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Développement financier et croissance économique au Tchad de 1982 à  2007

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par Ahamat Djabre Genson
Université de Douala - DEA 2008
  

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CONCLUSION DU TROISIEME CHAPITRE

Ce chapitre a mis en évidence les principales études économétriques et les différentes procédures d'estimation. La première section a présenté les différents éléments de modélisation de la relation entre le secteur financier et le secteur réel. La seconde section, quant à elle, a présenté les propriétés statistiques des series des indicateurs et la procédure d'estimation. De maniére générale, ce chapitre nous a permis d'examiner les différentes variables financières et de contrôle susceptibles d'expliquer le phénomène et de présenter le modèle retenu. Ainsi nous allons procéder à des tests économétriques à l'aide du logiciel statistique Eviews. Tests dont les resultats sont présentés en Annexe. Cependant, l'interprétation et les implications feront l'objet du prochain chapitre.

CHAPITRE IV: LE CARACTERE UNIVOQUE DE LA CAUSALITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER AU TCHAD

Après la présentation de la procédure d'estimation et du modèle retenu pour notre étude dans le chapitre précédent, nous essayerons, dans le chapitre IV, de procéder aux différents tests décrits au chapitre III, ainsi que leur interprétation statistique et économique.

Cet chapitre s'articule autour des deux points essentiels. La première section procéde à la présentation des résultats des estimations économétriques. la seconde section, quant à elle, propose des mesures de politique économique envisagéés en vue de favoriser la croissance du PIB au Tchad.

SECTION 1: La significativité plus importante de la causalité de la croissance sur le développement financier

Dans cette section, on procédera à une analyse des résultats des tests économétriques et leurs interprétations.

1-1 Résultats et interprétation.

L'analyse descriptive des différentes variables, le test de stationnarité des séries, le test de cointégration des séries de Johansen, l'estimation du modèle à correction d'erreurs, le test de causalité de Granger et le test de stabilité structurelle retiendront notre attention dans cette sous-section.

1-1-1 Analyse descriptive

Les caractéristiques des différentes variables se présentent comme suit :

Tableau 1 : Caractéristiques des variables financières et réelles.

 

PIBT

M2

CSP

CBC

OUV

DP

Moyenne

191,4615

13,14346

6,915000

12,97885

51,67308

9,406154

Mediane

189,5000

12,30000

4,240000

12,00000

49,15000

8,325000

Maximum

218,0000

21,20000

21,20000

22,20000

76,40000

15,80000

Minimum

154,0000

8,430000

3,310000

9,120000

20,10000

5,470000

Ecart type

14,82762

2,697849

5,022520

3,156122

13,90745

2,806384

Skewness

-0,307358

1,372149

1,732384

1,834663

0,153661

0,782932

Kurtosis

2,960939

5,232016

5,137735

6,050465

2,569156

2,680772

Jarque et Bera

0,411017

13,55582

17,95573

24,66673

0,303414

2,766658

Probabilité

0,814233

0,001139

0,000126

0,000004

0,859240

0,250742

Observations

26

26

26

26

26

26

Source : Auteur à partir des données.

Selon ce tableau, on constate que :

- Selon le ratio m2 qui indique la part de l'agrégat monétaire M2 dans le PIB nominal, la population Tchadienne détient en moyenne 13,14% de leur revenu sous forme d'actifs liquide, ce ratio reste en dessous de la moyenne pour les pays en développement.

Cependant, ce résultat n'est pas conforme à celui de Garip Turunç ayant mené une étude sur le développement du secteur financier et la croissance économique  dans les pays émergents méditerranéens sur la période 1990-1995. Ce dernier conclut que ce ratio était de 48,2% pour l'ensemble de l'échantillon contre 67% dans les pays riches et 36% dans les pays en développement.

Pour le Tchad, la plus grande valeur de ce ratio se situe à 21,20% et la plus petite valeur est à 8,43% sur la période 1982-2007.

- Selon le ratio cbc qui représente la proportion des crédits accordés par les banques commerciales dans le PIB nominal, on constate qu'en moyenne la part des crédits octroyés par les banques commerciales représente 12,97% du PIB nominal au Tchad avec une valeur maximale de 22,20% et minimale de 9,12%.

- Selon le ratio csp indiquant la proportion du crédit privé dans le PIB nominal, on a une moyenne de 6,9% sur la période. Ce faible taux milite en faveur du sous développement du crédit au secteur privé.

1-1-2 Test de stationnarité des séries

Les résultats des tableaux du test de racine unitaire de l'annexe II (page 82) confirment la non stationnarité des Toutes les variables au même niveau. Elles sont tous stationnaires en différences premières à l'exception de CBC qui est stationnaire à niveau.

1-1-3Test de cointégration des séries de Johansen

Au regard des résultats portant sur l'ordre d'intégration des variables, on remarque qu'il pourrait y avoir une relation de cointégration entre d'une part la variable à expliquer PIBT, et d'autre part les variables explicatives M2, CSP, OUV et DP qui sont toutes stationnaire en différence première. Par ailleurs, la possibilité de l'existence de relation de cointégration entre PIBT par exemple (ou toute autre variable) qui demeure en différence première et CBC est à exclure, les ordres d'intégration étant différents.

Au terme du test de Johansen, l'hypothèse nulle de l'absence de relation de cointégration est rejetée 1 % par les deux tests de la « trace statistic » et du maximun d'« Eigenvalue » qui donnent le même résultat à ce niveau. En effet, 112,8565 est supérieurs à 68,52 et 76,07 (valeur critique à 1 % et 5 % respectivement). De même, l'hypothèse nulle de la présence d'une seule relation de cointégration est rejetée 1 % par le test de la « trace statistic », car 57,7902 est supérieurs à 54,46. Au total, on constate qu'il existe deux relations de cointégration :

PIBT = 29,28634 + 26,79300*CSP + 0,081393*OUV - 42,55730*DP

(34,5704) (1,09534) (53,6373)

M2 = -0,678558 + 0,526507*CSP + 0,006011*OUV - 1,710091*DP

(1,41837) (0,04494) (2,20065)

NB : les t de Student sont entre parenthèses.

La première équation nous intéresse au premier chef, car elle représente la relation de long terme entre la variable à expliquer d'une part, et les variables explicatives d'autre part.

Il résulte de la relation de cointégration qu'à long terme le PIBT est donné par  une constante, le crédit au secteur privé, l'ouverture commerciale moins la dépense publique. Tandis que, à court terme, la masse monétaire (M2) est aussi fonction d'une constante, le crédit au secteur privé, l'ouverture commercial moins la dépense publique.

1-1-4 Estimation du modèle à correction d'erreur

Le modèle à correction d'erreur met en évidence la dynamique de court et de long terme entre la variable à expliquer et les variables explicatives intégrées de même ordre. Il se fait en deux étapes:

Première étape : estimation du modèle PIBT, M2, CSP, OUV et DP

La première étape consiste à régresser la variable à expliquer sur les variables principales variables explicatives intégrées au même ordre. PIBT M2 CSP OUV DP

Deuxième étape : estimation du modèle différencié à l'ordre 1 : PIBT, M2, CSP, OUV, DP et résidu (de la précédente estimation) décalé d'une période

D(PIBT) D(M2) D(CSP) D(OUV) D(DP) RESID01(-1)

Tableau 2 : Modèle à correction d'erreur dont la variable dépendante est le DLPIBRT.

Variable

Coefficient

t-Statistic

Prob

Part des crédits bancaires octroyée au secteur privé (DLCSP)

2.104881

2,088315

0,0491

Ratio M2/PIB (DLM2)

3,160748**

1,626372

0,0355

Part des dépenses publiques dans le PIB (DLDP)

1,480585

1,222539

0,2350

Ouverture commerciale (DLOUV)

0,367933

1,842815

0,0795

Produit intérieur brut retardé (LPIBT_1)

-0,860020***

-4,520810

0,0014

Part des crédits bancaires octroyée au secteur privé retardée (LCSP_1)

14,20936

3,773733

0,0044

Ratio M2/PIB retardé (LM2_1)

-1,701956***

-1,166020

0,0070

Part des dépenses publiques dans le PIB retardée (LDP_1)

2,144574

0,881013

0,2034

Ouverture commerciale retardée (LOUV_1)

-0,207065

-0,681202

0,5129

Constante

131,5348

6,335830

0,0000

Note : (***), (**) signifie respectivement significatif à 1% et 5%.

Source : Auteur à partir des estimations

Dans cette équation, selon la variable LPIBRH_1, on constate que la force de rappel à l'équilibre est négative et significative au seuil de 1% égal à -0,8600. Ainsi, la stabilité de la relation de long terme mise en exergue après le test de cointégration est confirmée. On arrive alors à ajuster 86% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif du produit intérieur brut par habitant.

Dynamique de court terme

A court terme, l'augmentation d'un pour cent des indicateurs de développement financier mesurant la part des crédits accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp) et de la profondeur financière (m2) fait augmenter respectivement la croissance économique de 2,10 ; 3,16 pour cent. Cependant, la part des crédits accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp) et la profondeur financière (m2) ont une influence significative sur la croissance du secteur réel au Tchad à court terme. Ce résultat pourrait se justifier par la performance du secteur bancaire dans l'allocation des crédits dans l'économie tchadienne. L'influence de la profondeur financière n'est pas conforme aux conclusions de Berthélemy et Varoudakis (1998) qui soutenaient dans leur analyse l'idée selon laquelle, l'impact de l'approfondissement financier sur la croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil (M2/PIB) au moins égal à 36,5% alors qu'en moyenne ce ratio est de 13,14% au Tchad.

En effet, toutes les variables de contrôle ont une influence positive et non significative sur la mesure de la croissance à court terme au Tchad

Dynamique de long terme

Les élasticités de long terme se présentent comme suit :

Tableau 3 : Elasticités de long terme

Variables

DLcsp

DLm2

DLdp

DLouv

Elasticités de long terme

- â65

- â75

- â85

- â95

Valeurs estimées

-2,49

1,97

-2 ,67

0,24

Source : Auteur à partir des résultats du MCE

A long terme, l'augmentation de la part des crédits accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp) augmentés d'un pour cent fait baisser le niveau de croissance de l'économie Tchadienne de 2,49 pour cent à long terme. Et la profondeur financière (m2) augmentés d'un pour cent augmente le niveau de croissance de l'économie Tchadienne de 1,97 pour cent à long terme

Cependant seule la profondeur financière a une influence significative à long terme sur la croissance économique Tchadienne.

1-1-5 Test de causalité de Granger

Note : Pour faire le test de causalité de Granger on part des hypothèses suivantes :

H0 : L'approfondeur financier cause au sens de Granger PIBT

H1 : PIBT cause au sens de Granger l'approfondeur financier

Décision : si la probabilité est supérieure à 5%, on accepte l'hypothèse nulle H0 ; sinon on rejette H0 et on accepte H1.

Pour l'étude du sens de causalité, le test de causalité de Granger prouve qu'au Tchad, la croissance économique cause le ratio de la profondeur financière (m2) et la part des crédits octroyés par les banques commerciales dans le PIB nominal (cbc) au seuil de 5%.

Tableau 4 : Résultats du test de causalité de Granger

Hypothèses

Observations

F-Static

Proba

M2 cause au sens de Granger PIBT

24

0,75606

0,48312

PIBT cause au sens de Granger M2

24

5,72633

0,01132

CSP cause au sens de Granger PIBT

24

1,07670

0,36062

PIBT cause au sens de Granger CSP

24

1,98010

0,16554

CBC cause au sens de Granger PIBT

24

1,60336

0,22728

PIBT cause au sens de Granger CBC

24

3,93788

0,03709

Source : Auteur à partir des résultats du test de Granger

Conclusion : C'est le secteur réel qui cause le secteur financier.

1-1-6 Les autres tests (de stabilité structurelle)

Test du CUSUM of SQUARES sur le modèle global : il s'agit de vérifier si les coefficients sont stables dans l'ensemble de la période de régression (1982-2007).

On remarque que la courbe du CUSUM of SQUARES (voir annexe) reste confinée dans l'intervalle de confiance à 95 % dans le temps. On peut considérer que les coefficients sont stables sur la période indiquée et, par conséquent, les régressions sont plausibles avec le fait d'avoir utilisé les données telles quelles.

1-2 Conformite des resultats a la theorie

Les implications des résultats de notre étude confirment nos hypothèses, à savoir : le développement financier a un impact positif sur la croissance économique au Tchad et la croissance du PIB influe sur le développement financier. Car en analysant de façon detaillée la contribution du développement financier à la croissance économique au Tchad, nous nous rendons compte que les variables explicatives financières ont une influence faible sur la croissance du PIB mais le sens de causalité reste mitigé. Ces résultats constiuent une justification de la théorie sur l'existence de la relation entre le développement financier et la croissance économique dans les pays en développement.

Cette conformité des resultats aux hypothèses ne cache pas pour autant les limites du système financier tchadien. Il convient donc de rechercher les justifications empiriques de cette faiblesse.

1-2-1 : Un système financier peu développé

De façon générale, nous traiterons ici les faiblesses du système financier tchadien.

1-2-1-1 : Un système financier en reconstruction: une restructuration tardive et inachevée

La conjoncture économique du Tchad est façonnée d'une manière ou d'une autre par la structure financière de l'économie. Contrairement à certains pays d'Afrique qui ont entrepris les reformes de leurs secteur financier à l'aurore des années 90, le Tchad n'a vraiment entrepris le sien qu'au début de l'année 1994 suite à l'adoption du programme d'ajustement structurel qui consacre un volet spécifique à la restructuration bancaire. Ce programme a néanmoins permis de restaurer un système financier un peu étouffé par la politique prudente des banques étrangères implantées au Tchad et fortement déprimé par la mauvaise gestion des entreprises publiques, des recettes publiques qui ont conduit à la décroissance voire la baisse drastique du PIB.

Ce pendant au delà de multiples efforts pour restaurer la paix, la sécurité intérieure et la libre circulation des capitaux, condition incontournable pour une attractivité de l'économie tchadienne nous remarquons que le cadre réglementaire et juridique des banques n'est pas totalement assaini. Les gros clients des banques sont des entreprises para publiques ou privées mais très influentes qui imposent leurs lois au marché du fait de leur monopole. En outre le système financier n'est pas totalement libéralisé.

Ces résultats font ressortir une restructuration bancaire inachévée malgré une politique monétaire prudente et efficace de l'institut d'émission qui permet de maintenir une stabilité monétaire permanente et un taux d'inflation acceptable ainsi que le renforcement des prérogatives de la COBAC et du conseil national de crédit. La surveillance de l'activité bancaire par ces deux institutions est louable mais suscite des interrogations car jusqu'à présent, le fonctionnement des banques concernant la tarification des prestations, la rémunération des dépôts et le coût du crédit bancaire est livré à une certaine anarchie. En fait, les banques ne se conforment pas vraiment à la fourchette des taux créditeurs et débiteurs confère enquête auprès des usagers de la banque pour le compte de la CBT 2007 et le rapport 2005 de la BEAC qui atteste que le taux servi sur les crédits a atteint la marge de 18 à 20% alors qu'il est fixé autour de 5% par la banque centrale. La conséquence cumulée de ces facteurs conduit à des résultats suivants: Une politique de collecte d'épargne et d'octroi de crédit peu stimulante qui conduit à une surliquidité conséquente des banques. Ce qui confirme bien le paradoxe de l'épargne et de l'investissement dans un pays où tout est accès sur le seul secteur pétrolier.

1-2-1-2 Une politique de collecte d'épargne et de crédit peu stimulante et inefficient

L'une des préoccupations fondamentales de la zone BEAC lors des reformes financières et de la restructuartion bancaire est la mobilisation suffisante de l'épargne pour le financement des économies et surtout la promotion de l'entreprenariat privé qui permettrait de redynamiser la production intérieure et relancer la croissance économique dans toute la zone. Cette politique a permis de crédibiliser les banques d'où l'afflux des ressources externes et l'accumulation de l'épargne interne. Seulement cet accroissement des ressources des banques n'a pas permis le financement effectif de l'économie.

D'ailleurs les indicateurs de la masse monétaire sont à leur beau fixe depuis 1985 en dépit de quelques baisse acceptable. La masse monétaire prise globalement a connu une nette hausse continuelle pour atteindre finalement une variation de 15,39% de 2006 à 2007. De même une analyse de ses composantes fait ressortir aussi une variation continuelle durant cette période pour se chiffrer à 28,71% entre 2006-2007 pour la monnaie scripturale ainsi qu'une variation de 36,3% pour les quasi-monnaie.

Ces statistiques nous montrent effectivement que la stabilité monétaire sous la houlette de la BEAC a porté ses fruits: les causes et raisons de la faible productivité de l'économie tchadienne ne sont pas à seulement chercher dans la masse monétaire mais plutôt dans l'environement économique du pays. Il est vrai que de temps à autre, les soubresauts militaires font renaître un climat de méfiance du côté des banques quand au crédit à accorder à l'économie. Les crédits à l'économie au Tchad sont orientés vers les entreprises paraétatiques à l'instar de la CotonTchad, la Compagnie Sucrière du Tchad et la STEE ainsi que de nombreuses autres entreprises. La preuve est qu'en 2006, les créances sur l'Etat ont augmenté de 2,8% pour atteindre 86,2 milliards de franc CFA.

En outre, la faible productivité de l'économie tchadienne s'explique par la non prise en compte de la spécificité et surtout de l'évolution de la conjoncture économique de chaque pays par l'institut d'émission. Mais aussi par le faible niveau du revenu et l'absence d'une politique stimulant l'épargne.

1-2-1-3 Une sphère financière restreinte et surliquide

Tous ces manquements cités ci-haut ayant conduit à une faible contribution du développement financier à la croissance économique se matérialisent empiriquement suite au résultat des tests.

En effet la faible couverture géographique de l'économie tchadienne par le réseau bancaire ne contribue pas à la croissance économique au Tchad. Ceci s'explique par le fait qu'en dépit de l'implantation de nouvelles banques depuis 2003, la repartition des banques ne couvre pas l'ensemble du territoire et reste fortement concentrée dans la capitale et les quelques villes économiquement rentables comme Moundou, Sarh, Abéché. En plus de cette mauvaise répartition, le nombre de population par guichet est très élevé sensiblement 650 000 habitants autour d'un guichet, car actuellement pour presque 10 000 000 d'habitants les banques ne totalisent que 18 guichets opérationnels en 2007.

De même parmi les sept banques implantées au Tchad seule la SGTB a une répartition acceptable de ces guichets dans l'ensemble du territoire suivi de l'ECOBANK. Quant au reste, elles ne disposent que d'un ou deux guichets tout au plus et n'opèrent que dans la capitale soit à Moundou ou à Abéché. Ceci peut expliquer le fait qu'une grande partie des fonctionnaires du secteur publique ou du privé se trouve au billetage.

La faiblesse du taux de liquidité dans l'économie tchadienne est la résultante de l'étroitesse de la sphère financière. Le ratio M2/PIB est de 13,14% ce qui signifie qu'il contribue faiblement à la croissance économique, même si dans certaines économies la faiblesse de ce taux traduit des innovations conséquentes au niveau des moyens de paiement et instruments financiers, tel n'est pas le cas du Tchad, où on remarque l'utilisation des moyens de paiement et instruments financiers traditionnels. De toutes les banques, seule la SGTB utilise des techniques bancaires modernes comme les guichets et distributeurs automatiques de billets. Or selon la théorie, plus la couverture bancaire est grande, plus les banques sont proches de la clientèle, ce qui leur permet une assistance technique et un contrôle accru pour une meilleur collecte de l'épargne et distribution des crédits.

1-2-1-4 Une intermédiaton financière peu performante

L'efficacité de l'activité bancaire s'apprécie par le dynamique des banques. Or l'observation de l'évolution des indicateurs du système financier tchadien montre une inadéquation entre le niveau d'épargne collecté et le crédits distribués. Ceci prouve que les banques sont peu efficaces. La mauvaise répartition des termes de l'épargne domestique sont les conséquences du manque de créativité, d'incitation et de l'absence de dynamique des banques. En outre cette faible performance bancaire peut trouver aussi son fondement dans l'application sans tenir compte de la spécificité du contexte et de la conjoncture économique du Tchad des mesures prudentielles de gestion. L'absence d'une réelle concurrence interbancaire justifie aussi à suffisance la faible performance des banques.

SECTION 2: Les implications de politiques économiques de la causalité mise en évidence

Après avoir cerné la faible contribution du développement financier à la croissance économique au Tchad, il importe de mettre en exergue des politiques macroéconomiques et microéconomique succeptibles de stimuler les instruments financiers favorisant la croissance économique.

2-1 : Propositions de politiques sur le plan macroéconomique pour une amélioration du système bancaire tchadien

Sur le plan macroéconomique les mesures susceptibles d'influence la performance bancaire passent par un ensemble d'élément dont : l'assainissement du cadre réglementaire et légal, le renforcement des prérogatives de la COBAC et la poursuite des restructurations bancaires

2-1-1 Assainissement du cadre réglementaire et légal

Depuis les années 1990, les autorités publiques ont entrepris de nombreuses actions allant dans le sens de la sécurité intérieure, de la libre circulation des capitaux et des personnes. Cela se manifeste par les législations et les accords signés à l'intérieur du pays ou dans le cadre de la sous région. Malgré la recrudescence des affrontements armés au niveau de la frontière la sécurité intérieure semble rétablie. Mais force est de constater que de nombreuses lois édictées souffrent du manque cruel d'application. L'emprise de l'Etat sur le secteur financier n'est complètement relâchée: les dirigeants des grandes entreprises en infraction ne peuvent pas être poursuivi par les institutions financières. Le tribunal de commerce seul compétent en charge des litiges financières n'est pas d'abord implanté dans toutes les régions du pays et sa neutralité est contestable. Il faudra alléger les coûts des poursuites judiciaires et surtout réduire les delais de déroulement des procès afin de permettre aux banques d'entrer en possession de leur fonds. Enfin il faudra dans la mesure du possible édicter des lois qui renforce la sécurité des banques et des usagers ainsi que la réduction de la fiscalité des banques car si les fiscalités sont élévées, cela se repercute sur le coût de crédits et des prestations.

2-1-2 Le renforcement des prérogatives de la COBAC

Depuis la création du marché monétaire de la zone BEAC, la commission bancaire de l'Afrique centrale et le conseil national des crédits sont les principaux organes de surveillance de l'activité bancaire au Tchad. En dépit de quelques progrès significatifs, nous constatons avec regret que la surveillance de la COBAC n'est pas très active. La libéralisation des conditions des banques n'a pas vraiment milité en faveur de la concurrence inter bancaire mais serait plutôt source de gestion anarchique des crédits et dépôts par les banques tchadiennes. Pour une surveillance accrue, il faut une plus grande implication de la commission bancaire dans la gestion des banques au lieu de se focaliser tout simplement sur le respect des normes strictes des ratios prudentiels de gestion. La COBAC doit décentraliser ses sous commissions de surveillance et de contrôle dans chaque état membre de façon à exercer de manière permanentes sa mission.

2-1-3 La poursuite des restructurations bancaires

Il ne s'agit pas ici de porter un jugement sur le fonctionnement des banques et de battre en brèche la politique monétaire de la banque centrale, qui d'ailleurs porte des résultats très satisfaisants en matière de stabilité monétaire. La reforme financière sous la houlette du Fonds Monétaire International mérite bien d'être accentuée et même perpétrée au regard des résultats que portent les mesures de restructuration bancaire au Tchad, qui ont permis non seulement de crédibiliser tout le système financier mais aussi de donner une impulsion à toute l'économie. Il convient en outre de réorienter ces restructurations bancaires du coté de la gestion même des actifs bancaires tenant compte de la surliquidité qui handicape lourdement le financement. Il est tout simplement question suite à cette évaluation empirique du développement financier au Tchad de partir des incompatibilités de certaines mesures prises dans le cadre de ces reformes bancaires pour tenir compte des spécificités et exigences du contexte économique tchadien pour une meilleure orientation des reformes structurelles et du cadre de fonctionnement des banques.

2-2 : Préconisation de politiques sur le plan microéconomique

Sur le plan microéconomique les mesures à même d'influer sur l'efficacité du secteur bancaire peuvent être les suivantes : la nécessité d'élargissement de la couverture bancaire et la réorientation de la politique de collecte d'épargne et de financement des investissements par les banques secondaires.

2-2-1 : La nécessité d'élargissement de la couverture bancaire

La taille actuelle de la sphère financière n'est pas du tout favorable à la croissance économique. La faible couverture de l'économie tchadienne par les banques laisse entrevoir de nombreuses difficultés tout d'abord du coté de la mobilisation de l'épargne et ensuite au niveau du financement des investissements et enfin dans les relations de proximité banque clients. La faible implantation des banques contribue à nourrir l'asymétrie informationnelle donc le risque de perte du capital investi et la mauvaise orientation ainsi que le manque de suivi des entreprises par les banques. Les nouvelles théories d'agence et la théorie des contrats stipulent que l'efficacité des banques ainsi que la gestion des risques de crédit et de liquidité passent forcement par l'implication des banques dans la vie de l'entreprise. Ainsi, cette faible répartition des banques handicape lourdement à la fois la rentabilité des banques elles-mêmes et l'activité économique tout entière. Il est donc urgent et très impératif que les banques s'implantent d'abord dans toutes les provinces du Tchad et procèdent ensuite à la sophistication des instruments financiers. L'élargissement de la sphère bancaire permet de relancer la concurrence entre les banques et stimuler ainsi la croissance économique.

2-2-2 : La réorientation de la politique de collecte d'épargne et de financement des

Investissements par les banques secondaires

Les implications des resultats prouvent que les crédits octroyés aux secteurs privés sont faible et contribuent de façon mitigée à la croissance économique au Tchad, ces résultats attestent aussi que la profondeur financier doit être améliorée.

Les solutions envisagées dans cette direction sont la révision des taux de rémunération sur les dépôts à moyen et long terme. Il consiste à augmenter le taux de rémunération des comptes d'épargne et des dépôts à moyen et long terme afin de renverser la tendance et permettre une plus grande mobilisation de l'épargne de longue durée.

Le véritable problème se pose au niveau de la politique d'octroi des crédits: interrogées sur les raisons fondamentales des faiblesse des crédits bancaire au Tchad, les banques ont pour raison l'absence des projets bancales, l'insécurité et l'environement légal et juridique. Il est donc necessaire d'améliorer le climat des affaires et confier la responsabilité des projet à des personnes conpétent en la matière.

Auctuellement, seule les banques secondaires détiennent le monopole de financement de l'économie au Tchad car elles constituent l'organe optimal de transfert de ressources dans un pays ou le marché financier est totalement inexistant. En l'absence de concurrents et d'autres structures spécialisées de financement des investissements, ces dernières imposent leurs lois au marché et ne se soucient pas vraiment de la satisfaction de leur clientèle au niveau de la tarification des prestations et de taux servis sur les crédits. Il est donc important de songer d'abord à la réhabilitation des sociétés spécialisées de financement des projets de développement en général et celles oeuvrant dans le financement de l'habitat et du capital productif. Ensuite la banque centrale devrait songer à développer d'avantage le marché financier de la sous région, afin de relancer la concurrence au niveau du marché.

Enfin, l'institut d'émission doit évaluée conséquemment certaines institutions financières non éligible à son refinancement afin de les soutenir financièrement. Il s'agit d'un cas typique qui a porté ses résultats au Bangladesh avec les institutions de microfinance comme la Gramen Bank qui a été financièrement secouru par la banque centrale et la banque mondiale.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery