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Le contrôle de la conformité dans les établissements de micro-finance au Cameroun

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par Eno Castel NJIKE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en banque et finance 2010
  

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· Le « Cautionnement solidaire »

Le cautionnement solidaire est le type de garantie qui a été développée par l'expérience de la Grameen Bank, lorsque M. YUNUS, dans le début des années 70, octroya un crédit à 2 personnes d'un groupe de 5, puis aux deux suivantes, puis à la dernière. Les 5 membres de ce groupe de caution solidaire étant solidairement responsables du remboursement du crédit. Cette expérience a montré les conditions de fonctionnement et les avantages de ces groupes solidaires : la sélection des emprunteurs, la discussion sur l'objet du crédit (rendant plus sûr le succès de l`activité de finance), la facilité dans la gestion et le remboursement. Les ressorts sociaux mis en jeu par le cautionnement solidaire sont davantage la pression sociale ou le sens de l'honneur qu'une véritable solidarité.

Depuis lors, le principe de cautionnement solidaire a été largement utilisé et adapté aux situations locales sous formes variées. Il n'est, aujourd'hui, pas rare de trouver des EMF qui associent l'épargne individuelle préalable, le crédit individuel et le cautionnement solidaire.

Il convient de relever ici que dans des formes traditionnelles d'épargne et de crédit existant au Cameroun (Schwa'a, Djangui) depuis très longtemps, ces formes de caution solidaire par les groupes a toujours existé.

ii. Les autres produits.

Selon le CGAP, même lorsque les pauvres semblent avoir accès aux établissements financiers formels, les prestations offertes ne correspondent pas forcément à leurs besoins43(*).

Parce qu'il reste des besoins importants à couvrir (on estime à 600 millions le marché potentiel de la microfinance...) et parce que la demande de la clientèle actuelle des EMF évolue, la diversification des produits financiers offerts par les IMF est aujourd'hui au premier plan.

De fait, en réponse à des besoins non encore couverts identifiées et aux limites perçues dans leur offre, des exemples d'institutions spécialisées se développent (plusieurs exemples en Europe de l'Est pour les crédits à des microentreprises) et les EMF existantes continuent d'innover : des expérimentations de produits novateurs et intéressants sont en cours (crédit-stockage, crédit-bail...) au même titre que des outils de sécurisation du crédit (sociétés de caution mutuelle, centrales de risque...). Toujours dans cette mouvance et en sus du microcrédit classiquement offert dans tous les EMF, l'on retrouve ainsi dans certains de ces établissements d'autres produits (financiers et non financiers) qui lui sont associés et proposés à la clientèle. Il s'agit par exemple des services de transferts de fonds, des produits de microassurance, des actions en formation et d'éducation, de la location de coffres forts, de l'achat des biens pour les besoins de la clientèle,...etc.

Ce rappel historique de l'origine de la Microfinance, de ses définitions et caractéristiques nous montre bien que l'avènement et le développement de la Microfinance sont liés à la nécessité ressentie par d'éminentes personnalités d'inclure dans le système financier une frange importante de la population mondiale qui en était systématiquement exclue jusqu'alors (mission sociale). Ce besoin a également été ressenti au Cameroun et traduit dans les faits par la création des « credits unions » en premier. Puis l'expérience va s'étendre et se multiplier à la faveur de la réglementation et de l'organisation de ce secteur dont l'importance allait croissante.

1.2. La Microfinance au Cameroun.

Pays à faible taux de bancarisation, le Cameroun avait plus que jamais besoin d'institutions telles que les EMF. Il sera question ici de voire comment la Microfinance s'est installé au Cameroun ainsi que son importance sur ce territoire.

1.2.1. Avènement et enjeux de la Microfinance au Cameroun.

i. Avènement de la Microfinance au Cameroun.

Le succès du mouvement mutualiste en Europe ne s'est pas étendu rapidement en Afrique notamment en Afrique subsaharienne. En effet, en Afrique plus qu'ailleurs, une très grande majorité de la population est restée exclue des services financiers formels du fait principalement du dogme de l'épargne préalable44(*). Cette exclusion a conduit plusieurs gouvernements, organismes internationaux et coopérations bilatérales, dans les années 1960 à créer et/ou apporter des concours multiformes pour la mise sur pied des institutions financières non bancaires susceptibles de mettre à la disposition des différents exclus des services financiers appropriés.

Vers la fin des années 60, face aux échecs45(*) de ces établissements vis-à-vis de l'atteinte des objectifs qui leur étaient fixés, de nombreuses initiatives ont été tentées au début des années 70 pour mettre en place des établissements financiers plus efficaces s'inscrivant dans la logique de la libéralisation, du désengagement de l'Etat, de la privatisation, de la décentralisation,...etc. Ainsi sont apparus ce qu'on a appelé les systèmes financiers décentralisés dans la zone francophone et les Microfinance institutions dans la sphère anglophone.

L'apparition de ces nouvelles structures de financement de l'industrie de la Microfinance a été le résultat de la conjonction d'un ensemble de facteurs qui peuvent être regroupés en 03 de l'avis du Pr Hubert NGNODJOM46(*).

Tout d'abord, la grave crise économique de la fin des années 80 qui a ébranlé le secteur financier et l'ensemble des autres secteurs d'activités de l'économie camerounaise. Le secteur bancaire a enregistré à cette occasion de nombreuses fermetures ; ce qui a développé un climat de défiance de la population vis-à-vis du système et une reconversion de bon nombre des cadres de ces institutions dans des activités de Microfinance.  

Ensuite, l'on a pu observer un durcissement des conditions d'octroi des crédits dans les banques classiques à la suite des restructurations imposées à nombre des survivantes à la crise de cette période. Cette rigueur sélective a entraîné la marginalisation d'une bonne frange de la population par rapport à l'accès aux services bancaires et une aggravation de la sous-bancarisation particulièrement en zone rurale. Les EMF se sont alors révélées de plus en plus attractives de par leur approche de proximité et de flexibilité dans leur mode de gestion.

Enfin, le dernier facteur favorable est exogène à notre contexte. Il s'agit du choix fait par la communauté internationale de miser sur les SFD47(*) pour lutter efficacement contre la pauvreté ; et ce, face aux échecs de la politique de l'aide publique au développement et de bien d'autres modes de financement qui ont été expérimentés dans les pays du Sud. De nombreux programmes ont donc été élaborés dans ce cadre et offrent en plus des services financiers classiques des services complémentaires comme les soins de santé, l'apprentissage,...etc.

Pratiquement, c'est en 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun que l'on a enregistré la création de la première coopérative de crédit dénommée  « credit union » ou caisse populaire. Ces COOPEC sont aujourd'hui regroupées au sein de la Cameroon Cooperative Credit Union League - CamCCUL -, le plus grand réseau d'établissements de Microfinance du Cameroun. Ce réseau a même créé depuis 7 ans une banque commerciale : la Union Bank of Cameroon). Mais ce n'est qu'au début des années 90 que la Microfinance s'est diversifiée et a connu un essor remarquable grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune48(*).

ii. Enjeux de la Microfinance.

Normalement, les banques ne fournissent pas de services financiers à des clients dépourvus d'un minimum de revenus. Pour gérer un compte client, ces mêmes banques doivent supporter un coût fixe assez substantiel qui ne dépend pas du montant des sommes d'argent mises en jeu. Par exemple, le total des produits dégagés par une centaine de crédits de 100 000 FCFA chacun est à peu près égal au profit dégagé par un crédit de 10 000 000 FCFA, alors que la gestion de cent crédits implique cent fois plus de travail et de diverses dépenses que la gestion d'un seul. La même équation de base régit l'économie d'autres services financiers. Il y a un seuil de rentabilité associé au crédit ou au dépôt qui veut dire que la banque perd de l'argent lorsqu'elle effectue une transaction au-dessous d'un certain montant. Les besoins financiers des pauvres se situent généralement au-dessous de ce seuil.

De plus les pauvres ne possèdent pas suffisamment de biens qui puissent être considérés comme un collatéral, c'est à dire qui puisse servir de garantie. Même lorsqu'ils possèdent leurs terres, ils n'en n'ont souvent aucun titre de propriété. Cela a été particulièrement bien étudié par l'économiste Hernando de Soto[]. Cela implique que les banques n'ont pratiquement pas de recours contre les emprunteurs défaillants.

A cause de ces difficultés, lorsque les pauvres sont amenés à emprunter, ils doivent souvent faire appel à leur famille ou à des prêteurs locaux qui pratiquent des taux d'intérêts très élevés. Une synthèse de 28 études portant sur les taux d'intérêts des crédits informels de 14 pays d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique conclut que 76% des taux d'intérêt pratiqués par les prêteurs locaux sont supérieurs à 10% par mois, et parmi ceux-ci, 22% dépassent les 100% par mois. Ces prêteurs pratiquent généralement pour les plus pauvres des taux plus élevés que pour les moins pauvres[]. Alors que ces prêteurs sont souvent stigmatisés et traités d' usuriers, leurs services sont accessibles, rapides et très flexibles lorsque les emprunteurs doivent faire face à des problèmes. Les espoirs de les éliminer du circuit se sont avérés irréalistes même dans des contextes où les institutions de Microfinance étaient très actives. L'enjeu de la Microfinance est donc d'offrir des services financiers à ces pauvres exclus du système classique en adoptant une organisation, des stratégies et une politique de gestion qui lui permettent de réaliser de bonnes performances sociales tout en dégageant une rentabilité acceptable. Cet enjeu est d'autant plus important qu'une bonne part de la population mondiale en général et camerounaise en particulier est désormais servie par ces institutions et que la réglementation de ce secteur est encore en pleine construction.

1.2.2. Le poids économique de la Microfinance dans l'activité bancaire du Cameroun.

Les années 90 ont connu de nombreuses innovations et diversification dans le secteur de la Microfinance. C'est ainsi que l'on a vu apparaître :

- des institutions développées de manière endogène comme les MC² (Mutuelles Communautaire de Croissance) développées avec l'assistance technique de l'ONG Appropriate Development for Africa Foundation ( ADAF49(*)) et sous le parrainage de Afriland First Bank;

- les Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées (CVECA) appuyées par l'ONG Microfinance et Développement (MIFED) à travers le projet de crédit rural décentralisé du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, la BICEC et deux institutions françaises : le Centre International pour le Développement et la Recherche ( CIDR) et l'Agence Française de Développement (AFD);

- les Coopec exclusivement pour femmes, dont principalement : les Coopératives d'Epargne et de Crédit pour Promotrices (CEC Prom) avec l'appui de l'Agence Canadienne pour le Développement International ( ACDI); et la Mutuelle Financière de Femmes Africaines (MUFFA) qui est appuyée par Afriland First Bank et l'ONG ADAF;

- les institutions qui n'offrent que du crédit, cas de ACEP Cameroun (concentré essentiellement dans les villes de Yaoundé et Douala) et de la Cameroon Gatsby Trust (CGT);

- de nombreux projets de développement ou agro-industriels avec un volet crédit. Cas de la Société de Développement du Coton (SODECOTON), South-West Développement Authority (SOWEDA), PREPAFEN, etc.

Les dernières enquêtes de la COBAC (Commission Bancaire d'Afrique Centrale) de 2007 montrent que l'activité de Microfinance est en pleine expansion au Cameroun, et s'accompagne de restructuration et de consolidation. C'est ainsi qu'en fin 2006, elle dénombre sur le territoire camerounais 490 EMF (en baisse par rapport aux 652 EMF recensées en 2000) mais avec 1 052 guichets contre 700 en 2000. Le nombre de membres/clients quant à lui est de 849 030 en forte progression par rapport aux 219 410 membres/clients de 2000.

Au sens de la réglementation CEMAC, on dénombre à fin 2006 six réseaux regroupant 252 EMF. Il s'agit du réseau CAMCCUL (177 EMF), des deux réseaux CVECA (41 EMF) et des trois réseaux Caisses Mutuelles d'Epargne et de Crédit -CMEC- (34 EMF). Il convient de signaler ici que les EMF dénommés M évoluent en EMF indépendants. Parmi les autres EMF indépendants, on note que 35 ont choisi d'évoluer en 2èmecatégorie (contre 12 seulement en 2000). Fin 2006, près de 93% des EMF sont de 1ère catégorie, et les statistiques ne présentent pas d'EMF de 3ème catégorie agréés (la principale qui exerçait dans cette catégorie, à savoir ACEP, s'est transformée en EMF de 2ème catégorie).

Les actions d'assainissement du secteur de la Microfinance au Cameroun ont entraîné un renforcement des fonds propres des EMF qui sont passés de 3 milliards de FCFA en 2000 à plus de 19 milliards de FCFA fin 2006. Les EMF les mieux capitalisés sont : les EMF du réseau CAMCCUL (3,16 milliards de FCFA), les M (2,09 milliards de FCFA), COFINEST (1,09 milliards de FCFA), COMECI (956 millions de FCFA), et CCA (768 millions de FCFA).

Le total des dépôts collectés par les EMF à fin 2006 est de 162 milliards de FCFA (contre 38 milliards de FCFA en 2000). Les cinq EMF les plus importants (en encours d'épargne) sont : les EMF du réseau CAMCCUL (44 milliards de FCFA), COFINEST (17 milliards de FCFA), First Trust (11 milliards de FCFA), CCA (10 milliards de FCFA), et les M (9,9 milliards de FCFA). S'agissant du total d'encours de crédit brut, il s'élève à 104 milliards de FCFA (contre 28 milliards de FCFA en 2000), et les 5 EMF les plus importants (encours de crédit) sont : les EMF du réseau CAMCCUL (29 milliards de FCFA), COFINEST (9 milliards de FCFA), CCA (7 milliards de FCFA), ACAP Cameroun (6 milliards de FCFA), et les M (5,6 milliards de FCFA).

A fin 2006, l'encours total des dépôts collectés par les EMF au Cameroun représente 12% des dépôts collectés par le secteur bancaire (contre 6% en 2000), tandis que l'encours brut des crédits atteint 10,4% du secteur bancaire (contre 4,3% en 2000).

Le secteur de la Microfinance camerounais occupe une place prépondérante en zone CEMAC. En effet, il concentre 67% du nombre total des EMF, 72% du nombre total des guichets, 70% du total des membres/clients, 69% de l'encours des dépôts, et 82% de l'encours brut des crédits.

Les principaux produits offerts par les Etablissements de Microfinance au Cameroun sont l'épargne, le crédit, les transferts rapides d'argent, les opérations bancaires telles que les encaissements de chèques, virement, etc. On note aussi un développement de produits accessoires comme la vente des produits d'assurance, le paiement de salaires, etc. Mais le produit qui connaît la plus forte croissance est le transfert rapide d'argent avec des leaders comme Expess Union, COFINEST, First Trust, CCA, etc. Le volume mensuel des transferts de fonds opérés par les EMF se chiffre à 3 milliards de FCFA.

S'agissant des taux d'intérêt débiteur et créditeur dans le secteur de la Microfinance, ceux-ci ne sont pas réglementés, et les institutions sont libres de les fixer. L'enquête de la COBAC (2007) révèle que les taux d'intérêt débiteurs varient de 6% à 78% par an, tandis que les taux d'intérêt créditeurs s'échelonnent de 0,3% à 16% par an.

On observe au Cameroun, un intérêt croissant des banques classiques pour le secteur de la microfinance. C'est tout d'abord Afriland First Bank qui en 1992 se lance dans la promotion des M et de la MUFFA, la BICEC qui engage un partenariat avec les CVECA (accent sur le refinancement) dès le milieu des années 90s, puis rentre dans le capital de ACEP Cameroun au moment de sa transformation en société anonyme, et le Réseau CamCCUL qui créé la Union Bank of Cameroon (UBC) en 1999. En 2006 la Société Générale des Banques du Cameroun (SGBC) va en collaboration avec des partenaires, dont la Société Nationale d'Investissement (SNI), créer un EMF (Advans). On note aussi la création au sein d'ECOBANK d'un Département de Microfinance qui développe des produits de microfinance pour sa clientèle qu'elle élargit vers des couches de populations exclues du secteur bancaire.

1.2.3. Les acteurs du secteur.

Parmi les acteurs intervenant dans la Microfinance au Cameroun, nous distinguons principalement : les institutions de Microfinance, l'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM), les autorités de tutelle, les ONG, les bailleurs de fonds et des structures spécialisées dans la formation et l'appui en Microfinance. A côté de ces organisations formelles, existent des institutions informelles qui répondent aux mêmes besoins que la Microfinance formelle : ce sont les organisations relevant de la finance informelle.

i. les institutions de Microfinance.

D'un point de vue quantitatif, d'après l'AFD (agence française de développement), plus d'un quart des EMF ont un dépôt moyen inférieur à 10.000 FCFA et 5900 dossiers de crédit traitent d'un montant inférieur à 50.000 FCFA. Les secteurs principalement concernés par l'activité du crédit sont ceux du commerce et de l'artisanat (22,34%), de la santé (20,74%), de l'éducation (20,10%), de l'agriculture et l'élevage (13,36%) et de l'habitat (5,7%) (O. DJOMO, 2006).

ii. Les autorités de tutelle

L'autorité monétaire Camerounaise est le Ministère des finances (MINFI). Après avis conforme de la COBAC (et avis consultatif du CNC (Conseil national du Crédit)), c'est lui qui accorde les agréments d'exercice aux établissements de Microfinance.

La Commission Bancaire des Etats d'Afrique Centrale (COBAC) a pour rôle d'encadrer et superviser l'activité bancaire et financière (et donc de la Microfinance) dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Elle est également l'organe de contrôle de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale.

Le Ministère de l'agriculture et du développement rural (MINADER) est la tutelle directe des coopératives. Toutes les coopératives doivent au préalable s'inscrire auprès de ses services. Ses actions en faveur du secteur de la Microfinance sont d'ailleurs variées. On peut citer à titre d'exemple l'appui en équipements, l'octroi de lignes de crédit à conditions souples à ces établissements pour le financement des activités agropastorales,...etc. D'autres ministères du gouvernement camerounais apportent en outre leur aide à ce secteur pour le financement de leurs cibles spécifiques. Ex : MINEPIA, MINEFOP, MINAS, ...

iii. Les structures spécialisées

Parmi les structures spécialisées dans la formation et l'appui en Microfinance, nous trouvons: la Microfinance Academy et la PACEF. Ces deux structures sont partenaires du programme CAPAF, qui est une initiative conjointe du Groupe consultatif d'assistance aux pauvres (CGAP) et du ministère des affaires étrangères français.

La mission de CAPAF est de promouvoir une approche de marché pour des services de renforcement des capacités des EMF, touchant à la formation, à l'appui technique et à l'information. Les structures spécialisées dans la formation en Microfinance disposent donc des formateurs certifiés et offrent d'autres types de services dans le domaine de la Microfinance.

iv. Les Organisations Non Gouvernementales

Les ONG jouent un rôle d'intermédiaire entre les financiers et les demandeurs de crédits.

Nous retrouvons 4 modes d'interventions des ONG :

- L'intervention en opérateur direct pour la création et la mise en valeur des structures spécialisées d'épargne et de crédit ;

- L'appui à la restructuration du secteur financier ;

- Le soutien financier ou technique;

- L'aide au développement plus large.

Nous retrouvons des ONG camerounaises et étrangères qui travaillent en partenariat avec des EMF à l'exemple d'ADAF50(*).

v. Les partenaires et les bailleurs de fonds

Parmi les bailleurs de fonds, nous pouvons citer à titre d'exemple : Le Crédit mutuel pour la France, la Caisse Desjardins pour le Canada, RAIFFESEN pour l'Allemagne, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l'AFD (agence française de développement), etc.

Comme partenaires au développement, on trouve une multitude d'organisations dans ce secteur qui apportent leur appui sous forme des formes variées (subventions financières ou d'équipements, prêts). Citons à titre d'exemple des organismes comme MISEREOR, CORDAID, PLAN INTERNATIONAL, CGF (Cameroon Gatsby Foundation), FIDA, la BAD,...

Ces bailleurs de fonds apportent aux EMF des ressources financières et des appuis techniques. Ils jouent un rôle de catalyseur dans la Microfinance en renforçant les capacités institutionnelles des EMF, notamment par la mise en place des programmes d'assistance technique pour les plus jeunes EMF et la création des programmes de développement de nouveaux produits orientés vers les populations non servies (milieu rural).

Cependant, l'appui des bailleurs de fonds décourage l'investissement privé. En effet, les institutions de Microfinance, le gouvernement et les clients sont tous habitués aux subventions et sont peu enclins à fonctionner suivant les conditions du marché. De plus, les interventions des bailleurs de fonds sont souvent commandées par des priorités ou des accords d'ordre politique qui entravent le développement du secteur dans son ensemble. Dans ce sens, la Microfinance est parfois considérée comme une sous composante d'autres programmes plutôt qu'une composante du secteur financier.

1.2.4. Politique nationale de développement du secteur.

Pour le gouvernement camerounais, la Microfinance apparaît comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. L'Etat a d'ailleurs diffusé en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la Microfinance51(*), ayant pour objectif :

· D'améliorer le lien entre les institutions de Microfinance ;

· De créer et aménager un cadre administratif, juridique et judiciaire propice au développement des Institutions de Microfinance ;

· D'encourager le professionnalisme et la transparence dans la gestion des EMF (institutions de Microfinance);

· De consolider et étendre le développement harmonieux des EMF sur l'ensemble du territoire;

· D'inciter les accords de partenariat entre les projets de développement, les organisations non gouvernementales, les EMF, et le système bancaire ;

· De rapprocher les EMF et les organisations socioprofessionnelles des producteurs.

Par cette Déclaration, le Gouvernement est déterminé à faciliter, à côté du secteur bancaire classique restructuré, le développement des services financiers de proximité pour les rendre pérennes et viables, en créant un cadre environnemental favorable et incitatif.

Le gouvernement, avec le soutien du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a également lancé un projet de consolidation et de développement de la Microfinance qui a pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de proximité à toutes les catégories défavorisées de la population surtout dans les zones rurales. L'Etat a ainsi créé le Comité National de Microfinance (CNMF), qui est un organe triparti composé de : l'Etat, la profession et les bailleurs de fonds, dans le but de suivre la politique nationale de Microfinance.

* 43 Elisabeth LITTLEFIELD & Christen ROSENBERG, «la démarcation entre microfinancement et secteur financier formel s'estompe », CGAP, P.2

* 44 François KAMAJOU, P20

* 45 Selon François KAMAJOU, « ces échecs ont été attribués à plusieurs causes dont principalement leur statut juridique d'établissement public ou parapublic avec la mal gouvernance qui en découle, les problèmes de non-remboursement et les détournements de fonds y compris les sommes remboursées. »

* 46 GRIAGES, journées de la Microfinance, Naissance et évaluation de la micro finance dans le contexte camerounais, du 3 au 4 novembre 2005, P 49.

* 47 Systèmes Financiers Décentralisés.

* 48 CREUSOT A. C. (2006), L'état des lieux de la microfinance au Cameroun, BIM, n°9, PP1-5

* 49 Voir définition au paragraphe 1.2.3.

* 50 ADAF (Appropriate Development For Africa Foundation) est une association à but non lucratif spécialisée dans la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable. ADAF développe ses activités dans divers domaines à l'instar de la Microfinance, de l'agriculture, des technologies, des actions sociales et humanitaires et de la recherche et du consulting. Pour ce qui concerne son organisation, elle tourne autour d'une assemblée générale, d'un comité directoire et d'un Secrétariat exécutif ; ces deux derniers étant les sous-organes du premier.

L'AG, dirigée par un Président du Conseil d'Administration (PCA) définit les grandes orientations de la gestion et de l'administration d'ADAF. Quant au Comité Directoire, il est dirigé par un Président du Comité Directoire (PCD) qui est placé sous l'autorité du Président du Conseil d'Administration et assisté par deux vices présidents et cinq membres qui ont titre d'associés auprès du président. Le Secrétariat Exécutif a, lui, à sa tête un Secrétaire Exécutif qui est placé sous l'autorité du Comité Directoire à qui il rend régulièrement compte de sa gestion. Il est chargé de l'application de la politique générale définie par l'assemblée générale. Le Secrétariat Exécutif se compose de divers départements et services au rang desquels :

§ La coordination générale du suivi et développement Micro Banques ;

§ Le département de contrôle comptable de Microbanques ;

§ Le département des ressources ;

§ Le département des études projets et suivi structures annexes ;

§ La division de communication et relations publiques ;

§ Le département système d'information de gestion et de contrôle de l'exploitation informatique ;

§ Le département audit et suivi du portefeuille.

ADAF assure la promotion et le développement institutionnel des M et MUFFA à travers la formation, l'assistance comptable et informatique, les contrôles et audits, l'appui à l'élaboration des procédures de gestion, des politiques de crédit et de gestion des ressources humaines, l'appui à la recherche et au développement de projets, ...etc.

* 51 Cf. Déclaration de la politique nationale de la Microfinance, signée du premier Ministre, chef du gouvernement, Peter MAFANY MUSONGE, 10 Avril 2001.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard