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Construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle

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par T.Théophile ZINSOU
Université d'Abomey Calavi/Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management - Diplome d'Ingénieur des Travaux Statistiques 2008
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'activité économique d'un pays se déploie suivant un certain nombre de phases (production, commercialisation, consommation,...) formant un mouvement continu et répété donc dynamique. Sur le long terme, on peut observer qu'aux phases de croissance succèdent les phases de dépression et vice-versa. Ceci rend de plus en plus délicate la description à court terme de l'économie. La réalisation d'études prévisionnelles et par conséquent la mise en place d'un diagnostic conjoncturel exhaustif devient alors complexe.

Mais de plus en plus, la tendance s'améliore car comme les pays développés, les pays en voie de développement dont le Bénin mettent désormais en place quelques indicateurs de croissance de l'activité économique réelle tels que le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) et l'indice de la production industrielle pour ne citer que ceux-là, et dont l'évolution peut sous-tendre celle de la conjoncture globale ou d'un secteur d'activité.

C'est dans ce cadre de suivi de la conjoncture dans le secteur industriel béninois que le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) de la Direction Générale de l'Industrie béninoise mène depuis 1999 une enquête semestrielle de conjoncture industrielle auprès des chefs d'unités de production.

Cette enquête se base sur les variables telles que la tendance de la production passée, les perspectives de la production future, la tendance passée et les perspectives futures des chiffres d'affaires, la tendance passée et les perspectives futures de l'emploi, la masse salariale, les matières premières utilisées, etc. afin de suivre la conjoncture dans le secteur industriel.

Cependant, du fait de la pluralité des variables suivies par cette enquête, il est difficile de dégager une tendance globale de l'évolution de la conjoncture à partir des données obtenues car percevoir l'évolution d'un phénomène devient complexe et délicat, lorsque ce dernier est décrit, non pas par une variable unique, mais par plusieurs variables pouvant se comporter de manières différentes, dans les horizons spatial et temporel. Il est vrai que les changements qui surviennent à court terme dans l'économie peuvent être perçus à travers l'évolution d'un nombre élevé d'indicateurs ou d'agrégats économiques. Mais l'analyse de l'information commune conjoncturelle délivrée par ce groupe d'indicateurs est souvent difficile. Ainsi, pour faciliter l'appréciation d'ensemble de l'activité industrielle à l'aide des résultats de l'enquête de conjoncture du SIAI, il serait nécessaire de disposer d'un indicateur synthétique, résumant l'information contenue dans les différentes variables.

Compte tenu de l'importance qu'il peut avoir en matière de prise de décision dans le secteur industriel, un indicateur synthétique conjoncturel nécessiterait d'être construit à l'aide d'informations statistiques disponibles dans de brefs délais par rapport aux agrégats économiques usuels. Les enquêtes de conjoncture sont de nature à fournir de telles informations. La confection d'un indicateur synthétique serait dans ce cas une des techniques pouvant servir à l'interprétation des données issues de ces enquêtes.

Cet indicateur devrait permettre, en outre, d'apprécier périodiquement la tendance (amélioration, stabilité ou détérioration) de la situation de l'activité industrielle. Il peut constituer une sorte de résumé de l'information contenue dans les différentes réponses d'enquête de conjoncture industrielle et permettre ainsi aux décideurs et opérateurs économiques d'avoir une vision résumée et chiffrée de la conjoncture industrielle ; ce qui pourra les aider à faire des anticipations et à prendre de bonnes décisions en ce qui concerne le secteur. C'est ce qui justifie le choix de notre thème intitulé comme suit : « Construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle ».

Pour atteindre cet objectif, le présent mémoire s'articule autour de deux points. Dans la première partie, nous présenterons le cadre d'étude et les principales méthodes couramment utilisées pour la construction d'indicateurs synthétiques de conjoncture. La comparaison des méthodes ainsi répertoriées permet de choisir celle qui apparaît la plus appropriée dans le contexte de l'enquête de conjoncture industrielle du SIAI puis l'application de la méthode retenue aux données de cette enquête et l'analyse des résultats obtenus font l'objet de la deuxième partie.

Chapitre 1 : CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ÉTUDE

Notre stage s'est déroulé à la Direction Générale de l'Industrie (DGI) du Ministère de l'Industrie et du Commerce (MIC) précisément au Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) de la Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI). Les attributions, l'organisation et le fonctionnement de cette direction sont contenus dans l'arrêté N°0021/MIC/DC/SG/DGI/SA du 26 mars 2007.

Section 1. Présentation de la Structure d'accueil

Paragraphe1. Attributions et organisation de la DGI

A. les attributions de la DGI

La Direction Générale de l'Industrie a pour mission de proposer la politique de développement industriel en rapport avec les objectifs du Gouvernement et d'initier toute action visant à en assurer la mise en oeuvre.

A ce titre, elle est chargée :

de promouvoir l'ensemble de l'activité industrielle à travers la conception et la mise en oeuvre des instruments appropriés ;

de veiller à l'amélioration continue de l'environnement institutionnel et réglementaire des entreprises industrielles ;

de renforcer les bases matérielles du développement industriel ;

de contribuer à l'élaboration et à l'application des textes régionaux ou internationaux en matière d'industrie ;

d'assurer de concert avec les autres structures publiques ou privées concernées la fonctionnalité de la zone franche industrielle.

B. L'organisation de la DGI

La Direction Générale de l'Industrie (DGI) comprend :

un Secrétariat ;

un Service Administratif, Financier et du Matériel ;

une Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI) ;

une Direction de la Promotion Industrielle (DPI).

Paragraphe2. Attributions et organisation de la DESI

A. Attributions de la DESI

La Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI) a pour mission de réaliser ou de faire réaliser des études en vue d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies de développement du secteur industriel.

A ce titre, elle est chargée de :

de suivre l'évolution du tissu industriel national de manière à orienter l'investissement en vue :

de la valorisation des matières premières locales ;

du développement intégré des filières porteuses ;

d'une émergence de pôles industriels compatibles avec un aménagement rationnel du territoire et de la valorisation des atouts de chaque région ;

d'assurer l'étude des dossiers d'autorisation d'installation des entreprises industrielles ;

de formuler des programmes pour le soutien, la création et le développement des petites et moyennes industries ;

de veiller à l'amélioration continue de l'environnement institutionnel et réglementaire des entreprises industrielles ;

de contribuer à l'élaboration et à l'application des textes régionaux ou internationaux en matière d'industrie ;

d'assurer le secrétariat de la commission technique des investissements ;

de suivre la fiscalité intérieure des entreprises industrielles et de faire des propositions de sorte que cette fiscalité contribue à rendre ces entreprises industrielles plus compétitives.

B. L'organisation de la DESI

La Direction des Etudes et des Stratégies Industrielles (DESI) comprend :

un Secrétariat ;

un Service des Etudes, de la Stratégie et de la Fiscalité (SESF);

un Service de la Vulgarisation des Technologies (SVT) ;

un Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI).

Paragraphe3. Organisation et fonctionnement du SIAI

A. L'organisation du SIAI

Le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle comprend :

la Division de la Statistique et de l'Information (DSI) ;

la Division des Etudes Economiques (DEE).

B. le fonctionnement du SIAI

Le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle a pour mission de suivre l'évolution du tissu industriel national. A ce titre, il est chargé  de:

collecter de traiter et d'analyser les informations sur le secteur industriel ;

faire connaître la réalité du secteur industriel à travers l'élaboration :

des répertoires des industries ;

des notes de conjonctures industrielles ;

des documents d'analyses structurelles ;

de toute autre publication pouvant contribuer à l'amélioration de l'environnement des affaires notamment dans ses aspects juridique judiciaire et surtout fiscal ;

réaliser ou de faire réaliser toutes études visant la promotion du secteur industriel (étude d'opportunités, de filière,....) et permettant aux opérateurs économiques d'optimiser leurs décisions de gestion ou d'investissement.

Section 2. contexte de l'étude

Paragraphe1. Problématique

Le Bénin a connu de 1960 à 1972, de nombreuses péripéties politiques qui se sont traduites par des coups de forces répétés et de fréquents changements de régimes. Ceci a valu à notre pays le sobriquet d'enfant malade de l'Afrique surtout de l'Afrique au sud du Sahara.

La stabilité politique qui a suivi cette période et qui a été marquée par le socialisme basée sur la prédominance de l'intervention de l'Etat dans l'appareil productif n'a pu résister à la grave crise des années 80. L'activité économique a évolué sur cette période en dents de scie. Les structures et infrastructures de base étaient totalement délabrées.

Depuis l'historique conférence des forces vives de la nation en février 1990, le Bénin a opté pour le pluralisme politique et le libéralisme économique. La stabilité politique ainsi retrouvée dans un contexte de renouveau démocratique consolidé par le respect des différentes échéances électorales, devrait faire du Bénin le meilleur environnement politique propice à l'activité économique.

Mais cette stabilité politique n'a pas empêché la mise à nu de la fragilité de l'activité économique nationale qui, conjuguée avec la crise économique mondiale des années 80, a fini par plonger le pays dans une catastrophe sans précédent. Il en est résulté un ralentissement de la production, un fléchissement des investissements productifs, bref une récession économique qui n'a guère épargné aucun secteur.

Cette situation de morosité économique est dû en grande partie au faible niveau du tissu industriel du Bénin car l'industrialisation constitue la principale voie de développement économique et social durable pour un pays dans la mesure où elle permet de moderniser l'appareil de production, d'accroître la productivité, d'améliorer les conditions de vie des populations et de faire régresser la pauvreté1(*). L'industrie béninoise est en effet principalement dominé par les usines d'égrenages de coton, les industries alimentaires, les industries textiles, les industries de fabrication du ciment, les industries de métaux, les industries de bois, de papier, les industries fabriquant des objets en caoutchouc et plastique, une industrie productrice d'énergie, des industries d'eaux et des industries chimiques. La contribution du secteur au Produit Intérieur Brut (PIB) est faible et est en moyenne de 13% de 1990 à 20072(*).

Face à cette dégradation de la situation économique, le désengagement de l'Etat du secteur productif et la prise de mesures idoines pour accompagner le secteur sont devenus les principaux axes de développement du gouvernement pour la promotion de ce secteur de relève.

Pour véritablement accompagner ce secteur, le gouvernement a organisé en 1994 une table ronde sur la relance du secteur privé. A l'issue de cette assise,un Programme de Relance du Secteur Privé (PRSP) a été élaboré autour de quatre axes qui visent à améliorer l'environnement des affaires, à renforcer les institutions de dialogue, à dynamiser l'appui aux entreprises et à améliorer les capacités d'auto-développement des activités privées.

La création, à la Direction Générale de l'Industrie, alors Direction du Développement Industriel (DDI), d'un Système d'Information et d'Analyse Industriel (SIAI) est une réponse à l'absence d'une banque de données sur le secteur industriel.

Le SIAI est chargé de collecter, de traiter et d'analyser au profit de l'Etat et du secteur privé les informations relatives à l'industrie, indispensables à la prise de décisions pertinentes dans le secteur. Pour ce faire, le SIAI réalise des enquêtes auprès des entreprises industrielles et édite les documents suivants :

le répertoire des entreprises industrielles ;

le rapport annuel sur l'industrie béninoise ;

la note de conjoncture industrielle.

La note de conjoncture industrielle a pour objet d'informer les opérateurs économiques sur le secteur industriel mais également sur la santé de l'économie nationale et internationale. Les informations qu'elle véhicule leur permettent de prendre de bonnes décisions en vue de faire des anticipations en ce qui concerne l'évolution du secteur. Elle est réalisée après les enquêtes de conjonctures qui permettent de recueillir l'opinion des chefs d'entreprises sur leurs activités ainsi que leurs perspectives futures d'une part et les performances du secteur industriel d'autre part. Ces enquêtes initialement semestrielles sont trimestrielles depuis 2007. Elles permettent d'apprécier la conjoncture industrielle à partir des variables telles que : la production, le chiffre d'affaires, les charges d'exploitation, l'investissement, l'emploi et la masse salariale.

Les changements qui surviennent à court terme dans l'industrie peuvent être perçus à travers l'évolution d'un nombre élevé d'indicateurs. L'analyse de l'information commune conjoncturelle délivrée par ce groupe d'indicateurs est souvent difficile. Le problème est alors de savoir comment construire à partir de ce groupe d'indicateurs, un indicateur unique susceptible à lui seul de renseigner sur l'état de la conjoncture ?

La confection d'un tel indicateur soulève un certain nombre de questions, entre autres :

Comment choisir les indicateurs à synthétiser ?

Comment les agréger en un indicateur unique ?

Comment interpréter l'évolution de l'indicateur synthétique obtenu et quel est le type d'information qu'il apporte ?

L'information apportée est-elle bien contenue dans les principaux indicateurs industriels usuels ?

Telles sont les interrogations qui ont suscité notre réflexion sur le thème.

Paragraphe2. Objectifs et hypothèses de recherche

A. Objectifs

1. Objectif général

Contribuer à la construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle pour permettre aux décideurs et opérateurs économiques d'apprécier plus aisément la conjoncture industrielle au Bénin.

2. Objectifs spécifiques

Pour atteindre cet objectif général, il nous faut :

construire un modèle permettant de mieux résumer l'ensemble des informations d'enquête de conjoncture industrielle.

suivre l'évolution de la conjoncture à travers les variables utilisées dans l'enquête de conjoncture.

B. HYPOTHÈSES

1. Hypothèse générale

La construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle permet d'avoir une vision résumée et chiffrée de la conjoncture.

2. Hypothèses spécifiques

La production industrielle et les résultats commerciaux permettent d'expliquer la conjoncture industrielle.

L'évolution des perspectives de la production et celle de la trésorerie des entreprises industrielles permettent de déduire celle de la conjoncture industrielle.

Chapitre 2 : Revue de littérature

Section 1. DEFINITION DES CONCEPTS :

A. La conjoncture

Nom féminin, la conjoncture désigne, selon Le Petit Larousse, l'état, la disposition, ou le résultat d'une rencontre de circonstances.

La conjoncture c'est aussi la situation générale de l'économie d'un pays.

Le terme de conjoncture fait référence aux évolutions économiques de court terme d'un ensemble économique (en général un pays). Elle s'apprécie à l'aide d' indicateurs économiques tels que le taux de croissance du PIB, le taux d' inflation, l'évolution du taux de chômage, la balance commerciale, etc. La conjoncture est liée aux cycles économiques, et ses durées types des changements conjoncturels vont de quelques mois à quelques années. Elle est étudiée au niveau d'un pays, d'une région, ou, à un niveau plus fin, au niveau d'un secteur économique particulier. On peut parler alors de la conjoncture économique d'une entreprise.

Par ailleurs, la conjoncture désigne ce qui est changeant, ou susceptible de se modifier dans la courte période. Son étude repose sur l'observation des faits chiffrés, objectifs et des opinions, le diagnostic, et le pronostic ou prévision.

Les faits chiffrés et les opinions sont constitués des suites d'observations dans le temps d'une ou de plusieurs variables économiques sur une période plus ou moins longue. Il peut s'agir par exemple des séries du PIB, du nombre d'heures de travail, des soldes d'opinions, etc.

Le diagnostic intervient pour examiner ce qui ressort des mouvements conjoints de toutes les variables observées. Il nécessite de disposer d'un indicateur synthétique capable de capter les évolutions du cycle d'activité et d'en déterminer les principales phases. Différentes méthodes permettent de construire un tel indicateur et leur choix peut dépendre de la nature des observations à utiliser pour sa confection.

Le pronostic est la prévision de la prochaine phase de l'activité étant donné le comportement de l'indicateur synthétique sur la période antérieure. Si l'activité est dans une phase de ralentissement, il s'agira de déterminer à quelle période elle pourra éventuellement amorcer une phase d'accélération, c'est-à-dire la date du prochain retournement.

Jacky FAYOLLE, dans Pratique contemporaine de l'analyse conjoncturelle (1987) définit l'étude de la conjoncture comme l'estimation et l'analyse du mouvement économique sur le passé récent (six mois à un an) et le présent, et la prévision de ce mouvement sur un horizon qui peut aller également de six mois à un an. Il ajoute par ailleurs que le diagnostic conjoncturel est l'unité de ces deux mouvements.

Quant à Jean-Pierre CLING dans L'Analyse de la Conjoncture (1990) : `'l'analyse conjoncturelle vise à connaître l'évolution récente de l'économie, sa situation présente et à prévoir son cheminement au cours des tous prochains mois''.

Pour lui, l'analyse conjoncturelle est conduite à soulever les problèmes qui se posent au sein de l'économie et ceux qui risquent de se poser dans un avenir proche.

Pour Nicolas CARNOT et Bruno TISSOT dans La Prévision Economique (2002) l'analyse conjoncturelle vise à rendre compte des évolutions économiques récentes afin de pouvoir appréhender l'activité dans l'horizon de court terme, de l'ordre de quelques trimestres.

B. Enquêtes de conjoncture

Dominique Ladiray et Gian Luigi Mazzi ont défini dans le recueil du symposium 2002 de Statistique Canada les enquêtes de conjoncture comme étant des enquêtes d'opinion, qualitatives, très simples et très légères réalisées mensuellement ou trimestriellement auprès des chefs d'entreprises et des consommateurs, lesquels sont interrogés sur leur appréciation de la situation économique récente et future du pays.

Encore appelé par Piatier `' Statistiques sans chiffres'' les enquêtes de conjonctures sont selon Jean Pierre CLING dans L'analyse de la Conjoncture, des enquêtes légères et rapides conçues pour les besoins spécifiques de l'analyse et de la prévision conjoncturelles. Il ajoute que ces enquêtes résument, à l'aide d'indicateurs synthétiques, les réponses qualitatives des agents.

Selon Jacky FAYOLLE, la rapidité et la légèreté sont les maîtres- mots de la technique des enquêtes de conjoncture. Elles sont faites pour donner des résultats selon des délais minimaux. Ces enquêtes devancent ainsi la statistique classique lorsque les deux outils portent sur un même objet. Cette rapidité est au demeurant une condition sine qua non pour que les enquêtes de conjonctures puissent fournir des séries susceptibles de jouer le rôle d'indicateurs avancés.

La rapidité exige la légèreté. Celle-ci concerne le questionnaire : un nombre limité de questions principalement qualitatives (à deux ou trois modalités exclusives, c'est-à-dire di ou trichotomiques).

Cette nature qualitative de la plupart des questions est une garantie de rapidité : il est plus aisé à un industriel de savoir si au cours des trois ou quatre derniers mois sa production a augmenté, est restée stable, ou a diminué plutôt que d'indiquer une variation quantifiée.

Pour Bruno TISSOT et Nicolas CARNOT, les enquêtes de conjonctures sont des enquêtes menées auprès des agents économiques, qui sont questionnés sur la situation en cours, soit d'un point de vue `' général'' (par exemple les perspectives d'activités en France) ou au contraire, `' personnel `' ( par exemple les perspectives d'activités pour l'entreprise interrogée). Souvent les réponses sont qualitatives ; elles donnent aussi lieu parfois à des indications chiffrées sur certains aspects du comportement des agents interrogés.

C. Solde d'opinion

Pour interpréter les réponses aux enquêtes de conjonctures, on agrège celles-ci sous forme d'indices synthétiques appelés solde d'opinion pour les réponses trichotomiques. Le solde d'opinion est calculé comme la différence entre la proportion d'entreprise qui ont répondu que leur tendance est en hausse et celles pour lesquelles la tendance est en baisse. On néglige donc la proportion d'entreprises pour lesquelles la tendance est déclarée stable.

(Jean Pierre CLING dans L'Analyse de la Conjoncture).

D. Indicateur

D'une manière générale, un indicateur est un outil d'évaluation et d'aide à la décision (pilotage, ajustements et rétro-correction) grâce auquel on va pouvoir mesurer une situation ou une tendance, de façon relativement objective une activité, à un instant donné, ou dans le temps et/ou l'espace. Un indicateur se veut être une sorte de résumé d'une information complexe offrant la possibilité à des acteurs différents (scientifiques, gestionnaires, politiques et citoyens) de dialoguer entre eux.

Un indicateur est donc une quantité (peut-être quantitative ou semi-quantitative) mesurable directement ou calculable indirectement à partir de données de terrain, et dont l'interprétation permet d'établir un diagnostic sur un effet étudié. Un indicateur doit « indiquer », par exemple un problème ou un effet qu'on veut suivre au cours du temps.

E. Caractéristiques des indicateurs3(*) :

Un indicateur efficace doit répondre à plusieurs critères. Il doit être :

robuste, fiable, précis : il doit refléter effectivement les variations de ce qu'il est censé synthétiser ;

compréhensible et utilisable par tous les acteurs (Protocole simple et applicable d'année en année).

F. Indicateurs synthétiques :

Ils sont de plusieurs types. On distingue :

les indicateurs de confiance qui selon Nicolas CARNOT et Bruno TISSOT dans La Prévision Economique sont calculés à partir des enquêtes de conjonctures dont ils sont des agrégations composites. Ainsi, la confiance des entreprises est calculée comme la moyenne des soldes de réponses aux questions sur les perspectives de production sur les carnets de commandes.

Les indicateurs de confiance permettent qualitativement de sentir l'évolution psychologique des agents économiques confirmant ou nuançant les résultats d'analyses plus formelles.

les indicateurs composites qui cherchent à caractériser l'état présent de l'économie. Ils sont formés au départ de plusieurs séries chronologiques. Parmi les indicateurs composites on distingue les indices de prix , les indices de la production industrielle.... ;

les indicateurs avancés qui anticipent sur l'évolution de l'économie et ou sur ses points de retournements ;

les indicateurs synthétiques de cycle qui résultent de la confrontation entre indicateurs composites et indicateurs avancés.

Il est important de distinguer les indicateurs composés d'une série individuelle des indicateurs composites. En effet, les indicateurs composés d'une série individuelle sont des indicateurs partiels c'est-à-dire qu'ils ne rendent compte que de certains aspects de la réalité économique contrairement aux indicateurs composites qui caractérisent tout le domaine d'étude où ils sont calculés.

G. Les Indicateurs de conjoncture

Ce sont des séries chronologiques considérées comme représentative de la conjoncture ou supposées capables de décrire le mouvement conjoncturel dans un ou plusieurs secteurs d'activité économique voire dans l'ensemble de ceux-ci. Il s'agit de la matière première de l'analyse conjoncturelle.

Section 2. La Littérature sur le thème

Paragraphe1. Littérature sur les méthodes de construction des indicateurs synthétiques

De nombreuses études ont déjà eu pour but de confectionner des indicateurs synthétiques conjoncturels. Toutefois, les théories développées sur les méthodes d'élaboration d'indicateurs synthétiques permettant de résumer l'information contenue dans des soldes d'opinion issus d'enquêtes de conjoncture sont relativement peu nombreuses. Les principales méthodes recensées sont les suivantes :

A. Méthode appliquée par L'Association Suisse pour l'Approvisionnement et l'Achat (ASAA)4(*)

1. Description de la méthode

L'Association Suisse pour l'Approvisionnement et l'Achat (ASAA) et le Crédit Suisse ont conjointement élaboré un indicateur synthétique du climat des affaires, dénommé indice PMI (Purchasing Manager's Index). Cet indicateur existe depuis 1995 et utilise les soldes d'opinion d'une enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie suisse. Chaque mois, plus de 200 chefs d'entreprises suisses sont interrogés sur leurs performances par rapport au mois précédent.

Les questions posées sont qualitatives et consistent à demander si le niveau de l'activité est "supérieur", "inférieur" ou "égal" à celui du mois précédent. Elles portent sur les huit thèmes ci-après :

production ;

carnets de commandes ;

volume des achats (matières premières et prestations) ;

prix d'achat ;

délais de livraison ;

stocks de matières premières ;

stocks de produits finis ;

emploi.

Les soldes d'opinion (ou indices ASAA) qui résultent de cette enquête mesurent ainsi le rythme et la tendance de chaque variable observée.

L'indice PMI est un indice pondéré composé de cinq des huit indices dans les proportions suivantes : carnets de commandes (0,3), production (0,25), emploi (0,2), délais de livraison (0,15) et stocks de matières premières (0,1). L'indice corrigé des variations saisonnières est un bon indicateur des tendances de l'évolution conjoncturelle. Cette correction est effectuée indirectement par celle des sous indices qui le composent. Des facteurs influençant les résultats des différentes périodes d'observation sont déterminés pour chaque mois et pris en compte pour obtenir les valeurs corrigées.

2. Avantages et inconvénients

Le PMI est un indicateur d'une grande simplicité. En effet, il est déterminé par une simple pondération de soldes d'opinion. Par ailleurs, son concept est utilisé avec succès aux Etats-Unis depuis plus de 50 ans. En outre, son élaboration ne nécessite pas l'utilisation de méthodes statistiques compliquées ou d'applications informatiques sophistiquées.

L'inconvénient majeur du PMI est la détermination presque arbitraire des pondérations attribuées aux soldes d'opinion qui le composent.

B. Méthode utilisée par la Banque Nationale de Belgique5(*)

Description de la méthode

La Banque Nationale de Belgique publie, chaque mois, un indicateur synthétique de conjoncture dénommé "indicateur de confiance des chefs d'entreprises belges", élaboré à partir de soldes d'opinion issus d'une enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie manufacturière, la construction, le commerce et les services. Le principe de l'élaboration de cet indicateur est pratiquement identique à celui de l'indice PMI ci-dessus décrit.

Toutefois, à la différence de ce dernier, le calcul consiste à appliquer une moyenne arithmétique simple des soldes d'opinion corrigés des variations saisonnières, pondérés et agrégés pour les principales branches d'activité.

C. Méthode employée par la Banque de France

1. Description de la méthode

La Banque de France a élaboré un indicateur synthétique qu'elle utilise comme instrument de projection de l'activité, à fréquence mensuelle. Cet indicateur, dénommé "Indicateur Synthétique Mensuel d'Activité de la Banque de France (ISMA)" est publié depuis février 2000 dans la note d'analyse des résultats de l'enquête mensuelle de conjoncture et dans le bulletin de la Banque de France.

A partir d'une Analyse en Composante Principale (ACP), l'information contenue de façon diffuse dans l'ensemble des variables de l'enquête de conjoncture dans l'industrie réalisée par la Banque de France a été transformée en un nombre restreint de facteurs. Dans un second temps, des étalonnages effectués entre le taux de croissance du PIB en variation trimestrielle et les facteurs issus de l'ACP ont permis d'obtenir un indicateur mensuel unique. L'ACP a été réalisée à partir de séries désaisonnalisées, disponibles de 1981 à 1999, portant sur l'évolution de l'activité du secteur industriel dans son ensemble et deux branches spécifiques considérées comme des indicateurs précurseurs de l'activité (les biens d'équipement et les biens intermédiaires), soit, au total, quarante-deux variables.

Les principaux facteurs issus de l'ACP reflètent :

l'évolution passée et attendue de l'activité ;

l'évolution des prix, qu'il s'agisse des prix des produits finis ou de ceux des matières premières ;

les inflexions défavorables de la conjoncture (cet axe ayant comme caractéristique d'être négativement lié aux soldes d'opinion correspondant aux variations ultérieures des carnets de commande et de la production) ;

l'état des stocks actuels et futurs ;

l'évolution prochaine de l'offre.

Ensuite, une série de régressions du taux de croissance du PIB a été effectuée sur les différents facteurs obtenus. Ces régressions ont été limitées à la période 1981-1996, afin d'éviter de prendre en compte les résultats de 1997 à 1999, qui étaient encore provisoires.

En raison de la périodicité du PIB disponible au titre des comptes nationaux trimestriels, quatre équations ont été retenues. A chaque mois de chaque trimestre correspond une équation différente de prévision. Une estimation supplémentaire est en outre disponible pour prévoir le taux de croissance du trimestre suivant.

Ainsi, pour chaque trimestre, quatre estimations différentes de la variation du PIB sont effectuées. L'ISMA permet de ce fait, de fournir chaque mois, la variation trimestrielle anticipée du produit intérieur brut. L'estimation réalisée au cours d'un mois est révisée le mois suivant.

2. Avantages et inconvénients

Il ressort de la description effectuée ci-dessus que l'indicateur synthétique obtenu est construit par une méthode combinant l'ACP et la régression, qui sont des techniques simples et relativement faciles à mettre en oeuvre. Par ailleurs, la méthode utilisée permet de prendre en compte une grande partie de l'information contenue dans l'ensemble des variables de l'enquête. Cependant, lorsque les données utilisées sont peu corrélées, le nombre de facteurs significatifs issus de l'ACP est généralement élevé, ce qui peut contraindre au choix des facteurs jugés les plus pertinents et conduire, par la suite, à une perte d'information.

D. Méthode développée par DOZ et LENGLART6(*)

1. Description de la méthode

Catherine DOZ et Fabrice LENGLART ont présenté dans un article publié en 1999, une méthode pouvant permettre de construire un indicateur synthétique à partir des soldes d'opinion issus des enquêtes de conjoncture. Cet indicateur, appelé "facteur commun", a pour objet de résumer en une variable quantitative, l'information relevée par ces enquêtes. Un test statistique permettant de vérifier la pertinence de cette approche est préalablement effectué. Le modèle utilisé fait partie des modèles factoriels dynamiques employés dans de nombreux domaines de l'économie, notamment l'économétrie financière (pour la modélisation des taux d'intérêt) et la macroéconomie. Dans de tels modèles, les variables temporaires observées sont supposées dépendre linéairement d'un petit nombre de variables sous-jacentes inobservables, appelées facteurs.

Deux méthodes sont principalement utilisées pour l'estimation des modèles factoriels dynamiques. La première se situe dans le domaine des fréquences et revient à effectuer une décomposition particulière de la densité spectrale du processus vectoriel constitué par l'ensemble des variables étudiées. La seconde se situe dans le domaine des temps et suppose une modélisation de la dynamique des facteurs, puis une estimation par le filtre de KALMAN.

La méthode de DOZ et LENGLART repose sur l'hypothèse sous-jacente de l'existence d'une composante commune qui expliquerait la plus grande partie des évolutions de chacune des variables utilisées. Ainsi, chaque variable est considérée comme la somme d'un facteur commun et d'une composante spécifique (propre à cette variable), ces termes étant inobservables.

L'estimation du modèle utilisé est généralement réalisée à l'aide de deux méthodes : l'analyse factorielle principale (principal factor analysis) et la méthode du maximum de vraisemblance. Toutefois, en pratique, les deux méthodes sont employées en les combinant. En effet, dans une première étape, l'analyse factorielle principale est utilisée pour choisir un nombre de facteurs qui semble pertinent pour résumer toute l'information contenue dans les variables de départ.

Ce choix, permet de mettre en oeuvre plus facilement la méthode du maximum de vraisemblance, dans la deuxième étape. Un test du rapport de vraisemblance est effectué, afin de vérifier si le nombre de facteurs retenus est correct.

La méthode de DOZ et LENGLART a été appliquée aux données de l'enquête mensuelle d'activité dans l'industrie réalisée par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Les soldes d'opinion utilisés dans ce cadre proviennent des réponses à six questions de cette enquête, sur la période allant de mars 1976 à mars 1997. L'indicateur synthétique obtenu est publié par l'INSEE depuis juin 2000, sous la dénomination d' "indicateur synthétique du climat des affaires". DOZ, LENGLART et RIVIERE, ont par ailleurs utilisé la même méthode pour construire un indicateur équivalent pour la zone euro.

2. Avantages et inconvénients

Le principal avantage de la méthode développée par DOZ et LENGLART est qu'elle repose sur une base scientifique rigoureuse et une démarche bien structurée, fournissant des éléments permettant de juger la qualité des résultats obtenus.

Au titre des inconvénients, il faut signaler que la méthode considérée ne peut conduire à un seul indicateur que lorsque les données utilisées sont fortement corrélées. Dans le cas contraire, une élimination de plusieurs variables peut s'avérer indispensable. Il convient aussi de souligner que sa mise en oeuvre requiert l'utilisation de logiciels statistiques spécialisés pour l'analyse factorielle.

Cette même méthode a été utilisée par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pour construire en mars 2003 un indicateur synthétique d'opinion sur la conjoncture dans la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine).

Paragraphe2. Application de la méthode de DOZ et LENGLART à l'Enquête mensuelle d'activité de l'INSEE

DOZ et LENGLART ont appliqué leur méthode aux données de l'enquête mensuelle d'activité dans l'industrie publiée par l'INSEE. Le test sur le nombre de facteurs a permis de montrer qu'un seul facteur pouvait résumer l'information contenue dans les séries (l'hypothèse nulle d'un modèle à un seul facteur n'ayant pas été rejetée). Un "indicateur résumé" de l'enquête a alors été estimé par le filtre de KALMAN. Ils ont ainsi montré que le cadre des modèles à facteurs dynamiques fournit une sorte de grille d'interprétation de l'enquête mensuelle, passant par l'analyse des évolutions de l'indicateur résumé et par l'utilisation, le cas échéant, des informations supplémentaires apportées par les composantes spécifiques de chaque solde d'opinion. Les données utilisées sont les réponses à six questions de l'enquête de conjoncture de l'INSEE dans l'industrie sur la période allant de mars 1976 à mars 1997. Ces questions concernent les opinions portant sur :

la tendance passée de la production ;

la tendance prévue de la production;

la demande et les carnets de commande globaux ;

la demande et les carnets de commande en provenance de l'étranger ;

les stocks ;

les perspectives générales d'activité.

L'indicateur ainsi calculé, apparaît comme une sorte de climat général rendant compte de l'information commune contenue dans les différents soldes d'opinion. Il figure depuis juin 2000 dans les notes mensuelles de conjoncture publiées par l'INSEE sous la dénomination d'"indicateur synthétique du climat des affaires". Son évolution est utilisée pour résumer la phase conjoncturelle qui influe sur l'ensemble des soldes d'opinion de l'enquête.

L'analyse factorielle présente également l'intérêt d'isoler la part de d'information spécifiquement apportée par chaque solde d'opinion (chacune des composantesspécifiques estimées ne pouvant être assimilée à un simple bruit blanc). Ce faisant, elle fournit une sorte de grille de lecture complète de l'enquête.

Par ailleurs, Catherine DOZ, Fabrice LENGLART et Pascal RIVIERE ont utilisé la même méthode pour construire un indicateur équivalent pour la zone euro.

Chapitre 1 : Méthodologie de construction de l'indicateur

Section 1. Présentation de la méthode de construction

Paragraphe1. Choix d'une méthode pour la construction d'un indicateur synthétique pour l'enquête semestrielle de conjoncture du SIAI

Chacune des méthodes de construction d'indicateurs synthétiques de conjoncture exposées ci-dessus présente des avantages, mais aussi quelques inconvénients majeurs.

Parmi ces méthodes présentées, celle de DOZ et LENGLART est la plus pertinente du point de vue de la rigueur scientifique. Nous allons nous inspirer de cette méthode pour la construction d'un indicateur synthétique de conjoncture industrielle, à partir des données de l'enquête de conjoncture du SIAI.

Paragraphe2. Présentation de la méthode d'analyse factorielle pour la construction d'un indicateur de conjoncture

L'hypothèse sous-jacente à la construction de ces modèles est l'existence d'un faible nombre de composantes communes qui expliqueraient la majeure partie des évolutions de chacune des variables sous étude. La finalité de notre étude en termes d'analyse économique nous amène à nous limiter à la recherche d'un seul facteur. Le but est de savoir si c'est possible d'obtenir un indicateur du climat conjoncturel. Les méthodes exposées dans ce chapitre se proposent d'extraire le facteur commun reproduisant l'information commune contenue dans les soldes d'opinion des enquêtes de conjoncture.

A. L'analyse factorielle

L'analyse factorielle décrit un ensemble de données. Elle consiste à représenter linéairement les variables étudiées en terme de plusieurs variables latentes appelées facteurs ou facteurs communs. Le cas le plus intéressant est celui où il existe un faible nombre de facteurs pouvant expliquer la majeure partie de l'information contenue dans les variables initiales. Nous nous intéresserons au cas où l'on pourrait se limiter à un seul facteur appelé facteur commun.

B. La Présentation du modèle

Soient I un nombre de variables sous étude, T le nombre d'observations disponibles pour chacune de ces variables, et yit la valeur prise par la variable yi à la date t. Le modèle qui décrit les variables, yi , i= 1,.., I en terme du facteur commun F, s'écrit : yiti Ft+uit , pour i= 1,.., I .

Les termes du processus (uit )tz sont les combinaisons linéaires des termes des autres facteurs. Toutes les variables sont centrées et réduites pour éliminer l'influence de l'hétérogénéité en moyenne et en variance des séries utilisées. L'analyse s'intéresse aux corrélations entre les variables de départ et non entre les individus car c'est cette corrélation entre les séries initiales qui est la principale hypothèse justifiant l'existence d'un facteur commun significatif.

Le modèle ainsi décrit peut se réécrire sous la forme matricielle :

yt= ä Ft+ut

yt= (y1t,....yIt)'

E(Ft)= 0 E(ut)= 0

= (ä1....... äI)'

(i, t) E (Ftuit)= 0 ut = ( u1t....... uIt)'

C. L'interprétation des composantes et des paramètres

L'analyse factorielle simple est applicable seulement dans le cas où il existe une plus ou moins forte corrélation entre les variables. Il donne dans ce cas un moyen d'analyser ces corrélations. Plus précisément, le facteur commun explique les corrélations entre les séries initiales tandis que chaque uit représente d'autres variations affectant yit ; chaque uit est appelé facteur unique, composante idiosyncratique ou composante spécifique.

On interprète äi comme le poids du facteur F dans l'explication de la variable yi On considèrera que le facteur est représentatif de l'ensemble des variables si les äi sont tous élevés. Aussi, dans la recherche d'un indicateur du mouvement conjoncturel nous retiendrons uniquement l'ensemble de variables qui satisfont ce critère. Il apparaît dans une telle formulation que le facteur n'est pas déterminé de manière unique. En effet, une transformation linéaire opérée sur les poids modifie également le facteur. Dans la plupart des modèles classiques, le facteur est supposé de variance unitaire (ce qui ne nuit pas à la généralité). Une solution unique serait donc obtenue en imposant une contrainte sur ce dernier.

Le modèle de base dans le cas où le facteur est de variance unité permet une simple interprétation en terme de variances et covariances des variables. Nous avons dans ce cas :

yt=ä Ft+ut

E(Ft)= 0 E(ut)= 0 E(Ft2)=1

( i, t) E(Ftuit)= 0

D. L'estimation du modèle

Il existe deux manières d'estimer le modèle ci-dessus :

La première est une analyse factorielle en composantes principales et ne nécessite pas d'hypothèses préliminaires sur le nombre de facteurs à utiliser. On retient ensuite le premier facteur toujours le plus explicatif.

La deuxième est une estimation par maximum de vraisemblance sous l'hypothèse de normalité des composantes idiosyncratiques (Lawley et Maxwell, 1971), considérées comme résiduelles. Elle nécessite de spécifier au départ qu'un seul facteur est censé résumer la plupart de l'information contenue dans les variables d'origine. Elle donnerait alors une meilleure estimation des paramètres contrairement à l'analyse en composantes principales.

Il est important de signaler que les paramètres i ä sont d'abord estimés et ensuite, les approximations des valeurs du facteur commun sont obtenues par régression linéaire de ce facteur sur les variables initiales. Cela a pour but de minimiser la variance de l'écart entre le facteur et son approximation.

Le modèle linéaire suivant sera alors estimé après extraction du facteur commun considéré par la suite comme observé :

Ft = 1 y1t+2 y2t+............+I yIt+t

Une remarque importante est que cette méthode, bien que rapide et facile à mettre en oeuvre, ignore la dynamique du facteur. Elle n'est donc pas théoriquement utile à des fins de prévisions, ce qui appelle à une analyse dynamique.

E. Le modèle dynamique à facteur

L'analyse factorielle simple considère que les variables sont statiques, c'est-à-dire qu'elle n'inclut pas dans sa spécification le lien entre deux observations de la même variable à deux dates différentes. Cette hypothèse est restrictive d'autant plus qu'elle n'est pas justifiable dans la réalité surtout concernant des séries temporelles.

Il convient alors de spécifier avant tout la dynamique de ces variables. Le cadre adéquat semble être celui des modèles à composantes inobservables car, les composantes commune et spécifiques des variables d'origine ne sont pas directement observées et peuvent suivre une dynamique temporelle ; dans ce cas, le procédé d'analyse factorielle simple ne suffit plus à les extraire.

F. Validation du modèle

Une fois calculé, l'indicateur doit être confronté avec l'histoire conjoncturelle passée dans le but d'évaluer s'il reflète les phases précédentes de l'activité économique. Dans le secteur de l'industrie, la courbe de l'indicateur synthétique conjoncturel sera comparée à celle des variables utilisées dans sa construction.

Section 2. CADRE METHODOLOGIQUE

Paragraphe1. Présentation des enquêtes de conjoncture industrielles du Système de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI)

Dans le cadre du suivi de la conjoncture industrielle au Bénin, le Service de l'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) de la Direction Générale de l'Industrie réalise des enquêtes de conjoncture industrielles dont une enquête qualitative effectuée auprès des chefs d'entreprise. Ces enquêtes sont réalisées périodiquement, depuis 1999. Son échantillon est constitué de 10% des entreprises industrielles enregistrées dans le répertoire des entreprises industrielles du Bénin.

L'enquête est effectuée à partir des questionnaires distribués aux entreprises et collectés à dates fixes. Le questionnaire comprend une partie tendancielle où les chefs d'entreprises sont amenés à apprécier l'évolution du climat des affaires de leurs industries à partir des variables telles que la production, les commandes, les prix de vente, l'organisation institutionnelle, la corruption, le secteur informel...etc. Les réponses à ces questions sont trimodales (hausse, stable , baisse).

Le questionnaire comprend aussi une partie chiffrée où il est question de donner la production en une unité de mesure appropriée (Tonne, Kilogramme....). Cette partie du questionnaire mentionne également les ventes, les masses salariales ainsi que les effectifs employés par les industries.

Paragraphe2. L'utilisation des enquêtes de conjoncture

Le dépouillement des résultats de l'enquête est effectué avec le logiciel statistique SPSS (Statistical Package for Social Sciences). Chaque variable donne naissance à un indicateur qui indique la proportion des entreprises ayant choisi une modalité donnée.

Ces indicateurs permettent de suivre l'évolution de la conjoncture industrielle globale et par branche d'activités.

L'enquête de conjoncture industrielle constitue donc un outil de base du diagnostic conjoncturel dans l'industrie. Elle permet de savoir a priori quels sont les facteurs pouvant expliquer l'accélération ou le ralentissement de l'activité industrielle. Toutefois, la multitude d'indicateurs calculés conduit parfois le conjoncturiste à des réponses contradictoires. Ainsi, pour pallier à cet état de chose, la mise en place d'un indicateur de conjoncture à partir des soldes d'opinion serait la meilleure approche pour mieux apprécier la conjoncture industrielle.

En effet, à partir des questions qualitatives et trimodales (hausse, stable, baisse) une répartition des trois types de réponse est faite en pourcentage et l'information relative à chaque question est présentée sous forme de solde d'opinion qui est la différence entre les pourcentages des modalités `'hausse'' et `'baisse''. Le solde d'opinion est considéré comme une bonne synthèse des réponses et bien adapté à la conjoncture. Son principal atout est qu'il élimine des réponses qui pourraient être douteuses et correspondant à des opinions de type « stable ».

Les indicateurs synthétiques sont construits en combinant plusieurs soldes d'opinion dans le but de couvrir autant que possible les différents aspects de l'activité économique. L'agrégation de ces soldes en un indicateur unique réduit les risques de faux signaux, c'est-à-dire des changements qui pourraient affecter un solde d'opinion pris seul et qui sont dus à des mouvements irréguliers ne correspondant pas à l'évolution réelle de l'activité.

Les indicateurs synthétiques calculés doivent satisfaire à un certain nombre de critères :

la signification économique :

ces séries doivent être relatives aux variables qui causent les fluctuations de l'activité économique.

elles doivent exprimer les anticipations des agents économiques

elles doivent s'ajuster rapidement suite aux changements dans l'activité économique.

le comportement cyclique : elles doivent être des indicateurs avancés des variables économiques réelles.

la qualité des données : elles doivent être facilement disponibles et à temps, et ne doivent pas être sujettes à des révisions fréquentes.

Ces critères expliquent que certains soldes d'opinion de l'enquête de conjoncture soient retenus pour le calcul des indicateurs synthétiques conjoncturels.

Une fois calculé, les indicateurs doivent être confrontés avec l'histoire conjoncturelle passée dans le but d'évaluer s'ils reflètent les phases précédentes de l'activité économique.

Chapitre 2 : Analyse des résultats

Section 1. APPLICATION DE LA METHODE RETENUE AUX DONNEES D'ENQUETE DE CONJONCTURE DU SIAI

Paragraphe1. Mise en oeuvre de la méthode

A. La base de données du SIAI

Les enquêtes de conjoncture du SIAI ont commencé depuis 1999 mais la première note de conjoncture a été publiée pour le compte de l'année 2001 en 2002. Cette première édition et toutes celles qui l'ont suivie étaient semestrielles. Par ailleurs, la note de conjoncture a connu une rupture en 2005 pour ne reprendre qu'en 2007. Aussi, est-il important de souligner que les travaux d'élaboration des notes de conjoncture étaient confiés à un cabinet sélectionné par appel d'offres ; ce qui fait que le SIAI ne dispose pratiquement pas d'une base de données digne du nom sur les enquêtes de conjoncture industrielles.

Tout ceci nous a obligé à utiliser, dans le cadre de notre mémoire, la base construite par l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE). En effet, l'INSAE étant la structure habileté à traiter les données sur l'économie béninoise, réalise également des enquêtes de conjoncture industrielle auprès des chefs d'entreprises afin de disposer des données fiables sur l'évolution du secteur industriel. Aussi, la méthodologie d'enquête utilisée est analogue à celle du SIAI. Par ailleurs, depuis le premier trimestre de l'année 2008, le SIAI a mis en place un comité d'élaboration de ses notes de conjonctures, composé des cadres de l'INSAE ; de la Direction Générale des Affaires Economiques (DGAE) ; de la Cellule d'Appuis Technique (CAT) ; de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Bénin (CCIB) ; et de la DGI. Ce comité a procédé à l'harmonisation des enquêtes de conjoncture du SIAI avec celle de l'INSAE. Il faudra aussi souligner que la taille de l'échantillon des entreprises enquêtées est pratiquement la même au niveau de ces deux structures.

B. Choix des variables

Les données utilisées sont les réponses aux questions de l'enquête de conjoncture industrielle de l'INSAE sur la période allant du premier trimestre 2004 au deuxième trimestre 2008.

Il s'agit des soldes d'opinion.

Afin d'obtenir une synthèse complète des données, certaines variables pertinentes disponibles dans la base sont retenues. Ces variables sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau N°1 : Liste des variables sélectionnées pour la construction de l'indicateur synthétique de conjoncture industrielle

N° d'ordre

Variables

libellés

1

Tendance-PRD

Tendance de la production

2

Perspect-PRD

Perspectives d'évolution de la production

3

Capact-PRD

Capacité de production

4

Carnet-COM

Carnets de commandes

5

Carnet-ETRG

Carnets de commande en provenance de l'étranger

6

Stock-PRDF

Stock de produit fini

7

Perspect-PV

Perspectives d'évolution des prix de vente

8

Perspect-EMP

Perspectives d'évolution de l'emploi

9

Commd

Commandes enregistrées

10

Perspect-COM

Perspectives des commandes

11

Competivt

Compétitivité

Source : Construit à partir des variables de la base de données.

Paragraphe2. Analyse préliminaire des données

A. L'indice d'adéquation de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO)

L'indice KMO permet de mesurer l'adéquation des variables utilisées dans une analyse factorielle. Il permet de juger de la pertinence ou non de recourir à l'analyse en composante principale. Il est calculé pour l'ensemble des variables (KMO) et pour chaque variable (MSA c'est à dire Kaiser's Measure of Sampling Adequacy). C'est donc un indicateur résumé permettant de savoir pour l'ensemble des variables et pour chaque variable prise individuellement, si les corrélations originales sont supérieures aux corrélations partielles. Ainsi, une variable qui ne serait corrélée à aucune autre devrait certainement être retirée de l'analyse, puisque nous nous intéressons à la variance commune partagée entre les variables. Les valeurs de KMO et des MSA supérieures à 0,8 sont jugées bonnes alors que celles qui sont inférieures à 0,5 sont inacceptables.

La recherche de l'amélioration des résultats, sur la base des valeurs repères suggérées par Kaiser, a conduit à éliminer progressivement certaines variables de l'analyse. Ce qui a permis d'obtenir le tableau N°2

L'indice KMO (Kaïser-Meyer-Olkin) vaut 0,64 ; cette mesure supérieure à 0,5 confirme l'acceptation de l'échantillon de variables obtenues.

Tableau N°2 :L'indice MSA des variables retenues

VARIABLES

LIBELLES

MSA de

Kaiser

1

Perspect-PRD

Perspectives d'évolution de la production

0,63

2

Stock-PRDF

Stock de produit fini

0,61

3

Perspect-PV

Perspectives d'évolution des prix de vente

0,55

4

Commd

Commandes enregistrées

0,63

5

Perspect-COM

Perspectives des commandes

0,65

6

Capact-PRD

Capacité de production

0,87

Ensemble des variables

Mesure de l'échantillonnage de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO)=0,64

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Toutes les variables du tableau ont leurs MSA supérieures à 0,50. Ce qui montre que ces variables sont corrélées entre elles. Elles seront donc retenues dans la suite de l'analyse.

B. Stationnarité des variables retenues

Les variables utilisées dans notre étude sont des suites d'observations indicées par le temps. Nous sommes donc en présence des séries chronologiques et il est important de savoir si les valeurs prises par les variables à chaque date sont corrélées entre elles. D'où l'étude de la stationnarité de ces variables.

La stationnarité joue un rôle central dans la théorie des processus, car elle remplace (de façon naturelle) l'hypothèse d'observation identique et indépendamment distribué (i.i.d) en statistique. Deux notions sont généralement considérées. La première notion de stationnarité peut se définir de façon forte par une stabilité en loi du processus : quel que soit n, t1,....... .,tn et h, on a l'égalité entre les lois jointes

L (Yt1,.....,Ytn ) = L (Yt1+h,....,Ytn+h)

Cette définition peut toutefois être affaiblie : le processus est dit stationnaire au second ordre si :

la moyenne du processus est constante : E (Yt) = m pour tout t Z

les autocovariances ne dépendent que de la différence entre les observations : cov (Xt ; Xs ) = (t-s )

Cette dernière propriété implique en particulier que la variance de Yt est constante :

V (Yt) = 2

Le test de stationnarité mis en oeuvre est le test ADF (Augmented Dickey Fuller).Ce test permet de tester l'hypothèse H0 : la série est intégrée d'ordre au moins 1 c'est-à-dire qu'elle n'est pas stationnaire ; contre l'hypothèse alternative H la série suit un modèle AR(P) c'est-à-dire qu'elle est stationnaire. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau N°3 : Résultat du test de Dickey Fuller Augmenté sur les variables retenues

Variables

ADFc

ADFL

Trend

Constante

Conclusion

Perspect-PRD

-4,00

-3,73

oui

oui

Stationnaire à niveau

Stock-PRDF

-2,29

-1,96

non

non

Stationnaire à niveau

Perspect-PV

-3,90

-1,97

non

non

Stationnaire en différence première

Commd

-4,31

-3,73

oui

oui

Stationnaire à niveau

Perspect-COM

-3,30

-3,06

non

oui

Stationnaire à niveau

Capact-PRD

-4,39

-1,96

non

non

Stationnaire en différence première

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Les résultats du tableau ci-dessus montrent que les variables Perspect-PV et Capact-PRD ne sont pas stationnaires à niveau au seuil de 5% et de 10% ; elles seront donc retirées de l'analyse.

Section 2. Validation des résultats et construction de l'indicateur

Paragraphe1. Validation des résultats

La méthode d'Analyse Factorielle Exploratoire sera utilisée pour la construction de l'indicateur.

En effet, l'Analyse en Composantes Principales (ACP) est une méthode qui cherche une solution à l'ensemble de la variance des variables où les composantes sont orthogonales c'est-à-dire indépendantes entres elles. L'ACP maximise la variance expliquée alors que l'Analyse Factorielle Exploratoire (AFE) cherche une solution à la covariance entre les variables ; elle tente d'expliquer la variance qui est commune à ces variables et présume que chaque variable possède une variance unique représentant son apport propre.

L'AFE ressemble beaucoup à l'ACP et on peut faire de nombreux parallèles entre les deux techniques: dans les deux cas, les analyses portent sur des matrices de corrélation pouvant comporter un nombre élevé de variable; de plus, dans les deux cas, il s'agit d'expliquer une portion importante de variance présente dans les données en ayant recours à un nombre limité de dimensions.

La différence fondamentale entre les deux techniques concerne la portion de variance que l'on cherche à expliquer. Alors que l'ACP s'intéresse à la variance totale présente dans la matrice de corrélation, l'analyse factorielle exploratoire quant à elle se concentre strictement sur la portion de variance commune partagée par certaines variables. L'AFE est disponible sur le logiciel SPSS.

A. Examen des résultats obtenus

Proportion de la variance commune

Le tableau ci-dessous présente la proportion de variance commune de chaque variable.

Tableau N°4 : Variance totale et commune des variables retenues

Variables

Variance totale

Variance commune

 

Perspect-PRD

1,000

0,848

 

Perspect-COM

1,000

0,582

 

Stock-PRDF

1,000

0,408

 

Commd

1.000

0,405

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Les valeurs 0,848; 0,582 ; 0,408 et 0,405 correspondent à la proportion de la variance totale expliquée par chaque variable.

Autrement dit, 0,848 unité de variance de la variable Perspect-PRD (Perspective de production) correspond à la variance importante partagée par les autres variables, alors que 0,152 unités, c'est-à-dire 1,0 - 0,848 serait de la variance négligeable, puisque correspondant soit à de la variance spécifique de cette variable, soit à son erreur de mesure. Les variables Stock-PRDF (Stock de produit fini) et Commd (commande) semblent avoir une proportion plutôt passable de variance unique.

La somme des variances communes donne un total de 2,243 correspondant à 56,075% de la variance totale. C'est cette proportion de variance commune qui sera éventuellement répartie de façon décroissante entre les différents facteurs retenus.

B. Détermination du nombre de facteurs communs à extraire

Le tableau ci-après présente les valeurs propres de la matrice de corrélation réduite obtenue.

Tableau N°5 : valeurs propres des facteurs

Composantes

Valeurs propres initiales

Extraction somme des carrés des facteurs retenus

Total

%de la variance

%cumulé

Total

%de la variance

%cumulé

1

2

3

4

2,244

0,795

0,743

0,218

56,089

19,867

18,586

5,459

56,089

75,956

94,541

100,000

2,244

56,089

56,089

Source : Nos calculs sur la base de nos données

La détermination du nombre de facteurs communs à extraire se fait en considérant le critère de Kaiser indiquant la limite inférieure du nombre de facteurs à extraire. Selon ce critère, seul les facteurs ayant une valeur propre supérieure à 1 sont à retenir. Il apparaît donc à travers le tableau ci-dessus que le premier axe factoriel est à retenir ; car ayant sa valeur propre égale à 2,244 qui est supérieure à 1,00. Ce facteur résume la majeure partie de l'information apportée par les variables utilisées. En effet, la valeur propre de cet axe correspond à 56,089% de l'information totale contenue dans ces variables. Il est donc suffisant pour résumer l'information contenue dans les variables retenues. Par conséquent, l'indicateur synthétique de conjoncture industrielle peut être construit à partir des données retenues.

Paragraphe2. Construction et pertinence de l'indicateur synthétique

A. Construction de l'indicateur synthétique

L'analyse a permis de mettre en évidence le facteur commun, qui n'est pas directement observable, mais qui peut être estimé. Le modèle mathématique à la base de l'analyse factorielle s'exprime dans l'ensemble des équations obtenues à partir des coordonnées des variables sur l'axe factoriel.

Tableau N°6 : Corrélations des variables avec le facteur commun

Variables

Intitulés

Coordonnées des variables sur l'axe factoriel

Perspect-PRD

Perspectives d'évolution de la production

0,921

Perspect-COM

Perspectives des commandes

0,763

Stock-PRDF

Stock de produit fini

0,639

Commd

Commandes enregistrées

-0,636

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Ces équations sont les suivantes :

Perspect-PRD = 0,921 F + U1 (1)

Perspect-COM = 0,763 F + U2 (2)

Stock-PRDF = 0,639 F + U3 (3)

Commd = -0,636 F + U4 (4)

Ui est la variance non expliquée pour chacune des variables.

L'équation (1) montre que l'augmentation d'une unité du facteur commun entraîne une augmentation de la variable Perspect-PRD de 0,921 unité.

Par contre l'équation (4) montre que l'augmentation d'une unité du facteur commun entraîne une diminution de 0,636 unité des commandes enregistrées.

Les coefficients de pondération estimée des variables sont présentés dans le tableau ci-après:

Tableau N°7 : Pondérations des variables

Variables

Intitulés

Coefficients de pondération

Perspect-PRD

Perspectives d'évolution de la production

0,410

Perspect-COM

Perspectives des commandes

0,340

Stock-PRDF

Stock de produit fini

0,285

Commd

Commandes enregistrées

-0,284

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Ainsi, le facteur commun F obtenu est déterminé par :

F=0,41Perspect-PRD +0,34Perspect-COM +0,285Stock-PRDF - 0,284 Commd

F représente l'indicateur synthétique de conjoncture industrielle recherché.

Il dépend des variables perspectives d'évolution de la production ; perspective des commandes ; stock de produit fini et des commandes enregistrées ; ceci montre que notre première hypothèse spécifique selon laquelle la production industrielle et les résultats commerciaux expliquent la conjoncture n'est pas vérifiée.

B. Représentation graphique de l'indicateur synthétique

L'indicateur synthétique obtenu est construit à l'aide d'une combinaison linéaire des variables, en utilisant les coefficients de pondération du facteur de l'analyse. Ses valeurs sur la période de l'étude sont présentées dans le tableau ci-après :

Tableau N°8 : Valeurs de l'indicateur synthétique de conjoncture industrielle sur la période d'étude

Années

trimestre

F

2004

1

33,56

2

-1,34

3

25,35

4

29,86

2005

1

29,86

2

48,17

3

-29,88

4

25,25

2006

1

21,10

2

23,69

3

26,35

4

28,10

2007

1

-14,22

2

14,86

3

22,78

4

4,44

2008

1

-34,27

2

4,80

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Le graphe ci après illustre l'évolution de l'indicateur sur la période d'étude

Source : Nos calculs sur la base de nos données

L'indicateur construit a ses valeurs comprises entre -100% et +100%. Ses valeurs sur la période d'étude sont comprises entre -40% et +60%. Sa valeur moyenne est de 14,36% sur la même période ; ce qui montre que la conjoncture industrielle est passable au Bénin. En effet, la conjoncture est très mauvaise si l'indicateur construit a ses valeurs inférieures à zéro ; mauvaise si l'indicateur a ses valeurs comprises entre 0 et 10% ; passable si ses valeurs sont comprises entre 10% et 20% ; bonne si les valeurs de l'indicateurs sont comprises entre 20% et 50% et favorable à la croissance économique si l'indicateur a ses valeurs supérieures à 50%. La valeur moyenne de l'indicateur sur la période d'étude (14,36%) ne motive pas les opérateurs économiques à investir dans le secteur industriel au Bénin.

L'indicateur construit atteint son maximum au deuxième trimestre de l'année 2005 avec une valeur de 48,17%. Cette valeur est la plus haute atteinte par l'indicateur sur la période d'étude puis il chute brutalement pour atteindre

-30% au troisième trimestre de la même année. Cette situation serait due aux mesures restrictives prises par le Nigeria7(*) sur la fermeture de ses frontières en ce qui concerne avec le Bénin. De même, l'indicateur synthétique présente un pic négatif au premier trimestre de l'année 2008 ; ce qui s'explique par la hausse généralisée et continue du niveau des prix des matières premières observées au cours de cette période dans le monde entier.

C. Pertinence de l'indicateur construit

Evolution comparée de l'indicateur et des variables utilisées

Une comparaison des évolutions de l'indicateur synthétique à celles des variables utilisées dans sa construction est effectuée ci-après.

Evolution comparée de l'indicateur et de la variable Perspective de production

De façon générale, l'évolution de l'indicateur synthétique sur la période de l'étude (premier trimestre de l'année 2004 au deuxième trimestre de l'année 2008) est en phase avec celle de la variable Perspect-prd (Perspectives de la production).Ceci montre qu'une partie de notre seconde hypothèse spécifique selon laquelle l'évolution des perspectives de la production et celle de la trésorerie des entreprises industrielles permettent de déduire celle de la conjoncture. Toutefois, il est à noter qu' au quatrième trimestre de l'année 2004 l'évolution de la variable est contraire à celle de l'indicateur (la variable décroît alors que l'indicateur croît).L'indicateur résume correctement cette variable. (Confère graphique N°2)

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Evolution comparée de l'indicateur et de la variable Perspective des Commandes

L'évolution de l'indicateur construit est globalement en phase avec celle de la variable Perspect-commd (Perspectives des commandes). Toutefois, les deux courbes ont des évolutions contradictoires au quatrième trimestre de l'année 2004, et sur toute la période de 2006. Ici aussi l'indicateur construit résume correctement la variable utilisée dans sa construction. (Confère graphique N°3)

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Evolution comparée de l'indicateur et de la variable stock de produits finis

La comparaison des évolutions de l'indicateur et de la variable Stock-prdf (Stock de produits finis) montre que ces deux courbes présentent globalement la même tendance sur la période d'étude. Néanmoins, l'indicateur affiche une croissance moins prononcée que celle de la variable sur la période allant du premier trimestre 2006 au quatrième trimestre de la même année. Aussi, les évolutions de ces deux courbes sont-elles contradictoires sur la période allant du deuxième trimestre au quatrième trimestre de l'année 2007. (Confère graphique N°4)

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Evolution comparée de l'indicateur et de la variable commandes enregiistrées

La variable Commd (commandes enregistrées) et l'indicateur synthétique construit présentent des profils opposés à plusieurs dates, au cours de la période de référence. De même, les variables commande et stock de produit finis présentent des profils opposés. En effet, une augmentation des commandes est généralement suivie d'une diminution des stocks. Aussi, les coefficients de pondérations étant respectivement de -0,284 et 0,285 alors l'information apportée par la variable stock de produits finis est beaucoup plus importante que celle apportée par la variable commande reçue ; ceci fait que l'indicateur synthétique a pu résumer plus correctement l'évolution de la variable stock de produits finis que celle de la variable commande reçue. (Confère graphiques N°5 et N°6°)

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Source : Nos calculs sur la base de nos données

Au total, l'indicateur synthétique construit résume de manière globalement satisfaisante les variables utilisées dans sa construction. Il pourrait donc être utilisé pour apprécier la conjoncture dans le secteur industriel.

D. Difficultés et limites

La difficulté essentielle rencontrée est l'absence de base de données sur les soldes d'opinion. A ceci s'ajoute la non disponibilité des bases des enquêtes de conjonctures réalisées par le SIAI.

Les séries utilisées pour la construction de l'indicateur n'étant pas assez longues, il est difficile d'apprécier la stabilité et la significativité des variables retenues pour la construction dudit indicateur. Cette même raison nous a obligés à ne pas établir une relation entre l'évolution de l'indicateur synthétique et celle de l'activité économique. Ainsi, les résultats obtenus devront être annuellement mis à jour afin d'intégrer de nouvelles données notamment celles des enquêtes de conjoncture du SIAI.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les enquêtes de conjonctures industrielles constituent une source précieuse d'informations permettant de suivre les fluctuations à courts termes dans l'industrie. Face à la multitude de variables utilisées dans cette enquête, la construction d'un indicateur synthétique constitue une solution nécessaire et utile pouvant faciliter le suivi de l'évolution du secteur.

Cet indicateur synthétique construit à partir des soldes d'opinions issus des enquêtes de conjonctures industrielles par la méthode d'analyse factorielle résume de manière globalement satisfaisante les variables utilisées dans sa construction. Il pourrait donc être utilisé pour apprécier l'évolution à court terme de la situation industrielle béninoise. Toutefois, il convient de souligner que ce mémoire a été une initiation à l'utilisation de l'analyse factorielle avec le logiciel SPSS pour la construction d'un indicateur de conjoncture industrielle avec les soldes d'opinions. Nous souhaitons que l'approfondissement du travail effectué ici s'inscrive dans les prochaines préoccupations de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) et du Service d'Information et de l'Analyse Industrielle (SIAI) en matière de recherche de bons indicateurs de l'activité industrielle. Pour cela, un grand intérêt doit être accordé à la maîtrise et à l'utilisation des logiciels Gauss et Stamp, spécialisés dans la recherche dans ce domaine. Par ailleurs, nous pensons que l'utilisation de l'indicateur calculé doit rester prudente jusqu'à la disponibilité de données sur de longues séries de soldes d'opinions.

En attendant de disposer de séries longues et homogènes qui pourront améliorer la qualité de l'indicateur conjoncturel, des efforts doivent être entrepris par le SIAI et l'INSAE pour effectuer régulièrement (tous les trimestres) et à bonne date les enquêtes de conjoncture industrielle. Ils doivent aussi oeuvrer en faveur de l'amélioration de la qualité des enquêtes de conjoncture industrielle par l'augmentation de la taille de l'échantillon des entreprises industrielles. Nous pensons finalement que le degré de méfiance et la mémoire des entrepreneurs béninois, déterminants de l'exactitude des réponses fournies, nécessitent éventuellement plus de sensibilisation sur l'importance des enquêtes de conjoncture.

BIBLIOGRAPHIE

BCEAO : Note d'information et statistiques N°534,Mars 2003

Boutaina Antari et Zineb Bouba : Essai d'établissement d'un indicateur synthétique pour le Maroc, Document de travail N° 88, Mai 2003

Bruno Tissot et Nicolas Cournot : La Prévision Economique, 2002

Charpentier A. cours de séries temporelles : théorie et application volume1

Chr. Ost, C. Hamaide, P. Dupriez N. Van Droogenbroeck : L'économie en mouvement ; outils d'analyse de la conjoncture, 2e édition février 1996

Dominique Ladiray et Gian Luigi Mazzi : Modélisation des données d'enquêtes pour la recherche économique et social ; Symposium de statistique Canada ; 2002

Doz C.et Lenglart F. : Analyse factorielle dynamique : test du nombre de facteurs estimation et application à l'enquête de conjoncture dans l'industrie ; 1999

INSEE : Enquête mensuel de conjoncture dans l'industrie : note méthodologique, 2004 et 2008

Jacques Baillargeon : L'Analyse Factorielle Exploratoire ; Janvier 2003

Jacky FAYOLLE, Pratique contemporaine de l'analyse conjoncturelle, 1987

Jang Schiltz : Un indicateur avancé pour la zone EURO, 2000

Jean Pierre CLING L'Analyse de la Conjoncture, 1990

SIAI : Note de Conjoncture Industrielle : 2002, 2003, 2005,2007 et 2008

SIAI : Répertoire des Entreprises Industrielles du Bénin, édition 2001

Tedongap Ngefack Roméo Raymond : Enquête de conjoncture : confession d'indicateurs synthétiques d'activité à partir des modèles à composantes inobservables et d'un modèle probabiliste ; Rapport de stage, Octobre 2002

http://fr.wikipedia.org/wiki/Indicateur

WWW.INSEE.fr

* 1 Source:Répertoire des Entreprises Industrielles du Bénin page5 ; édition 2001

* 2 Source: INSAE séries de PIB

* 3 http://fr.wikipedia.org/wiki/Indicateur

* 4 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003

* 5 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003

* 6 Notes d'information et Statistiques n°534 de Mars 2003

* 7 Confère note de conjoncture industrielle du premier et deuxième semestre 2005






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