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Diagnostic agraire du Bajo Andarax, Almería (Agriculture intensive sous serre et travail des immigrés)

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par Sarah Dauvergne
AgroParisTech - DAA 2007
  

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    Sarah Dauvergne Analyse- Diagnostic du

    INA-PG, DAA Développement Agricole Bajo Andarax, Almería

     

    DIAGNOSTIC

    AGRAIRE DU BAJO

    ANDARAX,

    ALMERIA

     

    RAPPORT DE STAGE

    Mars - Aout 2007
    Maitre de stage : Francisco Camacho, université d'Almeria
    Tuteur de stage : Sophie Devienne, Chaire d'Agriculture Comparée, INA-PG

    TABLE DES MATIERES

    INTRODUCTION 6

    I. CONDITIONS NATURELLES ET CONTEXTE HISTORIQUE 7

    A. LES CONDITIONS NATURELLES 8

    1. SITUATION GEOGRAPHIQUE 8

    2. RELIEF ET CLIMAT 9

    3. LES SOLS 10

    4. LA VEGETATION 10

    B. RAPPEL HISTORIQUE 11

    1. L'HISTOIRE AGRICOLE ESPAGNOLE ET ANDALOUSE A PARTIR DU 1 8EME SIECLE 11

    2. L'HISTOIRE AGRICOLE DE LA PROVINCE D'ALMERIA A PARTIR DE L'EPOQUE ARABE 15

    C. LECTURE DE PAYSAGE ET ENQUETES HISTORIQUES 22

    1. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 22

    2. LES MARQUES DE L'HISTOIRE DANS LE PAYSAGE 24

    3. LA SUCCESSION DES SYSTEMES AGRAIRES : UNE HISTOIRE DE COLONISATION 27

    II. LE SYSTEME AGRAIRE ACTUEL 45

    A. LES ASPECTS TECHNIQUES 46

    1. PRESENTATION DES CULTURES 46

    2. LE MATERIEL 49

    3. ITINERAIRE TECHNIQUE 51

    4. CALENDRIER DE TRAVAIL ET DE PRODUCTION (VOIR ANNEXE 5) 53

    5. L'EAU 55

    6. CONCLUSION 56

    B. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION 57

    1. LES METAYERS 57

    2. L'AGRICULTURE FAMILIALE 58

    3. LA PETITE AGRICULTURE PATRONALE 60

    4. LA GRANDE AGRICULTURE PATRONALE 61

    5. L'AGRICULTURE CAPITALISTE 63

    6. SITUATION DES DIFFERENTS SYSTEMES DE PRODUCTION DANS L'ESPACE 64

    7. ANALYSE DES RESULTATS ECONOMIQUES 65

    C. REVENU DISPONIBLE 66

    1. TRESORERIE SUR UNE CAMPAGNE 66

    2. REVENU DISPONIBLE EN FONCTION DES EMPRUNTS 67

    D. ANALYSE DE SENSIBILITE 68

    1. LES VARIATIONS DE RENDEMENTS 68

    2. LA VARIABILITE DES PRIX 70

    3. LES SALAIRES 72

    III. CARACTERISTIQUES ET PROBLEMATIQUES DE L'AGRICULTURE ALMERIENSE

    75

    A. UNE AGRICULTURE INTENSIVE TRES PERFORMANTE 76

    B. LE BAJO ANDARAX DANS LA PROVINCE D'ALMERIA : COMPARAISON AVEC EL EJIDO ET

    NIJAR 77

    C. UNE AGRICULTURE (PERI-) URBAINE 78

    D. UNE NON - DURABILITE ENVIRONNEMENTALE 79

    E. L'UTILISATION DE LA MAIN-D'OEUVRE IMMIGREE 80

    F. DES ACTEURS MULTIPLES 81

    1. LES COOPERATIVES 81

    2. LES ENTREPRISES DU SECTEUR INDUSTRIELLE ET TERTIAIRE 82

    3. LES ACHETEURS 82

    4. LES SEMILLEROS 82

    5. LES BANQUES 83

    6. LES COMMUNAUTES D'IRRIGANTS 83

    7. LES POUVOIRS PUBLICS 83

    G. UN MARCHE FLUCTUANT ET SOUMIS A UNE CONCURRENCE TRES RUDE : LE PROBLEME DES PRIX84

    CONCLUSION 86

    ANNEXES 87

    ANNEXE 1 : STRUCTURE DU FONCIER ET DE LA PROPRIETE DANS LA PROVINCE D'ALMERIA 88

    ANNEXE 2 : CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE TRAVAIL 89

    ANNEXE 3 : LES NORMES DE QUALITE DE LA CASI 94

    ANNEXE 4 : FILS ET PERCHES 97

    BIBLIOGRAPHIE 98

    SIGLES ET TRADUCTION 99

    INDEX DES FIGURES

    Figure 1 : Situation de la Province d 'Almeria 8

    Figure 2: Situation de la Cafiada 8

    Figure 3 : précipitations mensuelles et nombre de jours de pluie à Almería, année 2005. Données recueillies à l'aéroport d'Almeria 9
    Figure 4 : Températures moyennes, minimales et maximales à Almería en 2005. Données recueillies à l'aéroport

    d'Almeria 9

    Figure 5 : limite entre la zone de serres et la steppe. 10

    Figure 6 : Photo aérienne des zones d'agriculture sous serres de la province d'Almeria 22

    Figure 7 : Photo aérienne de la zone étudiée 22

    Figure 8 : Les différentes zones dans le Bajo Andarax 23

    Figure 9 : entre la mer et la sierra, les serres s'étendent à perte de vue 24

    Figure 10 : Parcelles à l'air libre entourées de haies 25

    Figure 11 : Rangée de cafia 25

    Figure 12 : un cortijo 26

    Figure 13 : Occupation de l'espace dans les années 1950 27

    Figure 14 : devenir des principales classes sociales dans les années 1960 29

    Figure 15 : schéma d'une parcelle cultivée à l'air libre dans les années 1960 31

    Figure 16 : rôle des haies dans la protection contre le vent 31

    Figure 17 : rôle des setillos dans la protection contre le vent 31

    Figure 18 : la cafia est plantée au bord des canaux de sable ou de terre pour les renforcer 31

    Figure 19 : période de production de la tomate dans les systèmes de culture à l'air libre 32

    Figure 20 : évolution des différentes catégories sociales entre 1960 et 1975 34

    Figure 21 : L'occupation de l'espace en 1975 35

    Figure 22 : résumé de l'histoire récente (depuis 1970) 36

    Figure 23 : serre de type parral vue de l'intérieur 37

    Figure 24 : période de production sous les premières serres 37

    Figure 25 : Période de production avec les nouvelles variétés 41

    Figure 26 : Occupation de l'espace en 2000 43

    Figure 27 : Serres à toit incliné et asymétriques 49

    Figure 28 : calibreuse en fonction du poids 50

    Figure 29 : période de production et exigence en travail de chaque variété 54

    Figure 30 : période de production (double flèches) et moyenne des prix mensuels 2002-2006 par variétés 54

    Figure 31 : quantité d'eau qui sort de las 4 vegas par jour en fonction de la période années 1998 - 2006 source : las 4 Vegas 56

    Figure 32 : situation des différents systèmes de production dans l'espace 64

    Figure 33 : calendrier de trésorerie sur une campagne 66

    Figure 34 : flux de trésorerie au cours d'une campagne 67

    Figure 35 : effet d'une variation de rendement sur le revenu sur l'agriculture familiale et la petite agriculture

    patronale 68

    Figure 36 : effet d'une variation de rendement sur le revenu sur la grande agriculture familiale 69

    Figure 37 : variations de prix annuels de tomates en Andalousie (2002-2007) 70

    Figure 38 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour l'agriculture familiale et la petite agriculture

    patronale 70

    Figure 39 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour la grande agriculture patronale 71

    Figure 40 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la petite agriculture patronale 73

    Figure 41 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la grande agriculture patronale 73

    Figure 42 : production vendues à la CASI en tonnes 76

    Figure 43 : les serres se trouvent au milieu des chantiers de constructions 78

    Figure 46 : la concurrence est rude entre les différents fournisseurs de semences 82

    Figure 47 : Prix hebdomadaire de la tomate année 2001 à 2006 (source Junta de Andalusia) 84

    INTRODUCTION

    La province d'Almeria a longtemps été la plus pauvre d'Espagne, isolée du reste de la péninsule par la sierra Nevada. Aujourd'hui on la connaît sous le surnom de « jardin de l'Europe » puisqu'elle produit des produits horticoles qui inondent les marchés européens. Contrairement au reste de l'Andalousie qui a vu son agriculture dépérir, Almería s'est sorti de la misère grâce à l'agriculture, qui reste aujourd'hui encore l'activité fondamentale pour l'économie de la région. Nous allons étudier en détail quelles ont été les évolutions de l'agriculture almeriense et comment elle a transformé le désert en « jardin », et nous nous pencherons ensuite sur la situation actuelle et sur les problèmes qu'un développement rapide et incontrôlé a fait naitre.

    La zone d'étude choisie ne représente qu'une petite partie de la surface sous serre de la province d'Almeria. Ce sont environ 5000 ha de serres qui présentent une forte homogénéité. Située sur le delta du fleuve Andarax, c'est une zone d'agriculture traditionnelle qui s'est transformée et étendue à la fin du 20ème siècle. Elle présente des similitudes et des différences avec les deux plus grandes zones d'agriculture intensive sous serre de la province d'Almeria que sont El Ejido et Nijar, qui lui ont permis de se spécialiser dans la culture de tomates et de rester une zone productrice malgré la concurrence de ses deux homologues géants.

    I. CONDITIONS

    NATURELLES ET

    CONTEXTE HISTORIQUE

    A. Les conditions naturelles

    1. Situation géographique

    Almería est une province espagnole, situé dans le sud-est d'Espagne, intégrée à la Communauté Autonome d'Andalousie. C'est la province la plus orientale d'Andalousie.

    La capitale de la Province est la ville d'Almeria, situé dans le centre de la baie de même nom.

    Figure 1 : Situation de la Province d'Almerfa

    La zone étudiée est appelée le Bajo Andarax, du nom du fleuve qui la traverse. Elle est adossée à la ville d'Almeria.

    Figure 2: Situation de la Caùada

    2. Relief et climat

    Almería est une des provinces les plus montagneuses d'Espagne. Elle est traversée d'ouest en est par divers massifs montagneux d'origine alpine, intégrés dans la Cordillère Pénibética. Cette singulière disposition orographique est en grande partie responsable de l'isolement historique, tant de la province avec le reste de l'Espagne, qu'entre les différentes communes. Ses 219 km de côte incluent divers incidents géographiques, dont le golf d'Almeria.

    Le climat d'Almeria est subdésertique, méditerranéen, chaud et sec. Il y a en moyenne 50 jours de pluie par an, concentrés entre octobre et mai. La moyenne annuelle est entre 200 et 400 mm de précipitations par an. Les précipitations sont très irrégulières. Les cours d'eau sont secs la plupart du temps, surtout dans la zone côtière. En été, les pluies, rares mais violentes, peuvent provoquer des inondations sur les plaines alluviales mais les cours d'eau sont aujourd'hui endigués. L'eau de pluie ou provenant de la sierra Nevada permet l'alimentation des nappes phréatiques situées sous les cours d'eau.

    25,0

    20,0

    35,0

    30,0

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    nombre

    de jours
    de pluie

    précipita tion

    (mm)

    nombre de jour de neige

    Figure 3 : précipitations

    mensuelles et nombre de jours de pluie à Almería, année 2005. Données recueillies à l'aéroport d'Almerfa.

    Figure 4 : Températures moyennes, minimales et

    maximales à Almería en 2005. Données recueillies à l'aéroport d'Almerfa.

    Deux obstacles empêchent l'arrivée des précipitations : les montagnes de l'arrière pays, et la mer Méditerranée qui agit comme un obstacle très important aux pluies. Les précipitations viennent en fait de la masse d'air polaire et non de la mer. La température

    descend rarement en dessous de 12°C. Le climat est assez semblable à celui des zones de steppe d'Afrique du Nord.

    Un vent fort et incessant est caractéristique de la zone côtière. Il y a plusieurs sortes de vent : les deux plus importants sont le poniente, en hiver, qui vient de l'ouest et le levante, qui vient de l'est et fait augmenter la température de plusieurs degrés en été.

    3. Les sols

    Les sols sont érodés et immatures à cause du manque de pluie : il n'y a pas d'horizons B. Ils sont fréquemment à nu : les 4/5 des terres ne sont pas cultivées car le climat est trop sec. Le sol est riche en sable, à part autour du fleuve qui a apporté des limons venant des hautes terres.

    La grande majorité des sols sont des xérosols, a part aux abords du fleuve. Ce sont des sols marqués par la proximité de la mer, riche en sel et en sable, et par l'aridité.

    4. La végétation

    La végétation naturelle ne recouvre pas entièrement le sol. Le paysage est celui d'une steppe de graminée avec deux espèces spontanées favorisées par l'homme : l'esparto et l'albaldin. Il n'y a pas d'arbres : les derniers ont été coupés lorsque l'activité minière était très importante, au 1 9ème et au début du 20ème siècle.

     

    Les plantes sont petites et épineuses pour mieux résister à la sécheresse et 30 % des plantes sont des plantes annuelles. La végétation ressemble à celle d'Afrique du Nord.

    Figure 5 : limite entre la zone de serres et la steppe.

    B. Rappel historique

    1. L'histoire agricole espagnole et andalouse à partir du 18ème siècle

    a. Le 18éme siècle

    Au début du 18éme siècle, l'Andalousie est une région très riche, grâce à son agriculture et au commerce portuaire. Séville et Cadiz sont les villes les plus riches d'Espagne. Mais les écarts de richesse sont considérables, la reconquête de l'Andalousie par les Chrétiens, et divers processus de rachat, héritage et mariage a permis l'accaparement des terres par les nobles et la famille du roi. L'agriculture est de type latifundiste et est soumise au marché et aux investissements étrangers et, seulement 1/9éme des terres sont cultivées. De ce fait, la région ne suit pas la Révolution Industrielle qui démarre en Catalogne et se retrouve en quelques dizaines d'années parmi les régions les plus pauvres d'Espagne. Les principales productions sont les céréales, la vigne, l'olivier et l'élevage transhumant, exclusivité d'une « caste » de pasteurs très puissante : la Mesta. Une première Réforme Agraire est tentée par Charles III en 1768.

    b. Le 19éme siècle et la Desamortizacién

    En 1794, Jovellanos écrit un rapport d'inspiration smithienne qui prône l'accès à la propriété privée par le plus grand nombre. Sur cette base, la Couronne espagnole lance une politique de colonisation en Andalousie, en permettant à des colons de s'installer sur des lots de 32 ha, en plus de terres de pâture et de terres exploitables en arboriculture. Les colons viennent d'Allemagne et de Hollande. La Réforme Agraire de la ilustraci6n est engagée sur cinq principes : la libéralisation du commerce, la répartition des terres municipales, la consolidation du cultivateur, l'interdiction de sous-louer les terres et la limitation des privilèges.

    Par la suite, l'inquisition est abolie en 1820 et la Mesta, qui était contre l'encloturement des terres, en 1836. La Desamortizaci6n, qui consiste en la vente des terres de l'Eglise et des terres municipales va permettre aux grands propriétaires nobles et bourgeois de les racheter et de se forger de grands domaines. Il s'agit véritablement d'une révolution bourgeoise dont les bénéficiaires sont les spéculateurs, les bourgeois (commerçants, fonctionnaires,...), les classes rurales moyennes en voie d'« embourgeoisement », les nobles, quelques étrangers et quelques représentants du clergé. La propriété se concentre, et c'est à cette période que se constituent les latifundios qui existent encore aujourd'hui, surtout en Andalousie occidentale.

    Le défrichement des terres de parcours porte préjudice aux paysans les plus pauvres, les terres marginales sont mises en culture sans succès et souvent abandonnées. Beaucoup de contrats de location sont rompus ou la rente est augmentée. On assiste alors à la naissance d'un prolétariat paysan qui perdurera jusqu'au 20ème siècle, et à des mouvements et à des revendications paysannes. La Desamortizaci6n absorbe les capitaux et on fait alors appel aux investissements étrangers pour l'industrie, toutefois l'industrie est insuffisante pour absorber la main d'oeuvre paysanne.

    c. Le début du 20éme siècle

    La structure sociale est pyramidale, dominées par les latifundistes et propriétaires absentéistes. La première guerre mondiale, à laquelle l'Espagne ne prend pas part, provoque une hausse des prix et des exportations, notamment d'huile d'olive et relance la production, mais elle provoque aussi une forte inflation, insoutenable pour les salariés agricoles andalous. Des mouvements anarchistes et syndicalistes de grande ampleur apparaissent.

    A partir de 1920, Primo Rivera, soutenu par le Roi, installe une dictature stabilisatrice. Il engage une politique keynésienne et l'inflation diminue. Il abandonne le pouvoir en 1930, dans une situation de crise économique et de trouble.

    Des élections sont organisées, gagnées par une coalition de gauche menées par Manuel Azaña, qui lance une Réforme Agraire en 1932. Cette Réforme Agraire donne beaucoup de pouvoirs aux syndicats paysans, qui encore aujourd'hui sont très influents. Les latifundistes sont imposés très fortement et les surfaces sont limitées en fonction du type de culture. En réalité seulement quatre types de terres sont expropriables : les terres héritées du système féodal, les terres mal cultivées (trop extensives), les terres irrigables non irriguées et les terres systématiquement louées. Sont exclues les terres des grands propriétaires qui cultivent avec un système de faire valoir direct, les forêts et terres de pâture qui n'ont jamais été labourées, et les terres louées en métayage. Les paysans occupent spontanément les terres, ce qui va permettre une redistribution importante.

    Mais la Réforme Agraire a été mal ciblée, elle porte davantage préjudice aux moyennes exploitations qu'aux latifundistes qui font des pressions sur le gouvernement et résistent grâce aux mouvements nationalistes. La coalition se divise, les anarchistes et socialistes radicaux jugeant les réformes trop lentes, les modérés les jugeant trop rapides.

    En 1933, la droite gagne les élections et tentent de revenir sur la Réforme Agraire et d'en annuler les effets, ce qui provoque d'énormes tensions et une répression sévère. En 1936, la coalition du Front Populaire remporte à nouveau les élections, mais les socialistes refusent de participer au gouvernement. Les désordres de multiplient : combats de rue entre militants d'extrême gauche et phalangistes, prise de possession des terres par les paysans,...

    La Phalange favorise le coup de force du général Francisco Franco, le 17 juillet 1936 à Melilla. Le 18 juillet, les garnisons d'Espagne se soulèvent mais elles se heurtent à la résistance des grandes organisations ouvrières. Le pays se divise en deux, entre nationalistes (militaires, grands propriétaires) et républicains (ouvriers industriels ou agricoles). Il s'ensuit une longue guerre civile qui dure jusqu'en 1939. Franco se proclame chef de l'Etat le 1er octobre 1936. La guerre civile prend fin le 1er avril 1939, laissant derrière elle près de 400.000 morts et un pays ruiné.

    d. Le franquisme (i) 1939-1950 : el primer franquismo

    La résistance des républicains dure jusqu'en 1950. Franco mène une politique d'isolement et d'interventionnisme qui provoque de graves problèmes économiques. En 1937 est créé le Service National du Blé, en 1938, le Service National de Réforme Economique et Sociale de la Terre, chargée de la contre-réforme agraire et en 1939 l'Institut National de Colonisation. Le régime de Franco est largement soutenu par les grands propriétaires. C'est une période de grande pauvreté et de pénuries. L'alimentation est rationnée, les prix du blé sont soutenus chez le producteur et maintenus bas à la consommation, les autres productions

    ont des prix maintenus artificiellement bas, ce qui provoque le développement d'un marché noir. Les latifundistes profitent largement des prix très élevés du marché noir.

    Malgré des lois qui contraignent à l'augmentation de la production, à cause des prix très bas, des terres sont abandonnées ou les récoltes sont vendues au marché noir, la production baisse. La main d'oeuvre est très abondante et très bon marché : 52,3% de la population agricole andalouse est salariée. De plus, avec les prix agricoles bas et l'absence de syndicats ou mouvements de revendications, les salaires baissent. La main d'oeuvre est tellement bon marché que certains latifundistes vont expulser les métayers pour installer une agriculture à salariés. Dans les années 40 quelques mauvaises récoltes provoquent des famines.

    (ii) 1951-1959 : période de transition et d'ouverture

    A partir de 1950, la politique interventionniste est atténuée et la croissance économique repart, les autres pays européens sont également en pleine croissance après la guerre. Le rationnement est aboli en 1952. En 1959 est mis en place un Plan de Stabilisation Economique, qui libéralise le marché intérieur et extérieur. La peseta est dévaluée ce qui provoque l'afflux d'investissements étrangers. Les importations diminuent, et avec l'augmentation des revenus du tourisme et l'augmentation des capitaux étrangers, la balance des paiements s'équilibre.

    La conséquence de la nouvelle politique est l'augmentation des surfaces cultivées, de la productivité et de la production.

    (iii) 1960-1975 : années de développement

    Avec l'ouverture des marchés et le développement économique, les systèmes agraires se transforment brutalement. Le système traditionnel des années 1950 tombe en crise, la main d'oeuvre est trop abondante, les produits peu diversifiés (Franco avait largement soutenu la production de céréales), les minifundistes vivent d'une agriculture de subsistance et les latifundistes, protégés par les prix soutenus du blé, n'ont pas investi. L'équilibre de l'offre et de la demande du blé se rompt avec l'apparition de nouvelles habitudes alimentaires, la demande de viande, fruits, légumes augmente. Une forte émigration des journaliers, salariés et des petits producteurs dans les années 1960 provoque l'augmentation des salaires agricoles, et cette augmentation provoque l'intérêt des grands propriétaires pour investir et moderniser l'agriculture.

    Beaucoup de petites exploitations agricoles disparaissent. L'agriculture se modernise, avec l'utilisation de semences améliorées, d'engrais chimiques et les réseaux de commercialisation se développent. C'est également le début du crédit bancaire. L'agriculture jour un rôle décisif dans le développement industriel en se convertissant en demandeuse de produits industriel.

    L'envoi de capitaux par les nombreux migrants des pays européens vers l'Espagne et le tourisme sont aussi des facteurs importants dans la résolution de la crise.

    e. L'après- Franco

    (i) 19 76-1985 : la transition

    En 1979, la loi des « exploitations manifestement améliorables » touche les propriétés qui ne sont pas exploitées depuis deux ans, qui ne disposent pas de moyens suffisants ou dont

    la surface est supérieure à 50 ha irrigués ou 500 ha non irrigués. En 1984 est voté une nouvelle loi de Réforme Agraire.

    (ii) 1986-2007 . l'intégration à l'Union Européenne

    Il reste encore beaucoup de latifundios en Andalousie, surtout en Andalousie occidentale. 3% des exploitations s'étendent sur plus de la moitié de la superficie, et 57% des exploitations se partagent 7% de la superficie. En ce qui concerne les terres irriguées, les chiffres reflètent toujours une forte inégalité, mais moins marquée : 40% de la superficie est concentrée sur 3% des exploitations et 62% des exploitations occupent 14% de la surface. Le prix de la terre est élevé, et dans l'ensemble, les exploitations de petite taille ne s'agrandissent pas. Dans ce contexte l'agriculture intensive du littoral constitue une exception.

    2. L'histoire agricole de la province d'Almeria à partir de l'époque

    arabe

    « Pour la première fois depuis que je parcours le pays me vient à l'esprit que les almerienses n'ont jamais été protagonistes dans leur histoire, mais bien des figurants, résignés et muets. Occupée successivement par les Phéniciens, Carthaginois, Romains, Visigoths, Almería connut une brève période de splendeur dans les lumières de la domination musulmane. « Quand Almería était Almería, dit un proverbe que les anciens répètent avec mélancolie, Grenade était son grenier». Depuis sa conquête par les Rois Catholiques, la région a souffert d'une pathétique et incessante décadence. La monarchie espagnole lui a envoyé gouverneurs et maires mais Almería ne s'est pas vraiment intégré à l'Espagne. Les almerienses irriguèrent de leur sang les possessions d'Europe, d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique mais leur sacrifice n'apporta aucune compensation à leur petit pays. La déforestation, l'émigration ont transformé en ce désert actuel les paysages antiques. Colonisée par le pouvoir centralisé des Bourbons, comme elle le fut par l'industrie étrangère et catalane, Almería fut ignorée par les rois, ministres, réformateurs, écrivains. Une légende d'incompréhension et d'oubli devait la maintenir loin de tous les mouvements rénovateurs qui se produisirent en Espagne. Au dix-huitième siècle, elle était la cendrillon de nos provinces et quand les écrivains de Quatre-vingt Dix-huit marchèrent sur les chemins et la terre de la péninsule, ils se détournèrent d'elle, et ne jugèrent pas digne de leurs talents de défendre sa cause. Depuis toujours, offrant ses fils au pays, petits almerienses aux visages terreux, les cheveux noirs et le regard brillant, vêtus, sans aucun doute, des mêmes vêtements usés que leur descendants actuels... Ils ne furent jamais de grands conquérants comme les Castillans ou les Extremaduriens, navigants intrépides comme les Galiciens ou les Basques, ni commerçants de fortune comme les Sévillans ou les Catalans. Son apport fut presque toujours anonyme. Ils furent les rameurs silencieux des galons, la troupe souffrante des armées, la main d'oeuvre obscure vivant dans l'abnégation. Et si Almería figure peu dans les manuels d'Histoire, là où, de par le monde, un jour ou l'autre, les espagnols posèrent le pied, les fosses communes contiennent un bon pourcentage d 'almerienses. »

    Juan Goytisolo, 1960, Campos de Nijar.

    a. Les systèmes agraires mis en place par les Arabes (avant 1492)

    Almería fut peuplée et occupée par les Phéniciens, entretint des relations amicales avec les Grecs, puis fut colonisée par les Carthaginois et les Romains, les Vandales, les Wisigoths et les Byzantins. Cependant c'est la civilisation islamique, avec huit siècles de présence dans la province, qui exerça l'influence la plus importante. Au début du 8ème siècle, les Arabes -principalement des Yéménites- et les Berbères arrivent sur le territoire d'Almeria et commencent à développer une agriculture qui modifia substantiellement le paysage. Pechina est alors la capitale de la province. En 955, la ville d'Almeria qui jusqu'alors, avait été un quartier portuaire de Pechina est officiellement créée sous le nom de Al Mariyyat Bayyana, avec la création d'une forteresse destinée à résister aux attaques venant de la mer : l'Alcazaba. La nouvelle cité deviendra le principal port du califat de Cordoue et elle développera un important commerce avec la Méditerranée Orientale et l'Afrique du Nord.

    Les terres agricoles sont organisées en auréoles concentriques autour des villages. Les zones les plus importantes sont les vegas, c'est-à-dire les zones irriguées, situées sur les

    plaines ou cônes alluviaux, de petite surface et très intensives en travail, et les zones aménagées en terrasse plus proche de la sierra.

    Les jardins irrigués constituent la première auréole, proche des habitations. On y cultive le mûrier, l'olivier, l'amandier, l'oranger, la vigne, le lin et des produits horticoles... La cafia, graminées de 3 à 4 mètres de haut est utilisée pour protéger les parcelles du vent, et garde cette fonction jusqu'à l'arrivée des serres dans la zone.

    Les terres labourables irriguées : on y cultive des céréales, blé et orge, du lin, associés avec des produits horticoles et des arbres (mûriers, palmiers, orangers, citronniers, poirier, pommiers). Le travail du sol est effectué à l'aide d'un araire tiré par des boeufs ou des ânes.

    Les terrasses sont utilisées pour la culture de céréales en association avec de l'arboriculture, oliviers et figuiers. Les terrasses sont construites de manière à retenir l'eau.

    Les terres cultivées non irriguées produisent très peu : on y cultive dans les zones de bas-fond de l'orge et quelques arbres, par exemple l'amandier. Les récoltes sont aléatoires à cause de la rareté des pluies (on peut récolter une année sur deux ou trois), les friches sont très longues et on utilise le feu pour augmenter la fertilité du sol et se débarrasser des mauvaises herbes. On cultive aussi la barrilla sur les friches ou sur les céréales mortes, cette plante, qui apprécie les milieux salins, produit une sorte de soude utilisée dans la fabrication de savon.

    Le reste des terres constitue la plus grande surface : ce sont des espaces incultes, utilisés comme pâturage, et pour la collecte de l'esparto, plante spontanée, qui sert à la fabrication de cordes, et qui a permis durant des siècles la survie des habitants les plus pauvres.

    L'élevage de brebis et de chèvres est transhumant, entre la plaine côtière et la sierra.

    La province d'Almeria est déficitaire en céréales et doit en importer. Les paysans se livrent généralement également à des activités de petit artisanat, à partir de la soie, du lin, de la laine. L'unité administrative est le « taha ». La terre est propriété éminente du taha et un droit d'utilisation est accordé à celui qui la travaille. L'eau est liée à la terre, elle est un droit pour l'agriculteur. Les parcelles sont très dispersées.

    b. La reconquête par les Chrétiens

    Lorsqu'Almeria est reconquise par les rois chrétiens en 1500 environ, les musulmans se voient dans l'obligation de se convertir. On assiste alors à une forte émigration provoquée par la guerre, des Arabes vers l'Afrique du Nord, malgré l'interdiction formulée par les Chrétiens. La population d'Almeria chute brusquement. La côte se dépeuple, d'autant que l'instabilité politique provoque de très régulières attaques de pirates berbères qui dureront jusqu'au 19ème siècle : la population se réfugie dans les montagnes. La population rurale est surtout composée de musulmans convertis, qu'on appelle moriscos, alors que la population urbaine est chrétienne (cristianos viejos). On assiste donc surtout à une dépopulation des zones rurales, les terres cultivées sont abandonnées et des villages entiers disparaissent.

    Les conquérants vont s'employer à repeupler la zone à partir de 1540. Ils reproduisent le système en auréoles des arabes. La terre devient la propriété éminente du roi d'Espagne à

    qui les agriculteurs doivent verser 1/10ème des récoltes de céréales, et le tiers du produit des oliviers et des mûriers (1/5ème les dix premières années), à quoi vient s'ajouter plus tard la dîme. Avec l'appropriation des terres par les chrétiens, on assiste à l'émergence d'une forme de métayage.

    Les Chrétiens s'installent sur les terres abandonnées des arabes, et même dans leur maison. Ils appellent les parcelles suerte (sort), car elles sont dispersées. Sont créés les ejidos, terrains proches des villages et destinés à l'usage commun et des pâturages communaux. La culture de la vigne devient importante (les musulmans ne produisaient pas de vin).

    c. Le 17ème et le 18ème siècle

    Le 17ème siècle commence avec une dépopulation galopante, dues aux sécheresses et aux attaques des pirates. La repopulation chrétienne est insuffisante et la province est très isolée. C'est aussi le début de l'exploitation minière, qui contribue de manière très importante à la déforestation.

    Les terres sont toujours partagées entre les terres irriguées (vega) et les terres non irriguées (campo).

    Sur la vega, on pratique l'arboriculture, l'horticulture et on fait deux récoltes de céréales par an, blé, orge et mais. Les huertas, proche des habitations, sont cultivées très intensivement.

    Sur le campo, on cultive quelques céréales, blé, orge et seigle. Les cultures sont séparées par de longues friches. Les brebis et chèvres pâturent en hiver.

    La majorité des terres sont constituées du matorral, des terres de pâture dont la végétation laisse voir le sol. On continue de récolter la barrilla, spontanée ou cultivée, et l'esparto.

    Elevage transhumant des brebis et chèvres.

    La population est dispersée. La repopulation par les Chrétiens s'est faite de façon inégalitaire, en fonction du capital et du nombre d'animaux de labour. Il y a trois groupes sociaux : Les labradores (les laboureurs), anciens militaires, appelés ainsi car ils possèdent un attelage de boeuf de labour, les pegujaderos qui possèdent seulement un animal de labour, vache ou mule, et qui doivent donc en trouver un autre pour effectuer le travail du sol, les jornaleros, qui ont un accès limité à la terre et doivent vendre leur force de travail.

    d. Le 19ème siècle

    On arrive au 1 9ème siècle avec des systèmes de production qui ressemblent beaucoup à ceux qu'ont laissé les arabes. L'espace est toujours divisé entre les huertas, les terres irriguées, les terrasses et les terres non irriguées. La chute du commerce de la soie et la soude industrielle prive la région d'activités rémunératrices, mais on assiste à une explosion de l'activité minière.

    La Desamortizaci6n provoque la création de latifundios, de manière très relative toutefois car la région étant très aride, et les seules terres d'intérêts étant les terres irriguées, les terres de l'Eglise et les terres communales mises en vente sont de très petites surfaces.

    Les changements techniques de l'époque, rotation biennale avec culture de légumineuse à la place de la jachère, ne se généralisent pas, sans doute du fait de la structure

    en latifundios/minifundios. La révolution des transports avec l'utilisation de la vapeur va permettre l'exportation du raisin.

    La côte, qui avait été désertée à cause des attaques de pirates, se repeuple. Dans les terres hautes restent les journaliers, qui se tournent vers l'activité minière ou émigrent, et les petits propriétaires.

    e.

    Début du 20ème siècle : une des provinces les plus pauvres d'Espagne

    Deux activités permettent la naissance d'une bourgeoisie à Almería : l'exportation du raisin et l'activité minière, mais la grande partie de la population, travailleurs agricoles ou mineurs vivent dans une très grande pauvreté, ce qui provoque une forte émigration en Algérie et en Amérique.

    La province d'Almeria est l'une des plus pauvres d'Espagne, elle est considérée comme étant très « en retard » par rapport au reste de l'Espagne. L'absence d'industrie n'est pas compensée par l'activité agricole.

    La Guerre Civile, notamment le bombardement de la ville par les Allemands, laisse de profondes blessures. L'après-guerre est particulièrement dur, et à partir des années cinquante la province vit une authentique saignée démographique. Des milliers de personnes émigrent en Catalogne, en France et en Allemagne.

    f. Les politiques de colonisation des gouvernements Franco

    En 1956, avec le changement qui se produit dans la politique espagnole, l'ouverture sur le commerce international et la fin de l'interventionnisme du primer franquismo, s'initie à travers l'Instituto Nacional de Colonizaciôn (INC) une politique de colonisation des Campos de Dalias (El Ejido) et Campos de Nijar. L'action de l'INC consiste principalement dans l'installation d'infrastructure d'irrigation, transformant des milliers d'hectare en terres propices à la culture des fruits et légumes et l'installation facilitée de colons par des dons de bétail et une politique de logement. Les latifundistes qui ne mettent pas en culture les terres sont expropriés. C'est un revirement complet de la politique agricole de Franco.

    Différentes lois et décrets permettent ce changement, alliés au travail très important de l'INC. Les objectifs principaux de cette politique sont l'augmentation de la productivité et l'intensification en travail des systèmes de production, afin de créer une base sociale paysanne et de diminuer l'exode rural.

    L'intervention de l'Etat s'est focalisée sur le Campos de Dalias et de Nijar, situés à une trentaine de kilomètres, et n'a pas agit directement sur la zone étudiée, à part pour le financement de prêt privé aux propriétaires et aux producteurs mais on peut penser qu'elle a influencée grandement l'histoire de la zone.

    La Loi de Base du 26 décembre 1939 pour la colonisation de grandes zones. L'introduction de cette loi est une déclaration de principe :

    « La doctrine politique du Nouveau Etat signale par des jalons précis l'orientation de la Réforme Agraire.

    Le premier pas, ainsi que le signale de nombreux textes de José Antonio et du Caudillo, est la colonisation de grandes zones du territoire national, spécialement celles qui soumises par l'eau, attendent depuis des années l'irrigation qui permettra de féconder les

    terres. Non seulement les intérêts, parfois légitimes et respectable, du capitalisme rural, mais aussi d'autres bâtards, en se protégeant dans l 'Etat libéral et parlementaire, ont retardé durant des décennies la transformation la plus révolutionnaire qui se peut faire sur ce sol, l'irrigation, empêchant la réalisation d'immenses bénéfices économiques et sociales pour la Nation entière.

    La clameur des combattants, du peuple, et du sang versé pour les idéaux de la nouvelle révolution, exigent que nous dépassions les obstacles qui s'opposent à nous, et la collaboration des différents intérêts pour permettre à un rythme accéléré la colonisation des grandes zones irrigables de marais et la réalisation d'autres travaux de hauts intérêt national sur les terres sèches, afin d'augmenter le productivité du sol espagnol et la création de milliers de lots familiaux où la paysannerie libre emploiera cette liberté à soutenir, et à défendre celle de la Patrie, contribuant par son travail à sa grandeur. »

    Cette première loi ne remet pas en cause la propriété privée. En effet, le régime franquiste s'est largement appuyé sur les latifundistes pendant la guerre civile. Mais il y a tout de même l'idée de favoriser les métayers et les journaliers en augmentant la productivité grâce à l'irrigation, et ainsi augmenter la nécessité de main-d'oeuvre sur ces terres, afin de diminuer le chômage agricole. Certains pensent que l'irrigation dissoudra spontanément la grande propriété. Si il ne s'agit pas encore d'exproprier les grands propriétaires, il y a une reconnaissance du fait que le manque d'investissement des latifundistes, qui préfèrent ne pas prendre de risque et qui profitent des salaires agricoles extrêmement faibles pour ne pas moderniser l'agriculture, est préjudiciable à l'intérêt général.

    Cette loi part du principe que l'initiative privée permettra les changements et les investissements nécessaires.

    Loi du 20 novembre 1940 de Colonisation d'intérêt local. Cette loi, qui vient dans la suite de la précédente, aide les propriétaires à améliorer la productivité des terres, par l'installation de système d'irrigation.

    Mais ces différentes lois n'ont pas l'effet escompté, ou du moins pas assez rapidement, l'idée que l'initiative privée sera à la base de la transformation qui s'annonce, et qu'elle se fera en respectant la propriété privée des latifundistes s'effrite. C'est à ce moment que l'INC, vecteur de l'intervention étatique, va réellement prendre de l'importance.

    Décret du 23 juin 1942 : l'INC peut acquérir des terres agricoles avec un objectif de parcellisation. Décret du 5 juillet 1944 : l'INC peut acheter et parcelliser les terres. On réalise une « colonisation directe pour servir d'exemple ». La Loi du 27 avril 1946, sur l'expropriation inévitable de terres agricoles, est une révision de la Loi de Base.

    Loi du 21 avril 1949 : intervention de l'Etat, colonisation des zones irrigables et distribution de la propriété dans les zones irrigables, appui à l'action de l'INC. On abandonne la Loi de Base de 1939, et on cesse de protéger la propriété privée au nom de « fin sociale supérieure ». Comme l'initiative privée n'est pas un moteur assez puissant pour permettre les investissements, cette loi augmente l'importance de l'INC.

    L'INC va donc mettre en place des projets :

    * Le Plan Général de Colonisation permet à l'INC de transformer les terres sèches en terres irriguées si le propriétaire ne le fait pas lui-même et d'y installer des colons.

    * Le Plan de Travaux allie le ministère de l'Agriculture et le ministère des Travaux Publics pour la construction des infrastructures nécessaires : installation électriques, puits, habitations et bâtiments agricoles, habitations pour les commerçants et les artisans.

    * Le Projet de Parcellisation permet l'expropriation des grands propriétaires à moins qu'ils installent eux-mêmes le plus grand nombre de colons sur leurs terres.

    Les terres sont classées en trois groupes :

    * La réserve : Terres laissées aux propriétaires à condition qu'ils les cultivent eux- mêmes ou qu'ils y installent des métayers. La surface dépend du nombre de membres de la famille.

    * Les terres en excès : Les terres améliorables expropriées pour faire des lots familiaux.

    * L'exception : les terres qui, déjà irriguées atteignent les objectifs de productivité de l'INC ou les terres qui ne peuvent pas être irriguées.

    Si 5 ans après l'installation de structures d'irrigation, les objectifs de productivité ne sont pas atteints, les terres sont expropriées.

    En ce qui concerne les colons, on leur donne du bétail, du matériel, et une habitation qu'ils doivent rembourser au bout d'un certain temps.

    Le nombre de colons installés par l'INC est assez faible en comparaison du mouvement migratoire qui a lieu au début des années 1960. Les grands propriétaires, poussés par la menace de l'expropriation, font finalement les investissements nécessaires et de nombreux métayers se sont installés sur ces terres. Beaucoup de propriétaires ont finalement vendus leur terre aux métayers, à un prix bien supérieur au coût d'installation des structures d'irrigation et très supérieur aux indemnisations de l'INC.

    g. La fin du 20ème siècle : un renouveau basé sur l'agriculture intensive

    Les latifundios d'Andalousie orientale ne sont pas comparables avec ceux d'Andalousie occidentale. Les terres, dès lors qu'elles ne sont pas irriguées, ont peu de valeurs. Les minifundios se sont concentrés sur les terres irriguées alors que les latifundios s'étendent sur des hectares de terres désertiques. Les grands propriétaires ont adopté un mode de vie urbain et, peu à peu, se désintéressent des activités agricoles. La culture du raisin, fortement concurrencée, disparaît. Des migrations continuent des zones de montagnes vers la côte, et vers d'autres régions d'Espagne et d'autres pays d'Europe.

    La fin du siècle voit le renouveau d'une prospérité basée sur l'agriculture intensive sous serre et sur le tourisme. Le succès agricole a permis le développement de l'industrie et du secteur tertiaire. Le développement de la province d'Almeria, région enclavée et généralement oubliée, est perçu comme miraculeux. Voilà comment le décrivent Fernández Lavandera et Pizarro Checa en 1981 : « ...la seconde moitié du siècle nous a habitué aux miracles (...). Mais voilà le cas d'Almerta qui, contre les nouvelles lois économiques et sociales, s'est développée de manière spectaculaire, précisément grâce à l'agriculture ; fait si singulier qu'on ne peut le qualifier seulement de miracle .
    · c'est le miracle du miracle.
    » Beaucoup pressentent qu'un tel développement économique s'accompagne d'une grande fragilité.

    Des études historiques écartent cette vision miraculeuse et essayent d'expliquer ce changement dans l'économie d'Almeria. Les facteurs historiques mis en jeu, autres que techniques, économiques et politiques, peuvent être la présence d'une paysannerie

    méditerranéenne avec une ancienne culture de l'irrigation et le précédent d'autres cycles de production agricole orientée vers le marché extérieur.

    Au cours des dernières années, Almería s'est convertie en Terre promise pour des milliers d'immigrants d'Afrique du Nord et d'Europe de l'Est venus à la recherche d'une vie meilleure.

    C. Lecture de paysage et enquêtes historiques

    1. Présentation de la zone d'étude

    a. Choix de la zone

    Figure 6 : Photo aérienne des zones d'agriculture sous serres de la province d'Almerfa

    Campos de Nijar

    Bajo Andarax

    El Ejido

    Figure 7 : Photo aérienne de la zone étudiée

    La zone étudiée comprend la zone de serre à laquelle on ajoute les anciennes terres irriguées aujourd'hui urbanisée et les zones d'extension des serres (vers le nord et l'est). Elle présente une forte homogénéité de paysage, environ 5000 hectares de serres bornées à l'ouest par la ville, au sud par la mer, au nord par la sierra et à l'est par la steppe caractéristique des paysages d'Almeria. Comme on le verra, elle présente aussi une homogénéité historique et technique, notamment en ce qui concerne le choix de la culture et la gestion de l'eau. Il existe

    d'autres zones d'agriculture très intensive de même type : el Ejido et Nijar sont les plus grandes et ont une histoire assez différente.

    La zone d'étude peut se diviser en 5 parties : les deux vegas, c'est-à-dire les terres irriguées depuis plus d'un siècle : celle d' « ici » (la vega de acâ), proche de la ville et aujourd'hui urbanisée et celle de « là-bas » (la vega de allâ) plus éloignée de la ville, une zone de plaine (llanos de la Cafiada et de Alquian, les deux villages principaux), et la zone de piémont occupée depuis une dizaine d'année. La source de Viator, au nord de la zone, est exploitée depuis le 19ème siècle.

    Almería

    Vega de
    acâ

    Vega de
    alla

    La Cañada

    source urbanisation Cours

    d'eau

    Viator

    Llanos de
    la Caflada

    Llanos
    d'Alquian

    Zon

    es nouvellement colonisée

    El Alquian

    Plaines alluvionnaires

    1 km

    Figure 8 : Les différentes zones dans le Bajo Andarax

    b. Topographie

    La zone d'étude se présente comme une large plaine alluviale côtière, légèrement en pente vers la mer, et ondulée d'est en ouest. Le cours d'eau le plus important est le rio Andarax, et il y a trois petits cours d'eau qui vont prennent leur source en altitude et se jettent dans la mer. Tous les cours d'eau sont secs la plupart du temps, et se remplissent brusquement lors des pluies.

    La zone s'étend entre 0 et 150 m d'altitude. Le fleuve Andarax permet l'existence d'une plaine alluviale et chacun des petits fleuves se termine par un cône alluvial à proximité de la mer. Les cours d'eau sont bordés par des bourrelets de berge. Le sol est calcaire, l'eau s'infiltre dans le sol avant d'arriver à la mer, ce qui explique l'assèchement presque permanant des fleuves et l'abondance de l'eau dans les nappes phréatiques. Les plaines alluviales sont recouvertes de dépôts alluviaux très fertiles.

    2. Les marques de l'histoire dans le paysage

    (z) Les serres

     

    Figure 9 : entre la mer et la sierra,
    les serres s'étendent à perte de vue

    La première chose que l'on voit, c'est la multitude des serres, qui, apparemment recouvrent tout. Une première observation permet de comprendre que la culture principale est la culture de tomates. On trouve parfois du melon, poivron ou pois mais c'est très marginal. Le sol, que ce soit des serres ou des rares terres cultivées à l'air libre est systématiquement recouvert de sable. Les serres sont séparées les unes aux autres par des murets perpendiculaire au sens de la pente.

    On peut observer un gradient dans la modernité des znvernaderos : de manière très général, plus on va vers le nord-est, plus les serres sont grandes, hautes, arrangées géométriquement, et paraissent modernes. Il y a en fait une différence notoire entre les zones de vega, les zones proches du fleuve, dont le sol est recouvert de dépôts alluvionnaires, traditionnellement irriguées et cultivées intensivement et le reste des terres, qui historiquement sont des terres en sec et qui il y a quelques années s'incorporait dans le paysage de steppe.

    (ii) Les terres cultivées à l'air libre

    Il y a très peu de terres cultivées non recouvertes de serres. Ce sont des résidus de l'époque antérieure aux serres. Les parcelles sont très petites, recouvertes de sable, protégées par des haies de cafia vives ou sèches. On y cultive toutes sortes de choses, rarement de tomates qui sont désormais attaquées par les maladies: pommes de terre, pois, salades... Parmi ces jardins il y a parfois une parcelle couverte d'une bâche de plastique, mais non fermée, pour la culture de poivrons, concombres, melons... On peut penser que c'est sous cette forme que sont apparues les premières serres.

     

    Figure 10 : Parcelles à l'air libre entourées de haies

    (iii) La végétation

    (iv)

     
     

    Quelques plantes ont une

    importance historique, la cafia notamment, est une sorte de bambou qui sert à fabriquer les haies et à protéger les cultures du vent. On trouve aussi des cactus, qui, dans les zones non irriguées était une plante fourragère.

    Figure 11 : Rangée de caia

    (iv) Les habitations

    Il y a un grand nombre d'habitations, surtout dans la zone de vega, au sud-ouest. Les petites maisons appelées cortijos sont fréquemment accompagnée d'un bassin, pour stocker l'eau, et d'un entrepôt où l'on trie les tomates. Il y a des petits villages où l'habitat est concentré mais chaque exploitation possède son cortijo. Le grand nombre d'habitations permet de déduire que les exploitations sont très petites.

    Les habitations se font plus rares dans les zones où les serres sont les plus modernes et les plus récentes, c'est-à-dire au nord de la zone.

    Figure 12 : un cortijo

    (v) De fréquentes terres abandonnées

    On observe, surtout dans la zone de vega, des parcelles en friche, apparemment abandonnée, des serres non cultivés et des traces, sur les terres abandonnées, d'anciennes serres, signe que les terres ont été aménagées puis laissées sans culture.

    (vi) Les zones de steppe

    Les terres non irriguées sont utilisées comme terres de parcours pour les brebis et les chèvres bien que l'élevage ait quasiment disparu et soit le fait de personnes âgées. Elles sont des zones d'expansion pour l'installation de nouvelles serres.

    On peut voir des restes de terrasses abandonnées où on pratiquait sans doute une arboriculture en sec, avec des arbres pouvant résister à la sécheresse. Il reste également des rangées de cactus, plantées le long des terrasses ou au pied des pentes pour récupérer l'eau et qui étaient utilisés comme plantes fourragères. Une plante qui fut extrêmement importante pour l'économie de la région, l'esparto, pousse spontanément. Elle servait notamment à faire des cordes. Il y a très peu d'arbres, on peut en trouver parfois dans les bas-fonds mais ils sont à l'abandon.

    (vii) Conclusion : différentes zones avec une histoire différente

    Le principal enseignement de la lecture de paysage est l'existence d'une différenciation importante entre différentes zones de la Cafiada. Malgré une apparente homogénéité (culture de la tomate sous serres), chaque zone a connu une histoire différente. On peut observer dans le paysage un gradient historique des zones de vega, avec des serres petites, anciennes et basses, beaucoup de traces de culture à l'air libre (rangée de cafia, reste de haies), beaucoup d'habitations dispersées et les zones nouvellement colonisée avec des serres modernes, arrangées géométriquement et peu d'habitations.

     

    Figure 13 : Occupation de l'espace dans les années 1950

    3. La succession des systèmes agraires : une histoire de colonisation

    a. Les années 1940-1950 : une région très pauvre

    (i) Généralités

    Dans les années 1950, la province d'Almeria est très pauvre. Les agriculteurs regroupés sur les terres limoneuses des deux vegas pratiquent une agriculture de subsistance et un peu d'élevage et d'horticulture. Les terres irriguées sont situés sur les cônes alluvionnaires, à proximité des cours d'eau, aux endroits où les nappes phréatiques sont le plus proche de la surface. Les terres non irriguées servent de parcours pour le petit bétail (chèvres et moutons), les terres de parcours représentent approximativement la même surface que les terres irriguées. Les cours d'eau (à sec la plupart du temps) et les bas-fonds non irrigués sont utilisés comme terres de parcours et cultivés de manière très aléatoire par les éleveurs. Les terres situées plus au nord dans la sierra sont utilisée pour la culture du raisin, puis d'oranger, surtout le long du rio Andarax. Les plantes spontanées qui poussent dans la steppe, l'esparto notamment, et le bois, sont récupérées par les plus pauvres pour être vendus. La province souffre d'une saignée démographique provoquée par l'émigration.

    La vega de acâ, comme son nom l'indique, est plus proche de la ville d'Almeria, alors beaucoup plus petite et beaucoup plus éloignée, ce qui leur donne une facilitée pour vendre leurs produits.

    Il y a environ 500 exploitations agricoles, situées sur les terres irriguées. La propriété est très mal partagée, le système de métayage est très largement répandu : Le propriétaire doit fournir la terre et l'eau, et le métayer le travail, les consommations intermédiaires et la production sont partagée à 50%. Il existe un autre système de métayage où le propriétaire fournit la totalité des consommations intermédiaires et récupèrent 60% de la production. Le fermage est très rare car les agriculteurs n'ont pas les moyens d'avancer les frais de début de campagne.

    (ii) Les différenciations sociales

    Voici les différentes classes d'acteurs impliquées dans l'agriculture dans les années 1950, reconstituées grâce à des enquêtes auprès des agriculteurs âgés :

    Les journaliers : ils vivent de la cueillette de la végétation spontanée de la sierra, esparto et bois et vendent leur force de travail aux exploitations patronales et capitalistes qui le nécessitent. Ils existent aussi beaucoup de travailleurs salariés dans les plantations de raisins, jusque dans les années 30, puis d'oranger.

    Les éleveurs : ils ne possèdent ni la terre ni, bien souvent, le troupeau. Ils pratiquent un élevage de chèvre et de brebis transhumant entre les zones en sec de la plaine côtière et la sierra. Ils doivent payer aux grands propriétaires le droit de faire pâturer le troupeau sur les espaces de steppe. Ils pratiquent un peu de culture de céréales, surtout de l'orge, sur les terres non irriguées dans les bas-fonds aux abords des cours d'eau, mais ne peuvent récolter que les années où il pleut abondamment.

    Les métayers sur 1 ha avec un petit élevage : Ils cultivent sur les terres irriguées des céréales, blé et orge, de la luzerne, des pommes de terre et des arbres fruitiers. Ils pratiquent également un petit élevage : 2 ou 3 porcs et chèvres ou brebis qu'ils nourrissent grâce à la luzerne et qu'ils font pâturer sur des terres de parcours et dans les cours d'eau à sec. Ils vendent leur force de travail dans les exploitations plus grandes. Ils possèdent des animaux de traits, mules ou ânes. La production est avant tout destinée à l'autoconsommation.

    Les métayers sur 3-4 ha avec élevage de vache : Ils cultivent sur les terres irriguées des céréales, blé, orge, maïs, de la luzerne, des pommes de terre, et pratiquent l'horticulture (tomates, concombres, haricot) et l'arboriculture dans les jardins. Ils possèdent également des vaches pour la production de lait et le travail attelé et du petit bétail. Ils vendent le lait et les produits de l'horticulture, le reste étant destiné prioritairement à l'autoconsommation.

    Les petits propriétaires sur 1-2 ha. Ils produisent des céréales, blé, orge et maïs, de la luzerne, des pommes de terre, de la betterave, et de l'horticulture. Ils possèdent également quelques vaches laitières et des boeufs de travail. Ils vendent le lait et les produits de l'horticulture.

    Les propriétaires moyens sur 5-6 ha. Ils produisent des céréales, blé, orge et maïs, de la luzerne, des pommes de terre, de la betterave et possèdent des vaches laitières. Ils pratiquent également beaucoup d'horticulture. La main d'oeuvre est en partie salariée et la production est destinée prioritairement à la vente.

    Les grands propriétaires qui peuvent posséder 30 à 40 ha de terres irriguées et/ou 200 à 300 ha de terres non irriguées. Les terres irriguées sont cultivées en métayage ou par des salariés, on y pratique l'élevage et de l'horticulture destinés à la vente. Les terres non irriguées sont des terres de pâture : ils vendent le droit de pâture aux éleveurs.

    (iii) Les techniques de culture

    En ce qui concerne l'agriculture de subsistance, l'agriculture est associée à l'élevage. La luzerne est en rotation avec les céréales. Les animaux sont nourris par la luzerne, les résidus de culture, et la pulpe de betterave, pour ceux qui la cultivent. Le travail du sol attelé avec des ânes ou des boeufs est très largement utilisé, avec un instrument aratoire. Les cultures

    sont protégées du vent par des petites haies faites de cafia séchée, qui sont fréquemment arrachées par le vent et reconstruite.

    (iv) L'eau

    C'est la présence d'un des cours d'eau les plus importants de la région, le rio Andarax, qui explique l'existence d'une activité agricole dans cette région particulièrement sèche. L'eau provient de puits privés activés par de petites pompes électriques situés à proximité du fleuve, et de la source de Viator où l'eau est abondante en hiver et au printemps mais sèche en été. C'est donc toujours de l'eau souterraine qui est utilisée, l'eau de pluie peut être récupérée mais ne représente qu'une faible quantité d'eau, le fleuve est à sec sauf lorsqu'il pleut. Les eaux venant de la montagne sont drainées par l'Andarax jusqu'au nappes phréatiques.

    Les canalisations sont à l'air libre et permettent de relier les exploitations à la source de Viator. On irrigue par submersion : on laisse l'eau s'écouler sur le terrain légèrement en pente.

    (v) La vente des produits

    Les produits sont autoconsommés ou commercialisés sur le marché de la ville d'Almeria. Le lait est vendu au porte à porte jusqu'à l'ouverture de la central laitière.

    (vi) Le devenir des principales classes sociales

    On retrouve aujourd'hui très facilement les agriculteurs et les fils d'agriculteurs des métayers sur 3 ha, des petits et moyens propriétaires. Ils ont suivis et se sont adaptés à toutes les transformations qui vont suivre. En ce qui concerne les journaliers, les éleveurs, et les petits métayers, ils ont émigrés ou se sont reconvertis dans une autre activité, par exemple les enfants ne travaillent pas dans l'agriculture, mais on peut aussi les retrouver parmi les nombreux colons qui s'installent dans la région à la période suivante.

     

    Les journalier

    - Emigration

    - travail journalier

    - colonisation

     

    Les éleveurs

    - émigration

    - colonisation

     

    Les medianeros sur 1 ha avec un petit élevage

    - émigration

    - transformation du système de production

     

    Les medianeros sur 3-4 ha avec élevage de vache

    - transformation du système de production

     

    Les petits propriétaires sur 1-2 ha.

    - transformation du système de production

     

    Les propriétaires moyens sur 5-6 ha.

    - transformation du système de production

     

    Les grands propriétaires

    - installation de métayers

     

    Figure 14 : devenir des principales classes sociales dans les années 1960

    (vii) Conclusion

    L'après guerre civile est une période particulièrement dure pour la province d'Almeria. L'agriculture est tournée principalement vers l'autoconsommation avec un système latifundiste mais avec des tailles de propriété inférieur au reste de l'Andalousie, notamment parce que seules les terres irriguées, de petite surface, sont cultivables. Cette agriculture permet à peine de nourrir la population qui se voit dans l'obligation d'émigrer.

    b. Le début des années 1960 : changement radical et première vague de colonisation

    (i) Colonisation et changement de système

    Cette période voit de grands changements intervenir en Espagne : fin du rationnement alimentaire et de la politique ultra interventionniste de Franco, libéralisation des marchés et changements des habitudes alimentaires... Le gouvernement va, tout en protégeant officiellement les latifundistes qui soutiennent le régime, mener une politique de colonisation dans quelques zones d'Andalousie encourageant l'agriculture minifundiste à devenir productive. Almería attire l'attention par la situation désastreuse où elle se trouve, Franco s'y rend plusieurs fois. De nouvelles politiques sont mises en place pour favoriser l'installation de colons : l'octroi de crédit pour la construction d'infrastructures d'irrigation (puits et canaux) et la menace d'expropriation pour les propriétaires s'ils ne font pas les installations nécessaires et s'ils n'installent pas de métayers sur les terres irrigables (voir partie I.B.2.f).

    Ces changements attirent de nombreux colons qui viennent de l'arrière pays de la province d'Almeria ou des zones montagneuses de provinces voisines, notamment Grenade. Les colons s'installent surtout sur les anciennes terres de parcours alors que les autochtones restent sur les anciennes terres irriguées. La colonisation des terres à l'est et au nord des anciennes terres irriguées n'a pas cessé jusqu'à aujourd'hui.

    (ii) Les nouvelles techniques

    Les migrants viennent avec une nouvelle technique : la culture dans le sable. Cette technique était utilisée dans l'arrière-pays. Le sable, qui est très drainant, permet de conserver l'eau dans la terre et évite la formation d'une croute de sel. Il crée aussi un milieu chaud au niveau des racines qui favorise une production précoce. De plus, peu d'adventices peuvent pousser dans le sable. Les autochtones vont imiter les migrants et transformer peu à peu leur système de production en augmentant la place de l'horticulture et diminuant la céréaliculture et l'élevage. La région d'Almeria possède un avantage en termes de climat, qui permet une production de printemps précoce et une production d'automne tardive, qui va être mis à profit par les migrants.

    Le travail est essentiellement manuel, le désherbage se fait à la main, le travail attelé consiste désormais à ouvrir le sable pour pouvoir épandre le fumier tous les 4 ou 5 ans.

    Les semences sont récupérées sur les fruits des plants les plus beaux, on les fait germer, puis on les plante dans une pépinière de terre et lorsqu'elles ont atteint une dizaine de centimètres, on les plante dans le sable.

    Les parcelles sont protégées par des haies de cafia et la cafia et d'autres plantes spontanées servent aussi à fabriquer des setillos, des petites haies qui ne dépassent pas 50 cm de hauteur, qu'on utilise sur chaque rang pour protéger les cultures du vent pendant les campagnes de printemps. Les haies sont orientées nord - sud pour protéger des vents principaux qui viennent de l'est et de l'ouest (levante et poniente), ce qui présente aussi l'avantage d'être bien orienté par rapport à la lumière qui vient du sud. Les setillos sont eux orientés est - ouest, ils ne sont utilisés qu'au printemps lorsque le vent du nord peut provoquer des gelées. Ils sont légèrement inclinés de façon à laisser le soleil entrer vers le sud et à protéger du vent qui vient du nord. La cafia sert aussi de tuteur pour les tomates. L'installation et la rénovation (tous les 3 mois) des haies est un travail important.

    Setos de carias et autres
    plantes spontanées

    Vent du nord

    sable

    Sud

    Figure 17 : rôle des setillos dans la protection contre le vent

     

    Figure 18 : la caia est plantée au bord des canaux de sable ou de terre pour les renforcer

    31

    Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax, Almería

    setos

    Sud

    Canal d'irrigation

    Parcelle

    h = 3 -4 m

    1 m

    Rangs plantés

    L = 8 -10 m

    2xh

    Levante (été)

    Poniente (hiver)

    setos

    Murets de sable reconstruit à chaque saison, ouverts ou fermés selon les besois en eau

    Canal secondaire d'irrigation

    Figure 15 : schéma d'une parcelle cultivée à l'air libre dans les années 1960

    Figure 16 : rôle des haies dans la protection contre le vent

    Mouvement de l'air

    Vent

    INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007

    Les investissements nécessaires pour l'aménagement des parcelles sont le creusement de puits et/ou de canaux ouverts permettant l'utilisation de l'eau de la source de Viator, le nettoyage et l'aplanissement des terrains, il faut parfois amener la terre d'autres sites pour former un sol d'environ 50 cm, puis installer une couche de fumier de 5 cm et une couche de sable d'une quinzaine de centimètres, l'installation de haies autour de chaque parcelle et sur chaque rang de culture pour les protéger du vent. Des murets séparent les parcelles qui ne sont pas tout à fait à la même hauteur mais plutôt en escalier.

    L'aménagement de la parcelle est assez peu couteux mais nécessite beaucoup de travail, notamment l'entretien des haies. Les investissements concernant les infrastructures d'irrigation sont faits par les propriétaires et par les migrants disposant d'un petit capital après la vente de leur terre et/ou de leur troupeau dans leur région d'origine.

    L'action de l'INC se concentre sur les terres non irriguées sur lesquelles sont effectuées des installations, c'est-à-dire sur les terres occupées par les colons. Les autochtones investissent plus lentement car leur système de production est tourné vers l'autoconsommation et ne permet pas de gros investissements, à part les propriétaires moyens autochtones qui peuvent investir rapidement. Les grands propriétaires, poussés par la menace d'expropriation toute proche, se concentrent sur l'aménagement de nouvelles terres et investissent peu sur les terres données en métayage de la vega. L'avance prise par les colons ou les autochtones ayant les moyens d'investir rapidement dans l'aménagement de parcelles pour l'horticulture intensive est décisive et elle explique en partie les actuelles différenciations sociales.

    Les variétés de tomates sont des variétés locales sélectionnées par les producteurs, à cycle court, il y a deux campagnes de 2 ou 3 mois par an, l'une d'aout à décembre et l'autre de janvier à juin, ou une campagne de tomates suivie d'une autre culture. Les rotations peuvent être Tomates/Tomates, Tomates/Poivrons, Concombres/Tomates, Concombres ou Tomates/Pastèques, Pastèques/Pois ou Courgette/Tomates de printemps ou Pastèques... L'hiver est trop froid pour permettre la culture de tomate sur une seule campagne qui dure d'aout à juin (comme c'est le cas actuellement).

    Juil.

    Nov. Dec.

    Janv. Fev.

    Mars Avril

    Mai Juin

    Oct.

    Aout Sept.

    Production

    Production

    Figure 19 : période de production de la tomate dans les systèmes de culture à l'air libre

    Le rendement de tomates est d'environ 3 kg/m2 avec une densité de plantation plus importante qu'aujourd'hui. Pour faire une comparaison, en prix courant, en 1960, 1 kg de tomates valait 25 pesetas et un travailleur était payé 50 pesetas par jour de travail, aujourd'hui 1 kg de tomates vaut approximativement 90 pesetas (0,50 €) et un travailleur gagne 7000 (42 €) pesetas par jour. Le produit brut d'1 m2 de tomates était donc d'environ 75 pesetas. Si on considère que l'indice des prix à la consommation est de 2000% entre les années 1960 et aujourd'hui (source : INE), cela représente 1.500 pesetas, ou 9 € de 2006. Aujourd'hui le

    produit brut est du même ordre, avec un rendement beaucoup plus important (entre 3 et 6 fois supérieur) et les charges étaient beaucoup plus faibles qu'aujourd'hui.

    (iii) L 'eau

    L'irrigation se fait par submersion toutes les deux semaines, sur des parcelles légèrement inclinées. L'Etat est intervenu pour briser le monopole de sociétés privées sur l'eau et répartir l'accès à l'eau. Les propriétaires des terres vont également installer des puits. La conséquence est que dans presque toutes les exploitations de la vega, il y a un puits. Il existe également des puits communautaires.

    (iv) La commercialisation

    Au début, ce sont des sociétés de commercialisation qui se chargent de la vente des produits. Les premiers commerçants à s'intéresser au nouveau secteur sont valenciens et murciens. Peu à peu les coopératives montés par les agriculteurs, incitant les producteurs à calibrer les produits et utilisant un système de vente aux enchères à la baisse ont pris de l'importance et ont concurrencé les sociétés de commercialisation, qui ont disparu. La première coopérative agricole, la Coopérative Agricole de San Isidro (CASI), existe depuis 1944, elle se développe à partir de 1965. La production est alors destinée au marché espagnol. Des réglementations limitent l'exportation vers les pays de la CEE jusqu'en 1990.

    (v) Les nouvelles différenciations sociales

    Les années 1960 sont des années de transition entre les anciens et les nouveaux systèmes. L'élevage continue d'exister jusque dans les années 1980 (année de la fermeture de la centrale laitière) mais cesse d'être prédominant avec l'arrivée de colons qui s'installent pour pratiquer l'horticulture. Les produits sont encore très divers : tomate, concombre, poivron, pastèque, melon, pomme de terre, petit pois et fève. Il y a souvent un petit élevage, mais les colons peuvent s'installer directement sans élevage. On peut différencier les agriculteurs selon la taille des exploitations, le mode de faire-valoir et l'utilisation ou non de main d'oeuvre salariée. La main d'oeuvre familiale reste largement majoritaire.

    Les journaliers travaillent dans les exploitations patronales ou capitalistes. Ils peuvent être originaires de la région ou être arrivés de région voisine sans capital.

    Les métayers autochtones sur 1 ou 2 hectares continuent à pratiquer un petit élevage associé à la culture de céréales, de luzerne et de pomme de terre. Ils donnent de plus en plus d'importance à l'horticulture.

    Les métayers autochtones sur 3 ou 4 hectares continuent de pratiquer l'élevage et donnent de plus en plus d'importance à l'horticulture.

    Les métayers colons sur 1 ou 2 hectares pratiquent l'horticulture et un petit élevage (2 ou 3 porcs ou chèvres). La main d'oeuvre est familiale. Ils ne s'installent pas sur des surfaces supérieures à 2 hectares car au-delà de cette surface, il est nécessaire de faire appel à de la main d'oeuvre extérieure. La priorité est d'acheter les terres, pas d'agrandir les surfaces louées en métayage. Les travailleurs doivent parvenir à une relation de confiance avec le propriétaire pour accéder au métayage.

    Les petits propriétaires autochtones sur 1 ou 2 hectares continuent à pratiquer l'élevage et accentue l'horticulture. La main d'oeuvre est familiale.

    Les petits propriétaires colons sur 1 ou 2 hectares ne font que des produits horticoles. Ils sont en général arrivés avec un petit capital qui leur a permis d'accéder rapidement à la propriété. Ils ont parfois besoin d'un apport très ponctuel en main d'oeuvre salariée mais l'essentiel de la main d'oeuvre est familiale.

    Les propriétaires moyens sur 4 à 10 hectares pratiquent l'horticulture. Ils transforment très vite leur système de production car ils ont les moyens d'aménager les parcelles (installation d'une couche de sable, de haies...) et ils cultivaient déjà des produits horticoles pour la vente. La main d'oeuvre est familiale et salariée. Ils peuvent louer une partie des terres à des métayers.

    Les grands propriétaires installent des colons en métayage et pratiquent une agriculture capitaliste. Ils ne font que des produits horticoles.

    Beaucoup de familles passent par des phases transitoires, avec parfois très peu de terres (3000 - 5000 m2) pendant une ou deux années ou associent pendant quelques temps des terres en métayage et des terres en propriété cultivées plus intensivement. Les exploitations capitalistes vont se morceler progressivement en très petits lots, être cultivées en métayage et être rachetées petit à petit par les agriculteurs familiaux.

    Les prêts, surtout des prêts de campagne, qui sont en fait des prêts à la consommation permettant de passer les mauvaises années, sont assurées par les commerçants avec des taux d'intérêts très importants.

    (vi) Evolution dans la répartition de la propriété

    De manière générale, la nouvelle manière de cultiver est très rentable, et les métayers peuvent accumuler du capital pour racheter les terres. Le nombre d'exploitation agricole double entre 1960 et 1975. La surface moyenne des exploitations a tendance a diminué avec le passage de l'agriculture d'autoconsommation à l'horticulture beaucoup plus intensive en travail et qui peut permettre à une famille de vivre même avec des très petites surfaces (à partie de 3000 m2).

    (vii) Le devenir des principales classes sociales

     

    Les paysans sans terre

    - accès au métayage

    - changement d'activité

     

    1 à 2 hectares à media, autochtones

    - spécialisation dans l'horticulture - achat 1 à 2 ha

     

    1 à 2 hectares à media, colons

    - achat 1 à 2 ha

     

    3 à 4 hectares à media, autochtones

    - spécialisation dans l'horticulture - achat 1 à 2 ha

     

    1 à 2 hectares en propriété, autochtones

    - spécialisation dans l'horticulture

     

    1 à 3 hectares en propriété, colons

    - agrandissement et spécialisation dans la culture de tomates

     

    5 à 10 hectares en propriété

    - spécialisation dans la culture de tomates

     

    Les grands propriétaires

    - installation de métayers

    - vente

    Figure 20 : évolution des différentes catégories sociales entre 1960 et 1975

    (viii) Une nouvelle occupation de l'espace

    Les nouveaux arrivants vont s'installer surtout dans la vega de allâ, car la vega de acâ (à l'ouest du fleuve) est limitée par la ville d'Almeria qui s'approche.

    Figure 21 : L'occupation de l'espace en 1975

    (ix) Conclusion

    Les années 1960 sont l'époque de la spécialisation vers l'horticulture à l'air libre. Les politiques de colonisation ont permis d'améliorer très significativement le niveau de vie des habitants de la province d'Almeria. Les deux éléments les plus importants sont la nouvelle répartition des terres, avec l'augmentation de la surface de terres irrigués et son parcellement en lot de colonisation et les changements techniques, notamment un accès renforcé à l'eau et la culture sur sable.

    Il y a une sorte de hiérarchie traditionnelle entre le travailleur salarié, le métayer, l'agriculteur propriétaire familiale, patronal et capitaliste. L'âge d'or qui débute dans les années 1960 et se poursuit jusque dans les années 1990 est marquée par une ascension sociale, les salariés deviennent des métayers et les métayers qui pratiquent l'horticulture de manière intensive ont les moyens de devenir propriétaires, de même les colons qui accèdent à la propriété vont s'agrandir et devenir des petits patronaux alors que les agriculteurs autochtones, qui ne bénéficie pas forcément des nouvelles infrastructures et qui doivent investir eux-mêmes vont aller plus lentement. Limités dans l'agrandissement car ils sont « bloqués » dans la vega et ne souhaitent pas forcément, ni vendre leur terrain ni disperser leur parcelles, ils forment encore aujourd'hui des exploitations familiales, à part pour les plus grands (ceux qui possédaient déjà 5-6 ha) qui vont racheter des terres et s'agrandir. Les rares exploitations capitalistes que l'on trouve aujourd'hui sont de nouvelles exploitations, créées récemment par des personnes attirées par le succès de la culture de tomates et par l'accès facile à la nouvelle main-d'oeuvre immigrées.

    c. De 1975 à auiourd'hui : La culture sous serre

    2000

    Plan d'enterrement des canalisations

    Recyclage des eaux urbaines

    Premiers systèmes d'irrigation équipés d'ordinateur

    Obligation de fermer les serres et fin de la culture sans serre (virus)

    Premières serres à toit incliné

    Premières vagues d'immigration venant

    du Maroc

    Début du développement de l'activité des

    semenciers

    Début d'urbanisation sur les terres
    agricoles
    Début des exportations

    Premières variétés "améliorées" à cycle long

    Premières variétés hybrides

    1990

    1980

    Début du développement de l'activité bancaire (taux d'intérêts autour de 20 %)

    Premiers systèmes d'irrigation au goutte à goutte Premières canalisations enterrées

    Premières serres ouvertes et planes

    1970

    Figure 22 : résumé de l'histoire récente (depuis 1970)

    (i) 1975 : Premières serres : allongement de la période de production

    Le mouvement de colonisation ne faiblit pas, les migrants venant des zones montagneuses innovent avec la culture sous serre à partir de 1975. Les serres sont en fait des bâches de plastique recouvrant les cultures et ouvertes sur les côtés. On les appelle « parral » car elles sont inspirées de ce qui se fait dans la sierra dans les régions productrices de raisin où on installe des bâches sur les pieds de vigne pour protéger les cultures du vent et avancer ou retarder la période de production.

    Les premières serres font environ 3 mètres de hauteur et sont constitué de bois (puis de fer) et de plastique (qu'il faut changer tous les ans). Des trous sont percés sur le toit pour laisser passer l'eau. Il n'y a donc pas de contrôle ni sur l'eau, ni sur le vent. L'apport en eau douce peut être avantageux mais est très aléatoire : si l'humidité augmente à l'intérieur de la serre et que la ventilation est insuffisante, la production pourrit. La serre ne peut pas protéger les cultures des maladies mais elle protège les cultures du vent, jouant le rôle anciennement dévolu aux haies et permet d'augmenter la durée de la période de production en augmentant artificiellement la température au niveau des cultures.

     

    Figure 23 : serre de type parral vue de l'intérieur

    Cette transformation s'accompagne de la colonisation de nouvelles terres, avec un effet auto-entrainant : la technique de la culture sous serre est largement inspirée des pratiques amenées par les migrants et la migration est encouragée par le succès de ces nouvelles pratiques.

    Les variétés de tomates sont des variétés à cycle court, il y a encore deux campagnes par an. La période de production se rapproche de la période hivernale, moment où les prix montent car les pays d'Europe du nord arrêtent de produire. Cela permet aux producteurs d'accumuler du capital et d'investir et aux métayers de racheter les terres.

    L'irrigation se fait encore par submersion. L'eau provient des puits et de la source de Viator par l'intermédiaire de canaux ouverts. Les aménagements sont des aménagements privés, dans le cas du métayage, c'est le propriétaire de la terre qui a à charge de fournir l'eau.

    Dans le même temps, les agriculteurs spécialisent les productions, d'abord vers deux cultures, la tomate et le poivron et finalement vers la tomate. Les premiers à se spécialiser sont les exploitations patronales, les exploitations familiales cherchant à optimiser l'utilisation de la main d'oeuvre en produisant d'autres cultures qui nécessitent moins de travail. Cette spécialisation vers la tomate s'explique par deux éléments : le fait que c'est une des cultures à plus haute valeur ajoutée, qui nécessite beaucoup de travail et ce travail est apporté par le réservoir de main d'oeuvre issue des migrations, et la salinisation progressive de l'eau, due à une surexploitation des aquifères.

    On a donc à cette période les nouveaux colons et les agriculteurs qui en ont les moyens, tout d'abord les moyens et grands propriétaires, qui vont commencer à cultiver sous serres alors que beaucoup d'autres continuent à cultiver à l'air libre. Dans le cas du métayage, c'est le propriétaire qui installe les serres.

    Juil.

    Nov. Déc..

    Janv. Fév..

    Mars Avril

    Mai Juin

    Oct.

    Aout Sept.

    sous serres sous serres

    à l'air libre à l'air libre

    Figure 24 : période de production sous les premières serres

    (ii) 1980 . le système d'irrigation au goutte à goutte

    Dans les années 1980, la culture sous serre se généralise, les propriétaires des terres louées en métayage investissent pour la plupart dans les serres même s'il reste des parcelles cultivées à l'air libre par certains métayers ou petits propriétaires jusqu'en 1995, ensuite il n'est plus possible de cultiver à l'air libre à cause des épidémies. En 1980, la fermeture de la centrale laitière marque l'arrêt total de la production de lait, qui avait déjà presque disparu.

    La nouvelle innovation technique, qui permet d'augmenter l'efficacité de la culture sous serres et explique sa généralisation, est le système d'irrigation au goutte à goutte qui remplace l'irrigation par submersion. L'irrigation au goutte à goutte permet un meilleur contrôle de l'eau, évite le stress hydrique, permet d'économiser les produits chimiques et nécessite moins de travail. Les premières canalisations enterrées sont installées grâce à des initiatives privées car elles permettent d'économiser l'eau. On ferme les serres pour pouvoir contrôler davantage l'humidité et on installe des ouvertures latérales pour laisser entrer le vent. Les nappes phréatiques commencent à baisser et à se saliniser.

    L'irrigation au goutte à goutte, qui évite le stress hydrique en permettant un apport continu en eau permet l'utilisation de nouvelles variétés plus sensibles. Le rendement sous une serre fermée avec un système d'irrigation au goutte à goutte et les nouvelles variétés hybrides est d'environ 6 kg/m2, soit le double du rendement obtenu avec la culture à l'air libre.

    Les nouvelles variétés hybrides à croissance indéterminée qui permettent de rallonger la durée des campagnes mais ne permettent pas encore de faire un seul cycle de culture par an. L'avantage de ces variétés est de rapprocher la période de production de la période hivernale où les prix montent et de compenser les fluctuations de prix intraannuelles grâce à une longue campagne. Les prix élevés permettent aux producteurs d'accumuler du capital et de racheter les terres.

    Avec un prix de vente de 50 pesetas, le produit brut d'un m2 de tomates est de 300 pesetas. L'indice des prix à la consommation entre 1980 et aujourd'hui est de 350% (source : INE), 300 pesetas de 1980 équivalent en terne de pouvoir d'achat à environ 1000 pesetas de 2006, ou 6 € de 2006. A l'époque, construire un invernaderos coûte environ 250 pesetas par m2, le produit brut d'une année permet donc de rembourser la serre, les consommations intermédiaires et la main d'oeuvre ont un prix inférieur à celui d'aujourd'hui.

    Les faible couts de production, notamment en main d'oeuvre (et ceci malgré l'importance des syndicats d'ouvriers agricoles en Andalousie) permettent d'être plus compétitifs que les pays d'Europe du Nord (par exemple que les producteurs français). A partir de l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne, le développement économique offre d'autres possibilités d'emploi aux journaliers andalous dont le nombre est en baisse, ils sont remplacés par des travailleurs clandestins venant du Maroc dont l''immigration massive dans les années 1990 aura une grande influence sur la région.

    En même temps, le développement de l'activité bancaire facilite l'installation des jeunes sans passer par l'étape préalable du métayage. Les taux d'intérêts sont de 20 % environ. La commercialisation est désormais le domaine exclusif des coopératives agricoles et se fait systématiquement par un système d'enchère à la baisse. La production est de plus en plus destinée au marché européen même si une grande partie est encore vendue sur le marché espagnol.

    La plupart des coopératives agricoles incitent les producteurs à conditionner eux- mêmes leur production. Le conditionnement consiste à trier les tomates en fonction de leur taille, ou de la taille du rameau, de leur couleur, de leur forme..., à les laver et à les présenter dans de petites caisses fournies par la coopérative. La manipulation des tomates occupe une grande partie du temps de travail (la moitié du travail en période de production). Des machines peuvent être utilisées pour faciliter le tri des tomates et leur conditionnement, ce sont des calibreuses qui trient les tomates en fonction de leur poids et les laveuses. C'est la seule forme de mécanisation du travail, qui reste essentiellement manuel. Ces calibreuses ne sont utilisées que dans les grandes exploitations. Le conditionnement et la présentation des produits vont prendre de plus en plus d'importance.

    C'est également dans les années 1980 que la ville d'Almeria commence à empiéter sur les terres agricoles, cela provoque une baisse des investissements dans les zones les plus proches de la ville et une migration des jeunes agriculteurs vers de nouvelles terres colonisées.

    En parallèle, l'importance des grands propriétaires diminue désormais très vite, notamment du fait de l'urbanisation, qui crée un nouveau secteur économique très important, la construction. Cette activité et le tourisme représentent des débouchés rentables pour les capitaux et ont un effet de concurrence sur le capital avec l'activité agricole dont se désintéresse la petite bourgeoisie propriétaire des terres, ce qui facilite le rachat des terres pas les métayers.

    (iii) 1990 : un nouveau paquet technique et l'arrivée des travailleurs marocains

    Dans les années 1990, on expérimente de nouvelles serres à toit incliné qui ne laissent pas rentrer l'eau et qui vont se répandre chez les agriculteurs aisés. Ces serres sont plus hautes et possèdent des fenêtres dont on peut contrôler l'ouverture. Cela permet un meilleur contrôle de l'humidité à l'intérieur de la serre et diminue les pertes par pourriture. L'eau de pluie peut être récupéré et remontée vers le bassin grâce à de petites pompes. Ces serres représentent un coût deux fois plus important que les serres planes, Ce sont les premiers colons propriétaires et les propriétaires autochtones moyens qui ont les moyens de renouveler leurs serres. Les producteurs préfèrent utiliser une nouvelle sorte de plastique qui se change une fois tous les trois ans.

    L'irrigation au goutte à goutte se généralise. Des aménagements privés permettent d'augmenter le nombre de canalisations enterrées.

    De nouvelles variétés, à croissance indéterminée, permettent la culture sans interruption d'octobre à mai, que ce soit sous les anciennes serres planes ou sous les nouvelles serres. Ces variétés sont utilisées de façon optimale grâce à la culture sous serre : la période de production se situe en l'hiver, moment où les prix montent car les pays d'Europe du Nord (France et Hollande) arrêtent de produire. Tous les producteurs peuvent profiter de ces bons prix, ce qui va permettre au plus grand nombre de racheter les terres, ou s'ils sont déjà propriétaires, de s'agrandir et d'investir dans de nouveaux équipements. La rentabilité de ce nouveau système attire les banques, qui vont jouer un rôle de plus en plus important (crédit pour l'installation, l'achat d'équipement ou l'agrandissement, prêt de campagne). Les taux d'intérêts baissent, sous l'influence de l'Union Européenne et de la Junta de Andalusia, de 20 % à 5 %.

    Comme avec les nouvelles variétés, les plants de tomates peuvent atteindre jusqu'à 9 mètres de long lors d'une campagne, il faut un matériel qui servent de tuteur. Il existe deux techniques : la première consiste à installer un réseau de fil à deux ou trois mètres de hauteur. Pendant la première partie de la campagne, tant que la plante n'a pas atteint cette hauteur, on l'enroule dans le fil lui même rattaché au réseau afin qu'elle ait toujours la tête vers le haut. Lorsque la plante atteint la hauteur des fils, on la fixe à l'aide d'un clip et on fait passer la tête de la plante de l'autre coté du fil et la plante pousse alors vers le bas. Si la campagne dure longtemps et que le plant a poussé vite, la tête peut alors descendre jusqu'à presque toucher le sol, on recommence alors la même opération à l'aide de fil de façon à ce que la tête se retrouve de nouveau vers le haut.

    Une autre façon de faire nécessite l'installation de perches, qui sont moins fréquentes, surtout dans les serres planes. Les perches sont accrochées au réseau de fils et peuvent glisser le long du fil. La campagne commence de la même façon, la tête de la tomate est maintenue vers le haut grâce à un fil. A partir du moment où elle arrive à la hauteur des fils, on fait régulièrement glisser la perche de façon à ce que la plante ne touche jamais le sol (car dans ce cas la plante pourrit). La tête reste toujours vers le haut. Ce système permet d'obtenir un meilleur rendement et une production de meilleure qualité mais oblige à un soin constant : la tomate produit sans cesse des talles qu'il faut couper pour que l'énergie de la plante se concentre sur la production des fruits. Avec les perches, la tige se trouve dans une position horizontale très proche du sol, il est obligatoire de couper les talles produites régulièrement par la tige car s'ils touchent le sol la plante pourrit, alors que sans perches, la tige est verticale et les talles ne peuvent pas toucher le sol.

    L'activité de semencier se développe très largement, en plus de la transformation des graines en plantule, il peut également greffer les plants sur des pieds plus solides résistants aux maladies du sol. La pollinisation qui était avant effectuée à la main par l'application d'une hormone sur chaque fleur est désormais assurée par des bourdons, cette technique ouvre la voie à la lutte intégrée.

    En 1995 une épidémie détruit les cultures, c'est la fin de la culture à l'air libre et des serres ouvertes, les serres ont désormais la fonction de protéger les cultures des maladies malgré l'absence de rotation. Les fenêtres sont équipées de voile très fin qui ne laisse pas passer les insectes. La monoculture de tomate est généralisée, il est devenu impossible de cultiver autre chose à cause de la forte teneur en sel dans l'eau des puits.

    Le rendement sous serre plane avec les nouvelles variétés va de 10 à 12 kg/m2 en fonction des variétés, le rendement sous serres à toit incliné qui permet un meilleur contrôle de l'humidité va de 11 à 13 kg/m2. Avec les perches, les rendements vont de 12 à 14 kg/m2. Le rendement double par rapport à la période des premières serres et la conquête de la période hivernale permet de profiter de prix très élevés.

    Aout

     

    Sept. Oct.

    Nov.

    Dec. Janv.

    Fev. Mars

    Avril Mai

     

    Juin Juil.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Production

     
     
     

    Figure 25 : Période de production avec les nouvelles variétés

    C'est autour de 1985 qu'ont lieu les premières vagues d'immigration importantes venant du Maroc. La main d'oeuvre andalouse a très largement diminué puisque beaucoup de journaliers ont réussi à avoir accès à la propriété des terres ou ont quitté l'activité agricole, profitant des opportunités existant dans la province d'Almeria, par exemple la construction, dans d'autres régions d'Espagne ou dans d'autres pays européens. Elle est remplacée par les travailleurs clandestins arrivant massivement du Maroc, qui représente une main d'oeuvre très flexibles, plus abondante et plus précaire que les journaliers andalous du fait des discriminations, du manque d'organisations syndicales et de la faible intégration des immigrés qui viennent d'arriver sur le territoire espagnol.

    L'arrivée des cette main-d'oeuvre transforme le système : jusque là la main d'oeuvre est essentiellement familiale, mais après les vagues d'immigration venant du Maroc, on va assister à deux phénomènes : un agrandissement relatif des terres, qui permet de doubler la surface cultivée grâce à l'appel à un petit nombre de salariés par les agriculteurs familiaux qui en ont les moyens (généralement d'anciens colons), et un très fort agrandissement avec l'utilisation d'un très grand nombre de salariés pour ceux qui ont les moyens d'acheter de grandes surfaces, c'est-à-dire ceux qui utilisaient déjà de la main d'oeuvre salariée, les propriétaires moyens des années 1950, les colons qui ont accédé à la propriété très rapidement et qui se sont agrandis. Les petits agriculteurs autochtones n'ont pas les moyens de s'agrandir et restent familiaux.

    L'urbanisation recouvre toutes les terres agricoles à l'ouest du fleuve. Les jeunes agriculteurs vendent les terres urbanisables et rachètent des surfaces plus importantes, soit dans la zone d'expansion des serres, soit à Nijar où il y a encore des terres en abondance et où ils cultivent la tomate.

    (iv) 2000 : l'informatique

    Dans les années 2000 on expérimente l'agriculture assistée par ordinateur, la nouveauté la plus importante est un programmateur lié au système d'irrigation qui permet de mesurer les caractéristiques de l'eau afin de calculer la quantité nécessaire d'intrants. Ce système permet d'optimiser l'utilisation de l'eau et d'augmenter encore les rendements (de 11 à 13 kg/m2 sous serres planes, de 12 à 14 kg/m2 sous serres à toit incliné, de 13 à 15 kg/m2 lorsqu'il y a des perches), il peut être installé dans des serres planes ou à toit incliné et il se répand chez les producteurs qui en ont les moyens.

    D'autres nouveaux équipements sont expérimentés mais ne se généralise pas aussi rapidement. Les serres en arc sont beaucoup plus hautes et permettent un meilleur contrôle sur la ventilation. Elles sont en général accompagnées d'un arsenal technologique comme la ventilation automatique ou d'un système de chauffage (dans les zones plus froides, comme à Nijar). La ventilation automatique ouvre et ferme des fenêtres en fonction de mesure de la température et de l'humidité. Elle permet en théorie d'être moins présent mais la plupart des agriculteurs font assez peu confiance dans ce système.

    D'autres équipements sont testés : les substrats de cultures qui permettent une production totalement hors-sol, les calibreuses à systèmes optiques permettant le tri des tomates en fonction de leur couleur... Ils restent extrêmement minoritaires, la stratégie de production à Almería étant de se servir des avantages comparatifs dus au climat pour produire à faible cout et supporter la concurrence des systèmes hollandais et français beaucoup plus techniques.

    Une communauté d'irrigants met en place une dépureuse qui recycle les eaux urbaines et permet d'avoir un accès à de l'eau non salée, presque toute la zone est desservie par les eaux recyclées et le territoire irrigué s'agrandit. Cela constitue une réponse aux besoins croissants en eau, avec l'augmentation des surfaces cultivées, et aux problèmes de salinisation et de baisse du niveau d'eau dans les nappes phréatiques. D'un autre côté, les communautés d'irrigants de la source de Viator et de la dépureuse installent de nouvelles pompes pour pouvoir monter l'eau en amont de la source. A partir de 1996, l'Union Européenne finance 40 % de la construction de nouvelles canalisations enterrées et en 2007, 85 % des canalisations sont enterrées (100 % pour le réseau qui concerne la dépureuse).

    Le recours à la main d'oeuvre immigrée est devenu très fréquent, on assiste alors à une nouvelle forme de différenciation sociale entre les espagnols qui ont accès aux crédits et à la propriété et les immigrés, qui viennent du Maroc, d'Afrique subsaharienne et d'Europe de l'Est. La concurrence avec les pays méditerranéens comme le Maroc et la Turquie, qui bénéficient de la même précocité de production, est très forte, d'autant que ces pays ont des couts de production plus faible, surtout la main d'oeuvre, qui a un cout 5 à 10 fois inférieur à celui en Espagne.

    Les variétés évoluent très vite, de nouvelles variétés apparaissent tous les 5 ans environ. Les producteurs se trouvent alors dans une situation de dépendance vis-à-vis des producteurs de semences et les variétés sont très fragiles, leur utilisation s'accompagne de l'emploi de produits phytosanitaires en grande quantité, ce qui augmente les couts de production.

    Le processus d'urbanisation commence à gagner les terres de la vega de allâ, c'est-à- dire les anciennes terres irriguées à l'est du fleuve. Les nouveaux migrants, ainsi que les agriculteurs les plus aisés des zones urbanisées ou ceux qui veulent agrandir leur exploitation, s'installent sur les terres non exploitées du piémont. En 2007, il y a environ 2500

    Figure 26 : Occupation de l'espace en 2000

    exploitations agricoles, le nombre d'exploitations a plus que doublé par rapport à 1975 et a quintuplé par rapport à 1960, il est en constante augmentation, les exploitations qui disparaissent sont généralement situées sur les terres urbanisables, quelques exploitations peuvent disparaître également si l'endettement est très important et que les prix. Les exploitations qui ont atteint une taille déjà importante peuvent emprunter sans risque (car ils ont la possibilité de rembourser les crédits sur un terme très court) et s'agrandissent encore plus.

    Il y a un gradient dans le paysage entre les anciennes terres irriguées, et les zones colonisées qui ont bénéficié d'une avance dès les années 1960 et qui servent de zones d'extension à ceux qui ont les moyens d'investir. Les colons s'installent en général avec des équipements plus modernes grâce au crédit. L'appui étatique à l'installation des colons s'atténue à la mort de Franco, en 1976, avec le remplacement de l'INC par l'Institut de Réforme et de Développement Agraire (IRYDA) et en 1984 avec la création de l'Institut Andalous de Réforme Agraire. Les producteurs ayant une surface importante investissent beaucoup, s'agrandissent et renouvèlent très vite leur équipement alors que les petits agriculteurs déjà en place transforment petit à petit leur système, et investissent dans de nouveaux équipements mais plus lentement pour éviter un endettement excessif.

    d. Conclusion

    L'histoire d'Almeria est l'histoire du développement exceptionnelle de la province la plus pauvre d'Espagne, grâce aux transformations qui ont eu lieu dans l'agriculture. Alors que le reste de la province d'Almeria, de l'Andalousie et de l'Espagne se vident à cause de l'émigration, les zones aujourd'hui connues comme El Ejido, Nijar, el Bajo Andarax voient leur population augmenter et la mise en culture de terres abandonnées depuis des siècles.

    Ce n'est pas à la fin des années 1970, avec l'arrivée de la culture sous serres, que qu'a commencé la transformation si spectaculaire de l'agriculture d'Almeria. C'est en fait dans les années 1960 que l'on passe d'une agriculture « traditionnelle » à une agriculture intensive, notamment avec la technique de la culture dans le sable. Les facteurs qui ont déclenché cette transformation sont le développement des infrastructures d'irrigation par le gouvernement, la libéralisation des marchés, qui a permis à l'horticulture de prendre de l'importance, et une politique de colonisation favorisant l'agriculture familiale.

    Dans le Bajo Andarax, l'histoire de colonisation a donné naissance à 4 zones, de la plus ancienne à la plus jeune : la vega de acâ qui a presque complètement disparu aujourd'hui sous l'urbanisation, la vega de allâ où se trouve les terres les plus facilement irrigables et les plus fertiles, et los llanos de la Cafiada et de Alquian qui correspondent aux terres de parcours colonisées, ce sont ces quatre zones qui donnent le nom de « quatros vegas », auxquelles on peut rajouter les terres colonisées ces dernières années à la limite de la sierra, parfois dans l'illégalité.

    Le succès de cette agriculture s'est accompagné d'une ascension sociale très importante. Il y a eu un élan très important d'achat des terres par les agriculteurs, spécialement dans les années 1980-1990, qui représente un âge d'or. La culture de la tomate est alors très rentable, soutenue par un bon prix grâce aux nouveaux marchés d'Europe du nord et à la production hivernale et les coûts de production sont faibles (plus faible que dans les pays concurrents comme la France ou la Hollande). Cela va permettre une généralisation de la propriété.

    L'organisation des agriculteurs en coopératives qui fournissent les intrants et commercialisent les produits, et qui permettent un suivi technique poussé, est également un élément important et a permis la mise en place d'un réseau de commercialisation particulièrement efficace.

    A la fin des années 1990, les conditions changent avec l'apparition de maladies, la nouvelle concurrence des pays méditerranéens qui passent des accords de libre-échange avec l'UE et l'augmentation des coûts de production. Cela coïncide avec la période d'arrivée des travailleurs immigrés. Les conditions ont alors quelque peu changé par rapport aux années 1960, les terres ne sont plus aussi abondantes, le gouvernement refuse la mise en culture de nouvelles terres, et donc l'installation de nouvelles structures d'irrigation, et les possibilités de travail ne peuvent pas absorber l'énorme masse de travailleurs, ce qui tire les salaires à la baisse et fragilise la situation des immigrés. On est donc sorti de cette dynamique qui permettait aux travailleurs d'avoir accès à la terre, et l'utilisation systématique de salariés fragilise l'agriculture familiale.

    II. LE SYSTEME

    AGRAIRE ACTUEL

    A. Les aspects techniques

    1. Présentation des cultures

    a. La tomate

    (i) Présentation de la tomate Nom scientifique : Solanum lycopersicum L. (ou Lycopersicon esculentum).

    La tomate est une plante annuelle de la famille des Solanacées (qui inclut 2300 espèces produisant des alcaloïdes toxiques), originaire d'Amérique du Sud. Le terme désigne aussi le fruit, qui est l'un des légumes les plus importants dans l'alimentation humaine et qui se consomme frais ou transformé. C'est le légume le plus consommé dans le monde après la pomme de terre. Il est cultivé sous presque toutes les latitudes, sur une superficie d'environ 3 millions d'hectares, ce qui représente près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes.

    C'est un aliment peu énergétique, qui contient à peine 20 calories pour 100 grammes, son composant majoritaire est l'eau, suivie par les hydrates de carbone. Elle contient plus de sucres simples que les autres légumes et est donc considérée comme un fruit. Elle est très riche en fibres, en éléments minéraux comme le potassium et le phosphore, en vitamines et en carotènes qui ont une action antioxydante.

    (ii) Physiologie de la tomate

    La tomate est une plante herbacée annuelle à port rampant, aux tiges ramifiées. Le système racinaire est pivotant, très puissant et ramifié sur les trente premiers centimètres. On trouve deux sortes de poils sur la tige et les feuilles : des poils simples et des poils glanduleux qui contiennent une huile essentielle, qui donne l'odeur de la tomate et la coloration verte. Les feuilles sont persistantes, les vieilles feuilles perdent leur pouvoir photosynthétique et deviennent même nuisibles pour la plante, responsables du retard de croissance des fruits. La graine est petite (250 à 350 graines par gramme) et poilue, sa germination est épigée. La fleur est hermaphrodite. Elle est composée de 5 sépales et 5 pétales de couleur jaune vif, de 5 étamines et de 2 carpelles. Les fruits charnus sont des baies à 2 ou 3 loges, à graines très nombreuses, de taille, de forme et de couleur très variées. La tomate nécessite un sol profond et bien drainé, légèrement acide (avec un pH de 6,2 à 6,8), et beaucoup de lumière.

    b. Les avantages comparatifs de la zone pour la culture de tomates

    Les autres cultures sont très minoritaires dans la zone et sont souvent des essais sur une année, qui ne sont pas reconduits, ou la conséquence d'un arrachage précoce de la plantation de tomates pour cause de maladies. Citons melon, pastèques, concombre, courgett e...

    En revanche on les retrouve dans la zone de Nijar où les agriculteurs du Bajo Andarax ont parfois des parcelles, mais là encore la plupart y font des tomates. Cela s'explique par le fait que la tomate est une culture qui nécessite beaucoup de travail, beaucoup plus que les

    autres produits horticoles, les agriculteurs se concentrent donc sur des petites parcelles de tomates, d'autant plus que le système très organisé de coopératives les y encourage.

    On trouve également des résidus des anciens systèmes, cultivés à l'air libre: culture de pommes de terre, de luzerne, des petits jardins avec une horticulture très variée, parfois une vache ou quelques brebis. Ce sont les personnes à la retraite qui cultivent pour l'autoconsommation.

    La comparaison du Bajo Andarax avec El Ejido ou Nijar permet de comprendre pourquoi on y trouve une telle concentration de plantation de tomates, qu'on ne retrouve pas dans les autres zones. Première explication, le climat y est plus ensoleillé et plus doux en hiver qu'à Nijar qui est plus éloigné de la mer. Il y a des cultures de tomates à Nijar, mais la campagne est plus courte car l'hiver est plus rude, les risques de gel sont plus grands, certains agriculteurs de Nijar vont jusqu'à installer un système de chauffage dans les invernaderos alors qu'il n'y en a pas dans la Cafiada.

    La différence principale entre le Bajo Andarax et El Ejido est la qualité de l'eau. L'eau d'El Ejido vient de la sierra et est très douce, elle ne présente pas de problème de salinité. Mais la tomate apprécie une eau légèrement salée, qui permet de produire des tomates très dures, plus facile à conserver pour l'exportation. Il est possible de produire des tomates à El Ejido mais la qualité sera moindre. Dans le Bajo Andarax, l'eau provient en grande partie des aquifères légèrement salés (et qui se salinise de plus en plus).

    c. Les variétés

    Toutes les variétés utilisées aujourd'hui sont des hybrides à croissance indéterminée. On peut les classer en fonction de la couleur et du type de tomates cultivées :

    Les tomates rouges récoltées une à une :

    * La Daniela est de loin la variété la plus répandue. C'est une variété de tomates rouges, « longue vie », ce qui signifie qu'elle peut être conservée longtemps après la récolte. Elle peut être également récoltée en rameau si le marché y est favorable. Ces avantages : elle produit beaucoup et des tomates de bon calibre.

    * L'Atletico est une tomate rouge « longue vie » assez semblable à la Daniela.

    * La Domini est une tomate rouge « longue vie » qui résiste assez bien à la sécheresse.

    * La Brenda est une tomate rouge qui permet de résister aux nématodes présents dans le sol. Elle se e cultive en campagne courte ou longue.

    * La Taray est une tomate rouge à cycle court et qui permet de faire deux campagnes de tomates par an. Elle ne supporte pas d'avoir la tête qui pousse vers le bas.

    Les tomates rouges en rameau :

    * La Pitenza est la tomate typique qui se récolte en rameau. Les tomates sont assez petites, les rameaux comportent une dizaines de tomates dont deux ou trois sont trop petites et sont coupées. Si l'eau est très salée, les tomates vont être très petites. Comme il faut attendre que toutes ou presque les tomates d'un rameau soit mures avant de récolter, le début de la récolte est retardé d'environ 15 jours par rapport aux tomates « longue vie ».

    * L'Ikram est une variété en rameau, le rameau est plus petit que pour la Pitenza,
    environ 6 fruits par rameau, ce qui permet d'uniformiser plus facilement les rameaux, c'est

    donc une variété qui nécessite moins de travail que la Pitenza et qui est plus précoce. Elle peut supporter la chaleur à condition de bien ventiler, car elle pourrit facilement. Les racines sont fragiles ce qui oblige à greffer la plante sur un pied.

    La tomate asurcado

    * La Raf est une tomate très répandue. C'est une tomate de qualité dont le prix est très supérieur aux tomates rouges. La campagne est très courte, elle se plante en octobre et la récolte commence vers janvier. La tomate verte nécessite d'être très présent car elle doit être récoltée le jour précis où elle arrive à maturité. Elle supporte l'eau très salée.

    * La Marmandino est une tomate verte, assez semblable à la tomate Raf. C'est une variété qui supporte assez mal l'eau salée.

    L'Amadeo et le Rambo sont des tomates vertes, ainsi que le Virgilio. Les tomates vertes sont plantées tardivement et ont une campagne assez courte.

    La tomate Pera (tomates poire) est une tomate allongée. Elle nécessite moins de travail au calibrage mais il faut parfois la récolter au ciseau.

    La variété est choisie par l'agriculteur en fonction de la main d'oeuvre, de la qualité de l'eau, de la lumière et de la ventilation dans la serres, de la distance entre la serres et l'entrepôt ou la maison, du drainage, de la présence de maladie...

    Parfois, on effectue une rotation de variétés afin d'éviter les maladies racinaires, il peut y avoir des successions de 2 ou 3 années d'un type (par exemple longue vie) suivies par 2 ou 3 années d'un autre type (par exemple Pera). Mais il arrive aussi que la même variété soit cultivée pendant de nombreuses années sur le même sol, si l'agriculteur acquiert un certain savoir-faire et une certaine confiance dans une variété.

    d. Les classes de tomates

    Le système de vente par enchère plus ou moins monopolisé par quelques coopératives impose aux agriculteurs de calibrer les tomates. Pour les tomates longue vie, il existe 4 classes en fonction de la taille, en ordre la double G, la G, la M, et la double M, une classe « secondaire » pour les tomates présentant un défaut et une classe tertiaire pour les tomates très petites qui sont fréquemment jetées. Pour les tomates en rameau, il existe deux classes selon la taille.

    2. Le matériel

    L'équipement utilisé aujourd'hui a été décrit dans la description de la succession des systèmes agraires. Nous allons donner dans cette partie quelques éléments complémentaires.

    a. Les serres

    Invernaderos qui signifie serre est le mot consacré pour désigner les structures de plastiques que l'on trouve à Almería, mais ce ne sont pas des serres au sens strict du terme car ce sont des structures très simples, constitué d'un support en bois ou en fer et de plastique dont la durée d'utilisation ne dépasse pas 3 ans. Les différents types d'invernaderos reflètent les progrès techniques qui ont été fait depuis le début de la culture sous serre, permettant à chaque fois un meilleur contrôle des aléas climatiques.

    Les serres à toit incliné sont fréquemment orientées Nord/Sud, ce qui permet d'utiliser plus efficacement les vents principaux qui viennent de l'ouest et de l'est, il existe aussi des serres asymétriques, orientés Est/Ouest, dont le coté exposé au sud est plus important afin de capter plus de lumière. Certaines variétés ont besoin de plus de lumière que d'autres mais dans l'ensemble, la préoccupation est plutôt d'éviter que la température n'augmente trop à l'intérieur des serres.

    Coté exposé au soleil plus grand

     
     
     

    Nord

    Est Ouest

    Sud

     

    Système de ventilation

    Vent

    Figure 27 : Serres à toit incliné et asymétriques

    La première fonction des serres a été d'avancer et de retarder la période de production, de mettre la plante dans des conditions où il n'y a pas d'hiver. Les agriculteurs régulent le microclimat qui règne à l'intérieur de la serres en jouant sur la quantité de lumière qui rentre (par exemple en blanchissant le toit à certaines périodes pour que la température ne monte pas trop), sur la quantité de vent grâce au système de ventilation et sur la quantité d'eau grâce au système d'irrigation, avec une part d'aléatoire plus importante dans le cas des serres planes qui laissent rentrer l'eau de pluie. C'est un outil qui permet de contrôler un grand nombre de paramètres climatiques, lumières, températures, humidité, vent... Il permet également d'éviter l'érosion liée au vent et de protéger les plantes des maladies.

    b. L'irrigation au goutte à goutte

    L'irrigation au goutte à goutte est devenue obligatoire dans toutes les zones d'agriculture intensive d'Almeria. Si le goutte à goutte permet d'économiser environ 30% d'eau, ce n'est pas ça qui l'a rendu indispensable : les agriculteurs y voient surtout un avantage en terme de temps de travail. L'irrigation par submersion oblige à être présent sur la parcelle pendant l'irrigation et près du bassin, cela mobilise donc deux personnes, l'irrigation au goutte à goutte ne nécessite pas d'être présent en permanence, surtout le système automatique. Il permet également d'économiser du temps de travail sur l'application des produits phytosanitaires.

    Etant donné le temps qu'il faut pour irriguer à la main, les agriculteurs ne le faisaient qu'une fois toutes les semaines ou deux semaines, ce qui pouvait provoquer un stress hydrique chez la plante qui y est assez sensible. Le goutte à goutte a donc permis d'augmenter les rendements car il permet un apport d'eau quotidien, avec comme conséquences l'adoption de nouvelles variétés plus fragiles mais à plus haut rendement dans les conditions adaptées de production. Il permet également d'économiser les produits chimiques qu'on met directement dans l'eau.

    Aujourd'hui il existe plusieurs type de système de goutte à goutte, l'un est manuel, l'autre contrôlé par un programmateur. Le programmateur effectue des mesures sur l'eau (pH, salinité, concentration de fertilisants) et adapte les produits à appliquer en fonction des résultats. Mais le système manuel, qui prend plus de temps, peut permettre d'utiliser au mieux de la main d'oeuvre dans le cadre d'une agriculture familiale. La différence de rendement en fonction de l'un ou l'autre des systèmes est assez importante.

    c. Calibreuses et laveuses

    Les calibreuses ne sont utilisées que dans les plus grandes exploitations. Il existe deux types de calibreuses, en fonction de la taille et en fonction du poids. La plus fréquente est la machine qui calibre en fonction de la taille. Les machines fonctionnent avec au moins 4 personnes, elles permettent de calibrer une grande quantité de tomates en relativement peu de temps.

     

    Figure 28 : calibreuse en fonction du poids

    Les laveuses sont utilisées pour la culture de tomates en rameau. Les tomates sont en fait déposées sur un tapis roulant qui les amène dans une sorte de brosse.

    3. Itinéraire technique

    La plantation a lieu fin aout- début septembre, sauf pour les variétés de tomates vertes dont la campagne est plus courte et qui sont plantées en octobre. Parfois, les agriculteurs essayent de décaler la plantation d'une semaine dans chaque serre afin d'étaler un peu la période de production, mais même ainsi, il arrive un moment où toutes les serres sont en pleine production au même moment. On plante à la main des plantules d'une dizaine de centimètres en faisant des trous dans le sable à l'aide d'une tige pointue en métal. Parfois, on ouvre le sable avant de planter de façon à recouvrir les premières feuilles de sable, ce qui favorise la création de racines. Chaque serre est plantée en un seul jour afin que la plantation soit uniforme. Chaque rang est séparé par 1m50, parfois de 90 cm alterné avec 1m70 pour faciliter le travail avec les perches. Chaque plant est séparé de 50 cm, ce qui correspond à la distance entre chaque sortie du système d'irrigation au goutte à goutte, ou de 1m, lorsque les pieds sont greffés et qu'il y a deux talles par pied.

    Les greffes : pour éviter les maladies des racines et les problèmes liés aux nématodes, on peut utiliser des plants greffés. Le pied est alors plus solide, on laisse deux talles producteurs à la place de un. Chaque pied nécessite alors plus d'eau et la densité de plantation est divisée par deux. Les plants greffés produisent des tomates de moindre qualité au niveau de la couleur et la récolte commence un peu plus tard. Les greffes sont faites chez le semencier, beaucoup d'agriculteurs ne le font pas car cela coute cher à un moment où la trésorerie est assez basse, au début de la campagne.

    La période de production : Le début de la production s'étend d'octobre à janvier selon la variété et le choix de l'agriculteur. Au début de la campagne, il y a une forte production de tomates de gros calibre. Le pic de production se trouve en février, mars et avril. A partir de mai, la production diminue, les tomates sont plus petites et se vendent un prix plus faibles. Fin juin, il ne reste presque plus de plantations, sauf celle qui ont été plantée en février en deuxième campagne.

    La coupe des talles : Le début de la campagne est surtout marquée par l'entretien des jeunes plants : il faut couper les talles qui sont nombreux car en automne la température est encore élevée et installer et réajuster les fils au fur et à mesure de la croissance. En hiver, la croissance est moindre, et le temps passé à couper les talles se réduit. La coupe des talles, au début de campagne, peut prendre à deux personnes une journée par hectare tous les 5 jours. L'ajustement des fils peut prendre à deux personnes une journée par hectare tous les 10 jours.

    Les bourdons sont systématiquement utilisés dans toutes les exploitations. Une caisse de bourdons est placée tous les 1000 m2 et peut être utilisée de 1 à 2 mois en fonction de la température. Avant que l'utilisation de bourdons se généralise, il fallait poloniser les fleurs de tomates en appliquant une hormone sur chaque fleur. L'utilisation des bourdons trace la voie dans l'utilisation des insectes pour la lutte intégrée.

    Avec perches : Dans le cas de production avec perches, il faut tout au long de la campagne déplacer les perches afin que la plante ne traine jamais sur le sol.

    Sans perches : Lorsqu'il s'agit d'une production sans perches, il faut, lorsque la plante atteint le réseau de fil en fauteur, faire passer la tête soit directement par-dessus deux

    rangées de fils, soit dans un clip destiné à cet effet qui permet de ne pas abimer a plante et de ne pas couper le passage de la sève.

    La récolte et le calibrage : durant la période de production, les deux travaux les plus importants sont la récolte dans la serre, et le calibrage dans l'entrepôt. Le calibrage prend un peu plus de temps que la récolte, il peut se faire à la main, ou à l'aide d'une planche percée de trous laissant passer les tomates selon leur calibre, ou à l'aide d'une calibreuse motorisée. Il est manuel avec les variétés en rameau. Il est possible de déléguer le calibrage à la coopérative agricole mais c'est rare, le coût est alors retiré du prix de vente.

    En général, les agriculteurs récolte le matin et trie l'après-midi lorsqu'il fait très chaud. Lorsqu'il y a des salariés, soit le salarié suit l'agriculteur, c'est le cas surtout lorsque ce sont des salariés qui restent plusieurs années, soit le salarié ne fait que le travail de récolte, même l'après-midi, le calibrage nécessitant plus d'expérience et étant moins pénible. Lorsqu'il s'agit de grandes exploitations, il peut y avoir une division du travail avec certaines personnes ne faisant que la récolte et d'autres ne faisant que le calibrage (avec dans ce cas, une préférence pour le travail des femmes au calibrage et le travail des hommes dans la serre). En période de forte production, les agriculteurs travaillent entre 12 et 14 heures par jour.

    Les produits phytosanitaires : on applique sur les cultures des fertilisants, des fongicides et insecticides. Le désherbage se fait à la main lors de l'entretien des cultures. Parmi les fertilisants, on trouve du nitrate, du potassium et du phosphore et un certain nombre d'éléments minéraux : Fer, Calcium, Zinc, Borre, Magnésium,... ils sont mélangés avec l'eau de l'irrigation. En général, on applique du phosphore pendant la phase de croissance, de l'azote pour que les tomates soient plus gosses et de la potasse pour produire plus de fruits. De l'acide humique liquide peut également remplacer momentanément le fumier. Les fongicides et insecticides (Sulfate...) sont soit appliqués dans l'eau lorsque c'est pour combattre une maladie qui vient du sol, soit directement sur la plante pour repousser les insectes vecteur de maladies comme la mouche blanche qui apporte le virus de la cuchara. Des produits très puissants sont mélangés à l'eau pour désinfecter le sol entre deux campagnes. Ce sont les nombreux techniciens des coopératives agricoles qui écrivent la « recette » des produits à appliquer en fonction de la situation.

    La coupe des têtes : on coupe la tête des pantes vers le mois de mars, la plante arrête alors de grandir et cela permet de produire des fruits plus gros pour les derniers mois.

    L'irrigation : on irrigue en fonction de la saison, tous les jours au début et à la fin de la campagne, une fois tous les deux ou trois jours en hiver. La durée de l'irrigation varie aussi en fonction de la saison et des tuyaux, elle peut durer d'une demi-heure à une heure.

    Le vent a une très grande importance, la ventilation permet de contrôler la température et l'humidité à l'intérieur de la serre.

    Le blanchissage consiste à peindre le toit des serres avec de la chaux. Le but est d'éviter que la température soit trop élevée. Comme le plastique dure trois ans, on le fait surtout sur le plastique neuf qui n'a jamais été blanchi. Ce travail est fréquemment délégué à une entreprise. Il est effectué au début de la campagne car les jeunes plants supportent mal la chaleur et c'est une période où il fait encore chaud et au printemps, lorsque la température commence à monter. La différence de température lorsque le plastique a été blanchi est d'environ 10°C

    Le nettoyage : à la fin de la campagne, on laisse sécher puis on arrache les plants, le sable est nettoyé des résidus à l'aide d'un râteau, en général à la main. On peut alors griffer le sol, pour le nettoyer.

    La désinfection : Il est impératif de désinfecter entre deux campagnes afin de tuer les maladies qui persistent dans le sol et d'éviter les mauvaises herbes. Il existe des produits destinés à cet effet, le telone par exemple. Une technique de désinfection consiste à appliquer un plastique fin sur le sol et d'irriguer le sol afin de l'humidifier, la température peut alors atteindre 80°C. Cette désinfection par chaleur se fait au moment où le plastique est renouvelé, en effet le nouveau plastique n'a pas été blanchi et va permettre un meilleur passage des rayons du soleil. C'est également à ce moment là qu'on choisit de renouveler le fumier, la désinfection permettant de tuer les graines des adventices.

    L'application du fumier : Dans la plupart des exploitations, on applique du fumier tous les 3 à 5 ans. Pour appliquer le fumier on ouvre le sable sur le rang de façon à atteindre la couche inférieure qui est en fait un mélange de terre, de sable et de fumier. Le fumier est donc à environ 20 cm en dessous de la surface.

    Le plastique doit être changé tous les 3 ans, ce qui est généralement fait par une entreprise.

    Il y a parfois deux campagnes de tomates ou une campagne de tomate suivie d'une autre culture (pastèque, melon...). Il y a parfois des variétés qui supportent mal l'hiver, ou des maladies qui obligent les agriculteurs à arracher la plantation. Dans ce cas, la plante reste toujours de taille modeste, un fil rattaché à l 'alembre lui sert de tuteur. Deux campagnes représentent plus de travail.

    Il y a très peu de cultures hydroponiques utilisant des substrats différents du sable. L'investissement et l'entretien que cela requièrent sont trop important par rapport aux avantages, qui sont surtout un meilleur contrôle phytosanitaire et une meilleure utilisation de l'eau. Les maladies sont combattues par d'autres moyens et l'eau, qui pourtant est une ressource rare de la région est très peu couteuse.

    Quelques exploitations, surtout celles affiliées à la CASUR, pratiquent l'agriculture biologique. Les techniques de productions ne changent pas fondamentalement, la grande différence se trouve dans l'utilisation des produits chimiques. Pour lutter contre les insectes, vecteurs de maladies, on utilise d'autres insectes prédateurs.

    4. Calendrier de travail et de production (voir annexe 5)

    Les principales différences au niveau technique viennent :

    * De la variété : les variétés rouge ont une campagne beaucoup plus longue que les vertes, les tomates en rameau sont récoltées plus tardivement.

    * Du type de calibrage à effectuer : en rameau, la récolte va plus vite mais le calibrage nécessite plus de travail et d'expérience. Le rendement est plus faible lorsque l'on produit des tomates en rameau : le rameau entier est récolté et s'il y a des tomates trop petites et trop vertes, on les enlève, ce qui fait une perte. Sur le rameau, il est difficile d'obtenir une uniformité de toutes les tomates.

    TOMATES ROUGES

    Sans perches
    Avec perches

    15h/jr/ha 25h/jr/ha

    20h/jr/ha 30h/jr/ha

    TOMATES EN RAMEAU

    Sans perches

    15h/jr/ha 20h/jr/ha

    Avec perches

    20h/jr/ha 30h/jr/ha

    aout sept. oct.

    nov. déc. janv. fév.

    mars avril mai juin juil. aout

    Plantation Période de production

    TOMATES

    PERA15h/jr/ha 20h/jr/ha

    Suivi quotidien

    15h/jr/ha 20h/jr/ha

    TOMATES VERTES

    sept. oct. nov. déc. janv. fév. mars avril mai juin juil. aout

    0,90

    0,80

    0,70

    0,60

    0,50

    0,40

    0,30

    0,20

    2,30

    2,00

    1 ,70

    1 ,40

    1,10

    0,80

    0,50

    0,20

    1,00 0,90 0,80 0,70 0,60 0,50 0,40 0,30 0,20

    1 ,00

    0,90

    0,80

    0,70

    0,60

    0,50

    0,40

    0,30

    0,20

    Figure 29 : période de production et exigence en travail de chaque variété

    Figure 30 : période de production (double

    flèches) et moyenne des prix

    mensuels

    2002-2006 par variétés

    Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax, Almería

    INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007

    * De la présence ou non de perches : l'entretien de perches prend du temps et permet de produire plus.

    * De la durée de la campagne : il y a parfois deux campagnes à l'année, soit par le choix de variété à cycle court, soit parce qu'il a fallu arracher la plantation, à cause d'une maladie ou d'un incident climatique.

    5. L'eau

    (i) Les différentes sources d'eau

    La tomate est une plante qui supporte mal le stress hydrique, surtout les nouvelles variétés et qui peut supporter et même apprécie l'eau salée qui permet de produire des fruits plus durs, adaptés à l'exportation car pouvant être transporté et résistant longtemps. L'eau peut provenir :

    * De puits privés en général situés le long du rio Andarax et proches de la mer car l'eau y est assez peu profonde. Ces puits puisent dans les aquifères déjà salinisés, il est rare que ça soit la seule source d'eau, elle est souvent mélangé ou alternée avec de l'eau moins salée. Dans ce cas, le coût de l'eau se limite au cout de l'électricité utilisée pour le fonctionnement des pompes.

    * De petites communautés d'irrigants généralement situées le long du rio Andarax ou près de la source de Viator. Ces communautés peuvent compter une dizaine d'agriculteurs, les puits sont alors assez profond pour fournir une eau moins salée que dans les puits privés. Son prix correspond alors au prix de son acheminement, il se situe entre 0,1 et 0,2 €/m3 d'eau (il faut en moyenne un peu plus d'un m3 d'eau par m2 de terre et par an).

    * De la source de Viator. La source de Viator est utilisée depuis le 19ème siècle pour irriguer la vega de allâ, l'eau était d'abord remontée par des animaux puis par des pompes électriques. Aujourd'hui, plus d'un millier d'agriculteurs utilisent cette source d'eau peu salée.

    * De la depureuse des eaux urbaines (communauté d'irrigants de las Quatros Vegas) située également à Viator. Elle est fondée dans les années 1990 après une tentative ratée dans les années 1980, l'idée de recycler l'eau urbaine est venu après que des agriculteurs se soient illégalement approvisionnés sur les canaux qui amenaient les eaux usées de la ville à la mer. L'eau est récupérée, purifiée grâce à de l'ozone et à une quantité infime de chlore (de l'ordre de la partie par millions) avant d'être stockée et distribuée. Cette eau est riche en matière organique, même après purification. La dépureuse irrigue toute la zone et a commencé à s'étendre jusqu'au nouvelles zones colonisées de Rétamar. Le coût le plus important, avec les nouvelles installations, les réparations, le fonctionnement interne de la communauté et le cout du traitement, est celui de l'électricité nécessaire à élever l'eau mais ce système permet d'éviter l'épuisement des aquifères. Le prix de l'eau comprend alors une partie fixe qui dépend de la surface irriguée et une partie proportionnelle à l'eau utilisée et qui dépend de la distance à la mer. Il existe aujourd'hui trois étages, l'eau coutant plus cher à un agriculteur très éloigné de la mer car il faudra élever trois fois l'eau pour lui fournir. Chaque agriculteur possède une dotation, un volume d'eau à utiliser dans l'année, s'il le dépasse, le prix est alors augmenté de 15 puis 30 puis 45 %. Le prix actuel tourne autour de 0,3 €/m3.

    Aujourd'hui, 85 % du réseau hydraulique est enterré, 100 % en ce qui concerne les eaux de la dépureuse. Cela a été permis grâce à l'initiative privée des communautés d'irrigants et grâce à une aide de l'UE à partir de 1996.

    Dans tous les cas, le cout de l'eau ne représente qu'une petite partie des consommations intermédiaires, son prix ne reflète pas la rareté de cette ressource, d'autant plus que la salinisation des nappes phréatiques a été en partie surmontée par le choix d'une culture qui la tolère et même se développe mieux en présence d'eau légèrement salée.

    Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax, Almería

    INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007

    (ii) Les besoins en eau

    Les agriculteurs n'ont qu'une idée assez vague de la quantité d'eau qu'ils utilisent. On peut considérer que 10.000 m3 par hectare et par an est un ordre de grandeur juste. Le besoin en eau d'irrigation dépend du climat, de la fréquence des pluies, du type de serre (qui laisse entrer l'eau de pluie ou non), de l'humidité, de la température et du vent. Il est donc être très variable.

    30.000

    25.000

    20.000

    15.000

    10.000

    5.000

    0

    m3/jour

    1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 moyenne 1998 - 2006

    janvier - février mars - avril mai - juin juillet - aout septembre - octobre novembre - décembre

    2003

    2002

    2005

    2001

    2006

    2004

    2000

    1999

    1998

    6. Conclusion

    Figure 31 : quantité d'eau qui sort de las 4 vegas par jour en fonction de la période années 1998 - 2006 source : las 4 Vegas

    La dépureuse arrive en vitesse de croisière à peu près en 2000 mais il est probable que sur le long terme, la quantité d'eau épurée va augmenter. Le graphique permet surtout de voir que les besoins en eau sont important au printemps, lorsque la température remonte et que la production augmente

    fortement, ainsi qu'en septembre et octobre, au moment des plantations, il fait encore chaud et les jeunes plantes sont particulièrement fragiles. En été, l'eau n'est pas utilisée à la production mais à la désinfection des terres.

    En fonction de leur disponibilité en main-d'oeuvre (agriculture familiale, patronal ou capitaliste), et de leur moyen, les agriculteurs vont chercher une stratégie qui leur permet de maximiser la production sur de très petites surfaces, en appliquant une très grande quantité de travail.

    On observe deux stratégies différentes : la recherche d'un gain de temps (calibreuses...) qui permet d'augmenter les surfaces, et la recherche d'intensification (perches...), qui permet d'augmenter la production sur la même surface.

    B. Typologie des systèmes de production

    1. Les métayers

    Traditionnellement, dans le cadre du métayage, le propriétaire fournit la terre et l'eau et le métayer le travail. Aujourd'hui, les consommations intermédiaires sont partagées à 50%, ainsi que la production, l'eau est considérée comme une consommation intermédiaire mais le propriétaire fait tous les investissements (construction de serres, installation de l'irrigation au goutte à goutt e...), le métayer doit payer les salaires si il y en a.

    a. Métayage sans main d'oeuvre salariée

    Le métayage sur une petite surface ne permet pas d'employer de salariés. En général, le propriétaire n'est pas agriculteur et les métayers sont installés depuis une époque antérieure aux vagues d'immigration venant du Maroc.

    Le matériel est très simple : serres planes, de petites tailles, en partie en bois, système d'irrigation au goutte à goutte manuel, un tracteur d'occasion. Le matériel appartient au propriétaire et les consommations intermédiaires et la production sont partagées à 50 %. La main d'oeuvre est uniquement familiale. Les variétés sont des tomates rouges qui se récoltent une à une, le rendement est assez faible : 1 1kg/m2.

    * Nombre d'actifs : 2 à 3

    * Gamme de surface totale : 6000 - 12000 m2 * Surface maximum par actif : 6000 m2

    * VA/actifs : 7300 - 15700 €

    * RA/actifs familiaux : 4500 - 9000 €

    * TRI du propriétaire : 8 %

    * Capital/m2 : 6,9 €

    b. Métayage avec utilisation de main d'oeuvre salariée et calibrage

    Le matériel est un peu plus moderne : serres à toit ondulé, système d'irrigation par ordinateur, plants greffés, et un tracteur d'occasion. Beaucoup de ces métayers sont d'anciens salariés immigrés. Les propriétaires sont des agriculteurs qui choisissent de donner l'excès de terre en métayage plutôt que de l'exploiter par du travail salarié pour pouvoir s'assurer une production de qualité. L'avantage pour le propriétaire est de se décharger d'une partie de son travail, par exemple lorsque les membres de sa famille ne travaillent pas sur l'exploitation, mais il continue d'exercer un contrôle étroit sur les métayers. Beaucoup de métayers sont d'anciens travailleurs salariés immigrés du Maroc ou de Roumanie.

    La main d'oeuvre est en partie familiale et en partie salariée. La variété est une tomate rouge à récolter une à une et facile à calibrer, le rendement est de 13 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 1 à 3 * Nombre d'actifs salariés : 1 à 4

    * Gamme de surface totale : 15000 - 25000 m2 * Surface maximum par actif : 5000 m2

    * VA/actifs : 10500 - 14000 €

    * RA/actifs familiaux : 6500 - 15000 € * TRI du propriétaire : 8 %

    * % Coût de la main d'oeuvre : 15 %

    * Capital/m2 : 9,8 €

    c. Métayage avec utilisation de main d'oeuvre salariée sans calibrage

    C'est une situation similaire à a précédente avec le même équipement. Si le métayer n'effectue pas le calibrage, la variété est une variété en rameau, plus facile à récolter et de meilleur qualité (avec un prix légèrement supérieur) que la tomate basique. Le rendement est de 13 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 1 à 2

    * Nombre d'actifs salariés : 2 à 4

    * Gamme de surface totale : 20000 - 30000 m2 * Surface maximum par actif : 6000 m2

    * VA/actifs : 11500 - 13000 €

    * RA/actifs familiaux : 9000 - 13500 € * TRI du propriétaire : 8 %

    * % Coût de la main d'oeuvre : 17 %

    * Capital/m2 : 11,9 €

    2. L'agriculture familiale

    La main d'oeuvre est familiale mais il arrive parfois qu'ils fassent appel à de la main d'oeuvre salariée, quelques jours par an, pendant les pics de production. La présence d'une agriculture familiale est corrélée avec l'existence d'une agriculture antérieure aux mouvements de colonisation, puisque les agriculteurs autochtones ont moins profité de la politique de crédit mise en place à ce moment et n'ont pas agrandi leur surface. On peut distinguer plusieurs types en fonction du matériel.

    a. Les doubles actifs

    Les doubles actifs ont une surface insuffisante pour assurer un revenu important. Ils consacrent peu de temps, en comparaison avec les autres systèmes, à l'activité agricole. S'ils parviennent à acquérir de nouvelles terres, ils peuvent abandonner leur emploi extérieur pour se consacrer entièrement à l'exploitation. Les retraités dont l'exploitation n'est pas reprise par les enfants car la surface est trop petite rentrent également dans ce système, le temps passé sur l'exploitation est relativement faible et il n'y a aucun appel à de la main d'oeuvre salariée.

    Le matériel est très simple : serres planes et petites, système d'irrigation manuel, un petit moyen de transport. Les variétés sont des tomates en rameau, faciles à récolter, avec un rendement très faible, de l'ordre de 8 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Gamme de surface totale : 4000 - 8000 m2 * Surface maximum par actif : 3000 m2

    * VA/actifs : 3000 - 7500 €

    * RA/actifs familiaux : 3000 - 8000 € * Capital/m2 : 6,1 €

    b. L'agriculture familiale avec des serres planes et un système d'irrigation au goutte à goutte manuel

    Le matériel est basique : une partie de serres planes, une partie avec un toit ondulé, un système d'irrigation manuel, un camion pour le transport des tomates. Il y a deux types de variétés cultivées sur ces exploitations, la tomate Daniela ou une tomate similaire, et une autre variété dont le prix moyen est plus élevé et avec un cycle de culture un peu différent. En général, ce sont les tomates Raf, dont le cycle est très court et dont le prix est deux fois plus élevé que pour les autres variétés. Cette combinaison permet de gérer les risques liés aux fluctuations de prix, avec deux variétés très différentes, tout en étalant les pointes de travail puisque la plantation et l'arrivée en production de ces deux variétés ne se font pas au même moment. Cela permet d'éviter d'employer de la main d'oeuvre salariée pour la pointe de travail que représente la plantation, à un moment où la trésorerie est au plus bas puisqu'une grande partie des charges sont payées mais que la production ne commence que plusieurs mois après. Mais il arrive un moment où les deux variétés sont en plein production, cette période représente un « pic » de travail, qui dure en fait plusieurs mois (février - mars - avril). Les travailleurs familiaux allongent alors leur journée de travail, font appel à de l'aide familiale (parents retraités, enfants scolarisés) et emploient occasionnellement des journaliers.

    Les autres variétés (en rameau ou pera) peuvent être utilisées en remplacement de la Raf. Leur campagne est plus longue que celle de la Raf et les prix sont à peine plus élevés que ceux de la tomate rouge basique mais elles permettent également d'étaler en partie les pointes de travail, de réduire les risques liés aux fluctuations interannuelles de prix et nécessite moins d'entretien que la tomate Raf, ce qui peut être utile si les serres sont dispersées et qu'il est difficile d'aller tous les jours entretenir la même serre.

    Le rendement des tomates Daniela est de 12 kg/m2, le rendement des tomates Raf de 4 kg/m2, le rendement des tomates pera de 11 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Gamme de surface totale : 7500 - 15000 m2 * Surface maximum par actif : 6000 m2

    * VA/actifs : 7000 - 14500 €

    * RA/actifs familiaux : 7000 - 15000 € * Capital/m2 : 8,3 €

    c. L'agriculture familiale avec serres à toit ondulé et système d'irrigation automatique

    Le matériel est constitué de serres avec un toit ondulé, d'un système d'irrigation automatique, de pieds greffés, d'un tracteur. On retrouve la même logique dans le choix des variétés que dans le cas précédent : une variété de tomates rouge et une variété verte, en rameau ou pera qui bénéficie d'un meilleur prix. Le rendement des tomates rouges est de 13 kg/m2, celui des tomates Raf de 5 kg/m2, celui des tomates pera ou en rameau de 12 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Gamme de surface totale : 10000 - 15000 m2 * Surface maximum par actif : 6000 m2

    * VA/actifs : 10000 -- 15000 €

    * RA/actifs familiaux : 10500 - 15500 € * Capital/m2 : 10,0 €

    3. La petite agriculture patronale

    La main d'oeuvre salariée ne dépasse pas la main d'oeuvre familiale. Il peut y avoir une spécialisation dans le travail avec le travail sous serre pour les salariés et le travail de calibrage pour la famille. Il y a en général un ou deux salariés temporaires ou permanents et le besoin en main d'oeuvre est ensuite ajusté en faisant appel à des journaliers. Avec 2 travailleurs familiaux et 2 salariés, la proportion du cout de la main d'oeuvre par rapport aux autres charges (hors emprunt) tourne autour de 20 %.

    a. La petite agriculture patronale avec des serres planes et un système d'irrigation au goutte à goutte manuel

    Le matériel est composé en partie de serres planes, en partie avec un toit incliné, un système d'irrigation manuel, un tracteur. Encore une fois, les agriculteurs jonglent avec deux types de variétés différentes. Le rendement des tomates rouges est de 12 kg/m2, celui des tomates Raf de 4 kg/m2, celui des tomates pera ou en rameau de 11 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Nombre d'actifs salariés : 1 à 3

    * Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum par actif : 5000 m2

    * VA/actifs : 10000 -- 13000 €

    * RA/actifs familiaux : 13000 - 22000 € * Capital/m2 : 7,6 €

    b. La petite agriculture patronale avec des serres à toit ondulé et un système d'irrigation automatique

    Dans ce cas, il arrive que les terres soient dispersées sur deux endroits différents suite à un rachat : serres avec un toit ondulé, un ou deux systèmes d'irrigation automatiques ou un automatique et un manuel, pieds greffés, un tracteur. Il y a plusieurs cas dans l'utilisation des

    variétés : il y a toujours la variété de tomates rouges longue vie récolté une à une et le plus souvent mais pas systématiquement, une deuxième variété, soit de tomates vertes, soit de tomates pera, soit de tomates en rameau. Le rendement de la Daniela est de 13 kg/m2, celui de la tomate raf de 5 kg/m2, celui de la tomate pera ou en rameau de 12 kg/m2. La surface par actif tourne autour de 5000 m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Nombre d'actifs salariés : 1 à 3

    * Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum par actif : 5000 m2

    * VA/actifs : 11000 - 14500 €

    * RA/actifs familiaux : 17000 - 25000 € * Capital/m2 : 10,0 €

    c. La petite agriculture patronale avec des serres en arc. un système d'irrigation et de ventilation automatique

    Le matériel est très moderne : serres en arc, système d'irrigation automatique, ventilation automatique, pieds greffés, utilisation de perches, un tracteur, une calibreuse. La variété est la Daniela qui permet d'utiliser au mieux la calibreuse. Le rendement est de 16 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Nombre d'actifs salariés : 1 à 3

    * Gamme de surface totale : 15000 - 25000 m2 * Surface maximum par actif : 5500 m2

    * VA/actifs : 14000 - 23000 €

    * RA/actifs familiaux : 16500 - 30000 € * Capital/m2 : 16,7 €

    4. La grande agriculture patronale

    La main d'oeuvre salariée dépasse la main d'oeuvre familiale. Le plus souvent toute la famille continue à participer à l'activité agricole mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a en général quelques salariés permanents qui assurent en fait une fonction de « chef d'équipe » et un grand nombre de temporaires et de journaliers.

    Pour augmenter la surface de l'exploitation, le rachat de terres s'est fait sur des endroits éloignés, parfois à Nijar. Il y a donc souvent 2, 3 voire 4 fermes différentes appartenant à la même famille. Le matériel est assez moderne : serres à toit ondulé mais il reste parfois des serres planes, 2, 3 ou 4 systèmes d'irrigation automatiques, pieds greffés, 2 à 4 tracteurs, 1 ou 2 camions, 2 calibreuses ou laveuses.

    a. La grande agriculture patronale avec calibrage

    Dans le cas où le calibrage est effectué sur l'exploitation, une partie des terres est cultivée avec des perches et le rendement est de 13 kg/m2 et une partie des terres est cultivée sans perches et le rendement est de 12 kg/m2. L'utilisation des perches permet d'améliorer la qualité de la production mais nécessite beaucoup plus de travail. Le cout de la main d'oeuvre par rapport aux charges (hors emprunt) est de 25 %.

    La variété est la tomate en rameau, dont le conditionnement est facilité par l'utilisation de laveuses et très facile à récolter même pour une main d'oeuvre peu formée. Il n'y a qu'une seule variété cultivée sur toute l'exploitation.

    * Nombre d'actifs familiaux : 2 à 3

    * Nombre d'actifs salariés : 5 à 20

    * Gamme de surface totale : 25000 - 100000 m2

    * Surface maximum par actif : 4500 m2

    * VA/actifs : 12500 -- 15000 €

    * RA/actifs familiaux : 20000 - 90000 €

    * TRI : 13 %

    * Capital/m2 : 9,9 €

    b. La grande agriculture patronale sans calibrage

    Ce système existe car la coopérative agricole CASUR, la troisième en ordre d'importance mais très minoritaire par rapport à la première (la CASI qui compte 1800 membres sur 2500 exploitations), a des exigences particulières. La vente ne se fait pas par un système d'enchères (bien que les prix suivent de très près ceux fixés aux enchères de la CASI) et le prix aux agriculteurs est un prix hebdomadaire moyen. Toute la production doit être une production de qualité (taille, forme, couleur) alors que dans les autres coopératives la production de moindre qualité est vendue à un prix très faible. La manipulation (calibrage et conditionnement), pendant laquelle est écartée la production de moindre qualité, est effectuée directement à la coopérative, ce qui oblige les agriculteurs à se concentrer sur l'activité de production afin d'en tirer une valeur ajoutée maximale puisqu'ils perdent la valeur ajoutée lors de la manipulation.

    Dans ce cas, toutes les serres sont équipées de perches. Les terres en excès, sur lesquelles la famille ne peut exercer un contrôle suivi, sont données en location à des métayers, qui porteront plus d'attention à la qualité des produits qu'un salarié. Ce sont souvent des exploitations où la famille n'est pas impliquée dans le travail agricole, ce système permet à un chef d'exploitation seul mais possédant beaucoup de terres de gérer son exploitation plus facilement. Ceci dit, l'affiliation aux coopératives dépend énormément de la situation géographique des exploitations.

    Le cout de la main d'oeuvre par rapport aux charges (hors emprunt) est de 16%.

    La variété est la tomate en rameau, facile à récolter et considérée comme une tomate de qualité par rapport à la tomate « de base » longue vie. Le rendement est de 14 kg/m2.

    * Nombre d'actifs familiaux : 1 à 2

    * Nombre d'actifs salariés : 2 à 4

    * Gamme de surface exploitée en faire valoir direct (FVD) : 15000 - 25000 m2 * Gamme de surface donnée en location en métayage : 20000 - 30000 m2

    * Surface maximum par actif : 6000 m2

    * VA/actifs : 10500 -- 12500 €

    * RA/actifs familiaux : 20500 - 41000 €

    * TRI : 9%

    * Capital/m2 : 9,9 €

    * Revenu du métayage : 22000 - 34500 €

    5. L'agriculture capitaliste

    Il existe de petites exploitations capitalistes, définies ainsi parce que le propriétaire emploie un gérant et des salariés et ne travaille pas sur l'exploitation. Ce type d'exploitation est très minoritaire et reste de petite taille. Le propriétaire est généralement issu du milieu agricole mais choisit ce mode d'exploitation parce qu'il possède un capital important et d'autres opportunités de travail.

    Tous les essais de grande exploitation capitaliste à partir d'investissement de sociétés ont échoué car la culture de tomates nécessite beaucoup d'attention et de travail, qui ne peut être fournis que par des salariés. Même dans les grandes exploitations patronales, l'action de la famille reste primordiale.

    Le niveau d'équipement est assez importants : serres à toit incliné, système d'irrigation automatique, pieds greffés, perches, un petit moyen de transport. La variété est la tomate en rameau, le rendement est de 12 kg/m2. Le cout de la main d'oeuvre par rapport aux charges (hors emprunt) est de 22 %.

    * Nombre d'actifs salariés : 3 à 5

    * Gamme de surface totale : 15000 - 20000 m2 * Surface maximum par actif : 4000 m2

    * VA/actifs : 9000 - 9500 €

    * Revenu pour le propriétaire : 12000 -- 18500 € * TRI : 7 %

    * Capital/m2 : 10,0 €

    6. Situation des différents systèmes de production dans l'espace

    Figure 32 : situation des différents systèmes de production dans l'espace

    7. Analyse des résultats économiques

    On voit que les écarts de revenu sont assez importants, les facteurs principaux de différenciation sont le mode de faire-valoir, la surface, l'équipement et l'emploi de main d'oeuvre salariée : une grande part de la valeur ajoutée produite par les salariés se retrouve dans le revenu des agriculteurs, une grande surface est en fait un moyen d'accaparer cette valeur ajoutée.

    Assez peu de systèmes ne permettent pas d'avoir un revenu supérieur au revenu minimum en Andalousie, ce qui explique que la plupart des exploitations sont reprises par les jeunes. Les systèmes familiaux où il n'y a pas récupération de la valeur ajoutée produite par les salariés permettent d'obtenir un revenu qui se trouve juste au-dessus de la limite de renouvellement à long terme. Ces producteurs peuvent trouver un intérêt à continuer leur activité jusqu'à ce que l'urbanisation arrive jusqu'à eux et à vendre les terres à un prix très élevé.

    Si les prix continuent à baisser, les exploitations familiales risquent de disparaître. En même temps, les exploitations patronales accentuent la pression sur le travail salarié afin de rester compétitifs. Cette situation a renversé la dynamique d'ascension sociale (accès au métayage puis à la propriété) des migrants mais la différence de revenu du travail salarié entre Almería et le Maroc, l'Afrique subsaharienne et l'Europe de l'Est, et les opportunités que peuvent avoir ensuite les migrants, à Almería ou plus souvent en Europe alimentent les mouvements de migration et la situation à Almería permet aux arrivants de trouver un emploi rapidement, même lorsqu'ils sont clandestins.

    Sarah Dauvergne Analyse Diagnostic du Bajo Andarax, Almería

    INA-PG, DAA Développement Agricole mars-aout 2007

    C. Revenu disponible

    1. Trésorerie sur une campagne

    Le début de la campagne est marqué par de forts coûts à un moment où il n'y a pas encore de production. Pour certaines catégories, il peut être important de réduire les couts à ce moment, ce qui peut expliquer la réticence à utiliser systématiquement les greffes, qui augmentent le cout du semencier ou l'utilisation de plusieurs variétés dont la plantation et la mise en culture n'ont pas lieu au même moment. C'est également le moment des investissements à longue durée puisque la construction et l'amélioration des serres se fait au moment où il n'y a pas de production.

    Pendant la période de production, les coûts sont largement compensés par la vente des produits.

    JUIN

    AOUT

    OCT

    NOV

    JANVIER

    MARS

    AVRIL

    MAI

    DEC

    JUILLET

    SEPT

    FEVRIER

    Déchets

    Plastique Fumier

    semences

    1/3 produits
    phytosanitaires

    semenciers

    1/3 produits
    phytosanitaires

    1/3 produits
    phytosanitaires

    Bourdons

    Eau

    Transport

    Vente

    Figure 33 : calendrier de trésorerie sur une campagne

    -10000

    -15000

    -20000

    -25000

    -30000

    -35000

    -40000

    -45000

    40000

    35000

    30000

    25000

    20000

    15000

    10000

    -5000

    5000

    0

    agriculture familiale

    agriculture patronale

    grande agriculture patronale

    Figure 34 : flux de trésorerie au cours d'une campagne

    2. Revenu disponible en fonction des emprunts

    L'état d'endettement dépend du taux d'intérêt (il est passé de 20 % il y a 20 ans à 5 % aujourd'hui), de la nécessité d'acheter ou non des terres et de la capacité à rembourser les crédits très rapidement (en un ou deux ans) lorsque les revenus sont très élevés et que les prix sont bons. En plus de crédits important pour l'investissement, il existe un système de crédit de campagne (de consommation) qui touche surtout les agriculteurs moyens. Les petits n'y ont pas accès ou préfèrent ne pas prendre de risque et les grands n'en ont pas besoin.

    Le revenu disponible peut diminuer de moitié à cause du remboursement des crédits, l'endettement représente un risque important et si les prix chutent, il peut provoquer des faillites.

    D. Analyse de sensibilité

    Une des caractéristiques de l'agriculture d'Almeria est la variabilité à laquelle sont soumis les agriculteurs. Nous allons étudier les effets des variations de trois facteurs importants : les rendements, les prix et les salaires.

    1. Les variations de rendements

    Les rendements peuvent varier en fonction du climat et des maladies. L'absence de vent peut provoquer le pourrissement des fruits et l'absence de rotation et la concentration des terres cultivées permettent aux parasites de s'étendre très rapidement.

    Les variations de rendement les plus importantes sont de l'ordre de 25%, nous allons effectuer une analyse de sensibilité sur le revenu en fonction du rendement en prenant le cas moyen d'une variation de 10% et le cas extrême d'une variation de 30%.

    RA/actifsF

    patronale rdt +30%

     

    patronale rdt+10%

    familiale rdt +30 %

    familiale +10 %

    rdt

    patronale

    rdt-10%

    patronale

    familiale

    familiale rdt-10%

     

    familiale rdt -30%

    patronale rdt -30%

     

    m2/actifsF

    50000

    40000

    30000

    20000

    10000

    0

    -10000

    Figure 35 : effet d'une variation de rendement sur le revenu sur l'agriculture familiale et la petite agriculture patronale

    180000

    RA/actifsF

    gde patronale rdt+30%

    gde patronale rdt+10%

    gde patronale

    gde patronale rdt-10%

    gde patronale rdt-30%

    m2/actifsF

    160000

    140000

    120000

    100000

    80000

    60000

    40000

    20000

    0

    -20000

    Figure 36 : effet d'une variation de rendement sur le revenu sur la grande agriculture familiale

    Pour l'agriculture familiale, une variation de 10% du rendement se traduit par une variation de revenu de l'ordre de 20 %, une variation de 30% par une variation de l'ordre de 70%. Le même calcul pour l'agriculture patronale (respectivement la grande agriculture patronale) donne une variation du revenu de 25 % (respectivement 30%) lorsque le rendement varie de 10% et une variation du revenu de 80% (respectivement 90%) lorsque le rendement varie de 30%.

    Le revenu varie de façon plus importante que le rendement car les amortissements et la plupart des consommations intermédiaires ne dépendent pas de la production, la plus grande partie des charges sont payées au moment de l'entrée en production.

    Même si les salaires dépendent en partie du volume produit, la variation du revenu en réponse à une baisse du rendement est plus importante dans le cas patronal dans le cas familial à cause de la charge supplémentaire que représentent les salaires et parce que les consommations intermédiaires par m2 croissent avec la surface.

    2. La variabilité des prix

    Il y a deux sortes de variations de prix : les variations intraannuelles et les variations interannuelles. En ce qui concerne les variations intraannuelles, la longue durée de la campagne permet de limiter les risques : lors d'une campagne, il y a des moments où la culture de tomates est très rentable et des moments où l'agriculteur produit en perdant de l'argent. Mais en cas de baisse des prix se pose la question de l'utilité d'employer des salariés : parfois la vente des produits ne permet pas de couvrir le coût de la main d'oeuvre, les autres charges sont payées en début de campagne et les salaires sont le seul facteur sur lequel peut influer l'agriculteur lorsque les prix chutent. Les variations interannuelles peuvent être compensées en économisant les bonnes années de quoi passer les mauvaises et par des prêts de campagne, ce qui rend les agriculteurs extrêmement dépendants des banques.

     

    daniela

    rameau

    raf

    pera

    2002/2003

    0,55

    0,63

    1,42

    0,54

    2003/2004

    0,42

    0,51

    1,31

    0,6

    2004/2005

    0,72

    0,83

    1,42

    0,78

    2005/2006

    0,49

    0,52

    1,52

    0,56

    2006/2007

    0,73

    0,77

    1,26

    0,58

    Figure 37 : variations de prix annuels de tomates en Andalousie (2002-2007)

    Nous allons étudier ici les variations interannuelles en analysant les variations de revenu en fonction du prix moyen de vente.

    RA/actifsF

    daniela : 0 raf : 1,6

     

    petite agriculture p

    daniela : 0,8 €/kg
    raf : 1,6 €/kg

    daniela : 0,6 € raf : 1,4 €/k

    agriculture familiale
    daniela : 0,6 €/kg
    raf : 1,4 €/kg

    daniela :
    raf :

    daniela : 0,4 €/kg
    raf : 1,2 €/kg

    1,

     

    S/a

    50000

    40000

    30000

    20000

    10000

    0

    -10000

    8 €/kg €/kg

    tronale g

    g

    0,4 €/kg 2 €/kg

    ctifsF

    Figure 38 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour l'agriculture familiale et la petite agriculture patronale

    180000

    160000

    140000

    120000

    100000

    -20000

    40000

    20000

    80000

    60000

    0

    RA/actifsF

    grande agriculture
    patronale
    prix rameau :
    0,7 €/kg

    prix rameau :
    0,9 €/kg

    prix rameau :
    0,5 €/kg

    S/actifsF

    Figure 39 : effet d'une variation de prix sur le revenu pour la grande agriculture patronale

    Les variations de prix peuvent provoquer des variations de revenu par rapport au revenu moyen allant de 55% dans le cas de l'agriculture familiale à 105% dans la grande agriculture patronale, le revenu peut donc quadrupler entre les périodes de prix très faibles et les périodes de prix très élevés. Nous comptabilisons seulement l'effet direct du prix sur le produit brut. L'incitation à augmenter ou à baisser la production et à employer plus ou moins de main d'oeuvre en fonction du prix n'est pas prise en compte, elle est néanmoins non négligeable, des prix faibles incitent à prendre moins soin des cultures, voire à ne pas récolter ou calibrer et incitent également à diminuer la durée de la campagne.

    Les variations, aussi bien dans les rendements que dans les prix, font de la culture de tomates à Almería une entreprise risquée. Même si le revenu moyen est élevé, la monoculture représente un risque élevé, on comprend donc pourquoi les petits agriculteurs préfèrent utiliser deux variétés différentes. En cas de prix faibles, le revenu agricole peut descendre en- dessous du seuil de reproduction, et dans une certaine mesure, du seuil de survie, ce qui explique l'appel fréquent à des prêts de campagne, qui représente la seule solution, avec la vente des terres, pour passer les mauvaises années.

    3. Les salaires

    Nous avons vu que le travail salarié est très important et que les hauts revenus agricoles sont en fait une ponction sur la valeur ajoutée produite par les salariés. C'est ce rapport de force entre le propriétaire de la terre et le travailleur qui apparaît aujourd'hui assurer la prospérité de l'agriculture d'Almeria, bien que qu'historiquement, ce sont au contraire la diminution des rapports sociaux injustes et l'agriculture familiale qui a permis le développement de la région.

    L'absence d'organisation syndicale et le renouvellement très rapide de la main d'oeuvre (la plupart des immigrés quittent la province d'Almeria dès qu'ils sont régularisés et ils sont remplacés par de nouveaux arrivants) sont des freins à des revendications sociales qui permettraient de mettre à jour les tensions sociales et d'établir un équilibre acceptable entre la rémunération du travail salarié et du travail familial.

    Il existe plusieurs types de travailleurs salariés : les journaliers, les travailleurs temporaires (plusieurs mois sur la même exploitation) et les salariés permanents (plusieurs années sur la même exploitation) qui ont en général de meilleures conditions de travail (partage du temps de travail entre la récolte sous serre et le calibrage) et de meilleure conditions de vie (contrat de travail avec une rémunération fixée, sécurité sociale, logement, retour annuel dans leur pays d'origine). En échange ils doivent, à l'instar de la main d'oeuvre familiale, allonger leurs journées pendant les pointes de travail, sans recevoir de rémunération supérieure, voire sans recevoir de rémunération. Mais la plupart des salariés (journaliers et temporaires) sont des clandestins obligés d'accepter une rémunération très faible : les salaires reçus par les salariés clandestins tournent autour de 30 € par jour alors le salaire agricole minimum légal est de 40 € par jour (5 € par heure), auxquels s'ajoutent les charges sociales de 6 €, ce qui élève le cout du travail à 46 € par jour.

    L'emploi de salariés permanents peut amener les agriculteurs à faire des choix différents, par exemple à continuer à produire quand les prix baissent à la fin de la campagne, même si ça ne lui rapporte rien et lui permet juste de payer les salariés. Mais c'est une façon de « fidéliser » des travailleurs qu'il a formé et à qui il a permis d'obtenir un contrat de travail. Dans le choix des travailleurs permanents, les agriculteurs vont aussi effectuer une forme de discrimination puisqu'ils préfèrent des salariés avec qui il y a peu de risque qu'ils partent dès qu'ils auront obtenu un contrat de travail, typiquement les familles ou les femmes avec des enfants. Il arrive que certains salariés qui travaillent pendant une dizaine d'année avec le même propriétaire obtiennent des terres en métayage, cela concerne un nombre infime de personnes en regard du flux de migration qui passe par Almería mais représente un nombre non négligeable de métayers et a tendance à s'accentuer. Dans certains cas, l'espoir d'obtenir des terres en métayage peut également participer à une forme de « fidélisation » et faire taire les revendications.

    Nous allons étudier comment les salaires influencent le revenu agricole. Les salaires utilisés jusque là sont moyens (35 €/heure). Nous allons voir ce qui se passe si une pression très forte fait descendre les salaires jusqu'à 25 € par heure, ce qui arrive parfois, et si au contraire, les salaires augmentent jusqu'à 45 € par heure (ce qui correspond au cout légal du travail).

    -10000

    -15000

    30000

    25000

    20000

    15000

    10000

    -5000

    5000

    0

    RA/actifsF

    agriculture familiale

    salaires faibles

    salaires élevés

    petite agriculture
    patronale
    salaire moyens

    m2/actifsF

    Figure 40 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la petite agriculture patronale

    120000

    100000

    -20000

    40000

    80000

    60000

    20000

    0

    RA/actifsF

    salaires faibles

    salaires élevés

    grande agriculture
    patronale
    salaire moyens

    m2/actifsF

    Figure 41 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la grande agriculture patronale

    Dans le cas de l'agriculture familiale, la variation de revenu tient seulement à l'emploi de journaliers quelques jours par an, elle est de l'ordre de 1%, en ce qui concerne la petite agriculture patronale, la variation de revenu liée à une variation de salaire est de l'ordre de 12 % et dans la grande agriculture patronale, de l'ordre de 18 %. Ces calculs, comme précédemment, ne tiennent pas compte des incitations, dans le cas d'une augmentation des salaires, les agriculteurs peuvent réagir en décidant de diminuer la production et d'employer moins de main d'oeuvre salariée pour limiter leur baisse de revenu, si cette baisse est structurelle, cela peut les amener à changer le système de production.

    Les variations de revenu dues aux salaires sont assez faibles si on les compare avec l'impact d'une baisse du produit brut (rendement*prix). La viabilité des exploitations agricoles ne dépend pas directement des salaires mais la flexibilité des salariés permet de gérer la prise de risque due aux variations de prix et à l'endettement. Face aux risques liés à la variabilité des prix et aux emprunts, les salaires sont le seul facteur sur lequel les agriculteurs peuvent réellement influer. Une grande part de l'incertitude de la culture de tomates à Almería se reporte donc sur les salariés. La flexibilité de la main d'oeuvre est nécessaire aux agriculteurs car elle permet de gérer le risque : ils peuvent employer ou au contraire renvoyer les salariés en suivant au plus près les fluctuations de prix imposées par le marché.

    III. CARACTERISTIQUES

    ET PROBLEMATIQUES

    DE L'AGRICULTURE

    ALMERIENSE

    A. Une agriculture intensive très performante

    Avec l'ouverture du marché espagnol et l'augmentation des exportations, les surfaces cultivées et la production n'ont fait que croitre. Les agriculteurs ne sont qu'un maillon de la chaine qui permet de produire plusieurs millions de tonnes de produits horticoles par an dans la province d'Almeria. Dans la zone étudiée, les chiffres de la CASI, la plus importante coopérative agricole, permettent de rendre compte de l'ampleur du phénomène : 1800 ha de serres affiliés à la plus grande coopérative du coin produisant plus de 200.000 tonnes de tomates par an, la tomate représentant 98 % des cultures vendues sur la zone. Depuis 10 ans, la production a plus que doublé et les surfaces cultivées augmentent.

    250.000

    200.000

    150.000

    100.000

    50.000

    0

    Figure 42 : production vendues à la CAS! en tonnes

    Almería a été pendant longtemps la province la plus pauvre d'Espagne, et grâce à l'activité agricole, elle a depuis 30 ans le plus haut indice de développement économique d'Espagne, le revenu par personne est un des plus élevé d'Andalousie et le taux de chômage est le plus faible de la région. Mais ce développement à peine encadré ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes environnementaux et sociaux.

    B. Le Bajo Andarax dans la province d'Almeria :
    comparaison avec El Ejido et Nijar

    La zone étudiée représente une petite surface en comparaison avec les deux pôles de production les plus importants de la région : El Ejido et Nijar, qui comportent environ 30000 ha de serres. C'est le fait de posséder une spécificité, des avantages comparatifs et la spécialisation dans la culture de tomates qui lui permet d'exister encore malgré la concurrence des ces voisines.

    El Ejido, situé à une quarantaine de kilomètres à l'ouest d'Almeria, a été le point central de la politique de colonisation de l'Instituto Nacional de Colonizaciôn (INC) dans les années 1960. Avant l'installation de colons, c'était une région très sèche, de terres communales, différente des zones de vega. Les zones de montagne proche d'El Ejido étaient plantées de vignes mais la zone côtière aujourd'hui la plus peuplée était très peu cultivée. El Ejido produit surtout poivrons et concombres. La culture de la tomate y est assez peu rentable car l'eau provient directement des montagnes et est très douce.

    Nijar est situés à une trentaine de kilomètres à l'est d'Almeria, c'est la zone d'agriculture intensive la plus éloignée de la mer et celle où il fait le plus froid et où les risques de gelées sont les plus importants mais c'est aussi une zone en extension où des terres de moindre qualité sont encore disponibles. Les productions sont assez diverses : melon, pastèque, poivron, concombre, tomate, courgett e...

    La tomate est la culture qui nécessite le plus de travail, ce qui explique la spécialisation des producteurs de tomates : il n'est pas possible d'intercaler d'autres cultures entre deux campagnes et dans le Bajo Andarax, les conditions sont optimales pour la culture de tomates ce qui rend tout autre culture moins rentable. Cela explique aussi l'existence d'exploitations de très petite surface dans cette zone.

    C. Une agriculture (péri-) urbaine

     

    Figure 43 : les serres se trouvent au milieu des chantiers de constructions

    Le Bajo Andarax se fait grignoter peu à peu par l'extension de la ville d'Almeria. Tout en dépendant de l'activité agricole, la ville possède ses activités propres et est en pleine explosion démographique. La construction et la transformation des terres agricoles en terres urbaines se font très rapidement.

    L'urbanisation provoque une augmentation du prix des terres (aujourd'hui les terres atteignent un prix de 35 €/m2, le prix a triplé durant les 20 dernières années), d'autant plus que les zones de vega urbanisables sont les plus fertiles et que le Bajo Andarax est considérée comme la meilleure zone pour la production de tomates. Il arrive que les terres agricoles urbanisables soient abandonnées, mais en général l'activité agricole se poursuit jusqu'au dernier moment car ce sont les meilleurs terres qui sont urbanisées.

    On peut voir un gradient entre les zones déjà urbanisées où les seuls agriculteurs qui restent sont ceux d'un âge avancé, les zones de vega urbanisables dans peu de temps où l'activité agricole bat encore son plein, et où on peut voir beaucoup d'exploitations familiales et les zones non urbanisables avant un laps de temps assez long et où les jeunes s'installent.

    Une des conséquences de l'urbanisation est le déplacement des agriculteurs vers Nijar. S'ils changent de zones, les agriculteurs venant du Bajo Andarax continuent de produire des tomates, avec des petites différences techniques qui leur permettent d'éviter le gel. Cela montre qu'il y a une stratégie dans la culture de tomates (beaucoup de travail sur de petites surfaces) qu'on ne retrouve pas dans les autres cultures et que la spécialisation dans la tomate n'est pas seulement une question d'avantages comparatifs naturels.

    Il y a très peu d'intervention étatique et à long terme c'est la différence de rentabilité entre la culture de tomates et la construction de logement qui décidera de l'avenir de la zone.

    D. Une non - durabilité environnementale

    Les problèmes de pollution

    * L'utilisation de produits phytosanitaires en grande quantité met en danger la santé des travailleurs en contact avec ces produits.

    * Les produits phytosanitaires persistent dans le sol et l'eau et ont des effets sur la flore naturelle de ces éléments.

    * Les engrais salinisent l'eau et provoquent une pollution par les nitrates.

    Les problèmes de renouvellement de ressources rares

    * L'utilisation de grandes quantités d'eau souterraine a provoqué la baisse du niveau d'eau et la salinisation des nappes phréatiques.

    * Beaucoup de ressources indispensables deviennent rares et donc chère : les terrains, le sol, le sable, le fumier, l'eau et les produits phytosanitaires.

    * L'utilisation de l'énergie fossile pour produire les engrais rend l'activité agricole dépendante d'une ressource limitée.

    Les problèmes de type phytosanitaire : l'absence de rotation et la concentration des parcelles rendent les cultures très sensibles aux maladies, avec comme solution privilégiée, l'utilisation de produits toxiques pour la santé humaine et pour l'environnement.

    L'aplanissement des terrains pour l'installation des serres peut provoquer des inondations.

    Beaucoup de nouvelles techniques sont favorables à l'environnement : la plus importante est l'utilisation du sable, qui évite la salinisation des sols et économise l'eau, c'est une pratique durable qui permet de diminuer les couts énergétiques de la production, la fertilisation par le système d'irrigation au goutte à goutte permet d'économiser les produits phytosanitaires, la lutte intégrée et l'utilisation d'insectes, de plantes dans le lutte contre les maladies prend de l'importance, les greffes également permettent de lutter contre les maladies du sol sans recourir à des produits chimiques. La lutte intégrée ne peut être efficace qu'avec un matériel moderne, qui permet de contrôler parfaitement la ventilation et l'entrée et la sortie des insectes (ce qui n'est pas possible avec les serres planes dont le plafond est troué pour laisser entrer l'eau) et si les agriculteurs l'appliquent de manière uniforme, les produits phytosanitaires utilisés par le voisin détruisent les insectes utilisés dans la lutte biologique.

    Le problème de l'eau a été anticipé dans une certaine mesure par l'utilisation des eaux résiduelles de la ville d'Almeria et par l'installation d'usine desalinisante très couteuse en énergie électrique. Le faible cout de l'eau, qui ne reflète pas sa rareté, n'incite pas les agriculteurs à l'économiser.

    Si la commercialisation le permettait, il pourrait être possible d'effectuer des rotations entre différents produits horticoles ou des associations permettant de lutter contre les maladies. Pour cela, il faudrait qu'un tel changement ne diminue pas le revenu des agriculteurs.

    E. L'utilisation de la main-d'oeuvre immigrée

    Outre les problèmes environnementaux, le problème le plus important de l'agriculture d'Almeria est l'utilisation d'une main d'oeuvre bon marché et flexible, immigrées et exploitée dans une situation qui n'est pas « durable ».

    Au fur et à mesure du développement de la région, les espagnols qui n'avaient pas eu accès à la propriété de la terre ont quitté l'activité agricole pour des emplois mieux rémunérés. Lorsque le manque de main d'oeuvre s'est fait sentir, la possibilité de faire appel à la main d'oeuvre marocaine voisine a permis d'éviter de transformer et mécaniser le système vers une agriculture peu nécessiteuse en main d'oeuvre. Cette main d'oeuvre très abondante a permis aussi la concentration des terres dans de très grandes exploitations.

    Nous avons déjà vu que, la production étant aléatoire sur la durée et sur la quantité, les agriculteurs ont besoin d'une main d'oeuvre flexible. Le manque de contrôle sur les prix agricole les incite à diminuer le plus possible le cout de la main d'oeuvre. Dans le même temps, ils ne peuvent pas prendre le risque que la main d'oeuvre vienne à manquer, elle doit donc rester abondante et aucune politique n'est mise en place, ni pour limiter le flux de migration, ni pour permettre l'intégration des immigrés.

    La situation des immigrés est difficile en raison des salaires bas, mais aussi en raison du chômage et de l'incertitude de l'emploi, et de la discrimination dans la recherche de tout autre emploi. C'est une sorte de cercle vicieux car plus il y a d'immigrés qui viennent à Almería et plus leur situation s'empire (baisse des salaires, travail à la journée, discrimination...).

    Il est nécessaire qu'il y ait une intervention de l'Etat pour permettre l'intégration des immigrés et faire cesser le phénomène de renouvellement permanent qui existe actuellement. L'idée implicite qui prévaut aujourd'hui est que l'agriculture d'Almeria ne pourrait pas fonctionner sans le travail des immigrés et qu'il faut donc laisser la situation en état car un changement pourrait signifier la ruine des agriculteurs et par conséquent de l'économie d'Almeria. L'utilisation des immigrés pour la formation de grandes exploitations patronales n'est pas favorable à l'agriculture d'Almeria car elle met en danger les plus petites structures patronales ou familiales. Une protection des agriculteurs, notamment en diminuant le risque sur les prix, et la reconnaissance de la situation sociale des immigrés permettraient d'améliorer la situation des salariés.

    F. Des acteurs multiples

    De nombreux acteurs participent à la filière des produits horticoles, toute la province d'Almeria vit en relation directe ou indirecte avec l'agriculture. Les agriculteurs ne sont que le maillon d'une chaine allant des fournisseurs d'intrants aux consommateurs et ils sont soumis dans une certaine mesure aux oligopoles qui existent des deux côtés.

    1. Les coopératives

    Les coopératives représentent les agriculteurs. Ce sont de véritables sociétés très influentes. Tout en se réclamant d'une agriculture familiale historique (les premières existent depuis 1945) et de préoccupation environnementale, elles ne remettent pas en cause, ni l'exploitation des salariés, ni la soumission des agriculteurs au marché, ou plus exactement aux exigences des exportateurs censées refléter celles des consommateurs.

    Les coopératives sont d'abord le lieu de vente des produits, le plus souvent par enchères à la baisse. Elles ont peu à peu élargie leur activité : aujourd'hui elles vendent des intrants, du matériel, pratiquent un suivi technique très poussé, et font du crédit aux agriculteurs. Chaque exploitation est visitée par un technicien environ toutes les deux semaines, c'est lui qui décide dans la plupart des cas de la « recette » de produits à appliquer sur les plantes.

    Il n'en existe que trois de taille importante et quelques autres très petites. La plus grande, la Cooperativa Agricola de San Isidro (CASI), fait ces enchères tôt le matin et les autres coopératives voient leur prix s'aligner sur ceux de la CASI.

    Citons également la CASUR qui a des pratiques assez originales et intéressantes : le prix de vente reversé aux producteurs est un prix moyen hebdomadaire, les tomates sont manipulées à la coopérative et seuls les produits de très bonne qualité sont vendus, cela incite les agriculteurs à se concentrer sur la production et sur la qualité des tomates, à donner les terres en métayage, c'est aussi une coopérative active dans l'expérimentation de la lutte biologique.

    2. Les entreprises du secteur industrielle et tertiaire

    La création de variétés nouvelles et de produits phytosanitaires se réalise essentiellement dans des entreprises privées qui ont une influence importante sur les nouvelles techniques.

    Il existe également un grand nombre de petites entreprises : elles pratiquent la vente d'intrants et de matériel, la construction de serres, l'installation de plastique... Elles participent au développement d'Almeria en créant des emplois et de la valeur ajoutée. L'influence de l'agriculture sur le développement d'Almeria passe par l'existence de ces entreprises.

    Figure 44 : la concurrence est rude entre les différents fournisseurs de semences

    3. Les acheteurs

    Les acheteurs sont le plus souvent des exportateurs qui envoient ensuite les produits vers la France, l'Angleterre, l'Allemagne, les pays d'Europe du Nord...

    Il y a un petit nombre d'acheteurs et ils se connaissent tous. Il y a un effet de concurrence entre eux puisqu'ils revendent eux-mêmes les produits, ils cherchent donc non seulement à avoir les prix les plus bas mais aussi à faire en sorte que les autres achètent à un prix plus haut. Il y a aussi un effet d'entente de petits groupes d'acheteurs, qui peuvent se mettre d'accord pour obtenir de meilleur prix.

    4. Les semilleros

    Les semilleros peuvent être considérés comme pratiquant une activité agricole : ils sont chargés de produire les plantules d'une dizaine de centimètres à partir des graines et d'effectuer les greffes. Il y a 2 entreprises de semenciers sur la zone mais les agriculteurs peuvent aller assez loin pour trouver un bon semencier. Certains fonctionnent comme des entreprises, avec un grand nombre de salariés, d'autres sont familiaux.

    5. Les banques

    L'activité bancaire a beaucoup d'importance dans l'agriculture d'Almeria. El Ejido est l'endroit d'Espagne où se trouve la plus grande concentration de banques (et de casino). Les agriculteurs sont dépendants des banques et l'endettement est très important. La grande rentabilité de l'agriculture pousse à investir et à prendre des risques.

    6. Les communautés d'irrigants

    S'il reste encore quelques puits privés d'eau très salée, la majeure partie de l'eau est gérée par des communautés d'irrigants. Ils existent un grand nombre de petites communautés surtout sur les puits aux abords du fleuve Andarax, et de très grande comme la communauté de « la buena union » qui gère la source de Viator ou « las quatros vegas » qui recycle les eaux urbaines.

    7. Les pouvoirs publics

    La délégation provinciale de l'agriculture est chargée de suivre les agriculteurs. En vérité il y a très peu d'intervention de la part des pouvoirs publics, le pouvoir politique des agriculteurs et des coopératives est tel qu'il n'y a pas vraiment de contradicteurs, à part chez certains syndicats d'ouvriers agricoles. Le suivi technique est complètement assuré par les coopératives.

    G. Un marché fluctuant et soumis à une concurrence très
    rude : le problème des prix

    Comme on a pu le voir, les agriculteurs sont dépendants du prix de vente, qui dépend lui-même du marché. Les variations intraannuelles sont gérées grâce à la longue durée de la campagne qui permet de produire quasiment toute l'année, et finalement sur la période hivernale où les prix sont les plus élevés. En revanche, rien ne permet de compenser les variations interannuelles.

    0,8

    0,6

    0,4

    0,2

    0,0

    1,8

    1,6

    1,4

    1,2

    2,

    1,

    Figure 45 : Prix hebdomadaire de la tomate année 2001 à 2006 (source Junta de Andalusia)

    L'extension des surfaces cultivées avec l'utilisation de main d'oeuvre salariée sur les terres en excès provoque un état de surproduction qui fait baisser les prix relatifs et fragilise l'agriculture familiale.

    La concurrence avec les pays de l'Europe du nord, comme la Hollande ou la France ne se fait sentir qu'en fin de campagne, en été, au moment où les prix chutent car ces pays rentrent en production, mais toute la stratégie de l'agriculture d'Almeria est basée sur une production décalée par rapport aux pays européens. En revanche, l'importation de tomates venant des pays méditerranéens auxquels on a récemment ouvert le marché européen, notamment le Maroc, la Turquie et Israël, provoque de brusques chutes de prix. Aujourd'hui les producteurs espagnols sont dans la même situation vis-à-vis du Maroc que les producteurs français l'était avec les espagnols au moment de l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne : le Maroc produit des tomates à un cout de production plus faible et comme les prix ont tendance à s'aligner sur les couts de production les plus faibles, ils descendent parfois en-dessous des couts de production en Espagne, ce qui tire les salaires à la baisse.

    D'un autre côté, la surdemande pour les produits phytosanitaires, le fumier, le sable, et les terres fait monter les prix de ces ressources. On est sorti de la situation initiale qui était une agriculture familiale avec des couts de production très faibles (structure très simples en bois et plastique, optimisation des ressources naturelles comme le soleil, le vent, le sable, l'eau...). Les couts de production ne cessent d'augmenter alors que les prix baissent. Cette baisse de rentabilité a des répercussions directes sur la situation des salariés et sur l'environnement.

    CONCLUSION

    L'économie d'Almeria est entièrement basée sur l'agriculture, une baisse de l'activité agricole pourrait signifier une forte récession dans le développement de toute la province qui est aujourd'hui en explosion et une désertification accrue de l'écosystème. Les deux problèmes les plus importants de l'agriculture d'Almeria sont des pratiques non durables d'un point de vue environnemental et l'exploitation injuste des salariés.

    Un vrai changement pourrait venir des politiques agricoles si la priorité était mise sur la protection de l'environnement et la justice sociale. Sans politiques adaptées, les producteurs restent soumis aux lois du marché, qui tout en les poussant à être toujours plus compétitifs, ne permettent pas de prendre en compte ni la destruction de l'environnement, ni l'intérêt de tous les travailleurs même lorsqu'ils ne possèdent pas de capital. Des mesures pourraient être prises pour stabiliser les prix, repenser l'organisation du territoire, limiter les surfaces cultivées en fonction de la culture, mettre en valeur des produits de qualité avec des normes environnementales et sociales, gérer le développement urbain, et mettre en place une politique d'immigration permettant l'intégration des immigrés.

    Le rejet de la part des consommateurs des produits venant d'Almeria, le plus souvent par peur des produits chimiques, mais aussi grâce à une prise de conscience de la situation sociale, incite également à un changement de pratiques qui pourrait s'avérer décisif.

    ANNEXES

    structure du foncier dans la province d'Alméria

    en nombre en surface

    100%

    90%

    80%

    70%

    60%

    50%

    40%

    30%

    20%

    10%

    2%

    0%

    67%

    21%

    10%

    6%

    12%

    22%

    60%

    moins de 5 ha 5 à 20 ha

    20 à 100 ha plus de 100 ha

    structure de la propriété dans la province d'almeria

    100%

    90%

    80%

    70%

    60%

    50%

    40%

    30%

    20%

    10%

    0%

    13%

    8%

    2%

    77%

    autres métayage fermage propriété

    ANNEXE 1 : STRUCTURE DU FONCIER ET DE LA PROPRIETE DANS LA
    PROVINCE D'ALMERIA

    ANNEXE 2 : CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE TRAVAIL

    INTERVENTION

    Classe M, MM

    PRODUCTION 10 à15 kg/m2

    Classe G et GG

    aout sept. oct.

    nov. déc.

    janv. fév.

    mars avril

    mai juin

    juil. aout

    25h/jour

    1000 kg/jour/ha

    Ajustage des fils

    Coupe des talles

    Récolte (45%) et Calibrage (55%)

    TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE

    4h/jour 4h/jour 4h/jour

    15h/jour

    Sol à nu Croissance

    Production Sol à nu

    CYCLE DE CULTURE

    TOMATES ROUGES SANS PERCHES

    PRODUCTION 13 à17 kg/m2

    Classe M, MM

    Sol à nu

    Croissance

    CYCLE DE CULTURE

    Production Sol à nu

    Coupe des talles

    Récolte et Calibrage

    aout sept. oct.

    nov. déc.

    janv. fév.

    mars avril

    mai juin

    juil. aout

    Ajustage des fils

    INTERVENTION

    TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE

    Entretien des perches

    30h/jour

    4h/jour 4h/jour

    4h/jour

    20h/jour

    Classe G et GG

    TOMATES ROUGES AVEC PERCHES

    Ajustage des fils

    Classe M, MM

    PRODUCTION 10 à15 kg/m2

    Classe G et GG

    aout sept. oct.

    nov. déc.

    janv. fév.

    mars avril

    mai juin

    juil. aout

    1000 kg/jour/ha

    INTERVENTION

    TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE

    25h/jour

    15h/jour

    4h/jour 4h/jour 4h/jour

    Coupe des talles

    Récolte (45%) et Calibrage (55%)

    Sol à nu Croissance

    Production Sol à nu

    CYCLE DE CULTURE

    TOMATES ROUGES EN RAMEAU

    CYCLE DE CULTURE

    Sol à nu Croissance

    Production Sol à nu

    Ajustage des fils

    Récolte et Calibrage

    Classe M, MM

    PRODUCTION 3 à 5 kg/m2

    Classe G et GG

    TOMATES VERTES

    aout sept. oct.

    nov. déc.

    janv. fév.

    mars avril

    mai juin

    juil. aout

    Coupe des talles

    INTERVENTION

    TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE

    Coupe des talles

    Ajustage des fils

    Coupe des talles

    Ajustage des fils

    TOMATES ROUGES 2 CAMPAGNES

    aout sept. oct.

    janv. fév.

    mai juin

    juil. aout

    nov. déc.

    mars avril

    INTERVENTION

    TEMPS DE TRAVAIL SUR UN HECTARE

    Récolte (45%) et Calibrage (55%)

    Récolte (45%) et Calibrage (55%)

    PRODUCTION 10 à15 kg/m2

    Production Croissance Production Sol à nu

    Croissance

    CYCLE DE CULTURE

    ANNEXE 3 : LES NORMES DE QUALITE DE LA CASI

    TOMATES SUELTO

    NORMALIZACIÔN DE TAMAÑOS

     
     
     
     
     
     

    GG
    Mâs de 82 mm.

    G
    De 67 a 81 mm.

    M
    De 57 a 66 mm.

    MM
    De 47 a 56 mm.

    NORMAS DE ENVASADO

    Colocaciôn del producto

    Tipo de envase

    NORMAS DE CALIDAD

    CATEGORIA I

    · Los tomates M y MM bien seleccionados se consideraràn de categoría I.

    · Los tomates clasificados en esta categoría deben ser firmes, de buena calidad y homogéneos en madurez y coloraciân así como su tamaio por envase.

    · La parte visible del contenido del envase debe ser representativa del conjunto.

    · La categoría I debe estar exenta de:

    - Tomate blando

    - Tomate deforme

    - Tomate rayado o con grietas

    · Tolerancia de calidad y calibre de hasta un 10% de tomates clasificados en la categoría II

    CATEGORIA II

    · Los tomates clasificados en esta categoría deben ser bastante firmes y no presentar grietas sin cicatrizar.

    · Pueden presentar los defectos siguientes, siempre que mantengan las características de calidad y presentaciân de la categoría:

    - Defectos de forma, desarrollo y coloraciân.

    - Ligeras magulladuras.

    - Grietas cicatrizadas de 3 cm. de longitud màxima.

    · Tolerancia de hasta un 10% de calidad y tamaño de tomates que no corresponda a la categorfa.

     

    TOMATES EN RAMO

    NORMALIZACIÔN DE TAMAÑOS

     
     


    ·

    ·

    ·


    ·

    Racimo I
    De 57 mm. en adelante

    NORMAS DE

    Racimo II "B"
    Mâximo 56 mm.

    ENVASADO

     
     
     
     

    Tomate: variedades

    Tomates hEbridos presentados en ramo, lo que permite una mayor conservaciân fresco. Esta forma especial de presentarlo confiere a los frutos unas cualidades organolépticas especiales especiales en las que destaca su sabor y aroma natural.

    Tomate hEbrido de larga conservaciân ideal para ser exportado a mercados lejanos. Caracterizado por su gran firmeza y consistencia, color rojo intenso homogéneo y buen sabor.

    Tomate hEbrido relativamente achatado que se recolecta pintân caracterizado por su piel firme de pulpa jugosa con sabor destacado por su acidez ideal.

    Tomate hEbrido alargado tipo pera (ovoide). Frutos de color rojo intenso, firmes y consistentes. Pared gruesa y pulpa jugosa.

    Tomate tradicional representado por la variedad Raf. Muy apreciado por su extraordinario sabor y dulzor iinico. Alcanza altas cotizaciones en mercados selectos y exigentes en los sabores tradicionales que recuerdan a los orEgenes de la agricultura almeriense.

    Tomate en racimo

    Tomate larga vida

    Tomate verde

    Tomate pera

    Tomate Asurcado

    cerrar

    ANNEXE 4 : FILS ET PERCHES

     

    Système de culture sans perches

    Culture avec perches

    Avec les perches, les tiges s'étendent le long du sol

     

    BIBLIOGRAPHIE

    · José Luís Martin Galinedo. 1988. Almería. Paisajes Agrarios. Espacio y Sociedad. De la agricultura morisca a los enarenados e invernaderos actuales.

    · Juliân Santiago Bujalarce. 1999. Historia de la agricultura andaluza. Siclos 18 a 21. "Una ansiada reforma agraria siempre frustrada". "Claves de futuro".

    · Juan Goytisolo, 1960. Campos de Nijar.

    · Manuel Galvez Ibâfiez. 2003. La Vega de Almería. Una forma de vida que se acaba.

    · Bernard Roux. Agriculture, marché du travail et immigration. Une étude dans le secteur des fruits et légumes méditerranéens.

    · Bernard Roux. Permanences structurelles et diversifications dans l'agriculture en Andalousie.

    · Jean-Pierre Berlan, 1987. La agricultura y el mercado del trabajo. ,Una California para Europa? Agricultura y Sociedad, n°42, p.233-245.

    · Carlos de los llanos. L'Andalousie en Europe. L'essor du secteur fruitier et maraicher en Andalousie.

    · Sociedad y Politica almeriense durante el régimen de Franco. Actas de las jornadas celebradas en la Universidad Nacional de Educaciôn a distancia (UNED) durante los dias 8 al 12 de abril 2002:

    * Santos Julia, Politica y sociedad durante el régimen de Franco. * Manuel Gutiérrez Navas, Franco en Almería.

    * Andrés Sânchez Picôn et Irene Fernández Ruiz, Una mirada a la Almería de la autarquia y a la coyuntura econômica del primer franquismo.

    * Carlos Castellana Prieto (fonctionnaire de l'INC), El Instituto Nacional de Colonizaciôn en Almería.

    · José Rivera Menéndez, 2001, La politica de colonizaciôn en el Campo de Dalias.

    · Anâlisis de la campafia hortofruticola de Almería, 2001 à 2006, Fondation Cajamar.

    · Geografía de Espafia, 1991.

    · Site Internet de l'Aéroport d'Almeria : http://www.tutiempo.net/clima/Almeria.es

    SIGLES ET TRADUCTION

    · Albaldin : plante très ressemblante à l'esparto

    · Almeriense : habitants d'Almeria, désigne ce qui caractérise Almería

    · Barrilla : plante qui pousse spontanément dans la steppe d'Almeria et dont on tire une espèce de soude

    · Campo : champs, se disait des terres cultivées non irriguées

    · Cafia : bambous utilisés dans la construction des haies

    · Cortijos : maison rurale

    · Desamortizaciôn : se dit du mouvement de mise en vente des terres communales et des terres de l'église au 19ème siècle.

    · Esparto : plante qui pousse spontanément dans la steppe d'Almeria et qui sert à fabriquer de la corde

    · Invernaderos : serres

    · Llanos : plaines

    · Matorral : terres de pâture dont la végétation laisse voir le sol

    · Moriscos : se dit des musulmans convertis qui vivent en Andalousie après la reconquête par les chrétiens

    · Parral : type d'invernaderos, petit et plat

    · Primer franquismo : période qui a suivi la guerre civile (1939- 1950)

    · Rambla : cours d'eau asséché la plupart du temps

    · Setos : haies

    · Vega : zone de terres irriguées, delta

    · CASI: Cooperativa Agricola de San Isidro

    · INC: Instituto Nacional de Colonizaciôn

    · INE: Instituto Nacional de Estadistica






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway