irrécusable de l'Eglise la fait opérer en quantité de sujet général, primaire et universel de l'annonce de la Bonne Nouvelle. Mais, afin de mieux déterminer ce titulariat, il nous faut recourir à la pertinence juridique des questions relatives à l'autonomie des tria numere Christi, ainsi qu'au mécanisme qui sous-tend le pouvoir sacré qui, dans l'Eglise, pour être efficace, en tant que potestas ad actum expedita, présuppose tant l'ordination que le mandat canonique.

La préférence du titre De Ecclesiae munere docendi, par rapport à l'ancien De magistero Ecclesiae, certifie le désir d'une responsabilisation qui se veut collective, effective et subsidiaire. La nouvelle image de l'Église et son ecclésiologie de communion ont facilité l'application de la doctrine conciliaire où une des catégories doctrinales spécifique du Peuple de Dieu est justement celle de Christifidelis.

3. La mission des fidèles chrétiens

L'Eglise n'est pas une masse anonyme. Elle n'est pas qu'une institution, elle est une société qui s'incarne dans les personnes qui la constituent formellement par leur adhésion ou incorporation, par l'entremise du baptême perfectionné par la confirmation. Cette caractéristique n'est donc liée ni à une quelconque fonction, ni à un statut personnel particulier ; elle se réfère simplement à tous les membres du Peuple de Dieu munis de droits et devoirs fondamentaux communs et propres à leur condition canonique, en tant que marqués du sceau indélébile apposé dans l'âme de chacun d'eux. Cet acte formel d'incorporation octroie à cette catégorie commune des personnes le statut juridique de fidèles chrétiens18(*).

Ce statut juridique fondamental commun nous amène, comme Javier Hervada et Luis Felippe Navaro avant nous, à considérer comme sujets actifs tous les fidèles chrétiens19(*). En effet, les fidèles chrétiens jouissent, en qualité de membres du Peuple de Dieu, du droit innée et divin de prêcher la Parole de Dieu, individuellement ou en association. En outre, ils jouissent du droit d'écouter la parole de Dieu de la bouche des pasteurs. Toutefois, dans la fonction de prêcher, ils ne jouissent pas tous du même statut personnel ; ils ne remplissent pas tous des fonctions égales. Aux can. 204 et 208 le CIC de 1983 annexe sciemment l'incise lourde de portée juridico-canonique : « chacun selon sa condition ».

L'engagement des fidèles à la tâche fondamentale de diffuser l'Évangile ne peut amener à instaurer une idée fausse de planification des fonctions ecclésiales. De même que l'Église est structurée hiérarchiquement, le munus docendi est hiérarchique20(*). La compréhension d'une telle opinion présuppose un principe constitutif de l'Église, celui d'égalité-diversité. Un autre principe qui sert à délimiter la fonction de prédication des fidèles chrétiens est la distinction entre le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel, selon le n. 10 de Lumen Gentium. Ce même passage de la constitution conciliaire sur l'Église enseigne qu'il existe entre les deux sacerdoces, non seulement une différence de degré mais aussi d'essence et que l'un est ordonné à l'autre.

En d'autres mots, la fonction de prêcher dans l'Église implique la distinction des degrés divers du ministère de la Parole. La prédication de la Parole de Dieu suit donc le statut juridique et la fonction de chacun. D'où, un degré a la charge de prêcher comme sa fonction naturelle, première et propre et un autre y coopère. La bipartition ou la tripartition du Peuple de Dieu conduit à l'analyse du second point : les sujets proprement dits de la Parole de Dieu.

CHAPITRE III : LES MINISTRES DE LA PAROLE DE DIEU SELON LE CODE DE DROIT CANONIQUE

La démarche à suivre puise ses racines dans la normative canonique elle-même. Le point de départ naturel est le can. 1009 qui fixe la hiérarchie des ordres, soit les personnes dont l'existence fonctionnelle est de droit divin et à qui, en vertu du sacrement de l'ordre, revient en propre la charge de prêcher officiellement la Parole de Dieu. Aux Evêque il est reconnu le ius et aux prêtres la facultas de prêcher la Parole de Dieu (can. 763 et 764).

En effet, la norme générale s'applique à la catégorie particulière des opérateurs autorisés à la prise de la parole officielle et publique. Sont donc ministres de la Parole des personnes choisies et mises à part, en tant que munies d'une mission particulière21(*). Leur charge ne doit pas être séparée de l'action du mystère trinitaire de Dieu, car leur pouvoir de même que leur mission correspond et tirent leur origine du Christ. Toutefois, il convient de savoir que tous les sujets du munus praedicationis n'exercent pas les mêmes fonctions avec des conséquences juridiques égales, ce qui, justifie la différence terminologique entre ius et facultas dont parlent respectivement les can. 763 et 764.

1. Le Pape et le collège des éveques

L'expression « omnis annuntiator verbi vox verbi est » veut dire que Dieu parle par la bouche du prédicateur22(*). Ce dernier est en fait la voix de Dieu et son interprète. Il joue un rôle instrumental et herméneutique du message du salut. Il agit au nom et pour le compte du Christ23(*). « Ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre père qui parlera en vous » (Mt. 10, 20). Il existe bel et bien un rapport de proportionnalité - pas de la même manière, mais de manière semblable -. Ce sont la succession et la communion et non l'identité des relations Pierre-Apôtres et Pape-Evêques qui sont mises en exergue. Pierre fut le premier parmi les Apôtres, tandis que le Pape est le chef du Collège des Evêques24(*).

Le Pape dispose de la totalité des pouvoirs, notamment le pouvoir de gouvernement ou de juridiction25(*) qui englobait, dans la veille législation, le pouvoir de magistère. Aujourd'hui, au sein du collège des Apôtres, le Christ a choisi personnellement Pierre à qui il a remis la potestas clavium, le pouvoir des clés qu'il voulut comme un véritable service dans l'Eglise. Ce pouvoir a toutes les caractéristiques pour inclure la charge de prêcher la Parole de Dieu à tout moment et partout sur la terre. Le can.331 est explicite à ce propos : « l'Evêque de Rome, en qui demeure la charge que le Seigneur a donné d'une manière singulière à Pierre, premier des Apôtres, et qui doit être transmise à ses successeurs, est le chef du collège des Evêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l'Église tout entière sur cette terre ; c'est pourquoi il possède dans l'Église, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu'il peut toujours exercer librement ».

L'Evêque de Rome, après l'élection librement acceptée et la consécration épiscopale, devient successeur de Pierre, Chef du Collège, Vicaire du Christ, Pasteur suprême de l'Eglise universelle, patriarche d'occident, primat d'Italie, métropolitain de la province ecclésiastique romaine et souverain de la Cité Vaticane. Vi muneris sui, il a les droits et devoirs innés de prêcher partout dans le monde, c'est-à-dire dans l'Eglise universelle et les Eglises particulières « in quibus et ex quibus una et unica Ecclesia catholica existit » (LG 23). Le magistère, dont les prédications pontificales, lors de nombreux voyages et dans la charge ordinaire nécessite des fidèles une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté.

Le pontife romain exerce le ministère de la Parole personnellement ou par d'autres personnes ou organes ecclésiaux. Durant le carême, sont sensibilisés, dans le diocèse de Rome, les curés et les représentants pontificaux, dont l'office de prédicateur apostolique, afin d'honorer leur devoir de prêcher sous l'autorité et avec le mandat spécial du Pape.

Les droits et devoirs pontificaux de prêcher la Parole partout dans le monde par ses délégués, s'exercent dans les limites des principes de subsidiarité ou juste autonomie, de collégialité, de communion. Par le processus du « désenclavement du ministère » ou la décentralisation du pouvoir, le primat pontifical et le collège des Evêques, mieux encore le rapport Primat-Collège est complètement élargi et totalement intégré26(*). La charge d'annoncer officiellement sur la terre la Parole revient d'abord au corps des pasteurs.

2. Les évêques diocésains

Les Evêques diocésains qui sont en communion avec le chef du Collège et ses membres, séparément ou réunis en conférence des évêques ou en concile particulier, bien qu'ils ne jouissent pas de l'infaillibilité, enseigne avec autorité et sont des authentiques docteurs. Ils exercent ainsi leur magistère ordinaire et authentique, dans le respect de leur mission propre.

Le can. 1327 § 1 du CIC de 1917 reconnaissait deux instances supérieures : le Pape, pour l'Eglise universelle, et, les évêque, pour leurs diocèses respectifs. Les évêques diocésains, même les cardinaux étaient habilités à prêcher partout ailleurs dans le monde à titre de privilège étendu finalement à tous les évêques même titulaires27(*).

Dans l'ancien code, pour prêcher dans un autre territoire, le consentement au moins présumé de l'Ordinaire du lieu, où la prédication devait avoir lieu, était requis. Ainsi, le pouvoir de magistère dépendait-il du pouvoir de juridiction, et les évêques prêchaient dans leurs diocèses, en vertu de la mission canonique, et non en raison du droit que confère l'ordination épiscopale. Le can. 1328, qui rendait nécessaire la mission canonique pour prêcher, valait tant pour les évêques que pour les ministres inférieurs.

La Constitution Lumen Gentium, n. 21 et le Décret Christus Dominus, n. 2 entrevoient l'unicité du ministère dans les trois fonctions du Christ prophète, Prêtre et Roi et certifient la sacramentalité de l'épiscopat, plénitude du sacrement de l'ordre. Cette plénitude se vérifie dans tous les actes pastoraux épiscopaux dépendant de leur munus pastoralis notamment l'enseignement comme leur mission28(*). Le ministère de la Parole, spécialement la prédication, est une des fonctions prépondérantes de l'épiscopat. Il est vrai, « parmi les charges principales des évêques, la prédication de l'Evangile est la première » (LG, n. 25).

Le code de 1983 traduit cet enseignement et les titres juridiques leur réservés en langage propre et stipule : « Les Evêques qui d'institution divine succèdent aux Apôtres par l'Esprit Saint qui leur est donné sont constitués Pasteurs dans l'Eglise pour être, eux-mêmes, maîtres de doctrine, prêtres du culte sacré et ministres du gouvernement » (can. 386). Centre de l'unité visible du peuple de Dieu et du presbyterium, principalement dans l'eucharistie, l'évêque doit être confirmé dans son rôle de héraut et de modérateur de tout le ministère de la Parole dans le territoire sous sa juridiction, où le praedicationis munus episcoporum praecpua est29(*).

Les Evêques s'acquitteront de cette tâche par eux-mêmes ou par d'autres, car l'évêque et ses collaborateurs exercent ce ministère unifié du Christ Maître, Prêtre et Pasteur. Empêché, ils désigneront leurs remplaçants lesquels, dans le précèdent code devaient non seulement être ecclésiastiques ou clercs, mais exclusivement viri30(*).

Le droit de prêcher la Parole partout dans le monde revient spécialement aux Evêques diocésains, mais s'applique aussi mutatis mutandis aux équiparés juridiques, soit des ordinaires des lieux à la tête des autres Eglises particulières ou structures ecclésiastiques assimilées aux diocèses (can. 381 et 368).

Conscient de la dignité épiscopale et de la nécessité de leur mission, le code de 1983 stipule le droit des Evêques de prêcher partout dans le monde, même dans les églises et oratoires privé des instituts religieux de droit pontifical, sauf réserve expresse, (can.763). Ils président à la charité dans leurs diocèses respectifs. À eux incombent ipso facto iure divino vi consecrationis, sed non privilegiis munus praedicandi Evangelium Christi (can 763). Les limitations de ce droit ne peuvent se vérifier que pour les seules conditions de communion collégiale, de subordination au Pape et d'utilité de l'Église ou des fidèles31(*)

3. Les prêtres diocésains

L'ordination est une grâce divine en faveur du peuple de Dieu. Le sacerdoce ministériel n'est pas un don de l'Evêque, mais une grâce divine offerte à l'ensemble du peuple de Dieu et que les prêtres en général - diocésains ou religieux- doivent exercer en communion avec leurs évêques, d'être aussi, vi consecrationis, des ministres de Jésus-Christ et de l'Evangile. Ils sont établis dans l'ordre du presbytérat, pour être des coopérateurs principaux, avisés, prudents et privilégiés de l'ordre épiscopal. Seulement, en tant que tels, ils sont députés à prêcher la Parole, une de leurs principales fonctions et point de départ de leur mission32(*).

Il leur est donc reconnu la faculté de prêcher la Parole partout dans le monde. Cependant, cette faculté souffre de quelque limites : la communion avec l'Évêque diocésain et le consentement, au moins présumé, du recteur de l'église, sauf suppression ou restriction de l'Ordinaire compétent ou autorisation expresse requise par une loi particulière (can 764). Les prêtres sont non seulement ministres, mais maîtres de la Parole, et l'essentiel de leur ministère passe par la Parole et non pas seulement par l'aspect exagérément cultuel33(*). Il ne fait l'ombre d'aucun doute : l'habilitation à cette charge trouve son origine dans l'ordination sacerdotale qui confère les tria munera dont le munus docendi qui nous intéresse ici. Par le sacrement de l'ordre, les ministres sacrés sont configurés ontologiquement au Christ.

Parmi les prédicateurs qui collaborent à cette charge, on compte notamment le curé, pasteur propre des fidèles chrétiens confiés à sa charge pastorale, sous l'autorité de l'évêque (can. 515 ; 519 ; 528 ; 770-772) ; les recteurs d'église ou des sanctuaires (can. 556), les chapelains (can. 564), les vicaires paroissiaux (can. 541), les prêtres dirigeant la paroisse in solidum (can. 542), tout autre prêtre muni des facultés des curés, l'administrateur paroissial (can. 517).

Il apparaît clairement dans les lignes ci-dessus que la nouvelle législation canonique a su intégrer, même en matière de prédication, l'ordination et la communion, dont l'expression est la détermination canonique. Les prêtres reçoivent, avec l'ordination, le tria munera Christi dont la charge d'enseigner34(*). En outre, la prédication liturgique trouve les prêtres ontologiquement habiles et leur donne, vis-à-vis de la parole, le ius ad rem ; tandis le mandat canonique leur confère le ius in re.

Bref, la nouvelle évangélisation maintient la pratique de toujours vouloir poser au centre de toute activité ecclésiale la fonction des prêtres voulue par le Christ lui-même maître de la Parole. Ce rôle dans la communauté est nécessaire et irremplaçable. Cette même nouvelle évangélisation veut que les prêtres soient des agents de l'édification de l'Eglise-famille de Dieu et la mette en oeuvre : prêche la Parole de Dieu comme moyen spirituel ou condition de vie de l'Eglise - famille de Dieu35(*).

4. Les clercs religieux

La vie consacrée, stipule le can. 573 § 3, par les voeux et les autres liens sacrés pour la gloire de Dieu, la construction de l'Eglise et le salut des hommes et en signe de vie eschatologique, est la forme de vie stable par laquelle les fidèles, suivent le Christ de plus près sous l'action de l'Esprit saint, se donnent totalement à Dieu. Comme la vie consacrée appartient à la vie et à la sainteté de l'Eglise et non à la hiérarchie (can. 574) et n'est pas de sa nature ni cléricale ni laïque (can. 588), les membres ne sont pas en tant que tels députés par une norme canonique positive à la prédication, sauf les ordres des prêcheurs. À un titre divers : charisme ou témoignage de vie, les religieux sont aussi des sujets d'une éloquente prédication capable d'interpeller même les non chrétiens36(*).

Tout compte fait, pour être cohérent avec l'hypothèse du départ, nous comptons les religieux parmi les sujets actifs de la Parole de Dieu. En effet, aux prêtres diocésains s'ajoutent les clercs religieux appelés unanimement par le supérieur religieux et l'évêque diocésain ou son équiparé juridique à exercer le ministère sacerdotal dans son diocèse. Ces prêtres constituent avec les prêtres diocésains un seul et même presbyterium dont l'évêque est lui-même membre et chef. Compter les religieux parmi les ministres de la prédication revient à leur reconnaître un titre juridique les habilitant à une telle fonction dans l'Église dont ils sont en tout premier lieu un signe de sainteté et l'imitation fidèle du Christ.

Il nous est loisible de constater avant toute chose que la législation sur la prédication des religieux a subi une grande simplification par la brièveté et la concision de sa formulation. Tout cela est sans doute le résultat du renouvellement de l'autocompréhension par l'Église de la vie consacrée, ainsi que du pouvoir sacré au nom duquel s'exerce toute charge ecclésiale. Les religieux clercs acquièrent, par l'ordination, le titre juridico-canonique qui les rend idoines à la prédication publique et officielle, en tant qu'ils sont au service de leur institut ou coopèrent au ministère de l'Évêque, si ce dernier sollicite leurs services en les nommant, avec l'accord de leurs supérieurs, aux offices diocésains sous sa juridiction37(*).

À ceux qui font leur travail apostolique dans les terres dites de mission et tant d'autres dans des situations similaires peuvent être appliquées ces paroles du Pape Paul VI : « D'autres religieux, en très grand nombre se donnent directement à l'annonce du Christ. Leur action missionnaire dépend évidement de la hiérarchie et doit être coordonnées avec la pastorale que celle-ci veut mettre en oeuvre. Grâce à leur consécration religieuse, ils sont par excellence volontaires et libres pour tout quitter et aller annoncer l'Evangile jusqu'aux confins du monde »38(*).

En vertu des can. 678 et 772, § 1 et du principe de la communion hiérarchique, tous les religieux qui sont au service des âmes ou voués au culte public ou à d'autres activités d'apostolat dans un diocèse ou dans une Église particulière juridiquement équiparée à un diocèse doivent obéissance et respect à l'Évêque du lieu où est exercé le ministère suivant une opportune coordination pastorale diocésaine39(*). Plus encore, il convient d'instaurer une cohésion affective et effective entre Évêques et religieux au service d'un diocèse40(*).

Le lien entre la vie religieuse et la charge épiscopale est garanti par les liens juridiques de communion avec l'Évêque qui exerce, en qualité de modérateur et fondement de l'unité de l'église particulière, une fonction organique de fécondité et d'unicité du pouvoir qui englobe la vie ecclésiale diocésaine, en l'occurrence par le biais du rassemblement eucharistique. Le lien religieux de subordination est différent dans le cas d'instituts exempts. C'est le cas où, pour le bien de l'Église tout entière, en vertu du primat dont il jouit dans l'Église universelle, le Pape peut soustraire tout institut de perfection et chacun de ses membres à la juridiction de l'ordinaire du lieu et les subordonner à soi-même ou à une autorité.

Les supérieurs religieux, selon leurs constitutions propres, peuvent députer en autorisant tant les prêtres de leurs instituts que les prêtres diocésains à prêcher dans les églises ou oratoires sous leur juridiction. C'est ce que le code a voulu exprimer dans un canon peu bavard sur le sujet de la prédication lui-même quand il stipule : « Pour prêcher aux religieux dans leurs églises ou oratoires, l'autorisation du supérieur compétent selon les constitutions est requise » (can.765)

5. Les diacres

Nous parlerons ici des diacres, laissant de coté les questions doctrinales sur le diaconat, institution de grande relevance pastorale depuis l'Église primitive.

Dans le CIC de 1917, les diacres jouissaient de la faculté de prêcher la Parole, de par la seule mission canonique. Le can. 1342 parlait, en effet, d'accorder, cette faculté aux diacres et aux autres clercs seulement en cas d'exception et pour un motif raisonnable.

« Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains non en vue du sacerdoce, mais en vue du service » (LG n. 29). En instituant par la formule ci-dessus le diaconat, les deux types de diaconat -celui traditionnel et celui conciliaire- offrent une nouvelle dimension à la diaconie ou service ecclésial. Cependant, l'un et l'autre nécessitent l'imposition des mains et la prière consécratoire.

La législation actuelle met l'accent sur la diversité ministérielle. En union avec tout le presbyterium (can. 757), les diacres coopèrent à la charge épiscopale de prêcher la parole, par le biais de l'ordination diaconale41(*). Comme tous les clercs participent à l'annonce de l'Évangile en vertu de la fonction liée à leur état clérical, il appartient aux diacres de prêcher lors de l'administration des sacrements tout comme de tenir l'homélie pendant la célébration eucharistique : cela est une de leurs principales fonctions42(*). Les diacres sont appelés aussi à exercer cette fonction en cas de pénurie de prêtres, quand l'évêque leur confie une paroisse ou une sous-paroisse (can. 517).

6. Les fidèles laïcs

L'aspect du problème que nous abordons ici ne se limite pas tout simplement aux questions qui se posent à l'intérieur de l'Église établie. Nous voulons étendre ces réflexions au-delà des horizons proches de certaines problématiques posées par les prédicateurs de la rue ou des bus : des ambulants de la parole dans les villes et villages.

Dès ses débuts, l'Église connaissait une diversité de ministères dont celui de la Parole auquel s'attellent les apôtres, les évangélistes, prophètes, les docteurs et les pasteurs. En plus de 72 anciens de Jérusalem, des ministres laïcs contribuèrent au prophétisme religieux de cette époque, les Douze Apôtres se choisirent des collaborateurs. D'où, « les apôtres des apôtres, les auxiliaires d'apôtres, les délégués d'apôtres »43(*). Les laïcs commencèrent à perdre une certaine position dans la vie ecclésiale avec la naissance da la vie monastique. Plus tard, au Moyen Age, l'écart entre laïcs et clercs devint considérable. La valorisation et la déconsidération des laïcs amenaient ces derniers à assurer entre autre la prédication - témoignage, même à assurer à l'occasion des célébrations liturgiques.

Toutefois, les restrictions n'ont pas disparu du tout ; le can. 1342 du code de 1917 était catégorique à ce sujet : « La faculté de prêcher ne peut être accordée qu'aux prêtres et aux diacres, non aux non clercs, à moins d'un motif jugé raisonnable par l'ordinaire, et dans des cas exceptionnels. Les laïcs, même religieux, ne sont jamais admis à prêcher dans les églises ». Consécutivement à telle disposition codicillaire, l'on peut lire : « Laici quoque licet primis temporibus religionis christianae extraordinaria charismatica ad docendum vocarentur, tanem ordinarium quoddam officium docendi et praedicandi nunquam in Ecclesia obtinuerunt atque illo etiam nunc ex disciplina vigenti omnino carent. Qua probitione viri quoque religiosi cuiuscumque religionis vel congregationis religiosae statu clericali destituti omnes, etsi religiosi »44(*).

L'ecclésiologie de communion et le nouveau droit réorientent les rapports internes à l'Eglise entre divers membres. L'on ne connaît plus de conception dualiste, mais des rapports communionnels. Dans ce contexte nouveau, quantité d'études45(*) ont abondamment contribué à la découverte de la portée théologico-juridique des expressions « laïcs » et « fidèles » dans l'Église. Ces deux notions sont passées pour équivoques alors qu'elles sont nettement distinctes l'une de l'autre. La première excelle en compréhension, la deuxième en extension.

Le nouveau code de droit canonique a voulu éviter la définition négative au profit de celle positive des laïcs. Il fait mention de leur coopération à la charge épiscopale de prêcher la Parole, en vertu des sacrements de baptême et confirmation. Ce propos est de fait entériné par le can. 759 qui stipule : « Les laïcs, en vertu du baptême et de la confirmation, sont par la parole et par l'exemple de leur vie chrétienne témoins du message évangélique ; ils peuvent se voir appelés à coopérer avec l'évêque et les prêtres dans l'exercice du ministère de la parole ».

En somme, d'aucuns ignorent que le propre aux fidèles laïcs est le caractère séculier, de la recherche du Royaume de Dieu dans la gérance des choses temporelles46(*). Toutefois, les fidèles laïcs sont membres à part entière du corps ecclésial ; ils constituent d'ailleurs la portion la plus quantitativement consistante du Peuple.

Certes, toutes les prédications ne s'équivalent pas ; il y a des formes qui nécessitent le sacrement de l'ordre et d'autres non. Une des situations qui a fait couler beaucoup d'encre est la prédication des laïcs dans une église ou un oratoire. Mais la code de droit canonique a tranché le problème, même si la pratique ecclésiale nécessite une adaptation au cas par cas : « Les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une église ou un oratoire si le besoin le requiert en certaines circonstances ou si l'utilité le suggère dans des cas particuliers, selon les dispositions de la conférence des Evêques et restant sauf le can. 767 § 1 » (can. 766). Ceci n'est pas du tout une nouveauté, car, les laïcs furent déjà admis à parler dans les églises pour les lectures et le catéchisme à condition de se munir d'une mission canonique47(*).

En vertu du baptême, les laïcs témoignent de l'Évangile dans leur vie quotidienne (can. 759). Ils reçoivent le charisme fondamental à tous les fidèles chrétiens de participer eux aussi aux fonctions du Christ, à la manière qui leur est propre48(*). L'interprétation que biens des canonistes proposent exclut carrément la possibilité pour les laïcs d'assurer la fonction de prêcher par soi-même, cette charge étant réservée aux ministres sacrés. La fonction ministérielle au sens strict vient du sacrement de l'ordre. La prédication ne nécessite pas le sacrement de l'ordre et ne s'accomplit nécessairement dans un office qui exige un tel sacrement. Les laïcs ne sont pas ordonnés, ils ne peuvent prêcher que moyennant un mandat canonique. Quant bien même ils le feraient, cela ne ferait pas d'eux des pasteurs49(*).

Le code de 1983 a apporté des ouvertures en matière de prédication, mais il est tout de même resté avare sur certains aspects concernant la condition féminine50(*). Pour intégrer la fonction évangélisatrice de la femme dans la liturgie et le ministère ecclésial, les Pères du synode des Évêque sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Église et dans le monde ont proposé de promouvoir la dignité personnelle de la femme51(*). Les laïcs, hommes et femmes, ne sont pas autorisés à rester là toute la journée à ne rien faire ; le Seigneur les envoie tous à sa vigne (Mt. 20, 4). La tendance du magistère et des canonistes va dans le sens de la reconnaissance des femmes comme une force neuve de la nouvelle évangélisation. Il va falloir en tout cas encore préciser le rôle de la femme dans la liturgie et le ministère de la Parole dont l'annonce pascale était justement accompli par des femmes52(*).

Pour ne pas approfondir la fissure entre les deux sexes, entre foi et vie et éviter l'image d'une Eglise planifiée ou encore pour mieux répondre aux voeux du Concile Vatican II et aux aspirations de la législation postconciliaire, il faut bien se garder des tentations de la cléricalisation du laïcat, la désacralisation du ministère presbytéral, la confusion entre sacerdoce commun et ministériel.

Il convient, tout compte fait, de réaffirmer sans ambages que la diversité des prédications implique celle de la discipline régulatrice. L'activité des « pasteurs », « prophètes », « archevêque laïcs » et autres opérateurs de la Parole à ciel ouvert, dans les Églises dites de réveil n'est pas objet de la discipline canonique au sens technico-juridique ; elle suit une discipline particulière, celle de la communauté d'appartenance.

En d'autres termes, le droit dont nous sommes sujets actifs et passifs ne reconnaît pas l'origine canonique du pouvoir que s'arrogent certains de ces prédicateurs qui, malheureusement, sans une préparation adéquate et une formation sérieuse, deviennent de plus en plus nombreux. Les personnes précitées et moins encore leur activité par moment bouffonne sinon extravagante ne sont l'objet des normes canoniques, même si elles déclarent opérer au nom de Jésus et l'Esprit de Dieu. Il est à noter d'ailleurs que la plupart de ces communautés ne sont pas en pleine communion de foi et de sacrement avec l'Église catholique au sens étymologique dont le droit est le cadre juridique d'action authentique ecclésial.

Au point de vue canonique et même pastoral, l'important n'est pas le succès consistant à drainer des foules en quête des miracles, même le titre juridico-canonique au nom duquel une personne est investie de droit divin ou ecclésiastique et tient la parole dans une assemblée chrétienne afin d'amener ses frères à la conversion.

CHAPITRE IV : ANALYSE DE QUELQUES CONCEPTS

1. L'Homélie

L'homélie est un commentaire de circonstance, prononcé par le Prêtre ou le Diacre dans une célébration eucharistique. La Constitution sur la sainte liturgie, stipule que l'homélie consiste, suivant le développement de l'année liturgique, à expliquer à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne. Elle est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même ; bien plus, aux messes célébrées avec le concours du peuple les dimanches et les autres jours de fête de précepte, on ne l'omettra que pour un motif grave.53(*)

Le pape Benoît XVI, dans son exhortation apostolique Post-synodale Sacramentum Caritatis en son numéro 46 dit à propos de l'homélie :  

« En relation avec l'importance de la parole de Dieu, il est nécessaire d'améliorer la qualité de l'homélie. En effet, elle  fait partie de l'action liturgique; elle a pour fonction de favoriser une compréhension plus large et plus efficace de la parole de Dieu dans la vie des fidèles. C'est pourquoi les ministres ordonnés doivent « préparer l'homélie avec soin, en se basant sur une connaissance appropriée de la sainte Ecriture ». Le pape demande avec insistance aux ministres de faire en sorte que l'homélie mette la parole de Dieu proclamée en étroite relation avec la célébration sacramentelle et avec la vie de la communauté, en sorte que la parole de Dieu soit réellement soutien et vie de l'Eglise. Que l'on garde présent à l'esprit le but catéchétique et exhortatif de l'homélie. Il paraît opportun, à partir du lectionnaire triennal, de proposer aux fidèles, avec discernement, des homélies thématiques qui, tout au long de l'année liturgique, traiteront les grands thèmes de la foi chrétienne, puissant à ce qui est proposé avec autorité par le Magistère dans les quatre ` piliers' du catéchisme de l'Eglise catholique et dans le récent Abrégé : la profession de foi, la célébration du mystère chrétien, la vie dans le Christ, la prière chrétienne. »

Vu l'importance que l'Église accorde à l'homélie, elle détermine aussi qui est habilité à la faire. Dans le code de droit canonique de 1983, au canon 766, est affirmé le droit des laïcs de prêcher dans une église ou un oratoire, mais à des conditions précises. Ces conditions sont : le besoin requis en certaines circonstances ou l'utilité dans des cas particuliers ; tenir compte des dispositions retenues par la conférence des Évêques ; respecter le canon 767 §1. « Parmi les formes de prédication l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au Prêtre ou au Diacre, tient une place éminente ; au cours de l'année liturgique, les mystères de la foi et les règles de la vie chrétienne y seront exposés à partir du texte sacré ». Or ce canon précise de fait que parmi les formes de prédication, l'homélie qui fait partie de la liturgie est réservée au Prêtre ou au Diacre.

La conférence des Évêques catholiques du Canada, se prévalant du canon 766, a effectivement décrété en juin 1985, dans la collection intitulé « Document officiel », n°533, la possibilité que des personnes non ordonnées puissent être autorisées à prêcher dans les églises et chapelles. Mais elle n'a donné cette possibilité qu'aux conditions suivantes : Avoir l'autorisation de l'évêque diocésain ; respecter toujours le canon 767. De plus, la Conférence a précisé les circonstances permettant la prédication par des laïcs dans ces lieux. Ces circonstances sont : l'absence de prêtre ou de diacre pouvant convenablement parler les langues locales ; la célébration de la liturgie de la parole sans Prêtre ni Diacre ; l'envoi de séminaristes en paroisse pour remplir leur formation pastorale ; certaines circonstances demandant la participation des laïcs (questions financières, campagnes et circonstances spéciales) ; enfin, quand l'évêque le juge opportun.

Malgré la bonne volonté des évêques canadiens de suppléer à un besoin pastoral dans les circonstances données, le conseil pontifical pour l'interprétation des textes législatifs à la question de la possibilité de l'évêque d'accorder éventuellement cette autorisation a répondu, en septembre 1987, par la négative à la question suivante : « l'Évêque diocésain peut-il dispenser de la prescription du canon 767 §1 qui réserve l'homélie au prêtre ou au diacre ? ».

Considérant que dans les documents officiels ci-dessus mentionnés, il est dit expressément que le canon 767 §1 doit toujours être respecté, il nous apparaît que l'église dans une célébration eucharistique ne réserve l'homélie qu'aux seuls ministres sacrés, Prêtre ou Diacre54(*). En conséquence, Les fidèles non-ordonnés en sont exclus, même s'ils remplissent le rôle d'assistants pastoraux ou de catéchistes, auprès de n'importe quel type de communauté ou de groupe. Il ne s'agit pas en effet d'une grande facilité d'exposition - un cas éventuel - ni de préparation théologique, mais de fonction réservée à qui est consacré par le sacrement de l'ordre sacré ; ce qui fait que l'évêque diocésain lui-même n'est pas autorisé à dispenser de la norme du canon55(*), du moment qu'il ne s'agit pas d'une loi purement disciplinaire, mais d'une loi qui concerne les fonctions d'enseignement et de sanctification étroitement liées entre elles. On ne peut donc admettre l'usage, pratiqué en quelques circonstances, de confier la prédication de l'homélie à des séminaristes, étudiants en théologie non encore ordonnés.56(*) L'homélie en effet ne peut être considérée comme un entraînement en vue du ministère futur. Une religieuse ne peut être autorisée, bien qu'elle soit même adjointe à une équipe pastorale paroissiale à prononcer l'homélie à l'occasion d'une célébration eucharistique car cette dernière est une activité liée au sacrément de l'ordre. Et l'église prend soin de la protéger. Il faut tenir pour abrogée par le can. 767, § 1 toute norme antérieure qui aurait admis des fidèles non-ordonnés à prononcer l'homélie durant la célébration de la Messe.57(*)

2. La prédication

La prédication occupe une place de choix dans l'Église. Dans un monde très déchristianisé, la prédication est très essentielle. La quête de sens, la recherche identitaire, l'incertitude sur la vocation profonde de l'être humain sont autant d'appels pour que prêtres et chrétiens annoncent avec force la Bonne Nouvelle du royaume, comme Jésus lui-même l'a demandé aux apôtres après sa résurrection. Quant à l'annonce du royaume, il ne s'agit pas tant d'un corps de doctrine que de l'annonce même du Christ qui vient dans nos vies et que nous essayons de vivre. A travers le canon 747 § 1, ample développement du can. 1322 du code piobénédictin, le législateur actuel exploite et tire profit des textes du 2ème Concile du Vatican (LG 12, 24,25 et 35 ; DV 7 et 14 ; CD 12-14, PO 14, AA 6), selon lequel, c'est à l'Eglise que le Seigneur Jésus à confié le dépôt de la foi. On y lit, en effet :

« L'Eglise, à laquelle le Christ Seigneur a confié le dépôt de la foi, avec la mission de conserver religieusement la vérité révélée, de la scruter profondément, de l'annoncer et de l'exposer fidèlement sous l'assistance de l'Esprit Saint, a le devoir et le droit inné, indépendant de n'importe quel pouvoir humain, de prêcher l'Evangile à toutes les nations, même en usant de ses moyens de communication sociale. »58(*)

Il se dégage de ce texte que l'Église assume des responsabilités originaires par rapport au dépôt de la foi, à savoir : la conservation de la pureté et de l'intégralité de ce dépôt, l'approfondissement du sens jamais donné une fois pour toutes du donné révélé, la mission prophétique destinée à répandre la parole de Dieu en vue du salut de toute l'humanité.

a). A qui revient-il de prêcher ?

La charge d'annoncer appartient en priorité aux évêques et aux prêtres. C'est même, depuis Vatican II, leur principale charge (Décret sur la charge pastorale des évêques, 12 ; Presbyterorum ordinis, 4, 1). Ainsi déjà, avait fait Jésus qui a commencé son ministère par la parole et a annoncé le royaume de Dieu. La première tâche de l'Église, qui est fondée sur la parole, et des disciples qui la constituent, est d'annoncer le royaume. Rappelons le mot de Paul : « Annoncer l'évangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire ; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile ! » (1Co 9, 16.)

Le canon 213 précise que les croyants ont le droit à la prédication de la parole de Dieu. La même orientation est donnée au Can. 217 : « Parce qu'ils sont appelés par le baptême à mener une vie conforme à la doctrine de l'Evangile, les fidèles ont le droit à l'éducation chrétienne, par laquelle ils sont dûment formés à acquérir la maturité de la personne humaine et en même temps à connaître et à vivre le mystère du salut. »

Quant aux laïcs, le can. 229 §1 dispose que : « Les laïcs, pour pouvoir vivre selon la doctrine chrétienne, l'annoncer eux-mêmes et la défendre s'il le faut, et pour pouvoir prendre leur part dans l'exercice de l'apostolat, sont tenus par l'obligation et jouissance du droit d'acquérir la connaissance de cette doctrine, connaissance appropriée aux aptitudes et à la condition de chacun. »

L'obligation de prédication des ministres sacrés est donc évidente, tout comme le droit correspondant des croyants et des non-croyants59(*). Les canons sur la prédication revêtent une importance capitale parce qu'ils offrent les garanties que ce droit fondamental sera respecté. Les lois juridiques objectivent les droits et les devoirs qui l'exigent. Les personnes peuvent valoir leurs droits. Le can. 22§1 affirme en effet : « Il appartient aux fidèles de revendiquer légitimement les droits dont ils jouissent dans l'Eglise et de les défendre devant le for ecclésiastique compétent, selon le droit. »

Les prédicateurs peuvent être réprimandés quant à leurs obligations. L'évêque diocésain a suivant le can. 386 §1 un devoir : « il veillera aussi à ce que soient avec soin les prescriptions canoniques sur le ministère de la parole de Dieu, surtout celles qui concernent l'homélie et l'instruction catéchétique, de telle sorte que la doctrine chrétienne tout entière soit transmise à tous ». Ceux qui se préparent au sacerdoce, doivent recevoir une formation adéquate dont les can. 232-264 précisent les points saillants. Le can. 256 §1, dispose que : « Les séminaristes seront instruits avec soin de tout ce qui concerne particulièrement le ministère sacré, surtout de la pratique de la catéchèse et de l'homélie... »

b). Comment annonce-t-on le Christ ?

Il importe de connaître et d'accueillir l'évangile, le Christ et son mystère, de se sentir contemporain du Christ, des Apôtres, de l'Evangile. Quatre attitudes nous semblent fondamentales dans la prédication.

· La première est l'amitié. Il y a un miracle de l'amitié. Que de choses rendues possibles grâce à l'amitié, à la solidarité fraternelle devant les épreuves, les souffrances ! la propagation de la parole se fait par l'amitié. Souvenons-nous, entre autres, de cette scène extraordinaire au début de l'évangile de Jean, où chacun appelle un ami, qui en appelle un autre. (Jn 1, 29-51)

· La deuxième est la veille, la vigilance. Jésus a veillé sur ses amis (Jn 17). Le royaume fait irruption devant ceux qui veillent et l'attendent. Cela demande le sens de l'observation des signes, des germes, le respect de ce qui naît et grandit.

· La troisième dimension consiste à choisir et à s'engager, avec le plus de générosité et de fidélité possibles.

· La dernière est que le royaume est objet de gratitude. Que nos vies soient capables de vraies et profondes gratitudes. Pas d'enthousiasme facile, mais de réalisme joyeux devant le monde.

c). On dit volontiers « prêcher par l'exemple ». Y a-t-il plusieurs façons de prêcher ?

En effet, on distingue traditionnellement la prédication missionnaire, ou évangélisation, et la prédication enseignante qui est la catéchèse. Cette dernière engage le prédicateur missionnaire ou prophétique, primordial, car c'est elle qui ouvre les yeux des aveugles, les oreilles des sourds, et fait se lever ceux qui marchent avec difficulté.

d). On dit souvent que la prédication a mauvaise presse.

Beaucoup disent la subir plutôt que l'écouter et la comprennent comme une sorte d'interlude dans la célébration liturgique eucharistique. Pour certains, aussi, la chaire s'apparente à une libre tribune où, dans un monde chaque jour plus hermétique à la parole chrétienne, l'orateur aurait « enfin » le droit d'exprimer ses opinions sur la vie de l'Église. Ces façons de voir sont considérablement réductrices. Non seulement la prédication est la consigne ultime et essentielle de Jésus mais, sans elle, la promesse de Dieu est en péril. L'avènement du Royaume de Dieu est même intrinsèquement lié à l'action du prédicateur. Saint Augustin avance que « tout homme qui prêche le Verbe est la voix du Verbe » (sermon 288). Ce propos découle de l'incarnation de Jésus. Parce que la parole de Dieu s'est faite chair en Jésus, l'humanité peut, à son tour, porter la parole dans son corps, dans son âme et dans son esprit. Ainsi la prédication n'est pas une parole religieuse ayant Dieu pour objet, mais c'est Dieu lui-même qui y parle, comme sujet de la parole. On comprend ainsi que la prédication n'est pas un simple commentaire de faits passés conservés par l'Ecriture, mais le lieu de la présence vivifiante du Christ. Certains documents du magistère précisent le domaine de la prédication sacrée qui ne pas le fruit d'une réflexion personnelle « Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et régie par la Sainte Écriture » (DV 21) ; « La prédication puisera en premier lieu à la source de la Sainte Écriture et de la liturgie » (SC 35) ; « que tous aient donc soin [...] de n'enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l'évangile et à l'esprit du Christ » (4). Le can 768 § 1 en parle également en ces termes : « Les prédicateurs de la parole de Dieu proposeront avant tout aux fidèles ce qu'il faut croire et faire pour la gloire de Dieu et le salut des hommes ». Le prédicateur doit rester libre d'annoncer l'évangile sans la réduire au dialogue, mais le courage de dire la vérité est un défi inéluctable face à la tentation de conformisme, de recherche de la popularité facile ou de sa petite tranquillité. La parole doit être proclamée dans sa toute Vérité.

e). On peut se poser la question: Quel est le modèle évangélique du « bon prédicateur » ?

La prédication est essentiellement prophétique. Le modèle du prophète, dans le Nouveau Testament, est Jean Baptiste qui, au nom de toutes les Ecritures, désigne le Christ, présent parmi les hommes, appelle à la conversion et... s'efface. Le prophète d'aujourd'hui, dont le prédicateur doit être une figure privilégiée, n'est que la voix de celui qui crie dans le désert, ou la lampe qui porte la lumière. Il annonce le Christ qui vient et le désigne déjà là, présent, nous précédant dans nos vies.

f). N'est-ce pas un trop beau comme« programme » ?

Il en serait ainsi, en effet, si nous ne croyions pas à la présence efficace de l'esprit qui, seul, peut permettre de voir Jésus à l'oeuvre dans les paroles du prédicateur et dans les existences, si pauvres soient elles, des auditeurs. Mais le prédicateur n'offre une parole prophétique que s'il met ses talents personnels au service du Christ. Quant à l'auditeur, pour accueillir la parole du prédicateur, il doit à la fois se considérer comme destinataire du message et accepter l'origine divine de la Parole, dont il croit qu'elle est efficace en lui.

La prédication entretient un rapport étroit avec les sacrements. Le père Congar rappelait que le sacrement achève la réalité de la communication et il la scelle. Si la parole convertit, le sacrement incorpore. Il y a un lien intime qui existe entre prédication et eucharistie. Les deux parties de la messe, liturgie de la parole et liturgie eucharistique constituent un seul acte de culte. L'Eglise « ne cesse, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie de la table qui est celle de la parole de Dieu aussi bien que du corps du Christ et de le présenter aux fidèles »60(*).  La prédication n'est donc pas « une préparation » à un mystère qui serait célébré ensuite, mais déjà célébration même de la Parole qui s'est faite chair pour rassembler les hommes et les femmes en seul corps. Mais l'homélie, selon le canon 767 § 2 est réservée uniquement aux clercs si elle est pratiquée dans un cadre eucharistique, parce qu'il y a une unité essentielle entre la présidence de l'eucharistie et la prédication. Cette dernière est bien davantage qu'un commentaire. Elle célèbre déjà le mystère pascal. De même que le prêtre dit, dans la prière eucharistique (Jn 3) : « Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Eglise et daigne y reconnaître la parole du Verbe, ton Fils » L'homélie est donc un acte sacerdotal. En revanche, il faudrait absolument affirmer que la prédication est plus large que l'homélie liturgique et qu'elle doit être le fait des laïcs comme des prêtres, des femmes comme des hommes.

g). Pouvons nous encore nous poser la question sur le rôle de l'assemblée ? N'est-elle pas souvent trop passive ?

Pouvons nous dire, si le prêtre parle au nom du Christ, Dieu fait homme, en qui se rejoignent parole de Dieu et réponse de l'homme, alors il parle au nom de l'assemblée toute entière. Le prêtre n'a pas à surplomber l'assemblée de son savoir, encore moins à s'opposer à elle dans un « sermon », mais à la représenter. C'est elle qui est le sujet de l'homélie, parce qu'elle est destinataire de la parole et qu'elle la célèbre. Pour cela, il faut que le prêtre soit profondément lié à l'assemblée, non pas nécessairement qu'il en connaisse individuellement les membres, mais qu'il porte haut à la fois son humanité et sa foi. Qu'il prenne au sérieux la pauvre parole de l'homme comme on doit prendre au sérieux le pauvre coeur de l'homme. Et, bien sûr, qu'il sache d'abord écouter. L'homélie ne commence pas devant la feuille blanche, mais devant des visages. Au plein de son humanité et sa foi, le prédicateur ne fera pas un show individuel, mais s'effacera au profit d'une parole dont il a perçu la dimension collective.

h). Une question qu'on se pose encore : Si le prêtre ne « commente » pas, il ne donne pas libre cours à son ego, s'il ne fait pas de la chaire une tribune pour une cause politique, morale, s'il « annonce le Christ », quel sera alors le contenu de sa prédication ?

Rien d'autre que la foi, l'espérance et la charité. Chacun de ces aspects mériterait des commentaires nourris. Nous dirons simplement qu'aujourd'hui, dans un monde marqué par un retour sauvage du religieux, il nous semble prioritaire d'enseigner comment croire plutôt que de proposer des contenus à la foi, des savoirs dont notre société est friande mais dont, souvent, elle ne sait que faire. Croire, c'est vivre en lien avec un Dieu mystérieux qui questionne, déroute, aime, convertit. Croire est une « sortie de soi », un déplacement vers un autre. Notre temps fabrique des individus assoiffés d'eux-mêmes, qui ramènent tout à eux, alors que la plénitude de la vie est dans le mouvement inverse. Aujourd'hui, l'espérance parait impossible à beaucoup. La perte du sentiment de la durée y est pour quelque chose. Mais cette sorte d'assomption de l'instant présent que vie notre société n'a de sens que si elle regarde vers l'avenir ouvert. Prêcher l'espérance, c'est vivre pleinement aujourd'hui en préparant demain. Accueillir le présent tel qu'il est, dans l'humilité et la reconnaissance du bien reçu. Donner de l'espérance, c'est aider autrui à entrer dans une alliance : un être appelé est un être qui vit. Quant à la charité, elle porte son fruit dans des alliances véritables et durables. Il s'agit pour les chrétiens de devenir des êtres de solitude et de communion à la fois, autrement dit capable d'alliance.

 En somme, la prédication vise à exposer un aspect du message chrétien en incitant la volonté des auditeurs à adhérer sincèrement au Seigneur et en les exhortant à vivre selon la loi du Christ. Un bon prédicateur est celui qui, en prêchant, se convertit lui-même. C'est vrai parce que la parole qui sied à la prédication est celle qui éveille, l'un comme l'autre, prédicateur et assemblée. La priorité du prédicateur qui annonce vraiment le Christ est que sa parole éveille. Que ce dernier censure donc sans regrets tous propos qui découragent, détruisent, intimident, toutes ces paroles de peu de profit dont nous sommes lassés. En somme, qu'il offre une parole qui fait vivre.

CHAPITRE V : LA FORMATION CATÉCHÉTIQUE

1. Catéchèse contextualisée comme éducation totalisante à la foi

Jadis, la catéchèse était considérée comme une simple activité de préparation des enfants aux sacrements de l'initiation chrétienne. Cette idée est encore fort répandue, même dans les milieux évangélisés. La pastorale centrée sur le sacrement en est la plus patente illustration. Aujourd'hui, le pôle de la catéchèse s'est déplacé, comme aux premiers siècles de l'Eglise, de l'enfant à l'adulte. Mais l'ignorance demeure diffuse et les objectifs principaux de la catéchèse ne peuvent être poursuivis comme il faut.

La catéchèse est reconnue comme éducation à la foi et plusieurs documents magistériels61(*) et études critiques62(*) le confirment. Or qui dit éducation fait nécessairement allusion à une croissance personnelle en humanité, qui a comme préoccupation substantielle et spécifique la maturation de la personne dans la société, à travers la proposition d'un certain nombre de valeurs. Pour le chrétien, les valeurs éthiques à atteindre sont celles qui se rattachent à la foi au Dieu de Jésus-Christ.

Si la catéchèse est éducation à la foi de la personne humaine et des communautés, et si elle a comme but de porter cette même foi à la maturité, autrement dit à fortifier cette foi, alors, le rôle de la catéchèse se précise comme celui de préparer les personnes au témoignage moral et évangélique dans la société. Dans le monde actuel, à bien des égards, tout se passe comme si la foi faisait manifestement défaut dans les comportements ordinaires des chrétiens. Le christianisme contemporain semble aux abois, du fait qu'il n'est plus perçu comme crédible. En dépit de certains signes évidents du retour au religieux, de reconquête du sacré et de l'effervescence spirituelle rencontrés ça et là dans certains pays de l'Afrique Subsaharienne à l'instar de la RD Congo, fille aînée de l'Eglise en Afrique noire 63(*) et pays numériquement plus catholique du même continent, le message chrétien semble de moins en moins attrayant et convaincant, au regard du témoignage donné par un bon nombre d'entre eux.

a). Signification de la catéchèse contextualisée

Comme nous l'avons noté, faire la catéchèse signifie, avant tout, proclamer la Parole de Dieu, évangéliser, annoncer, rendre témoignage. Historiquement, à l'époque post-apostolique et patristique, la catéchèse reçut la signification plus précise d'enseignement fondamental de la foi à l'intérieur et dans le contexte de l'institution du catéchuménat, et donc pour ceux qui se préparent intensément au baptême64(*). Avec la chute du catéchuménat à partir du 5ème siècle, et durant l'époque médiévale, on assiste à l'éclipse du terme catéchèse65(*). Il a fallu attendre l'impulsion des mouvements catéchétiques d'avant et après le Concile Vatican II, pour voir la catéchèse reprendre de plus en plus son sens à l'intérieur du ministère de la parole et comme annonce et évangélisation66(*), voire comme éducation de la foi67(*).

Conçue comme annonce ordonnée de la Parole de Dieu et comme éducation de la personne dans la foi en vue de sa maturation, la catéchèse est vraiment la tâche primordiale de l'Eglise68(*), une expérience aussi ancienne que l'Église69(*).

Insérée dans l'activité pastorale et missionnaire de l'Eglise, la catéchèse est vraiment une étape fondamentale de l'évangélisation70(*). Or, pour évangéliser, il faut pénétrer la mentalité des gens, incarner le message. Mais il y a plus : il faut chercher à éclairer les réalités socio-historiques et les relire à la lumière de la Parole libératrice. Il en est de même pour la catéchèse qui se veut contextualisée. Elle doit se faire annonce et éducation qui prend en compte les réalités contextuelles, les difficultés sociales et économiques qui caractérisent la vie quotidienne des personnes auxquelles elle est adressée. Une telle catéchèse n'est donc pas anonyme. Elle se déroule au coeur d'un « monde difficile »71(*). Elle est accrochée à la vie concrète des personnes concrètes. Elle est rattachée à ce que Luis Antonio Gallo appelle le contexte historique72(*). Cette catéchèse a donc la connotation de la situation concrète dans laquelle vit le peuple bien déterminé ; une situation marquée par l'ensemble de principales composantes de l'existence humaine, à commencer par celle économique, puis sociale, politique, culturelle et religieuse. Contextualisée, non seulement par sa coloration et son vernis apparent, cette catéchèse requiert la méthode d'analyse fondée sur l'interprétation vive de la Parole de Dieu ou la méthode herméneutique.

La catéchèse faut-il le rappeler : est l'annonce de la Parole de Dieu et de son royaume en vue de la maturation de la personne et de la communauté chrétienne, contrairement à certains qui ne voient en elle qu'une mince affaire de la préparation des petits enfants aux sacrements. Si cette parole annoncée consiste à proclamer la libération des opprimés, ainsi qu'a été la première prédication de Jésus73(*), on peut dire qu'on ne peut concevoir une catéchèse qui ne soit pas un facteur de libération.

b). Objectifs

Comme nous avons eu l'occasion de le redire, la catéchèse a pour tâche de favoriser et de susciter la conversion, dans le but définitif de « mettre non seulement en contact, mais en communion, en intimité avec Jésus-Christ »74(*). C'est ce que l'exhortation apostolique Catechesi tradentae exprime encore mieux quand elle affirme :

 "Plus précisément, le but de la catéchèse dans l'ensemble de l'évangélisation est d'être l'étape de l'enseignement et de la maturation, c'est-à-dire le temps où le chrétien, ayant accepté par la foi la personne de Jésus-Christ comme le seul seigneur, s'efforce de mieux connaître ce Jésus auquel il s'est livré : connaître son ``mystère'', le Royaume de Dieu qu'il annonce, les exigences et les promesses contenues dans son message évangélique, les sentiers tracés pour quiconque veut le suivre" 75(*).

Mais cette catéchèse en tant qu'annonce et ministère de la Parole, et même en tant qu'elle est illumination de l'existence, doit être contextualisée. Par conséquent, elle exige un objectif particulier et spécifique. Celui-ci, sans se démarquer des objectifs généraux de la conversion et de la communion avec le Christ, consisterait à : rendre robuste la foi des fidèles, en incitant ceux-ci à un engagement adulte cohérent dans les divers secteurs de la vie en société ; et ensuite initier les mêmes fidèles à la diaconie ecclésiale et à la charité politique.

Si tels sont les objectifs fondamentaux assignés à la catéchèse contextualisée, s'il est vrai qu'une telle catéchèse sera exercée au profit des fidèles pour leur libération présente au cours de l'histoire et tendus qu'ils sont vers l'eschatologie, il convient que ces fidèles soient réellement éduqués dans et par l'esprit de cette catéchèse. Le devoir d'assurer la catéchèse revient d'abord aux évêques, aux curés et aux autres ministres sacrés ayant la charge d'âmes.76(*)Il convient d'indiquer également la responsabilité du peuple de Dieu tout entier dans la catéchèse, en plus de celle des prêtres : « il faut viser toujours davantage à ce que les diverses formes de catéchèse, en ses différents domaines - à commencer par cette forme fondamentale qu'est la catéchèse familiale ; c'est-à-dire la catéchèse faite par les parents à leurs propres enfants - manifestent la participation universelle de tout le peuple de Dieu à la fonction du Christ lui-même »77(*).

Le canon 777 détermine les différentes sortes de catéchèse dont les curés sont responsables et encourage en même temps les évêques diocésains à préciser les règles qui devront favoriser la catéchèse en accord avec les situations particulières. Il suffit de consulter les normes synodales les plus anciennes et les plus récentes pour constater l'importance extraordinaire que ces règles concernant la catéchèse.

Outre l'importance des sacrements comme objet de la catéchèse chrétienne, dans ce même canon l'importance de la célébration des sacrements dans la catéchèse, qui à son tour, doit préparer de manière spécifique à recevoir chaque sacrement est bel et bien soulignée (cf. cc 851 ; 865 ; 889 ; 1063 ; 1064). Aussi jugeons-nous opportun, dans la présente étude, de cibler certains domaines de formation. C'est à cela que nous allons nous atteler à présent.

2. Domaines de formation

Nous venons de rappeler que la formation du peuple, destinataire de la catéchèse, et des agents qui conduisent celle-ci, est un devoir impérieux et prioritaire en vue de l'accomplissement des objectifs de la catéchèse contextualisée. De cette formation, il est largement question dans les documents magistériels78(*). Pour notre part, dans les limites de la présente dissertation, nous entendons centrer prioritairement la formation, dans le contexte qui est le nôtre : la formation de la conscience ; la charité sociale ; la vie de prière ; et enfin la formation permanente.

a). Formation de la conscience

Dans le secteur de la conscience, l'effort à fournir n'est pas mince. Il s'agit de mûrir le sens du témoignage chrétien exprimé par l'engagement dans la vie publique, et spécialement dans les rouages politiques. La constitution Gaudium et spes offre la réflexion suivante :

«  Tous les chrétiens doivent prendre conscience du rôle particulier et propre qui leur échoit dans la communauté politique : ils sont tenus à donner l'exemple en développant en eux le sens des responsabilités et du dévouement [...]. Pour que tous les citoyens soient en mesure de jouer leur rôle dans la vie de la communauté politique, on doit avoir un grand souci de l'éducation civique et politique ; elle et particulièrement nécessaire aujourd'hui, soit pour l'ensemble des peuples, soit, surtout, pour les jeunes »79(*).

La formation de la conscience est avant tout une éducation morale, ainsi que le souligne le Directoire Général pour la Catéchèse : 

«  Se convertir à Jésus-Christ implique de marcher à sa suite. Aussi la catéchèse doit-elle transmettre aux disciples les attitudes du maître. Ils suivent un itinéraire de transformation intérieur au long duquel, par leur participation au mystère pascal du seigneur, ils ``passent du vieil homme à l'homme nouveau dans le Christ'' [...]. L'évangélisation, qui comporte également l'annonce et la proposition de la morale, répand toute sa puissance d'interpellation quand, avec la parole annoncée, elle sait offrir également la parole vécue. Ce témoignage moral, auquel la catéchèse prépare, doit savoir mettre en valeur les conséquences sociales des exigences évangéliques » 80(*).

Cette formation doit être pensée, réfléchie et organisée. Mais jusqu'ici l'éducation du peuple semble se faire essentiellement par des lettres pastorales des Evêques. Or, on a l'impression, par les temps qui courent, que les messages des Evêques passent pour de simples informations. Ils ne doivent pas seulement se contenter d'informer la conscience mais de la former par un meilleur éclairage, ainsi que le rappelle si bien le Catéchisme de l'Eglise catholique :

«  La conscience doit être informée et le jugement moral éclairé. Une conscience bien véritable voulue par la sagesse du créateur. L'éducation de la conscience est indispensable à des êtres humains soumis à des influences négatives et tentés par le péché de préférer leur jugement propre et de récuser les enseignements autorisés. L'éducation de la conscience est une tâche de toute la vie. Dès les premières années, elle éveille l'enfant à la connaissance et à la pratique de la loi intérieur reconnue par la conscience morale. Une éducation prudente enseigne la vertu ; elle préserve ou guérit de la peur, de l'égoïsme et de l'orgueil, des sentiments de la culpabilité et des mouvements de complaisance, nés de la faiblesse et des fautes humaines. L'éducation de la conscience garantit la liberté et engendre la paix du coeur. Dans l'éducation de la conscience, la Parole de Dieu est la lumière sur notre route »81(*).

Cette éducation, comme on le voit, aidera donc à former des consciences capables de construire la cité à la mesure de l'homme, en s'inspirant des principes chrétiens qui, en tant que tels, sont aussi humains. Ainsi, la mentalité formée de cette manière deviendra-t-elle capable de lecture et d'interprétation dans la situation sociale, selon l'enseignement du magistère de l'Eglise, qu'il est vivement recommandé aux chrétiens de connaître.

b). Formation à la vie de prière

Un autre domaine de formation est celui de la prière. Notre intention ici n'est pas de faire une théologie spirituelle réfléchie, mais plutôt de rappeler, de façon sommaire, rapide et austère combien il est important de soigner la vie de prière de nos fidèles, en ces temps de grande effervescence religieuse, de regain de spiritualité et de grand besoin de l'Absolu. Nombreux, en effet, se donnent à la prière et se tournent vers les prêtres ou les « pasteurs » de tous bords en quête de spiritualité. Dans sa lettre aux Romains Saint Paul ne recommande-t-il pas que nous devions prier en toutes circonstances, mais spécialement pour ceux qui sont au pouvoir, afin que nous menions une vie paisible et tranquille ?

Nous assistons un peu partout à un regain de vitalité dans la prière et à une renaissance spirituelle remarquable : ils sont nombreux ceux qui, en ces années de profonde misère, s'adonnent, pour un motif ou un autre, à la prière. Le besoin s'en fait sentir de plus en plus. Faisant le constat du même signe des temps, Jean-Paul II parle d'une « exigence diffuse de spiritualité, qui s'exprime justement en grande partie dans un besoin renouvelé en prière »82(*). Les Eglises se remplissent, les groupes et assemblées de prière raffolent de monde, les sectes messianiques pullulent un peu partout et semblent récolter des succès inédits, allant même jusqu'à provoquer systématiquement des défections chez des catholiques chancelants dans leur vie de foi et à arracher à l'Eglise catholique un bon nombre de ses vaillants Fils. Le phénomène est évident : tous ont besoin de Dieu ou sont en quête de Transcendance.

Que la catéchèse soit une méditation qui forme les fidèles à la célébration, cela est aussi affirmé et recommandé par le Concile Vatican II83(*). Ainsi, si chaque catéchèse doit introduire à toutes les étapes de l'histoire du salut en suscitant la foi dans l'action toujours actuelle de Dieu, sa tâche dans le domaine liturgique se spécifie justement en rapport avec l'aspect particulier de la historia salutis, que le hic et nunc liturgique rend présent en nous.

Or nous avons souligné combien la dimension de la prière, fort ressentie en Afrique du sud du Sahara et spécialement au Congo démocratique, mérite d'être promue et rehaussée. Précisément, il faut reconnaître que, pour le chrétien, l'inspiration idéale et éthique, c'est-à-dire sa spiritualité est « l'âme de tout service politique ». Cela signifie que le témoignage chrétien dans les responsabilités publiques ne passe pas seulement par la compétence professionnelle. Il faut encore une synthèse vitale entre la croissance religieuse du chrétien et sa professionnalité.

c). L'éducation permanente et la formation des formateurs

Le dernier domaine de la formation est celui de la formation permanente. Nous avons déjà souligné que la catéchèse est un ministère qui dure toute la vie et que la formation continue doit être assurée de façon systématique, en vue de la maturité de la foi qui doit se manifester par des aptitudes conséquentes. C'est pourquoi il ne faut pas imaginer la formation qui ne s'arrête qu'à mi-chemin, avec la réception des sacrements. Par des initiatives concrètes, il convient de suivre et de guider les fidèles en général et ceux qui sont engagés dans l'action politique en particulier. À tous, il faudrait proposer une authentique conception de l'homme, de ses vraies aspirations, de ses relations familiales et sociales qui résultent du message évangélique84(*). Cette éducation permanente n'est possible que moyennant un « projet catéchétique » cohérent, à l'intérieur duquel peut être insérée une formation du peuple qui soit intégrale et totalisante.

Nombreuses sont les formes de catéchèse permanente prévues par le Directoire Général pour la catéchèse85(*) : l'étude et l'approfondissement de l'Ecriture Sainte ; la lecture chrétienne des événements ; la catéchèse liturgique ; la catéchèse occasionnelle ; les initiatives de formation spirituelle ; l'approfondissement systématique du message chrétien par un enseignement théologique qui éduque vraiment à la foi. En un certain sens, on pourrait appeler cet enseignement « catéchèse de perfectionnement ».

Il serait souhaitable que l'Episcopat puisse concevoir un projet catéchétique suffisamment élaboré répondant à l'exigence d'une coordination effective de la catéchèse. Il s'agit d'un projet de catéchèse articulé dans le contexte de la nouvelle évangélisation dont parle le Directoire Général pour la catéchèse aux numéros 274 à 276.

Il reste à voir la formation permanente sous le profil de la communication. En effet, la catéchèse est un acte spécifique de communication86(*). À travers des siècles, l'Eglise, porte-parole du Christ, destinataire et porteuse de la communication de Dieu et en même temps structure à mesure d'homme, s'est cimentée de manière continue dans cette oeuvre de médiation entre révélation divine et culture humaine, de transmission aux autres de ce qu'elle a elle-même, en premier lieu, reçu (1 Co 11, 23)87(*). Elle est, comme dit le Souverain pontife, « la grande catéchiste et en même temps la grande catéchisée »88(*).

En tant qu'événement communicatif, la catéchèse doit chercher à être efficace. Aussi Noël Breuval peut-il écrire :

«  La catéchèse , même du point de vue purement humain, occupe dans la situation culturelle créée, une place de libération et d'éducation ; il faut donc avoir présent à l'esprit que la catéchèse doit en premier lieu être une communication efficace. Communication efficace suppose que la communication fasse partie intégrante de l'organisation et de la ``politique'' d'ensemble à laquelle elle appartient : qu'elle ne reste pas comme une espèce de `` masque '' dans lequel on se réfugie quand les choses vont mal. Communication efficace signifie avant tout communication planifiée systématiquement »89(*).

Outre son intégration dans le plan pastoral d'ensemble, pour être efficace, la catéchèse doit encore répondre à un autre critère : elle doit être réciproque et circulaire. Cela veut dire qu'on doit à tout prix éviter la catéchèse à sens unique, du maître qui sait tout et de l'élève qui ne sait rien, donc une catéchèse qui laisse les catéchistes à l'état de récepteurs passifs90(*). Au contraire, il faut proposer la parole mais aussi donner la parole aux divers interlocuteurs de la catéchèse, car l'oeuvre de cette dernière n'est pas une entreprise de transvasement, mais de médiation et de discernement91(*).

En cela il faut reconnaître que l'importance n'est pas mince pour l'Eglise de créer des occasions de rapprochement envers les personnes catéchisées, suivant le modèle du seigneur Jésus, parole - images - signe du père, médiation indéfectible et modèle parfait de communication. Pour ce, le langage de l'acte communicatif doit être adapté, afin que le message atteigne vraiment ses destinataires92(*).

En plus des conditions précitées d'efficacité, il faut organiser l'exercice des responsabilités de la catéchèse à tous les échelons : service diocésain de la catéchèse ; service de collaboration inter-diocésaine ; assurer la coordination de la catéchèse articulée et cohérente ; valoriser le cours de religion dans l'enseignement primaire et secondaire au sein des écoles catholiques. D'après le Directoire général pour la catéchèse Ad normam Decreti de 1972, les conférences des évêques et les évêques sont responsables de la formation des catéchistes ; Ils ont l'ultime devoir de renforcer et d'encourager les initiatives de fondation des écoles supérieures nationales et internationales de formation catéchétique pour assurer aux agents cléricaux et laïcs un bagage catéchétique suffisant. Le Directoire les pousse également à fonder des écoles catéchétiques dans chaque diocèse, afin de préparer des catéchistes qui se consacrent pleinement à cette tâche.93(*)Il serait souhaitable que dans les séminaires de théologie le cours de catéchèse soit valorisé au même titre que la dogmatique ou l'exégèse.

À tout prendre, pour mettre en acte les initiatives de formation, il faut de la créativité et de l'inventivité, car il ne suffit pas de se contenter de répéter matériellement la doctrine du Magistère de l'Eglise universelle. Une Conférence épiscopale ne doit pas se considérer comme une « antenne de relais du Magistère romain »94(*).

En somme, la fonction enseignante de l'Eglise s'exerce de manière systématique, ainsi que nous l'avons rappelé plus d'une fois dans la présente étude, par la catéchèse, qui en est la médiation primordiale dans l'évangélisation. De simple enseignement des formules qui expriment la foi, la catéchèse voit aujourd'hui son intérêt se déplacer du monde des enfants vers celui de l'âge adulte. La formation continue des adultes dans la foi doit embrasser des questions intégrales qui engagent la foi et l'existence. Aucune question existentielle ne peut lui échapper : de la participation à la sainte messe à la pratique de la vie politique, en passant par la connaissance des principaux dogmes de l'Eglise et des phénomènes aussi troublants que complexes, tels que la lutte contre la pandémie du VIH/Sida. Pour ce, la catéchèse tend à sortir des bourbiers de la simple instruction verbale sur les vérités de la foi, pour devenir un apprentissage de la vie chrétienne, un entraînement éducatif permanent, dans lequel l'homme ou la femme se préparent progressivement à participer à la foi et à la vie chrétienne adulte.

Vu l'importance de la formation catéchétique, l'Eglise est dans l'obligation de procurer, à ceux et celles qui se chargent de cette catéchèse, une bonne formation, car on ne peut donner que ce qu'on a reçu.

CHAPITRE VI : LES COMMUNAUTÉS ECCLESIALES DE BASE (CEB)

L'expérience des communautés ecclésiales de base se fonde sur l'expérience des premières communautés chrétiennes. Saint Paul en fait mention dans plusieurs de ses lettres, c'est donc une fidélité manifeste aux sources bibliques qui nous stimule à construire l'Église comme peuple, dans la communion et la participation de tous. L'Église veux offrir aux baptisés, le moyen d'être, en communauté, des croyants conscients de leur vocation et engagés dans les responsabilités de leur mission. Une option qui reste fidèle aux orientations du Concile Vatican II.

Cette fidélité à nos sources a rejoint le profond désire des chrétiens de prendre leur Église en mains et de trouver en elle la voie qui les aide à dépasser les cloisonnements ethniques et le ferment d'une vie communautaire renouvelée. Particulièrement dans le milieu urbain, l'option pour les C.E.B. a permis de dépasser l'anonymat inévitable des grandes paroisses : car elle a suscité la création de communautés plus restreintes où les valeurs ancestrales de la vie communautaire et de la solidarité peuvent à nouveau être vécues et assumées dans une perspective évangélique.

Enfin notre option vise à construire notre Église comme signe et instrument de l'intégrale promotion de la population. Nous voulons que les C.E.B. soient des lieux où se forment des citoyens et citoyennes soucieux du bien commun et faisant l'expérience de l'engagement solidaire pour un monde meilleur. Les petites communautés bien vivantes sont le milieu privilégié de l'éducation d'hommes et de femmes aptes et décidés à construire leur avenir en adultes responsables.

  Les communautés ecclésiales de base sont le socle de l'accomplissement de l'Eglise. Les chrétiens y attachent une importance capitale ; ils sont assidus aux réunions hebdomadaires. Ils y font l'expérience d'une Eglise réelle, vivante et dynamique. La méditation de la Parole de Dieu y tient une place de choix. Elle réchauffe les coeurs des uns et des autres et apporte un éclairage nouveau sur le cheminement de la vie de chacun.

La paroisse est le lieu habituel de la vie sacramentelle et de la transmission de la foi (par la catéchèse et la prédication)... mais elle est souvent trop vaste pour être un lieu d'accueil à échelle humaine. Les communautés ecclésiales de base veulent être des cellules dans lesquelles une entraide fraternelle permet à chacun de progresser dans la ferveur. Ils sont aussi des lieux d'accueil pour les nouveaux convertis, qui ont généralement du mal à trouver leur place dans nos communautés. Les communautés ecclésiales de base font partie d'un corps, la paroisse, dans laquelle chaque nouveau disciple trouve naturellement sa place. Ayant pris conscience des dons que le Seigneur lui a donnés, il est encouragé à s'engager dans le ministère qui lui est propre, à l'intérieur de la communauté paroissiale.
Les communautés ecclésiales de base sont des médiations. Elles sont, dans une position intermédiaire entre la famille, qui est la communauté initiale, et la grande communauté qui est la paroisse, et elles ont des effets bienfaisants pour l'une comme pour l'autre. Elles sont orientées, avant tout, vers l'évangélisation.

L'expérience étant faite et les objectifs précisés, voici comment nous pouvons décrire aujourd'hui cette pastorale centrée sur les C.E.B.

1. Définition

Une communauté ecclésiale de base est un groupe de chrétiens catholiques adultes (les mariés y venant de préférence en couple) :

- qui forment communauté au nom de leur foi dans le quartier qu'ils habitent et qui se réunissent régulièrement ;

- qui veulent être une communauté ecclésiale, vivant, dans leur groupe restreint, la vie et la mission mêmes de l'Eglise sous ses différents aspects, en communion avec l'Eglise universelle et ses pasteurs ;

- et qui désirent vivre l'Evangile dans leur milieu de vie, « à la base », là où la foi est appelée à s'incarner dans les réalités vécues. Ainsi la communauté stimule ses membres à prendre leurs responsabilités de baptisés et à évangéliser leur milieu de vie en vue de le transformer selon les valeurs du Royaume de Dieu.95(*)

Il sied de savoir que dans certains cas une C.E.B. peut aussi être formée par des personnes n'habitant pas le même quartier, mais appartenant au même milieu social ou professionnel : usine ou chantier, hôpital, milieu intellectuel, etc.

2. Objectifs

Les chrétiens qui forment une même communauté ecclésiale de base se fixent les objectifs suivants :

- de constituer une communauté fraternelle suffisamment restreinte pour que tous se connaissent personnellement, s'entraident et vivent la charité chrétienne ;

- de célébrer ensemble leur foi et de partager la prière ;

- de s'évangéliser eux-mêmes en se laissant sans cesse convertir par l'appel de l'Evangile, et en approfondissent toujours leur adhésion au message du Christ ;

- d'analyser les situations et événements de leur milieu et d'assumer les grandes questions du monde d'aujourd'hui à la lumière de la Parole de Dieu ;

- et ainsi de jouer un rôle prophétique dans la société en annonçant la Parole, en dénonçant toute injustice, en se mettant au service des plus démunis, et en s'engageant pour instaurer une société plus conforme aux valeurs du Royaume.96(*)

3. Les membres de la C.E.B.

La communauté ecclésiale de base est composée de tous les membres chrétiens catholiques ou catéchumènes sans distinction d'âge, ni de race, ni de langue, ni de peuple, ni de statut social, marital et ecclésiastique; elle réunit tous les fidèles catholiques habitant le même quartier : car la C.E.B. se veut une communauté de fraternité universelle dans le Christ où se vivent le pardon et la réconciliation.

Vu les objectifs assignés à la communauté ecclésiale de base, cette communauté apparaît comme le haut lieu de l'annonce de la parole de Dieu dans une dimension de l'église domestique, cette annonce qui se fait au niveau de la base avec un nombre réduit des membres qui favorise une bonne compréhension et surtout un approfondissement de la parole de Dieu.

La communauté ecclésiale de base est conduite par un responsable à qui le Pasteur a confié cette mission. Il s'agit d'une véritable responsabilité pastorale et spirituelle... un ministère et un service. Le développement harmonieux de cette pastorale exige une formation des responsables. Dans sa tâche, il est aidé par quelques membres idoines choisis par toute la communauté comme membre du noyau. Leur mandat est de trois ans.

Ces derniers ont pour mission de préparer les réunions hebdomadaires, d'établir le programme, d'animer et de coordonner les activités apostoliques. Et il leur revient aussi d'évaluer la vie et les activités de la communauté ecclésiale de base. Si malgré des conseils prodigués, l'un des membres du noyau ne répond plus, sur un point important, à ce qui lui est ainsi demandé, la C.E.B. lui retire son mandat.

4. Critères de choix des responsables des communautés ecclésiales de base

Pour être à la tête d'une communauté ecclésiale de base, il faut répondre à un certain nombre de critères qui sont les suivants : Le responsable doit être estimé de tous, dûment préparé, c'est-à-dire qui a reçu une formation adéquate et requise nécessaire (cours de base qui est de trois ans) ; une personne disponible à écouter et à collaborer ; qui sait accueillir les initiatives et respecte les responsabilités de chacun dans le travail en équipe ; une personne discrète, sage qui sait apaiser les tensions et trancher les différends ; une personne qui assume sa fonction comme un service dans l'Eglise pour le bien de tous ; une personne qui a aussi une expertise, qui est la connaissance des Écritures et du contenu des traditions chrétiennes, de façon à être capable de prêcher ; Il est aussi important qu'elle soit une personne qui a une capacité d'organisation flexible, en gardant l'oeil sur les possibilités qu'il y a de poursuivre ce qui existe dans la communauté.

Le Responsable a un rôle important dans l'annonce de la parole de Dieu, qui doit être bien préparée, au niveau de la communauté, cette évangélisation en profondeur qui touche chaque membre et lui permet de faire la méditation, de s'exprimer et de partager les expériences par rapport à la parole de Dieu.

Les C.E.B sont, dans leur visée originelle, l'expression d'une recherche de plus de chaleur dans les relations entre croyants. Elles veulent privilégier la connaissance mutuelle, le sentiment d'appartenance, la joie des relations interpersonnelles spontanées et respectueuses de l'identité de chacun. Les C.E.B naissent du besoin de participer, de s'affirmer, d'être reconnu, aussi en matière religieuse et dans les structures ecclésiastiques. Elles existent parce qu'il est apparu nettement que seuls les petits groupes favorisent le développement de l'Esprit communautaire et la participation de tous

5. Compétences du responsable (Moyangeli)97(*)

a) Le Moyangeli, avec le noyau, dirige et anime les réunions et activités de la C.E.B. et assure l'exécution du programme fixé ; il encourage la participation active de tous les membres du groupe aux réunions et à l'exécution des différentes tâches assumées par la C.E.B. ; il veille a maintenir un esprit de charité et d'entraide.

b) Le Moyangeli veille à entretenir de bons contacts avec les groupes de chrétiens non- catholiques ou avec les groupes religieux non chrétiens du quartier, et il examine si, à l'occasion, une rencontre ou une action commune peut être organisée.

c) Le Moyangeli est l'intermédiaire entre la C.E.B. et la paroisse : il veille à placer les activités de la C.E.B. dans la ligne des options pastorales de la paroisse ou du diocèse ; il assiste régulièrement aux réunions de l'assemblée des Bayangeli98(*) ou commission paroissiale des C.E.B. Les bayangeli sont, soit membres du conseil paroissial, soit représentés dans ce conseil par quelques délégués.

d) Plus que d'instaurer des cotisations régulières (ce qui pourrait gêner les membres démunis), le moyangeli propose une quête en argent ou en nature chaque fois qu'un cas de détresse interpelle la charité de la communauté. Le moyangeli laisse à chacun la liberté de contribuer à ces quêtes selon ses possibilités. Par une gestion claire et ouverte des sommes récoltées, il suscite la confiance et la générosité des membres de la C.E.B.99(*)

e) Le moyangeli veille à la bonne entente et à la franche collaboration avec les autorités civiles au niveau du quartier

CONCLUSION

L'annonce de la Parole de Dieu, surtout sous la forme de la nouvelle évangélisation, est l'oeuvre de tout le peuple de Dieu : hiérarchie constituée des clercs, fidèles laïcs et religieux. C'est une oeuvre d'Église, une mission commune à tous, chacun selon sa condition canonique. Il ressort également qu'il y a deux types de sujets : ceux qui prêchent la Parole de Dieu en propre, les clercs et ceux qui y coopèrent, et les laïcs, suivant le principe de la communion et le respect des règles édictées par l'Evêque en matière d'apostolat (can. 772).

La Parole de Dieu n'est pas seulement l'Écriture Sainte, mais aussi la tradition patristique et ecclésiastique en général. En effet, la législation canonique admet que les laïcs prêchent dans l'Eglise ou l'oratoire pour toutes les autres formes de prédications, moyennant pourtant un mandat canonique. Au cours des célébrations liturgiques, les laïcs peuvent être admis à assurer la prédication genre témoignage de vie chrétienne, au nom des principes de la diversité des fonctions dans l'universalité et l'unité du salut chrétien. La législation actuellement en vigueur affirme sans équivoque que la prédication liturgique reste réservée aux ministres sacrés. Cette forme de prédication nécessite l'ordination et le mandat canonique. Les autres formes nécessitent seulement le mandat canonique octroyé par l'autorité compétente. Les tentatives ébauchées, par exemple en Allemagne, n'ont accouché, jusqu'ici, que d'une souris.

En fait dans l'Eglise catholique, les ministres de la Parole de Dieu exercent leur prérogative, à cet effet, in nomine Ecclesiae. Dans les autres communautés chrétiennes ou non, il ne devrait pas en être autrement, personne ne peut exercer la fonction de prêcher, de son propre chef.

Nous recommandons que les prêtres manifestent un minimum de compétences pastorales. Les célébrations doivent être soigneusement préparées et vécues avec ferveur. L'homélie, en particulier, doit nourrir l'âme des fidèles, les toucher du fond du coeur et même les questionner profondément. L'on évitera des platitudes liturgiques ou des improvisations banales bondées de propos décousus qui, très souvent, déçoivent le peuple de Dieu et l'amène parfois à aller chercher mieux ailleurs. La dynamique du groupe dans une assemblée est nécessaire. Toutefois, qu'on épargne les fidèles d'abondants slogans populistes de nature  à encombrer inutilement un enseignement religieux. Être proche des fidèles, toutes catégories confondues, et leur manifester notre sollicitude pastorale, voilà les défis pastoraux qui s'imposent dans les circonstances actuelles. Les nouveaux mouvements religieux ne sont pas seuls à tendre les pièges de l'esclavage.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

A. Sources

1. Traduction Oeucuménique de la Bible, Editions intégrale, 5ème éd, 85ème mille, Paris, Cerf/S.B.F., 1994

2. CONCILE OEUCUMENIQUE VATICAN II, Constitutions-Decrets-Déclarations, Paris, Le Centurion, 1967

3. CODE DE DROIT CANONIQUE, Bilingue et Annoté, Wilson et Lafleur, Montréal, 1999

B. Documents du Magistère

1. CONGREGAZIONE PER L'EVANGELIZZIZIONE DEI POPOLI, Dialogo e annuncio. Riflessioni e orientementi sul dialogo interreligioso e l'annuncio del Vangelo di Gesù Cristo (19.5. 1991), nn. 10 et 19.

2. CONGREGATION POUR LE CLERGE, Le prêtre maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien, Cité du Vatican, 1999, p. 14-32.

3. CONGREGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACREE ET LES SOCIETES DE VIE APOSTOLIQUE, Directives sur la formation dans les instituts religieux (2. 11. 1990), Paris, Cerf, 1990, nn. 94-97, p. 61- 63.

4. SACRA CONGREGATIO CONSISTORIALIS, Instructio Ut quae:AAS 9(1917), p. 328.

5. SACRA CONGREGATIO PRO EPISCOPIS, Directorium Ecclesia Imago (22. 11. 1973): EV IV / 1951 - 1980

6. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, Directoire sur la nouvelle Evangélisation et la catéchèse dans la perspective de l'Eglise Famille de Dieu. A l'usage des agents de l'évangélisation et de la catéchèse en République Démocratique du Congo, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 2001, p. 29ss et 73-74.

- Encycliques

1. PAUL VI, enc. Evangelii nuntiandi..., (8 décembre 1975), Cité du Vatican, Typographie Polyglotte Vaticane, 1975,

2. JEAN PAUL II, enc. Redemptoris missio (7/12/1990), Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, 1991.

3. JEAN- PAUL II, enc. Redeptor Hominis sur Jésus-Christ (04/03/1979

4. JEAN- PAUL II Evangelii nuntiandi, 8 décembre 1975 (Paul VI, exhortation apostolique) : 4570-4579, 4619, 4633, 4635, 4755

- Exhortations apostoliques

1. JEAN -PAUL II, Exhortation apostolique Catechesi tradendae sur la transmission de la catéchèse en notre temps (1979).

3. JEAN PAUL II, Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles (1992)

4. JEAN PAUL II, Exhortation apostolique Vita Consecrata, sur la vie consacrée et sa mission dans l'Eglise et dans le monde (1996)

5. JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa... sur l'Eglise en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l'an 2000, (14/09/1995)

6. Jean-Paul II, Exhortation ap. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 58: l.c., p. 507.

- Lettres encycliques

1. JEAN -Paul II, Redemptoris Missio sur la mission (1990)

2. JEAN- Paul II, Redemptoris hominis sur Jésus Christ (04/03/1979)

3. PIE X, Acerbo Nimis sur l'enseignement de la doctrine chrétienne (15/04/1905)

5. BENOIT XV, Humani generis (15/06/1917)

- Lettres apostoliques

1. Jean Paul II, Novo millenmio ineumte, Lettre Apostolique au terme du grand jubilé de l'an 2000 (2001)

2. PAUL VI, Constitution apostolique Pontificalis romani :EV III /466 ; PAUL VI, MP Sacrum diaconatus ordinem (18.06.1967), n.22, 7, 8: EV II / 1392.

C. Ouvrages

1. Alphonse BORRAS, Des laïcs en responsabilité pastorale ?, éd cerf, paris 1998, 313 p.

2.Alphonse BORRAS, Les communautés paroissiales, Droit canonique et perspectives pastorales, Paris, Editions du Cerf, 1996.

3. Bernard SESBOÜE, Rome et les fidèles laïcs, éd. Desclée de Brouwer , Paris 1998, 112 p.

4. CARRASCO ROUCO, A., Le primat de l'Evêque de Rome. Etude sur la cohérence ecclésiologique et canonique du primat de juridiction, Fribourg, Ed. Universitaires, 1990.

5. C.J. ERRAZURRIZ M., II « Munus docendi Ecclesiae » : Diritti e doveri dei fedeli, Dott. A. Giufré Editore, Milano, 1991 (ateneo Romano della Santa Croce, Monografi Giuridiche 4), p. 51-64.

6. HERVADA, J., Diritto costituzionale canonico Giuffrè, Editore, 1989, 65 p.

7. Karl Rahner, L'homme à l'écoute du verbe. Fondements d'une philosophie de la religion, Mane, Paris, 1967, p. 271.

8. KALONJI NTEKESHA, Les communautés ecclésiales de base : foyers d'un christianisme africain ? Analyse sociologique du projet pastoral des évêques za·rois de 1961 à 1981, Excerpta ex Dissertatione ad Doctoratum in Facultae Scientiarum Socialum Pontificae Universitatis Gregorianae, Rome, 1983.

9. Louis BERTSCH : Des laïcs dirigeants de communauté, un modèle africain, éd ISSR, Kinshasa, 1995, 223 p.

11. Lucie BRUNET, Les communautés ecclésiales de base l'exemple de Bangui en Centrafrique, L'Harmattan, Paris, 2006, 185p.

12. NAZ, R., Traité de droit canonique, 137 p.

13. NZIR NYANGA, J-M., « Eléments pour une catéchèse contextualisée au Congo »,

Kinshasa, Baobab, 2002, 504 p.

14. Patrick VALDRINI, La fonction d'enseignement de l'Eglise dans collection, précis d'ALLOZ, 2ème éd, 1999.

15. Patrick VALDRINI, Droit canonique, Editions Dalloz, Paris, 1999

16. THILS, G., Les laïcs dans le nouveau code de droit canonique, p. 8-12 et 49-63 ;

17. THURIAN, M., Sacerdoce et ministère, Taizé, Les Presses de Taizé, 1970, p. 71ss.

D. Articles

1. ONCLIN, W., « Le pouvoir de l'Evêque et le principe de collégialité », dans EIC 26 (1970), p. 33-34.

2. KARRER, L., « Predicazione dei laici » dans DP, p. 591-592.

3. Giorgi FELICIANI, « La prédication des laïcs dans le code » dans l'année canonique. Tome XXXI, 1988.

4. NGINDU MUSHETE , A.(dir), « Parole de Dieu et langages des hommes », dans Bulletin de théologie africaine 6 (1984) n° 11, pp.152-153.

5. RIGAL, J., « Des communautés pour l'Eglise » dans Telema 10 (1984/2) n. 38, p. 93.

TABLE DES MATIÈRES

ÉPIGRAPHE I

DÉDICACE II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS V

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEOLOGIQUE

CHAPITRE I : DONNÉES BIBLIQUES 3

1. DIEU UN ET TRINE 3

2. LES MINISTRES DE LA PAROLE DE DIEU DANS LE NOUVEAU TESTAMENT 4

A) JÉSUS 4

B) LES APÔTRES 5

3. LA MISSION DES DOUZE ET DES SOIXANTE-DOUZE 7

CHAPITRE II : DONNÉES ECCLÉSIOLOGIQUES 10

1. L'ANNONCE DE LA PAROLE DE DIEU SELON LE CONCILE VATICAN II 10

2. LA MISSION DE L'ÉGLISE PEUPLE DE DIEU 13

3. LA MISSION DES FIDÈLES CHRÉTIENS 14

DEUXIEME PARTIE : FONDEMENTS CANONIQUES

CHAPITRE III : LES MINISTRES DE LA PAROLE DE DIEU SELON LE CODE DE DROIT CANONIQUE 16

1. LE PAPE ET LE COLLÈGE DES ÉVEQUES 16

2. LES ÉVÊQUES DIOCÉSAINS 18

3. LES PRÊTRES DIOCÉSAINS 20

4. LES CLERCS RELIGIEUX 21

5. LES DIACRES 24

6. LES FIDÈLES LAÏCS 25

CHAPITRE IV : ANALYSE DE QUELQUES CONCEPTS 29

1. L'HOMÉLIE 29

2. LA PRÉDICATION 31

A). A QUI REVIENT-IL DE PRÊCHER ? 32

B). COMMENT ANNONCE-T-ON LE CHRIST ? 33

C). ON DIT VOLONTIERS « PRÊCHER PAR L'EXEMPLE ». Y A-T-IL PLUSIEURS FAÇONS DE PRÊCHER ? 34

D). ON DIT SOUVENT QUE LA PRÉDICATION A MAUVAISE PRESSE. 34

E). ON PEUT SE POSER LA QUESTION: QUEL EST LE MODÈLE ÉVANGÉLIQUE DU « BON PRÉDICATEUR » ? 35

F). N'EST-CE PAS UN TROP BEAU COMME« PROGRAMME » ? 35

G). POUVONS NOUS ENCORE NOUS POSER LA QUESTION SUR LE RÔLE DE L'ASSEMBLÉE ? N'EST-ELLE PAS SOUVENT TROP PASSIVE ? 36

H). UNE QUESTION QU'ON SE POSE ENCORE : SI LE PRÊTRE NE « COMMENTE » PAS, IL NE DONNE PAS LIBRE COURS À SON EGO, S'IL NE FAIT PAS DE LA CHAIRE UNE TRIBUNE POUR UNE CAUSE POLITIQUE, MORALE, S'IL « ANNONCE LE CHRIST », QUEL SERA ALORS LE CONTENU DE SA PRÉDICATION ? 37

TROISIEME PARTIE : PERSPECTIVES PASTORALES

CHAPITRE V : LA FORMATION CATÉCHÉTIQUE 39

1. CATÉCHÈSE CONTEXTUALISÉE COMME ÉDUCATION TOTALISANTE À LA FOI 39

A). SIGNIFICATION DE LA CATÉCHÈSE CONTEXTUALISÉE 40

B). OBJECTIFS 41

2. DOMAINES DE FORMATION 43

A). FORMATION DE LA CONSCIENCE 43

B). FORMATION À LA VIE DE PRIÈRE 45

C). L'ÉDUCATION PERMANENTE ET LA FORMATION DES FORMATEURS 46

CHAPITRE VI : LES COMMUNAUTÉS ECCLESIALES DE BASE (CEB) 50

1. DÉFINITION 51

2. OBJECTIFS 52

3. LES MEMBRES DE LA C.E.B. 52

4. CRITÈRES DE CHOIX DES RESPONSABLES DES COMMUNAUTÉS ECCLÉSIALES DE BASE 53

5. COMPÉTENCES DU RESPONSABLE (MOYANGELI) 54

CONCLUSION 56

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 58

TABLE DES MATIÈRES 63

* 1 Cf. PONTIFICIO CONSIGLIO PER IL DIALOGO INTERRELIGIOSO - CONGREGAZIONE PER L'EVANGELIZZIZIONE DEI POPOLI, Dialogo e annuncio. Riflessioni e orientementi sul dialogo interreligioso e l'annuncio del Vangelo di Gesù Cristo (19.5. 1991), nn. 10 et 19.

* 2 Cf. Hb. 1, 1-3a. L'on peut compléter certains aspects de ce thème en lisant : Parole de Dieu, dans Vocabulaire de théologie Biblique, sous la direction de X. LEON DUFOUR, 2e éd., Paris, Cerf, 1970., col. 905ss. Voir aussi : PONTIFICIO CONSIGLIO PER IL DIALOGO INTERRELIGIOSO - CONGREGAZIONE PER L'EVANGELIZZAZIONE DEI POPOLI, Dialogo e annuncio, nn. 21-22.

* 3 « Eius praedicatio prophetica, per signa confermata, culmen attingit in mysterio paschali, supremo verbo amoris divini, quo Pater nos locutus est » : SYNODUS EPISCOPORUM, Utimus temporibus (30.11.1971) : EV IV/1155.

* 4 Christ est le Chemin vers le Père : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn. 14, 6). Le verset 9 du même chapitre sonne : « Qui me voit, voit le Père ». Telle idée est également reprise dans la constitution Conciliaire Dei Verbum, n. 4 ; JEAN-PAUL II, Exhort. Apost. Catechesi trandendae, n. 5. Il a été aussi écrit plus tard :  « Jésus-Christ n'est pas un « principe », ni un « programme ». Jésus n'annonce pas seulement une doctrine de Vérité comme un autre prophète ou un philosophe ; il est la Vérité divine qui se révèle » : VON BALTHASAR, H.U., Le complexe antiromain. Essai sur les structures ecclésiasles, Paris, Apostolats des éditions, 1976, p. 139.

* 5. Cf. PONTIFICIO CONSIGLIO PER IL DIALOGO INTERRELIGIOSO - CONGREGAZIONE PER L'EVANGELIZZAZIONE DEI POPOLI, Dialogo e annuncio, nn. 17; 64-65; 68.

* 6 Cf. Rm 15, 16 ; Eph 3, 7

* 7 Cf. Lc 4, 43.

* 8 Cf. Lc 5, 43

* 9 Cf. Marc 1, 38

* 10 Cf. Lc 9,1-6

* 11 Cf. Ac 1, 8

* 12 Cf. Ac 5, 42

* 13 L'historicité étant un attribut intrinsèque à la révélation comme agir libre de Dieu avec l'homme. Cf. Karl Rahner, L'homme à l'écoute du verbe. Fondements d'une philosophie de la religion, Mane, Paris, 1967, p. 271.

* 14 Can 747 : §1

* 15 Cf. Can. 781.

* 16 Celui qui enseigne est a priori déjà enseigné; il est témoin, porteur d'une profonde conviction personnelle suscitée par l'action discrète, en lui, de l'Esprit : l'Eglise est d'abord en mission vers elle-même, une mission ad intra. C'est cette présupposition qui donne tout son sens à l'autre « pendant » de la totalité de sa mission proprement dite, la mission ad gentes et/ou ad extra. Cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa... sur l'Eglise en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l'an 2000, n°73-79.

* 17 Cf. PAUL VI, enc. Evangelii nuntiandi..., (8 décembre 1975), Cité du Vatican, Typographie Polyglotte Vaticane, 1975, n. 59 ; voir aussi les constitutions Lumen Gentium, n.17 ; Ad Gentes, nn. 1, 2, 6, 3. Pour JEAN-PAUL II l'Eglise est par nature missionnaire : enc. Redemptoris missio (7/12/1990), Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, 1991, nn. 9 et 62. Cet aspect missionnaire de l'Eglise est également relevé par BÜHLMANN, W., La tierce église est là, Kinshasa, éditions Saint-Paul Afrique, 1978, p.230ss.

* 18 « C'est un droit qui ne provient ni d'une concession de la hiérarchie - bien qu'il s'exerce sous la juridiction général de l'autorité compétente - ni d'une mission confiée par elle, mais qui est reçu en vertu de la condition personnelle de membre du peuple de Dieu. Et puisqu'il provient du baptême, il s'agit d'un droit propre à tous les fidèles » DEL PORTILLO, A., Fidèles et laïcs dans l'église. Fondement de leurs statuts juridiques respectifs, (trad. fr.), Paris, SOS, 1980, p. 98-99 ; HERRANZ, J., Studi sulla nuova legislazione della Chiesa, Milano, Giuffrè Editore, 1990, p205-240.

* 19 Cf. HERVADA, J., Diritto costituzionale canonico Giuffrè Editore, 1989, p 65. voir aussi NAVARO, L.F., Il fedele laico, dans Il dirritto nel mistero della Chiesa, II, Roma, PUL, 1990, p. 142-147.

* 20 «L'impegno universale dei fedeli a cooperare alla dilatazione del Regno di Dio, non deve in noi ingerire l'idea che sia un munus pianificato: tale idea non può essere in alcun modo recepita in seno alla Chiesa cattolica, la quale è nella sua essenza a struttura gerarchizzata: anche il munus docendi è gerarchcamente ordinato» : DAMIZIA, G., Rapporto tra «munus docendi» e «munus sanctificandi», dans monitor Ecclesiasticus 109 (1989), p. 111.

* 21 «Ma non c'è dubbio che, nell'attuale legislazione, la predicazione vera e propria, cioè quella ufficiale, publica, legittima, salvo eccEzioni di volta ponderate dall'ordinario - e che nel clima del dopo Concilio vanno estendendosi - sia riservata ai diaconi e presbiteri»: CORRADINI, C., La predicazione oggi. Risveglio o persistente difficoltà della predicazione?, dans Palestra del clero 6 (1983), p. 413.

* 22 Cf. GRASSO, D., Teologia della predicazione, dans AA.VV. La predicazione alla luce del Concilio. Atti del primo congresso nazionale dei predicatori cappucini italiani (Roma 15-19. 1. 1968), Pompei, 1968, p.37 et 42.

* 23 C'est à titre de configuration au Christ que les fidèles sont députés au service de la Parole. Voici un témoignage : « Quale altra titolarità possiamo quindi avere nei riguardi dell'evangelizzazione, della predicazione e dello stesso magistero della Chiesa se non quella di Cristo, che è unica e che negli altri può solo essere partecipata, secundum proprium cuiusque condicionem, come ben ricordano sia il canone 96, quando parla della costituzione nella Chiesa della persona, sia il canone 204 quando ci da la nozione di fedeli che partecipano ai munera Christi?»: FAGIOLO, V., Il munus docendi, p. 26.

* 24 LG 22 est repris mot à mot par le can. 330 : « De même que, par la disposition du Seigneur, Saint Pierre et les autres Apôtres constituent un seul Collège, d'une manière semblable le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeur des Apôtres, sont unis entre eux ».

* 25 «Romanus Pontifex pro sua universali et plena iurisdictione, in qua suprema quoque magisterii potestas continentur, in toto orbe terrarum ad praedicandum verbum Dei est competens»: WERNZ, F.X. - VIDAL, P., Ius canonicum, Roma, PUG, 1952, p. 33-34.

* 26 Cf. CARRASCO ROUCO, A., Le primat de l'Évêque de Rome. Étude sur la cohérence ecclésiologique et canonique du primat de juridiction, Fribourg, Ed. Universitaires, 1990. Ce volume est nourri d'une bibliographie abondante, spécialement p. 243-277.

* 27 Cf. PAUL VI, M. P. Pastorale munus, II, 1 (30.11.1963): EV II / 127

* 28 Cf. SACRA CONGREGATIO PRO EPISCOPIS, Directorium Ecclesia Imago (22. 11. 1973): EV IV / 1951 - 1980.

* 29 Cf. can. 762 ; ONCLIN, W., « Le pouvoir de l'Evêque et le principe de collégialité », dans EIC 26 (1970), p. 33-34.

* 30 Cf. can. 1327 / CIC 1917; SACRA CONGREGATIO CONSISTORIALIS, Instructio ut quae:AAS 9(1917), p. 328.

* 31 Cf. PAUL VI, Exhort. Apost. Evangelii nuntiandi, n. 68; URRU, A. G., La funzione di insegnare della Chiesa, Roma, Vivere in, 1988, p.53.; URRU, A., La funzione di insegnare, p. 620-621; ONCLIN, W., Le pouvoir de l'Evêque et le principe de collégialité, p. 29.

* 32 Cf. SYNODUS EPISCOPORUM,  documentum Ultimus temporibus. : EV IV/1178-1190.

* 33 L'Ordination fait du prêtre maître de la Parole et ministre des sacrements : cf. CONGREGATION POUR LE CLERGE, Le prêtre maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien, Cité du Vatican, 1999, p. 14-32.

* 34 Cf. can. 1008 ; PONTIFICIO COMMISSIO CODICIS IURIS CANONICI INTERPRETENDO, Codex iuris canonici. Fontium annotatione et indice analytico-alphabetico auctus, Roma, Libreria Editrice Vaticana, p. 212.

* 35 Cf. CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, Directoire sur la nouvelle Evangélisation et la catéchèse dans la perspective de l'Eglise Famille de Dieu. A l'usage des agents de l'évangélisation et de la catéchèse en République Démocratique du Congo, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat Général de la CENCO, 2001, p. 29ss et 73-74.

* 36 Cf. can. 673 et PAUL VI, Evangelii nuntianti, n. 69 : EV V / 1685.

* 37 Cf. can. 758. Selon le droit, le ministère pastoral épiscopal influe sur la vie religieuse. Nous suggérons la lecture de : CONGREGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACREE ET LES SOCIETES DE VIE APOSTOLIQUE, Directives sur la formation dans les instituts religieux (2. 11. 1990), Paris, Cerf, 1990, nn. 94-97, p. 61- 63.

* 38 PAUL VI, Exhort. Ap. Evangellii nuntiandi, n. 79; voir aussi can. 573, 758, 783. En général, les religieux ont été les premiers évangélisateurs, dans le passé, et doivent encore se maintenir au service du dynamisme missionnaire, même dans la nouvelle évangélisation. A ce propos, lire aussi JEAN-PAUL II, Carta apostolica Los caminos del Evangelio (29. VI. 1990): EV XII / 365-367; 375-376.

* 39 SACREE CONGREGATION POUR LES RELIGIEUX ET INSTITUTS SECULIERS ET POUR LES EVEQUES, Notes directives, Mutuae relationes (14. 5. 1978) :EV VI : 693-706.

* 40 Cf. JEAN-PAUL II, Carta apostolica Los caminos del Evangelio.: (29. 6. 1990): EV XII / 362.

* 41 Les can. 757 et 767 certifient que prêcher relève des facultés propres des diacres. L'on peut donc lire : « La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de charité, en communion avec l'évêque et son presbyterium » : LG 29.

* 42 Cf. PAUL VI, Constitution apostolique Pontificalis romani :EV III /466 ; PAUL VI, MP Sacrum diaconatus ordinem (18.06.1967), n.22, 7, 8: EV II / 1392.

* 43 THURIAN, M., Sacerdoce et ministère, Taizé, Les Presses de Taizé, 1970, p. 71ss.

* 44 WERNZ, F. - VIDAL, P., Ius canonicum, p. 32.

* 45 Il s'agit de : DEL PORTILLO, A., Fidèles et laïcs dans l'Eglise, p. 21-47 ; LO CASTRO, G., Condizione del fedele e concettualizzazione giuridica, dans IE 3 (1991), p. 3-32: la dernière note de ce long article contient une abondante indication bibliographique; ERRAZURI, C.J.; II battesimo degli come causa di effeti guiridico-canonici, dans IE 1 (1990), p. 3-21; THILS, G., Le laïc dans le nouveau code de droit canonique. Les laïcs dans l'Eglise. Etudes canoniques, XVIIIe session d'études canoniques, dans AC 29 (1985-1986), p. 7-211 ; CORRECO, E., HERZOG, N., SCOLA, A. (publié par), Les droits fondamentaux du chrétien dans l'Eglise et dans la société. Actes du IVe congrès international de droit canonique, (Fribourg (Suisse) 6-11. 11. 1980), Herder, Suisse - Milan, Giuffrè, 1981 ; WALFF, K., Dei Laie im neuen Kirchenrecht, dans RDC 37 (1987), p.3-31, etc.

* 46 Cf. NAVARRO, L.F.,Il fedele laico, p. 150-153. MARTIN DE AGAR, J.T., El derecho de los laicos a la liberdad en lo temporal, dans Ius canonicum 25 (1986), p. 535ss ; ARRIETA, J. I., Jerarquia y laicado, dans Ius canonicum 56 (1986), p. 129-131; THILS, G., Les laïcs dans le nouveau code de droit canonique, p. 30ss ; HERRANZ, J., Studi sulla nuova legislazione delle Chiesa, p. 216ss.

* 47 Cf. NAZ, R., Traité de droit canonique, p. 137 ; JEAN-PAUL II, Exhortation postsynodale Chrisfideles laici, n. 15.

* 48 Cf. THILS, G., Les laïcs dans le nouveau code de droit canonique, p. 8-12 et 49-63 ; KARRER, L., Predicazione dei laici, dans DP, p. 591-592.

* 49 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation postsynodale Chrisfideles laici, n. 23.

* 50 L'Eglise et ses pasteurs se sont toujours intéressés à la question de la femme en vue d'approfondir l'incidence de sa particularité. De la maison et du ministère des femmes dans l'Eglise il est question dans : JEAN-PAUL II, Litt. ap. Mulieris dignitatem (15.8.1988) : EV XI / 120661345 ; CONGREGATION POUR LA DOCRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insignores (15.10.1976) : AAS 69 (1977) 98 - 116 ; PAUL VI, MP Ministeria quaedam, VII : EV IV / 1764 ; SACREE CONGREGATION POUR L'EVANGELISATION DES PEUPLES (Commission pastorale), Document La fonction évangélisatrice (19. 11. 1975) : EV V / 1546 ; DEL PORTILLO, A. Fidèles et laïcs dans l'Eglise, p. 218-222.

* 51 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation postsynodale Chrisfideles laici, n. 49-52.

* 52 Jn 20, 17-18. JEAN-PAUL II, Litt. ap. Mulieris dignitatem, nn. 15-16.

* 53 Cf. Can 767 §2.

* 54 (69) Cf Jean-Paul II, Exhort. ap. Catechesi tradendae (16 octobre 1979), n. 48: AAS 71 (1979), pp. 1277-1340; Commission pontificale pour l'interprétation des Décrets du Concile Vatican II, Réponse (11 janvier 1971): AAS 63 (1971), p. 329; Sacrée Congrégation pour le Culte Divin, Instruction Actio pastoralis (15 mai 1969), n. 6d: AAS 61 (1969), p. 809; Institutio Generalis Missalis Romani (26 mars 1970), nn. 41; 42; 165; Instruction Liturgicae instaurationes (15 septembre 1970), n. 2a: AAS 62 (1970), p. 696; Sacrée Congrégation pour les Sacrements et le Culte Divin, Instruction Inaestimabile donum (3 avril 1980), n. 3: AAS 72 (1980), p. 331.

* 55 Commission pontificale pour l'interprétation authentique du Code de Droit Canonique, Réponse (20 juin 1987) : AAS 79 (1987), p. 1249.

* 56 Cf C.I.C., can. 266, § 1.

* 57 Cf C.I.C., can. 6, § 1, 2o.

* 58 La partie qui nous intéresse est ainsi formulée en latin : « Ecclesiae, cui Christus Dominus fidei depositum concredidit ut ipsa, Spiritu sancto assistente, veritatem revalatam sancte custodiret, intimius persecrutaretur, fideliter annuntiaret atque exponeret... » (can. 747 §2).

* 59 Cette fonction est de nouveau développé dans le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 31 janvier 1994, dans DC n°2092, p. 360-389 ; et le Directoire pour le ministère et la vie des diacres permanents, 22 février 1998, dans DC n°2181, p. 425-447.

* 60 Dei Verbum, 21.

* 61 Cf. SYNODE DES EVEQUES, Message au peuple de Dieu, 1977, n. 1 ; JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Catechesi tradendae, 1979, n. 10 et 18 ; CONGREGATION POUR LE CLERGE, Directeur général pour la catéchèse, 1997, n. 139.

* 62 Cf. P-A GIGUERE, Catéchèse et maturité de la foi, Bruxelles, Ed. Lumen Vitae, 2002 ; A. FOSSION, Catéchèse dans le champ de la communication, Paris, Cerf, 1986 ; J-M. NZIR Nyanga, La catéchèse contextualisée au Congo, Kinshasa, Ed. Baobab, 2002.

* 63 C'est ainsi que certains historiens, comme le professeur François BONTINCK, paraphrasant le Pape Paul VI, aiment à qualifier la République Démocratique du Congo, première nouvelle terre, en Afrique sub-saharienne, à être évangélisée, au seizième siècle par les missionnaires portugais et espagnols.

* 64 Cf. J DANIELOU, La catéchèse au premier siècle, Paris, ISPC, 1968 ; E. ALBERICH, Catechesi, dans J. GEVAERT, Dizionario di catechetica, p. 104.

* 65 Cf. L. LA ROSA, Storia della catechesi medievale, Messine, ESUR-Ignatianum, 1991.

* 66 Cf. Evangelii nuntiandi, n. 24 ; Catechesi tradendae, n. 18; Directoire général pour la Catéchèse, n. 18.

* 67 Cf. Message au peuple de Dieu, 1977, n. 1 et 11 ; Catechesi tradendae, n. 18 ; Directoire général pour la Catéchèse, n. 139.

* 68 Cf. Catechesi tradendae, n. 15.

* 69 Cf. Ib., n. 10-17. Le Pape Jean-Paul II fait, ici, allusion à la mission des Apôtres reçue de Jésus lui-même, l'enseignant et le seul maître, à la catéchèse à l'âge apostolique (n. 11), à la catéchèse chez les Pères de l'Église (n. 12), etc.

* 70 Cf. Ib., n. 18.

* 71 Cf. Catechesi tradendae, n. 56 et 57.

* 72 Cf. L-A. GALLO, Nuovo cristologie in America Latina, p. 60.

* 73 Cf. Lc 4, 16-21: Jésus inaugure la prédication en Galilée dans la synagogue de Nazareth et revendique pour soi l'oeuvre libératrice du messie, pré-annoncée par le prophète Isaïe. Il est envoyé pour « annoncer aux pauvres le joyeux message, pour proclamer aux prisonniers la libération et aux aveugles la vue, pour remettre en liberté les opprimés, et prêcher une année de grâce du Seigneur ». Jésus confirme sa mission de libérateur du mal radical qu'est le péché - qui signifie avant tout rupture de l'harmonie entre Dieu et l'homme et son prochain - moyennant des signes de libération des maux physiques. A Jean-Baptiste qui voulait savoir quelle conscience il avait de soi-même, Jésus répond sans ambages : « Allez dire et raconter à Jean ce que vous avez vu et entendu dire : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont soignés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et aux pauvres est annoncée la Bonne Nouvelle » (Lc 7, 22-23)

* 74 Catechesi tradendae, n. 15; Directoire général pour la Catéchèse, n. 80 ; Catéchisme de l'Eglise Catholique, n. 426.

* 75 Catechesi tradendae, n. 20.

* 76 Cf. le Décret provido sane de la Sacré Congrégation du Concile du 12-01-1935 ; AAS 27 [1935]145-154 ; Dc 33 [janvier-juin 1935] col. 1299-1309

* 77 Cf. Redemptor hominis 19.

* 78 Catechesi tradendae, n. 71; Ecclesia in Africa, n. 53 ; Directoire général pour la Catéchèse, n. 233-237.

* 79 Gaudium et spes, n. 75.

* 80 Directoire général pour la Catéchèse, n. 85.

* 81 Catéchisme de l'Eglise Catholique, n. 1783-1785.

* 82 Novo millennio ineunte, n. 33.

* 83 Cf. Sacrosanctum Concilium, n. 10-13 et 19.

* 84 Cf. Directoire Général pour la Catéchèse, n. 51.

* 85 Cf. Ib., n. 71 et 72.

* 86 Cf. A FOSSION, La catéchèse dans le champ de la communication. Ses enjeux pour l'inculturation de la foi, Paris, Cerf, 1990, p. 9. A la page 16, nous pouvons lire ceci : « Effectivement, nous admettons comme présupposé fondamental, théologiquement sûr, que la catéchèse prend corps dans la communication humaine et elle est elle-même un acte de communication spécifique. Elle s'enracine, en réalité dans le dessein de Dieu qui se veut communiquer à l'humanité ».

* 87 Cf. Dei verbum, n. 2-4, 7, 14, et 17.

* 88 Catechesi tradendae, n. 45.

* 89 N. BREUVAL, Catechesi educativa : fenomeno di communicazione, dans «Orientamenti Pedagogici» 3(1974), p. 579.

* 90 Cf. A. FOSSION, La catéchèse dans le champ de la communication, pp. 33-34, et 138-139.

* 91 Cf. Catechesi tradendae, n. 5.

* 92 Cf. Catechesi tradendae, n. 59 ; Directoire Général pour la Catéchèse, n. 208 : « Il est du devoir de la catéchèse de trouver le langage adapté aux enfants et aux jeunes de notre temps et bien d'autres catégories de personnes : langage des étudiants, des intellectuels, des hommes de science ; langage des analphabètes ou des personnes de culture simple, langage des handicapés, etc. ».

* 93 Cf. commentaire de can 780 CIC/83

* 94 L'expression est de KABASELE Mukenge, les enjeux du synode africain, dans Nouvelle Revue de théologie 116(1994), p. 174

* 95 BERTSCH, L., Des laïcs, dirigeants de communauté, ISSR, Kinshasa, 1995, p. 87

* 96 Idem

* 97 NB. Cette appellation (Moyangeli), est celle utilisée dans l'Archidiocèse de Kinshasa pour désigner le premier responsable d'une communauté ecclésiale de base.

* 98 NB. « Bayangeli » c'est le pluriel de « moyangeli » qui veut dire tout simplement : les responsables des communautés ecclésiales de base

* 99 Ibid. p. 90.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams