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La loi de la force en politique: l'art de gouverner dans Le Prince de Machiavel

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par Alex BATUHOLA MUNKANU
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius/Kimwenza, RDC - Bachelier en Philosophie 2008
  

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b) Types de principautés et leur conservation

Machiavel distingue deux types de principautés. Pour lui, elles sont soit héréditaires soit nouvelles : « Tous les Etats, toutes les seigneuries qui eurent et ont commandement sur les hommes, furent et sont ou républiques ou principautés. Et des principautés, d'aucunes sont héréditaires, desquelles la race du seigneur a tenue longtemps la domination, les autres sont nouvelles ».13(*) Les différentes principautés étant relevées, il nous reste à cerner l'essence de chacune d'elles, leur mode d'acquisition et de conservation. La question que l'on se pose est celle de savoir quelle différence y a-t-il entre les principautés dites héréditaires de celles que Machiavel qualifie des nouvelles ?

1. Les principautés héréditaires

Pour Machiavel, les principautés héréditaires sont celles que l'on acquiert par le fait d'appartenir à la famille royale. Elles sont plus faciles à maintenir. C'est la raison pour laquelle notre auteur s'intéresse moins à cette première forme. Pour la conserver, soutient Machiavel, il suffit de respecter la tradition ancestrale et de faire preuve d'un savoir faire dans la réglementation des différences qui pourront advenir. Notre auteur le résume en ces termes :

« Je dis donc dans les Etats héréditaires et accoutumés à la race de leur prince, la difficulté à les conserver est beaucoup moindre que dans les nouveaux, car il y suffit de ne pas transgresser ni enfreindre l'ordre des ancêtres et, pour le reste, de temporiser selon les cas qui surviendront ; de sorte que si un tel prince est d'habileté ordinaire, il se maintiendra toujours en son Etat s'il n'en est chassé par force extraordinaire et excessive  ».14(*)

Il ressort de cette citation que ne devient prince de la sorte que celui qui est né de la famille du roi. L'autorité trouve son fondement dans l'exaltation de l'origine divine du pouvoir : « tout pouvoir vient de Dieu ». C'est avec cette affirmation que le prince tient ses sujets sous « la domination »15(*) et ceux-ci lui obéissent. Le danger que court un tel pouvoir, c'est l'accès au pouvoir d'un prince sans compétence. Dans ce cas, on en arrive à des révolutions comme ce qui s'est passé en France.

2. Les principautés nouvelles

S'agissant des nouvelles principautés, Machiavel pense qu'elles sont des Etats qui sont instaurés par les armes d'autrui ou par ses propres armes par la faveur de la fortune, ou par la virtù. Elles sont les plus difficiles à conserver, car, soutient Machiavel, « les hommes changent volontiers de maître, pensant rencontrer mieux ».16(*) C'est ainsi que les méthodes qu'il propose vont au delà de tout entendement humain. Toutes ces techniques que préconise Machiavel sont inscrites dans une visée de maintien du pouvoir et d'une «justice sociale». C'est pour cette raison que ces méthodes, quoique dangereuses, nous intéressent pour leur usage et leur finalité. Car, grâce à elles, le prince parvient à instaurer l'ordre et la paix sociale.

Néanmoins, dans les nouvelles principautés, il y a celles qui sont entièrement nouvelles et celles qui sont ajoutées. Par principautés entièrement nouvelles, l'auteur entend des Etats que l' « on gagne sur une nation différente de langue, de coutumes et de gouvernement ».17(*)En revanche, les principautés ajoutées sont « des Etats et provinces incorporés par conquête à une seigneurie plus ancienne la conquise ou sont de la même nation et langue, ou elles n'en sont pas ».18(*) Pour leur conservation, le prince doit distinguer les Etats ayant même nation et même langue de ceux qui sont de langues, de coutumes et de gouvernement différents. Car pour les premiers, il est facile de les conserver surtout quand leurs habitants ne sont pas familiarisés avec la liberté. Pour ce faire, le prince doit prendre garde à deux choses : « L'une que l'ancienne race de leur prince soit éteinte, l'autre de n'innover en rien en leurs lois et impôts, de sorte qu'en peu de temps ces Etats nouveaux ne fassent avec les anciens qu'un seul et même corps ».19(*)

Pour les seconds, notre auteur estime qu'il faut avoir, dans ce cas, la faveur de la fortune et montrer une grande habileté. Voilà pourquoi il propose trois solutions. La première solution consiste à détruire la loi et la liberté de ce peuple. La seconde réside dans l'obligation du prince d'aller vivre dans ses Etats conquis pour lui permettre, non seulement de bien voir ce qui se passe sur place, c'est-à-dire d'anticiper sur certains problèmes pour éviter le pire, mais également par sa présence, d'empêcher toute invasion extérieure. La troisième solution serait d'envoyer des colonies en une place ou deux qui soient comme les « compedes » de la province20(*) ; c'est-à-dire établir un nouveau gouvernement de peu de gens dans les territoires occupés par le prince tout en laissant le peuple vivre sous leurs lois, mais en y imposant la paie de l'impôt au peuple. A ce propos Machiavel écrit :

« Quand les pays qui s'acquièrent sont accoutumés de vivre sous leurs lois et en liberté, il y a trois manières de s'y maintenir. La première est de les détruire ; l'autre d'y demeurer en personne ; la troisième est de les laisser vivre selon leurs lois, en tirant un tribut, après y avoir établi un gouvernement de peu de gens qui les conserve en amitié. Parce qu'étant ce peu de gens élevés en cet état par le prince, ils savent bien qu'ils ne peuvent durer sans sa puissance et sa bonne grâce et qu'ils doivent faire tout leur effort pour le maintenir ».21(*)

Cependant, il arrive que ce soient des hommes de guerre que détient le prince. Dans ce cas, affirme Machiavel, il en coûte beaucoup au prince. Car, le prince sera obligé de dépenser les revenus du pays pour nourrir ces soldats et cela va lui créer des ennemis dans le peuple qui peut nuire à sa quiétude. Ainsi, pour notre auteur, les colonies sont les moins coûteuses au prince, parce que de par leurs productions, elles contribuent au développement de l'Etat. En revanche, les hommes de guerre favorisent l'appauvrissement de celui-ci. Si le prince occupe une province dans une nation différente de ses anciens Etats, il devra se présenter comme celui qui apporte protection aux plus faibles, « s'ingénier à affaiblir ceux qui sont les plus grands et se bien garder que par aucun remède y entre un étranger plus puissant que lui ».22(*) Sinon, plus vite ils se rallieront au puissant pour lui faire subir sa puissance.

Aussi, faut-il que le prince demeure le seul arbitre dans son pays. Il doit en tout temps avoir un regard non seulement sur les désordres présents mais également sur ceux qui adviendront. A cet effet, il doit mettre tous les moyens en oeuvre pour les éviter. Car « le temps chasse tout devant soi et peut apporter avec soi le bien comme le mal, et le mal comme le bien ».23(*

En outre, Machiavel distingue deux types de gouvernement. Il s'agit des gouvernements à régime monarchique et aristocratique. Le régime monarchique est celui dans lequel le prince seul détient le pouvoir. Tous les autres sont esclaves et travaillent pour lui comme ses serviteurs, ses ministres ou ses fonctionnaires sont sans autorité réelle. Le pays à régime monarchique est difficile à conquérir. Car le pouvoir est centralisé et par le fait même forme une unité. Il est facile de le conserver du fait que les sujets sont habitués à vivre dans la soumission.

Quant à l'aristocratie, elle est un régime dans lequel le pouvoir est partagé entre un groupe de personnes nobles et distinguées. Pour Machiavel, c'est le régime pour lequel le pouvoir est partagé entre le chef et les barons. Les pays qui vivent sous ce genre de régime sont faciles à conquérir à cause de la décentralisation du pouvoir. Ils sont aussi très difficiles à conserver :

 « Toutes les principautés desquelles la mémoire dure se trouvent avoir été gouvernées en deux diverses manières : ou par un prince avec d'autres qui sont tous ses esclaves, lesquels, par sa grâce et permission, l'aident, comme ministres, à régir le royaume ; ou par un prince et des barons, lesquels, non par la grâce du prince, mais par ancienneté de leur rang, tiennent ce rang ».24(*) 

Le prince apparaît comme la seule figure dominante de la conception moniste de Machiavel. Que pouvons-nous comprendre par monisme politique ?

Par conception moniste, il nous faut comprendre la conception selon laquelle le prince est conçu en termes « d'individu capable d'assurer, d'orienter le destin d'une multitude, d'une manière non seulement exceptionnelle, mais aussi héroïque et fructueuse ».25(* Cette conception est à distinguer de l'individualisme qui renvoie plutôt à l'égoïsme.

Elle a été au centre de toute la pensée politique de Machiavel. La caractéristique de cette vision est que « la viabilité et la prospérité d'une société donnée reposent essentiellement sur un individu, capable de promouvoir le bien commun ».26(*) Machiavel est le défenseur par excellence de cette conception moniste du prince. Pour lui, seul le prince doté de la « virtù », serait capable de libérer Florence de l'occupation étrangère et de reconstruire Florence.

* 13 Ibid., pp.17-18.

* 14 Ibid., p.18

* 15 Machiavel, Le Prince, p.15

* 16 Ibid. p.19

* 17 Ibid., p. 22

* 18 Ibid.

* 19 Ibid., pp. 21-22

* 20 Machiavel, Le Prince, p. 23

* 21 Ibid., p. 39

* 22 Ibid., p. 24

* 23 Machiavel, Le Prince., p. 27

* 24 Ibid., pp. 33-34

* 25 Paulin MANWELO, « la conception moniste du leadership », p. 10

* 26 Paulin MANWELO, « la conception moniste du leadership », p. 10

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