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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Présenté pour l'obtention du diplôme de Master AGROBIOSCIENCES

Spécialisation : The Agro Food Chain
Option : Productions Territories and Sustainable Development

Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes
d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de
conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

Par :

Eric Duplex ZOUKEKANG

Année de soutenance : 2008

 
 

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Présenté pour l'obtention du diplôme de Master AGROBIOSCIENCES

Spécialisation : The Agro Food Chain
Option : Productions Territories and Sustainable Development

Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions
des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du
réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées
françaises 2006-2009.

Par :

Eric Duplex ZOUKEKANG

Mémoire préparé sous la direction de : TERRIEUX Agnès

Présenté le : 27/06/2008

devant le Jury : Maîtres de Stage :

CHERVIN Christian HEMPTINNE Jean-Louis

ALLAIRE Gilles BESCHE-COMMENGE Bruno

Abstract

New social requirements for environmental concerns lead human to put into reserve of biodiversity lands of low economic interest. Historically, national governments are often hostile to pastoralists. In Ariège, History and social structure bring a certain resistance to sudden political changes. Here, livestock usually and it has become naturally leave the farm area to summer pastures in early to mid June and returns from mid September to early October. Individual holdings are of low flock seize, weak perspectives and alternatives, economic precariousness. Summer farming is the spearhead of the system not only as a tradition but due to its economic, sanitation, feedstuff constitution importance. Workforce, working conditions and economy are the most important factors explaining the resistance to change in this production system. The system practiced brings about a certain capacity of adaptation, but the devotion to allegation of a certain professional "pride" is a stumbling block for the implementation of bear subsidies. Farmers can practice husbandry in another way but, this way should come from them. Make the best possible use of grass on rangeland to feed its flock and produce beautiful lambs, minimizing trough feeding is the farmer's criterion of technical excellence. With bear project, breeders want to know what future, rural projects, and societal choices decisionmakers recommend for Pyrenees. They are pessimistic on their future because life and human dynamics in Ariège are now strongly dependent to pastoralism and they do not know if these constitutive criteria of sustainable development have been taken into consideration in the «wilding» approach.

In the economic context of pastoralism today, additional charges are hardly appreciable. Since accompaniment measures provide only 50% subsidy for the shepherd's charge when all the measures are not used and 80% when they are all implemented, near to 99% of farmers for the pastoral cohabitation investigated are just opportunists. They were using Patou dogs and «tightguarding» practices before the beginning of Bear project. They have joined parks to their functioning mode to have 80% compensation when taking shepherd. For all farmers, accompaniment measures are applicable neither everywhere nor at full-time, nor in all weathers; the pair Shepherd - Patou dog reduces predation but it should not be presented as panacea. In order to make a progress in the cohabitation process, authorities should come back, remove frustration and conflicts of interest and put the price. We have to divide by 200 the number of sheep that summer to know the number of shepherds, cabins, parks and Patou dogs necessary for effective herd protection.

Keywords : Pastoralism, stocking system, Mountain Summer Pasture, Bear, Biodiversity, Preservation, Environment, Sustainable Development.

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Résumé

Les nouvelles exigences de la société en matière de sécurité environnementale ont conduit l'homme à mettre sous forme de réserves de biodiversité les espaces à faibles intérêts économiques. Historiquement, les gouvernements ont souvent été hostiles aux pastoralistes. En Ariège, l'histoire et la structure sociale offrent une certaine capacité de résistance à de brusques changements politiques. Ici, le cheptel a pris l'habitude (ce qui est devenu naturel) de quitter la ferme pour les pâturages d'été du début à la mi-Juin pour redescendre de la mi-Septembre à début Octobre. Les exploitations individuelles ont des effectifs réduits, les perspectives et alternatives économiques sont faibles et l'économie reste précaire. L'estivage est le fer de lance de ces exploitations, non seulement comme une tradition, mais en raison de son fort intérêt économique, sanitaire, stratégique et technique. La main-d'oeuvre, les conditions de travail et l'économie sont les principaux facteurs expliquant la résistance au changement dans ce système de production. Le système pratiqué procure une certaine capacité d'adaptation, mais l'attachement à une certaine fierté professionnelle est une pierre d'achoppement pour la mise en application des mesures d'accompagnements préconisées par le plan ours. Les éleveurs peuvent élever autrement, mais cette nouvelle façon doit absolument venir d'eux. Faire le meilleur usage possible de l'herbe des pâturages pour nourrir son troupeau et, produire de beaux agneaux en réduisant l'alimentation en bergerie est un critère d'excellence technique ici. Avec le plan ours, les éleveurs veulent savoir quel avenir, quels projets ruraux et choix de société les décideurs veulent pour les Pyrénées. Ils sont pessimistes sur leur avenir parce que la vie et la dynamique humaine dans l'Ariège sont maintenant fortement dépendantes de l'élevage et qu'ils ne savent pas si ces critères constitutifs du développement durable ont été pris en compte dans le projet d'ensauvagement.

Dans le contexte économique du pastoralisme aujourd'hui, les charges supplémentaires sont difficilement appréciables. Puisque les mesures d'accompagnement ne garantissent que 50% de subvention pour la prise en charge du berger lorsqu'elles ne sont pas toutes appliquées et 80% si toutes, près de 99% d'éleveurs favorables à la cohabitation enquêtés ne sont que des opportunistes ; ils pratiquaient déjà garde serrée avec un chien Patou avant le lancement du plan ours. Ils ont joint les parcs à leur mode de fonctionnement pour bénéficier de la subvention maximale. Pour tous les agriculteurs, les mesures d'accompagnement ne sont applicables ni partout, ni à plein temps, ni par tous les temps. La paire Berger - Chien Patou réduit la prédation mais ne devrait pas être présentée comme une panacée. Afin de faire un progrès dans le processus de cohabitation, les autorités devraient repartir de loin, ôter la frustration et les conflits d'intérêts et mettre le prix. Il faut diviser le nombre de moutons estivant par 200 pour avoir le nombre d'unités pastorales nécessaire pour une protection efficace du troupeau.

Mots-clés : Pastoralisme, système d'élevage, Estive, Ours, Biodiversité, Préservation, Environnement, Développement Durable.

ii

Table des matières

Abstract i

Résumé ii

Table des matières Erreur ! Signet non défini.

Liste des tableaux et figures Erreur ! Signet non défini.

Liste de abréviations et des acronymes Erreur ! Signet non défini.

Remerciements Erreur ! Signet non défini.

Introduction Erreur ! Signet non défini.

Chapitre 1 : Présentation générale de l'étude Erreur ! Signet non défini.

1.1 Contexte Erreur ! Signet non défini.

1.1.1 Le milieu naturel des Pyrénées Erreur ! Signet non défini.

1.1.2 Le milieu naturel de l'Ariège Erreur ! Signet non défini.

1.1.3 Le milieu culturel et humain de l'Ariège Erreur ! Signet non défini.

1.1.4 Le milieu Agricole de l'Ariège Erreur ! Signet non défini.

1.1.4.1 Une gestion collective des ressources Erreur ! Signet non défini.

1.1.4.2 Un intérêt patrimonial reconnu Erreur ! Signet non défini.

1.1.5 Rôle et objectifs du système d'élevage Erreur ! Signet non défini.

1.1.5.1 Quelques définitions Erreur ! Signet non défini.

1.1.5.2 Elevage pastoral : Historique et évolutions Erreur ! Signet non défini.

1.1.5.3 Rôle et objectifs du pastoralisme Erreur ! Signet non défini.

1.1.6 L'élevage des herbivores valorise les parcours : enjeux et difficultés autour des parcours
Erreur ! Signet non défini.

1.1.6.1 Menaces biophysiques sur les terres de pâture Erreur ! Signet non défini.

1.1.6.2 Elevage, biodiversité, qualité des produits et services des écosystèmesErreur ! Signet non défini.

1.1.6.3 Intensité du pâturage, fertilité des sols et réactions des plantesErreur ! Signet non défini.

1.1.6.4 L'impact social sur le comportement des herbivores au pâturageErreur ! Signet non défini.

1.1.6.5 Utilisation de la zone de pâture en fonction du savoir-faire du berger, de la physiologie, du comportement de l'animal, de la topographie et de la physiologie des plantesErreur ! Signet non défini.

1.1.6.6 Les menaces sociales et économiques sur les terres de parcoursErreur ! Signet non défini.

1.1.7 Moyens de production, mode de conduite, produits, considérations sociales, techniques et

spatiales Erreur ! Signet non défini.

1.1.7.1 Etude des systèmes d'élevage : exploitations, hommes et troupeaux en montagne Erreur ! Signet non défini.

1.1.7.2 Etude du système de pâturage Erreur ! Signet non défini.

1.1.8 Le contexte de la prédation par L'ours brun Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.1 Considérations générales Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.2 Ecologie de l'ours brun Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.3 Structure sociale de l'ours Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.4 Cycle de vie de l'ours Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.5 Reproduction de l'ours Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.6 Ration alimentaire de l'ours Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.7 Conflit Homme - Ours ou Homme - Prédateur Erreur ! Signet non défini.

1.1.8.8 Dynamique de l'expansion de l'ours dans les zones d'élevageErreur ! Signet non défini.

1.1.8.9 Etendue des dommages liés à l'ours Erreur ! Signet non défini.

1.2 Problématique Erreur ! Signet non défini.

1.2.1 Question de recherche Erreur ! Signet non défini.

1.2.2 Hypothèses de recherche Erreur ! Signet non défini.

1.2.3 Objectifs d'étude Erreur ! Signet non défini.

Chapitre 2 : Terrain d'étude et collecte de données Erreur ! Signet non défini.

2.1 Terrain d'étude Erreur ! Signet non défini.

2.1.1 Ariège-Pyrénées Erreur ! Signet non défini.

2.1.2 ASPAP Erreur ! Signet non défini.

2.2 Collecte des données Erreur ! Signet non défini.

2.2.1 Une approche bibliographique pour définir l'état des travaux sur le sujetErreur ! Signet
non défini.

2.2.2 Enquêtes de terrain Erreur ! Signet non défini.

2.2.3 Analyse des structures et des systèmes d'élevage Erreur ! Signet non défini.

Chapitre 3 : Résultats et discussion Erreur ! Signet non défini.

3.1 Résultats Erreur ! Signet non défini.

3.1.1 Caractéristiques générales de l'élevage pastoral en Ariège. . . Erreur ! Signet non défini.

3.1.2 Typologies du système d'élevage Erreur ! Signet non défini.
3.1.2.1 Systèmes de production en fonction de la mobilité du troupeauErreur ! Signet non défini.

3.1.2.2 Systèmes de production en fonction de la localisation géographique de l'exploitation Erreur ! Signet non défini.

3.1.2.3 Systèmes de production en fonction de la diversification.Erreur ! Signet non défini.
3.1.3 Qu'est ce que l'estive en Ariège ? Erreur ! Signet non défini.

3.1.4 Comment l'ours intervient-il dans ce milieu rural et professionnel ?Erreur ! Signet non
défini.

3.1.5 Quels sont les dommages de l'ours sur le pastoralisme ? Erreur ! Signet non défini.

3.1.6 Comment l'écologie est-elle perçue dans cette polémique ours ?Erreur ! Signet non
défini.

3.1.7 Dans ce contexte, l'ours est-il une espèce parapluie ou une espèce emblématique ?

Erreur ! Signet non défini.

3.1.8 Quel est le coût de la réintroduction de l'ours brun ? Erreur ! Signet non défini.

Conclusion Erreur ! Signet non défini.

Références Bibliographiques Erreur ! Signet non défini.

Liste des tableaux et figures

Liste des figures Pages

Figure 1 : Cadre Macro-théorique du Pastoralisme a

Figure 2 : Valeurs qui délimitent l'espace des bonnes pratiques a

Figure 3 : Dispersion géographique des éleveurs enquêtés b

Figure 4 : Gestion du troupeau au cours d'une campagne de production c

Figure 5 : Scénarios des relations entre Eleveurs, Eleveurs-Bergers, Bergers et GPs 41

Liste des tableaux Pages

Tableau 1 : Argumentaire entre Pro Ours et opposants d

Liste de abréviations et des acronymes

AFP : Association Foncière Pastorale

ASPAP : Association pour la Sauvegarde du Patrimoine d'Ariège-Pyrénées

CBD : Convention pour la Diversité Biologique

CNPN : Comité National pour la Protection de la Nature

DDAF : Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt

DIREN : Direction Régionale de l'Environnement

FAO (Food and Agricultural Organisation) : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

GP : Groupement Pastorale

GPL : Groupe Professionnel Local

MAE : Mesures Agro Environnementales ONF : Office National des Forêts

PAC : Politique Agricole Commune

PHAE : Primes Herbagères Agri Environnementales

SAU : Surface Agricole Utile

SIG : Système d'Information Géographique SSF : Surface Spécifique des Feuilles

STA : Surface Toujours en Herbe

TMSF : Taux en Matière Sèche des Feuilles UGB : Unité Gros Bétail

UICN : Union Mondiale pour la Nature ou Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UP : Unité Pastorale

UTA : Unité du Travail Annuel

WWF (World Wide Fund for Nature): Fond Mondial pour la Conservation de la Nature

ZI : Zone Intermédiaire

ZICO : Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux

ZNIEFF : Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique pour la Flore et la Faune

Remerciements

Ce travail est le fruit des emprunts aux différents travaux effectués sur ce sujet, de l'accueil bénéficié de l'ASPAP, de la volonté d'éleveurs, de bergers et de gestionnaires de groupements pastoraux à répondre à mes nombreuses questions malgré le manque de temps, des conseils et discussions avec des scientifiques de renom dans ce domaine et enfin de l'encadrement académique reçue. Respectant le dicton : « A tout Seigneur tout honneur », je trouve l'occasion ici de dire de vive voix merci à tout ceux/celles dont l'action à contribuer à finaliser ceci. Qu'ils trouvent ici, le fruit de leurs efforts. Je veux ainsi dire un grand merci à :

Madame TERRIEUX Agnès pour tous les efforts consentis à l'encadrement de ce travail et à la lecture et correction d'innombrables essais.

Messieurs LACUBE Philippe, CARRIERE Claude, RALU Olivier, BESCHE-COMMENGE Bruno et Madame BONIFACE Magali, pour leur chaleureux accueil et orientations pour ce travail.

Messieurs ACAP Charles, DUBUC Gérard, MIROUZE Jean-Pierre, FERRE Jean-Claude, BONCOURT Fabien, CHEVILLON Francis, GUILLET Gilbert et toutes les autres personnes qui ont bien pu sacrifier de leur temps de travail pour les entretiens.

Messieurs GARDE Laurent, LASSEUR Jacques, BOURBOUZE Alain, HUGUENIN Johann, et Madame GIBON Annick pour les orientations bibliographiques et leurs conseils pour la construction de ce travail.

Mes collègues avec qui on s'est régalé au courant de l'année.

Les estives, les brebis, l'ours, le ministère de l'écologie et du développement durable, qui ont su m'inspirer pour la construction de ce sujet.

Ma famille entière sans qui je ne suis rien et avec je suis tout.

La source de mon espérance et de la vie.

Introduction

Au cours des années 70 à 90, le nombre d'exploitations agricoles, celui des animaux par troupeau, une intensification fourragère, a augmenté de manière significative ainsi que le développement des cultures de contre saison. L'évolution des conditions du marché de la viande a également joué un rôle important dans les options prises. Les années 80 rouvrent le marché français de la viande aux importations à bas prix qui affectent fortement l'élevage. Suite à la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) en 1992, la spécialisation géographique et l'augmentation croissante d'animaux par troupeau a été intensifiée. Entre 1988 et 2000, la filière d'élevage a entamé un processus de réduction du nombre d'exploitations agricoles (perte de 62% des éleveurs de moutons et 1/3 brebis nourrices) et d'augmentation de plus en plus important du nombre d'animaux par troupeau (Lasseur et Garde, 2007). Dans la zone centrale des Pyrénées, les modifications de la gestion du troupeau ont été organisées conformément à de nombreuses tendances : amélioration des performances de reproduction, abandon de la mixité dans les exploitations, diminution de la main d'oeuvre, introduction de races à viande, spécialisation des produits et restriction des périodes de vente1 (Gibon, 1996).

Tradition oblige ou en raison de la considération actuelle : zone à "handicap naturel" (altitude, pente, géomorphologie, couche de neige, type de sol, humidité, etc.), le système d'élevage transhumant reste la principale utilisation des terres et le moyen de subsistance en zone de montagne ariégeoise. C'est probablement la manière la plus efficace économiquement d'exploiter ces pâturages saisonniers. L'estive a été et est encore un élément de l'agriculture en Ariège, ceci est avant tout en rapport à la production de viande. L'estive a été réglementée par les lois depuis des temps immémoriaux. Selon l'ancienne loi pastorale, lorsqu'un agriculteur ne tenait pas son troupeau en estive, il était accusé pour pâturage illégal "vol d'herbe" et payait une taxe. C'est dans les estives que la multitude des traditions de la petite transformation laitière a survécu. L'Estive a aussi une longue tradition dans le secteur du tourisme en Ariège ainsi que de nombreuses opportunités de

1 Ces phénomènes, et plus récemment l'essor de la vente d'agneaux légers sur l'Espagne ont poussé à rechercher des mises bas d'automne précoces et très groupées. Le marché des bovins s'est lui aussi spécialisé. Les possibilités de vente de veaux de boucherie ou de gros bovins auprès des bouchers locaux se sont petit à petit érodées. En dehors de la vente de broutards, seule est restée la possibilité de valoriser quelques jeunes veaux très bien conformés (culards en particulier) auprès des maquignons et des groupements. Une caractéristique commune aux diverses évolutions évoquées est d'aboutir à une perte de souplesse des systèmes d'élevage. En outre, parmi les éleveurs qui se sont engagés le plus loin dans le processus d'intensification, certains n'ont pas pu ou n'ont pas su maîtriser les innovations adoptées, ce qui s'est traduit par une perte de cohérence interne de leurs systèmes d'élevage (Gibon, 1996).

loisirs pour les milliers de visiteurs qui passent d'innombrables heures chaque année dans le calme des milieux ouverts des prairies (B. Besche-Commenge, 2008).

Le territoire de l'estive est très diversifié. Dans ces domaines, le bétail paît sur une mosaïque de végétation de qualité très variable. Il est donc essentiel de déterminer le bon moment pour le déplacer à des sites spécifiques et adaptés durant tout l'été. En raison de la menace pour l'environnement des activités à forte consommation d'énergie, les relations entre agriculture et environnement sont généralement abordées sous l'angle de la limitation des effets négatifs des pratiques agricoles, notamment concernant la diffusion de polluants (Gibon, 1997). Ceci ne devrait concerner que les exploitations en intensif/industriel à forte connotation mécanique, phytosanitaire et autres ingrédients de la rentabilité à outrance. Dans la région méditerranéenne française, ce sont surtout les aspects positifs des activités agricoles qui sont mis en relief, comme le maintien de la biodiversité des parcours à travers le pâturage. Les questions environnementales dans ces domaines et les stratégies agricoles sont maintenant axées sur la préservation de la biodiversité2 (Clergue et al., 2005; Gibon, 1997).

La perte de la biodiversité est une question de dimension sociale, économique, culturelle et écologique complexe. Y faire face exige des solutions également complexes. Bien que ce soit une politique globale de développement, les choix pour la gestion de cette crise, requièrent une bonne compréhension du pourquoi et comment la biodiversité est en train de changer, et une intégration des connaissances de différentes disciplines. C'est une tâche difficile, et pour le moment, les exemples d'une recherche réussie ayant intégré pleinement plusieurs disciplines sont rares. La perte de la biodiversité peut affecter les fonctions et services des écosystèmes. Les fonctions d'un écosystème montrent en général une relation positive asymptotique avec l'augmentation de la biodiversité, ce qui suggère que certaines espèces sont redondantes. Cependant, les écosystèmes sont gérés et conservés pour des fonctions multiples, qui nécessiteraient une plus grande biodiversité (Hector et Bagchi, 2007).

L'agriculture ariégeoise est essentiellement le pastoralisme mobile dont la technique, la pratique, le fonctionnement, le rendement... s'excluent de la « norme » scientifique documentée. Ce n'est pas pour autant une pratique « occulte » mais un ensemble de pratiques dont la formulation arrêtée d'une « norme technique » ne décrirait pas la campagne. On est loin de la sagesse scientifique selon

2 Beaucoup de travail reste à faire dans la caractérisation des habitats des différentes espèces présentes et leur rôle dans le fonctionnement de l'écosystème pour justifier la préservation d'espèces en compétition ou conflit avec l'activité humaine notamment le pastoralisme.

laquelle : « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » ; peut-être valable quand le troupeau est au siège de l'exploitation, mais totalement invraisemblable quand il estive. On se retrouve donc souvent tenté de se conformer à la science et de vouloir résumer la technique d'élevage pastoral en Ariège à sa conduite sur l'exploitation. Mais comment décrirait-on le fonctionnement du tube digestif si la température interne n'était pas 37°C ? Il faut bien tenir compte de l'estive qui représente chaque année 3 mois de la vie d'une brebis et parfois jusqu'à 5 chez la vache. Comment détacher leurs interactions sur la suite du processus ? Peut-être on peut, en modélisant, arriver à normaliser l'élevage pastoral en Ariège. Mais il faudra que les bêtes réagissent tout le temps comme dans le modèle, que randonneurs et autres facteurs nouveaux (sangliers, vautours, marmottes...) ne s'y invitent pas de temps à autre et que le berger puisse... non seulement pouvoir intégrer la norme, mais se rendre compte que ça marche ! Sinon la réaction du chien de Pavlov devient inattendue.

Cette étude s'inscrit dans une formation orientée gestion du territoire pour une production durable. Ici, le pastoralisme fonctionne depuis des lustres sans qu'officiellement, on est eu vent de ses externalités négatives sur l'environnement puisque, contrairement à ce qui se pratique ailleurs, peu de mécanisation voire pas à certains endroits, peu de chimio-pratiques... Néanmoins connaissant la phrase « magique » de la chaîne trophique : « mange celui qui précède et est mangé par celui qui suit » ; tout le monde trouvant de quoi manger signifiant : milieu équilibré et fonctionnant normalement, on peut se dire qu'introduire un prédateur dans un tel milieu nous indiquerait la stabilité de son écosystème. Au nom du développement durable quel pré-requis faudrait-il pour que le social, l'économique ou l'environnemental ne se sente pas déshérité ? Quelle démarche mettre en place pour trouver la coopération des acteurs locaux indispensable au développement durable ?

Le but de ce travail n'est pas de répondre à des questions sur la durabilité de la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées ou de prendre position à propos de la polémique ours. Mais il s'agit ici de souligner ce qui s'est pratiqué jusqu'à présent comme technique pastorale en Ariège et ce qui pourrait techniquement être une pierre d'achoppement pour la mise en oeuvre des mesures d'accompagnement du plan ours et donc de compromettre la cohabitation pastorale. Pour traiter ce sujet j'ai choisi de garder à l'esprit les questions suivantes : Jusqu'à présent, le pastoralisme étant sur des équilibres et économies instables et fragiles; comment les nouvelles données (mesures d'accompagnement du plan ours) pourront-elles améliorer ce statut ? Quels dommages le pastoralisme traditionnel a créé ou crée à l'environnement au sujet de la biodiversité ? Quelle est la valeur de la biodiversité apportée par le pastoralisme "moderne" proposé ? Quelles sont les fonctions supplémentaires des écosystèmes montagnards avec les nouvelles données et procédures ?

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard