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La mouche noire et le comportement des populations

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par Harcel NANA TOMEN
ISSEA - Ingénieur d'Application de la Statistique 2008
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

La santé n'est pas seulement l'absence de maladie comme l'indique la définition adoptée par l'OMS ; elle ne peut être assurée que là où les ressources permettent de satisfaire les besoins de l'homme, et où le cadre de vie et de travail est protégé non seulement contre les risques qui menacent la vie et la santé, mais aussi contre les agents pathogènes tels que ceux transmis par les insectes vecteurs (COMLAN et COMLANVI, 2003). Ces agents sont à l'origine de la mort de millions d'individus (pour la plupart des enfants et des nourrissons) et des états pathologiques ou des incapacités chez des centaines de millions d'autres (OMS, 2003). De nos jours, l'un des agents pathogènes redoutables est celui de l'onchocercose, deuxième cause de cécité dans le monde (ONU FLASH, 2006). Il est connu sous le nom d'Onchocerca volvulus et transmis à l'homme par la piqûre de la mouche noire (simulie).

L'onchocercose touche 30 pays d'Afrique (dont 29 appartiennent à la Région africaine de l'OMS et le Soudan). En 2004 près de 142 millions de personnes étaient exposées au risque de contracter cette maladie dans la Région. Or la maladie rend aveugle 10 à 30 % de ses victimes (OMS/CRA, 2007). La cécité est de loin la manifestation la plus grave de l'onchocercose : elle atteint jusqu'à un tiers des individus vivant dans les communautés frappées par la maladie. Il ressort des publications que l'onchocercose occasionne 46 000 nouveaux cas de cécité chaque année et qu'environ 37 millions d'individus sont fortement atteints par la maladie (OMS/APOC, 2006). Le risque de cécité est élevé aux alentours des cours d'eaux car la simulie s'y reproduit. La simulie, pouvant voler à des centaines de kilomètres, est donc un facteur de propagation assez rapide de la maladie. La menace que représente l'action des mouches via l'onchocercose force des communautés entières à abandonner des terres fertiles pour se réinstaller dans des zones moins productives. La cécité des rivières influe donc sur le bien-être socio-économique des populations, d'où la nécessité d'une lutte antivectorielle.

La lutte contre l'onchocercose est un thème qui intéresse de plus en plus les gouvernements de tous les pays en voie de développement situés dans les zones intertropicales et équatoriales. Elle s'identifie à la recherche du bien-être au niveau macroéconomique à travers les politiques de développement. En 1974, la communauté internationale a créé le Programme de Lutte contre l'Onchocercose (OCP) qui s'étendait sur 11 pays touchés d'Afrique de l'Ouest. Initialement, la principale stratégie de l'OCP était l'épandage aérien d'insecticides dans les cours d'eau à grand débit. En 1989, l'OCP a fait du traitement à l'Ivermectine (Mectizan) sa seconde stratégie. Après avoir atteint son objectif dans certain pays d'Afrique de l'ouest, l'OCP a cessé ses activités vers la fin de l'année 2002. L'adoption de l'Ivermectine a permis de lutter contre l'onchocercose dans tous les pays de la Région Africaine3(*) où l'épandage aérien n'était pas possible. C'est ce qui a conduit, en décembre 1995, à la création du Programme Africain de Lutte contre l'Onchocercose (APOC). Ce programme couvre 19 pays de la Région Africaine et sa stratégie première et innovante est le Traitement à l'Ivermectine sous Directives communautaires (TIDC). Cette stratégie responsabilise les communautés, instaure la confiance et le partenariat entre les services de soins et les communautés, et renforce les systèmes de santé nationaux.

Au Cameroun, l'onchocercose est reconnue comme un problème de Santé Publique et est placé au centre des préoccupations de santé. En effet, cette affection sévit dans les dix provinces du Cameroun, avec près de deux tiers de la population exposée (MINSANTE/PNLO, 2006). C'est fort de la gravité du problème que la lutte contre l'onchocercose a été classée parmi les programmes prioritaires aussi bien dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté que dans la Stratégie Sectorielle de Santé ; l'objectif ultime étant d'éliminer l'onchocercose en tant que problème de Santé Publique d'ici l'an 2015 au Cameroun.

Face aux problèmes liés à l'action des mouches noires auxquels sont confrontées les zones intertropicales et équatoriales, nous nous sommes posés la question de savoir : quelle serait l'influence réelle des effets de ces derniers sur le comportement des populations?

Le principal objectif de notre étude est de caractériser le comportement des populations des villages infestés par les mouches noires. Il s'agit précisément de :

ü décrire le comportement des populations des villages infestés par les mouches noires ;

ü rechercher les variables qui influencent le comportement des populations victimes des effets des mouches noires ;

ü faire une analyse synthétique du comportement des populations par rapport aux effets des mouches noires.

Pour atteindre ces objectifs, nous utiliserons essentiellement les données issues de l'Enquête de Perception des Populations sur les Effets des Insectes vecteurs (EPPEIv) dans des villages infestés du Bassin Nyong-Sanaga au Cameroun, réalisée par l'ONG Yaounde Initiative Foundation en décembre 2006 et nous nous fonderons sur l'hypothèse principale selon laquelle le comportement des populations du Bassin Nyong-Sanaga reste inchangé quelque soit les effets des mouches noires dans la région. Cette hypothèse principale se décompose en plusieurs hypothèses secondaires à savoir :

ü les caractéristiques socio-démographiques n'influencent aucunement le comportement des populations du Bassin Nyong-Sanaga ;

ü les caractéristiques environnementales n'ont pas une influence significative sur le comportement des populations du Bassin Nyong-Sanaga ;

ü le comportement des populations du Bassin Nyong-Sanaga ne varie pas quelque soit les nuisances provoquées par les mouches noires.

Dans le cadre de cette étude, nous adopterons un plan à quatre chapitres. Le premier chapitre présentera les généralités sur la mouche noire. Le deuxième chapitre sera consacré aux différentes stratégies de lutte contre les mouches noires et l'onchocercose. Le troisième chapitre quant à lui aura pour objet de décrire les différents types de comportement adoptés par les populations du Bassin Nyong-Sanaga et de présenter leurs caractéristiques socio-démographiques et environnementales et le dernier chapitre sera consacré à l'analyse du comportement de ces populations par rapport aux effets dus aux mouches noires.

Première partie : Approche théorique 

« L'onchocercose africaine, considérée il y a quelques années encore de peu d'importance, apparaît au contraire comme une verminose extrêmement redoutable dans ses complications et ses répercussions sociales. Des conséquences insoupçonnées résultent de sa répartition et de sa fréquence dans les immenses étendues de l'Afrique Occidentale, Équatoriale et Orientale. »

Pierre Richet, Tenkodogo, 1938.

* 3 La Région Africaine comprend 29 pays de la Région africaine de l'OMS et le Soudan.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci