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Comportement sexuel non autonome et risque à  l'infection au VIH/sida


par Joseph Delouis Dutreuil
Université D'Etat D'Haà¯ti / Faculté des Sciences Humaines (FASCH) - Licence en Psychologie 2007
  

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Chapitre 4

THÉORIE DU DÉVELOPPEMENT PSYCHOSEXUEL DE FREUD

Le comportement sexuel c'est bien l'une des différentes manifestations comportementales de l'individu. A l'instar de tous les autres comportements adoptés par celui-ci, le comportement sexuel s'explique par diverses variables. On peut donc déceler des causes intrinsèques et extrinsèques. Pour ce qui concerne les causes intrinsèques, la théorie de Freud se révèle être très utile.

4.1.-DÉVELOPPEMENT PSYCHOSEXUEL DE L'INDIVIDU

Selon la perspective freudienne, le développement psychosexuel de l'individu se fait en cinq stades progressifs. Ce qui est particulier à travers l'approche théorique de Freud c'est que les tendances sexuelles jouent un rôle particulier dans la construction de la personnalité de l'individu. Un aspect biologique se dégage aussi de cette approche.

4.1.1.-Stade oral (0 - 1 an)

Cette phase couvre la première année de vie de l'individu. Comme son nom l'indique la bouche est conçue comme la principale source du plaisir pour l'enfant au cours de cette période. Sucer, mâchouiller, mordre et manger sont autant d'activités qui apportent à l'enfant du plaisir. Au cours de cette période l'enfant développe une relation serrée avec la mère. D'ailleurs c'est elle qui lui procure du sein ou du biberon. Ces objets ne se perçoivent pas seulement comme source de satisfaction des besoins de faim de l'enfant. Mais ils jouent aussi un rôle d'apaisement des pulsions sexuelles de celui-ci. Pour ce qui concerne l'allaitement il est interprété comme l'occasion d'un contact étroit entre l'enfant avec la mère, à la fois physique et affectif, qui ajoute à la satisfaction du besoin et au plaisir oral diverses autres gratifications93(*).

Par conséquent dans la perspective de Freud, l'individu commence par vivre sa sexualité dès le sein maternel. La zone orale avec ses différents organes (la langue, les lèvres et la bouche) qui jouera un rôle important plus tard dans la vie de l'adolescent et de l'adulte dans la satisfaction de ses besoins sexuels, se trouve déjà investie au cours de cette période d'énergie libidinale.

4.1.2.- Stade anal (1 - 3 ans)

Lors de cette période la source du plaisir va se transposer. Elle laisse la région buccale pour se concentrer à la région anale. L'anus et ses périphéries deviennent donc les principaux éléments fonctionnels de la sexualité de l'enfant de cet âge. La rétention et l'expulsion volontaire de ses selles et de ses urines procurent d'énormes plaisirs à l'enfant. Il tire un double plaisir dans le contrôle de ses sphincters. D'une part, la rétention procure en elle-même une excitation agréable de la muqueuse anale, d'autre part le plaisir de l'expulsion se trouve augmenté94(*).

Au cours de cette période l'enfant maintient encore un très bon contact avec sa mère. Cet âge coïncide avec l'apprentissage de la propreté. Car les parents exercent une certaine pression sur l'enfant juste pour le forcer à se conformer à des principes d'hygiène. Pour mieux développer sa sexualité, l'enfant a besoin d'un soutien bien dosé de son entourage. Même lorsqu'on doit lui inculquer des principes de propreté, on doit éviter d'être trop contraignant à son égard, sinon, on risque de favoriser chez lui des prédispositions à des comportements sexuels déviants.

4.1.3.- Stade phallique (3 - 5 ans)

A trois ans, l'individu aborde une phase extrêmement importante de son développement de manière générale et notamment de celui de ses fonctions sexuelles. Comme le nom l'indique, phallus qui signifie l'organe viril, soit le pénis, l'enfant perçoit en celui-ci le symbole de l'autorité. D'ailleurs c'est cette perception de l'autorité qui va occasionner une certaine tension dans la relation de l'enfant avec ses parents. D'où le fameux conflit dénommé le complexe d'OEdipe qui se traduit par l'amour que l'enfant éprouve pour le parent du sexe opposé accompagné de la haine pour le parent du même sexe.

Tout l'objet de ce conflit se réside dans des interprétations d'ordre sexuel. Le petit garçon qui se rend compte qu'à l'instar de son père, il est en possession du pénis, se compare avec celui-ci et en veut sa mère pour femme. Son père devient automatiquement son rival. Il lui serait mieux de procéder à son élimination afin d'avoir à lui seul la mère. Tandis que chez la fillette c'est un autre scénario qui se produit. Celle-ci en réalisant qu'elle est privée du pénis reproche à la mère de ne pas lui en donner, par conséquent elle veut posséder son père et éliminer sa mère, sa rivale. Cloutier pour sa part stipule que ``L'enfant recherche des gratifications érotiques de la part du parent constituant l'objet d'amour et élabore des fantasmes érotiques lui conférant l'exclusivité de l'amour du parent en question''95(*).

C'est dès lors que les différenciations sexuelles commencent par s'imposer. Le pénis et le clitoris deviennent les principales zones qui procurent du plaisir à l'enfant. Normalement à cette période, les pulsions libidinales se trouvent à un degré très élevé. Erikson pour sa part qualifie cette période comme le stade de la curiosité infantile, de l'excitabilité génitale et de préoccupations variées et d'un surcroît d'intérêt pour les sujets sexuels96(*).

La bonne résolution de la crise oedipienne demande à l'enfant d'atteindre la maturité, de pouvoir s'identifier au parent du même sexe. Cette identification se fera en fonction des normes établies par la société. D'où la question des stéréotypes, car on attend à ce que l'individu développe des compétences et des aptitudes propres à des gens de son genre.

L'importance de ce stade réside dans le fait que l'enfant commence effectivement par faire face à des interdits et réalise par là qu'il ne lui est pas permis de réaliser tout ce qu'il veut. Donc les principes de la morale commencent par s'établir. On a même fait remonter l'origine du surmoi à cette phase du développement de l'individu.

4.1.4.- Stade de latence (6 - 12 ans)

Cette période est considérée comme une période d'arrêt du développement des pulsions libidinales. Apparemment les énergies sexuelles de l'enfant cessent de s'accroître. C'est dans cette perspective que l'on parle de la sublimation. Donc au lieu de concentrer ses énergies vers la poursuite des objectifs strictement d'ordre sexuel, l'enfant se lance en des aventures relatives à ses études. Bref, les pulsions libidinales sont investies en des domaines créatifs. A ce moment crucial de son développement psychosexuel, l'enfant canalise ses intérêts vers le milieu extra-familial, les groupes de pairs et les apprentissages scolaires et sociaux97(*).

C'est bien le moment pour l'individu de commencer à intérioriser les valeurs et les normes véhiculées par ses groupes d'appartenance. Ceci est rendu possible grâce à la résolution du complexe d'oedipe qui lui a permis de se rendre compte d'un ensemble d'obstacles pouvant l'empêcher de combler toutes ses attentes. Les trois instances de l'appareil psychique - le ça, le moi et le surmoi - s'établissent normalement. A côté de la nécessité de trouver de la satisfaction à ses besoins, le principe de la réalité s'impose de manière automatique à l'individu. C'est l'intériorisation de ce principe qui a obligé l'individu à laisser de côté la poursuite de ses désirs sexuels afin de se lancer à des activités valorisées par des gens de son âge. C'est ce qui explique la compétition chez les enfants de 6 à 12 ans, notamment sur le plan académique.

4.1.5.- L'Adolescence et ses particularités

Dans la perspective freudienne c'est la dernière phase du développement de l'individu, disons mieux du développement psychosexuel. Freud attribue à cette période le nom de stade génital. Ceci sous-entend que les quatre autres stades quoique faisant partie du cours du développement psychosexuel de l'individu ont eu une connotation de stades prégénitaux. C'est au cours de l'adolescence que les expressions de la sexualité vont se manifester concrètement, en dépit du fait que certains enfants ont déjà eu des pratiques sexuelles où il y avait l'implication des organes génitaux. Car c'est au cours de l'adolescence que la maturation des organes génitaux se fait à la dimension de l'adulte. Par exemple chez la fille, il y a une augmentation de la taille du vagin et du clitoris et chez le garçon le même phénomène se produit au niveau du pénis et des testicules.

Cette période est considérée pour beaucoup de théoriciens comme une transition entre l'enfance et l'âge adulte. D'ailleurs l'adolescence n'a pas toujours existé. Elle résulte de la mutation de la société à l'issue de la révolution industrielle. Brièvement, on peut dire qu'un adolescent c'est un individu qui n'est plus enfant, mais qui n'a pas encore atteint la maturité de l'adulte. Pour ce qui se rapporte à la tranche d'âge de cette période, on est presque unanime à accepter qu'elle commence à la puberté - entre 10 à 13 ans pour les filles et 12 à 15 ans pour les garçons - mais les auteurs ne s'accordent pas toujours à situer sa fin. Pour certains elle se termine vers 18 - 20 ans et pour d'autres, elle va jusqu'à 25 ans. Erikson, pour sa part se situe dans la première position, tandis que Cattell, lui, il abonde dans la deuxième option. Pour situer l'adolescence, on privilégie quelquefois une composante économique. Ceci a permis de parler de l'adolescence prolongée, car elle peut s'étendre même au-delà de 25 ans.

Pratiquement, la puberté apporte de sérieuses modifications au niveau de l'apparence physique de l'individu. C'est en ce sens que Godhalber a reproduit trois composantes importantes à la puberté en s'inspirant des travaux de Katchadourian98(*). Dans un premier temps, la puberté apporte un changement de la taille, de la masse, des proportions corporelles et de la composition corporelle. Parallèlement, on aboutit à un développement accéléré des appareils circulatoires et respiratoires. La composante la plus importante c'est surtout le développement des caractères sexuels primaire et secondaire. D'où cette période est marquée par le retour des pulsions libidinales.

Les pulsions sexuelles de l'individu qui restaient pendant un certain temps à l'état latent se réactivent et ceci avec de nouvelles intensités et de manière beaucoup plus concrète. Contrairement aux autres périodes de son développement psychosexuel où l'individu se contentait de trouver de la satisfaction par la manipulation des zones érogènes comme la bouche, l'anus et le pénis et à travers le parent du sexe opposé, à l'adolescence, il y a un renversement de la tendance, l'individu devient de plus en plus attiré par d'autres individus du sexe opposé qui ne font pas partie de la dyade familiale. Grâce à la maturation de son intelligence, l'individu à l'adolescence parvient à une meilleure compréhension de la réalité. Françoise Dolto avance à cet effet cette idée : « Le fait capital qui marque la rupture avec l'état d'enfance c'est la possibilité de dissocier la vie imaginaire et la réalité, le rêve et les relations réelles. »99(*) Si au cours de l'enfance l'amour était conçu comme un jeu pour l'individu, à l'adolescence, l'amour commence par prendre son vrai sens. S'agit-il des jeunes filles ou des jeunes garçons, à cet âge, l'individu a tendance à chercher la compagnie de ce qu'il aime et éprouve des difficultés à supporter des liens virtuels. Voilà ce qui explique l'intolérance des adolescents à faire des jeux à connotation amoureuse.

Les aventures sexuelles constituent l'une des manifestations de l'adolescence. L'adolescent ressent un fort désir de rentrer en contact intime avec l'individu de l'autre sexe. Il convient de préciser que la sexualité n'est pas un phénomène typiquement propre à l'adolescence. Car dès l'enfance, on note de nombreux cas d'attraction sexuelle pour des partenaires de jeux, ou pour des adultes du sexe opposé100(*). Ça arrive parfois qu'on surprenne des enfants de moins de 6 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres enfants de même âge qu'eux. Mais à l'adolescence, la sexualité prend une autre dimension pour atteindre sa courbe exponentielle. A travers diverses recherches réalisées en plusieurs endroits en Haïti, on note le fait que dès l'âge de 13 ans, les jeunes commencent à avoir d'emblée des rapports sexuels. Pour un échantillon de 1213 jeunes âgés de 10 à 26 ans et plus au sein de la population protestante de la région métropolitaine, dont 32 âgés entre 10 et 12 ans, 285, de 13 à 16 ans et 429, de 17 à 20 ans, on a noté qu'un pourcentage des jeunes de toutes les tranches d'âge ont déjà eu des rapports sexuels. 38 % des jeunes âgés de 10 à 12 ans, 33 % des 13 à 16 ans et 48 % des 17 à 20 ans ont déjà eu des expériences sexuelles101(*). Par conséquent, on réalise que même la pratique religieuse n'est pas vraiment un facteur pouvant inhiber les pulsions sexuelles de l'individu à l'adolescence. Avoir des rapports sexuels à l'adolescence est même considéré comme un fait normal pour bon nombre de jeunes. A travers une recherche qualitative menées dans plusieurs régions du pays par Family Health International/AIDSCAP, certains jeunes garçons estiment que 15 à 18 ans serait l'âge normal d'avoir des relations sexuelles102(*). L'enquête réalisée par l'Institut haïtien de l'enfance dans ces régions : Port-au-prince, Cap-Haïtien, Gonaïves et Fort - Liberté, Ouanaminth, Mont - Organisé sur un échantillon de 800 personnes âgées entre 15 ans et 49 ans et plus dont 433 femmes et 367 hommes a révélé que l'âge moyen des premiers relations sexuelles est de 15 ans pour les hommes et 17 ans pour les femmes103(*). A partir de toutes ces données, on peut conclure que la période de l'adolescence est très caractéristique pour des activités sexuelles.

Toutefois, à l'adolescence, l'individu n'a pas encore saisi le vrai sens de l'amour. On a tendance à le réduire aux relations sexuelles. D'autant plus les relations amoureuses à cette époque se révèlent un peu instable.

* 93 Philippe, Jorès, Introduction à la Psychanalyse, Faculté des Sciences Humaines, octobre 2004.

* 94 Idem.

* 95 Cloutier, Richard et Renaud André, Psychologie de l'enfant, Gaëtan Morin, Québec, 1990, page 19.

* 96 Erikson, Erik H., Adolescence et Crise : La quête de l'identité, Flammarion, Paris, 1972, page 120.

* 97 Cloutier, Richard et Renaud André, Psychologie de l'enfant, Gaëtan Morin, Québec, 1990, page 428.

* 98 Godhalber, Dale, Psychologie du développement, éditions Etudes Vivantes, Québec, 1988, page 251,252.

* 99 Dolto, Françoise, La Cause des Adolescents, page 21.

* 100 Tordjman, Gilbert, Réalités et problèmes de la vie sexuelle -Adolescents, Hachette, Paris, 1978, page 25.

* 101 World Relief, Enquête sur les connaissances, attitudes et comportements des jeunes protestants par rapport à la sexualité réalisée dans l'aire métropolitaine de Port-au-prince, Mai 2004.

* 102 Family Health International/AIDSCAP, Evaluation qualitative des connaissances, attitudes et comportements concernant les MST/SIDA en Haïti, Synthèse globale par Calixte Clérismé.

* 103 Institut haïtien de l'enfance, Evaluation du programme de contrôle et de prevention du Centre pour le Développement et le Santé (CDS), décembre 1995.

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