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La psychologie, un genre médiatique devenu rentable

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par Ariane Gaffuri
Celsa-Université de Paris IV-Sorbonne - Master 2 Pro en Information et Communication spécialisé en Journalisme 2008
  

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3. Omniprésence de la psychologie et des psychologues dans les médias

« La France est peut-être en passe de devenir une sorte d'étrange démocratie psychologique avancée. » 76(*)

Robert Castel, « Le phénomène psy et la société française », 1980.

Aujourd'hui, les « psys » sont omniprésents. Les programmes de témoignages où ils officient rassemblent un large public, les rubriques « psychologie » abondent dans la presse écrite et à la radio, les magazines spécialisés se vendent en masse - particulièrement le mensuel Psychologies Magazine, qui illustre ce que la discipline est devenue dans les médias. Les chaînes de télévision proposent, par exemple, une dizaine d'émissions : « Vie privée, vie publique » (sur France 3) ; « Ca se discute », « Toute une histoire », « Cas d'école » « C dans l'air », « C'est au programme » (sur France 2) ; « Les conseils du jour », « L'amour c'est magique » (sur M6) ; « Sentez-vous bien », « On n'est pas que des parents », « Les tabous du... », « Psycho-fiction » (sur France 5)...

La grille de lecture des psychologues s'étend aux domaines liés à la vie quotidienne, le couple, la famille, la santé, l'évolution des moeurs. Elle se manifeste aussi dans les débats de société, l'actualité, les faits divers, la politique...

3.1 Les psychanalystes à la Une

« On me demande souvent : "comment pouvez-vous rester un authentique psychanalyste tout en vous montrant à la télé ?" Je réponds que c'est aussi simple que d'être un psychanalyste qui se cache, sauf qu'on se montre. »77(*)

Gérard Miller, « Dans l'oeil du cyclope », 2005.

Gérard Miller, Boris Cyrulnik, Marcel Rufo, Serge Hefez, Caroline Eliacheff, Claude Halmos, et bien d'autres, constituent un vivier de professionnels polyvalents opérationnels dans la presse écrite, les studios de radio et les plateaux de télévision.78(*)

La sociologue Dominique Mehl considérait en 2005 que se distinguent dans l'univers « psy » deux principales figures publiques : le nouveau moraliste qui délivre des conseils normatifs (moins lourds que les prêtres d'autrefois) et le « panseur/penseur » qui propose des pistes de réflexion sur les maux de la société. Tous accompagnent ce qu'elle qualifie de « vaste mouvement d'introspection publique des citoyens ordinaires. »79(*) Outre ces deux profils, d'autres tendances s'affirment car le genre continue à évoluer dans les médias.

La plupart des praticiens ont une véritable légitimité sur les questions de moeurs : « Sans eux, il n'y aurait pas eu cette richesse des débats sur les secrets de famille ou l'accouchement sous X. En revanche, asséner qu'en cas de divorce les enfants vont gravement trinquer est abusif. Partir d'une expérience clinique pour en faire une espèce de savoir prédictif me semble dangereux », prévient-elle.80(*)

Il existe des dissensions au sein de la discipline. Toujours selon Dominique Mehl, de nombreux professionnels ne se reconnaissent pas dans sa médiatisation. D'autres dénoncent les dangers de l'exportation de la parole hors du cabinet médical, sans bouder les médias. C'est le cas de la psychiatre Elisabeth Roudinesco qui dit avoir choisi les émissions où elle se rend, « uniquement pour parler de mes livres ou pour livrer un combat, jamais dans les déballages et jamais au titre d'expert [...] Je condamne les exhibitions en tous genres. »81(*) C'est également la position de la psychanalyste Claude Halmos. Elle met en garde contre les interprétations « sauvages » de certains praticiens dont la parole se réduit à « presque rien ».82(*)

Nous observerons dans cette partie différentes utilisations de la psychologie dans les médias au travers notamment de : « Ca se discute » sur France 2, de l'émission de radio « Savoir être » sur France Info avec Claude Halmos, et du mensuel Psychologies Magazine...

* 76 Castel, Robert, Le Cerf, Jean-François, « Le phénomène psy et la société française », Le Débat n° 1, 2, 3,

juin-août, 1980.

* 77 Miller, Gérard, « Dans l'oeil du cyclope », « Peut-on psychanalyser les médias ? », Médiamorphoses n° 14,

septembre 2005, p. 81.

* 78 Ils sont également rentables pour les maisons d'édition. Guérir, le best-seller du neurobiologiste David Servan-

Schreiber paru en 2003, s'est vendu à plus de 800 000 exemplaires. Oedipe toi-même, de Marcel Rufo, paru en

2000, s'est vendu à plus de 600 000 exemplaires. (Fourgnaud, Agathe, Valeurs Actuelles, 20 janvier 2006).

* 79 Mehl, Dominique, « La bonne parole », La Martinière, 2005, p. 329.

* 80 Huret, Marie, « Attention aux psys prêcheurs », L'Express, 11 mars 2003.

* 81 Roudinesco, Elisabeth, courriel en réponse à une demande d'entretien, 13 novembre, 2007.

* 82 Jost, François, « Psy et médias sont-ils compatibles ? », Dossiers de l'audiovisuel, INA, n° 111,

septembre-octobre 2003, op. cit., p. 57.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote