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à‰thique et pratiques communicationnelles de l' à‰glise Catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso

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par Anicet J. Laurent QUENUM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l 2002
  

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3.2.2 Une radio pour annoncer la Paix

REN (comme reine phonétiquement) : tel est le nom que portera la radio de l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso. Cette radio n'existe pas encore dans sa réalité physique mais elle a déjà été baptisée et porte le nom évocateur de Radio Etoile de Noël. Cette radio aura son siège au secteur 5 de la ville. Les travaux de construction des locaux devant abriter cette radio sont à un stade avancé.

Le matériel déjà acquis attend la finition des travaux pour être installé. A ce jour, il n'existe pas une ressource humaine qualifiée pour prendre en main cette radio au sens professionnel du terme. Il va falloir y pourvoir en temps opportun. Mais, malgré tout, l'archevêque ne perd pas espoir.

Pour l'instant, c'est par le canal de Radio-Bobo45(*) que le clergé assure sa communication audiovisuelle en direction des fidèles. Les messages de l'archidiocèse y sont diffusés sous diverses formes : émissions religieuses, messages, couvertures médiatiques d'événement religieux, etc.

Ainsi que son nom l'indique, Radio REN (Radio Etoile de Noel) annoncera la paix de Noël qui est une nouvelle, bonne pour tout le monde sans considération de race, de langue ou de religion, etc. Fondamentalement, cette radio s'emploiera à annoncer et à proclamer la paix en même temps qu'elle favorisera l'intermédiation entre les peuples et les cultures. On y apprendra aussi à affronter des situations difficiles. A défaut d'être un lieu de réconciliation, l'archidiocèse rêve d'en faire tout au moins un lieu de conciliation et de dialogue. Mieux, radio REN se vaut aussi un outil de formation civique, morale et spirituelle au service des populations de Bobo-Dioulasso et au-delà.

L'archevêque est d'avis que les messages évangéliques ne pourront pas remplir toute la grille d'une radio. Alors, il aura de la place aussi pour la « publicité » au sens de faire connaitre, se faire et faire connaitre aux autres. Même les vertus des plantes, l'art culinaire, bref tout ce qui relève de la convivialité aura sa place sur cette radio.

3.2.3 Un déficit de dynamisme compensé par une réputation d'ordre éthique

En général, la presse catholique n'a pas suivi le progrès intervenu dans le secteur des Nouvelles technologies de la communication. Quoique disposant dans la plupart des cas d'une imprimerie (précieux atout en matière de presse et d'édition), les journaux d'Eglise affichent une certaine austérité aussi bien sur le plan du contenu que de la mise en page. Dans le contexte de démocratisation du début des années 90 qui a favorisé l'émergence au Burkina et dans les pays ouest-africains, d'une flopée de titres, les journaux catholiques ont été distancés de loin par la nouvelle vague, très entreprenante comme le recommande d'ailleurs l'espace médiatique devenu plus dynamique et plus concurrentiel que jamais.

Ce printemps de la presse privée en Afrique et au Burkina est venu bousculer les habitudes de lecture et relancé chez bon nombre de citoyens, le gout des nouvelles sensationnelles. Evidemment comme on pouvait s'y attendre, ce type de journalisme qui s'est plutôt distingué par la négation de l'éthique et de la déontologie ainsi qu'une force propension à la vénalité, a tôt fait de ruiner sa crédibilité aux yeux de l'opinion publique. C'est ainsi qu'aux premières heures de la démocratie, l'expérience de la presse libre a souvent tourné au dérapage et au désenchantement.

Il s'en est suivi une désaffection de l'opinion publique alors flouée et désabusée par tant d'excès. Heureusement qu'à côté, subsistait une presse confessionnelle, égale à elle-même et qui, dans cette crise des valeurs journalistiques, a su démontrer sa capacité à offrir un autre modèle. Ce fut en l'occurrence le cas de la presse écrite catholique, dont la réputation d'institution sérieuse et respectueuse de la dignité humaine, lui a valu et lui vaut encore de nombreux témoignages de confiance et de fidélité. Ainsi, chaque fois que la presse laïque a mauvaise presse et droit adopter un profil bas à la suite d'une faute professionnelle grave, d'une légèreté dans le traitement de l'information, d'une crise de confiance ou d'une compromission politique, c'est la presse religieuse qui en tire profit en terme de crédit, d'audience et de tirage.

Autant dire que les limites de la presse catholique du point de vue du dynamisme, de l'offensive et d'une pratique moderne du journalisme sont bien souvent compensées par les qualités d'une pratique communicationnelle empreinte d'une bonne dose d'éthique, de sagesse et de responsabilité sociale. On ne peut en attendre moins d'un support de l'Eglise qui doit incarner et témoigner de l'Evangile. Ce qui lui impose la responsabilité de montrer l'exemple.

Seulement, ce capital de sympathie vis-à-vis des médias confessionnels ne repose pas forcément sur une exigence de qualité physique ou matérielle du produit ou sur la richesse de l'information publiée ou diffusée. Ce serait ignorer la forte relation affective qui lie certains croyants au journal de leur confession sans perdre de vue non plus que de publication se nourrit et se maintient par la dévotion et l'esprit de conservatisme de quelques inconditionnels de l'information religieuse. A preuve, les journaux d'Eglise, comme le confirme les cas de l'ALLELUIA AFRICAIN du diocèse de Bobo-Dioulasso, compte plus d'abonnés46(*) que de consommateurs à la vente.

Pour renforcer l'image respectable dont elle jouit dans l'espace médiatique national, cette publication gagnerait à diversifier ses rubriques et à les rendre les plus attrayantes. Créer des espaces de culture générale et de divertissement pourrait aider à fidéliser un autre type de lectorat plus libéral. Le statut de journal d'Eglise ne devrait pas empêcher davantage d'ouverture aux questions d'actualité. D'où l'opportunité d'envisager la création d'espaces d'informations générales. Même l'animation de débats contradictoires dans les colonnes de ces journaux ne devrait pas nuire à leur notoriété. Bien au contraire, ce serait une belle manière de s'illustrer dans le rôle de baromètre de l'espace public.

* 45 Antenne régionale de la Radiodiffusion nationale du Burkina

* 46 714 abonnés pour un tirage de 850 exemplaires

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