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Diversification du portefeuille de crédits et rentabilité bancaire

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par André KADANDJI
Université de Douala - diplôme d'études approfondies 2008
  

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Section 2 : la théorie de l'intermédiation financière

Toutes les approches de l'intermédiation financière s'accordent sur la nécessité de pallier les risques d'un contact direct entre les emprunteurs et les prêteurs. Ces risques sont d'origines diverses et selon la nature du risque, nous pouvons dénombrer avec Scialom (2007) qui reprend Gurley et Shaw (1960), quatre types de justifications à l'intermédiation financière. Il s'agit d'abord de l'opposition entre les caractéristiques des actifs financiers des agents économiques dont les exigences en matière des échéances, des risques et des rendements diffèrent selon qu'ils sont prêteurs ou emprunteurs. Les positions de ces agents seraient inconciliables en l'absence d'intermédiaires financiers.

L'aversion différenciée au risque rend également indispensable la présence des intermédiaires financiers pour qui le risque fait partie inhérente de l'activité alors que les agents non financiers ne l'acceptent qu'en exigeant des primes trop importantes pour le prêteur. Les agents non financiers vont transférer les risques aux intermédiaires financiers moyennant une réduction de leurs gains.

Les intermédiaires financiers bénéficient par ailleurs des coûts de transaction modérés du fait des économies d'échelle réalisées dans la collecte des dépôts et la distribution des crédits. On soulignera également la réduction des nombreux autres coûts tels le coût de la recherche de l'information, le coût de négociation des conditions financières, le coût de contrôle pour lesquels les intermédiaires financiers sont outillés dés leur mise en place.

Enfin, les intermédiaires financiers sont moins exposés que les prêteurs privés aux asymétries d'information qui font que l'emprunteur soit toujours plus renseigné sur sa situation que le prêteur. La tenue des comptes clients constitue en effet une importante niche de renseignements sur les prêteurs et les emprunteurs. Les intermédiaires complètent leurs informations en recourant aux autres sources fiables que sont la  Centrale des risques9(*), les échanges de renseignements interprofessionnels ou les correspondants étrangers.

Les intermédiaires financiers dans les pays en voie de développement sont en outre nécessaires pour réduire la part de l'informel dans l'économie, favoriser les inclusions financières et sociales, résorber la thésaurisation et freiner la fuite des capitaux vers des régions où ils sont plus actifs. Dans un contexte d'insécurité et d'incertitude, ils sont plus qu'ailleurs chargés de polariser les risques et de proposer des opportunités. D'où la nécessité d'étudier le marché bancaire d'une part et d'autre part la banque comme gestionnaire délégué du portefeuille de crédits dans un contexte de marché de crédit efficient.

I - l'étude du marché bancaire

Les systèmes bancaires de plusieurs économies ont subit plusieurs chocs à l'instar du choc technologique. Ces chocs ont suscité de profondes restructurations de l'industrie bancaire, une altération des performances et une modification des comportements des banques (Scialom, 2007). Ces évolutions sont analysées par les économistes à l'aide des concepts et outils de l'économie industrielle et de la théorie de la concurrence imparfaite. Il s'avère donc important d'étudier la banque comme gestionnaire délégué du portefeuille de crédits, avant de discuter de la contestabilité du marché bancaire camerounais.

I 1 - la banque comme gestionnaire délégué du portefeuille de crédits

La modification du comportement d'offre de crédit peut également provenir de la capacité des intermédiaires à se diversifier. Depuis la théorie de la délégation des coûts de contrôle (Diamond, 1984), nous savons que la construction d'un portefeuille de crédits parfaitement diversifié permet à une banque de réaliser son activité d'intermédiation en assurant une rémunération certaine aux déposants.

La taille croissante d'une banque engendre une réduction du risque de crédit puisqu'elle permet d'atténuer les problèmes d'agence vis-à-vis des déposants (Patry, 2002). Néanmoins, la présence d'une composante systématique dans le risque de crédit empêche une parfaite diversification des portefeuilles de prêts et la garantie d'une rémunération certaine aux déposants.

En présence de projets parfaitement indépendants, lorsque le nombre de prêts augmente, le portefeuille de crédits est davantage diversifié ce qui diminue la probabilité de défaut de l'intermédiaire et les coûts de délégation. Une banque parfaitement diversifiée engendre alors des coûts de délégation nuls (Diamond, 1984). En revanche, si nous acceptons l'hypothèse de projets parfaitement corrélés, c'est-à-dire l'existence d'un risque systématique, la probabilité de faillite d'un projet représente également la probabilité de défaillance de l'ensemble des projets de l'économie. Par conséquent, la probabilité de défaillance bancaire ne peut plus diminuer à la suite d'une diversification car le nombre croissant de prêts octroyés n'affectent pas le risque de crédit qu'encourent les investisseurs (Patry, 2002).

Il y a également un problème d'aléa moral entre les banques et les investisseurs (déposants) dans un contexte où le risque agrégé se représente par l'existence d'une parfaite corrélation entre les rendements des projets d'investissement. Les intermédiaires peuvent alors être encouragés à financer des projets risqués sans les contrôler. Ce risque incite les déposants à demander aux intermédiaires d'engager directement leurs fonds propres dans l'activité de prêts. Dans ce cas, puisque les banques utilisent leur capital pour financer des projets risqués, elles sont incitées à les vérifier puisqu'elles encourent les pertes liées à l'absence de contrôle et peuvent perdre l'intégralité de leurs fonds propres. Cet effet d'engagement devient un signal crédible vis-à-vis des investisseurs car les banques ne sont pas encouragées à prendre des risques inconsidérés. De ce fait, les contraintes réglementaires sur le capital semblent constituer des instruments de disciplines efficaces pour limiter le risque de portefeuille des banques car elles empêchent les comportements opportunistes et permettent d'attirer les dépôts (Rochet, 1992 et Chiesa, 2001)10(*). Winton (1999) soutient que lorsqu'une parfaite diversification du portefeuille de crédit est impossible, le capital détenu par les intermédiaires permet d'absorber les pertes éventuelles liées à l'activité de prêts et de fournir une garantie aux déposants.

L'analyse du comportement d'offre de crédit des banques se fonde donc d'une part sur leur faculté à contrôler efficacement les projets d'investissement et d'autre part sur leur capacité à « envoyer » un signal crédible de leur activité auprès des déposants (Patry, 2002). Néanmoins, si les approches évoquées permettent de souligner que le degré de diversification et le capital bancaire représentent les deux déterminants nécessaires à l'existence de l'intermédiation. Par conséquent, le choix des banques consistant à contrôler les projets ou à diversifier le risque de crédit représente les deux stratégies susceptibles de garantir aux investisseurs le coût d'opportunité des fonds prêtés. Comme, ces stratégies étant inobservables, le montant de capital qui est engagé par les intermédiaires dans le financement des entreprises, constitue le seul élément crédible vis-à-vis des déposants. Puisque le montant de fonds propres nécessaire à la rémunération certaine des dépôts diffère avec la politique de prêt mise en place, la mise en oeuvre de la stratégie de diversification et de contrôle par les intermédiaires devient imparfaitement substituable.

En effet, cette variation de l'offre de prêts dépend étroitement de l'augmentation des fonds propres bancaires. Ainsi, en deçà d'un certain seuil, l'augmentation de capital d'une banque spécialisée n'a aucun impact sur la stratégie optimale de prêt de l'intermédiaire. Ainsi, la banque continue de contrôler les projets qu'elle souhaite financer (Patry, 2002). Ce type de consolidation permet d'augmenter les fonds disponibles dans le secteur où la banque est spécialisée. En revanche, lorsque la croissance du capital de l'intermédiaire est suffisamment importante, la banque choisit rationnellement la stratégie de diversification. Cette modification de comportement se répercute alors asymétriquement sur la disponibilité du crédit de chaque secteur. En effet, la part des fonds qui est allouée au secteur dans lequel elle était spécialisée diminue tandis que celle qui est offerte dans la seconde zone augmente (Patry, 2002). Enfin, une forte croissance du capital d'une banque spécialisée provoque non seulement une modification du comportement de prêts de la banque mais permet également d'augmenter la totalité des fonds distribués dans les différents secteurs de l'économie.

La banque étant perçu comme un gestionnaire délégué, la perception du cadre dans lequel elle évolue s'avère important.

* 9 Fichier tenu par les Banques Centrales et recensant tous les bénéficiaires de crédit à partir d'un certain seuil.

* 10 Confère Patry S. (2002)

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