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La loi de la force en politique: l'art de gouverner dans Le Prince de Machiavel

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par Alex BATUHOLA MUNKANU
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius/Kimwenza, RDC - Bachelier en Philosophie 2008
  

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I.1.3. Le pouvoir est tributaire du peuple et des riches

Généralement, l'approche de Machiavel donne l'impression qu'il n'accorde pas une place importante au peuple. En réalité, comparer à ses prédécesseurs (Platon et Aristote), notre auteur fait du peuple un « acteur » important et non pas un simple « spectateur » du pouvoir. Pour Machiavel, le prince est en effet triplement dépendant : il dépend d'abord de la force ; ensuite de la loi et enfin du peuple.

Pour notre auteur, il y a deux manières de devenir prince. Soit par la faveur de la population (populaire) soit par celle des grands. Mais avant d'entrer au coeur même de la problématique, essayons d'abord d'épingler ce qu'est devenir prince par la faveur du peuple ou des grands.

Il existe, en effet, dans chaque cité, deux humeurs, d'un côté, les petits et de l'autre, les grands. Les premiers veulent être libres alors que les seconds cherchent à opprimer les faibles (les petits). A ce propos Machiavel déclare : « On devient prince de cette sorte ou par la faveur du populaire ou celle des grands. Car en toute cité on trouve ces deux humeurs différentes, desquelles la source est que le populaire n'aime point à être commandé ni opprimé des plus gros. Et les gros ont envie de commander et opprimer le peuple ».30(*)

Il s'en suit que deux volontés opposées caractérisent le peuple : de la part des grands, il y a le désir de dominer; et de la part des petits, celui de ne pas être dominés ou opprimés. De fait, si les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit, comment fonder en raison qu'une classe soit supérieure et opprime les autres ? Machiavel a-t-il raison d'affirmer que le désir du peuple est «  plus honnête » que celui des grands. Mais, de quelle manière les petits ou les grands confèrent ils le pouvoir au prince ?

Le plus souvent, les riches ne pouvant résister au peuple, soutiennent l'un d'entre eux et font de lui leur prince, de sorte que, sous sa couverture, ils puissent bien satisfaire leurs appétits égoïstes. De l'autre, le peuple, animé du désir de vivre en liberté, donne réputation à un seul qu'il élit prince pour être son défenseur contre les grands. Car, le peuple lui-même est incapable de faire face aux grands. Par contre, « celui qui devient prince par l'aide des riches se maintient avec une plus grande difficulté que celui qui le devient par la faveur du peuple »,31(*)pour la simple raison que le premier se voit comme un riche parmi tant d'autres et par le fait même est incapable de les commander ou de les façonner à sa guise. Par contre, celui qui devient prince par la faveur du peuple est seul et n'a personne ou très peu autour de lui qui ne lui obéissent.

Pour ce faire, Machiavel pense que tout prince, peu importe sa provenance, doit en toutes choses vivre en bons termes avec ses sujets. Il doit à tout prix se faire aimer de son peuple. Parce que le peuple change facilement de moral en pensant rencontrer mieux. On voit pourquoi, le prince devra à tout prix gagner l'estime de son peuple. C'est cela qui ressort clairement dans ces propos de Machiavel:

« Quiconque devient prince par l'aide du peuple, se doit toujours maintenir en amitié, ce qui lui sera bien facile à faire, le peuple ne demandant autre chose sinon qu'à n'être point opprimé. Mais celui qui contre le peuple, par la faveur des grands devient prince, il doit sur toutes choses chercher à gagner à soi le peuple, ce qu'il fait bien aisément quand il le prend sous sa protection.».32(*)

C'est pourquoi le prince doit fuir comme un écueil amer tout ce qui peut le faire tomber en haine et mépris par rapport au peuple. Il s'agit par exemple de piller les biens et de prendre par force les femmes de ses sujets. Parce que quand on n'arrache ni biens ni honneurs aux hommes, ils vivent en bons citoyens. Et pour le prince, il ne restera qu'à combattre simplement l'ambition de peu de gens.

Par ailleurs, le prince doit éviter de paraître « variable, léger, efféminé, de peu de courage et sans résolution ».33(*) Car, tous ces vices relèvent des vices qui font perdre le pouvoir. C'est ainsi qu'il s'efforcera qu'en « ses actions, on retrouve une certaine grandeur, magnanimité, gravité, force et envers les intrigues privées de ses sujets, vouloir sa sentence être irrévocable et qu'il fasse régner de lui opinion telle que personne ne songe à le tromper ni circonvenir ».34(*) Celui qui se donne cette réputation s'acquiert une grande estime des autres. Pour ce genre de prince, on ne recourt pas facilement à une conjuration. Il n'est pas attaqué facilement. Au contraire, il est respecté des siens.

En outre, le prince devra avoir peur aussi bien des ses sujets que de son entourage: «  L'un au-dedans à cause de ses sujets, l'autre dehors à cause des potentats étrangers. De ceux-ci il se défend par force d'armes et ses bons amis ; et toujours, s'il est puissant en armes, il aura bons amis ; et toujours les affaires du dedans seront assurées quand celles de dehors le seront, à moins d'être par aventure troublées par une conjuration ».35(*)

C'est dans ce contexte que l'auteur du « Prince » prévoit l'emploi de la force dans une certaine mesure. La force entendue comme cette « animalité » que détiennent certains dirigeants et qui les rend plus aptes à gouverner que d'autres. Le prince est l'incarnation parfaite de l'homme efficace et courageux. C'est la seule manière de bien mener un Etat et de réussir en politique. En ce sens, le maintien du pouvoir a quelque chose à voir avec les forces de l'ordre dans un Etat légitime. A présent, abordons la question sécuritaire d'un Etat en évoquant les meilleures armes sur lesquelles un prince devrait fonder son pouvoir.

* 30 Machiavel, Le Prince, p. 69

* 31 Machiavel, Le prince, p. 70

* 32 Ibid., p.72

* 33 Machiavel, Le prince, p.129.

* 34 Ibid., p.130

* 35Ibid., p.130

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