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Haà¯ti, un panorama socio économique désastreux. Tentatives d'analyses et d'explications(1970-2005)

( Télécharger le fichier original )
par Jean Luc FENELUS
Institut national d'administration, de gestion et des hautes études internationales( INAGHEI) - Licence en adminsitration 2006
  

Disponible en mode multipage

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TABLE DES MATIERES

Dédicace III

Remerciements IV

Méthodologie 1

Justification du choix du sujet 1

La Problématique 1

Hypothèse de départ 11

Hypothèses secondaires 11

L'objectif du travail 12

Champ d'étude........ 12

La durée de l'étude 12

Le Plan du travail 12

INTRODUCTION 14

PREMIERE PARTIE 25

Situation socio economique d'Haiti 25

CHAPITRE 1 26

La situation socio-économique de 1970 à 2005 26

SECTION 1. L'Evolution de L'Economie Haïtienne 27

1.1. Période 1970-1980 28

1.2. La Crise de l'Etat et ses conséquences, 1981-1994 35

1.3. Les déséquilibres Économiques de 1994 à nos jours 37

SECTION 2. Les difficultés économiques et leurs répercussions sur les conditions socio-économiques de la population 44

2.1. Baisse du revenu de la Population 45

2.2. Insuffisance des Services de Base 47

2.2.1 La Santé 47

2.2.2 Éducation 55

2.2.3 Nutrition et Alimentation 61

2.2.4 Eau Potable et Assainissement 64

2.2.5 L'Habitat 68

DEUXIEME PARTIE 71

Quelles solutions pour le developpement ? 71

CHAPITRE 2 72

Les Tentatives de Planification pour le développement économique d'Haïti 72

SECTION 1. Analyse de Quelques Programmes de Développement 77

1.1. Les Unités Spatiales de Développement 78

1.2. Les Îlots de Développement 81

1.3. Les plans quinquennaux de Développement 85

SECTION 2. Faiblesse de structure de planification 91

2.1. Un Processus de Planification Bureaucratique. 92

2.2. Absence de participation de la population au processus de la planification 93

TROISIEME PARTIE 96

ABSENCE DU DEVELOPPEMENT 96

CHAPITRE 3 97

HAITI, REFUS DU DEVELOPPEMENT ET SES CONSEQUENCES 97

SECTION 1. Les conséquences du refus en milieu rural et urbain. 97

1.1. Pauvreté du Monde Rural et Ses Conséquences. 100

1.2. La paupérisation du monde rural 101

1.3. L'exode rural et ses conséquences 102

SECTION 2. Conséquences sur le plan urbain 109

2.1. Le chômage en milieu urbain et le développement du secteur informel 110

2.2. Le développement de l'habitat spontané 113

2.3. La Ruralisation de la vie urbaine 117

CONCLUSION 120

LES RECOMMANDATIONS 122

BIBLIOGRAPHIE 124

LISTE DES TABLEAUX 128

LISTE DES SIGLES UTILISÉS 130

Section 1 Dédicace

En mémoire de mes chers Père et Mère Exula et Jérôme Fénélus qui dans leur vision de parents avaient toujours caressé le rêve de me voir réussir ma vie estudiantine et avaient consenti mille efforts pour rendre possible la cérémonie du jour.

Remerciements

Nous tenons d'abord à remercier tout spécialement le Professeur KITUBU Anskis Mabango dont les conseils et les recommandations bénéfiques ont guidé nos recherches et la rédaction de ce mémoire de sortie.

Nos remerciements vont également aux professeurs de L'INAGHEI qui se sont tous impliqués dans notre formation. Qu'ils retrouvent ici notre profonde gratitude.

Nous adressons aussi nos remerciements à tous nos camarades de promotion pour leur encouragement.

Soyez enfin remerciés vous tous qui, d'une manière ou d'une autre, avez contribué au développement du sujet tel que présenté. Certains pour leurs critiques et leur soutien moral, d'autres pour un livre ou une revue qu'ils nous ont fourni et qui nous ont permis de mieux cerner le sujet.

Méthodologie

JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le choix de ce sujet n'est pas le fruit du hasard. Il est motivé par deux raisons :

Ø absence de volonté et d'engagement politique de la part des autorités haïtiennes face à la dégradation de notre économie et ses répercussions sur les conditions de vie de la population ;

Ø il est lié à notre désir d'apporter notre modeste contribution à la réflexion sur les principales causes de la dégradation de l'économie et de formuler des recommandations qui, nous l'espérons, retiendront l'attention de nos décideurs politiques et de nos techniciens.

LA PROBLÉMATIQUE

Haïti, contrairement à certains pays de la région de la Caraïbe est soumise à des conditions physiques que nous pouvons qualifier de difficiles. Elle est limitée dans son développement économique par plusieurs facteurs.

1- Une Géographie physique difficile (terre montagneuse lisérée d'étroites plaines côtières):

Ø un relief accidenté (dont les montagnes occupent environ les trois quart de son territoire avec le sommet le plus élevé, situé au massif de la Selle qui culmine à 2680 mètres) qui limite les possibilités de l'agriculture haïtienne;

Ø un climat à succession alternée de deux saisons pluvieuses et de deux saisons sèches avec une température variant entre 20 et 35 degrés Celsius1(*). Malheureusement lorsque cette alternance est perturbée l'agriculture en subit le coup;

Ø un sol affecté par l'érosion provoqué par le déboisement incontrôlé et la surexploitation des sols arables. Cette situation traduit le désespoir et justifie la principale source des inondations et de longues sécheresses qu'ont connu et connaissent encore certaines régions du pays.

2- Sur le plan démographique la situation est préoccupante:

Ø la projection faite pour la période (1990-2005) par OMS/OPS en 1996 prévoyait un taux moyen annuel de croissance de 2.08%; un taux brut de natalité de 35,29 pour 1000 et une espérance moyenne de vie à la naissance de 55 ans. Aujourd'hui la situation n'a pas subi trop de variation avec un taux de croissance annuel constant de 2.08% ; d'un taux brut de natalité de 32,7 pour 1000 et d'une espérance moyenne de vie à la naissance de 54 ans;

Ø la structure par âge montre une population jeune. Les moins de 15 ans représentent 40% de la population totale (dont 15% d'enfants de moins de 5 ans). La population active représente environ 56% de la population totale dont 25% de femmes en âge de procréer (15-49 ans). Les personnes de plus de 65 ans représentent seulement 4% de la population totale. Haïti est le pays où la densité démographique était la plus élevée de l'Amérique Latine en 1995 soit 226 hab. /m2 d'après OMS/OPS. Aujourd'hui, la situation tend à se détériorer avec plus de 304 hab. /m2.

Le tableau suivant nous donne une idée de la situation.

Tableau 1- Haïti : Indicateurs Démographiques

 

Taux de naissance

Taux de la population de moins de 15 ans

Taux de la Population de 65 ans plus

Année

2000-2005

2000

2000

Haïti

2,08

39,9

3,8

Artibonite

1,82

42,6

4,0

Centre

1,67

43,9

4,0

Grand'Anse

1,39

41,8

4,5

Nord

1,64

43,9

3,7

Nord'Est

1,28

42,9

4,2

Nord'Ouest

2,15

45,7

4,7

Sud

1,26

41,8

4,3

Sud'Est

0,98

40,7

5,0

Source : IHSI, 1996

3- Sur le plan sanitaire, la population haïtienne fait face à des difficultés énormes. Haïti représente l'un des pays de l'Amérique où le taux de mortalité est le plus élevé. La situation s'est aggravée encore avec la crise socio-économique et politique que connaît le pays depuis les années 80. Le taux brut de mortalité était estimé à 13 pour 1000 en 1990 et se situait très nettement au-dessus de la moyenne latino-américaine qui est de 7 pour 1000 selon OMS/OPS en 1996. Tandis que l'espérance moyenne de vie à la naissance est de 55 ans contre 67 ans pour l'ensemble des pays de l'Amérique Latine. Les mauvaises conditions de vie de la population en Haïti expliquent cette faible espérance moyenne de vie.

La morbidité en Haïti porte sur les maladies suivantes :

Ø la diarrhée associée à la malnutrition, la malaria, le tétanos, les infections respiratoires aiguës (IRA), la tuberculose, la rougeole et la typhoïde. Ces facteurs expliquent dans une large mesure le taux élevé de la mortalité en Haïti particulièrement chez les enfants en bas âge. La malnutrition constitue l'un des facteurs de la mortalité et de la morbidité au niveau de toutes les tranches d'âge et plus précisément chez les couches les plus vulnérables;

Ø le problème de santé se pose aussi en termes d'infrastructures médicales, de la disponibilité des ressources et de leurs allocations. Seulement 645 institutions de soins et de services sanitaires pour une population estimée à environ 7180294 habitants en 19952(*) et selon le dernier recensement de la population et de l'habitat réalisé par l'IHSI en 2003, la population haïtienne est de 8373750 habitants. En termes de la répartition des infrastructures sanitaires pour l'ensemble du territoire la situation est ainsi présentée :

· 49 Hôpitaux ;

· 217 Centres de santé dont 60 avec lits ;

· 138 Centres de santé sans lits ;

· 389 Dispensaires dont 37% appartiennent au secteur public, 30% au secteur mixte, 31% au secteur privé et 2% au secteur non identifié ;

· 6400 lits d'hôpitaux seulement sont disponibles pour l'ensemble de la population et on ne compte que 1,6 médecins pour 10000 habitants et 1.27 infirmières et de 0.4 dentiste pour 10000 habitants.

Ø le personnel médical insuffisant est inégalement réparti et malheureusement très peu qualifié avec une logistique insignifiante. En effet, le personnel de santé était estimé à 9000 individus et la part du budget national octroyée au Ministère de la santé par le gouvernement central était de 13% seulement en 1997. Il convient de signaler que, depuis des années, nos ressources en terme de professionnels de santé, du nombre de lits d'hôpitaux et de centres hospitaliers n'ont pas véritablement subi de modifications. Cependant il faut faire remarque que, depuis un certain temps, la politique d'ouverture existant entre l'Etat haïtien et le l'Etat cubain a contribué à une légère amélioration dans le système sanitaire plus précisément avec l'arrivée de nos médecins qui ont été formés à Cuba et la présence des spécialistes cubains dans certaines régions du pays. Déjà, en 2003 le nombre de professionnels de santé cubains était de 556, contribuant ainsi à atténuer les problèmes de santé dans le pays suivant les données de l'AOPS publiées en 2004.

4- La situation du système éducatif haïtien pour sa part est aussi préoccupante:

Ø taux élevé d'enfants scolarisables non scolarisés.

En effet, alors qu'en 1991/1992 le nombre d'enfants scolarisables était de 1216808 (6 à 12 ans), seulement 926095 avaient été scolarisés avec 48,3% filles et une participation du milieu rural de 42,1%;

Ø l'inadaptation du contenu de l'enseignement et l'inaccessibilité de l'enseignement préscolaire à une forte proportion des enfants en âge scolaire posent de sérieux problèmes dans ce secteur. L'Etat pour sa part ne dispose que limitativement de quelques centres publics préscolaires pour l'ensemble de la population;

Ø faible contribution du secteur privé dans le système éducatif.

En effet, environ 14% seulement des enfants en âge scolaire selon les statistiques disponibles fréquentaient les établissements préscolaires privés avec un pourcentage équivalent de sur âgés. Les écoles publiques étaient moins nombreuses. D'où un taux général de fréquentation de 25% en 1993/19943(*). Et en milieu rural seulement 30% d'enfants scolarisables avaient pu fréquenter les établissements scolaires;

Ø le rapport élèves/salles de classe dans les écoles primaires pour l'ensemble du pays était de 47,4% en 1990/1991 et 47,7% en 1991/19924(*). Celui élèves/Maîtres au niveau primaire a connu lui aussi des modifications au cours des années antérieures et continue de l'être. Pour les années 1990/1991 et 1991/1992 on avait enregistré respectivement les ratios suivants : 33,6 et 33,8. Si pour cette période ces chiffres étaient plus ou moins acceptables aujourd'hui, l'encombrement des classes est excessif avec en moyenne 50 élevés par salle de classe.

Ø Le taux de transition dans le primaire, de 1979/1980 à 1990/1991 a subi certaines modifications à travers les différents niveaux. Et les taux de promotion, de redoublement et d'abandon de la première jusqu'à la sixième année fondamentale sont les suivants :

· promotion : 0,74; 0,77; 0,77; 0,77; 0,72 ;

· redoublement : 0,09; 0,12; 0,13; 0,13; 0,13;

· abandon : 0,16 ; 0,11 ; 0,10 ; 0,10 ; 0,15 ;

Bien que les informations soient inaccessibles dans ce secteur les données du tableau suivant nous permettent de faire une idée en terme de besoins en éducation5(*).

Tableau 2 - Quelques indicateurs relatifs au système éducatif haïtien

INDICATEUR

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Taux de scolarisation primaire brut (%)

70.7

74.0

77.2

80.1

85.0

88.5

-

Taux de scolarisation primaire net (%)

41.0

43.0

45.0

47.0

49.0

51.4

-

Taux de redoublement (%)

13.0

0.7

13.0

-

-

-

-

Taux d'abandon (%)

26.2

-

-

-

-

-

-

Ratio Elèves/Maîtres (primaire)

29.0

-

29.0

36.0

37.0

37.0

-

Taux de scolarisation secondaire (%)

11.9

14.4

14.0

13.5

13.1

12.8

-

Ratio Elèves/Maîtres (secondaire)

12.2

12.0

12.9

12.9

-

-

-

Taux d'alphabétisation adultes (%)

53.0

-

55.0

-

-

-

-

Taux de candidats présentés et admis au Bacc I (%)

24.8

32.5

46.5

46.4

33.6

52.6

-

Taux de candidats présentés et admis au Bacc II (%)

57.8

74.5

85.7

77.4

62.8

83.6

-

Sources : PNUD/Rapport Mondial sur le Développement 1990-1997,UNESCO, IHSI.

5- Dans le domaine de l'eau potable et assainissement, la population fait face à de sérieuses difficultés. Le taux de couverture des besoins en eau est très faible en zone urbaine et en zone rurale. La consommation d'eau de mauvaise qualité a des répercussions négatives sur l'état de santé de la population, augmentant ainsi le taux de morbidité et de mortalité des enfants atteints par la diarrhée, la typhoïde et autres maladies dérivées.

La couverture des besoins en eau potable au 31 décembre 1996 dans la zone métropolitaine était de 48%. Et au niveau des villes secondaires elle était estimée à 43%. En milieu rural pour la même période la couverture était estimée à 41%, pour une population estimée à 66% de la population totale du pays6(*).

Après avoir énuméré les différents facteurs qui handicapent l'économie haïtienne, comment se présente cette économie?

La structure de l'économie haïtienne se présente de la manière suivante : Un secteur primaire, un secteur secondaire et un secteur tertiaire. Cependant depuis plus d'une quinzaine d'années l'économie haïtienne connaît des difficultés majeures au niveau de ces secteurs et ces dernières se résument en ces termes :

Un secteur primaire dominé par l'agriculture, un secteur secondaire dominé par la sous-traitance et l'industrie de transformation tournée vers le marché interne. et un secteur tertiaire dominé par les services.

Le secteur primaire est en situation de déclin avec une régression de la production vivrière et des cultures d'exportation, ce qui a entraîné une baisse constante sa contribution dans la formation du produit intérieur brut (PIB) et également une baisse du revenu des agriculteurs. Les facteurs qui ont limité le développement de ce secteur sont : l'absence de politique agricole, l'absence de politique de prix, l'absence de mesures d'incitation et d'encouragement au bénéfice des agriculteurs, l'insuffisance d'intrants en qualité et en quantité, l'insuffisance des infrastructures rurales et le problème foncier ; l'insuffisance des services de base et l'insuffisance de crédit agricole.

Ø Le secteur secondaire était en essor au cours des années 70 avec l'implantation et le fonctionnement des usines de sous-traitance. Aujourd'hui ces usines sont fermées ce qui a exacerbé le chômage.

Enfin, en ce qui concerne le secteur tertiaire, le tourisme dans lequel Haïti avait trouvé sa vocation économique dans les années soixante et soixante dix n'est plus qu'un souvenir aujourd'hui. Cependant, nous pouvons noter avec satisfaction l'essor qu'a connu le secteur bancaire au cours de ces quinze dernières années.

HYPOTHÈSE DE DÉPART

Notre hypothèse de départ est ainsi formulée :

Les mauvaises voies de développement choisies par les différents gouvernements qui se sont succédés depuis l'indépendance à nos jours expliquent aisément la constante dégradation de l'économie haïtienne.

HYPOTHÈSES SECONDAIRES

L'absence de politique avec des objectifs clairement définis explique la situation de déséquilibre dans laquelle s'est retrouvée l'économie haïtienne.

La mauvaise gestion qui caractérise les différents secteurs de l'économie nationale explique également la dégradation de notre économie.

L'insuffisance de cadres capables de concevoir et d'exécuter les tâches qu'exige une économie moderne explique aussi la dégradation de l'économie haïtienne.

Des facteurs endogènes et exogènes ont limité ou empêché la croissance de l'économie haïtienne.

L'OBJECTIF DU TRAVAIL

Identifier et analyser les facteurs qui ont contribué à la dégradation de l'économie haïtienne au cours de ces quinze dernières années et étudier les répercussions de cette dégradation sur les conditions de vie de la population.

CHAMP D'ÉTUDE

Notre étude porte sur l'économie haïtienne, plus particulièrement sur les difficultés socio-économiques qu'a connues Haïti durant les quinze dernières années.

LA DURÉE DE L'ÉTUDE

Notre étude portera sur les quinze dernières années, compris entre la période de 1990 à 2005.

LE PLAN DU TRAVAIL

Notre travail est réalisé en trois grandes parties.

La Première Partie traite la situation socio-économique d'Haïti et des répercussions des déséquilibres économiques sur les conditions socio-économiques de la population au cours de la période allant de 1950 à 1996.

La Deuxième Partie traite des tentatives de planification ou refus du développement, en analysant aussi quelques programmes de développement qui ont été initiés à savoir: Les unités spatiales de développement, les plans quinquennaux, l'absence de structure de planification et la participation de la population au processus de la planification etc.

La Troisième Partie parle du refus de développement et de la pauvreté en milieu rural, du phénomène migratoire et ses conséquences, le chômage, le développement de l'habitat spontané et la ruralisation de la vie urbaine. Viennent enfin, la conclusion et les recommandations d'usages.

INTRODUCTION

Alors qu'il y a à peine deux ans, le premier janvier 2004, nous avons célébré le bicentenaire de notre Indépendance, Haïti demeure aujourd'hui encore un pays à économie dévastée. Et pourtant, le pays avait connu une certaine prospérité économique dans les années 70. Et, cette dernière était liée à l'essor de l'agriculture, à la stabilité de la monnaie nationale, la gourde et à une balance commerciale excédentaire. Mais, le deuxième choc pétrolier de 19797(*), des taux d'intérêt élevés aux Etats-Unis, la crise de l'économie mondiale et les bouleversements à la fois politiques, économiques et sociaux qui ont caractérisé la fin du régime duvaliériste y compris les événements politiques subséquents qu'a connu la nation, ont rendu la situation encore plus préoccupante.

Ces difficultés ont eu des répercussions sévères sur les conditions de vie de la population. En voici les traits caractéristiques dominants : baisse du revenu et santé précaire de la population accentuées par la réapparition des maladies jadis maîtrisées et la malnutrition qui a atteint des proportions considérables. Cette situation a poussé un nombre important d'Haïtiens à l'immigration. Quant au taux de chômage, il a touché pas moins de 65% de la population active en 1997 et le taux d'inflation est passé de 14,06% en 1991-1992 à 27,11% en 1994-1995. Il faudra encore ajouter à ceci, la dégradation flagrante et démesurée de notre écosystème et l'inadéquation des infrastructures rurales et urbaines.

Dans le secteur de l'éducation la situation est également restée préoccupante avec des taux de scolarisation extrêmement faibles.

Les finances publiques ont elles aussi connu des problèmes. Leur participation qui était de 14% dans la formation du PIB en 1985 est passée à 3,1% en 1994. Et, le PNB (per capita) jusqu'en 1997 n'était que de US $120.

La monnaie nationale pour sa part a connu et connaît encore une dépréciation croissante. C'est ainsi que, au début des années 80, la gourde dont la parité est déterminée par la convention de 1919 à 5 gourdes pour 1 $, a commencé à se déprécier. Et, cette dépréciation qui était de 4,4% en 1985/1986 est passée à 2,98% en 1987/1989 et à 9,9% en 1990/19918(*). Aujourd'hui un dollar us s'échange à plus de 40 gourdes.

De plus, l'analyse des données publiées par le PNUD en 1995 indique des taux de change à l'achat du dollar pour les périodes : 1992/1993, 1993/1994 et 1994/1995 respectivement de 12,28, 14,72 et 14,4%9(*). Ce qui représente une hausse du prix du dollar par rapport à la période antérieure. Et, aujourd'hui encore, cette situation rend les conditions de vie de la population intenables. Il faudra donc à tout prix trouver une formule pour soulager la misère de la population haïtienne.

Et pourtant, malgré les dépressions identifiées dans les divers secteurs d'activités, Haïti n'a pas hérité d'une économie exclusivement déséquilibrée. Elle a connu des hauts et des bas à travers les ans. Ainsi faut-il faire remarquer que cette économie haïtienne qui est notre champ d'étude est caractérisée par trois grandes périodes macro et micro économiques :

Ø une période de croissance et de prospérité de 1970 à 1980 ;

Ø une période de crise de 1981 à 1991 ;

Ø une période de grands déséquilibres entre 1992 et 1997. Et aujourd'hui encore cette situation demeure préoccupante.

A- Période de croissance

a) Secteur primaire

Au cours de la première période, L'agriculture qui est un secteur dans lequel Haïti peut trouver sa vocation économique a connu une croissance de plus de 5%. Pendant les années 1970 à 1980 le PNB per capita s'est accru rapidement et a atteint un niveau de US $ 350. A cette époque, l'agriculture haïtienne contribuait à plus de 30% du PIB et arrivait à nourrir correctement la population. Cette période marquait également le début de l'implantation des usines de sous-traitance en Haïti et celle de certaines banques étrangères telles que : La City Bank, La Nova Scotia Bank et la Banque de Boston ce qui favorisera la création d'emplois. Cependant, il convient de signaler que, des erreurs notoires ont été commises dans l'orientation de ce secteur et l'ont rendues aujourd'hui très fragile.

b) Secteur secondaire

Le secteur industriel pour sa part a contribué positivement à la croissance économique au cours de la période 1970-1980. En effet, au cours de cette période le nouveau secteur industriel de sous-traitance, tourné vers les marchés extérieurs, essentiellement celui des États-Unis d'Amérique a donné des résultats satisfaisants. Le nombre d'entreprises d'assemblage produisant des vêtements, des articles de sports, des jouets et l'électronique surtout, atteignait le nombre de 250 en 1985. Parallèlement, le nombre d'emplois fournis par ce secteur (50000 en 1985) en faisait le plus dynamique. Cependant, il convient de noter que ce secteur a connu une certaine régression durant les périodes suivantes 1988/1990 et 1991/1994, de l'ordre de 15,37% et 13,42 du PIB10(*).

c) Secteur tertiaire

En ce qui concerne le secteur tertiaire, notre étude portera surtout sur le sous-secteur touristique. Il convient de signaler que ce secteur a également participé à la croissance économique pour cette période. Les statistiques disponibles montrent qu'entre 1971 et 1980, Haïti recevait plus de 300 000 visiteurs l'an. Malgré tout, depuis les années 70, Haïti n'a jamais occupé une place valable au sein de la communauté de la Caraïbe dans le domaine touristique. Alors qu'en 1978 nous ne recevions que 111642 touristes avec une progression de 1.6% sur 1977, nos voisins en recevaient beaucoup plus. Ainsi la situation de La République Dominicaine au cours de la même période, est bien meilleure avec 257107 en progression de 3.7%; Et la Jamaïque avec 381.818 et une progression de 5.4% et Porto-Rico avec 1.474.632 et une progression de 21%11(*) s'en tirent encore mieux. Aujourd'hui, Haïti n'est plus une destination touristique et ce nom a pratiquement disparu des dépliants publicitaires des opérateurs de tour.

B- Période de crise

a) Crise pétrolière

La deuxième période, contrairement à la première revêt un caractère tout à fait particulier. Depuis la récession mondiale de (1980-1988)12(*), Haïti s'enfonce dans une crise économique qui à la suite de l'effondrement du régime des Duvalier en 1986, se transforme en une crise multidimensionnelle. Et, les causes en sont complexes : augmentation des prix des produits dérivés du pétrole, baisse substantielle des prix des produits manufacturés et agricoles sur le marché international associée à la diminution progressive de l'aide internationale et des transferts de fonds de la Diaspora haïtienne et aussi aux premières difficultés majeures du tourisme haïtien.

b) Déficit budgétaire

Le solde budgétaire moyen a accusé un montant négatif d'environ 379 millions de gourdes vers la fin des années 70 et 381 et 745 millions de gourdes respectivement pour les périodes 1986-1990 et 1991-199513(*). La détérioration de la balance commerciale avec 30% de déficit du PIB et la décroissance continue du niveau de réserves nettes de change ont été telles que la stabilité de la gourde a été menacée avec le développement d'un marché parallèle au cours de cette période14(*).

Le ralentissement du processus d'industrialisation, puis la réduction progressive du niveau d'emploi dans ce secteur, liés à la dégradation de l'environnement rural ont rendu la situation beaucoup plus difficile. Plus de 60 à 70% de la population active selon les statistiques publiées en 1995 dans le rapport du PNUD sur la coopération ont été atteints par ces problèmes.

C- Période des déséquilibres macro et microéconomiques

La troisième période comme nous l'avons mentionné précédemment est caractérisée par de grands déséquilibres économiques. Ainsi le pays a été choqué par le coup d'Etat du trente septembre 1991. Et, la réaction de la Communauté internationale à l'égard des putschistes a eu des répercussions sévères sur la situation socio-économique de la population. En effet l'embargo commercial imposé par la communauté internationale contre le pouvoir militaire a entraîné une accélération dans le processus du déclin affectant le système productif. La récession qui en est résultée a eu des conséquences déplorables dans tous les secteurs de l'économie haïtienne.

L'analyse des données publiées par l'IHSI, indique que l'agriculture haïtienne a connu une diminution de 32% de sa valeur ajoutée de 1990/1991 à 1993/199415(*). A cela s'ajoute la réduction des exportations officielles de 200 millions à moins de 60 millions pour cette même période. De plus, les statistiques disponibles indiquent une diminution de 23% de la valeur ajoutée industrielle globale durant la période de l'Embargo. En effet, le nombre d'industries d'assemblage est passé de 191 à 97 entre 1990 et 1992 et, les branches industrielles tournées vers le marché interne ont connu une diminution importante de leur valeur ajoutée.

Les investissements privés sont passés de 9,7% du PIB en 1990 à moins de 6% en 1994. Le niveau des recettes publiques est passé à seulement 3,1% du PIB en 1994 et le déficit du budget du gouvernement central qui avait atteint le chiffre record de 684 millions de gourdes en moyenne annuelle durant la période a été totalement financé par l'augmentation de la dette interne vis à vis de la Banque Centrale aggravant ainsi la dépréciation de la monnaie. Il convient aussi de signaler que la situation du change montre un taux global de dépréciation de la gourde de 46% à la fin de 1994 par rapport à 1990/1991 occasionnant ainsi une perte annuelle de 1.55% pour la période contre 2,8% pour la période antérieure16(*).

L'inflation a été très sensible à cette époque au point que le taux enregistré en 1994 était supérieur à 50% et le pouvoir d'achat des salariés s'est retrouvé ainsi diminué de plus de la moitié de sa valeur réduisant par contre la capacité de la majorité de la population à faire face à ses besoins essentiels.

L'ensemble de ces difficultés économiques a eu des retombées négatives sur les conditions de vie de la population haïtienne.

L'analyse des données publiées par le PNUD en 1995 nous a permis de faire les considérations suivantes :

Alors que la moyenne des calories par habitant et par jour est estimée à 2270 calories, la capacité alimentaire d'Haïti n'était capable que de fournir 1145,6 calories pour compenser ce déficit alimentaire, la valeur calorifique journalière des produits alimentaires importés est passée de 430 à 819 durant la même période. La dégradation de la situation alimentaire touche également la carrière scolaire et académique. En matière de scolarisation, il est estimé que 95% des garçons et 89% des filles fréquentent l'école primaire. La disparité est cependant grande entre les zones urbaines et les zones rurales. Par ailleurs, seulement 22% de la population scolarisable ont accès à l'enseignement secondaire.

L'inadéquation des programmes d'enseignement, langue de formation (créole/français, la faible qualification des maîtres et l'insuffisance des moyens financiers sont parmi les facteurs qui ont limité le rendement de l'enseignement en Haïti.

De plus, l'inefficience traditionnelle de l'Etat dans le secteur de l'éducation et la faiblesse des investissements dans ce domaine font que les écoles et collèges publics ne touchent au plus que 20% du total des scolarisés. Les établissements privés, dont le niveau d'enseignement est peu contrôlé par le Ministère de l'Éducation nationale, pratiquent des tarifs qui excèdent généralement les capacités financières de la majorité des parents, ce qui explique le faible taux de scolarisation dans l'enseignement secondaire.

Les répercussions de la dégradation de la situation économique sur la santé de la population sont également préoccupantes. En 1990, seulement 60% de la population avaient accès aux services de santé primaire. Actuellement, il est estimé que ce taux est inférieur à 50%. L'espérance moyenne de vie à la naissance qui était de 57 ans (67 ans pour l'ensemble de l'Amérique Latine) était en grande partie due au fort taux de mortalité infantile (94/1000 entre 0 et 1 an; 133/1000 entre 0 et 5 ans). Aujourd'hui cette situation s'est aggravée, réduisant l'espérance moyenne de vie à la naissance à 42 ans. 

Les maladies infectieuses (la tuberculose et les maladies sexuellement transmissibles) sont les plus couramment rencontrées en Haïti. L'accroissement de la population de Port-au-Prince et la bidonvilisation accélérée du milieu urbain aggravent encore davantage cette situation. Il est à cet égard significatif de noter que le nombre de malades atteints du SIDA s'accroît. Cette affection est en passe de devenir la cause principale d'hospitalisation des populations les plus démunies. Les taux de prévalence VIH étaient de 2 à 4% en milieu rural; 3% dans les couches socioprofessionnelles urbaines supérieures ; 6 à 9% dans la population urbaine défavorisée au cours de la période 1994-1996. Aujourd'hui ce chiffre est passé à plus de 12% en Haïti.

Il existe à travers le pays 663 établissements de santé dont seulement une centaine dispose de structures d'hospitalisation. Mais malheureusement leur répartition géographique ne correspond pas toujours aux besoins et à la taille des différentes régions du pays. Pour pallier à l'incompétence du gouvernement en matière santé, les ONG se sont impliquées dans le domaine mais malheureusement sans cohérence et coordination.

Le Ministère de la Santé Publique avec ces 9 000 salariés représente approximativement 19% de l'ensemble des employés de la fonction publique. Cependant, les professionnels de la santé ne comptent que pour 38% du total et sont concentrés en majeure partie dans la zone métropolitaine17(*). Au vue de ce qui précède nous pouvons dire que l'économie haïtienne connaît de sérieux déséquilibres, parce que les choix opérés par les acteurs politiques ont été mauvais et également les voies de développement privilégiées ont été mal orientées.

PREMIERE PARTIE

Situation socio economique d'Haiti

CHAPITRE 1 La situation socio-économique de 1970 à 2005

Les structures de l'économie haïtienne se présentent de la manière suivante. Un secteur primaire prédominé par l'agriculture, un secteur secondaire caractérisé par l'industrie de la sous-traitance et enfin un secteur tertiaire dominé par le sous-secteur touristique et le sous-secteur bancaire. Si le secteur bancaire a connu une forte croissance, l'agriculture et l'industrie ont beaucoup régressé.

Les mauvaises voies de développement choisies par nos dirigeants et la croissance démographique accélérée de ces trente dernières années ont conduit à de sérieux déséquilibres économiques et à la dégradation des conditions de vie de la population haïtienne. En 1995, avec 2.1% contre 1,6% pour le Brésil par exemple, Haïti connaît le taux de croissance démographique le plus élevé d'Amérique latine. La production agricole se révèle de plus en plus insuffisante pour répondre aux besoins accrus de la population. Les causes de cette insuffisance sont nombreuses et préoccupantes et peuvent se résumer de la manière suivante : Absence de mesures d'incitation et d'encadrement au bénéfice des paysans avec des objectifs clairement définis, insuffisance de crédit agricole, les problèmes fonciers, insuffisance d'encadrement technique, insuffisance d'infrastructures rurales et absence de politique de prix.

Le produit intérieur brut est en constante régression au cours de ces 15 dernières années par rapport aux autres pays de l'Amérique Latine et des caraïbes. Le rapport publié par la BID en 1995 rapporte les chiffres suivants concernant certains pays de la région : le taux d'accroissement du produit intérieur brut d'Haïti était seulement de 4,5% contre une participation du Pérou de 7,6% et le Chili de sur 15 ans 7%18(*).

Le niveau d'industrialisation se révèle de plus en plus faible et inopérant. L'inégale répartition des revenus ; le chômage aigu, la balance commerciale déficitaire, l'inadéquation des soins sanitaires, la sous-alimentation et l'analphabétisme sont autant d'handicapes qui font écran au développement économique et social d'Haïti.

SECTION 1. L'Evolution de L'Economie Haïtienne

Comme nous l'avons mentionné précédemment, la situation de déséquilibre qui caractérise l'économie haïtienne actuellement est le résultat des mauvaises voies de développement choisies par nos dirigeants depuis notre indépendance. En effet, depuis 1804 l'économie haïtienne a progressé de manière très contrastée avec un arrière-plan politique caractérisé par une alternance frappante entre la tyrannie et l'anarchie. Cependant, cette évolution a été marquée par quelques rares périodes de croissance, de booms exceptionnels liés le plus souvent à l'envolée des cours de certains produits (café, cacao, figue banane, sisal, huiles essentielles) ou aux performances conjoncturelles de certains secteurs d'activités : (Tourisme, industries extractives, industrie d'assemblage pour l'exportation).

Ces périodes de croissance à cycle très court ont été suivies de longues phases de stagnation débouchant sur des périodes de dépressions et de crises, conséquences le plus souvent de troubles politiques et parfois d'accidents climatiques. La résultante de ce cycle d'évolution a été une tendance séculaire au déclin et à la paupérisation. En effet après une période de croissance rapide dans les années 70 liée au développement de la sous-traitance internationale et à une conjoncture boursière favorable à nos denrées d'exportation (café, cacao...), la situation de l'économie haïtienne n'a cessé de se détériorer à partir des années 82 pour finalement s'effondrer en 1994.

Dans les pages qui suivent nous allons analyser les différentes étapes de l'évolution de l'économie haïtienne et identifier les facteurs qui ont limité son développement.

1.1. Période 1970-1980

Alimentée par une agriculture active quoique traditionnelle d'exploitation de café, cacao et huiles essentielles, l'économie haïtienne a connu une certaine stabilité jusqu'au début des années 1970. En effet, elle a enregistré pour la première fois un taux élevé de croissance de 5% en moyenne par an en terme réel, accompagné d'une croissance par an du produit per capita. Tout cela résulte de l'adoption d'un modèle de développement dont les stratégies se sont axées sur la promotion des exportations agricoles, industrielles et touristiques. Cependant, des variations négatives du produit intérieur brut et d'autres agrégats économiques ont surgi depuis 1981, d'où l'émergence d'une crise sans précédent historique qui étouffe notre économie ; une situation qui perdure encore.

Sur le plan économique, les résultats obtenus ont fait état de grande performance au cours de la décennie 1970. Le produit intérieur brut (PIB) s'est accru d'un taux annuel moyen de 5% ; résultat qui n'a jamais été observé auparavant. C'est une époque de grande stabilité des prix (du moins ils croissaient faiblement) et du change, résultant de la position d'Haïti sur le marché d'exploitation, des entrées de capitaux externes, lesquels ont comblé l'insuffisance de l'épargne mondiale dans le financement des investissements locaux. Cette époque a été marquée d'un déficit modéré des finances publiques d'environ de 190 millions de gourdes selon les statistiques disponibles. En effet, l'euphorie économique des années 1970 découle de l'abandon d'un modèle de développement dont l'objectif est d'amorcer le processus de modernisation économique d'Haïti par création des infrastructures physiques et sociales et un cadre macro-économique viable nécessaire à cette fin. Il s'agit alors d'un modèle qui stipule du pays sur l'extérieur en provenant l'exportation agricole, industrielle et touristique. Ainsi, un regain d'activités à caractère économique, comme l'implantation de l'industrie d'assemblage, l'afflux d'aide externe, la montée spectaculaire du secteur financier haïtien etc.., ont eu sur l'économies nationale des impacts vraiment positifs. Le pays a pu accroître ses exportations, ce qui a provoqué une entrée considérable de devises alimentant nos réserves nettes de change. Nos exportations ont enregistré une augmentation de 887,4millions de gourdes en 1979/1980 passant de 241 millions en 1970 à 1128,5millions (tableau 3), soit une variation annuelle moyenne d'environ 20% l'an. Quant aux activités touristiques, elles ont connu un certain dynamisme, tenant compte de la relativité stabilité sociopolitique de cette époque

Tableau 3 - Exportations, importations sur biens en (million de gourdes)

Exercices

Exportations

Importations

Taux de couvertures des exportations (en %)

1970/1971

241.1

296.2

81.4

1971/1972

211.5

329.2

64.3

1972/1973

256.3

383.3

66.9

1973/1974

356.7

556.6

64.1

1974/1975

393.3

712.6

55.2

1975/1976

583.9

1005.3

58.1

1976/1977

716.5

1041.2

68.8

1977/19078

794.6

1103.4

72.0

1978/1979

739.4

1330.8

55.6

1979/1980

1128.5

1770.8

63.7

Sources : Administration générale des douanes

BRH- Direction des Etudes Economiques

Le nombre de touristes et d'excursionnistes entrant dans le pays a presque quadruplé passant de 84,164 en 1970 à 301,521 en 1979/1980) les deux pris ensemble) : Tableau 3. Cependant les importations ont considérablement progressé au cours de cette même période. Elles ont enregistré une croissance moyenne d'environ 23% l'an en passant de 296.2 en 1970 à 1770.8 millions de gourdes en 1979/1980. Ce qui contribue a l'accélération du déficit commercial d'Haïti (22,84% l'an). En même temps, cela ne fait qu'aggraver le déficit du compte courant 56% l'an de 1972 à 1980) et par ricochet, celui de la balance des paiements tel que le montre le tableau 5

Tableau 4 - Nombre de visiteurs arrivant dans le pays (en milliers)

Exercices

Touristes

Excursionnistes

1970/1971

41.994

42.170

1971/1972

60.980

77.906

1972/1973

69.810

82.833

1973/1974

79.468

129.543

1974/1975

77.742

174.038

1975/1976

85.419

197.366

1976/1977

92.976

193.334

1977/1978

105.670

191.137

1978/1979

129.479

170.470

1979/1980

138.874

162.647

Sources : Office national du Tourisme ;

BRH-Direction des études économiques

Tableau 5 - Déficit courant et déficit commercial (en millions de gourdes)

Exercices

Balance commerciale

Compte des opérations courantes

Débit 

Crédit 

Balance courante

1970/1971

-30.5

445.5

425.5

20.0

1971/1972

-76.9

482.5

450.8

31.7

1972/1973

-60.5

546.7

552.9

-6.2

1973/1974

-132.4

643.0

753.5

-110.5

1974/1975

-209.3

914.1

1048.4

-134.3

1975/1976

-261.6

1267.9

1369.3

-101.4

1976/1977

-311.0

1415.0

1602.5

-187.5

1977/1978

287.7

1642.2

1865.4

-223.2

1978/1979

-410.4

1710.4

1984.3

-273.9

1979/1980

-515.1

2337.5

2855.9

-518.4

Sources : BRH - Direction des études économiques

Une telle situation doit son explication au fait que, d'une part, les industries de sous-traitance installées au début de cette décennie nécessitaient pour le fonctionnement de leurs opérations d'équipements et de matières premières importées. D'autre part, la réalisation de grands travaux d'infrastructures par l'Etat haïtien exigeait aussi de matériels provenant du reste du monde. Tout cela, combiné à la croissante des biens alimentaires et de luxe dans le volume des importations tend à élargir le déficit commercial du pays. Pourtant un tel déséquilibre ne compromettait pas les résultats encaissés au cours de cette période. D'importantes entrées de devises provenant des exportations commerciales et touristiques (taux de couverture X/M=65% et de façon particulière des capitaux externes prêts et dons0 atteignant les 472 millions de dollars près en 1979/1980, ont pu atténuer les impacts négatifs qui en auraient découlé.

Il s'en suit que la position des réserves nettes de change s'est beaucoup améliorée. Après des variations négatives en 1972/1975 de 15.6 à 120.8 millions de gourdes, elles ont enregistré des entrées nettes de 93.5 millions en 1975/1976,68 millions en 1976/1977, 76 millions en 1977/1978 et 80.9 millions en 1979 (tableau-6). Cela maintenait la valeur interne et externe de la monnaie nationale (la gourde) à un niveau relativement stable : Une situation dans la quelle la gourde et le dollar circulaient ensemble.

Tableau 6 - Déficit courant, Mouvement de capitaux et Réserves de change (en millions de gourdes)

Année

Déficit courant

Mouvement de capitaux

Réserves de change

1970/1971

20.0

25.7

-45.7

1971/1972

31.7

16.8

-48.5

1972/1973

-6.2

-9.4

15.6

1973/1974

-110.5

11.2

99.3

1974/1975

-134.3

14.1

120.8

1975/1976

-101.4

194.9

-93.5

1976/1977

-187.5

255.5

-68.0

1977/1978

-223.2

294.3

-71.1

1978/1979

-273.9

354.8

-80.9

1979/1980

-518.4

472.4

-46.0

Sources : BRH-Direction des études économiques

Par ailleurs, profitant des effets induits du processus de modernisation d'Haïti, d'autres secteurs vont également connaître un certain dynamisme, entre autre le secteur bancaire. Jadis atrophié, ce secteur commence donc à jouer son rôle moteur du développement économique. Avec la création de la Banque de la République d'Haïti (BRH) et de plus d'une dizaine d'institutions monétaires financières nationales et étrangères, le secteur financier haïtien a pu connaître un certain essor en facilitant la circulation monétaire, la mobilité du capital par l'octroi du crédit à l'économie. L'évolution de ce secteur a eu de grandes incidences sur l'épargne nationale.

De 1970 à 1974, l'épargne brute s'est accrue de 456,3%. Durand l'exercice suivant, elle a augmenté de 91% par rapport à son niveau de 1970-1971et cette progression. Hormis un certain ralentissement observé en 1976-1977, est maintenue tout au long de la période.

Tableau 7 - Evolution de l'Epargne nationale en % du PIB (en millions de gourdes courantes)

Année

Epargne

PIB Courant

Epargne/PIB(en %)

1970/1971

212

2261

9.4

1971/1972

246

2312

10.6

1972/1973

300

3129

9.6

1973/1974

308

3663

8.4

1974/1975

405

4272

9.5

1975/1976

584

4395

13.3

1976/1977

560

4897

11.4

1977/1978

634

5060

12.5

1978/1979

664

5600

11.9

1979/1980

720

7183

10.0

Sources : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatiques (IHSI)

Quant au rapport Epargne/PIB, il a accusé un taux de 10.6% au cours de l'exercice 1971/1972. Cette relation a connu une évolution sans précédent tout au cours de cette période : 13,3% en 1975-1978, corollaire d'une forte croissance de l'épargne à cette même date. Ainsi s'est formé le capital destiné à accroître la capacité productive de l'économie, laquelle a du déboucher sur l'investissement productif source de création d'emplois et porteur d'effets cumulatifs sur l'ensemble de l'économie"19(*).

Ce panorama traduit la situation économique d'Haïti au cours de la décennie 1970-1980 : une époque marquée par l'expansion et la stabilité économiques. Cette performance relative a pourtant subi, durant la décennie qui a suivi, de profondes perturbations qui se sont traduites par la baisse de la production nationale, par la détérioration du niveau de vie et la dépréciation effrénée de la gourde, avec l'apparition depuis 1981 d'un marché parallèle de change. Donc, fort de toutes ces considérations la crise dans sa marche ascendante a atteint des dimensions considérables occasionnant ainsi, des déséquilibres économiques sans précédents.

1.2. La Crise de l'Etat et ses conséquences, 1981-1994

L'Etat, de par sa mission, est appelé à jouer un rôle important dans le développement socio-économique de la population. Malheureusement dans le cas d`Haïti, le pouvoir a rarement assuré cette fonction.

Les différents régimes qui se sont succédés ont démontré clairement l'incapacité de l'Etat à satisfaire les besoins de la société et les aspirations de citoyens. Avec le processus d'effritement de la machine gouvernementale qui précéda et suivit le départ de Jean Claude DUVALIER en 1986, cette incapacité devint encore plus évidente. Elle fut mise à nu par la persévérance des luttes civiques qui ont dénoncé et contré l'administration néo-duvaliériste et le militarisme au pouvoir.

Dans le contexte de cette dégradation exacerbée par la corruption et par les pressions revendicatives de la population, l'Etat s'est révélé de plus en plus incapable de remplir adéquatement ses fonctions d'autorité de gestion et d'orientation politique.

Ainsi, la nombreuse et omnipotente classe au pouvoir s'est convertie en une institution arbitraire, inefficace, rongée par la corruption, dénuée de toute légitimité et d'autorité.

Cette crise s'est manifestée dans la vie quotidienne de tous les citoyens. Elle s'est exprimée par l'incapacité de l'institution étatique à gérer la crise sociale, à faire face aux conflits politiques, à restaurer l'ordre et à offrir les services les plus élémentaires à la communauté. Ne pouvant se renouveler faces aux revendications de la population en faveur de la démocratie, de la modernité, de la justice, l'Etat a tenté à s'en remettre, pour assurer certaines de ses fonctions, aux organismes étrangers d'assistance ou directement aux puissances de tutelle.

Une telle situation de désagrégation et d'affaiblissement de l'Etat contribue à créer les conditions défavorables au développement économique et à priver la population des services indispensables à son bien-être20(*).

Cette incapacité a favorisé l'ingérence des puissances étrangères et des organismes internationaux qui n'ont pas toujours privilégié les intérêts du pays et de la population.

1.3. Les déséquilibres Économiques de 1994 à nos jours

La croissance économique amorcée depuis la deuxième moitié des années 1970, avec l'implantation du secteur de l'assemblage et les travaux de construction de réseaux routiers, se sont ralentis au début des années 80. En 1980/1981 l'économie haïtienne a connu un taux de croissance relativement élevé de plus de 5%, mais à partir de l'année 1982 elle est entrée dans une phase de récession, conséquence du deuxième choc pétrolier de 1979.21(*)

Au cours de la décennie, 70-80 la balance commerciale a connu un déficit important suite à l'escalade de prix des produits pétroliers et la baisse de la valeur d'exportation des produits traditionnels (bauxite, café, cacao, sucre...). La facture élevée d'importation et les termes d'échanges défavorables ont été particulièrement la cause de l'accentuation du déficit de la balance commerciale.

Le secteur agricole considéré au cours des années 1970 comme le plus dynamique, en termes de contribution à la formation de la valeur ajoutée, a cédé le pas au secteur des services. Aujourd'hui, sa participation au PI B représente moins de 24% contre 50%22(*) au cours de la période 1970-1980.

Les statistiques présentées dans le rapport annuel de la B.R.H 1996 chiffraient le poids des secteurs de commerce, de la restauration et de l'hôtellerie, des transports et communication et des services marchands et non marchands à 41,03% du PIB en 1985-1987, 41,41% en 1988-1990, 40,94% en 1991-199423(*).

Quant au secteur industriel sa participation n'a pas été suffisante, compte tenu de son développement dans la structure du PIB. La valeur ajoutée des "industries manufacturières" a représenté 15,89% du PIB en 1985-1987, 15,37% en 1988-1990, et 13,42% 1991-1994. Celle des secteurs "Bâtiments et Travaux Publics" a été respectivement de 0,94% et 0,66%, indique le même rapport.

Le système bancaire a poursuivi son développement, favorisé par la disponibilité des ressources plutôt à bon marché. Le recours de plus en plus important au crédit de la banque centrale pour le financer les dépenses du secteur public a en effet, rendu plus aisée la captation de dépôts par les banques du système. En 1985, l'excédent de réserves du système bancaire s'élevait à 310,6 millions de gourdes, soit 16,09% du total des dépôts. En 1989, l'excédent était de 221,4 millions de gourdes soit 7,39% des dépôts, ceci, en dépit des diverses mesures adoptées par la Banque centrale pour limiter la surliquidité des Banques.

D'autre part, au début des années 80 plus particulièrement vers 1982 l'accumulation d'arriérés commerciaux a produit des conséquences néfastes à l'économie nationale.

La monnaie nationale dont la parité a été fixée depuis 1919 à 5 gourdes pour 1 dollar américain, a commencé à se déprécier. Cette dépréciation plutôt lente à ses débuts était de 4,4% en 1985-1986, 2,98% en 1987-1989, 9,9% en 1990-1991, alors que les taux d'inflation pour les mêmes périodes ont été respectivement de 8,1%, 3,3% et 18,5%.

Il faut aussi noter que pour la période 1991-1994 le chômage a atteint des proportions incontrôlables. Plus de 80% des familles haïtiennes n'étaient plus en mesure d'assurer la couverture de leurs besoins essentiels.

Au niveau des finances publiques, les recettes courantes qui représentaient 14% du PIB en 1985 se sont effondrées à 3.1% en 1994 et les dépenses courantes de 22% à 6,3%. Les déficiences structurelles du système de perception jointe à la baisse générale des activités ont contribué à aggraver le déficit global du secteur public qui a atteint 684,4 millions de gourdes en moyenne annuelle sur la période, alors que le déficit moyen n'était que de 260,6 millions de gourdes au cours de la période 1985-198724(*). Ce déficit, en l'absence de ressources externes a été intégralement financé par la BRH.

En 1982, la crise socio-économique s'est accentuée. L'économie est passée d'une période d'inflation de 10% à des taux de 20% à 50%, réduisant ainsi le pouvoir d'achat de la population.

La dépréciation de la gourde avait atteint alors un niveau record, passant à 27,4% en 1992-1993. Mais heureusement, à la faveur du retour au pouvoir constitutionnel en 1994 la situation s'est améliorée et la dépréciation est passée à 19,7%.

La baisse de la production intérieure brute (PIB) a atteint 30% sur l'ensemble des trois années fiscales 1991-1994. Le ratio investissement / PIB est tombé au niveau de 6% en 1994 alors qu'il était de 9,7% en 1990, marquant la rapide décapitalisation de l'appareil productif25(*).

Sur le plan des finances publiques, l'année 1996 a débuté en effet, avec une situation précaire des finances publiques caractérisée par un déficit budgétaire de plus d'un milliard de gourdes et un retrait total du financement externe suite aux ruptures des négociations avec les bailleurs de fonds en novembre 1995. L'unique source de financement du gouvernement étant alors la BRH. Une atmosphère de fragilité monétaire n'a pas tardé à émerger avec bien entendu, des répercussions sur le taux de change du dollar par rapport à la gourde qui avoisinait 240% en février 1996.

Bien que controversées et dommageables pour les fonctionnaires publics dont certains n'ont pas pu recevoir leurs salaires à temps, les mesures d'austérité exigées par la politique d'ajustement structurel allaient produire des effets négatifs sur le marché de change et, dès mai 1996 le taux de change gourde/dollar commençait à se stabiliser autour de 215% sur le marché.

Ces mesures inédites dans les annales de nos finances publiques ont certainement impressionné les bailleurs de fonds qui ont pris actes de bonnes dispositions des autorités à s'engager dans le programme d'ajustement structurel. Ils se sont rendus compte qu'ils pouvaient exiger beaucoup plus de ce pouvoir qui avouait publiquement que son unique planche de salut demeurait le programme d'ajustement structurel (PAS).

Le programme d'ajustement structurel dans son application a eu des effets positifs dans les premiers moments. En effet, quelque six mois après l'entrée en vigueur officielle des reformes économiques axées fondamentalement sur le programme d'ajustement structurel (PAS) signé avec le F.M.I. en 1996, certains de ces progrès importants ont été enregistrés au niveau des finances publiques.

En dépit du fait qu'un grand nombre de lois sur les finances publiques et tarifs douaniers n'avaient pas encore été promulguées et attendaient les dernières décisions soit au niveau du sénat, soit au niveau de la chambre des députés, les autorités fiscales et douanières les ont quand même mis en application, ce qui avait contribué rapidement à porter une amélioration importante au niveau des ressources du Trésor Public.

Déjà, après les cinq premiers mois de l'exercice 1996/1997, le trésor public a pu encaisser 1976 millions de gourdes équivalant à 62 % des recettes de l'exercice 1995/1996, à raison d'une moyenne mensuelle de 395.2 millions de gourdes. En ce qui a trait aux dépenses pour les cinq premiers mois du même exercice, elles se chiffraient à 54% de l'ensemble des débours réalisés par le trésor public en 1995/1996 lequel avait déjà à la même époque, accusé un déficit de plus d'un million de gourdes.

L'amélioration des recettes a contribué à faire baisser le ratio salaire/ressources de 51% en 1995/1996 à 49% en 1996/1997. La baisse de ce ratio est aussi un critère de performance du programme qui mise sur une plus grande productivité du personnel et une meilleure allocation des ressources du trésor public dont une plus grande part devrait être consacrée au budget d'investissement. A la vue de ces données nous pouvons constater que les cinq premiers mois de l'exercice 1996/1997 ne témoignent pas la performance attendue au niveau des finances publiques par les responsables. Au contraire, les indicateurs pointent sur une économie pratiquement en détresse. La gourde a eu beaucoup de mal à maintenir sa stabilité et réagissait au moindre signal d'instabilité sociale. Toutefois, il faut signaler qu'au cours du premier trimestre 1996/1997 le dollar s'échangeait à 205% par rapport à la gourde. La Banque centrale pour pallier
à cette situation a injecté 12 millions de gourdes sur le marché des changes et malgré tout, la monnaie américaine a continué à s'apprécier26(*).

Ainsi, si le PAS (programme d'ajustement structurel) a dû forcer les autorités à gérer plus sainement les ressources du trésor public, une combinaison de facteurs, dont la faible capacité d'absorption de l'Etat haïtien, la débilité des structures de production et la volatilité de la situation sociopolitique n'ont pas milité en faveur des effets positifs sur l'économie, déjà fortement affectée par le chômage urbain et rural. Ainsi se résument certains éléments entrant dans le processus de blocage du développement économique du pays.

SECTION 2. Les difficultés économiques et leurs répercussions sur les conditions socio-économiques de la population

Comme nous venons de voir à travers les sections précédentes, les problèmes socio-économique et politique qui ont bouleversé le pays à partir des années 80, et surtout la mauvaise gestion de la chose publique qui caractérise les gouvernements qui se sont succédé expliquent aisément la situation désastreuse dans laquelle Haïti se retrouve aujourd'hui.

Le taux de croissance de 5% qu'a connu l'économie vers les années 1970 ne peut plus se maintenir. L'Etat est confronté à une crise aiguë qui a coûté au pays des vies humaines et des sommes phénoménales en devise. Bref, le ralentissement des activités économiques et le déclin de la production nationale ont empêché la mise en place des services les plus élémentaires de base à la population.

L'Etat haïtien pour pallier à cette situation a eu recours très souvent aux bailleurs de fonds internationaux en particulier, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) qui font parfois de grandes exigences pour couvrir leurs fonds décaissés. Et, nous ne sommes pas sans savoir que ces derniers ont eu des répercussions néfastes sur la vie de la population haïtienne. Il convient aussi de signaler que les organisations internationales telles que : UNICEFF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance), OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ACDI (Agence Canadienne développement International), USAID (Agence Américaine pour le développement international) ont largement contribué au soulagement de la population. Toutefois, à la lumière des données disponibles tirons quelques conclusions appuyées par une analyse de la situation.

2.1. Baisse du revenu de la Population

La situation de crise qu'a connue le pays durant ces 15 dernières années ont des retombées négatives sur le revenu de la population. La population rurale a lourdement souffert de ces difficultés économiques. Pour survivre les paysans ont été obligés de vendre leurs biens fonciers et les têtes de bétail. Ils ont loué toute leur force de travail excédentaire aux exploitants aisés. Même les femmes n'étaient pas épargnées de ce mal combien préoccupant.

En milieu rural, le taux de chômage est intolérable. Selon une étude de l'OMS/OPS publiée en 1997, il a atteint 65%, accompagné d'un taux d'inflation de 15,65. La croissance de l'emploi s'est traduite par une baisse considérable, ne dépassant pas 3% entre 1981 à 1986, et 1986 à 1991 contrairement aux prévisions faites par le Ministère du Plan au cours de la période 1975/1980 qui était de 5,58%27(*).

Il convient aussi de signaler que, depuis 1980, le PNB par habitant a décliné de 20% et il s'établit seulement à US $350 pour finalement atteindre $320, le niveau le plus bas des Amériques, un chiffre difficilement pensable pour les hommes qui vivent dans les pays industrialisés et même pour ceux des pays en voie développement plus avancés28(*). Donc, l'ensemble de ces considérations explique l'extrême pauvreté de la population haïtienne, qui devient sous-alimentée, privées de soins de santé de base, d'éducation, de loisirs etc.

Et, cette situation de pauvreté et de misère dépasse même la compétence des grandes organisations internationales en matière d'intervention là où le besoin se fait sentir sous forme d'aide face à une population qui confronte un taux de chômage aigu ou des pertes d'emplois démesurées. Dans ce même ordre d'idée depuis 1995 on a assisté à une certaine volonté des organismes d'Aide à pouvoir soulager la misère de la population. Ainsi la F.A.O. (Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation) lors de la commémoration de la journée mondiale de l'alimentation en octobre 1995 a choisi le thème : « Nourrir le monde». Mais jusqu'ici les signes ne se font pas encore sentir.

Il convient de noter également que la baisse de revenu a eu des répercussions sévères sur la santé, la nutrition et l'éducation de la population en particulier sur celle des couches nécessiteuses.

Dans les pages qui suivent nous allons voir plus en détail ces services et leurs niveaux de satisfaction au bénéfice de la population rurale et la population urbaine.

2.2. Insuffisance des Services de Base

Les difficultés à la fois économiques, politiques et sociales que connaît le pays au cours de ces 15 dernières années ne sont pas sans incidences sur les besoins primaires de la population haïtienne. On a assisté à une dégradation flagrante de toute la structure sociale. Les soins les plus élémentaires sont inaccessibles. La population est abandonnée à elle-même. Ainsi, un secteur aussi important que la santé se trouve en agonie à tel point que nous assistons à une recrudescence des maladies jadis contrôlées. La situation nutritionnelle de la population pour sa part est devenue sombre et préoccupante. Le nombre de personnes ayant accès à l'eau potable a considérablement régressé. En un mot cette situation a augmenté le taux de morbidité et de mortalité de la population.

2.2.1 La Santé

On ne peut pas parler de soins de santé en Haïti si on laisse de côté la vision de l'Etat pour cet important secteur. Quelle est sa politique, sa stratégie et quels sont ses objectifs en la matière ? Ainsi, bon nombre d'entre eux ont été élaborés sans succès depuis 1982. Toutefois, une nouvelle politique, s'inspirant d'avant projets préparés en 1991, 1994 et 1995 a été élaboré en 1996. Cette politique définissait la santé non seulement comme un état de bien-être physique, social et mental, mais aussi comme un équilibre avec l'environnement, dans un contexte de développement global de l'être humain.

Cette politique reconnaît le droit fondamental à la santé et l'accessibilité aux soins à toute personne. Elle fut inspirée par trois principes essentiels ; l'équité la justice sociale et la solidarité. Et, l'application de ce plan devrait atteindre les objectifs suivants:

Ø Réduire la mortalité et la morbidité dues aux problèmes de santé qui affligeaient la population haïtienne.

Ø Assurer la protection et la promotion de la santé de la population sur toute l'étendue du territoire.

Ø Rationaliser la gestion des systèmes et services de santé dans le pays.

Les axes stratégiques étaient de décentraliser et rationaliser la carte sanitaire en développant un mode de financement équitable et efficient par le renforcement de la participation communautaire et la coordination intra- sectorielle et inter- sectorielle.

La grande question reste à savoir quel est le niveau de réalisation de ces objectifs? On doute fort qu'ils aient été atteints à un fort pourcentage, si l'on fait confiance aux données suivantes :

Ø le cas par exemple des maladies d'origine hydrique: la diarrhée représentait la première cause de mortalité chez les enfants démunis de moins de cinq ans. En 1994, le taux de prévalence de la diarrhée était de 27,6% au cours de deux semaines qui avaient précédé l'enquête nationale Emmus-II (Enquête mortalités, morbidités et utilisation des services) et de 9,7% au cours de 24 heures précédant cette même enquête. Bien que la prévalence de la diarrhée au cours des semaines ait rendement diminué passant de 43% en 1987 à 26,6% en 1994, elle reste encore très élevée (47,7% dans le groupe des âges 6-11 mois). La diarrhée constitue aussi la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans. Ces décès sont souvent associés aux IRA (infections respiratoires aiguës) et à la malnutrition.

D'après l'enquête Emmus-II seulement 31,6% des enfants atteints de la diarrhée recevaient une thérapie de réhydratation orale (TRO) à domicile. La typhoïde est endémique dans le pays. En 1991, une importante épidémie a été confirmée dans plusieurs zones marginales de la capitale. En 1992, plusieurs foyers épidémiques ont été rapportés particulièrement dans le sud où le centre des Cayes (La métropole du Sud) qui desservait une population de 100 000 personnes enregistrait au mois de janvier 1993, 12,5% des cas de typhoïde sur un total de 2500 cas analysés. La situation demeurait préoccupante dans le Sud jusqu'en avril 199329(*).

Ainsi, d'après l'enquête les infections respiratoires aiguës (IRA) ont entrainé 12% de décès des enfants de moins de 5 ans en 1987. Au cours de cette même année elles étaient aussi responsables de 30 à 40% des hospitalisations.

En 1994 20% des enfants de moins de 5 ans ont souffert des infections respiratoires aiguës au cours de 2 semaines qui ont précédé l'enquête. Parmi les enfants 27% ont bénéficié d'une consultation médicale et, 25%sont morts.

Il convient de noter également que, la pneumonie constituait la cause majeure de mortalité parmi les infections respiratoires aiguës.

Les statistiques disponibles rapportent que, 71% des femmes étaient assistées par une matrone durant l'accouchement et la mortalité maternelle était de 456 pour 100,000 naissances vivantes.

Le taux de décès des mères résidant en ville est de 1 210 pour 100 000 naissances vivantes. Tandis que celles qui vivent dans les zones rurales accusent un taux de mortalité de 339 pour 100 000 naissances vivantes.

Les principales causes de décès sont :

Ø Obstruction du travail (disproportion cephalo-pelvienne) avec rupture utérine 8,3% ;

Ø Éclampsie probable 16,7% ;

Ø Hémorragie (Placenta praevia) 8,3% ;

Le reste des cas démontre un ensemble de symptômes dont plusieurs sont favorisés par des complications infectieuses ou neurologiques. Ce taux élevé de mortalité maternelle est dû à l'absence des soins prénataux adéquats : ce sont surtout des primigestes ou de grandes multipares, au niveau socio-économique très bas, qui arrivent moribondes, après une tentative d'accouchement à domicile avec un personnel non qualifié.

L'enquête souligne que, 80% des femmes ont accouché leur dernier-né à la maison. 50% des femmes habitant Port-au-Prince ont tendance à accoucher à l'hôpital. Ceci se vérifie pour seulement 31% des naissances dans les autres zones urbaines et 9% de naissances dans les zones rurales. Il convient de noter que le problème de santé est aussi fonction de l'inaccessibilité géographique que présente Haïti en matière de services de santé. La couverture sanitaire est nettement insuffisante.

D'après l'enquête de l'Emmus-II (enquête mortalité, morbidité et utilisation des services) le système sanitaire dispose de 663 institutions sanitaires distribuées à travers tout le pays. Toutefois, une analyse de la situation en 19991 soulignait déjà la couverture inadéquate de la population en services de santé, estimant que 40% au moins de la population ne bénéficiaient d'aucun accès aux soins de santé. Selon la même source, en milieu urbain, la grande majorité des femmes vivent à proximité des établissements sanitaires (79% à 98%) à Port-au-Prince et seulement (62,2% à 87%) dans les autres villes.

Par contre, la situation en milieu rural est bien différente. 75% vivent dans des zones rurales à habitats dispersés, 56% habitent des localités d'accès difficiles (piste, sentier) 12% habitent près d'une route goudronnée, 45% des femmes très éloignés c'est-à-dire à plus de 15 km d'un hôpital, 38% vivent dans des endroits très éloignée d'une Pharmacie, 44% ne disposent pas de services de transport en commun à proximité. D'autre part, après le coup d'Etat de 1991, la prestation de services de santé, surtout dans les institutions publiques, s'est fortement dégradée. On peut penser actuellement qu'environ la moitié de la population n'a pas accès aux soins de santé.

La couverture nationale en ressources humaines se révèle insuffisante. Environ 1,6 médecin, 1,3 infirmière et 0,4 dentiste pour une population de plus de 10 000 habitants. Le Département de l'Ouest à lui seul, où vit le tiers de la population du pays concentre 73% des médecins, 67% des infirmières, 37% des auxiliaires de la santé et la quasi-totalité des institutions de santé et les lits d'hospitalisation.

Le tableau 8 nous donne une idée de la situation.

Tableau 8 - Distribution de la population et des catégories de personnels de Santé par département géographique (1993)

Département

Population

Médecin

Infirmières

Auxiliaires

1- Ouest

2- sud-est

3- Nord

4- nord-est

5- Artibonite

6- Centre

7- Sud

8- Grand' Anse

9- nord-ouest

2 302 723

443 847

727 612

238 784

963 105

470 275

631 453

620 673

399 538

34%

7%

11%

4%

14%

7%

9%

8%

6%

561

21

31

15

69

14

30

13

19

73%

3%

4%

1,8%

9%

1,7%

4%

1,5%

2%

527

41

52

11

33

9

61

22

29

67%

5%

7%

1%

4%

1%

8%

3%

4%

674

42

178

67

218

105

264

160

136

37%

2%

10%

4%

12%

6%

14%

9%

7%

Total

6 798 000

100%

773

100%

785

100%

1 844

100%

Source : Haïti, institutions, personnels de santé et planification familiale, Dr Emmanuel Ade Al, Juin 1994.

Il est important aussi d'analyser la situation socio-économique dans le cadre des pays de l'Amérique Latine et les Caraïbes, car Haïti n'est pas le seul pays touché par la crise des années 1980. Ces derniers aussi n'ont pas pu échapper aux méfaits de cette crise.

Le rapport présenté sur le progrès économique et social en Amérique Latine en 1989 par La BID a fait des révélations concernant l'analyse nationale et a comparé les différentes raisons responsables de la crise dans les différentes régions de l'espace latino-américain. Toute comparaison internationale de l'impact de la crise est difficile, du fait des différences de conditions initiales des pays, des différences de qualité et de classification de l'information disponible, et des différences de niveau de prix dans le domaine de la santé, dont on ne pourrait tenir compte qu'en partie au moyen d'ajustement par rapport à une monnaie commune. On a constaté la grande hétérogénéité de ce qui a été observé.

Même considérée uniquement comme un phénomène économique, la crise des années 1982-1986 n'a pas été uniforme dans tous les pays et cette diversité est tout aussi sensible, lorsqu'on analyse les conséquences pour le secteur de la santé.

En réalité, vu les progrès importants réalisés dans la région au cours des deux décennies précédentes 1960-1980 en ce qui concerne la couverture des services de prévention et d'assistance, il semblerait que la nutrition et, l'approvisionnement en eau potable ont contribué à améliorer les indices de santé.

En définitive, la problématique de la santé en Haïti se pose en termes d'équité et d'accès à d'information beaucoup plus qu'en termes de disponibilité des ressources.

Lorsqu'un haïtien a un problème de santé, il a besoin d'un service. Malheureusement, quatre fois sur dix, l'accès aux centres hospitaliers lui est difficile voire impossible. Mais également l'accès aux centres de santé est difficile en raison des conditions économiques.

2.2.2 Éducation

Selon des projections faites par le groupe: Research Triangle Institute (RTI) à partir des données publiées par l'Institut haïtien de Statistiques et d'Informatiques (IHSI) en 1992, la population haïtienne serait de 8 821709 habitants en 200530(*). La population en âge scolaire groupe (6 à 12 ans) fréquentant normalement les deux premiers cycles de l'école fondamentale, atteindrait les 1579073 en l'an 2005. Entre 1988/1989 et 1994/1995, selon les statistiques disponibles, l'effectif dans l'enseignement primaire était passé de 741 313 en 1987 à 1 156 937en 1995, soit un accroissement de 56% en six ans seulement. Des 100% de l'effectif des filles dans l'enseignement primaire, 48,2% évoluaient dans le milieu rural. Et la proportion fréquentant les écoles primaires du secteur privé pour la même période représentait plus de 68%. En trois ans, entre 1988/1989 et 1991/1992, selon les chiffres disponibles, le taux net de scolarité des enfants âgés de 6 à 12 ans s'est élevé de 37.2% à 44,1%. Dans l'ensemble, une augmentation de 2,3% par an31(*).

Donc, la demande d'éducation est extrêmement forte. Le fait que moins de 50% du groupe d'âge scolaire (6 à 12 ans) se trouvent scolarisé ne reflète pas un désintérêt pour la scolarisation de la part des familles. En effet, la contribution des ménages aux dépenses d'éducation indique au contraire la vigueur de cette demande en dépit des barrières à son accès. Sur la base des informations fournies par l'étude sur les dépenses des ménages dans le cadre du PROBED (projet bilatéral d'éducation), on estime que l'ensemble des ménages urbains a dépensé en 1994/1995 après ajustement, entre 1300 gourdes et 6700 gourdes par ménage pour les dépenses directes et indirectes d'éducation qui s'élèveraient à 3 400 000 000 de gourdes en 1994/1995, ce qui représente plus de 12% du PIB pour cette période. Il s'agit là d'un montant très élevé, comparé aux 2,2% du PIB que représentent les dépenses publiques (MENJS et UEH)32(*). Ce qui fait d'Haïti un cas unique. Ce déséquilibre, mis en parallèle avec la croissance du système et son peu de productivité a fait que l'offre de services éducatifs se trouve fournie par l'initiative privée marginalisant en quelque sorte l'offre publique d'éducation.

L'expansion spontanée de ce secteur pour faire face à l'explosion de la demande sociale s'est opérée au détriment des exigences minimales de qualité. Les entrepreneurs privés n'ont pas toujours les compétences académiques ni les motivations pédagogiques nécessaires pour appliquer les programmes de formations proposées ; les directeurs et les enseignants du secteur privé sont souvent recrutés sur la base de relations personnelles avec peu d'égard pour les compétences même lors que les écoles privées sont organisées en réseaux structurés elles n'échappent pas toujours à cette façon de faire.

En ce qui a trait au rendement scolaire, d'après une étude de La Fondation haïtienne de l'enseignement privé (FONHEP), on estime à 25% le taux net de scolarisation du groupe d'âge 5 à 11 ans. Autrement dit, environ un quart de ce groupe d'âge acquiert les compétences de base en lecture et en écriture.

Cependant, selon la même étude depuis 1988, on remarque une forte augmentation des taux de réussite au baccalauréat. En effet, 30,8% des inscrits au baccalauréat première partie étaient admis en 1994. De même pour la deuxième partie du baccalauréat 1988, le taux de réussite des inscrits était de 58,6% ; en 1994, il a atteint 83,6%33(*).

Cette évolution est elle due à une amélioration des capacités au niveau des inscrits, ou à un relâchement des critères d'admission? Toutefois, cette augmentation des taux de réussite n'est pas un phénomène constant dans la mesure où les résultats des épreuves de 1997 ont renversé la situation avec des taux de réussite très catastrophiques soient de 6,7%.

Le groupe croissance, analysant la situation dans son volume 2 de septembre 97 opine "l'hécatombe du baccalauréat avec un taux de réussite de 6.7% ou plutôt un échec 93% des classes terminales (baccalauréat deuxième partie et de la première partie du cycle secondaire) montre la faillite du système éducatif haïtien. A l'heure où le devenir économique d'Haïti devient le sujet central sur lequel se penchent les citoyens, la problématique de l'éducation en Haïti prend des dimensions préoccupantes et se dresse à l'avant-scène des risques majeurs qui entravent sérieusement le développement de ce pays".

En ce qui concerne l'évolution du nombre d'écoles du système éducatif, selon les données disponibles, la principale caractéristique de l'évolution des effectifs au cours des années 1980 est la très forte poussée du taux de scolarisation sans différence significative entre les effectifs de garçons et de filles.

Les résultats obtenus à partir d'estimation montrent aussi entre les années 1989-1992, un accroissement de 2% du nombre d'écoles et des effectifs du primaire avec une augmentation annuelle de 6% du nombre de salles de classes, imputables essentiellement au secteur privé. Les mêmes données montrent une répartition de plus de quatre établissements primaires pour chaque établissement public, ainsi qu'une répartition urbaine/rurale de 6/4. Les écoles primaires des milieux suburbains et ruraux représentent 75% des effectifs du secteur privé. Grâce aux missions protestantes, aux églises Catholiques, au secteur laïc communautaire, la demande d'éducation reçoit une réponse dans les milieux défavorisés, ce qui contribue à accélérer le processus de scolarisation universelle. Dans le milieu urbain le taux net de scolarisation au niveau primaire est d'environ 90% suivant l'étude de La Fondation haïtienne de l'enseignement privé (FONHEP).

En effet, si la situation est aussi défavorable pour Haïti, le phénomène plus ou moins inverse est observé pour les autres pays du groupe Latino-Américain. Déjà, au cours de ces deux dernières décennies, le secteur éducatif des pays de la région s'est caractérisé d'une façon générale par l'amélioration du niveau d'éducation de la population et l'intégration de plus en plus prononcée de la femme à la population estudiantine. Toutefois, il faut aussi faire remarquer que les pays de l'Amérique Latine, malgré les efforts importants de la dernière décennie, il existe encore des régions dans les milieux ruraux où le niveau de l'éducation est nettement inférieur par rapport aux zones urbaines.

Il est à signaler que le taux de scolarisation aux différents niveaux d'éducation, par pays pour la période 1983-1986 établit bien des écarts entre Haïti et les autres pays de l'Amérique Latine. Si l'on compare des pays comme la Barbade pour les tranches d'âge en primaire de 5 à 10 ans, en secondaire 11à 19 ans et supérieur 20 à 24 ans, on trouve respectivement des pourcentages pour 1984 de 110, 93 et 19 parallèlement à Haïti accusant des pourcentages pour la même période de 78 ;18 ; et 134(*).

Les organisations internationales en particulier les organisations multilatérales ont beaucoup sensibilisé les PMA (pays les moins avancés) sur le fait d'essayer de freiner le processus de la dégradation du système éducatif pour ces quinze dernières années. Ainsi, le rapport de la deuxième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés 1990, relate ce qui suit :

"Les pays les moins avancés devront s'employer de façon soutenue à arrêter et renverser la dégradation progressive du secteur de l'éducation et redoubler d'efforts pour lutter contre l'Analphabétisme, en particulier chez les femmes".

Enfin, la société haïtienne investit des ressources énormes dans l'éducation. Par ailleurs, les efforts des parents représentent un peu plus de 85%35(*) des contributions financières injectées dans le système. Cette grande vigueur de l'initiative privée ne met pas en question la vocation légitime du ministère de l'Éducation de piloter l'ensemble du système éducatif. Cependant, n'ayant pas de contrôle de l'allocation des ressources affectées au système, l'un des objectifs les plus réalistes et aussi les plus importants à poursuivre est la recherche de l'optimisation de l'emploi des ressources au niveau national pour l'Éducation.

Somme toute, la problématique de l'éducation haïtienne reste un phénomène complexe. Il est temps que toute la communauté haïtienne conjugue son effort pour éradiquer cet handicape : Le mal développement du système éducatif.

2.2.3 Nutrition et Alimentation

Sur le plan Nutritionnel, la population se trouve confrontée à de sérieuses difficultés. Au niveau national, à peine 86 % des besoins en calories et 69 % des besoins en protéines sont couverts par la diète journalière. Cette situation est encore plus critique dans les zones rurales et suburbaines. On estime à 27 % la population d'enfants atteints de malnutrition au 2e et au 3e degré en 1990. Nombre qui peut atteindre 50% si l'on tient compte des enfants souffrant de la malnutrition au premier degré.

Bien entendu cette carence constatée chez les enfants est en grande partie fonction de la capacité nutritionnelle des mères et le volume d'informations sanitaires nécessaires à bien prendre soin de leurs enfants.

Quoique les données sont introuvables ou rares, il existe néanmoins des indicateurs selon lesquels les femmes haïtiennes en particulier celles issues des couches défavorisées de la population souffrent d'anémie et de la malnutrition chronique. Et malheureusement les femmes en âge de procréation en sont particulièrement les plus touchées.

Selon une l'enquête d'Emmus-II(1994/1995), la prévalence élevée du faible poids à la naissance est estimée à 15% et celle élevée chez les femmes anémiées variant entre 35% et 50%.Tandis que, la prévalence élevée de l'indice de masse corporelle inférieur à 18.5 Kg/m2 est estimée à18% avec un taux de mortalité maternelle estimée à 456/100000.

Le tableau suivant nous présente quelques principaux indicateurs liés à la nutrition maternelle pour certains pays de la région.

Tableau 9 - Pourcentage de nouveau-nés présentant une insuffisance pondérable, l'indice de masse corporelle et la mortalité maternelle dans quatre pays de l'hémisphère de l'ouest

PAYS

Nouveau-nés

< 2.500 g

indice de masse corporelle (kg/m2)

Mortalité maternelle

par 100.000

Colombia

10%

23,3

200

Cuba

9%

21,18

39

Haití

15%

21,2

456

Etats-Unis

7%

23,5

8

Sources : Cayimites et al, 1995/Kevany, 1995/Mulder Sibandas 1997/UNICEF, 1996

Soulignons également que cette situation déjà préoccupante depuis 1997 s'est encore aggravée aujourd'hui selon une enquête du PNUD, sur les indices de l'insuffisance pondérale, de la malnutrition aigue et des maladies chroniques, réalisée en juillet 2005. Et, ainsi que la présente le tableau ci-après.

Tableau 10 : Etat nutritionnel de la population infantile (6-59mois)

Pays

Insuffisance pondérale

Malnutrition aigue

Maladies chroniques

Haïti

24

13

31

La République Dominicaine

5

2

6

Amérique latine/les Caraïbes

8

2

16

PVD

28

9

32

Pays les moins développé

37

10

43

Sources: PNUD, Enquêtes sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), juillet 2005.

Le problème de l'alimentation n'est pas un phénomène indépendant. Il est lié non seulement avec la nutrition mais au revenu de la population. Estimé en 1975 à un peu plus de 200,00 $, le revenu moyen per capita présentait des écarts de 1 à 7 entre les différentes couches sociales de la population. Alors qu'à Port-au-Prince, le Revenu moyen dépassait 3 fois la moyenne nationale, il n'atteignait qu'à peine la moitié de cette moyenne dans le reste du pays.

En outre, 5 % de population aux revenus les plus élevés accaparaient plus de 50 % du revenu national. Ainsi donc, 80 à 90% de la population se battent dans une situation déjà intolérable de pauvreté. Cet état de fait a largement contribué à la dégradation progressive du système nutritionnel.

D'après le groupe croissance, les professionnels de l'Agriculture font face à des sérieux dilemmes pour savoir combien d'haïtiens pourront être invités à la table nationale. Ce qui est sûr c'est que, d'après les prévisions de l'Institut Haïtien de statistique et d'informatique (IHSI), en l'an 2007, Haïti devra nourrir un million et demi d'habitants de plus qu'en 1996, quand déjà au cours des années 70, la famine était aux portes de nombreuses sections communales du pays plus particulièrement dans le Nord-Ouest, L'Artibonite et le Sud' Est.

D'ailleurs la population rurale à 70 % environ, subit depuis dizaine d'années une de capitalisation prononcée, augmentant davantage sa pauvreté, cause première de la faim et de la sous alimentation. Cette majorité de pauvres dépendent de l'agriculture pour l'emploi et les revenus. Et, tant qu'une telle dépendance perpétuera, l'augmentation de la production alimentaire et de la productivité agricole continuera d'être l'un des principaux moyens capables de soulager la misère et d'améliorer la nutrition1.

2.2.4 Eau Potable et Assainissement

L'eau, élément indispensable pour la continuité de la vie constitue un problème majeur quant à sa gestion, son utilisation et son entretien pour les responsables haïtiens. Tout d'abord voyons les entités responsables de la distribution de l'eau en Haïti. En général, la distribution de l'eau potable et l'Assainissement sont principalement assurés sur l'ensemble du territoire national par quatre institutions publiques, placées sous la tutelle de deux ministères : (MTPTC et MSPP) et par diverses organisations Non-gouvernementales.

L'Approvisionnement en Eau potable est assuré par le Ministère des travaux publics, Transports et Communications par le biais de la centrale autonome métropolitaine d'eau potable (CAMEP) et le service national d'eau potable (SNEP). Tandis que le Ministère de la Santé publique et de la population oeuvre au moyen du poste communautaire d'hygiène et d'eau potable (POCHEP) pour toucher les zones rurales, en utilisant le service de la Direction d'hygiène publique (DHP) pour le contrôle de la qualité de l'eau et de l'hygiène publique en général.

Dans le domaine de l'Assainissement, les entités responsables sont : le Ministère des travaux publics, Transports et Communications (MTPTC), le service des équipements et d'entretien Urbain (SEEUR), Le service de Génie urbain (SGU), Le Service Métropolitain de collecte des résidus solides (SMCRS), Unité d'exécution du projet de drainage (UEPD) et le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP).

Malgré la multiplication des institutions responsables de la problématique l'eau suscite encore des commentaires. A Port-au-Prince, où des études sont conduites par des chercheurs, en particulier par ceux de l'Institut Haïtien de Statistiques et de l'Informatiques (IHSI) on y relève que : 72% des ménages achètent l'eau pour leur usage domestique, 16% s'approvisionnent aux Fontaines publiques et 12% n'accusent aucun mode d'approvisionnement en eau.

16% des ménages ont accès à des latrines ordinaires dans leurs cours ou hors cours, 1% dispose d'un «Water Closet» (Hygiénique). En milieu rural la situation est encore catastrophique avec d'autres problèmes touchant les voies de communication, la santé, l'éducation, l'habitat, l'emploi rémunérateur etc.

Tant en zones urbaines qu'en zones rurales le taux de couverture des besoins en eau potable et assainissement est très faible en dépit même de l'inégale répartition des ressources en eau et en assainissement. D'après les informations fournies par le Comité international interministériel-Agenda-12, les taux de couverture en AEP (assainissement et eau potable) pour les périodes 1980,1990 et 1995 sont respectivement de 48%, 53,2% et 35% pour la capitale haïtienne avec des populations de 290999, 544994 et 636342 habitants. Les villes secondaires ont pour les mêmes périodes des taux de 47, 58,6 et 45%. Tandis qu'en milieu urbain les taux sont de l'ordre de 8, 33,5 et 39% comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 11 - Couverture en AEP dans le pays en pourcentage.

S/Secteur

1980

1990

1995

AEP de P-au-P

48,0

53,2

35,0

AEP des villes secondaires

47,0

58,6

45,0

AEP Rural

8,0

33,5

39,0

AEP dans le pays

18,0

39,5

39,0

Sources: MSPP/OMS/OPS, Analyse de la situation d'eau potable et Assainissement page149.

Ces taux de couverture ont des d'incidences négatives sur la santé de la population, en particulier les femmes et les enfants en bas âge. On est unanime à reconnaître que les maladies d'origine hydrique sont très fréquentes à l'heure actuelle. Prenons les diarrhées par exemple, comme l'avons mentionné dans section précédente elles représentent la première cause de morbidité chez les enfants. Chaque enfant de moins de 5 ans connaît en moyenne 7 épisodes de diarrhée par an d'après Emmus II de 1994. Bien que le taux de prévalence des diarrhées ait diminué passant de 43% en 1987 à 27,6% en 1994, cette prévalence demeure encore très élevée 47,7% dans le groupe d'âge de 6 à 11 ans. Elles demeurent aussi la principale cause de décès chez les enfants de 5 ans : Un décès sur deux (1/2) est dû aux diarrhées seules ou associées aux infections respiratoires aiguës et à la malnutrition. Aujourd'hui encore, malgré la présence de ces institutions, très peu de logements sociaux sont connectés à un service de distribution d'eau. Selon une enquête réalisée par le PNUD sur les conditions de vie de la population en Haïti en juillet 2005, dans l'ensemble du pays seulement 8,5% de logements sont connectés à un service de distribution d'eau. De cette catégorie 80,7% se trouvent en milieu urbain. Par contre, pour les logements n'ayant aucune connexion plus de soixante pour cent (63,9%) se trouvent en milieu rural.

Enfin il convient de signaler que Les diarrhées sont à l'état hyper-endémique en Haïti. Il faut signaler que les dépenses d'investissement dans le secteur d'approvisionnement en eau potable et assainissement (AEPA) ont chuté de 5% en 1991 pour atteindre leurs plus bas niveaux au cours de la période (1992-1994). Dans les secteurs sociaux, l'investissement est réduit de 25% en 1991 et de 18% en 1993 de l'investissement public total. Donc, les coupures budgétaires consécutives à la crise politique durant la période de 1991-1994 ont affecté en quantité les services dans ce secteur.

2.2.5 L'Habitat

La Situation préoccupante de l'économie Haïtienne n'est pas sans incidence sur les coûts de location en milieu urbain vu que la rareté de logements crée un problème important dans le centre Ville en fonction de la migration interne qui, est devenue de plus en plus significative. L'habitat pose aussi des difficultés majeures dans la mesure où en milieu rural, les constructions ne répondent pas aux Normes établies d'une part et d'autre part, la situation précaire de l'agriculture n'offre pas trop grandes possibilités aux gens de contourner ces barrières.

Étant donné que, les normes de construction ne sont pas appliquées, la paysannerie, laissée à elle seule, manque d'encadrement de la part des décideurs et privée de tous services de base en matière de protection de l'environnement et de prévention se trouve de très souvent frappée par les cataclysmes Naturels : (Cyclones, inondations etc.). Un exemple vivant est celui de la population du Nord-ouest du Pays.

En zones urbaines l'absence d'intervention de l'Etat à pouvoir remplir normalement ses fonctions facilite et encourage les constructions anarchiques créant ainsi un désordre et rend la situation beaucoup plus difficile à gérer. Les zones périphériques de Port-au-Prince peuvent donner au simple observateur une idée de l'aggravation du problème.

En matière de logements sociaux et D'Habitat la population Haïtienne, en particulier la couche nécessiteuse fait face à de graves difficultés. Aujourd'hui, les propriétaires de maison dans la capitale Haïtienne optent pour louer leurs appartements en dollar américain un fait dénoncé, quoiqu'en retard par la D.G.I. Donc à côté de la rareté des logements sociaux il y a aussi une question d'acquisition de devise pour avoir accès à une pièce. Un phénomène qui retient beaucoup l'attention des gens et qui demande une réponse à très court terne.

D'après Yves Saint Gérard dans son livre intitulé "L'état DE MAL Haïti" à fait ressortir ce qui suit "Si à la campagne les vaillants hommes et femmes trompent leur faim en ingurgitant de l'eau salée et/ou sucrée, 80% des haïtiens ne mangeraient qu'un jour sur deux ou trois. Si aberrant, ils s'entassent dans des habitats généralement médiocres, petits, mal aérés et humides. En ville, dans les conditions moins déplorables, ils vivent dans des maisons d'une pièce plus ou moins délabrées où les occupants se relaient pour dormir". Aujourd'hui encore la situation est beaucoup plus préoccupante puisque rien n'a été fait pour améliorer, voir résoudre ces problèmes.

DEUXIEME PARTIE

Quelles solutions pour le developpement ?

CHAPITRE 2 Les Tentatives de Planification pour le développement économique d'Haïti

Née en URSS en octobre 1917, la planification est une entreprise complexe tant par sa compréhension que par les méthodes d'élaboration et d'exécution. Mais la difficulté majeure de la réussite d'un plan de développement, loin d'être sa conception globale, réside dans la structuration des projets. Ce problème confronté par certains pays en voie de développement notre touche également Haïti.

A propos du système de la planification nationale, l'ingénieur Théophile Roche dit qu' «à l'intérieur du système socio-économique national, on distingue plusieurs composantes en interaction constante qui donne lieu à des approches différentes de planification privilégiant des variables dites caractéristiques»36(*).

En effet, l'histoire de la planification en Haïti a commencé à partir de l'année 1957 avec le vote par l'Assemblée Nationale d'une nouvelle constitution prévoyant la création du Grand Conseil Technique des Ressources Nationales et du Développement économique (GCTRNDE).

Dès la mise en place de cet organisme en 1958 jusqu'à la création en 1963 du Conseil national de développement et de planification (CNDP), le processus de planification se trouvait encore dans sa phase de démarrage et, par conséquent, ne pouvait avoir qu'une portée limitée dans la préparation des plans de développement ultérieurs.

Néanmoins, la pratique de cette technique a permis aux responsables de convaincre les divers partenaires sociaux de la nécessité pour l'Etat de jouer un rôle d'arbitre tout en orientant la croissance économique et la répartition équitable des fruits de cette croissance. Cependant la planification a tout de même permis aux agents économiques de mettre en évidence le fait que les retards accumulés par le pays ne pouvaient en aucune façon se rattraper dans un court laps de temps. Au cours de cette étape, l'organisation de la planification était assez simple et se résumait en un organisme central très léger. Cet organisme s'occupait principalement de la formulation des mesures visant non seulement à réglementer la gestion des affaires publiques, mais aussi à réaliser l'austérité financière. Entre 1963 et 1978 on assista alors à une évolution assez rapide du système national de planification tant du point de vue méthodologique que sur le plan institutionnel37(*).

A partir de 1971 l'organisme de planification crée son premier plan quinquennal et élabore par la suite un certain nombre de projets ont été initiés dans divers domaines de développement.

A titre d'exemples, nous pouvons citer :

Ø Les Îlots de développement expérimentés par le Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) dans la plaine du Cul-de-sac et dont le modèle fut appliqué dans plusieurs zones du pays en 1979 telles que Léogane (Îlot de Bongnotte), Gonaïves (Îlot Des barrières), St Marc (Îlot Désarmes), Jacmel (Îlot des orangers), Belladère (Îlot de croix fer), de Hinche (Îlot Labelonne), Les Cayes (Îlot de welsh-chalette), Fonds-Nègres (Îlot d'Abraham), Wanaminttre (Îlot d'osmond), Jérémie (Îlot de chambellan);

Ø Les unités spatiales de développement (USD) qui sont des stratégies préconisées par le Ministère du plan depuis le second plan quinquennal de 1979 - 1981 visant à découper le territoire national en 4 grandes régions de planification tout en respectant les limites administratives dont voici les grandes lignes :

Ø mise en place d'un programme de production des denrées de base en vue de la réduction des sorties de devises consacrées à l'importation d'aliments de base. A la longue ce programme devait permettre d'atteindre l'autosuffisance alimentaire ;

Ø parallèlement était lancé un programme de production des matières premières industrielles des produits d'exportation, dans l'objectif de stimuler la croissance des produits tels que : Pitre, cacao, café, coton qui occupaient jadis une place importante dans le commerce extérieur du pays.

En outre, au cours de la période des deux plans quinquennaux 1971 à 1981 l'accent fut surtout mis sur l'agriculture. La priorité était portée sur l'alimentation pour obtenir l'autosuffisance alimentaire. On s'est lancé également dans le développer de l'agro-industrie.

Le plan quinquennal 1981 - 1986 a connu de graves difficultés. Le secteur agricole a lourdement souffert des méfaits des termes de l'échange. Les produits d'exportation ont eux aussi été touchés. C'est le cas du café par exemple.

Cette période a aussi supporté les retombées du cyclone Allen qui a ravagé les zones sucrières du pays et a détruit une bonne partie des têtes de bétail des paysans. Mais, bien avant Allen, la décision de l'Etat haïtien de détruire les porcs indigènes atteints d'une soi-disante peste porcine africaine pour les remplacer parles porcs blancs a également largement défavorisé les termes de l'échange. Il convient de signaler que, entre 1986 et 1995, il y a eu plusieurs autres plans programmes de développement. Ainsi, nous pouvons citer :

Ø le programme intermédiaire de développement 1986-1988 conduit par le Commissariat à la promotion nationale et à l'administration publique (CPNAP) ;

Ø programme d'actions économiques et sociales du gouvernement militaire sous la responsabilité du Commissariat à la promotion nationale et à l'Administration publique (CPNAP), octobre 1988 ;

Ø programme d'actions globales à effets immédiats conduit par le Ministère de la planification, de la coopération externe et de la fonction publique, Mai 1990 ;

Ø programme quinquennal d'investissements publiques 1990-1995 mené par le Ministère de la planification, de la coopération externe et de la fonction publique38(*).

En dehors des plans quinquennaux cités plus haut, un programme de plan biennal a été initié entre 1989 et 1991 par le Ministère de la planification et de la coopération externe en septembre 1989. Malheureusement ce plan n'a pas été publié et encore moins accompli. En somme on peut dire que ce fut un plan mort-né.

SECTION 3. Analyse de Quelques Programmes de Développement

De 1960 à nos jours, les gouvernements qui se sont succédés ont entrepris des démarches en vue de planifier le développement en Haïti. Des plans, Programmes et projets ont été élaborés et exécutés. Du nombre de ces derniers nous pouvons citer: les trois plans quinquennaux qui s'étalent de 1971 à 1986; les Îlots de développement; les USD (Unités Spatiales de Développement) et toute une série de projets publics initiés dans diverses zones ou régions du pays telles que l'Artibonite, le Nord, dans le Sud, etc.

Cependant, toutes ces interventions n'ont pas pu aboutir à des résultats escomptés -c'est à dire les objectifs assignés à ces projets n'ont pas été atteints. En un mot, les conditions de vie de la population n'ont pas changé. Ces projets, loin de soulager les problèmes, ont plutôt crée de double emploi diminuant ainsi la force des administrations locales. On a donc assisté aux gaspillages de ressources financières, de moyens et d'énergie. On a assisté également à une absence de coordination de ces projets et à l'inadaptation des Institutions chargées de leurs exécutions.

Dans les pages qui suivent, nous allons tenter d'analyser quelques uns de ces programmes et quelles étaient leurs réelles chances de succès.

3.1. Les Unités Spatiales de Développement

Les unités spatiales de développement (USD) ont été des zones d'intervention à l'intérieur desquelles les actions de développement se sont concentrées dans un premier temps pour permettre d'inventorier les potentialités économiques de chacune de ces régions et dans un second temps de démarrer avec les activités génératrices de revenus. Pour garantir l'efficacité des USD, il est apparu qu'elles devaient répondre à des critères à la fois  géographiques, techniques et territoriaux.

Au point de vue géographique, le centre devrait être une ville d'une certaine importance, capable d'assurer la gestion de l'espace considéré. L'identification des USD devrait aussi se reposer sur le principe suivant lequel, même si le développement agricole ne permettait pas d'arriver au développement intégral, la potentialité agricole reste malgré tout un élément de base.

Au point de vue technique les facteurs suivants se sont imposés:

Ø disponibilité en ressources humaines ;

Ø encadrement technique, potentiel hydroélectrique, potentiel industriel, rôle administratif du centre, structure administrative, services (santé, éducation, eau potable, électricité) potentiel touristique, etc.

Sur le plan territorial enfin on a retenu les espaces territoriaux suivants :

Ø pour la région du Nord les villes du Cap haïtien et du Limbe ;

Ø pour la région transversale les villes des Gonaïves, de Port-de-Paix, de Hinche, de Jean Rabel, de Saint-Marc, du Gros Morne, Saint Raphael, de Mirbalais et de Baptiste ;

Ø pour la région de l'Ouest les villes de Port-au-Prince, de Jacmel, de Petit-Goâve et de Thiotte.

Ø Pour la région de Sud les villes d'Aquin, des Cayes et de Jérémie.

Dans le cadre du programme des USD, un certain nombre d'objectifs ont été également visés :

Ø la maîtrise de la croissance démographique ;

Ø le maintien et la stabilisation de la population dans leurs régions d'origine ;

Ø la recherche d'une croissance économique forte et continue.

Ø le développement régional équilibré ;

Ø la promotion des individus et la diminution des disparités entre diverses catégories sociales ;

Ø la sauvegarde de l'environnement.

Il convient de noter également que la stratégique adopté pour atteindre ces objectifs était le découpage des régions impliquant la mise en place d'institutions qui faciliteraient les interventions des secteurs publics et privés et la participation de la population à l'exécution des activités. Et ces interventions devaient se faire dans le cadre des programmes de développement régional intégré (P.D.R.I). Donc, il a fallu oeuvrer sur de grands espaces qui seuls rendraient possible la prise en compte des potentialités régionales et la mise en place de structures adéquates pour l'intégration et la dynamisation des secteurs comme souligné précédemment.

Malgré les stratégies développées, les objectifs n'ont pas toujours été atteints. Les projets de grandes envergures tels que ODVA (organisme de Développement de la vallée de l'Artibonite); DRI (Développement régional intégré) de Jacmel, de Rivière blanche, de l'Asile pour ne citer que ceux-là, ont tous lamentablement échoué. Dans le domaine de l'irrigation sur un objectif de 18005 ha terres irrigables, seuls 6099 l'ont été, soit à peine un pourcentage de 33,87%. Pour ce qui concerne la conservation de sol, sur un total de 11000ha à couvrir, seuls 2160 ha ont été réalisés, soit seulement un pourcentage de 19,63%. Et en matière d'encadrement des planteurs, sur une prévision de 24000 planteurs à encadrer on a enregistré seulement 18365 bénéficiaires. Sur le plan de formation des cadres, 3296 ont été formés sur une prévision de 7000 (47,08%). Ces chiffres montrent bien suffisamment que le résultat obtenu a été bien en deçà des résultats attendus.

3.2. Les Îlots de Développement

Les Îlots de développement comme tous les autres projets de développement est une stratégie développée par le gouvernement haïtien de concert avec l'OEA (organisation des Etats américains) et le Gouvernement Israélien en 1968. Cette expérience a été initiée dans la plaine du Cul-de-sac dans la localité de Bas Boën. Les objectifs à la base de ce projet étaient les suivants :

Ø promouvoir le développement agricole de la plaine semi-aride du cul-de-sac ;

Ø encourager les paysans de la plaine du cul-de-sac à former des coopératives ;

Ø améliorer les revenus des membres de la coopérative de Bas-Boën par l'augmentation des rendements des cultures existantes, le développement des cultures jusqu'alors inconnus ou négligées et la recherche de nouvelles formules à la commercialisation de ces denrées.

A la base de cette initiative les gouvernements haïtiens, israélien et l'OEA ont consenti de mettre à la disposition du projet une enveloppe financière repartie de la manière suivante :

Les gouvernements haïtien et israélien ont débloqué respectivement $ 13 000 chacun et l'OEA $ 1000. Il convient de souligner que, l'OEA s'engageait à assurer financièrement le salaire de deux (2) techniciens Israéliens pour assurer l'encadrement des paysans de Bas-Boën. L'une des stratégies utilisées était d'accorder des prêts préférentiels collectifs aux petites associations de planteurs regroupant au plus de quinze paysans communément appelées «Société agricole de crédit» (S.A.C). Ces prêts avaient pour but de permettre aux paysans d'acheter des engrais, des semences améliorées, des pesticides et des fongicides, en vue d'accroître le rendement.

Dès la première année, le projet pilote de Bas-Boën a connu un succès. A sa phase initiale, 250 paysans furent persuadés de l'efficacité de l'expérience et décidèrent de constituer une coopérative en remembrant leurs propriétés. Les experts Israéliens résolurent au début de limiter le projet à 70 ha (propriétés de 117 exploitants). Et cette coopérative allait bénéficier plus tard les services du puits foré par le gouvernement Allemand aux termes d'un accord conclu avec Haïti.

Il faut aussi rappeler que d'autres stratégies ont été développées. Les plus illustres sont :

Ø les terres de la coopérative continueront à être labourées d'un seul tenant.

Ø les mêmes facteurs de production agricole (semences améliorées, engrais et insecticides) seront utilisés.

Ø les membres de la coopérative doivent travailler leurs propres parcelles, mêmes si celles-ci font partie d'un ensemble plus étendu. Chaque membre est responsable du désherbage, de l'irrigation, de la pulvérisation et de la recette sur les terres qui lui appartiennent.

Ø les membres ne sont pas rémunérés pour leur travail avant la récolte.

Ø tous les membres doivent effectuer des versements à une caisse sociale qui servira à les assister au besoin.

Des résultats appréciables ont été obtenus pour la culture du maïs par l'introduction de nouvelles variétés à haut rendement. Au cours de l'année 1970, 14 hectares furent emblavés pour la première fois. Le succès de l'opération dépassa toutes prévisions et un an plus tard, 40 hectares furent à leur tour ensemencés. Alors que le maïs local a un rendement maximum, de 500 marmites de 5 livres par carreau, la nouvelle variété permettait d'obtenir 1 200 marmites par carreau.

L'amélioration des revenus des membres de la coopérative de Bas-Boën a eu un effet bénéfique sur la vie sociale traditionnelle de la région. Certaines familles, compte tenu de leurs revenus, ont pris conscience de la nécessité d'envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à Port-au-Prince. Ainsi, le progrès de la scolarisation s'accentuait de plus en plus dans la plaine.

On peut noter également un certain effort de rénovation de l'habitat rural. Selon J.M. Lebigre, géographe français, qui a réalisé une enquête dans la région du cul-de-sac, «les maisons sont propres, soignées, l'équipement ménager est supérieur à celui de la grande majorité des villages de la plaine. C'est vers les machines à coudre et les transistors que vont les préférences des habitants de Bas-Boën, ensuite vers les bicyclettes. Une partie des nouveaux gains sert aussi à donner plus de luxe aux cérémonies familiales comme le mariage ou la première communion. Le grand nombre de boeufs, de porcs et de volailles (notamment le dindon), laisse entendre que l'épargne qui s'exprime à travers ce phénomène, a progressé. C'est donc toute une mentalité nouvelle qui semble prendre naissance à travers l'expérience de Bas-Boën.»Indiquant ainsi que le niveau de vie de la population au niveau Bas-Baën est bien amélioré.

3.3. Les plans quinquennaux de Développement

A partir de 1971, Haïti a élaboré un ensemble de plans et de programmes de développement visant l'amélioration des conditions de vie de la population. On parle notamment des trois plans quinquennaux de développement. Le premier allant de la période de 1971 à 1976, le deuxième de 1976 à 1981 et le troisième de 1981 à 1986. Nous devons mentionner que tous ces plans ont connu des difficultés dans le cadre de leur exécution. Le Professeur Ernst. A Bernardin dans son ouvrage : l'espace rural haïtien a souligné de façon percutante les objectifs, les stratégies et les moyens à mettre en oeuvre dans le cadre de ces différents plans. Leurs différents objectifs portent sur :

Ø l'augmentation de la production des denrées alimentaires de base;

Ø la régénération caféière et le développement de la production cacaoyère;

Ø la lutte contre l'érosion par des travaux appropriés de protection de sols par la plantation d'arbres fruitiers;

Ø l'accélération des travaux d'irrigation et de drainage;

Ø la promotion des cultures destinées à l'agro-industrie;

Ø l'encadrement technique et l'organisation du crédit;

Ø la promotion de l'élevage dans les zones a vocation pastorale.

D'après l'auteur, au cours de l'exécution du premier plan quinquennal (1971-1976), l'effort de promotion agricole visait une production alimentaire additionnelle de 170 000 tonnes métriques avec des taux de croissance de l'ordre de 15%  pour les haricots, de 25% pour le maïs, de 13,5% pour la banane et 100% pour la production de riz39(*).

Ainsi au niveau du programme de promotion des denrées d'exportation, l'accent a été mis sur le café où des techniques nouvelles ont été vulgarisées à un nombre de producteurs stimulés par les prix.

En outre, la crise alimentaire liée à la sécheresse a contribué au renchérissement des prix des produits de première nécessité.

Somme toute, si l'on considère les projets d'envergure ci-après, ODVA (organisme de développement de la vallée de l'Artibonite), OND (organisme de développement du Nord), ODPG (Organisme de Développement de la plaine des Gonaïves), DRI (Développement Régional intégré), l'Asile et Rivière Blanche), DRIPP (Développement Régional intégré de Petit Gonâve et de Petit Trou de Nippes), BCA (Banque de crédit agricole) etc. On peut dire qu'en se référant aux indicateurs suivants qu'ils n'ont pas pleinement atteints leurs objectifs comme en témoigne le tableau ci-après.

Tableau 12 -Résultats atteints en rapport des objectifs visés par les différents plans

 

Irrigation

Conservation du sol

Crédit

Formation des cadres

Vulgarisation

Objectifs

18005 ha

11000 ha

24000 planteurs à encadrer

7000

10695 exploitants à encadrer

Réalisation

6099 ha

2160 ha

18365

3296

421

Coût

41129865 Gdes

15376174 Gdes

124582397 Gdes

1662420 Gdes

16040782 Gdes

Sources : Ernst A. Bernardin, l'espace rural haïtien: bilan des 40 ans d'exécution des programmes de développement nationaux et internationaux.

Par ailleurs, au cours de la période 1976-1981, la plupart des produits agricoles, hormis le riz et la banane, ont connu soit la stagnation, soit la régression. Les chiffres du tableau suivant le montrent très clairement.

Tableau 13 - Évolution de la production agricole au cours des deux premiers plans quinquennaux en tonne métrique 1971-1981.

 

1971

1973

1975

1977

1979

1981

Maïs

252000

257000

201000

168200

183300

179170

Millet

210000

215000

134000

110800

123200

120790

Riz

72700

85000

108000

90400

122100

119710

Haricot

38000

428000

31500

46500

51800

50790

Banane

188000

195000

191000

474000

310200

501500

Café

32300

33300

34900

28900

42900

33250

Canne à sucre

4350000

4000000

4309700

4532600

5552000

5443400

Cacao

3100

3100

3500

1560

1400

2250

Coton

4000

4000

3200

3600

1646

2727

Sources : DARNDR - Service des statistiques- MARNDR (1971-1979), Rapport interne juillet 86

Pendant la période du troisième plan 1981-1986, le secteur agricole a connu une détérioration importante des termes de l'échange. On a enregistré une baisse considérable au niveau des produits d'exportation tels que le café, la mangue, sisal et le coton. Parallèlement le prix des produits agricoles importés accusait une hausse vertigineuse. Le monde rural haïtien était confronté à de graves difficultés préjudiciables à son développement. Ainsi, la destruction du Cheptel porcin national pour éradiquer la peste porcine africaine, l'apparition de la maladie du charbon touchant le cheptel bovin, les méfaits du cyclone Allen qui a ravagé les zones sucrières du pays et donc la réduction de la production alimentaire de base n'a pas permis de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population. En plus, la production des denrées d'exportation et des matières premières destinées à l'agro-industrie (café, cacao, essence aromatique, sucre, sisal, coton) n'a pas cessé de stagner et la dégradation accélérée des ressources en sols, eau et forêts a atteint des proportions alarmantes. Et pourtant, ce troisième plan avait pour objectifs :

Ø de réduire sensiblement le déficit alimentaire, en augmentant la production des denrées alimentaires de base ;

Ø d'accroître dans la proportion de 60% les exportations de café;

Ø d'augmenter la production des cultures destinées à l'agro-industrie ;

Ø d'accroître les superficies irriguées de 17% et d'améliorer le réseau existant de 23% ;

Ø de renforcer les structures d'appui (recherche et expérimentation, encadrement sur le terrain, fourniture de crédit aux petits exploitants)

Ø de renforcer les associations paysannes.Pour parvenir à atteindre ces objectifs, huit programmes ont été élaborés et leur coût global d'exécution s'élevait à 1 300 000 000 de gourdes, soit 20% des prévisions du budget d'investissement public qu'était de 6 500 000 000 de gourdes.

Ces programmes ont concerné les domaines suivants :

Ø la production végétale;

Ø l'élevage;

Ø le développement des ressources naturelles ;

Ø la recherche agricole appliquée ;

Ø l'économie rurale;

Ø l'organisation et de la promotion de la vie rurale;

Ø le développement régional intégré

Ø le renforcement institutionnel.

Le troisième plan quinquennal 1981-1986 s'est donc avant tout préoccupé de définir les conditions de la sécurité alimentaire en Haïti, ainsi que celles de l'augmentation des revenus en milieu rural. Les objectifs de production visaient entre autres la relance de l'économie agricole stimulée par la demande interne et externe. Cependant, l'agriculture haïtienne a été durant la période concernée, sérieusement affectée par les conditions climatiques défavorables (sécheresse, cyclone David etc.). En conséquence, la croissance du secteur agricole n'a pas été suffisante pour permettre de dynamiser l'agro-industrie dont les activités ont ralenti dans une large mesure. Malgré tout, en dépit des difficultés qu'a connues ce plan, un certain nombre de bons résultats ont été obtenus. Lesquels ?

Citons d'abord, la réhabilitation des terres agricoles, notamment dans l'aire de l'O.D.V.A où 3600 hectares de terre ont été asséchés, labourés et pourvus de canaux d'irrigation et de drainage.

Ensuite, la promotion caféière où 4 000 000 de plantules de caféiers ont été produites et mises en terre, 665 ha de plantation ont été régénérés. Environ 2100 ha ont été irrigués, grâce à la construction du canal Upper Benoît, dans l'air de l'O.D.V.A : 2750 ha ont été irrigués dans l'air de l'O.D.P.G grâce au fonctionnement de 39 électropompes. 300 ha ont été irrigués à Dubreuil dans la plaine des Cayes.

Puis, le portefeuille du crédit de la BCA a connu une augmentation notoire. Car, le volume des prêts accordé aux petits exploitants est passé de 10243100 gourdes en 1981 à 14 243 641 gourdes en 1986.

Enfin on a assisté à l'aménagement des bassins versants où plus de 2 000 ha ont été aménagés et également des séances de formation ont été organisées à l'intention des paysans dans le domaine de l'aménagement d'agro-sylvicole. En définitive la production agricole n'a pas connu de croissance sensible au cours de cette période. La situation économique au contraire s'est tellement dégradée qu'on parlait de faillite pure et simple de la politique agricole du pays.

SECTION 4. Faiblesse de structure de planification

Haïti comme la plupart des pays en voie de développement connaît des difficultés socio-économiques qui paralysent tout effort de développement.

Ces contraintes d'ordre endogène et exogène sont, dans une certaine mesure la résultante des données historiques et sociopolitiques qui ont valu au pays une organisation spatiale inadéquate que les pouvoirs publics s'efforcent, depuis quelque temps d'améliorer. Un certain nombre de facteurs négatifs ont été identifiés :

Ø la mauvaise répartition de la population, des activités, des équipements et des éléments d'infrastructures ;

Ø la mauvaise couverture régionale administrative : personnel administratif insuffisant et moyens logistiques quasi-inexistants.

Les autres matériels, les équipements et éléments de bureau sont également inadéquats. En un mot, tout l'appareil de planification est désorienté pour ne pas dire inexistant. Situation que nous allons analyser dans les paragraphes qui suivent.

4.1. Un Processus de Planification Bureaucratique.

L'un des obstacles au développement c'est le fait que la planification n'ait jamais eu de suivi. Elle est plutôt fonction d'une suite de recherches qui engendrent tout un ensemble de projets, de programmes et de plans. Une fois les études terminées les acteurs ne réagissent pas aux problèmes soulevés lors de l'identification des besoins.

Il est important de faire remarquer que, plus la planification est perçue par les unités centrales plus les différentes régions formant le territoire national font face à des difficultés différentes. C'est pour essayer de pallier à ces problèmes difficultés que le Ministère de la planification a entrepris des recherches pour améliorer les stratégies et par voie de conséquence augmenter la chance de réussite des projets. Mais, toujours est-il que ces recherches n'ont pas abouti. Et, ces échecs ont contribué à aggraver les conditions de vie de la population.

La planification qui devrait un processus logique définissant la voie à suivre par un pays et les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs a failli à sa tâche. En dépit des innovations apportées dans l'organisation de la planification dans le temps, la portée de la régionalisation comme projection géographique d'un plan national est encore limitée du fait qu'il n'existe pas pour le moment de véritables plans régionaux de développement économique et social.

L'ensemble de ces considérations nous place dans une situation embarrassante qui entraîne Haïti dans une sorte de décadence par rapport aux autres pays de l'Amérique Latine et des Caraïbes.

4.2. Absence de participation de la population au processus de la planification

Face à l'incertitude et à la turbulence des situations conjoncturelles dans les pays moins avancés la planification devient un impératif si on veut atteindre les objectifs fixés. Haïti ne fait pas exception, étant le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental. Pour ce faire, il a fallu la création de l'organisation chargée de la planification nationale, développer des stratégies, déterminer des procédures et politiques, dresser des programmes d'actions, rechercher des moyens appropriés et des méthodes et prévoir les éléments qui pouvaient influencer les actions. Nous pouvons donc constater qu'Haïti a opté pour modèle de planification, la planification indicative qui donne à l'Etat un rôle régulateur de l'économie.

Les objectifs fixés dans le cadre de ces plans, programmes et projets se résument à la phraséologie. Il convient de signaler également en absence de mécanisme de suivi, la population ne participe pas au processus de la planification d'exécution et d'évaluation. Car selon Albert Waterson « : La planification est un effort organisé, conscient et continu, dont le but est de choisir les moyens les meilleurs pour atteindre les objectifs précis.

Pierre Larousse pour sa part avance que : la planification est une science qui a pour objectif l'établissement des programmes économiques comportant non seulement l'indication des objectifs à atteindre mais également un état prévisionnel des diverses étapes du financement et de la réalisation du programme et, éventuellement, la description de la structure des organismes à créer en vue de cette réalisation.

Malgré les grandes périodes de la planification en Haïti entre 1963/1971 et les années 80, on ne peut témoigner d'un modèle qui puisse répondre aux aspirations et à l'attente de la population. Vu qu'elle n'a jamais pris en compte les besoins essentiels et la participation effectifs des gens pour lesquels on planifie.

Les mécanismes de participation populaire qui devraient servir à rendre la planification plus efficace dans la mesure où ils favoriseraient le dialogue social, la collaboration permanente et la concertation des partenaires sociaux sur les fins et les moyens du développement national sont totalement absents dans le processus. Ce qui explique l'inaccessibilité du processus de planification à l'ensemble de la population.

TROISIEME PARTIE 

ABSENCE DU DEVELOPPEMENT

CHAPITRE 3 HAITI, REFUS DU DEVELOPPEMENT ET SES CONSEQUENCES

SECTION 5. Les conséquences du refus en milieu rural et urbain.

Plusieurs tentatives ont été entreprises en vue de promouvoir le développement économique et social du pays, plus particulièrement en milieu rural. Malgré les plans quinquennaux de développement, les programmes et projets qui ont été initiés, le mal développement persiste. Et, face à l'impossibilité de résoudre les problèmes les plus élémentaires de la population, l'Etat a perdu sa vocation en tant qu'incitateur et régulateur de l'économie dans la société.

Deux siècles d'indépendance, un bilan s'impose. En effet, nos dirigeants doivent s'y résoudre en dressant un constat sans complaisance pour mieux se situer sur l'échiquier international.

Aujourd'hui, rien n'est plus choquant que la manière dont Haïti et les Haïtiens sont perçus par les autres peuples qui nous considèrent comme un peuple qui n'arrive pas à assurer son autonomie sur le plan économique, politique et social. Il est bien dommage que sur les trois plans cités le développement n'a pas suivi ce qu'Haïti a réussi sur le plan culturel.40(*)

En vérité, pour Haïti, nous le savons maintenant, le vrai problème est celui de l'extraversion et de la réalité de son développement. Les différentes politiques mises en oeuvre par les acteurs politiques ont été inappropriées. Elles appellent donc des réformes que réclament les haïtiens lucides et conscients du problème. Ces politiques se situent bien évidemment à différents niveaux :

Ø au niveau du système de la planification on dénonce souvent l'absence de véritable structure de planification et des cadres bien formés disposant de réels moyens de fonctionnement.

Ø au niveau de la politique industrielle, des erreurs notoires ont été commises. A cela s'ajoutent la mauvaise gestion administrative et l'interférence politique constante dans des affaires purement économiques, ainsi que nous l'avons montré plus haut ;

Ø au niveau des services de base, on dénonce la mauvaise qualité de la carte sociale du pays, notamment, en matière de services offerts en zones urbaines et en zones rurales dans différents domaines tels que  celui de la santé, de la communication ainsi que dans celui des infrastructures.

En effet l'absence de services de base en milieu rural et la baisse de revenu du paysan ont exacerbé l'exode rural et le plus souvent vers les grandes villes et tout particulièrement vers Port-au-Prince. Il s'en est résulté une crise urbaine qui secoue Port-au-Prince depuis 25 ans. Les conséquences de ce manque de développement en milieu rural nous les connaissons et nous les avons identifiés. Elles sont nombreuses. Elles concernent aussi bien le monde rural que le monde urbain.

Au niveau du monde rural, le départ des jeunes en quête d'hypothétiques meilleures conditions de vie dans les villes a pour conséquence l'augmentation de l'âge moyen de la population dans les zones rurales. Ce vieillissement de la population réduit les activités et donc le revenu dans zones rurales, accentuant la pauvreté et la misère.

Au niveau des zones urbaines, nous l'avons souligné plus haut, c'est la grande pression démographique, la ruralisation de la vie urbaine, la prolifération des bidonvilles entraînant des conséquences du point de vue sanitaire et hygiénique et le développement du secteur informel. Tous ces facteurs inhibent le développement harmonieux des villes. Puisque ces populations venues des campagnes n'arrivent pas à améliorer leurs conditions de vie dans les villes, elles s'orientent dans la petite et même dans la grande délinquance pour se constituer des revenus substantiels créant l'insécurité dans nos villes plus particulièrement à Port- au- Prince

5.1. Pauvreté du Monde Rural et Ses Conséquences.

Comme nous l'avons mentionné dans la première partie de notre travail la République d'Haïti, d'une superficie de 27750 kilomètres carrés, occupe le tiers occidental de l'île, qu'elle partage avec la République Dominicaine. Le paysage est montagneux, bordé de plaines côtières. Le relief est constitué à 54,7% de mornes non cultivables ou arides. Ces terres sont néanmoins intensément cultivées. Plus de 70% de la population est constitué de ruraux. La population est inégalement répartie avec de forte densité sur les terres utiles à l'agriculture (880 hab./kilomètre carré) et des zones de faible densité sur les terres pauvres. L'agriculture constitue la principale activité du monde rural. Mais depuis quelques années cette agriculture est en situation de déclin. Les facteurs qui ont entraîné l'agriculture dans cet état sont nombreux et portent sur :

Ø l'absence de politique agricole avec des objectifs clairement définis ;

Ø l'absence de mesures d'incitation et d'encouragement au bénéfice du paysan ;

Ø le problème foncier ;

Ø l'absence ou l'insuffisance d'infrastructures rurales et des moyens de production.

Il convient de noter également que, l'insuffisance de service de base explique aisément les taux élevés de morbidité et de mortalité. Les taux de couverture vaccinale est très faible, le personnel sanitaire est insuffisant et peu qualifié et l'inaccessibilité aux médicaments essentiels aggravant cet état de fait.

Dans le domaine de la nutrition et de l'alimentation la situation est préoccupante. Nombreuses sont les familles qui ne peuvent plus s'assurer un repas équilibré par jour. Dans le domaine de l'éducation, nombreuses sont également les familles qui sont dans l'impossibilité de faire face aux frais de scolarisation de leurs enfants. L'approvisionnement en eau des paysans se fait dans des conditions difficiles. La mauvaise qualité de l'eau explique la forte proportion des gens qui sont touchés par des maladies d'origine hydrique. De plus, la dégradation accélérée du revenu du paysan le pousse à désarticuler son environnement par la coupe excessive de bois pour la production et la vente du charbon. C'est là une situation très préoccupante et sombre qui mérite l'attention de nos acteurs politiques.

5.2. La paupérisation du monde rural

Il est certain que les facteurs de répulsion hors des champs et des villages sont puissants. D'abord, les possibilités de gagner un revenu suffisant dans les zones rurales restent très limitées et même accusent une tendance marquée à la baisse. La détérioration du revenu agricole a entraîné inexorablement une paupérisation accrue d'une partie de plus en plus importante de la population rurale. Si en 1976, 48% des ménages avaient un revenu inférieur au seuil de la pauvreté cette proportion avait atteint 75% en 982. Et, en 1983 le revenu annuel par tête d'habitant était estimé à 318 dollars en moyenne nationale contre 125 dollars pour les zones rurales pour la même période41(*). Déjà, la contribution du secteur agricole dans le PIB réel était passée de 25,1% en 19995 à 24,3% en 1996 enregistrant ainsi une baisse de ses activités de production199642(*) . Aujourd'hui, cette situation est beaucoup plus alarmante.

5.3. L'exode rural et ses conséquences

Le problème de l'exode rural en Haïti est d'une extrême gravité. Bien que les études consacrées à ce phénomène soient peu nombreuses, elles nous confirment que l'exode rural revêt en Haïti une ampleur extraordinaire. En effet, un nombre important de migrants quitte quotidiennement les campagnes pour venir s'installer dans les villes et particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Dans les années 70 ces arrivées massives de migrants avaient mis une main-d'oeuvre importante à la disposition de l'industrie naissante, notamment celles des usines d'assemblage et de sous-traitance. Mais, au cours de ces dernières années ces migrations se font à un rythme tel qu'elles dépassent largement les capacités d'accueil des principales villes du pays. Et cela d'autant plus que ces usines d'assemblage et de sous-traitance ont été fermées à cause de l'insécurité qui règne dans le milieu urbain.

La plupart des nouveaux arrivants ne font que grossir le sous-prolétariat urbain, avec tout ce que cela implique au niveau du fait urbain (urbanisation accélérée, pauvreté urbaine, pression sur les services sociaux, etc..). Ces phénomènes d'exode rural auquel nous assistons ces derniers temps ont réduit le dynamisme des zones rurales, car ce sont surtout les personnes jeunes, en quête d'un lendemain meilleur qui émigrent comme traité plus haut.

Un sondage auprès d'un échantillon de familles a révélé que la majorité des individus constituant cette famille est arrivé à Port-au-Prince, avant l'âge de 10 ans43(*). On peut donc imaginer que ces enfants sont en général accompagnés de leurs parents qui sont relativement jeunes. Ces mouvements de population, qui ne montrent encore aucun signe de ralentissement, ne vont pas s'arrêter d'eux-mêmes, car, pour la majorité des migrants, c'est la vie rurale elle-même qui, à divers points de vue, s'avère insupportable.

Comme nous l'avons déjà souligné, plusieurs facteurs sont à l'origine de la migration ruralo-urbaine en Haïti. Ils couvrent à peu près tous les aspects de la vie économique et sociale. Ce sont essentiellement les difficultés de la vie paysanne qui se traduisent par une faiblesse de revenus, l'insuffisance et l'inadéquation des services offerts en milieu rural et parallèlement l'attrait de la ville.

Nous l'avons déjà mentionné les campagnes haïtiennes sont caractérisées par une carence extrême de services essentiels comme par exemple dans le domaine de l'éducation où l'on constate une absence totale d'écoles secondaires. Quant aux écoles primaires, elles sont réellement insuffisantes et, compte tenu de la distance à parcourir par des écoliers, elles sont quasiment inaccessibles à la plupart des enfants vivant dans les zones rurales. Il en résulte une scolarisation très faible en milieu rural. Les statistiques disponibles montrent que, 5 enfants sur 10 seulement sont scolarisés en 1982. Aujourd'hui le taux de scolarisation est encore beaucoup plus faible. Une étude du PNUD sur les conditions de vie en Haïti démontre qu'en 2003, un taux très faible d'enfants de moins de six ans ont fréquenté l'école. Et, l'une des raisons avancées par l'étude est le coût élevé des frais scolaires. Voici le résultat par département géographique, ainsi que le démontre le tableau ci-après.

Tableau 14 : Taux de scolarisation des enfants de moins de 6 ans par département

Département

Taux

Ouest

20.3%

Sud'Est

23.3%

Nord

18.1%

Nord'Est

21.2%

Artibonite

25.5%

Centre

17.2%

Grand'Anse

19.0%

Nord'Ouest

19.5%

Sud

20.0%

Sources : PNUD, Enquêtes sur les conditions de vie en Haïti, 2005, p.116.

En effet, il n'est pas rare de rencontrer dans les zones rurales des écoles à «maître unique» ainsi que des établissements scolaires où plusieurs classes se réunissent dans une seule salle. Dans de telles écoles, on peut imaginer facilement le niveau d'encombrement et l'intensité des bruits qui ne peuvent que nuire à la transmission du savoir. Tout ceci s'est traduit par un taux élevé de déperdition scolaire et constitue autant de motifs de déplacement humains en quête d'une meilleure éducation. Dans ces conditions, la migration est presque toujours définitive, vu que le milieu d'origine n'offre pas à la population une structure d'accueil local adéquate.

Pour ce qui est de la santé, la situation est similaire. Le mauvais état de la situation sanitaire est encore flagrant dans le monde rural haïtien. On dénombre aujourd'hui 1,6 médecins pour 10000 habitants, nombre nettement insignifiant pour une population qui fait face à des problèmes de santé de plus en plus croissants. Les dispensaires sans lits représentent dans les zones rurales les seuls établissements publics de santé qui dispensent des soins à la population. Ces établissements sont en quantité insuffisante et ont généralement à leur tête une aide infirmière dont les limitations, en fait de connaissances médicales, sont assez connues. D'où l'impossibilité de traiter sur place certaines maladies pourtant bénignes. La clinique mobile qui se pratiquait un peu partout à travers les campagnes du pays a déjà produit certains effets bénéfiques, mais ses actions sont loin de résoudre les différents problèmes de santé. D'ailleurs, en fait de matériel médical, le monde rural est généralement sous-équipé. Au cours d'une enquête réalisé en juin 1986 par le Ministère du Plan, on a pu constater même dans les villes de province, qui sont supposées approvisionner les zones rurales ou suppléer à leur carence, sont parfois privées des équipements les plus élémentaires. Par exemple beaucoup d'établissements de santé ne disposent pas d'un cathéter et d'un réfrigérateur pour la conservation des vaccins. La situation est donc grave dans les zones rurales où les problèmes sont réellement plus aigus.

Toutes ces carences ont eu pour effet de favoriser le développement de la médecine traditionnelle qui a encore la faveur d'une fraction importante de la population. Sans vouloir nier ses mérites, il convient de reconnaître que cette médecine est incapable de faire face à la complexité de certains cas de maladies qui requièrent des connaissances et des techniques plus appropriées. Ainsi bon nombre de décès sont souvent dus aux mauvaises manoeuvres des «médecins feuilles" ou charlatan qui, pourtant, sont tolérés dans le milieu et continuent même à donner des soins.

Cette situation a certainement découragé certains ruraux qui se voient obligés d'envisager la migration vers des centres urbains mieux équipés. L'approvisionnement en eau potable pose également de sérieux problèmes dans le monde rural haïtien.

Malgré les progrès du SNEP (Service national d'eau potable), l'eau des rivières est encore très utilisée pour tout usage dans plusieurs localités. Les raccordements domiciliés sont inexistants, tandis que les fontaines publiques sont loin d'être suffisantes. La consommation de cette eau est souvent la cause de plusieurs cas de maladies d'origine hydrique comme la typhoïde, la diarrhée, le choléra, etc.

Beaucoup d'autres services manquants peuvent être cités, tels que: l'électricité et le téléphone dont les campagnes haïtiennes sont privées et qui pourtant font partie de la vie moderne.

De ce qui précède, il en ressort que les conditions de vie de la population sont vraiment déplorables en milieu rural et expliquent dans une large mesure la migration des paysans vers les villes.

En effet, la ville représente pour le migrant le lieu où pourraient se concrétiser ses rêves. Elle est avant tout pour lui le centre d'emplois rémunérateurs par excellence et, partant, l'endroit où ses perspectives de gains seraient meilleures. C'est aussi dans les villes que se concentrent les principaux services dont le monde rural a certainement besoin. Tout ceci explique l'attrait de la ville pour le paysan où pourtant, les conditions de vie ne cessent de se dégrader.

En Haïti, les principaux flux migratoires sont accaparés par Port-au-Prince qui est la ville la mieux dotée du pays en terme de services de base fournis. Les villes de province, à cause de l'inadéquation de leurs structures d'accueil et de la faiblesse de leurs activités économiques attirent moins les aspirants `à la migration. En effet, on estime que 85% des migrants passent directement de leurs villages d'origine à la capitale sans séjourner dans les villes de province que mêmes les classes aisées ont abandonnées pour les mêmes raisons.

Plus précisément, le choix de Port-au-Prince par les migrants comme principal lieu de destination s'explique par les énormes disparités entre la zone métropolitaine et les autres villes du pays. A ce sujet, il convient de se rappeler qu'en 1976, Port-au-Prince accaparait 76% des entreprises industrielles et 92.5% de la main-d'oeuvre industrielle du pays44(*).Ce qui sous-entend que la probabilité de décrocher un emploi et d`obtenir des gains substantiels parait plus grande à la capitale qu'en province.

Port-au-Prince est particulièrement le siège des activités d'Import-Export, ce qui explique en partie le dépérissement des principales villes de province. C'est aussi à Port-au-Prince que se concentrent les principaux services essentiels qui sont en général de meilleure qualité. Il faut noter également que Port -au Prince détient le seul aéroport international du pays, ce qui justifie une préférence en plus de la majorité des migrants pour cette ville.

Les mouvements migratoires vers la capitale ne s'atténueront pas dans l'immédiat, car, avant tout, ils constituent une réaction logique de la population face aux inégalités socio-économiques entre la capitale et le reste du pays45(*).

SECTION 6. Conséquences sur le plan urbain

D'après les donnés publiées par l'IHSI en 1980, en 1960, l'urbanisation se faisait à un rythme très réduit en Haïti. Alors que, en 1970 le taux d'urbanisation du pays n'était que de 20%, le phénomène est devenu de plus en plus préoccupant à partir de 1980 avec la multiplication par 5, la population urbaine. Il faut aussi souligner que dans le cas d'Haïti, l'urbanisation s'est accompagnée d'une centralisation spatiale excessive d'hommes et d'activités dans l'Aire de la capitale de sorte qu'on parle de nos jours de la République de Port-au-Prince. De 1990 à nos jours la population urbaine a connu des taux de croissance de 28 à 32 %. Alors que la population totale haïtienne a connu un taux moyen de croissance annuelle de plus de 2 %. Taux très faible comparativement à l'ensemble des pays les moins avancés du monde en 1995. Les conséquences de cette croissance accélérée sont graves et doivent retenir l'attention des autorités haïtiennes. En réalité la ville de Port-au-Prince traverse depuis une décennie une crise urbaine. Le fait le plus marquant est que nous assistons depuis quelques années à une ruralisation de la vie urbaine avec les survivances des habitudes de la campagne. Par contre, au niveau des villes de province le processus d'urbanisation est bloqué faute d'une bonne politique d'aménagement du territoire.

6.1. Le chômage en milieu urbain et le développement du secteur informel

La lenteur du processus d'industrialisation et le faible dynamisme du secteur tertiaire ajoutés à d'autres problèmes crées par la crise socio-économique de ces 15 dernières années a diminué considérablement la capacité d'absorption des centres urbains et les possibilités d'emploi pour les nouveaux arrivants. Il en résulte une situation de sous-emploi et de chômage ouvert ou déguisé. Et, devant l'incapacité du secteur moderne de satisfaire les besoins de ce nombre croissant de migrants, la plupart se voient obligés de créer leur propre gagne-pain (le secteur informel).46(*) Les caractéristiques des travailleurs de ce secteur sont les suivants:

Ø travailleurs à revenu variable ayant un travail régulier à l'intérieur du secteur ;

Ø travailleurs occasionnels reliant n'importe quel travail pour arriver à survivre et se débattant continuellement entre le chômage et des activés instables ;

Ø personnes avec un niveau d'instruction très bas,

Ø les migrants ruraux récemment arrivés dans les villes sans qualifications et opportunités d'emploi dans le secteur formel urbain.

Dans une analyse de l'évolution de l'emploi entre 1971 et 1980 effectuée par le Projet : Planification des ressources humaines et de l'emploi (PRHE), on estimait que le secteur informel de l'économie regroupait plus de deux tiers de l'emploi du pays en 1980, soit environ 79,7%. La quasi inexistence d'informations relatives aux activités exercées dans le secteur informel ne permet pas de connaître le chiffre exact des revenus générés par ce secteur. Les informations concernant les activités du secteur informel sont très rares. Signalons cependant que les enquêtes effectuées dans le quartier de St Martin par l'IHSI en 1980 et en 1986 au niveau de quelques marchés de la capitale et de quelques quartiers populeux par Lavalin International en juillet 1988, au niveau de plusieurs échantillons de tissus urbains par le Ministère des Affaires sociales en 1988, au niveau de trois quartiers populeux, constituent les études connues qui apportent des données importantes sur les activées de l'emploi, des salaires et des dépenses de cette catégorie de la population.

Aujourd'hui, la situation est devenue beaucoup plus préoccupante si on considère les chiffres publiés par le PNUD dans son rapport de Coopération au développement-1996.

Ces derniers indiquent une population totale de plus de 7,3 millions à composante 33,17% urbaine et accompagnant d'un taux moyen de croissance avoisinant 4% l'an47(*). Par ailleurs, l'analyse des données publiées parle MSPP/ l'OMS/OPS en 1997 fait état d'un taux de chômage très élevé. Soit 65% pour l'ensemble de la population, accompagnant d'un taux d'inflation de plus de 15,6%48(*). Une situation qui tend à se dégrader si les mesures correctives ne sont prises par nos décideurs dans l'immédiat.

Bref, le secteur informel qui représente une sorte de refuge pour de nombreux migrants ruraux, n'est pas toujours en mesure de répondre aux attentes de ces derniers. Dans bien des cas on peut conclure qu'il s'agit d'un simple transfert de la misère des campagnes vers les villes.

6.2. Le développement de l'habitat spontané

Tout d'abord, il est important de faire remarquer que l'urbanisation accélérée a engendré une dualité de l'habitat au niveau de l'espace urbain. D'un coté, il y a l'habitat planifié et de l'autre l'habitat non planifié appelé aussi l'habitat spontané ou bidonville.

La distinction est que, contrairement au premier, l'habitat non planifié est principalement dû à l'initiative de ses habitants et s'est implanté sans aucune forme d'aménagement préalable. Les différentes formes d'habitats spontanés ne résultent pas d'un véritable investissement. Ce sont les habitants qui, avec des matériaux de fortune (morceaux de tôles, de carton, de bois, etc..), édifient des abris. De plus, alors que la croissance urbaine «normale» implique la mise en place de voirie et de réseaux divers (adduction d'eau, électricité, égouts etc..) qui nécessitent d'importants investissements, la croissance urbaine spontanée s'accomplit sans que soient effectués ces travaux, qui sont pourtant nécessaires à cause surtout de la densité.

Enfin le caractère de spontanéité de ces formes d'habitats se traduit dans les particularités du statut juridique de l'occupation du sol. Il s'agit, dans un très grand nombre de cas, d'une occupation qui n'est garantie par aucun acte juridique, soit qu'à l'origine les habitants s'établissent clandestinement sur des terres qui ne sont pas étroitement surveillés par leurs propriétaires, soit qu'il s'agisse de terrains ou bâtiments dont l'occupation est tolérée, moyennant le paiement de loyers ou non. Ajoutons également que l'habitat spontané ou bidonville peut se retrouver sur des sites dangereux, (ravines, pentes escarpées, terrains marécageux etc..) qui paraissent peu intéressants pour les personnes à revenu élevé.

Les bidonvilles, tels qu'ils viennent d'être décrits, se retrouvent à travers tout l'espace urbain haïtien. Toutes les villes ont leurs bidonvilles. A titre d'exemple on peut citer: La saline, St Martin, Bréa Tokyo, Pont Rouge, Fort Mercredi, cite l'Éternel, cite de Dieu, cité plus, etc, pour Port-au-Prince. La Fossette et Ste Philomène pour Cap-Haïtien. Grande Savane et Nan Palan pour Port de Paix. La Savane pour les Cayes. Raboteau et Ka soley pour Gonaïves. Ste Hélène, Mackandale et Platon pour Jérémie. A noter que Pétion- ville et Delmas en comptent plusieurs dont certains se localisent dans des ravines et ne sont donc pas à l'abri des inondations.

Selon une enquête49(*) réalisée en 1986 par l'institut haïtien de statistiques et d'informatique (IHSI), le processus de bidonvilisation de l'aire métropolitaine est confirmé à partir des résultats obtenus pour les quartiers précités. En effet, on y relève cinq personnes en moyenne par logement généralement d'une ou deux pièces, ce qui sous-entend un taux élevé de promiscuité. Un pourcentage de 65% des ménages sont locataires ou fermiers avec seulement 28% de propriétaires.

De plus, les ménages achetant de l'eau pour leur usage domestique accusent un pourcentage de 72% tandis que ceux qui s'approvisionnent aux fontaines publiques ne représentent que 16 %. Les ménages qui ont accès qu'à des latrines ordinaires dans leurs cours ou ailleurs atteignent 92%, alors que ceux disposant d'un W.C ne dépassent pas 1%. A noter que ces latrines ordinaires constituent une source de contamination pour les nappes d'eau souterraines.

Cependant on remarque que 80% de ces ménages utilisent le courant électrique et que seulement 18% font l'usage de l'éclairage au kérosène. Ce taux élevé d'utilisation du courant électrique est un peu surprenant. Il semblerait qu'un bon nombre de ces ménages bénéficient des connexions pirates, comme c'est souvent le cas dans les quartiers populeux.

Dans les trois autres villes d'importance comme Cap-Haïtien, Gonaïves et les Cayes, les contraintes du site et rareté des terrains urbanisables ont conduit les populations pauvres à s'entasser sur des terrains marécageux ou à fortes pentes tel que constaté au Cap dans les quartiers de la Fossette, Lòt bò Pont, Nan Bannan-n, Bel-air, la Borie, Ti Guinen, aux Cayes, à La Savane et aux Gonaïves, à Raboteaux.

L'ensemble de ces quartiers, tout comme ceux cités à Port-au-Prince, se caractérisent par l'absence d'infrastructures (Drainage, eau, électricité, etc..). Au Cap-Haïtien, 43% des logements de ces quartiers ne disposent pas de latrines, 75% sont privés d'électricité, 3% seulement ont des raccordements domiciliés domiciliaires d'eau potable et le reste de la population s'approvisionne aux fontaines publiques50(*). Les logements sont généralement faits de matériaux de récupération ou ressemblant à l'habitat rural (clissage avec toit de tôle ou de chaume). Ils se caractérisent également par leur exiguïté et un taux d'occupation très élevé (12m2 pour 5 personnes en moyenne).

En conclusion, on peut dire que le secteur logement a connu une lenteur dans son développement, notamment dans les principales villes du pays, en raison du fait qu'aucun programme d'envergure n'a été élaboré pour les différentes couches de la population. Les populations à moyen et à faible revenus devant faire face au prix élevé des terrains, de la construction des logements, à une absence de mécanisme de crédit à la construction et à une augmentation du prix des matériaux de construction se voient obligés soit de s'entasser dans les zones déjà urbanisées ou tout simplement dans des zones marginales, soit de s'installer dans les zones nouvellement aménagées mais privées des infrastructures nécessaires.

Sans doute, plusieurs interventions étatiques ont été faites pour remédier à cette situation. Qu'on se rappelle la construction des cités de Belladère, Vincent, St Martin, Lento 2, Cabaret, ainsi que l'identification et l'exécution de nombreux projets de construction de logements au bénéfice des familles défavorisées. Mais, vu l'ampleur du problème, les résultats atteints sont insignifiants. De plus, les vraies causes de ce mal viennent du monde rural qui ne cesse de déverser les migrants sur les centres urbains. Les entreprises publiques de promotion et de logements sociaux (EPPLS) qui est un organisme chargé d'apporter des améliorations nécessaires dans ce domaine, est impuissant à le faire. Ses actions se limitent seulement au niveau des villes et encore, avec des résultats insatisfaisants.

6.3. La Ruralisation de la vie urbaine

L'exode rural constitue un facteur important en ce qui a trait au phénomène de la ruralisation de la vie urbaine. La population rurale qui représentait en 1982, 77% de la population totale, ne répond plus aujourd'hui à cette statistique. Car avec l'exode rural il s'est produit un transfert systématique des gens de la campagne vers la ville. On a eu au cours de cette même période une croissance démographique de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince de l'ordre de 46%. Ce qui veut dire que tous les ans environs 20 000 personnes supplémentaires viennent gonfler la population Port-au-Prince.

En effet, ces déplacements ne sont pas sans incidences sur l'environnement urbain et les activités journalières. Les gens arrivent avec toutes leurs habitudes entravant de ce fait le fonctionnement normal de vie urbaine. Édouard Francisque, dans son livre "La structure économique et sociale d'Haïti" remet en question la notion de ville en Haïti. Il avance ce qui suit: "Beaucoup d'agglomérations appelées villes restent en fait de grandes localités rurales par les coutumes, les moeurs, les activités, le mode de vie. Aucune agglomération haïtienne ne mérite à proprement parler le nom de ville au sens moderne du terme étant donné l'inexistence de plan d'urbanisation et d'équipements (adduction d'eau, égouts, télécommunication, transport, asphaltage des rues, et..). Bien au contraire il conviendrait de parler sans exagération d'un processus de ruralisation de ce que les gens appellent, Ville en Haïti51(*)".

Il n'est pas rare, même à la capitale que les automobilistes soient contraints d'arrêter leurs voitures sur les voies principales et les lieux de promenade pour laisser passer une vache indolente, obéir aux caprices d'un porc ou d'un âne récalcitrant.

Aujourd'hui le problème d'immondices qui bat son plein dans la capitale trouve son origine aussi dans le comportement des migrants. Les personnes ne se soucient plus d'utiliser les poubelles, en petit nombre mises à leur disposition. Ils vont à même le sol pour faire leurs besoins physiologiques négligeant toutes les disciplines sanitaires. Tout ceci constitue des défis à relever par nos décideurs politiques avec le concours bien entendu de la population52(*).

CONCLUSION

Globalement nous pouvons dire que les stratégies de développement adoptées par les différents gouvernements haïtiens depuis l'existence de notre pays n'ont pas permis d'élever le niveau de vie des Haïtiens. Au contraire la situation socio-économique de la population s'est dégradée considérablement.

Comment en sommes nous arrivés là?

A force d'avoir regardé vers l'extérieur, et de s'être organisé en fonction de l'extérieur, à force d'avoir accepté tout de l'extérieur, concept comme produits, Haïti a perdu la boussole de son identité et subi plus que tout autre les effets pervers de la crise venue de l'extérieur. Malgré tout nous pouvons tirer de cette crise des renseignements importants. En effet, elle doit servir de révélateur pour projeter une lumière crue sur nos défaillances et nos erreurs d'orientations. Ce constat doit nous permettre de stigmatiser et d'affiner notre stratégie dans le but d'atteindre le développement social, politique et économique de notre pays. Aujourd'hui, Haïti doit penser à sortir de cette situation où les immenses possibilités humaines et économiques sont neutralisées et extraverties, où la coopération internationale n'a jamais atteint les objectifs pour lesquels elle a été créée. Et, pourtant par le passé, il avait fallu infiniment moins de temps aux héros de notre indépendance pour mettre au point une tactique militaire qui a permis de défaire la très puissante armée de Napoléon. Pour ne plus aller chercher les modèles ailleurs, nous devons nous inspirer du dynamisme et de l'intelligence des nos aïeux pour trouver les solutions pour vaincre la pauvreté et la misère qui règnent dans notre pays.

Haïti doit donc consolider son identité nationale pour affirmer ses valeurs démocratiques, et assurer son développement économique. Il s'agit d'abord de s'unir, d'assurer une nouvelle cohérence face à l'émiettement et au désordre actuel qui caractérisent aujourd'hui notre pays.

Notre analyse de la situation d'Haïti nous a révélé qu'on ne saurait bâtir des économies cohérentes, articulées et solides, en se fondant sur un facteur unique, le commerce extérieur. La prospérité ne peut s'établir sur le seul échange international. Il est évident que le développement économique d'un pays doit toujours partir du développement de son marché intérieur.

Pour l'avoir ignoré, notre pays se retrouve aujourd'hui dans une situation socio-économique désastreuse. L'absence de politique cohérente de développement avec des objectifs clairement définis et la faiblesse des institutions capables d'assurer la gestion de notre économie constituent un frein pour le développement de notre pays.

LES RECOMMANDATIONS

Notre analyse de la situation économique d'Haïti nous montre que son bilan est désastreux. A quels palliatifs faudrait-il recourir pour redresser la tendance? Pour y parvenir, nous tenons à faire les recommandations suivantes :

Ø pour améliorer la production agricole, nous suggérons que l'Etat intensifie la recherche, développe l'irrigation, encadre les petits agriculteurs par le biais du crédit agricole et améliore les techniques de culture. Se faisant, il faut rendre plus efficaces les conditions de travail dans les champs en multipliant et en diversifiant l'outillage agricole. L'État doit prévoir aussi une banque d'outils agricoles nationale qui aura pour mission de fournir aux agriculteurs à des prix modiques, le matériel agricole bien approprié pour accroitre la production agricole ;

Ø au niveau de la santé, il appartiendra à l'État de renforcer et d'étendre rapidement le taux de couverture sanitaire et de veiller à ce qu'il y ait une meilleure allocation des ressources disponibles, qu'il s'agisse des ressources humaines, matérielles ou financières. Cela permettra aussi d'accroitre le rendement du personnel médical, d'améliorer la capacité d'accueil dans les hôpitaux et dans centres de santé. Cela permettra également aux centres hospitaliers de disposer du stock de matériel médical et de médicaments pour être capables d'assurer un service de santé efficace ;

Ø dans le secteur de l'éducation, il y a beaucoup à faire.

Tout d'abord, il faudra renforcer l'éducation de base et réduire le taux de déperdition lors du passage du primaire au secondaire en instituant des centres de formation professionnels attrayants permettant de faire rentrer rapidement les jeunes dans la vie active.

Ensuite il conviendra à l'Etat d'encourager l'éducation non formelle qui permet aux citoyens qui n'ont pas eu un cursus primaire de participer à l'exécution des projets sociaux à vocation sanitaire et communautaire.

Enfin, il faudra que l'Etat définisse des critères requis pour l'ouverture des écoles. Cela permettra d'éviter la prolifération des écoles borlette en même temps que l'Etat veillera à ce que le personnel enseignant soit recruté sur base de critère de compétence ;

L'Etat devra promouvoir le tourisme qui est la première industrie d'Haïti. Pour cela, il faudra penser à l'amélioration des différentes structures touristiques du pays à savoir : les hôtels, le réseau routier national, les sites historiques, etc. L'Etat devra également chercher à résoudre le problème de l'insécurité qui frappe la population et celui de la salubrité qui s'installent dans la Capitale et nos villes de province.

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Ø Planification et développement. Op. Cit Pages 14 et 17

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1- Haïti : Indicateurs Démographiques 3

Tableau 2 - Quelques indicateurs relatifs au système éducatif haïtien 8

Tableau 3 - Exportations, importations sur biens en (million de gourdes) 30

Tableau 4 - Nombre de visiteurs arrivant dans le pays (en milliers) 31

Tableau 5 - Déficit courant et déficit commercial (en millions de gourdes) 32

Tableau 6 - Déficit courant, Mouvement de capitaux et Réserves de change (en millions de gourdes) 33

Tableau 7 - Evolution de l'Epargne nationale en % du PIB (en millions de gourdes courantes) 34

Tableau 8 - Distribution de la population et des catégories de personnels de Santé par département géographique (1993). 53

Tableau 9 - Pourcentage de nouveau-nés présentant une insuffisance pondérable, l'indice de masse corporelle et la mortalité maternelle dans quatre pays de l'hémisphère de l'ouest 62

Tableau 10 : Etat nutritionnel de la population infantile (6-59mois) 63

Tableau 11 - Couverture en AEP dans le pays en pourcentage. 66

Tableau 12 -Résultats atteints en rapport des objectifs visés par les différents plans 87

Tableau 13 - Évolution de la production agricole au cours des deux premiers plans quinquennaux en tonne métrique 1971-1981. 87

Tableau 14 : Taux de scolarisation des enfants de moins de 6 ans par département 105

LISTE DES SIGLES UTILISÉS

ACDI

Ø Agence Canadienne de développement International

AEP

Ø Assainissement et Eau Potable

AEPA

Ø Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement

BCA

Ø Banque de crédit agricole

BID

Ø Banque interaméricaine de développement

BM

Ø Banque Mondiale

BRH

Ø Banque de La République d'Haïti

CAMEP

Ø Centrale Autonome Métropolitaine d'Eau potable

CPNAP

Ø Commissariat à la promotion nationale et à l'Administration Publique

DRI

Ø Développement régional intégré

DRIP

Ø Développement Régional Intégré de Petit Goave

DHP

Ø Direction d'Hygiène publique

DPCE

Ø Direction de la planification et de la coopération externe

EMMUS

Ø Enquête Mortalités, Morbidités, et Utilisation des services

ECOSAOF.S.A

Ø Expert -Conseils en économie, Finances, Gestion et sociétés

EPPLS

Ø Entreprises Publiques de promotion des Logements Sociaux

FAO

Ø Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation

FMI

Ø Fonds Monétaire International

GCTRNDE

Ø Grand Conseil Technique des Ressources Nationales et du Développement économique

IHSI

Ø Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique

IRA

Ø Infections respiratoires aiguës

MARNDR

Ø Ministère de L'Agriculture ,des Ressources naturelles et au Développement rural

MENJS

Ø Ministère de l'Éducation Nationale de la jeunesse et des sports

MSPP

Ø Ministère de La Santé publique et de la population

MTPTC

Ø Ministère des Travaux publics Transports et Communications

OEA

Ø Organisation des États Américains

ODPG

Ø Organisme de développement de la plaine des Gonaïves

ODVA

Ø Organisme de développement de la Vallée de L'Artibonite

OMS

Ø Organisation Mondiale de Santé

OPS

Ø Organisation Panaméricaine de la Santé

OPDES

Ø Organisation pré désastre et de Secours

PAS

Ø Programme d'ajustement structurel

PDRI

Ø Programmes de développement régional intégré

PIB

Ø Produit Intérieur Brut

PMA

Ø Pays les moins avancés

PNB

Ø Produit intérieur Brut

PNUD

Ø Programme des Nations-Unies pour le développement

POCHEP

Ø Poste Communautaire d'Hygiène et d'Eau Potable

PROBED

Ø Projet Bilatéral d'Éducation

SEEUR

Ø Services des Équipements et Entretien Urbain

SGU

Ø Service de Génie Urbain

SIDA

Ø Syndrome Immuno-déficitaire acquis

SMCRS

Ø Service Métropolitain de collecte de résidus solides

SNEP

Ø Service National d'eau potable

RTI

Ø Research Triangle Institute

TRO

Ø Thérapie de Réhydratation Orale

UEH

Ø Université d'État d'Haïti

UNICEF

Ø Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

USAID

Ø Agence Américaine pour le développement International

USD

Ø Unités Spatiales de Développement

* 1 OMS/OPS, Analyse du secteur Eau et Assainissement, P-au-P, p. 20 1997.

* 2 MSPP/ OPS/OMS, Analyse de la situation sanitaire d'Haïti, Port-au -Prince, 1997.

* 3 MENJS, Diagnostic technique du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse, 1994/1995, p.32.

* 4 MENJS, Diagnostic technique du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse, 1994/1995, p.34.

* 5 PNUD, Rapport de coopération au développement, août 1997 p.15.

* 6 OMS/OPS, Situation sanitaire Haïti, 1997.

* 7 Le deuxième choc pétrolier après celui de 1973 est dû à la révolution iranienne de 1979.

* 8 Revue Louverture : Panorama de l'économie haïtienne #19 vol, 1, 1996, p. 19.

* 9 PNUD, Rapport de coopération pour le développement, 1995, p.13-19.

* 10 Ministère de la Planification, de la Coopération Externe et de la Fonction Publique, Grandes orientations stratégiques pour les années 1990 (Domaine réel de l'Economie), p. 183.

* 11Ministère de la planification, de la coopération externe et de la fonction publique, Grandes Orientations stratégiques pour les années 1990, (Domaine Réel de l'économie) P.184/185.

* 12 Crise alimentée par le conflit Iran -Irak 1980-1988, deux grands exportateurs de pétrole.

* 13MEF : Direction du Trésor, Direction Générale du Budget

* 14PNUD, Rapport de coopération, 1995, p.20.

* 15 BID, Investissement Secteur Loan Paper, 21 mai 1996, p.2.

* 16PNUD, Rapport de coopération, 1995, p. 21.

* 17 PNUD, Rapport de Coopération pour le développement, 1995, p. 23.

* 18 BID, Rapport annuel, l995, p. 106 et 107.

* 19 FREMONT, Jean Claude : Déséquilibres structurels et évolution de la balance des paiements d'Haïti,

Bulletin de L a BRH # 19 p.55.

* 20Gérard Barthelemy et Christian Girault, République Haïtienne 1993, Édition ADEC/KATHALA

* 21 La CHAMBRE Franco-haïtienne, La revue Louverture, Vol 1, # 1, Février 1996, p. 18

* 22 Marc Eddy, Causes et conséquences du déclin de l'agriculture haïtienne, Mémoire de sortie INAGHEI.1998, p.9

* 23BRH, Rapport annuel 1996.

* 24 Chambre Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie Haïtienne, p. 19, 1996.

* 25 Chambre Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie Haïtienne, p.19, 1996 op cit.

* 26Publication ECOSOF S.A. (Expert Conseils en Economie, Finance, Gestion et Société), 1997, p. 87 à 89.

* 27Gérard Barthélémy et Christian Girault, République Haïtienne, p.269..

* 28MSPP/OMS/OPS Situation sanitaire d'Haïti, 1997. op cit p. 25

* 29MSPP/OMS/OPS, Analyse de la situation sanitaire d'Haïti, op cit, p. 35 -36.

* 30Group Research Triangle Institute, 1992.

* 31 MENJS/DPCE : Statistiques 1992.

* 32 MENJS, Direction de la planification et de la coopération externe, 1988/1989-1994, p. 25.

* 33 MENJS, Plan National Éducation 2 004, Rapport de Synthèse Septembre 95, P 30.

* 34BID, Progrès économique et social en Amérique Latine, Rapport 1989.

* 35MENJS, Plan National Education 2 004, Rapport de synthèse septembre 1995.

* 36Théophile Roche, planification et développement, Ministère de la Planification.

* 37 Théophile Roche, planification et développement, op cit p 17

* 38 Ernst A.Bernardin, l'espace rural haïtien: bilan des 40 ans d'exécution des programmes de développement nationaux et internationaux, P .138.

* 39 Ersnt A. BERNARDIN, L'espace Rural haïtien, bilan de 40 ans d'exécution des programmes nationaux de développement,(1950-1990),p.146.

* 40 Marc Eddy Joachin : Causes et Conséquences du déclin de l'agriculture. Essai d'identification des problèmes. Tentatives d'analyses et recommandations, Mémoire INAGHEI, 1998.

* 41Ministère de l'économie et des finances, Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique, Étude sur les relations entre l'exode Rural et la planification urbaine, Février 1989 p.34

* 42Banque de la République d'Haïti, Rapport Annuel 1996 p.18.

* 43 Les cahiers du CHISS, Revue haïtienne des Sciences sociales, Le processus d'urbanisation à P-au-P, no spécial Décembre 1971.

* 44 Banque Mondiale, situation économique actuelle et perspectives d'avenir vol. I, 1982

* 45Ministère de l'économie et des Finances, Institut Haïtien de Statistiques et d'informatique: Etude sur les relations entre l'exode rural et La planification urbaine en Haïti, Février 1989, P-au-P.

* 46 MTPTC/PNUD / Centre des Nations Unies pour les établissements Humains, Plan Directeur d'urbanisation de P-au-P (Projet Hai/85/009-Phase-1) p.86.

* 47 PNUD, Rapport de Coopération au développement-1996, p.12.

* 48 MSPP/OMS/OPS,Analyse de la situation Sanitaire d'Haiti-1997

* 49 IHSI, Enquête socio-économique dans les quartiers populeux P-au-P, Juillet 1988.

* 50CPNAP, Diagnostic du secteur Développement urbain et logement, DPSAT, janvier1988.

* 51 Edouard Francisque : La structure économique et sociale d'Haïti, 1986, p.51.

* 52 IHSI (Résultats préliminaires du recensement général, P-au-P , 1982, p.4.






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