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De l'inefficacité des missions des organisations internationales dans la résolution de conflit de Darfour

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par Israël NDUWAYEZU KABIONA
Université Libre de Kigali  - Licence en droit 2010
  

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I.2. LA CRISE AU DARFOUR

Pour mieux aborder et comprendre la crise au Darfour, il est impérieux de présenter la genèse ou les racines des conflits armés au Soudan quelques temps après son accession à l'indépendance. Toutefois, notre étude ne s'étendant pas sur tout le territoire du Soudan, nous allons nous dispenser de toute la période d'avant février 2003 pour nous appesantir à la crise au Darfour qui couvre le début de cette période jusqu'à ce jour.

Ainsi, tout au long de cette section, nous parlerons de l'origine et de l'évolution de la crise (I.2.1) de sa nature et son incidence (I.2.2).

I.2.1 ORIGINE ET EVOLUTION DE LA CRISE

La crise actuelle du Darfour a débuté en février 2003. Toutefois, avant de nous plonger dans le fond de la crise, il sied de situer la République Fédérale du Soudan pour enfin localiser la région du Darfour sous examen.

Ayant accédé à la souveraineté interne et internationale le 1er janvier 1956, la République Fédérale du Soudan est un Etat de l'Afrique Orientale qui occupe la région du haut Nil. Plus vaste pays d'Afrique, elle a 2.506.000 Km2, 20.360.000h, 7700 Km de frontières communes avec neufs pays voisins : République centrafricaine, Tchad, République Démocratique du Congo, Egypte, Ethiopie, Kenya, Libye et Ouganda. Sa capitale est Khartoum et sa langue officielle l'arabe.

Pour sa part, le grand Darfour29(*), territoire composé de 3 Etats : le Nord, le Sud et le Darfour occidental, est situé dans le Nord-ouest du Soudan bordé par le Tchad à l'Ouest, la Libye au Nord-ouest et la République centrafricaine au Sud-Ouest.

Plus vaste pays d'Afrique, le Soudan fait figure de grand pays d'Afrique mais souffre de multiples divisions religieuses, ethniques et socio-économiques : entre Musulmans et Chrétiens, Arabes et Africains, nomades et sédentaires. Le conflit soudanais reflète ces fractures, accentuées par des luttes pour les ressources naturelles.

I.2.1.1. Origine de la crise

Quelques années avant l'indépendance, le 1er janvier 1956, les Britanniques ont décidé de séparer le Soudan de l'Egypte et ont forcé le pays à intégrer ses régions en un seul Etat. Cela a provoqué la révolte de la petite élite du sud du Soudan, qui craignait de perdre son pouvoir au profit du Nord.

A ce moment, les chances étaient grandes de voir le Soudan chercher alliance auprès du gouvernement anticolonial de Nasser en Egypte. Le moteur de cette tendance était le nord du Soudan. C'est pourquoi la Grande-Bretagne n'a pas hésité à soutenir l'élite du sud contre le nord. La guerre entre le nord et le sud a éclaté dès avant l'indépendance.

Depuis, le pays est embourbé dans une guerre civile sanglante, interrompue seulement entre 1972 et 1983. En 1983, la guerre a recommencé, jusqu'au nouvel accord de paix conclu en avril de l'année 2004.

Toutefois, antagonismes civilisationnels et religieux n'expliquent que très imparfaitement un conflit qui a pour cause principale le partage des ressources pétrolières sud soudanaises. Déjà, entre 1962 et 1972, une partie du Sud s'était soulevée contre Khartoum afin de réclamer une autonomie accrue. Le conflit30(*) avait fait près de 500.000 morts, mais le Sud obtint finalement gain de cause de la part de Gaafar Nimeiri arrivé entre temps au pouvoir par un coup d'Etat. Mais la découverte du pétrole en 1980-1981, dans le Sud, par la compagnie Chevron, entraîna la suppression unilatérale du régime d'autonomie du Sud-Soudan (en 1983) par le même Nimeiri. La rébellion reprit fort logiquement avec la fondation de l'Armée pour la Libération du Peuple du Soudan sous le commandement d'un colonel de l'armée régulière, John Garang. Mais incapable d'arriver à bout de la rébellion sudiste, le régime de Khartoum se radicalisa, notamment religieusement avec l'instauration de la Charia (1983) et l'exécution en 1985 de Mahmoud Mohamed Taha, leader charismatique des Frères républicains prônant un islam des plus tolérants. Gaafar Nimeiri fut finalement renversé en 1985, alors que la famine sévissant au Soudan depuis 1983 avait déjà fait 250 000 morts. Un gouvernement de transition démocratiquement élu fut mis en place. Mais celui-ci, loin de chercher un compromis avec l'Armée pour la Libération du Peuple du Soudan, donna au conflit une tournure ethnique avec l'instrumentalisation d'antagonismes traditionnels et le soutien à une sorte de « croisade » contre les populations du Sud. L'échec de cette politique provoqua le coup d'Etat du général Omar el-Béchir en 1989. Le nouveau régime s'allia avec le sémillant Hassan al-Tourabi, chef spirituel local des frères musulmans et leader du Front islamique national, qui devint la véritable éminence grise d'Omar el-Béchir.

Quant au Darfour, trois phénomènes semblent expliquer la situation:

En premier lieu, il s'agit de garder à l'esprit les causes sous-jacentes du conflit, à savoir l'absence de participation significative dans les pouvoirs locaux et nationaux, les sentiments de marginalisation politique, sociale et économique, et le sous-développement dont transpercent en filigrane des impressions fondées sur les inégalités structurelles ressenties par de nombreuses autres communautés à travers le pays.

En deuxième lieu, il faut prendre en considération les problèmes qui sont nés de la politique du gouvernement d'utiliser les Janjawids arabes contre les populations civiles des tribus africaines du Darfour, sachant que les Four, les Zaghawa et les Massalit déplacés adhèrent de plus en plus aux mentalités anti-arabes que le gouvernement a délibérément encouragées en manipulant les dimensions ethniques du conflit. Ces tensions ethniques doivent être désamorcées pour que la stabilité soit restaurée au Darfour31(*).

En troisième lieu, eu égard à toutes ces craintes de persécution, d'autres chefs ethniques se sont réunis pour prendre les armes contre le régime de Khartoum. Deux mouvements rebelles ont été créés, dont le Mouvement de Libération du Soudan (MLS), essentiellement constitué de Zaghawa, l'une des ethnies persécutées, avec les Four et les Massalit. Ils sont craints par le gouvernement de Khartoum. Eleveurs, ils possèdent leurs propres fonds32(*). D'autres part, Inspirés par des craintes similaires, les soldats de l'Armée pour la Libération du Soudan ont mis en exergue que leur rébellion était désormais motivée par des préoccupations d'autodéfense.

De toute évidence, en Afrique, la diversité culturelle et ethnique, au lieu d'être un moyen, une force pour lutter contre le sous développement, est devenue un alibi pour déstabiliser et même anéantir les efforts jusque là entamés ; une sorte de politique « diviser pour mieux régner ». Pour des raisons économiques, pétrole, des sentiments de haine se forment à l'encontre de certains groupes. C'est ce qui fait dire à R. Nkaka33(*), que la couverture ethnique est devenue un moyen facile pour mobiliser autant de lettrés que d'analphabètes, d'incroyants et de clercs à une prise de conscience qui profite énormément aux promoteurs de ces idéologies.

Ceci est devenu aussi une porte d'entrée pour les grandes puissances de s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats pour des raisons humanitaires.

* 29 Centre de Nouvelles Organisation des Nations Unies 04/10/2004, « SOUDAN : Kofi Annan propose quatre domaines d'assistance à l'Union africaine », disponible sur l'adresse. http://www.un.org/french/newscentre/index.shtml , lu ce o2/mai/2010.

* 30 TONY BUSSELEN, « crise au Darfour : vers une intervention internationale au Soudan », 04-08-2004, disponible sur l'adresse http://www.ptb.be, lu ce 02/mai/2010.

* 31 RAPPORT AFRIQUE D'ICG N°83, "Ultimatum au Darfour nouveau plan d'action international" du 23 août 2004, disponible sur l'adresse http://www.icg.org//library/documents/africa/horn_of_africa/083_darfur_deadline_a_new_intl_action_plan_fr.pdf, lu ce 02/mai/2010.

* 32 GOUDET, L., "Les victimes du "nettoyage ethnique" témoignent, Darfour "vous êtes noirs, il faut partir!", semaine du jeudi 26 août 2004-N° 2077- Monde, disponible sur l'adresse www.nouvelobs.com, lu ce 05/mai/2010.

* 33 NKAKA, R., « Les conflits à l'Est de la RDC, genèse et solution possible », In GAHAMA , J. (sous dir.), Démocratie, bonne gouvernance et développement dans la région des Grands Lacs, Colloque international de Bujumbura du 18 au 22 mai 1998, p. 52.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery