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à‰thique et pratiques communicationnelles de l' à‰glise Catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso

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par Anicet J. Laurent QUENUM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l 2002
  

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SECTION II

ETHIQUE ET ATOUTS COMMUNICATIONNELS DE L'ARCHIDIOCESE DE BOBO-DIOULASSO

C'est à peine excessif de dire que l'Eglise catholique qu'elle communique comme on marcherait sur des oeufs. Cette prudence, elle le tient de sa nature modérée et de sa culture de sagesse soucieuse de montrer le bon exemple, y compris dans le domaine si sensible de la communication. Une entreprise dans laquelle elle tient l'éthique chrétienne pour un code, un référentiel, un bréviaire et un bouclier sûr. Une telle attitude révèle par ailleurs à quel point cette institution est consciente des nombreux risques que peut lui faire courir l'aventure de la communication. Pour s'en prémunir, elle s'est donnée une arme aux vertus pacificatrices : l'éthique. Mais, que recouvre en réalité cette éthique chrétienne de la communication ? Quelles en sont les spécificités et quels peuvent en être le mode d'emploi et les performances dans le champ du dialogue politique et de la gestion des conflits humains ?

Ainsi que nous le verrons dans cette section II consacrée à l'éthique de la communication, l'Eglise catholique du Burkina Faso s'illustre dans une approche de pacification de la vie publique où la communication cesse d'être un moyen d'expression des antagonismes politiques et d'affrontements partisans pour se rendre solidaire d'une véritable dynamique de paix.

Au-delà d'un potentiel de communication encore bien modeste, l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso et à travers elle l'Eglise catholique burkinabé a des atouts qui tiennent essentiellement à sa force de sagesse, à sa réputation d'intégrité, à son autorité morale et à l'impact politique croissant de son poids social.

CHAPITRE I

LES CONVICTIONS DE L'EGLISE CATHOLIQUE SUR LA COMMUNICATION

1.1 Finalité d'une politique de communication

Dans la perception des hommes d'Eglise, la communication incarne un aréopage des réalités nouvelles, un terrain moderne, mais peut être aussi hostile. Alors, ceux-ci ont tendance à se méfier quelque peu des moyens de communication en se disant « un journaliste, que va-t-il faire de ce que je vais dire... ? » En clair, une distance s'installe. Aussi, prennent-ils par exemple beaucoup de temps pour préparer minutieusement une interview, sans compter qu'il s'agit par ailleurs de techniques dont la maitrise n'est pas à la portée de tous.

Quant aux messages, les ecclésiastiques ne sont pas toujours bien préparer à les déchiffrer. D'abord à les émettre, encore moins à les déchiffrerai y a là un apprentissage pour savoir comment décoller un message au-delà des images apparente. Cela est d'autant plus utile que jusqu'à ses dernières années, la critique de l'Eglise portait sur les aspects moraux ou éthiques. Il y a comme une inclination instinctive à utiliser le code moral pour apprécier la valeur d'un film ou d'un texte. Or, les communications sont bien dans leur rôle lorsqu'elles nous proposent plusieurs registres : moral, culturel, politique, économique et parfois même mystique.

Il appartient dès lors au consommateur dont l'Eglise, de s'habituer à déchiffrer cela pour se faire une idée plus exacte de ce qu'est un produit de la communication et qui peut être aussi un produit de culture. A l'analyse de toutes ces considérations, il n'est pas aisé de conclure à une conciliation profonde entre l'Eglise et les mass medias, nous a confié Mgr Anselme Titianma SANON, archevêque de Bobo-Dioulasso.

Toujours est-il que ces dernières années, les choses s'améliorent. Des progrès sont perceptibles. Une dimension « communication » est désormais incorporée à la formation des prêtres, témoignant ainsi de la prise de conscience par la hiérarchie de ce que le message à transmettre doit être communiqué et non livré dans tout son emballage. Il n'y a qu'à regarder les homélies de nos jours. Elles changent de formule et traduisent de mieux à mieux, une volonté de communiquer, d'introduire la dimension de communication globale dans le service religieux. Si l'on prend une célébration normale aujourd'hui au Burkina, il ya tout un aspect de communication globale qui transparaît à travers les signes, les symboles, et bien sûr, les paroles.

1.2 Corrélation entre « communiquer » et « évangéliser »

Rien que par l'étymologie, communication et religion (entendu comme ce qui relie) sont largement solidaires. La mission évangélisatrice de l'Eglise se trouve résumée dans cet appel du Christ lui-même « Allez par le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création ». (Marc 16,1). On peut en déduire que l'évangélisation est une mission : celle d'annoncer la parole de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre alors que la communication serait l'ensemble des moyens et techniques permettant de mener à bien cette mission.

A travers le dialogue, l'Eglise veut communiquer, non pas seulement des idées mais veut surtout communiquer une vie. Mais encore faut-il que le message soit décodé, assimilé. Car, on peut faire un sermon qui écrase, qui conquiert mais qui n'est pas reçu. Certes, on dira de ce célébrant, qu'il parle bien. Mais si le message n'a été reçu, il est évident qu'on n'a pas fait oeuvre d'évangélisation. Or évangéliser, c'est donner cette bonne nouvelle qui aide au salut de la personne qui est destinataire du message évangélique. Il s'agit plus exactement de réussir, à travers le message à rapprocher un peu plus l'Homme de sa destinée finale et non pas qu'il rentre dans une sorte d'effervescence ou d'extase. Ce qui fait que l'évangélisation, la bonne, doit trouver son aboutissement dans la conversion des hommes.

Pour que cela soit, il importe que le contenant (le support) et le contenu soient en phase. Mais puisque l'on sait que ce sont les supports (moyens de communication) qui ont connu les mutations les plus prodigieuses et qui n'en sont d'ailleurs pas à leur dernière trouvaille, il va de soi que c'est à l'Eglise de se mettre au pas. L'une des tâches qui en découle implique que l'Evangile soit relu et retranscrit en fonction de la communication moderne. C'est un long chemin...

En réalité, il ne s'agit pas de moderniser l'Evangile, mais de moderniser les canaux de transmission de l'Evangile. Déjà, en 1622, les directives essentielles de Rome à travers la Congrégation pour l'évangélisation des peuples imposaient aux missionnaires que l'évangélisation puisse s'adapter au caractère des peuples à convertir. On aurait pu demander à ces mêmes missionnaires d'évangéliser selon les moyens de communication relevant de l'environnement et de la culture de ces peuples. Mais au regard de l'évolution actuelle du monde, que gagnerait-on à continuer aujourd'hui encore à évangéliser les peuples à travers les canaux relevant du passé? Contre un tel conservatisme, la nouvelle devise pourrait être : « les communications évoluent, l'Eglise avec ! ». Et comme pour trancher le débat, l'Union Catholique Internationale de la Presse (UCIP) estime que « l'Eglise serait coupable si elle n'utilisait pas les moyens modernes pour évangéliser »26(*)

Mieux, le communicateur religieux du XXIème siècle ne saurait, non plus, être celui qui rase les murs. Il n'y aurait qu'à relire certains passages de l'Evangile pour s'apercevoir que Jésus lui-même a demandé à ses disciples de briller comme une lampe sur la table, comme la ville située en haut de la montagne, de telle manière que les hommes voyant nos bonnes oeuvres en glorifient de Père (Mathieu5, 15).

On pourrait s'en étonner, mais certains opinion sont plus tranchées et délibérément anti-conformistes lorsqu'elles suggèrent que « ...le style, le star system, le marketing, les gestes, la tenue du corps, la qualité technique qui sculpte une aura, sont autant d'éléments à prendre en compte intentionnellement »27(*)

La communication, dans ses avancées technologiques actuelles, offre à l'Eglise des possibilités inédites d'éducation et d'évangélisation. Il y a lieu de s'engager dans une véritable entreprise d'exploration des possibilités de mettre cette communication au service de la croissance spirituelle et de défense de la foi. « Certes, ce ne sont pas médias qui font exister les chrétiens, mais les médias leur deviennent nécessaires pour être connus comme existants, avertit à ce sujet, le journaliste français, Alain Woodrow.28(*)

1.3 Pourquoi l'Eglise doit-elle communiquer ?

Pendant longtemps, l'Eglise a pu se satisfaire simplement d'exister sans chercher à paraître. Autres temps, autres moeurs, aujourd'hui c'est un atout que d'être vu. Certes, on sait par tradition ou par ouï dire que l'Eglise est une institution charitable et que l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso qui en est un représentant hérite et jouit de cette bonne renommée. C'est un acquis. Mais cet acquis serait plus visible et donc plus convaincant si l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso donnait lui-même à voir à l'opinion publique, ses oeuvres de charité. Il gagnerait plus aisément le pari de la visibilité si l'image de ces oeuvres charitables, sociales voire citoyennes était projetée à la face du monde, ne serait-ce qu'à des fins d'information.

Plus l'Eglise communiquera, mieux cela vaudra pour sa visibilité. Le meilleur gâteau, dit-on, ne sera jamais dévoré si le gourmand ne connaît pas le pâtissier qui le fabrique29(*).

Alors, le plus gros risque que court l'Eglise en refusant de communiquer ou en pratiquant une politique de rétention de l'information est la rumeur. Et qui connaît la capacité de nuisance de la rumeur, imagine d'emblée à quel point celle-ci peut être déstabilisatrice et catastrophique pour un diocèse voire pour l'Eglise. En matière de communication et de gestion de l'image institutionnelle, l'Eglise n'a nullement intérêt à encaisser des coups. Le temps de montrer patte blanche, il souvent trop tard. Autrement dit, l'antidote de la rumeur est souvent difficile à trouver. D'où la nécessité de pratiquer une communication en amont plutôt que d'avoir à s'enliser dans une course aux droits de réponse et autres justificatifs.

En matière de communication, le premier coup est le plus pernicieux et rarement une réparation est assez suffisante pour effacer un préjudice subi. Preuve que la communication est en définitive ce qu'il y a de mieux comme traitement préventif de la rumeur.

L'archevêque de Bobo-Dioulasso, cite en exemple les travaux du Collège des Sages30(*) et raconte en ces termes : « Nous, nous avons travaillé pendant quarante jours. Pendant ces 40 jours, les journalistes ont réussi à dire quelque chose sans que nous, nous ayons eu à refaire la moindre déclaration. Ils ont chaque fois fait des recoupements ». Une telle démarche a forcément quelque chose de positif tant qu'elle n'est pas entachée de mauvaise foi.

Et que dire de l'attitude de méfiance derrière laquelle se barricadent, de temps en temps, les hommes d'Eglise ? C'est un fait réel, avoue-t-on à l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso: « on se dit, si telle information est livrée au journaliste, qu'est-ce qu'il va en faire ? Naturellement, celui qui n'est pas habitué aux techniques de la communication, y perd son latin. Alors, on craint aussi bien la sanction du public que celle de la hiérarchie. Mais le remède contre cela, c'est d'apprendre à communiquer ». L'aveu va plus loin : « l'autre inquiétude, c'est qu'on ne sait jamais quelle sera la dernière question du journaliste. Ne va-t-il pas m'entraîner sur un terrain glissant ? La dernière question ne sera-t-elle pas fatalement celle à laquelle on n'a pas pensé ? En définitive, pour ne pas tomber dans ce genre de pièges, on préfère se rétracter ».

* 26 UCIP, Pour une société de la communication, éditions Cana, 1981, p.105

* 27 Source : P. BABIN, directeur du Centre CREC-AVEX,Eculluly-Lyon in « Eglise et mission ». (Décembre 1991 numéro 264)

* 28 A. WOODROW Information/manipulation, vifs, éditions du Félin, juillet 1991, p.100

* 29 (média-fr.com)

* 30 Voir supra p.29

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci