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Internet à  Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville

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par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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II - Justification du choix du sujet et du cadre d'étude

L'espace géographique peut être définie comme «un champ élaboré par le géographe pour formaliser scientifiquement les caractéristiques de l'espace terrestre »8(*). Cet espace terrestre se présente comme une production sociale car il résulte toujours de l'action des sociétés humaines. De ce fait, il est donc une production globale et complexe en ce sens que toutes les dimensions de l'homme sont impliqués dans la construction d'un espace terrestre : l'économique, le social, mais aussi le culturel, le politique et l'idéologique. Suivant l'échelle retenue et le type de sociétés, telle ou telle dimension prend de l'importance.

Ainsi conçu, l'espace géographique concerne tout un ensemble de phénomènes se déroulant au sein l'espace terrestre qu'il englobe et leurs éventuelles modifications ou évolutions, pourvues que celles-ci participent au changement du territoire. L'espace géographique est donc susceptible d'évoluer, de se transformer en ce sens que les groupes humains qui le composent de même que le cadre physique qui en est le soubassement, le support sont eux aussi susceptibles d'évoluer et de se transformer. Selon Jacqueline Beaujeu Garnier, « l'espace géographique est fortement marquée de relativité et, étant composée de données changeantes, il est essentiellement variable et mouvant »9(*). Pour Annie Chéneau Loquay, « un espace géographique n'est pas en soi une donnée, un simple support pour les activités humaines, comme pour les autres sciences ; il est sans cesse utilisé, créé, construit, modifié, transformé par elles selon des modalités très différenciées »10(*).

Depuis quelques décennies, cet espace terrestre vie des mutations dues essentiellement à l'appropriation par les groupes humains qui l'occupe de nouveaux outils de télécommunication. Parmi celles-ci, figure Internet, qui se caractérise par son aptitude à relier simultanément des milliers d'individus géographiquement éloignés au sein d'un espace virtuel où ils peuvent communiquer et s'échanger des informations de natures diverses. Et cet espace virtuel de communication couvert par l'interconnexion mondiale des ordinateurs est souvent appelé cyberespace. De par ces caractéristiques donc, cette TIC modifie les rapports et les relations entre groupes humains mais aussi entre ceux-ci et leur cadre de vie, l'espace terrestre. Largement utilisées et modifiant ainsi les structures de fonctionnement des territoires, ces nouvelles technologies et l'espace virtuel de communication qu'elles créent ne peuvent laisser indifférent la géographie, science dont l'objet d'étude est cet espace terrestre où elles sont déployés et utilisés. Et ce d'autant plus que la fin des distances, la suppression de la notion de frontières, l'annihilation de l'espace sont autant d'effets que l'on attribue à ces TIC (Internet en particulier) et au cyberespace.

C'est du moins pour prendre en compte les dimensions spatiales des TIC que de nouvelles disciplines comme «la géographie de la société de l'information » ou la « cybergéographie » ont commencé à émerger. La première est essentiellement promue par des géographes français pour d'une part renouveler la géographie et d'autre part faire émerger cette question dans le champ disciplinaire. Elle se fixe comme objectif non pas de décrire les modalités de fonctionnement du cyberespace mais, plutôt, « de voir en quoi cet espace cybernétisé se confronte aux autres catégories d'espace (vécus, perçus ou représentés) et qui ne sont pas réductibles à l'espace dévoré par les machines parce qu'ils s'inscrivent dans des temps et des distances sociales »11(*). En outre, cette géographie s'interroge sur « les façons dont les Tics s'intègrent dans les rapports socio territoriaux, dans les formes de territorialité des organisations politiques et économiques »12(*). Quand à la seconde, elle constitue en fait un nouvel inter discipline (à l'intersection de l'informatique, la sociologie, les sciences de l'information, la cartographie, l'urbanisme...) qui regroupe divers efforts pour étudier et représenter Internet et ses espaces sociaux et informationnels. Le géographe Martin Dodge, un des pionniers de cette discipline et fondateur de Cyber-Geography Research et du site cybergeography.org depuis 1997 avec ses Atlas du Cyberspaces, la définit comme « l'étude de la nature spatiale des réseaux informatiques de communication, particulièrement d'Internet, la toile mondiale (World Wide Web) et autres "places" électroniques existant au-delà des écrans d'ordinateur, rendus populaire grâce à la notion de Cyberespace. La CyberGéographie englobe un large ensemble de phénomènes géographiques, depuis l'analyse des infrastructures physiques, les flux de trafics, les démographies des nouvelles communautés du Cyberespace, jusqu'à la perception et la visualisation des nouveaux espaces digitaux. De plus, les impacts géographiques potentiels des technologies du Cyberespace sur le monde réel doivent être examinés ».13(*)

Le choix porté sur ce sujet et par delà sur ce thème s'explique donc par des motivations d'ordre disciplinaire. En tant qu' « apprenti géographe » et à partir des informations dont nous disposons nous avons estimé que ces TIC, Internet en particulier, peuvent faire l'objet d'une étude géographique en général et de géographie urbaine en particulier. Internet est souvent considéré à raison comme un phénomène urbain. S'il en est ainsi, c'est parce que  les villes se présentent comme étant les meilleurs terrains d'expérimentation de nouvelles technologies en ce sens qu'elles présentent les cadres les plus appropriés pour cela (infrastructure, population alphabétisée, niveau de vie...).

Touba est devenue avec ses 1 060 462 millions d'habitants la seconde agglomération urbaine du pays. Le choix de cette ville est motivé par la volonté de diversifier les cadres d'observation de la problématique de l'appropriation d'Internet au Sénégal. En effet la plupart des études portantes sur ce thème ne concernent que la région de Dakar, la capitale nationale. Les localités de l'intérieur du pays sont peu ou pas du tout intégrées dans ces travaux. Et pour mieux saisir la problématique de l'appropriation des TIC à l'échelle nationale, des études portant sur des zones de l'intérieur comme Touba ne peuvent être qu'avantageuses. En plus de cette volonté de diversifier les cadres d'analyse de la problématique de l'appropriation, le choix de cette localité se justifie également par d'autres facteurs non moins importants. Du fait de ses caractéristiques sociodémographiques et des mutations qui y sont en cours, la ville de Touba constitue un cadre idéal pour mieux saisir les mécanismes d'utilisation d'une technologie dont l'écrit est le principal support par des populations analphabètes et le rôle potentiel de celle-ci dans l'évolution d'un territoire quelconque.

* 8 André Dauphine, 2005, Espace terrestre et espace géographique, p. 53

* 9 Jean Beaujeu Garnier, 1971, « la géographie : méthodes et perspective », p 62

* 10 Annie Chéneau- Loquay, Chéneau Loquay Annie, 2007, « Technologie de la communication, réseau et territoires dans les PVD », in Le Maghreb dans l'économie numérique, Mihoub Mezouaghi (dir.), IRMC Tunis et Maisonneuve Larose. Disponible sur http://www.certop.fr/DEL/IMG/pdf_Cheneau-Loquay_2007_a.pdf

* 11 Eveno Emmanuel « pour une géographie de la société de l'information », Proposition au Comité national de Géographie d'une comité de travail sur « les enjeux socio-spatiaux des Techniques d'informations et de Communication » dont l'intitulé serait « Géographie de la Société de l'information », Juillet 1997, p 6

* 12 Ibid.

* 13 http://www.cybergeography-fr.org/about.html

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