TABLE DES MATIERES
Dédicace
III
Remerciements
IV
Méthodologie
1
Justification du choix du sujet
1
La Problématique
1
Hypothèse de départ
11
Hypothèses secondaires
11
L'objectif du travail
12
Champ d'étude........
12
La durée de l'étude
12
Le Plan du travail
12
INTRODUCTION
14
PREMIERE PARTIE
25
Situation socio economique d'Haiti
25
CHAPITRE 1
26
La situation socio-économique de
1970 à 2005
26
SECTION 1. L'Evolution de L'Economie
Haïtienne
27
1.1. Période 1970-1980
28
1.2. La Crise de l'Etat et ses
conséquences, 1981-1994
35
1.3. Les déséquilibres
Économiques de 1994 à nos jours
37
SECTION 2. Les difficultés
économiques et leurs répercussions sur les conditions
socio-économiques de la population
44
2.1. Baisse du revenu de la Population
45
2.2. Insuffisance des Services de Base
47
2.2.1 La Santé
47
2.2.2 Éducation
55
2.2.3 Nutrition et Alimentation
61
2.2.4 Eau Potable et Assainissement
64
2.2.5 L'Habitat
68
DEUXIEME PARTIE
71
Quelles solutions pour le
developpement ?
71
CHAPITRE 2
72
Les Tentatives de Planification pour le
développement économique d'Haïti
72
SECTION 1. Analyse de Quelques Programmes de
Développement
77
1.1. Les Unités Spatiales de
Développement
78
1.2. Les Îlots de
Développement
81
1.3. Les plans quinquennaux de
Développement
85
SECTION 2. Faiblesse de structure de
planification
91
2.1. Un Processus de Planification
Bureaucratique.
92
2.2. Absence de participation de la
population au processus de la planification
93
TROISIEME PARTIE
96
ABSENCE DU DEVELOPPEMENT
96
CHAPITRE 3
97
HAITI, REFUS DU DEVELOPPEMENT ET SES
CONSEQUENCES
97
SECTION 1. Les conséquences du refus
en milieu rural et urbain.
97
1.1. Pauvreté du Monde Rural et Ses
Conséquences.
100
1.2. La paupérisation du monde
rural
101
1.3. L'exode rural et ses
conséquences
102
SECTION 2. Conséquences sur le plan
urbain
109
2.1. Le chômage en milieu urbain et le
développement du secteur informel
110
2.2. Le développement de l'habitat
spontané
113
2.3. La Ruralisation de la vie urbaine
117
CONCLUSION
120
LES RECOMMANDATIONS
122
BIBLIOGRAPHIE
124
LISTE DES TABLEAUX
128
LISTE DES SIGLES UTILISÉS
130
Section 1 Dédicace
En mémoire de mes chers Père et Mère
Exula et Jérôme Fénélus qui dans
leur vision de parents avaient toujours caressé le rêve de me voir
réussir ma vie estudiantine et avaient consenti mille efforts pour
rendre possible la cérémonie du jour.
Remerciements
Nous tenons d'abord à remercier tout
spécialement le Professeur KITUBU Anskis Mabango dont les conseils et
les recommandations bénéfiques ont guidé nos recherches et
la rédaction de ce mémoire de sortie.
Nos remerciements vont également aux professeurs de
L'INAGHEI qui se sont tous impliqués dans notre formation. Qu'ils
retrouvent ici notre profonde gratitude.
Nous adressons aussi nos remerciements à tous nos
camarades de promotion pour leur encouragement.
Soyez enfin remerciés vous tous qui, d'une
manière ou d'une autre, avez contribué au développement du
sujet tel que présenté. Certains pour leurs critiques et leur
soutien moral, d'autres pour un livre ou une revue qu'ils nous ont fourni et
qui nous ont permis de mieux cerner le sujet.
Méthodologie
JUSTIFICATION DU CHOIX DU
SUJET
Le choix de ce sujet n'est pas le fruit du hasard. Il est
motivé par deux raisons :
Ø absence de volonté et d'engagement politique
de la part des autorités haïtiennes face à la
dégradation de notre économie et ses répercussions sur les
conditions de vie de la population ;
Ø il est lié à notre désir
d'apporter notre modeste contribution à la réflexion sur les
principales causes de la dégradation de l'économie et de formuler
des recommandations qui, nous l'espérons, retiendront l'attention de nos
décideurs politiques et de nos techniciens.
LA
PROBLÉMATIQUE
Haïti, contrairement à certains pays de la
région de la Caraïbe est soumise à des conditions physiques
que nous pouvons qualifier de difficiles. Elle est limitée dans son
développement économique par plusieurs facteurs.
1- Une Géographie physique difficile (terre montagneuse
lisérée d'étroites plaines côtières):
Ø un relief accidenté (dont les montagnes
occupent environ les trois quart de son territoire avec le sommet le plus
élevé, situé au massif de la Selle qui culmine à
2680 mètres) qui limite les possibilités de l'agriculture
haïtienne;
Ø un climat à succession alternée de deux
saisons pluvieuses et de deux saisons sèches avec une température
variant entre 20 et 35 degrés Celsius1(*). Malheureusement lorsque cette alternance est
perturbée l'agriculture en subit le coup;
Ø un sol affecté par l'érosion
provoqué par le déboisement incontrôlé et la
surexploitation des sols arables. Cette situation traduit le désespoir
et justifie la principale source des inondations et de longues
sécheresses qu'ont connu et connaissent encore certaines régions
du pays.
2- Sur le plan démographique la situation est
préoccupante:
Ø la projection faite pour la période
(1990-2005) par OMS/OPS en 1996 prévoyait un taux moyen annuel de
croissance de 2.08%; un taux brut de natalité de 35,29 pour 1000 et une
espérance moyenne de vie à la naissance de 55 ans. Aujourd'hui la
situation n'a pas subi trop de variation avec un taux de croissance annuel
constant de 2.08% ; d'un taux brut de natalité de 32,7 pour 1000 et
d'une espérance moyenne de vie à la naissance de 54 ans;
Ø la structure par âge montre une population
jeune. Les moins de 15 ans représentent 40% de la population totale
(dont 15% d'enfants de moins de 5 ans). La population active représente
environ 56% de la population totale dont 25% de femmes en âge de
procréer (15-49 ans). Les personnes de plus de 65 ans
représentent seulement 4% de la population totale. Haïti est le
pays où la densité démographique était la plus
élevée de l'Amérique Latine en 1995 soit 226 hab.
/m2 d'après OMS/OPS. Aujourd'hui, la situation tend à
se détériorer avec plus de 304 hab. /m2.
Le tableau suivant nous donne une idée de la
situation.
Tableau 1-
Haïti : Indicateurs Démographiques
|
Taux de naissance
|
Taux de la population de moins de 15 ans
|
Taux de la Population de 65 ans plus
|
Année
|
2000-2005
|
2000
|
2000
|
Haïti
|
2,08
|
39,9
|
3,8
|
Artibonite
|
1,82
|
42,6
|
4,0
|
Centre
|
1,67
|
43,9
|
4,0
|
Grand'Anse
|
1,39
|
41,8
|
4,5
|
Nord
|
1,64
|
43,9
|
3,7
|
Nord'Est
|
1,28
|
42,9
|
4,2
|
Nord'Ouest
|
2,15
|
45,7
|
4,7
|
Sud
|
1,26
|
41,8
|
4,3
|
Sud'Est
|
0,98
|
40,7
|
5,0
|
Source : IHSI, 1996
3- Sur le plan sanitaire, la population haïtienne fait
face à des difficultés énormes. Haïti
représente l'un des pays de l'Amérique où le taux de
mortalité est le plus élevé. La situation s'est
aggravée encore avec la crise socio-économique et politique que
connaît le pays depuis les années 80. Le taux brut de
mortalité était estimé à 13 pour 1000 en 1990 et se
situait très nettement au-dessus de la moyenne latino-américaine
qui est de 7 pour 1000 selon OMS/OPS en 1996. Tandis que l'espérance
moyenne de vie à la naissance est de 55 ans contre 67 ans pour
l'ensemble des pays de l'Amérique Latine. Les mauvaises conditions de
vie de la population en Haïti expliquent cette faible espérance
moyenne de vie.
La morbidité en Haïti porte sur les maladies
suivantes :
Ø la diarrhée associée à la
malnutrition, la malaria, le tétanos, les infections respiratoires
aiguës (IRA), la tuberculose, la rougeole et la typhoïde. Ces
facteurs expliquent dans une large mesure le taux élevé de la
mortalité en Haïti particulièrement chez les enfants en bas
âge. La malnutrition constitue l'un des facteurs de la mortalité
et de la morbidité au niveau de toutes les tranches d'âge et plus
précisément chez les couches les plus vulnérables;
Ø le problème de santé se pose aussi en
termes d'infrastructures médicales, de la disponibilité des
ressources et de leurs allocations. Seulement 645 institutions de soins et de
services sanitaires pour une population estimée à environ 7180294
habitants en 19952(*) et
selon le dernier recensement de la population et de l'habitat
réalisé par l'IHSI en 2003, la population haïtienne est de
8373750 habitants. En termes de la répartition des infrastructures
sanitaires pour l'ensemble du territoire la situation est ainsi
présentée :
· 49 Hôpitaux ;
· 217 Centres de santé dont 60 avec lits ;
· 138 Centres de santé sans lits ;
· 389 Dispensaires dont 37% appartiennent au secteur
public, 30% au secteur mixte, 31% au secteur privé et 2% au secteur non
identifié ;
· 6400 lits d'hôpitaux seulement sont disponibles
pour l'ensemble de la population et on ne compte que 1,6 médecins pour
10000 habitants et 1.27 infirmières et de 0.4 dentiste pour 10000
habitants.
Ø le personnel médical insuffisant est
inégalement réparti et malheureusement très peu
qualifié avec une logistique insignifiante. En effet, le personnel de
santé était estimé à 9000 individus et la part du
budget national octroyée au Ministère de la santé par le
gouvernement central était de 13% seulement en 1997. Il convient de
signaler que, depuis des années, nos ressources en terme de
professionnels de santé, du nombre de lits d'hôpitaux et de
centres hospitaliers n'ont pas véritablement subi de modifications.
Cependant il faut faire remarque que, depuis un certain temps, la politique
d'ouverture existant entre l'Etat haïtien et le l'Etat cubain a
contribué à une légère amélioration dans le
système sanitaire plus précisément avec l'arrivée
de nos médecins qui ont été formés à Cuba et
la présence des spécialistes cubains dans certaines
régions du pays. Déjà, en 2003 le nombre de professionnels
de santé cubains était de 556, contribuant ainsi à
atténuer les problèmes de santé dans le pays suivant les
données de l'AOPS publiées en 2004.
4- La situation du système éducatif
haïtien pour sa part est aussi préoccupante:
Ø taux élevé d'enfants scolarisables non
scolarisés.
En effet, alors qu'en 1991/1992 le nombre d'enfants
scolarisables était de 1216808 (6 à 12 ans), seulement 926095
avaient été scolarisés avec 48,3% filles et une
participation du milieu rural de 42,1%;
Ø l'inadaptation du contenu de l'enseignement et
l'inaccessibilité de l'enseignement préscolaire à une
forte proportion des enfants en âge scolaire posent de sérieux
problèmes dans ce secteur. L'Etat pour sa part ne dispose que
limitativement de quelques centres publics préscolaires pour l'ensemble
de la population;
Ø faible contribution du secteur privé dans le
système éducatif.
En effet, environ 14% seulement des enfants en âge
scolaire selon les statistiques disponibles fréquentaient les
établissements préscolaires privés avec un pourcentage
équivalent de sur âgés. Les écoles publiques
étaient moins nombreuses. D'où un taux général de
fréquentation de 25% en 1993/19943(*). Et en milieu rural seulement 30% d'enfants
scolarisables avaient pu fréquenter les établissements scolaires;
Ø le rapport élèves/salles de classe
dans les écoles primaires pour l'ensemble du pays était de 47,4%
en 1990/1991 et 47,7% en 1991/19924(*). Celui élèves/Maîtres au niveau
primaire a connu lui aussi des modifications au cours des années
antérieures et continue de l'être. Pour les années
1990/1991 et 1991/1992 on avait enregistré respectivement les ratios
suivants : 33,6 et 33,8. Si pour cette période ces chiffres
étaient plus ou moins acceptables aujourd'hui, l'encombrement des
classes est excessif avec en moyenne 50 élevés par salle de
classe.
Ø Le taux de transition dans le primaire, de 1979/1980
à 1990/1991 a subi certaines modifications à travers les
différents niveaux. Et les taux de promotion, de redoublement et
d'abandon de la première jusqu'à la sixième année
fondamentale sont les suivants :
· promotion : 0,74; 0,77; 0,77; 0,77; 0,72 ;
· redoublement : 0,09; 0,12; 0,13; 0,13; 0,13;
· abandon : 0,16 ; 0,11 ; 0,10 ; 0,10 ; 0,15 ;
Bien que les informations soient inaccessibles dans ce
secteur les données du tableau suivant nous
permettent de faire une idée en terme de besoins en
éducation5(*).
Tableau 2 - Quelques
indicateurs relatifs au système éducatif haïtien
INDICATEUR
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Taux de scolarisation primaire brut (%)
|
70.7
|
74.0
|
77.2
|
80.1
|
85.0
|
88.5
|
-
|
Taux de scolarisation primaire net (%)
|
41.0
|
43.0
|
45.0
|
47.0
|
49.0
|
51.4
|
-
|
Taux de redoublement (%)
|
13.0
|
0.7
|
13.0
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Taux d'abandon (%)
|
26.2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Ratio Elèves/Maîtres (primaire)
|
29.0
|
-
|
29.0
|
36.0
|
37.0
|
37.0
|
-
|
Taux de scolarisation secondaire (%)
|
11.9
|
14.4
|
14.0
|
13.5
|
13.1
|
12.8
|
-
|
Ratio Elèves/Maîtres (secondaire)
|
12.2
|
12.0
|
12.9
|
12.9
|
-
|
-
|
-
|
Taux d'alphabétisation adultes (%)
|
53.0
|
-
|
55.0
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Taux de candidats présentés et admis au Bacc I
(%)
|
24.8
|
32.5
|
46.5
|
46.4
|
33.6
|
52.6
|
-
|
Taux de candidats présentés et admis au Bacc II
(%)
|
57.8
|
74.5
|
85.7
|
77.4
|
62.8
|
83.6
|
-
|
Sources : PNUD/Rapport Mondial sur le Développement
1990-1997,UNESCO, IHSI.
5- Dans le domaine de l'eau potable et assainissement, la
population fait face à de sérieuses difficultés. Le taux
de couverture des besoins en eau est très faible en zone urbaine et en
zone rurale. La consommation d'eau de mauvaise qualité a des
répercussions négatives sur l'état de santé de la
population, augmentant ainsi le taux de morbidité et de
mortalité des enfants atteints par la diarrhée, la typhoïde
et autres maladies dérivées.
La couverture des besoins en eau potable au 31 décembre
1996 dans la zone métropolitaine était de 48%. Et au niveau des
villes secondaires elle était estimée à 43%. En milieu
rural pour la même période la couverture était
estimée à 41%, pour une population estimée à 66% de
la population totale du pays6(*).
Après avoir énuméré les
différents facteurs qui handicapent l'économie haïtienne,
comment se présente cette économie?
La structure de l'économie haïtienne se
présente de la manière suivante : Un secteur primaire, un secteur
secondaire et un secteur tertiaire. Cependant depuis plus d'une quinzaine
d'années l'économie haïtienne connaît des
difficultés majeures au niveau de ces secteurs et ces dernières
se résument en ces termes :
Un secteur primaire dominé par l'agriculture, un
secteur secondaire dominé par la sous-traitance et l'industrie de
transformation tournée vers le marché interne. et un secteur
tertiaire dominé par les services.
Le secteur primaire est en situation de déclin avec
une régression de la production vivrière et des cultures
d'exportation, ce qui a entraîné une baisse constante sa
contribution dans la formation du produit intérieur brut (PIB) et
également une baisse du revenu des agriculteurs. Les facteurs qui ont
limité le développement de ce secteur sont : l'absence de
politique agricole, l'absence de politique de prix, l'absence de mesures
d'incitation et d'encouragement au bénéfice des agriculteurs,
l'insuffisance d'intrants en qualité et en quantité,
l'insuffisance des infrastructures rurales et le problème foncier ;
l'insuffisance des services de base et l'insuffisance de crédit
agricole.
Ø Le secteur secondaire était en essor au cours
des années 70 avec l'implantation et le fonctionnement des usines de
sous-traitance. Aujourd'hui ces usines sont fermées ce qui a
exacerbé le chômage.
Enfin, en ce qui concerne le secteur tertiaire, le tourisme
dans lequel Haïti avait trouvé sa vocation économique dans
les années soixante et soixante dix n'est plus qu'un souvenir
aujourd'hui. Cependant, nous pouvons noter avec satisfaction l'essor qu'a connu
le secteur bancaire au cours de ces quinze dernières années.
HYPOTHÈSE DE
DÉPART
Notre hypothèse de départ est ainsi
formulée :
Les mauvaises voies de développement choisies par les
différents gouvernements qui se sont succédés depuis
l'indépendance à nos jours expliquent aisément la
constante dégradation de l'économie haïtienne.
HYPOTHÈSES
SECONDAIRES
L'absence de politique avec des objectifs clairement
définis explique la situation de déséquilibre dans
laquelle s'est retrouvée l'économie haïtienne.
La mauvaise gestion qui caractérise les
différents secteurs de l'économie nationale explique
également la dégradation de notre économie.
L'insuffisance de cadres capables de concevoir et
d'exécuter les tâches qu'exige une économie moderne
explique aussi la dégradation de l'économie haïtienne.
Des facteurs endogènes et exogènes ont
limité ou empêché la croissance de l'économie
haïtienne.
L'OBJECTIF DU
TRAVAIL
Identifier et analyser les facteurs qui ont contribué
à la dégradation de l'économie haïtienne au cours de
ces quinze dernières années et étudier les
répercussions de cette dégradation sur les conditions de vie de
la population.
CHAMP
D'ÉTUDE
Notre étude porte sur l'économie haïtienne,
plus particulièrement sur les difficultés
socio-économiques qu'a connues Haïti durant les quinze
dernières années.
LA DURÉE DE
L'ÉTUDE
Notre étude portera sur les quinze dernières
années, compris entre la période de 1990 à 2005.
LE PLAN DU
TRAVAIL
Notre travail est réalisé en trois grandes
parties.
La Première Partie traite la situation
socio-économique d'Haïti et des répercussions des
déséquilibres économiques sur les conditions
socio-économiques de la population au cours de la période allant
de 1950 à 1996.
La Deuxième Partie traite des tentatives de
planification ou refus du développement, en analysant aussi quelques
programmes de développement qui ont été initiés
à savoir: Les unités spatiales de développement, les plans
quinquennaux, l'absence de structure de planification et la participation de
la population au processus de la planification etc.
La Troisième Partie parle du refus de
développement et de la pauvreté en milieu rural, du
phénomène migratoire et ses conséquences, le
chômage, le développement de l'habitat spontané et la
ruralisation de la vie urbaine. Viennent enfin, la conclusion et les
recommandations d'usages.
INTRODUCTION
Alors qu'il y a à peine deux ans, le premier janvier
2004, nous avons célébré le bicentenaire de notre
Indépendance, Haïti demeure aujourd'hui encore un pays à
économie dévastée. Et pourtant, le pays avait connu une
certaine prospérité économique dans les années 70.
Et, cette dernière était liée à l'essor de
l'agriculture, à la stabilité de la monnaie nationale, la gourde
et à une balance commerciale excédentaire. Mais, le
deuxième choc pétrolier de 19797(*), des taux d'intérêt élevés
aux Etats-Unis, la crise de l'économie mondiale et les bouleversements
à la fois politiques, économiques et sociaux qui ont
caractérisé la fin du régime duvaliériste y
compris les événements politiques subséquents qu'a connu
la nation, ont rendu la situation encore plus préoccupante.
Ces difficultés ont eu des répercussions
sévères sur les conditions de vie de la population. En voici les
traits caractéristiques dominants : baisse du revenu et
santé précaire de la population accentuées par la
réapparition des maladies jadis maîtrisées et la
malnutrition qui a atteint des proportions considérables. Cette
situation a poussé un nombre important d'Haïtiens à
l'immigration. Quant au taux de chômage, il a touché pas moins de
65% de la population active en 1997 et le taux d'inflation est passé de
14,06% en 1991-1992 à 27,11% en 1994-1995. Il faudra encore ajouter
à ceci, la dégradation flagrante et démesurée de
notre écosystème et l'inadéquation des infrastructures
rurales et urbaines.
Dans le secteur de l'éducation la situation est
également restée préoccupante avec des taux de
scolarisation extrêmement faibles.
Les finances publiques ont elles aussi connu des
problèmes. Leur participation qui était de 14% dans la formation
du PIB en 1985 est passée à 3,1% en 1994. Et, le PNB (per capita)
jusqu'en 1997 n'était que de US $120.
La monnaie nationale pour sa part a connu et connaît
encore une dépréciation croissante. C'est ainsi que, au
début des années 80, la gourde dont la parité est
déterminée par la convention de 1919 à 5 gourdes pour 1 $,
a commencé à se déprécier. Et, cette
dépréciation qui était de 4,4% en 1985/1986 est
passée à 2,98% en 1987/1989 et à 9,9% en
1990/19918(*). Aujourd'hui
un dollar us s'échange à plus de 40 gourdes.
De plus, l'analyse des données publiées par le
PNUD en 1995 indique des taux de change à l'achat du dollar pour les
périodes : 1992/1993, 1993/1994 et 1994/1995 respectivement de 12,28,
14,72 et 14,4%9(*). Ce qui
représente une hausse du prix du dollar par rapport à la
période antérieure. Et, aujourd'hui encore, cette situation rend
les conditions de vie de la population intenables. Il faudra donc à tout
prix trouver une formule pour soulager la misère de la population
haïtienne.
Et pourtant, malgré les dépressions
identifiées dans les divers secteurs d'activités, Haïti n'a
pas hérité d'une économie exclusivement
déséquilibrée. Elle a connu des hauts et des bas à
travers les ans. Ainsi faut-il faire remarquer que cette économie
haïtienne qui est notre champ d'étude est
caractérisée par trois grandes périodes macro et micro
économiques :
Ø une période de croissance et de
prospérité de 1970 à 1980 ;
Ø une période de crise de 1981 à
1991 ;
Ø une période de grands
déséquilibres entre 1992 et 1997. Et aujourd'hui encore cette
situation demeure préoccupante.
A- Période de croissance
a) Secteur primaire
Au cours de la première période, L'agriculture
qui est un secteur dans lequel Haïti peut trouver sa vocation
économique a connu une croissance de plus de 5%. Pendant les
années 1970 à 1980 le PNB per capita s'est accru rapidement et a
atteint un niveau de US $ 350. A cette époque, l'agriculture
haïtienne contribuait à plus de 30% du PIB et arrivait à
nourrir correctement la population. Cette période marquait
également le début de l'implantation des usines de sous-traitance
en Haïti et celle de certaines banques étrangères telles
que : La City Bank, La Nova Scotia Bank et la Banque de Boston ce qui
favorisera la création d'emplois. Cependant, il convient de signaler
que, des erreurs notoires ont été commises dans l'orientation de
ce secteur et l'ont rendues aujourd'hui très fragile.
b) Secteur secondaire
Le secteur industriel pour sa part a contribué
positivement à la croissance économique au cours de la
période 1970-1980. En effet, au cours de cette période le
nouveau secteur industriel de sous-traitance, tourné vers les
marchés extérieurs, essentiellement celui des États-Unis
d'Amérique a donné des résultats satisfaisants. Le nombre
d'entreprises d'assemblage produisant des vêtements, des articles de
sports, des jouets et l'électronique surtout, atteignait le nombre de
250 en 1985. Parallèlement, le nombre d'emplois fournis par ce secteur
(50000 en 1985) en faisait le plus dynamique. Cependant, il convient de noter
que ce secteur a connu une certaine régression durant les
périodes suivantes 1988/1990 et 1991/1994, de l'ordre de 15,37% et 13,42
du PIB10(*).
c) Secteur tertiaire
En ce qui concerne le secteur tertiaire, notre étude
portera surtout sur le sous-secteur touristique. Il convient de signaler que ce
secteur a également participé à la croissance
économique pour cette période. Les statistiques disponibles
montrent qu'entre 1971 et 1980, Haïti recevait plus de 300 000 visiteurs
l'an. Malgré tout, depuis les années 70, Haïti n'a jamais
occupé une place valable au sein de la communauté de la
Caraïbe dans le domaine touristique. Alors qu'en 1978 nous ne recevions
que 111642 touristes avec une progression de 1.6% sur 1977, nos voisins en
recevaient beaucoup plus. Ainsi la situation de La République
Dominicaine au cours de la même période, est bien meilleure avec
257107 en progression de 3.7%; Et la Jamaïque avec 381.818 et une
progression de 5.4% et Porto-Rico avec 1.474.632 et une progression de
21%11(*) s'en tirent
encore mieux. Aujourd'hui, Haïti n'est plus une destination touristique et
ce nom a pratiquement disparu des dépliants publicitaires des
opérateurs de tour.
B- Période de crise
a) Crise pétrolière
La deuxième période, contrairement à la
première revêt un caractère tout à fait particulier.
Depuis la récession mondiale de (1980-1988)12(*), Haïti s'enfonce dans une
crise économique qui à la suite de l'effondrement du
régime des Duvalier en 1986, se transforme en une crise
multidimensionnelle. Et, les causes en sont complexes : augmentation des prix
des produits dérivés du pétrole, baisse substantielle
des prix des produits manufacturés et agricoles sur le marché
international associée à la diminution progressive de l'aide
internationale et des transferts de fonds de la Diaspora haïtienne et
aussi aux premières difficultés majeures du tourisme
haïtien.
b) Déficit budgétaire
Le solde budgétaire moyen a accusé un montant
négatif d'environ 379 millions de gourdes vers la fin des années
70 et 381 et 745 millions de gourdes respectivement pour les périodes
1986-1990 et 1991-199513(*). La détérioration de la balance
commerciale avec 30% de déficit du PIB et la décroissance
continue du niveau de réserves nettes de change ont été
telles que la stabilité de la gourde a été menacée
avec le développement d'un marché parallèle au cours de
cette période14(*).
Le ralentissement du processus d'industrialisation, puis la
réduction progressive du niveau d'emploi dans ce secteur, liés
à la dégradation de l'environnement rural ont rendu la situation
beaucoup plus difficile. Plus de 60 à 70% de la population active selon
les statistiques publiées en 1995 dans le rapport du PNUD sur la
coopération ont été atteints par ces problèmes.
C- Période des déséquilibres
macro et microéconomiques
La troisième période comme nous l'avons
mentionné précédemment est caractérisée par
de grands déséquilibres économiques. Ainsi le pays a
été choqué par le coup d'Etat du trente septembre 1991.
Et, la réaction de la Communauté internationale à
l'égard des putschistes a eu des répercussions
sévères sur la situation socio-économique de la
population. En effet l'embargo commercial imposé par la
communauté internationale contre le pouvoir militaire a
entraîné une accélération dans le processus du
déclin affectant le système productif. La récession qui
en est résultée a eu des conséquences déplorables
dans tous les secteurs de l'économie haïtienne.
L'analyse des données publiées par l'IHSI,
indique que l'agriculture haïtienne a connu une diminution de 32% de sa
valeur ajoutée de 1990/1991 à 1993/199415(*). A cela s'ajoute la
réduction des exportations officielles de 200 millions à moins de
60 millions pour cette même période. De plus, les statistiques
disponibles indiquent une diminution de 23% de la valeur ajoutée
industrielle globale durant la période de l'Embargo. En effet, le nombre
d'industries d'assemblage est passé de 191 à 97 entre 1990 et
1992 et, les branches industrielles tournées vers le marché
interne ont connu une diminution importante de leur valeur ajoutée.
Les investissements privés sont passés de 9,7%
du PIB en 1990 à moins de 6% en 1994. Le niveau des recettes publiques
est passé à seulement 3,1% du PIB en 1994 et le déficit du
budget du gouvernement central qui avait atteint le chiffre record de 684
millions de gourdes en moyenne annuelle durant la période a
été totalement financé par l'augmentation de la dette
interne vis à vis de la Banque Centrale aggravant ainsi la
dépréciation de la monnaie. Il convient aussi de signaler que la
situation du change montre un taux global de dépréciation de la
gourde de 46% à la fin de 1994 par rapport à 1990/1991
occasionnant ainsi une perte annuelle de 1.55% pour la période contre
2,8% pour la période antérieure16(*).
L'inflation a été très sensible à
cette époque au point que le taux enregistré en 1994 était
supérieur à 50% et le pouvoir d'achat des salariés s'est
retrouvé ainsi diminué de plus de la moitié de sa valeur
réduisant par contre la capacité de la majorité de la
population à faire face à ses besoins essentiels.
L'ensemble de ces difficultés économiques a eu
des retombées négatives sur les conditions de vie de la
population haïtienne.
L'analyse des données publiées par le PNUD en
1995 nous a permis de faire les considérations suivantes :
Alors que la moyenne des calories par habitant et par jour est
estimée à 2270 calories, la capacité alimentaire
d'Haïti n'était capable que de fournir 1145,6 calories pour
compenser ce déficit alimentaire, la valeur calorifique
journalière des produits alimentaires importés est passée
de 430 à 819 durant la même période. La dégradation
de la situation alimentaire touche également la carrière
scolaire et académique. En matière de scolarisation, il est
estimé que 95% des garçons et 89% des filles fréquentent
l'école primaire. La disparité est cependant grande entre les
zones urbaines et les zones rurales. Par ailleurs, seulement 22% de la
population scolarisable ont accès à l'enseignement secondaire.
L'inadéquation des programmes d'enseignement, langue de
formation (créole/français, la faible qualification des
maîtres et l'insuffisance des moyens financiers sont parmi les facteurs
qui ont limité le rendement de l'enseignement en Haïti.
De plus, l'inefficience traditionnelle de l'Etat dans le
secteur de l'éducation et la faiblesse des investissements dans ce
domaine font que les écoles et collèges publics ne touchent au
plus que 20% du total des scolarisés. Les établissements
privés, dont le niveau d'enseignement est peu contrôlé par
le Ministère de l'Éducation nationale, pratiquent des tarifs qui
excèdent généralement les capacités
financières de la majorité des parents, ce qui explique le faible
taux de scolarisation dans l'enseignement secondaire.
Les répercussions de la dégradation de la
situation économique sur la santé de la population sont
également préoccupantes. En 1990, seulement 60% de la population
avaient accès aux services de santé primaire. Actuellement, il
est estimé que ce taux est inférieur à 50%.
L'espérance moyenne de vie à la naissance qui était de 57
ans (67 ans pour l'ensemble de l'Amérique Latine) était en grande
partie due au fort taux de mortalité infantile (94/1000 entre 0 et 1 an;
133/1000 entre 0 et 5 ans). Aujourd'hui cette situation s'est aggravée,
réduisant l'espérance moyenne de vie à la naissance
à 42 ans.
Les maladies infectieuses (la tuberculose et les maladies
sexuellement transmissibles) sont les plus couramment rencontrées en
Haïti. L'accroissement de la population de Port-au-Prince et la
bidonvilisation accélérée du milieu urbain aggravent
encore davantage cette situation. Il est à cet égard significatif
de noter que le nombre de malades atteints du SIDA s'accroît. Cette
affection est en passe de devenir la cause principale d'hospitalisation des
populations les plus démunies. Les taux de prévalence VIH
étaient de 2 à 4% en milieu rural; 3% dans les couches
socioprofessionnelles urbaines supérieures ; 6 à 9% dans la
population urbaine défavorisée au cours de la période
1994-1996. Aujourd'hui ce chiffre est passé à plus de 12% en
Haïti.
Il existe à travers le pays 663 établissements
de santé dont seulement une centaine dispose de
structures d'hospitalisation. Mais malheureusement leur répartition
géographique ne correspond pas toujours aux besoins et à la
taille des différentes régions du pays. Pour pallier à
l'incompétence du gouvernement en matière santé, les ONG
se sont impliquées dans le domaine mais malheureusement sans
cohérence et coordination.
Le Ministère de la Santé Publique avec ces 9 000
salariés représente approximativement 19% de l'ensemble des
employés de la fonction publique. Cependant, les professionnels de la
santé ne comptent que pour 38% du total et sont concentrés en
majeure partie dans la zone métropolitaine17(*). Au vue de ce qui
précède nous pouvons dire que l'économie haïtienne
connaît de sérieux déséquilibres, parce que les
choix opérés par les acteurs politiques ont été
mauvais et également les voies de développement
privilégiées ont été mal orientées.
PREMIERE PARTIE
Situation socio economique
d'Haiti
CHAPITRE 1 La situation socio-économique de 1970 à
2005
Les structures de l'économie haïtienne se présentent de la manière suivante.
Un secteur primaire prédominé par l'agriculture, un secteur
secondaire caractérisé par l'industrie de la sous-traitance et
enfin un secteur tertiaire dominé par le sous-secteur touristique et le
sous-secteur bancaire. Si le secteur bancaire a connu une forte croissance,
l'agriculture et l'industrie ont beaucoup régressé.
Les mauvaises voies de développement choisies par nos
dirigeants et la croissance démographique accélérée
de ces trente dernières années ont
conduit à de sérieux déséquilibres
économiques et à la dégradation des conditions de vie de
la population haïtienne. En 1995, avec 2.1% contre 1,6% pour le
Brésil par exemple, Haïti connaît le taux de croissance
démographique le plus élevé d'Amérique latine. La
production agricole se révèle de plus en plus insuffisante pour
répondre aux besoins accrus de la population. Les causes de cette
insuffisance sont nombreuses et préoccupantes et peuvent se
résumer de la manière suivante : Absence de mesures
d'incitation et d'encadrement au bénéfice des paysans avec des
objectifs clairement définis, insuffisance de crédit agricole,
les problèmes fonciers, insuffisance d'encadrement technique,
insuffisance d'infrastructures rurales et absence de politique de prix.
Le produit intérieur brut est en constante
régression au cours de ces 15 dernières années par rapport
aux autres pays de l'Amérique Latine et des caraïbes. Le rapport
publié par la BID en 1995 rapporte les chiffres suivants concernant
certains pays de la région : le taux d'accroissement du produit
intérieur brut d'Haïti était seulement de 4,5% contre une
participation du Pérou de 7,6% et le Chili de sur 15 ans 7%18(*).
Le niveau d'industrialisation se révèle de plus
en plus faible et inopérant. L'inégale répartition des
revenus ; le chômage aigu, la balance commerciale déficitaire,
l'inadéquation des soins sanitaires, la sous-alimentation et
l'analphabétisme sont autant d'handicapes qui font écran au
développement économique et social d'Haïti.
SECTION 1. L'Evolution de L'Economie Haïtienne
Comme nous l'avons mentionné
précédemment, la situation de déséquilibre qui
caractérise l'économie haïtienne actuellement est le
résultat des mauvaises voies de développement choisies par nos
dirigeants depuis notre indépendance. En effet, depuis 1804
l'économie haïtienne a progressé de manière
très contrastée avec un arrière-plan politique
caractérisé par une alternance frappante entre la tyrannie et
l'anarchie. Cependant, cette évolution a été
marquée par quelques rares périodes de croissance, de booms
exceptionnels liés le plus souvent à l'envolée des cours
de certains produits (café, cacao, figue banane, sisal, huiles
essentielles) ou aux performances conjoncturelles de certains secteurs
d'activités : (Tourisme, industries extractives, industrie d'assemblage
pour l'exportation).
Ces périodes de croissance à cycle très
court ont été suivies de longues phases de stagnation
débouchant sur des périodes de dépressions et de crises,
conséquences le plus souvent de troubles politiques et parfois
d'accidents climatiques. La résultante de ce cycle d'évolution a
été une tendance séculaire au déclin et à la
paupérisation. En effet après une période de croissance
rapide dans les années 70 liée au développement de la
sous-traitance internationale et à une conjoncture boursière
favorable à nos denrées d'exportation (café, cacao...),
la situation de l'économie haïtienne n'a cessé de se
détériorer à partir des années 82 pour finalement
s'effondrer en 1994.
Dans les pages qui suivent nous allons analyser les
différentes étapes de l'évolution de l'économie
haïtienne et identifier les facteurs qui ont limité son
développement.
1.1. Période 1970-1980
Alimentée par une agriculture active quoique
traditionnelle d'exploitation de café, cacao et huiles essentielles,
l'économie haïtienne a connu une certaine stabilité jusqu'au
début des années 1970. En effet, elle a enregistré pour la
première fois un taux élevé de croissance de 5% en moyenne
par an en terme réel, accompagné d'une croissance par an du
produit per capita. Tout cela résulte de l'adoption d'un modèle
de développement dont les stratégies se sont axées sur la
promotion des exportations agricoles, industrielles et touristiques. Cependant,
des variations négatives du produit intérieur brut et d'autres
agrégats économiques ont surgi depuis 1981, d'où
l'émergence d'une crise sans précédent historique qui
étouffe notre économie ; une situation qui perdure encore.
Sur le plan économique, les résultats obtenus
ont fait état de grande performance au cours de la décennie 1970.
Le produit intérieur brut (PIB) s'est accru d'un taux annuel moyen de
5% ; résultat qui n'a jamais été observé
auparavant. C'est une époque de grande stabilité des prix (du
moins ils croissaient faiblement) et du change, résultant de la position
d'Haïti sur le marché d'exploitation, des entrées de
capitaux externes, lesquels ont comblé l'insuffisance de
l'épargne mondiale dans le financement des investissements locaux. Cette
époque a été marquée d'un déficit
modéré des finances publiques d'environ de 190 millions de
gourdes selon les statistiques disponibles. En effet, l'euphorie
économique des années 1970 découle de l'abandon d'un
modèle de développement dont l'objectif est d'amorcer le
processus de modernisation économique d'Haïti par création
des infrastructures physiques et sociales et un cadre macro-économique
viable nécessaire à cette fin. Il s'agit alors d'un modèle
qui stipule du pays sur l'extérieur en provenant l'exportation agricole,
industrielle et touristique. Ainsi, un regain d'activités à
caractère économique, comme l'implantation de l'industrie
d'assemblage, l'afflux d'aide externe, la montée spectaculaire du
secteur financier haïtien etc.., ont eu sur l'économies nationale
des impacts vraiment positifs. Le pays a pu accroître ses exportations,
ce qui a provoqué une entrée considérable de devises
alimentant nos réserves nettes de change. Nos exportations ont
enregistré une augmentation de 887,4millions de gourdes en 1979/1980
passant de 241 millions en 1970 à 1128,5millions (tableau 3), soit une
variation annuelle moyenne d'environ 20% l'an. Quant aux activités
touristiques, elles ont connu un certain dynamisme, tenant compte de la
relativité stabilité sociopolitique de cette époque
Tableau 3 -
Exportations, importations sur biens en (million de
gourdes)
Exercices
|
Exportations
|
Importations
|
Taux de couvertures des exportations (en %)
|
1970/1971
|
241.1
|
296.2
|
81.4
|
1971/1972
|
211.5
|
329.2
|
64.3
|
1972/1973
|
256.3
|
383.3
|
66.9
|
1973/1974
|
356.7
|
556.6
|
64.1
|
1974/1975
|
393.3
|
712.6
|
55.2
|
1975/1976
|
583.9
|
1005.3
|
58.1
|
1976/1977
|
716.5
|
1041.2
|
68.8
|
1977/19078
|
794.6
|
1103.4
|
72.0
|
1978/1979
|
739.4
|
1330.8
|
55.6
|
1979/1980
|
1128.5
|
1770.8
|
63.7
|
Sources : Administration générale des
douanes
BRH- Direction des Etudes Economiques
Le nombre de touristes et d'excursionnistes entrant dans le
pays a presque quadruplé passant de 84,164 en 1970 à 301,521 en
1979/1980) les deux pris ensemble) : Tableau 3. Cependant les importations
ont considérablement progressé au cours de cette même
période. Elles ont enregistré une croissance moyenne d'environ
23% l'an en passant de 296.2 en 1970 à 1770.8 millions de gourdes en
1979/1980. Ce qui contribue a l'accélération du déficit
commercial d'Haïti (22,84% l'an). En même temps, cela ne fait
qu'aggraver le déficit du compte courant 56% l'an de 1972 à 1980)
et par ricochet, celui de la balance des paiements tel que le montre le tableau
5
Tableau 4 - Nombre de
visiteurs arrivant dans le pays (en milliers)
Exercices
|
Touristes
|
Excursionnistes
|
1970/1971
|
41.994
|
42.170
|
1971/1972
|
60.980
|
77.906
|
1972/1973
|
69.810
|
82.833
|
1973/1974
|
79.468
|
129.543
|
1974/1975
|
77.742
|
174.038
|
1975/1976
|
85.419
|
197.366
|
1976/1977
|
92.976
|
193.334
|
1977/1978
|
105.670
|
191.137
|
1978/1979
|
129.479
|
170.470
|
1979/1980
|
138.874
|
162.647
|
Sources : Office national du Tourisme ;
BRH-Direction des études
économiques
Tableau 5 - Déficit
courant et déficit commercial (en millions de gourdes)
Exercices
|
Balance commerciale
|
Compte des opérations courantes
|
Débit
|
Crédit
|
Balance courante
|
1970/1971
|
-30.5
|
445.5
|
425.5
|
20.0
|
1971/1972
|
-76.9
|
482.5
|
450.8
|
31.7
|
1972/1973
|
-60.5
|
546.7
|
552.9
|
-6.2
|
1973/1974
|
-132.4
|
643.0
|
753.5
|
-110.5
|
1974/1975
|
-209.3
|
914.1
|
1048.4
|
-134.3
|
1975/1976
|
-261.6
|
1267.9
|
1369.3
|
-101.4
|
1976/1977
|
-311.0
|
1415.0
|
1602.5
|
-187.5
|
1977/1978
|
287.7
|
1642.2
|
1865.4
|
-223.2
|
1978/1979
|
-410.4
|
1710.4
|
1984.3
|
-273.9
|
1979/1980
|
-515.1
|
2337.5
|
2855.9
|
-518.4
|
Sources : BRH - Direction des études
économiques
Une telle situation doit son explication au fait que, d'une
part, les industries de sous-traitance installées au début de
cette décennie nécessitaient pour le fonctionnement de leurs
opérations d'équipements et de matières premières
importées. D'autre part, la réalisation de grands travaux
d'infrastructures par l'Etat haïtien exigeait aussi de matériels
provenant du reste du monde. Tout cela, combiné à la croissante
des biens alimentaires et de luxe dans le volume des importations tend à
élargir le déficit commercial du pays. Pourtant un tel
déséquilibre ne compromettait pas les résultats
encaissés au cours de cette période. D'importantes entrées
de devises provenant des exportations commerciales et touristiques (taux de
couverture X/M=65% et de façon particulière des capitaux externes
prêts et dons0 atteignant les 472 millions de dollars près en
1979/1980, ont pu atténuer les impacts négatifs qui en auraient
découlé.
Il s'en suit que la position des réserves nettes de
change s'est beaucoup améliorée. Après des variations
négatives en 1972/1975 de 15.6 à 120.8 millions de gourdes, elles
ont enregistré des entrées nettes de 93.5 millions en
1975/1976,68 millions en 1976/1977, 76 millions en 1977/1978 et 80.9 millions
en 1979 (tableau-6). Cela maintenait la valeur interne et externe de la monnaie
nationale (la gourde) à un niveau relativement stable : Une
situation dans la quelle la gourde et le dollar circulaient ensemble.
Tableau 6 - Déficit
courant, Mouvement de capitaux et Réserves de change (en millions de
gourdes)
Année
|
Déficit courant
|
Mouvement de capitaux
|
Réserves de change
|
1970/1971
|
20.0
|
25.7
|
-45.7
|
1971/1972
|
31.7
|
16.8
|
-48.5
|
1972/1973
|
-6.2
|
-9.4
|
15.6
|
1973/1974
|
-110.5
|
11.2
|
99.3
|
1974/1975
|
-134.3
|
14.1
|
120.8
|
1975/1976
|
-101.4
|
194.9
|
-93.5
|
1976/1977
|
-187.5
|
255.5
|
-68.0
|
1977/1978
|
-223.2
|
294.3
|
-71.1
|
1978/1979
|
-273.9
|
354.8
|
-80.9
|
1979/1980
|
-518.4
|
472.4
|
-46.0
|
Sources : BRH-Direction des études
économiques
Par ailleurs, profitant des effets induits du processus de
modernisation d'Haïti, d'autres secteurs vont également
connaître un certain dynamisme, entre autre le secteur bancaire. Jadis
atrophié, ce secteur commence donc à jouer son rôle moteur
du développement économique. Avec la création de la Banque
de la République d'Haïti (BRH) et de plus d'une dizaine
d'institutions monétaires financières nationales et
étrangères, le secteur financier haïtien a pu
connaître un certain essor en facilitant la circulation monétaire,
la mobilité du capital par l'octroi du crédit à
l'économie. L'évolution de ce secteur a eu de grandes incidences
sur l'épargne nationale.
De 1970 à 1974, l'épargne brute s'est accrue de
456,3%. Durand l'exercice suivant, elle a augmenté de 91% par rapport
à son niveau de 1970-1971et cette progression. Hormis un certain
ralentissement observé en 1976-1977, est maintenue tout au long de la
période.
Tableau 7 - Evolution de
l'Epargne nationale en % du PIB (en millions de gourdes courantes)
Année
|
Epargne
|
PIB Courant
|
Epargne/PIB(en %)
|
1970/1971
|
212
|
2261
|
9.4
|
1971/1972
|
246
|
2312
|
10.6
|
1972/1973
|
300
|
3129
|
9.6
|
1973/1974
|
308
|
3663
|
8.4
|
1974/1975
|
405
|
4272
|
9.5
|
1975/1976
|
584
|
4395
|
13.3
|
1976/1977
|
560
|
4897
|
11.4
|
1977/1978
|
634
|
5060
|
12.5
|
1978/1979
|
664
|
5600
|
11.9
|
1979/1980
|
720
|
7183
|
10.0
|
Sources : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatiques (IHSI)
Quant au rapport Epargne/PIB, il a accusé un taux de
10.6% au cours de l'exercice 1971/1972. Cette relation a connu une
évolution sans précédent tout au cours de cette
période : 13,3% en 1975-1978, corollaire d'une forte croissance de
l'épargne à cette même date. Ainsi s'est formé le
capital destiné à accroître la capacité productive
de l'économie, laquelle a du déboucher sur l'investissement
productif source de création d'emplois et porteur d'effets cumulatifs
sur l'ensemble de l'économie"19(*).
Ce panorama traduit la situation économique
d'Haïti au cours de la décennie 1970-1980 : une époque
marquée par l'expansion et la stabilité économiques. Cette
performance relative a pourtant subi, durant la décennie qui a suivi, de
profondes perturbations qui se sont traduites par la baisse de la production
nationale, par la détérioration du niveau de vie et la
dépréciation effrénée de la gourde, avec
l'apparition depuis 1981 d'un marché parallèle de change. Donc,
fort de toutes ces considérations la crise dans sa marche ascendante a
atteint des dimensions considérables occasionnant ainsi, des
déséquilibres économiques sans
précédents.
1.2. La Crise de l'Etat et
ses conséquences, 1981-1994
L'Etat, de par sa mission, est appelé à jouer un
rôle important dans le développement socio-économique de
la population. Malheureusement dans le cas d`Haïti, le pouvoir a rarement
assuré cette fonction.
Les différents régimes qui se sont
succédés ont démontré clairement
l'incapacité de l'Etat à satisfaire les besoins de la
société et les aspirations de citoyens. Avec le processus
d'effritement de la machine gouvernementale qui précéda et suivit
le départ de Jean Claude DUVALIER en 1986, cette incapacité
devint encore plus évidente. Elle fut mise à nu par la
persévérance des luttes civiques qui ont dénoncé et
contré l'administration néo-duvaliériste et le militarisme
au pouvoir.
Dans le contexte de cette dégradation exacerbée
par la corruption et par les pressions revendicatives de la population, l'Etat
s'est révélé de plus en plus incapable de remplir
adéquatement ses fonctions d'autorité de gestion et d'orientation
politique.
Ainsi, la nombreuse et omnipotente classe au pouvoir s'est
convertie en une institution arbitraire, inefficace, rongée par la
corruption, dénuée de toute légitimité et
d'autorité.
Cette crise s'est manifestée dans la vie quotidienne de
tous les citoyens. Elle s'est exprimée par l'incapacité de
l'institution étatique à gérer la crise sociale, à
faire face aux conflits politiques, à restaurer l'ordre et à
offrir les services les plus élémentaires à la
communauté. Ne pouvant se renouveler faces aux revendications de la
population en faveur de la démocratie, de la modernité, de la
justice, l'Etat a tenté à s'en remettre, pour assurer certaines
de ses fonctions, aux organismes étrangers d'assistance ou directement
aux puissances de tutelle.
Une telle situation de désagrégation et
d'affaiblissement de l'Etat contribue à créer les conditions
défavorables au développement économique et à
priver la population des services indispensables à son
bien-être20(*).
Cette incapacité a favorisé l'ingérence
des puissances étrangères et des organismes internationaux qui
n'ont pas toujours privilégié les intérêts du pays
et de la population.
1.3. Les
déséquilibres Économiques de 1994 à nos jours
La croissance économique amorcée depuis la
deuxième moitié des années 1970, avec l'implantation du
secteur de l'assemblage et les travaux de construction de réseaux
routiers, se sont ralentis au début des années 80. En 1980/1981
l'économie haïtienne a connu un taux de croissance relativement
élevé de plus de 5%, mais à partir de l'année 1982
elle est entrée dans une phase de récession, conséquence
du deuxième choc pétrolier de 1979.21(*)
Au cours de la décennie, 70-80 la balance commerciale a
connu un déficit important suite à l'escalade de prix des
produits pétroliers et la baisse de la valeur d'exportation des produits
traditionnels (bauxite, café, cacao, sucre...). La facture
élevée d'importation et les termes d'échanges
défavorables ont été particulièrement la cause de
l'accentuation du déficit de la balance commerciale.
Le secteur agricole considéré au cours des
années 1970 comme le plus dynamique, en termes de contribution à
la formation de la valeur ajoutée, a cédé le pas au
secteur des services. Aujourd'hui, sa participation au PI B représente
moins de 24% contre 50%22(*) au cours de la période 1970-1980.
Les statistiques présentées dans le rapport
annuel de la B.R.H 1996 chiffraient le poids des secteurs de commerce, de la
restauration et de l'hôtellerie, des transports et communication et des
services marchands et non marchands à 41,03% du PIB en 1985-1987, 41,41%
en 1988-1990, 40,94% en 1991-199423(*).
Quant au secteur industriel sa participation n'a pas
été suffisante, compte tenu de son développement dans la
structure du PIB. La valeur ajoutée des "industries
manufacturières" a représenté 15,89% du PIB en 1985-1987,
15,37% en 1988-1990, et 13,42% 1991-1994. Celle des secteurs "Bâtiments
et Travaux Publics" a été respectivement de 0,94% et 0,66%,
indique le même rapport.
Le système bancaire a poursuivi son
développement, favorisé par la disponibilité des
ressources plutôt à bon marché. Le recours de plus en plus
important au crédit de la banque centrale pour le financer les
dépenses du secteur public a en effet, rendu plus aisée la
captation de dépôts par les banques du système. En 1985,
l'excédent de réserves du système bancaire
s'élevait à 310,6 millions de gourdes, soit 16,09% du total des
dépôts. En 1989, l'excédent était de 221,4 millions
de gourdes soit 7,39% des dépôts, ceci, en dépit des
diverses mesures adoptées par la Banque centrale pour limiter la
surliquidité des Banques.
D'autre part, au début des années 80 plus
particulièrement vers 1982 l'accumulation d'arriérés
commerciaux a produit des conséquences néfastes à
l'économie nationale.
La monnaie nationale dont la parité a
été fixée depuis 1919 à 5 gourdes pour 1 dollar
américain, a commencé à se déprécier. Cette
dépréciation plutôt lente à ses débuts
était de 4,4% en 1985-1986, 2,98% en 1987-1989, 9,9% en 1990-1991,
alors que les taux d'inflation pour les mêmes périodes ont
été respectivement de 8,1%, 3,3% et 18,5%.
Il faut aussi noter que pour la période 1991-1994 le
chômage a atteint des proportions incontrôlables. Plus de 80% des
familles haïtiennes n'étaient plus en mesure d'assurer la
couverture de leurs besoins essentiels.
Au niveau des finances publiques, les recettes courantes qui
représentaient 14% du PIB en 1985 se sont effondrées à
3.1% en 1994 et les dépenses courantes de 22% à 6,3%. Les
déficiences structurelles du système de perception jointe
à la baisse générale des activités ont
contribué à aggraver le déficit global du secteur public
qui a atteint 684,4 millions de gourdes en moyenne annuelle sur la
période, alors que le déficit moyen n'était que de 260,6
millions de gourdes au cours de la période 1985-198724(*). Ce déficit, en
l'absence de ressources externes a été intégralement
financé par la BRH.
En 1982, la crise socio-économique s'est
accentuée. L'économie est passée d'une période
d'inflation de 10% à des taux de 20% à 50%, réduisant
ainsi le pouvoir d'achat de la population.
La dépréciation de la gourde avait atteint alors
un niveau record, passant à 27,4% en 1992-1993. Mais heureusement,
à la faveur du retour au pouvoir constitutionnel en 1994 la situation
s'est améliorée et la dépréciation est
passée à 19,7%.
La baisse de la production intérieure brute (PIB) a
atteint 30% sur l'ensemble des trois années fiscales 1991-1994. Le ratio
investissement / PIB est tombé au niveau de 6% en 1994 alors qu'il
était de 9,7% en 1990, marquant la rapide décapitalisation de
l'appareil productif25(*).
Sur le plan des finances publiques, l'année 1996 a
débuté en effet, avec une situation précaire des finances
publiques caractérisée par un déficit budgétaire de
plus d'un milliard de gourdes et un retrait total du financement externe suite
aux ruptures des négociations avec les bailleurs de fonds en novembre
1995. L'unique source de financement du gouvernement étant alors la BRH.
Une atmosphère de fragilité monétaire n'a pas tardé
à émerger avec bien entendu, des répercussions sur le taux
de change du dollar par rapport à la gourde qui avoisinait 240% en
février 1996.
Bien que controversées et dommageables pour les
fonctionnaires publics dont certains n'ont pas pu recevoir leurs salaires
à temps, les mesures d'austérité exigées par la
politique d'ajustement structurel allaient produire des effets négatifs
sur le marché de change et, dès mai 1996 le taux de change
gourde/dollar commençait à se stabiliser autour de 215% sur le
marché.
Ces mesures inédites dans les annales de nos finances
publiques ont certainement impressionné les bailleurs de fonds qui ont
pris actes de bonnes dispositions des autorités à s'engager dans
le programme d'ajustement structurel. Ils se sont rendus compte qu'ils
pouvaient exiger beaucoup plus de ce pouvoir qui avouait publiquement que son
unique planche de salut demeurait le programme d'ajustement structurel
(PAS).
Le programme d'ajustement structurel dans son application a
eu des effets positifs dans les premiers moments. En effet, quelque six mois
après l'entrée en vigueur officielle des reformes
économiques axées fondamentalement sur le programme d'ajustement
structurel (PAS) signé avec le F.M.I. en 1996, certains de ces
progrès importants ont été enregistrés au niveau
des finances publiques.
En dépit du fait qu'un grand nombre de lois sur les
finances publiques et tarifs douaniers n'avaient pas encore été
promulguées et attendaient les dernières décisions soit au
niveau du sénat, soit au niveau de la chambre des députés,
les autorités fiscales et douanières les ont quand même mis
en application, ce qui avait contribué rapidement à porter une
amélioration importante au niveau des ressources du Trésor
Public.
Déjà, après les cinq premiers mois de
l'exercice 1996/1997, le trésor public a pu encaisser 1976 millions de
gourdes équivalant à 62 % des recettes de l'exercice 1995/1996,
à raison d'une moyenne mensuelle de 395.2 millions de gourdes. En ce qui
a trait aux dépenses pour les cinq premiers mois du même exercice,
elles se chiffraient à 54% de l'ensemble des débours
réalisés par le trésor public en 1995/1996 lequel avait
déjà à la même époque, accusé un
déficit de plus d'un million de gourdes.
L'amélioration des recettes a contribué à
faire baisser le ratio salaire/ressources de 51% en 1995/1996 à 49% en
1996/1997. La baisse de ce ratio est aussi un critère de performance du
programme qui mise sur une plus grande productivité du personnel et
une meilleure allocation des ressources du trésor public dont une plus
grande part devrait être consacrée au budget d'investissement. A
la vue de ces données nous pouvons constater que les cinq premiers mois
de l'exercice 1996/1997 ne témoignent pas la performance attendue au
niveau des finances publiques par les responsables. Au contraire, les
indicateurs pointent sur une économie pratiquement en détresse.
La gourde a eu beaucoup de mal à maintenir sa stabilité et
réagissait au moindre signal d'instabilité sociale. Toutefois, il
faut signaler qu'au cours du premier trimestre 1996/1997 le dollar
s'échangeait à 205% par rapport à la gourde. La Banque
centrale pour pallier à cette situation a injecté 12
millions de gourdes sur le marché des changes et malgré tout, la
monnaie américaine a continué à
s'apprécier26(*).
Ainsi, si le PAS (programme d'ajustement structurel) a
dû forcer les autorités à gérer plus sainement les
ressources du trésor public, une combinaison de facteurs, dont la
faible capacité d'absorption de l'Etat haïtien, la
débilité des structures de production et la volatilité de
la situation sociopolitique n'ont pas milité en faveur des effets
positifs sur l'économie, déjà fortement affectée
par le chômage urbain et rural. Ainsi se résument certains
éléments entrant dans le processus de blocage du
développement économique du pays.
SECTION 2. Les difficultés économiques
et leurs répercussions sur les conditions socio-économiques de la
population
Comme nous venons de voir à travers les sections
précédentes, les problèmes socio-économique et
politique qui ont bouleversé le pays à partir des années
80, et surtout la mauvaise gestion de la chose publique qui caractérise
les gouvernements qui se sont succédé expliquent aisément
la situation désastreuse dans laquelle Haïti se retrouve
aujourd'hui.
Le taux de croissance de 5% qu'a connu l'économie
vers les années 1970 ne peut plus se maintenir. L'Etat est
confronté à une crise aiguë qui a coûté au pays
des vies humaines et des sommes phénoménales en devise. Bref, le
ralentissement des activités économiques et le déclin de
la production nationale ont empêché la mise en place des services
les plus élémentaires de base à la population.
L'Etat haïtien pour pallier à cette situation a eu
recours très souvent aux bailleurs de fonds internationaux en
particulier, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque
Mondiale (BM) qui font parfois de grandes exigences pour couvrir leurs fonds
décaissés. Et, nous ne sommes pas sans savoir que ces derniers
ont eu des répercussions néfastes sur la vie de la population
haïtienne. Il convient aussi de signaler que les organisations
internationales telles que : UNICEFF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance),
OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ACDI (Agence Canadienne
développement International), USAID (Agence Américaine pour le
développement international) ont largement contribué au
soulagement de la population. Toutefois, à la lumière des
données disponibles tirons quelques conclusions appuyées par une
analyse de la situation.
2.1. Baisse du revenu de la Population
La situation de crise qu'a connue le pays durant ces 15
dernières années ont des retombées négatives sur le
revenu de la population. La population rurale a lourdement souffert de ces
difficultés économiques. Pour survivre les paysans ont
été obligés de vendre leurs biens fonciers et les
têtes de bétail. Ils ont loué toute leur force de travail
excédentaire aux exploitants aisés. Même les femmes
n'étaient pas épargnées de ce mal combien
préoccupant.
En milieu rural, le taux de chômage est
intolérable. Selon une étude de l'OMS/OPS publiée en 1997,
il a atteint 65%, accompagné d'un taux d'inflation de 15,65. La
croissance de l'emploi s'est traduite par une baisse considérable, ne
dépassant pas 3% entre 1981 à 1986, et 1986 à 1991
contrairement aux prévisions faites par le Ministère du Plan au
cours de la période 1975/1980 qui était de 5,58%27(*).
Il convient aussi de signaler que, depuis 1980, le PNB par
habitant a décliné de 20% et il s'établit seulement
à US $350 pour finalement atteindre $320, le niveau le plus bas des
Amériques, un chiffre difficilement pensable pour les hommes qui vivent
dans les pays industrialisés et même pour ceux des pays en voie
développement plus avancés28(*). Donc, l'ensemble de ces considérations
explique l'extrême pauvreté de la population haïtienne, qui
devient sous-alimentée, privées de soins de santé de base,
d'éducation, de loisirs etc.
Et, cette situation de pauvreté et de misère
dépasse même la compétence des grandes organisations
internationales en matière d'intervention là où le besoin
se fait sentir sous forme d'aide face à une population qui confronte un
taux de chômage aigu ou des pertes d'emplois démesurées.
Dans ce même ordre d'idée depuis 1995 on a assisté à
une certaine volonté des organismes d'Aide à pouvoir soulager la
misère de la population. Ainsi la F.A.O. (Organisation des Nations Unies
pour l'agriculture et l'alimentation) lors de la commémoration de la
journée mondiale de l'alimentation en octobre 1995 a choisi le
thème : « Nourrir le monde». Mais jusqu'ici les signes ne se
font pas encore sentir.
Il convient de noter également que la baisse de revenu
a eu des répercussions sévères sur la santé, la
nutrition et l'éducation de la population en particulier sur celle des
couches nécessiteuses.
Dans les pages qui suivent nous allons voir plus en
détail ces services et leurs niveaux de satisfaction au
bénéfice de la population rurale et la population urbaine.
2.2. Insuffisance des Services de Base
Les difficultés à la fois économiques,
politiques et sociales que connaît le pays au cours de ces 15
dernières années ne sont pas sans incidences sur les besoins
primaires de la population haïtienne. On a assisté à une
dégradation flagrante de toute la structure sociale. Les soins les plus
élémentaires sont inaccessibles. La population est
abandonnée à elle-même. Ainsi, un secteur aussi important
que la santé se trouve en agonie à tel point que nous assistons
à une recrudescence des maladies jadis contrôlées. La
situation nutritionnelle de la population pour sa part est devenue sombre et
préoccupante. Le nombre de personnes ayant accès à l'eau
potable a considérablement régressé. En un mot cette
situation a augmenté le taux de morbidité et de mortalité
de la population.
2.2.1 La Santé
On ne peut pas parler de soins de santé en Haïti
si on laisse de côté la vision de l'Etat pour cet important
secteur. Quelle est sa politique, sa stratégie et quels sont ses
objectifs en la matière ? Ainsi, bon nombre d'entre eux ont
été élaborés sans succès depuis 1982.
Toutefois, une nouvelle politique, s'inspirant d'avant projets
préparés en 1991, 1994 et 1995 a été
élaboré en 1996. Cette politique définissait la
santé non seulement comme un état de bien-être physique,
social et mental, mais aussi comme un équilibre avec l'environnement,
dans un contexte de développement global de l'être humain.
Cette politique reconnaît le droit fondamental à
la santé et l'accessibilité aux soins à toute personne.
Elle fut inspirée par trois principes essentiels ;
l'équité la justice sociale et la solidarité. Et,
l'application de ce plan devrait atteindre les objectifs suivants:
Ø Réduire la mortalité et la
morbidité dues aux problèmes de santé qui affligeaient la
population haïtienne.
Ø Assurer la protection et la promotion de la
santé de la population sur toute l'étendue du territoire.
Ø Rationaliser la gestion des systèmes et
services de santé dans le pays.
Les axes stratégiques étaient de
décentraliser et rationaliser la carte sanitaire en développant
un mode de financement équitable et efficient par le renforcement de la
participation communautaire et la coordination intra- sectorielle et inter-
sectorielle.
La grande question reste à savoir quel est le niveau de
réalisation de ces objectifs? On doute fort qu'ils aient
été atteints à un fort pourcentage, si l'on fait confiance
aux données suivantes :
Ø le cas par exemple des maladies d'origine hydrique:
la diarrhée représentait la première cause de
mortalité chez les enfants démunis de moins de cinq ans. En 1994,
le taux de prévalence de la diarrhée était de 27,6% au
cours de deux semaines qui avaient précédé l'enquête
nationale Emmus-II (Enquête mortalités, morbidités et
utilisation des services) et de 9,7% au cours de 24 heures
précédant cette même enquête. Bien que la
prévalence de la diarrhée au cours des semaines ait rendement
diminué passant de 43% en 1987 à 26,6% en 1994, elle reste encore
très élevée (47,7% dans le groupe des âges 6-11
mois). La diarrhée constitue aussi la principale cause de
décès chez les enfants de moins de 5 ans. Ces décès
sont souvent associés aux IRA (infections respiratoires aiguës) et
à la malnutrition.
D'après l'enquête Emmus-II seulement 31,6% des
enfants atteints de la diarrhée recevaient une thérapie de
réhydratation orale (TRO) à domicile. La typhoïde est
endémique dans le pays. En 1991, une importante épidémie a
été confirmée dans plusieurs zones marginales de la
capitale. En 1992, plusieurs foyers épidémiques ont
été rapportés particulièrement dans le sud
où le centre des Cayes (La métropole du Sud) qui desservait une
population de 100 000 personnes enregistrait au mois de janvier 1993, 12,5% des
cas de typhoïde sur un total de 2500 cas analysés. La situation
demeurait préoccupante dans le Sud jusqu'en avril 199329(*).
Ainsi, d'après l'enquête les infections
respiratoires aiguës (IRA) ont entrainé 12% de décès
des enfants de moins de 5 ans en 1987. Au cours de cette même
année elles étaient aussi responsables de 30 à 40% des
hospitalisations.
En 1994 20% des enfants de moins de 5 ans ont souffert des
infections respiratoires aiguës au cours de 2 semaines qui ont
précédé l'enquête. Parmi les enfants 27% ont
bénéficié d'une consultation médicale et, 25%sont
morts.
Il convient de noter également que, la pneumonie
constituait la cause majeure de mortalité parmi les infections
respiratoires aiguës.
Les statistiques disponibles rapportent que, 71% des femmes
étaient assistées par une matrone durant l'accouchement et la
mortalité maternelle était de 456 pour 100,000 naissances
vivantes.
Le taux de décès des mères
résidant en ville est de 1 210 pour 100 000 naissances vivantes. Tandis
que celles qui vivent dans les zones rurales accusent un taux de
mortalité de 339 pour 100 000 naissances vivantes.
Les principales causes de décès sont :
Ø Obstruction du travail (disproportion
cephalo-pelvienne) avec rupture utérine 8,3% ;
Ø Éclampsie probable 16,7% ;
Ø Hémorragie (Placenta praevia) 8,3% ;
Le reste des cas démontre un ensemble de
symptômes dont plusieurs sont favorisés par des complications
infectieuses ou neurologiques. Ce taux élevé de mortalité
maternelle est dû à l'absence des soins prénataux
adéquats : ce sont surtout des primigestes ou de grandes multipares, au
niveau socio-économique très bas, qui arrivent moribondes,
après une tentative d'accouchement à domicile avec un personnel
non qualifié.
L'enquête souligne que, 80% des femmes ont
accouché leur dernier-né à la maison. 50% des femmes
habitant Port-au-Prince ont tendance à accoucher à
l'hôpital. Ceci se vérifie pour seulement 31% des naissances dans
les autres zones urbaines et 9% de naissances dans les zones rurales. Il
convient de noter que le problème de santé est aussi fonction de
l'inaccessibilité géographique que présente Haïti en
matière de services de santé. La couverture sanitaire est
nettement insuffisante.
D'après l'enquête de l'Emmus-II (enquête
mortalité, morbidité et utilisation des services) le
système sanitaire dispose de 663 institutions sanitaires
distribuées à travers tout le pays. Toutefois, une analyse de la
situation en 19991 soulignait déjà la couverture
inadéquate de la population en services de santé, estimant que
40% au moins de la population ne bénéficiaient d'aucun
accès aux soins de santé. Selon la même source, en milieu
urbain, la grande majorité des femmes vivent à proximité
des établissements sanitaires (79% à 98%) à Port-au-Prince
et seulement (62,2% à 87%) dans les autres villes.
Par contre, la situation en milieu rural est bien
différente. 75% vivent dans des zones rurales à habitats
dispersés, 56% habitent des localités d'accès difficiles
(piste, sentier) 12% habitent près d'une route goudronnée, 45%
des femmes très éloignés c'est-à-dire à plus
de 15 km d'un hôpital, 38% vivent dans des endroits très
éloignée d'une Pharmacie, 44% ne disposent pas de services de
transport en commun à proximité. D'autre part, après le
coup d'Etat de 1991, la prestation de services de santé, surtout dans
les institutions publiques, s'est fortement dégradée. On peut
penser actuellement qu'environ la moitié de la population n'a pas
accès aux soins de santé.
La couverture nationale en ressources humaines se
révèle insuffisante. Environ 1,6 médecin, 1,3
infirmière et 0,4 dentiste pour une population de plus de 10 000
habitants. Le Département de l'Ouest à lui seul, où vit le
tiers de la population du pays concentre 73% des médecins, 67% des
infirmières, 37% des auxiliaires de la santé et la
quasi-totalité des institutions de santé et les lits
d'hospitalisation.
Le tableau 8 nous donne une idée de la situation.
Tableau 8 - Distribution
de la population et des catégories de personnels de Santé par
département géographique (1993)
Département
|
Population
|
Médecin
|
Infirmières
|
Auxiliaires
|
1- Ouest
2- sud-est
3- Nord
4- nord-est
5- Artibonite
6- Centre
7- Sud
8- Grand' Anse
9- nord-ouest
|
2 302 723
443 847
727 612
238 784
963 105
470 275
631 453
620 673
399 538
|
34%
7%
11%
4%
14%
7%
9%
8%
6%
|
561
21
31
15
69
14
30
13
19
|
73%
3%
4%
1,8%
9%
1,7%
4%
1,5%
2%
|
527
41
52
11
33
9
61
22
29
|
67%
5%
7%
1%
4%
1%
8%
3%
4%
|
674
42
178
67
218
105
264
160
136
|
37%
2%
10%
4%
12%
6%
14%
9%
7%
|
Total
|
6 798 000
|
100%
|
773
|
100%
|
785
|
100%
|
1 844
|
100%
|
Source : Haïti, institutions, personnels de santé
et planification familiale, Dr Emmanuel Ade Al, Juin 1994.
Il est important aussi d'analyser la situation
socio-économique dans le cadre des pays de l'Amérique Latine et
les Caraïbes, car Haïti n'est pas le seul pays touché par la
crise des années 1980. Ces derniers aussi n'ont pas pu échapper
aux méfaits de cette crise.
Le rapport présenté sur le progrès
économique et social en Amérique Latine en 1989 par La BID a fait
des révélations concernant l'analyse nationale et a
comparé les différentes raisons responsables de la crise dans les
différentes régions de l'espace latino-américain. Toute
comparaison internationale de l'impact de la crise est difficile, du fait des
différences de conditions initiales des pays, des différences de
qualité et de classification de l'information disponible, et des
différences de niveau de prix dans le domaine de la santé, dont
on ne pourrait tenir compte qu'en partie au moyen d'ajustement par rapport
à une monnaie commune. On a constaté la grande
hétérogénéité de ce qui a été
observé.
Même considérée uniquement comme un
phénomène économique, la crise des années 1982-1986
n'a pas été uniforme dans tous les pays et cette diversité
est tout aussi sensible, lorsqu'on analyse les conséquences pour le
secteur de la santé.
En réalité, vu les progrès importants
réalisés dans la région au cours des deux décennies
précédentes 1960-1980 en ce qui concerne la couverture des
services de prévention et d'assistance, il semblerait que la nutrition
et, l'approvisionnement en eau potable ont contribué à
améliorer les indices de santé.
En définitive, la problématique de la
santé en Haïti se pose en termes d'équité et
d'accès à d'information beaucoup plus qu'en termes de
disponibilité des ressources.
Lorsqu'un haïtien a un problème de santé,
il a besoin d'un service. Malheureusement, quatre fois sur dix, l'accès
aux centres hospitaliers lui est difficile voire impossible. Mais
également l'accès aux centres de santé est difficile en
raison des conditions économiques.
2.2.2 Éducation
Selon des projections faites par le groupe: Research Triangle
Institute (RTI) à partir des données publiées par
l'Institut haïtien de Statistiques et d'Informatiques (IHSI) en 1992, la
population haïtienne serait de 8 821709 habitants en 200530(*). La population en âge
scolaire groupe (6 à 12 ans) fréquentant normalement les deux
premiers cycles de l'école fondamentale, atteindrait les 1579073 en l'an
2005. Entre 1988/1989 et 1994/1995, selon les statistiques disponibles,
l'effectif dans l'enseignement primaire était passé de 741 313 en
1987 à 1 156 937en 1995, soit un accroissement de 56% en six ans
seulement. Des 100% de l'effectif des filles dans l'enseignement primaire,
48,2% évoluaient dans le milieu rural. Et la proportion
fréquentant les écoles primaires du secteur privé pour la
même période représentait plus de 68%. En trois ans, entre
1988/1989 et 1991/1992, selon les chiffres disponibles, le taux net de
scolarité des enfants âgés de 6 à 12 ans s'est
élevé de 37.2% à 44,1%. Dans l'ensemble, une augmentation
de 2,3% par an31(*).
Donc, la demande d'éducation est extrêmement
forte. Le fait que moins de 50% du groupe d'âge scolaire (6 à 12
ans) se trouvent scolarisé ne reflète pas un
désintérêt pour la scolarisation de la part des familles.
En effet, la contribution des ménages aux dépenses
d'éducation indique au contraire la vigueur de cette demande en
dépit des barrières à son accès. Sur la base des
informations fournies par l'étude sur les dépenses des
ménages dans le cadre du PROBED (projet bilatéral
d'éducation), on estime que l'ensemble des ménages urbains a
dépensé en 1994/1995 après ajustement, entre 1300 gourdes
et 6700 gourdes par ménage pour les dépenses directes et
indirectes d'éducation qui s'élèveraient à 3 400
000 000 de gourdes en 1994/1995, ce qui représente plus de 12% du PIB
pour cette période. Il s'agit là d'un montant très
élevé, comparé aux 2,2% du PIB que représentent
les dépenses publiques (MENJS et UEH)32(*). Ce qui fait d'Haïti un cas unique. Ce
déséquilibre, mis en parallèle avec la croissance du
système et son peu de productivité a fait que l'offre de services
éducatifs se trouve fournie par l'initiative privée
marginalisant en quelque sorte l'offre publique d'éducation.
L'expansion spontanée de ce secteur pour faire face
à l'explosion de la demande sociale s'est opérée au
détriment des exigences minimales de qualité. Les entrepreneurs
privés n'ont pas toujours les compétences académiques ni
les motivations pédagogiques nécessaires pour appliquer les
programmes de formations proposées ; les directeurs et les enseignants
du secteur privé sont souvent recrutés sur la base de relations
personnelles avec peu d'égard pour les compétences même
lors que les écoles privées sont organisées en
réseaux structurés elles n'échappent pas toujours
à cette façon de faire.
En ce qui a trait au rendement scolaire, d'après une
étude de La Fondation haïtienne de l'enseignement privé
(FONHEP), on estime à 25% le taux net de scolarisation du groupe
d'âge 5 à 11 ans. Autrement dit, environ un quart de ce groupe
d'âge acquiert les compétences de base en lecture et en
écriture.
Cependant, selon la même étude depuis 1988, on
remarque une forte augmentation des taux de réussite au
baccalauréat. En effet, 30,8% des inscrits au baccalauréat
première partie étaient admis en 1994. De même pour la
deuxième partie du baccalauréat 1988, le taux de réussite
des inscrits était de 58,6% ; en 1994, il a atteint 83,6%33(*).
Cette évolution est elle due à une
amélioration des capacités au niveau des inscrits, ou à un
relâchement des critères d'admission? Toutefois, cette
augmentation des taux de réussite n'est pas un phénomène
constant dans la mesure où les résultats des épreuves de
1997 ont renversé la situation avec des taux de réussite
très catastrophiques soient de 6,7%.
Le groupe croissance, analysant la situation dans son volume
2 de septembre 97 opine "l'hécatombe du baccalauréat avec un taux
de réussite de 6.7% ou plutôt un échec 93% des classes
terminales (baccalauréat deuxième partie et de la première
partie du cycle secondaire) montre la faillite du système
éducatif haïtien. A l'heure où le devenir économique
d'Haïti devient le sujet central sur lequel se penchent les citoyens, la
problématique de l'éducation en Haïti prend des dimensions
préoccupantes et se dresse à l'avant-scène des risques
majeurs qui entravent sérieusement le développement de ce pays".
En ce qui concerne l'évolution du nombre
d'écoles du système éducatif, selon les données
disponibles, la principale caractéristique de l'évolution des
effectifs au cours des années 1980 est la très forte
poussée du taux de scolarisation sans différence significative
entre les effectifs de garçons et de filles.
Les résultats obtenus à partir d'estimation
montrent aussi entre les années 1989-1992, un accroissement de 2% du
nombre d'écoles et des effectifs du primaire avec une augmentation
annuelle de 6% du nombre de salles de classes, imputables essentiellement au
secteur privé. Les mêmes données montrent une
répartition de plus de quatre établissements primaires pour
chaque établissement public, ainsi qu'une répartition
urbaine/rurale de 6/4. Les écoles primaires des milieux suburbains et
ruraux représentent 75% des effectifs du secteur privé.
Grâce aux missions protestantes, aux églises Catholiques, au
secteur laïc communautaire, la demande d'éducation reçoit
une réponse dans les milieux défavorisés, ce qui contribue
à accélérer le processus de scolarisation universelle.
Dans le milieu urbain le taux net de scolarisation au niveau primaire est
d'environ 90% suivant l'étude de La Fondation haïtienne de
l'enseignement privé (FONHEP).
En effet, si la situation est aussi défavorable pour
Haïti, le phénomène plus ou moins inverse est observé
pour les autres pays du groupe Latino-Américain. Déjà, au
cours de ces deux dernières décennies, le secteur éducatif
des pays de la région s'est caractérisé d'une façon
générale par l'amélioration du niveau d'éducation
de la population et l'intégration de plus en plus prononcée de la
femme à la population estudiantine. Toutefois, il faut aussi faire
remarquer que les pays de l'Amérique Latine, malgré les efforts
importants de la dernière décennie, il existe encore des
régions dans les milieux ruraux où le niveau de
l'éducation est nettement inférieur par rapport aux zones
urbaines.
Il est à signaler que le taux de scolarisation aux
différents niveaux d'éducation, par pays pour la période
1983-1986 établit bien des écarts entre Haïti et les autres
pays de l'Amérique Latine. Si l'on compare des pays comme la Barbade
pour les tranches d'âge en primaire de 5 à 10 ans, en secondaire
11à 19 ans et supérieur 20 à 24 ans, on trouve
respectivement des pourcentages pour 1984 de 110, 93 et 19 parallèlement
à Haïti accusant des pourcentages pour la même période
de 78 ;18 ; et 134(*).
Les organisations internationales en particulier les
organisations multilatérales ont beaucoup sensibilisé les PMA
(pays les moins avancés) sur le fait d'essayer de freiner le processus
de la dégradation du système éducatif pour ces quinze
dernières années. Ainsi, le rapport de la deuxième
conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés 1990,
relate ce qui suit :
"Les pays les moins avancés devront s'employer de
façon soutenue à arrêter et renverser la dégradation
progressive du secteur de l'éducation et redoubler d'efforts pour lutter
contre l'Analphabétisme, en particulier chez les femmes".
Enfin, la société haïtienne investit des
ressources énormes dans l'éducation. Par ailleurs, les efforts
des parents représentent un peu plus de 85%35(*) des contributions
financières injectées dans le système. Cette grande
vigueur de l'initiative privée ne met pas en question la vocation
légitime du ministère de l'Éducation de piloter l'ensemble
du système éducatif. Cependant, n'ayant pas de contrôle de
l'allocation des ressources affectées au système, l'un des
objectifs les plus réalistes et aussi les plus importants à
poursuivre est la recherche de l'optimisation de l'emploi des ressources au
niveau national pour l'Éducation.
Somme toute, la problématique de l'éducation
haïtienne reste un phénomène complexe. Il est temps que
toute la communauté haïtienne conjugue son effort pour
éradiquer cet handicape : Le mal développement du
système éducatif.
2.2.3 Nutrition et
Alimentation
Sur le plan Nutritionnel, la population se trouve
confrontée à de sérieuses difficultés. Au niveau
national, à peine 86 % des besoins en calories et 69 % des besoins en
protéines sont couverts par la diète journalière. Cette
situation est encore plus critique dans les zones rurales et suburbaines. On
estime à 27 % la population d'enfants atteints de malnutrition au 2e et
au 3e degré en 1990. Nombre qui peut atteindre 50% si l'on tient compte
des enfants souffrant de la malnutrition au premier degré.
Bien entendu cette carence constatée chez les enfants
est en grande partie fonction de la capacité nutritionnelle des
mères et le volume d'informations sanitaires nécessaires à
bien prendre soin de leurs enfants.
Quoique les données sont introuvables ou rares, il
existe néanmoins des indicateurs selon lesquels les femmes
haïtiennes en particulier celles issues des couches
défavorisées de la population souffrent d'anémie et de la
malnutrition chronique. Et malheureusement les femmes en âge de
procréation en sont particulièrement les plus touchées.
Selon une l'enquête d'Emmus-II(1994/1995), la
prévalence élevée du faible poids à la naissance
est estimée à 15% et celle élevée chez les femmes
anémiées variant entre 35% et 50%.Tandis que, la
prévalence élevée de l'indice de masse corporelle
inférieur à 18.5 Kg/m2 est estimée à18% avec un
taux de mortalité maternelle estimée à 456/100000.
Le tableau suivant nous présente quelques principaux
indicateurs liés à la nutrition maternelle pour certains pays de
la région.
Tableau 9 - Pourcentage de
nouveau-nés présentant une insuffisance pondérable,
l'indice de masse corporelle et la mortalité maternelle dans quatre pays
de l'hémisphère de l'ouest
PAYS
|
Nouveau-nés
< 2.500 g
|
indice de masse corporelle (kg/m2)
|
Mortalité maternelle
par 100.000
|
Colombia
|
10%
|
23,3
|
200
|
Cuba
|
9%
|
21,18
|
39
|
Haití
|
15%
|
21,2
|
456
|
Etats-Unis
|
7%
|
23,5
|
8
|
Sources : Cayimites et al, 1995/Kevany, 1995/Mulder
Sibandas 1997/UNICEF, 1996
Soulignons également que cette situation
déjà préoccupante depuis 1997 s'est encore aggravée
aujourd'hui selon une enquête du PNUD, sur les indices de l'insuffisance
pondérale, de la malnutrition aigue et des maladies chroniques,
réalisée en juillet 2005. Et, ainsi que la présente le
tableau ci-après.
Tableau 10 : Etat
nutritionnel de la population infantile (6-59mois)
Pays
|
Insuffisance pondérale
|
Malnutrition aigue
|
Maladies chroniques
|
Haïti
|
24
|
13
|
31
|
La République Dominicaine
|
5
|
2
|
6
|
Amérique latine/les Caraïbes
|
8
|
2
|
16
|
PVD
|
28
|
9
|
32
|
Pays les moins développé
|
37
|
10
|
43
|
Sources: PNUD, Enquêtes sur les conditions de vie en
Haïti (ECVH), juillet 2005.
Le problème de l'alimentation n'est pas un
phénomène indépendant. Il est lié non seulement
avec la nutrition mais au revenu de la population. Estimé en 1975
à un peu plus de 200,00 $, le revenu moyen per capita présentait
des écarts de 1 à 7 entre les différentes couches sociales
de la population. Alors qu'à Port-au-Prince, le Revenu moyen
dépassait 3 fois la moyenne nationale, il n'atteignait qu'à peine
la moitié de cette moyenne dans le reste du pays.
En outre, 5 % de population aux revenus les plus
élevés accaparaient plus de 50 % du revenu national. Ainsi donc,
80 à 90% de la population se battent dans une situation
déjà intolérable de pauvreté. Cet état de
fait a largement contribué à la dégradation progressive du
système nutritionnel.
D'après le groupe croissance, les professionnels de
l'Agriculture font face à des sérieux dilemmes pour savoir
combien d'haïtiens pourront être invités à la table
nationale. Ce qui est sûr c'est que, d'après les prévisions
de l'Institut Haïtien de statistique et d'informatique (IHSI), en l'an
2007, Haïti devra nourrir un million et demi d'habitants de plus qu'en
1996, quand déjà au cours des années 70, la famine
était aux portes de nombreuses sections communales du pays plus
particulièrement dans le Nord-Ouest, L'Artibonite et le Sud' Est.
D'ailleurs la population rurale à 70 % environ, subit
depuis dizaine d'années une de capitalisation prononcée,
augmentant davantage sa pauvreté, cause première de la faim et de
la sous alimentation. Cette majorité de pauvres dépendent de
l'agriculture pour l'emploi et les revenus. Et, tant qu'une telle
dépendance perpétuera, l'augmentation de la production
alimentaire et de la productivité agricole continuera d'être l'un
des principaux moyens capables de soulager la misère et
d'améliorer la nutrition1.
2.2.4 Eau Potable et Assainissement
L'eau, élément indispensable pour la
continuité de la vie constitue un problème majeur quant à
sa gestion, son utilisation et son entretien pour les responsables
haïtiens. Tout d'abord voyons les entités responsables de la
distribution de l'eau en Haïti. En général, la distribution
de l'eau potable et l'Assainissement sont principalement assurés sur
l'ensemble du territoire national par quatre institutions publiques,
placées sous la tutelle de deux ministères : (MTPTC et MSPP) et
par diverses organisations Non-gouvernementales.
L'Approvisionnement en Eau potable est assuré par le
Ministère des travaux publics, Transports et Communications par le biais
de la centrale autonome métropolitaine d'eau potable (CAMEP) et le
service national d'eau potable (SNEP). Tandis que le Ministère de la
Santé publique et de la population oeuvre au moyen du poste
communautaire d'hygiène et d'eau potable (POCHEP) pour toucher les zones
rurales, en utilisant le service de la Direction d'hygiène publique
(DHP) pour le contrôle de la qualité de l'eau et de
l'hygiène publique en général.
Dans le domaine de l'Assainissement, les entités
responsables sont : le Ministère des travaux publics, Transports et
Communications (MTPTC), le service des équipements et d'entretien
Urbain (SEEUR), Le service de Génie urbain (SGU), Le Service
Métropolitain de collecte des résidus solides (SMCRS),
Unité d'exécution du projet de drainage (UEPD) et le
Ministère de la santé publique et de la population (MSPP).
Malgré la multiplication des institutions responsables
de la problématique l'eau suscite encore des commentaires. A
Port-au-Prince, où des études sont conduites par des chercheurs,
en particulier par ceux de l'Institut Haïtien de Statistiques et de
l'Informatiques (IHSI) on y relève que : 72% des ménages
achètent l'eau pour leur usage domestique, 16% s'approvisionnent aux
Fontaines publiques et 12% n'accusent aucun mode d'approvisionnement en eau.
16% des ménages ont accès à des latrines
ordinaires dans leurs cours ou hors cours, 1% dispose d'un «Water
Closet» (Hygiénique). En milieu rural la situation est encore
catastrophique avec d'autres problèmes touchant les voies de
communication, la santé, l'éducation, l'habitat, l'emploi
rémunérateur etc.
Tant en zones urbaines qu'en zones rurales le taux de
couverture des besoins en eau potable et assainissement est très faible
en dépit même de l'inégale répartition des
ressources en eau et en assainissement. D'après les informations
fournies par le Comité international interministériel-Agenda-12,
les taux de couverture en AEP (assainissement et eau potable) pour les
périodes 1980,1990 et 1995 sont respectivement de 48%, 53,2% et 35% pour
la capitale haïtienne avec des populations de 290999, 544994 et 636342
habitants. Les villes secondaires ont pour les mêmes périodes des
taux de 47, 58,6 et 45%. Tandis qu'en milieu urbain les taux sont de l'ordre de
8, 33,5 et 39% comme le montre le tableau ci-dessous.
Tableau 11 - Couverture en
AEP dans le pays en pourcentage.
S/Secteur
|
1980
|
1990
|
1995
|
AEP de P-au-P
|
48,0
|
53,2
|
35,0
|
AEP des villes secondaires
|
47,0
|
58,6
|
45,0
|
AEP Rural
|
8,0
|
33,5
|
39,0
|
AEP dans le pays
|
18,0
|
39,5
|
39,0
|
Sources: MSPP/OMS/OPS, Analyse de la situation d'eau potable
et Assainissement page149.
Ces taux de couverture ont des d'incidences négatives
sur la santé de la population, en particulier les femmes et les enfants
en bas âge. On est unanime à reconnaître que les maladies
d'origine hydrique sont très fréquentes à l'heure
actuelle. Prenons les diarrhées par exemple, comme l'avons
mentionné dans section précédente elles
représentent la première cause de morbidité chez les
enfants. Chaque enfant de moins de 5 ans connaît en moyenne 7
épisodes de diarrhée par an d'après Emmus II de 1994. Bien
que le taux de prévalence des diarrhées ait diminué
passant de 43% en 1987 à 27,6% en 1994, cette prévalence demeure
encore très élevée 47,7% dans le groupe d'âge de 6
à 11 ans. Elles demeurent aussi la principale cause de
décès chez les enfants de 5 ans : Un décès sur deux
(1/2) est dû aux diarrhées seules ou associées aux
infections respiratoires aiguës et à la malnutrition. Aujourd'hui
encore, malgré la présence de ces institutions, très peu
de logements sociaux sont connectés à un service de distribution
d'eau. Selon une enquête réalisée par le PNUD sur les
conditions de vie de la population en Haïti en juillet 2005, dans
l'ensemble du pays seulement 8,5% de logements sont connectés à
un service de distribution d'eau. De cette catégorie 80,7% se trouvent
en milieu urbain. Par contre, pour les logements n'ayant aucune connexion plus
de soixante pour cent (63,9%) se trouvent en milieu rural.
Enfin il convient de signaler que Les diarrhées sont
à l'état hyper-endémique en Haïti. Il faut signaler
que les dépenses d'investissement dans le secteur d'approvisionnement en
eau potable et assainissement (AEPA) ont chuté de 5% en 1991 pour
atteindre leurs plus bas niveaux au cours de la période (1992-1994).
Dans les secteurs sociaux, l'investissement est réduit de 25% en 1991 et
de 18% en 1993 de l'investissement public total. Donc, les coupures
budgétaires consécutives à la crise politique durant la
période de 1991-1994 ont affecté en quantité les services
dans ce secteur.
2.2.5 L'Habitat
La Situation préoccupante de l'économie
Haïtienne n'est pas sans incidence sur les coûts de location en
milieu urbain vu que la rareté de logements crée un
problème important dans le centre Ville en fonction de la migration
interne qui, est devenue de plus en plus significative. L'habitat pose aussi
des difficultés majeures dans la mesure où en milieu rural, les
constructions ne répondent pas aux Normes établies d'une part et
d'autre part, la situation précaire de l'agriculture n'offre pas trop
grandes possibilités aux gens de contourner ces barrières.
Étant donné que, les normes de construction ne
sont pas appliquées, la paysannerie, laissée à elle seule,
manque d'encadrement de la part des décideurs et privée de tous
services de base en matière de protection de l'environnement et de
prévention se trouve de très souvent frappée par les
cataclysmes Naturels : (Cyclones, inondations etc.). Un exemple vivant est
celui de la population du Nord-ouest du Pays.
En zones urbaines l'absence d'intervention de l'Etat à
pouvoir remplir normalement ses fonctions facilite et encourage les
constructions anarchiques créant ainsi un désordre et rend la
situation beaucoup plus difficile à gérer. Les zones
périphériques de Port-au-Prince peuvent donner au simple
observateur une idée de l'aggravation du problème.
En matière de logements sociaux et D'Habitat la
population Haïtienne, en particulier la couche nécessiteuse fait
face à de graves difficultés. Aujourd'hui, les
propriétaires de maison dans la capitale Haïtienne optent pour
louer leurs appartements en dollar américain un fait
dénoncé, quoiqu'en retard par la D.G.I. Donc à
côté de la rareté des logements sociaux il y a aussi une
question d'acquisition de devise pour avoir accès à une
pièce. Un phénomène qui retient beaucoup l'attention des
gens et qui demande une réponse à très court terne.
D'après Yves Saint Gérard dans son livre
intitulé "L'état DE MAL Haïti" à fait ressortir ce
qui suit "Si à la campagne les vaillants hommes et femmes trompent leur
faim en ingurgitant de l'eau salée et/ou sucrée, 80% des
haïtiens ne mangeraient qu'un jour sur deux ou trois. Si aberrant, ils
s'entassent dans des habitats généralement médiocres,
petits, mal aérés et humides. En ville, dans les conditions moins
déplorables, ils vivent dans des maisons d'une pièce plus ou
moins délabrées où les occupants se relaient pour dormir".
Aujourd'hui encore la situation est beaucoup plus préoccupante puisque
rien n'a été fait pour améliorer, voir résoudre ces
problèmes.
DEUXIEME PARTIE
Quelles solutions pour le
developpement ?
CHAPITRE 2 Les Tentatives
de Planification pour le développement
économique d'Haïti
Née en URSS en octobre 1917, la
planification est une entreprise complexe tant par sa compréhension que
par les méthodes d'élaboration et d'exécution. Mais la
difficulté majeure de la réussite d'un plan de
développement, loin d'être sa conception globale, réside
dans la structuration des projets. Ce problème confronté par
certains pays en voie de développement notre touche également
Haïti.
A propos du système de la planification nationale,
l'ingénieur Théophile Roche dit qu' «à
l'intérieur du système socio-économique national, on
distingue plusieurs composantes en interaction constante qui donne lieu
à des approches différentes de planification privilégiant
des variables dites caractéristiques»36(*).
En effet, l'histoire de la planification en Haïti a
commencé à partir de l'année 1957 avec le vote par
l'Assemblée Nationale d'une nouvelle constitution prévoyant la
création du Grand Conseil Technique des Ressources Nationales et du
Développement économique (GCTRNDE).
Dès la mise en place de cet organisme en 1958
jusqu'à la création en 1963 du Conseil national de
développement et de planification (CNDP), le processus de planification
se trouvait encore dans sa phase de démarrage et, par conséquent,
ne pouvait avoir qu'une portée limitée dans la préparation
des plans de développement ultérieurs.
Néanmoins, la pratique de cette technique a permis aux
responsables de convaincre les divers partenaires sociaux de la
nécessité pour l'Etat de jouer un rôle d'arbitre tout en
orientant la croissance économique et la répartition
équitable des fruits de cette croissance. Cependant la planification a
tout de même permis aux agents économiques de mettre en
évidence le fait que les retards accumulés par le pays ne
pouvaient en aucune façon se rattraper dans un court laps de temps. Au
cours de cette étape, l'organisation de la planification était
assez simple et se résumait en un organisme central très
léger. Cet organisme s'occupait principalement de la formulation des
mesures visant non seulement à réglementer la gestion des
affaires publiques, mais aussi à réaliser
l'austérité financière. Entre 1963 et 1978 on assista
alors à une évolution assez rapide du système national de
planification tant du point de vue méthodologique que sur le plan
institutionnel37(*).
A partir de 1971 l'organisme de planification crée son
premier plan quinquennal et élabore par la suite un certain nombre de
projets ont été initiés dans divers domaines de
développement.
A titre d'exemples, nous pouvons citer :
Ø Les Îlots de développement
expérimentés par le Ministère de l'Agriculture des
Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) dans la plaine
du Cul-de-sac et dont le modèle fut appliqué dans plusieurs zones
du pays en 1979 telles que Léogane (Îlot de Bongnotte),
Gonaïves (Îlot Des barrières), St Marc (Îlot
Désarmes), Jacmel (Îlot des orangers), Belladère
(Îlot de croix fer), de Hinche (Îlot Labelonne), Les Cayes
(Îlot de welsh-chalette), Fonds-Nègres (Îlot d'Abraham),
Wanaminttre (Îlot d'osmond), Jérémie (Îlot de
chambellan);
Ø Les unités spatiales de développement
(USD) qui sont des stratégies préconisées par le
Ministère du plan depuis le second plan quinquennal de 1979 - 1981
visant à découper le territoire national en 4 grandes
régions de planification tout en respectant les limites administratives
dont voici les grandes lignes :
Ø mise en place d'un programme de production des
denrées de base en vue de la réduction des sorties de devises
consacrées à l'importation d'aliments de base. A la longue ce
programme devait permettre d'atteindre l'autosuffisance alimentaire ;
Ø parallèlement était lancé un
programme de production des matières premières industrielles des
produits d'exportation, dans l'objectif de stimuler la croissance des produits
tels que : Pitre, cacao, café, coton qui occupaient jadis une place
importante dans le commerce extérieur du pays.
En outre, au cours de la période des deux plans
quinquennaux 1971 à 1981 l'accent fut surtout mis sur l'agriculture. La
priorité était portée sur l'alimentation pour obtenir
l'autosuffisance alimentaire. On s'est lancé également dans le
développer de l'agro-industrie.
Le plan quinquennal 1981 - 1986 a connu de graves
difficultés. Le secteur agricole a lourdement souffert des
méfaits des termes de l'échange. Les produits d'exportation ont
eux aussi été touchés. C'est le cas du café par
exemple.
Cette période a aussi supporté les
retombées du cyclone Allen qui a ravagé les zones
sucrières du pays et a détruit une bonne partie des têtes
de bétail des paysans. Mais, bien avant Allen, la décision de
l'Etat haïtien de détruire les porcs indigènes atteints
d'une soi-disante peste porcine africaine pour les remplacer parles porcs
blancs a également largement défavorisé les termes de
l'échange. Il convient de signaler que, entre 1986 et 1995, il y a eu
plusieurs autres plans programmes de développement. Ainsi, nous pouvons
citer :
Ø le programme intermédiaire de
développement 1986-1988 conduit par le Commissariat à la
promotion nationale et à l'administration publique (CPNAP) ;
Ø programme d'actions économiques et sociales du
gouvernement militaire sous la responsabilité du Commissariat à
la promotion nationale et à l'Administration publique (CPNAP), octobre
1988 ;
Ø programme d'actions globales à effets
immédiats conduit par le Ministère de la planification, de la
coopération externe et de la fonction publique, Mai 1990 ;
Ø programme quinquennal d'investissements publiques
1990-1995 mené par le Ministère de la planification, de la
coopération externe et de la fonction publique38(*).
En dehors des plans quinquennaux cités plus haut, un
programme de plan biennal a été initié entre 1989 et 1991
par le Ministère de la planification et de la coopération externe
en septembre 1989. Malheureusement ce plan n'a pas été
publié et encore moins accompli. En somme on peut dire que ce fut un
plan mort-né.
SECTION 3. Analyse de Quelques Programmes de
Développement
De 1960 à nos jours, les gouvernements qui se sont
succédés ont entrepris des démarches en vue de planifier
le développement en Haïti. Des plans, Programmes et projets ont
été élaborés et exécutés. Du nombre
de ces derniers nous pouvons citer: les trois plans quinquennaux qui
s'étalent de 1971 à 1986; les Îlots de
développement; les USD (Unités Spatiales de Développement)
et toute une série de projets publics initiés dans diverses zones
ou régions du pays telles que l'Artibonite, le Nord, dans le Sud,
etc.
Cependant, toutes ces interventions n'ont pas pu aboutir
à des résultats escomptés -c'est à dire les
objectifs assignés à ces projets n'ont pas été
atteints. En un mot, les conditions de vie de la population n'ont pas
changé. Ces projets, loin de soulager les problèmes, ont
plutôt crée de double emploi diminuant ainsi la force des
administrations locales. On a donc assisté aux gaspillages de
ressources financières, de moyens et d'énergie. On a
assisté également à une absence de coordination de ces
projets et à l'inadaptation des Institutions chargées de leurs
exécutions.
Dans les pages qui suivent, nous allons tenter d'analyser
quelques uns de ces programmes et quelles étaient leurs réelles
chances de succès.
3.1. Les Unités
Spatiales de Développement
Les unités spatiales de développement (USD)
ont été des zones d'intervention à l'intérieur
desquelles les actions de développement se sont concentrées dans
un premier temps pour permettre d'inventorier les potentialités
économiques de chacune de ces régions et dans un second temps de
démarrer avec les activités génératrices de
revenus. Pour garantir l'efficacité des USD, il est apparu qu'elles
devaient répondre à des critères à la fois
géographiques, techniques et territoriaux.
Au point de vue géographique, le centre devrait
être une ville d'une certaine importance, capable d'assurer la gestion de
l'espace considéré. L'identification des USD devrait aussi se
reposer sur le principe suivant lequel, même si le développement
agricole ne permettait pas d'arriver au développement intégral,
la potentialité agricole reste malgré tout un
élément de base.
Au point de vue technique les facteurs suivants se sont
imposés:
Ø disponibilité en ressources humaines ;
Ø encadrement technique, potentiel
hydroélectrique, potentiel industriel, rôle administratif du
centre, structure administrative, services (santé, éducation, eau
potable, électricité) potentiel touristique, etc.
Sur le plan territorial enfin on a retenu les espaces
territoriaux suivants :
Ø pour la région du Nord les villes du Cap
haïtien et du Limbe ;
Ø pour la région transversale les villes des
Gonaïves, de Port-de-Paix, de Hinche, de Jean Rabel, de Saint-Marc, du
Gros Morne, Saint Raphael, de Mirbalais et de Baptiste ;
Ø pour la région de l'Ouest les villes de
Port-au-Prince, de Jacmel, de Petit-Goâve et de Thiotte.
Ø Pour la région de Sud les villes d'Aquin, des
Cayes et de Jérémie.
Dans le cadre du programme des USD, un certain nombre
d'objectifs ont été également visés :
Ø la maîtrise de la croissance
démographique ;
Ø le maintien et la stabilisation de la population dans
leurs régions d'origine ;
Ø la recherche d'une croissance économique forte
et continue.
Ø le développement régional
équilibré ;
Ø la promotion des individus et la diminution des
disparités entre diverses catégories sociales ;
Ø la sauvegarde de l'environnement.
Il convient de noter également que la
stratégique adopté pour atteindre ces objectifs était le
découpage des régions impliquant la mise en place d'institutions
qui faciliteraient les interventions des secteurs publics et privés et
la participation de la population à l'exécution des
activités. Et ces interventions devaient se faire dans le cadre des
programmes de développement régional intégré
(P.D.R.I). Donc, il a fallu oeuvrer sur de grands espaces qui seuls rendraient
possible la prise en compte des potentialités régionales et la
mise en place de structures adéquates pour l'intégration et la
dynamisation des secteurs comme souligné précédemment.
Malgré les stratégies développées,
les objectifs n'ont pas toujours été atteints. Les projets de
grandes envergures tels que ODVA (organisme de Développement de la
vallée de l'Artibonite); DRI (Développement régional
intégré) de Jacmel, de Rivière blanche, de l'Asile pour ne
citer que ceux-là, ont tous lamentablement échoué. Dans le
domaine de l'irrigation sur un objectif de 18005 ha terres irrigables, seuls
6099 l'ont été, soit à peine un pourcentage de 33,87%.
Pour ce qui concerne la conservation de sol, sur un total de 11000ha à
couvrir, seuls 2160 ha ont été réalisés, soit
seulement un pourcentage de 19,63%. Et en matière d'encadrement des
planteurs, sur une prévision de 24000 planteurs à encadrer on a
enregistré seulement 18365 bénéficiaires. Sur le plan de
formation des cadres, 3296 ont été formés sur une
prévision de 7000 (47,08%). Ces chiffres montrent bien suffisamment que
le résultat obtenu a été bien en
deçà des résultats attendus.
3.2. Les Îlots de
Développement
Les Îlots de développement comme tous les autres
projets de développement est une stratégie
développée par le gouvernement haïtien de concert avec l'OEA
(organisation des Etats américains) et le Gouvernement Israélien
en 1968. Cette expérience a été initiée dans la
plaine du Cul-de-sac dans la localité de Bas Boën. Les objectifs
à la base de ce projet étaient les suivants :
Ø promouvoir le développement agricole de la
plaine semi-aride du cul-de-sac ;
Ø encourager les paysans de la plaine du cul-de-sac
à former des coopératives ;
Ø améliorer les revenus des membres de la
coopérative de Bas-Boën par l'augmentation des rendements des
cultures existantes, le développement des cultures jusqu'alors inconnus
ou négligées et la recherche de nouvelles formules à la
commercialisation de ces denrées.
A la base de cette initiative les gouvernements haïtiens,
israélien et l'OEA ont consenti de mettre à la disposition du
projet une enveloppe financière repartie de la manière suivante
:
Les gouvernements haïtien et israélien ont
débloqué respectivement $ 13 000 chacun et l'OEA $ 1000. Il
convient de souligner que, l'OEA s'engageait à assurer
financièrement le salaire de deux (2) techniciens Israéliens pour
assurer l'encadrement des paysans de Bas-Boën. L'une des stratégies
utilisées était d'accorder des prêts
préférentiels collectifs aux petites associations de planteurs
regroupant au plus de quinze paysans communément appelées
«Société agricole de crédit» (S.A.C). Ces
prêts avaient pour but de permettre aux paysans d'acheter des engrais,
des semences améliorées, des pesticides et des fongicides, en vue
d'accroître le rendement.
Dès la première année, le projet pilote
de Bas-Boën a connu un succès. A sa phase initiale, 250 paysans
furent persuadés de l'efficacité de l'expérience et
décidèrent de constituer une coopérative en remembrant
leurs propriétés. Les experts Israéliens résolurent
au début de limiter le projet à 70 ha (propriétés
de 117 exploitants). Et cette coopérative allait
bénéficier plus tard les services du puits foré par le
gouvernement Allemand aux termes d'un accord conclu avec Haïti.
Il faut aussi rappeler que d'autres stratégies ont
été développées. Les plus illustres sont :
Ø les terres de la coopérative continueront
à être labourées d'un seul tenant.
Ø les mêmes facteurs de production agricole
(semences améliorées, engrais et insecticides) seront
utilisés.
Ø les membres de la coopérative doivent
travailler leurs propres parcelles, mêmes si celles-ci font partie d'un
ensemble plus étendu. Chaque membre est responsable du
désherbage, de l'irrigation, de la pulvérisation et de la recette
sur les terres qui lui appartiennent.
Ø les membres ne sont pas
rémunérés pour leur travail avant la récolte.
Ø tous les membres doivent effectuer des versements
à une caisse sociale qui servira à les assister au besoin.
Des résultats appréciables ont été
obtenus pour la culture du maïs par l'introduction de nouvelles
variétés à haut rendement. Au cours de l'année
1970, 14 hectares furent emblavés pour la première fois. Le
succès de l'opération dépassa toutes prévisions et
un an plus tard, 40 hectares furent à leur tour ensemencés. Alors
que le maïs local a un rendement maximum, de 500 marmites de 5 livres par
carreau, la nouvelle variété permettait d'obtenir 1 200 marmites
par carreau.
L'amélioration des revenus des membres de la
coopérative de Bas-Boën a eu un effet bénéfique sur
la vie sociale traditionnelle de la région. Certaines familles, compte
tenu de leurs revenus, ont pris conscience de la nécessité
d'envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à Port-au-Prince.
Ainsi, le progrès de la scolarisation s'accentuait de plus en plus dans
la plaine.
On peut noter également un certain effort de
rénovation de l'habitat rural. Selon J.M. Lebigre, géographe
français, qui a réalisé une enquête dans la
région du cul-de-sac, «les maisons sont propres, soignées,
l'équipement ménager est supérieur à celui de la
grande majorité des villages de la plaine. C'est vers les machines
à coudre et les transistors que vont les préférences des
habitants de Bas-Boën, ensuite vers les bicyclettes. Une partie des
nouveaux gains sert aussi à donner plus de luxe aux
cérémonies familiales comme le mariage ou la première
communion. Le grand nombre de boeufs, de porcs et de volailles (notamment le
dindon), laisse entendre que l'épargne qui s'exprime à travers ce
phénomène, a progressé. C'est donc toute une
mentalité nouvelle qui semble prendre naissance à travers
l'expérience de Bas-Boën.»Indiquant ainsi que le niveau de vie
de la population au niveau Bas-Baën est bien
amélioré.
3.3. Les plans
quinquennaux de Développement
A partir de 1971, Haïti a élaboré un
ensemble de plans et de programmes de développement visant
l'amélioration des conditions de vie de la population. On parle
notamment des trois plans quinquennaux de développement. Le premier
allant de la période de 1971 à 1976, le deuxième de 1976
à 1981 et le troisième de 1981 à 1986. Nous devons
mentionner que tous ces plans ont connu des difficultés dans le cadre
de leur exécution. Le Professeur Ernst. A Bernardin dans son ouvrage :
l'espace rural haïtien a souligné de façon percutante les
objectifs, les stratégies et les moyens à mettre en oeuvre dans
le cadre de ces différents plans. Leurs différents objectifs
portent sur :
Ø l'augmentation de la production des denrées
alimentaires de base;
Ø la régénération
caféière et le développement de la production
cacaoyère;
Ø la lutte contre l'érosion par des travaux
appropriés de protection de sols par la plantation d'arbres
fruitiers;
Ø l'accélération des travaux d'irrigation
et de drainage;
Ø la promotion des cultures destinées à
l'agro-industrie;
Ø l'encadrement technique et l'organisation du
crédit;
Ø la promotion de l'élevage dans les zones a
vocation pastorale.
D'après l'auteur, au cours de l'exécution du
premier plan quinquennal (1971-1976), l'effort de promotion agricole visait une
production alimentaire additionnelle de 170 000 tonnes métriques avec
des taux de croissance de l'ordre de 15% pour les haricots, de 25% pour
le maïs, de 13,5% pour la banane et 100% pour la production de
riz39(*).
Ainsi au niveau du programme de promotion des denrées
d'exportation, l'accent a été mis sur le café où
des techniques nouvelles ont été vulgarisées à un
nombre de producteurs stimulés par les prix.
En outre, la crise alimentaire liée à la
sécheresse a contribué au renchérissement des prix des
produits de première nécessité.
Somme toute, si l'on considère les projets d'envergure
ci-après, ODVA (organisme de développement de la vallée de
l'Artibonite), OND (organisme de développement du Nord), ODPG (Organisme
de Développement de la plaine des Gonaïves), DRI
(Développement Régional intégré), l'Asile et
Rivière Blanche), DRIPP (Développement Régional
intégré de Petit Gonâve et de Petit Trou de Nippes), BCA
(Banque de crédit agricole) etc. On peut dire qu'en se
référant aux indicateurs suivants qu'ils n'ont pas pleinement
atteints leurs objectifs comme en témoigne le tableau
ci-après.
Tableau 12
-Résultats atteints en rapport des objectifs visés par les
différents plans
|
Irrigation
|
Conservation du sol
|
Crédit
|
Formation des cadres
|
Vulgarisation
|
Objectifs
|
18005 ha
|
11000 ha
|
24000 planteurs à encadrer
|
7000
|
10695 exploitants à encadrer
|
Réalisation
|
6099 ha
|
2160 ha
|
18365
|
3296
|
421
|
Coût
|
41129865 Gdes
|
15376174 Gdes
|
124582397 Gdes
|
1662420 Gdes
|
16040782 Gdes
|
Sources : Ernst A. Bernardin, l'espace rural
haïtien: bilan des 40 ans d'exécution des programmes de
développement nationaux et internationaux.
Par ailleurs, au cours de la période 1976-1981, la
plupart des produits agricoles, hormis le riz et la banane, ont connu soit la
stagnation, soit la régression. Les chiffres
du tableau suivant le montrent très clairement.
Tableau 13 -
Évolution de la production agricole au cours des deux premiers plans
quinquennaux en tonne métrique 1971-1981.
|
1971
|
1973
|
1975
|
1977
|
1979
|
1981
|
Maïs
|
252000
|
257000
|
201000
|
168200
|
183300
|
179170
|
Millet
|
210000
|
215000
|
134000
|
110800
|
123200
|
120790
|
Riz
|
72700
|
85000
|
108000
|
90400
|
122100
|
119710
|
Haricot
|
38000
|
428000
|
31500
|
46500
|
51800
|
50790
|
Banane
|
188000
|
195000
|
191000
|
474000
|
310200
|
501500
|
Café
|
32300
|
33300
|
34900
|
28900
|
42900
|
33250
|
Canne à sucre
|
4350000
|
4000000
|
4309700
|
4532600
|
5552000
|
5443400
|
Cacao
|
3100
|
3100
|
3500
|
1560
|
1400
|
2250
|
Coton
|
4000
|
4000
|
3200
|
3600
|
1646
|
2727
|
Sources : DARNDR - Service des statistiques- MARNDR
(1971-1979), Rapport interne juillet 86
Pendant la période du troisième plan 1981-1986,
le secteur agricole a connu une détérioration importante des
termes de l'échange. On a enregistré une baisse
considérable au niveau des produits d'exportation tels que le
café, la mangue, sisal et le coton. Parallèlement le prix des
produits agricoles importés accusait une hausse vertigineuse. Le monde
rural haïtien était confronté à de graves
difficultés préjudiciables à son développement.
Ainsi, la destruction du Cheptel porcin national pour éradiquer la peste
porcine africaine, l'apparition de la maladie du charbon touchant le cheptel
bovin, les méfaits du cyclone Allen qui a ravagé les zones
sucrières du pays et donc la réduction de la production
alimentaire de base n'a pas permis de répondre aux besoins sans cesse
croissants de la population. En plus, la production des denrées
d'exportation et des matières premières destinées à
l'agro-industrie (café, cacao, essence aromatique, sucre, sisal, coton)
n'a pas cessé de stagner et la dégradation
accélérée des ressources en sols, eau et forêts a
atteint des proportions alarmantes. Et pourtant, ce troisième plan avait
pour objectifs :
Ø de réduire sensiblement le déficit
alimentaire, en augmentant la production des denrées alimentaires de
base ;
Ø d'accroître dans la proportion de 60% les
exportations de café;
Ø d'augmenter la production des cultures
destinées à l'agro-industrie ;
Ø d'accroître les superficies irriguées de
17% et d'améliorer le réseau existant de 23% ;
Ø de renforcer les structures d'appui (recherche et
expérimentation, encadrement sur le terrain, fourniture de crédit
aux petits exploitants)
Ø de renforcer les associations paysannes.Pour parvenir
à atteindre ces objectifs, huit programmes ont été
élaborés et leur coût global d'exécution
s'élevait à 1 300 000 000 de gourdes, soit 20% des
prévisions du budget d'investissement public qu'était de 6 500
000 000 de gourdes.
Ces programmes ont concerné les domaines
suivants :
Ø la production végétale;
Ø l'élevage;
Ø le développement des ressources
naturelles ;
Ø la recherche agricole appliquée ;
Ø l'économie rurale;
Ø l'organisation et de la promotion de la vie rurale;
Ø le développement régional
intégré
Ø le renforcement institutionnel.
Le troisième plan quinquennal 1981-1986 s'est donc
avant tout préoccupé de définir les conditions de la
sécurité alimentaire en Haïti, ainsi que celles de
l'augmentation des revenus en milieu rural. Les objectifs de production
visaient entre autres la relance de l'économie agricole stimulée
par la demande interne et externe. Cependant, l'agriculture haïtienne a
été durant la période concernée,
sérieusement affectée par les conditions climatiques
défavorables (sécheresse, cyclone David etc.). En
conséquence, la croissance du secteur agricole n'a pas été
suffisante pour permettre de dynamiser l'agro-industrie dont les
activités ont ralenti dans une large mesure. Malgré tout, en
dépit des difficultés qu'a connues ce plan, un certain nombre de
bons résultats ont été obtenus. Lesquels ?
Citons d'abord, la réhabilitation des terres
agricoles, notamment dans l'aire de l'O.D.V.A où 3600 hectares de terre
ont été asséchés, labourés et pourvus de
canaux d'irrigation et de drainage.
Ensuite, la promotion caféière où 4 000
000 de plantules de caféiers ont été produites et mises en
terre, 665 ha de plantation ont été
régénérés. Environ 2100 ha ont été
irrigués, grâce à la construction du canal Upper
Benoît, dans l'air de l'O.D.V.A : 2750 ha ont été
irrigués dans l'air de l'O.D.P.G grâce au fonctionnement de 39
électropompes. 300 ha ont été irrigués à
Dubreuil dans la plaine des Cayes.
Puis, le portefeuille du crédit de la BCA a connu une
augmentation notoire. Car, le volume des prêts accordé aux petits
exploitants est passé de 10243100 gourdes en 1981 à 14 243 641
gourdes en 1986.
Enfin on a assisté à l'aménagement des
bassins versants où plus de 2 000 ha ont été
aménagés et également des séances de formation ont
été organisées à l'intention des paysans dans le
domaine de l'aménagement d'agro-sylvicole. En définitive la
production agricole n'a pas connu de croissance sensible au cours de cette
période. La situation économique au contraire s'est tellement
dégradée qu'on parlait de faillite pure et simple de la politique
agricole du pays.
SECTION 4. Faiblesse de structure de planification
Haïti comme la plupart des pays en voie de
développement connaît des difficultés
socio-économiques qui paralysent tout effort de développement.
Ces contraintes d'ordre endogène et exogène
sont, dans une certaine mesure la résultante des données
historiques et sociopolitiques qui ont valu au pays une organisation spatiale
inadéquate que les pouvoirs publics s'efforcent, depuis quelque temps
d'améliorer. Un certain nombre de facteurs négatifs ont
été identifiés :
Ø la mauvaise répartition de la population, des
activités, des équipements et des éléments
d'infrastructures ;
Ø la mauvaise couverture régionale
administrative : personnel administratif insuffisant et moyens logistiques
quasi-inexistants.
Les autres matériels, les équipements et
éléments de bureau sont également inadéquats. En
un mot, tout l'appareil de planification est désorienté pour ne
pas dire inexistant. Situation que nous allons analyser dans les paragraphes
qui suivent.
4.1. Un Processus de
Planification Bureaucratique.
L'un des obstacles au développement c'est le fait que
la planification n'ait jamais eu de suivi. Elle est plutôt fonction d'une
suite de recherches qui engendrent tout un ensemble de projets, de programmes
et de plans. Une fois les études terminées les acteurs ne
réagissent pas aux problèmes soulevés lors de
l'identification des besoins.
Il est important de faire remarquer que, plus la planification
est perçue par les unités centrales plus les différentes
régions formant le territoire national font face à des
difficultés différentes. C'est pour essayer de pallier à
ces problèmes difficultés que le Ministère de la
planification a entrepris des recherches pour améliorer les
stratégies et par voie de conséquence augmenter la chance de
réussite des projets. Mais, toujours est-il que ces recherches n'ont pas
abouti. Et, ces échecs ont contribué à aggraver les
conditions de vie de la population.
La planification qui devrait un processus logique
définissant la voie à suivre par un pays et les moyens à
mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs a failli à sa tâche.
En dépit des innovations apportées dans l'organisation de la
planification dans le temps, la portée de la régionalisation
comme projection géographique d'un plan national est encore
limitée du fait qu'il n'existe pas pour le moment de véritables
plans régionaux de développement économique et social.
L'ensemble de ces considérations nous place dans une
situation embarrassante qui entraîne Haïti dans une sorte de
décadence par rapport aux autres pays de l'Amérique Latine et des
Caraïbes.
4.2. Absence de
participation de la population au processus de la planification
Face à l'incertitude et à la turbulence des
situations conjoncturelles dans les pays moins avancés la planification
devient un impératif si on veut atteindre les objectifs fixés.
Haïti ne fait pas exception, étant le pays le plus pauvre de
l'hémisphère occidental. Pour ce faire, il a fallu la
création de l'organisation chargée de la planification nationale,
développer des stratégies, déterminer des
procédures et politiques, dresser des programmes d'actions, rechercher
des moyens appropriés et des méthodes et prévoir les
éléments qui pouvaient influencer les actions. Nous pouvons donc
constater qu'Haïti a opté pour modèle de planification, la
planification indicative qui donne à l'Etat un rôle
régulateur de l'économie.
Les objectifs fixés dans le cadre de ces plans,
programmes et projets se résument à la phraséologie. Il
convient de signaler également en absence de mécanisme de suivi,
la population ne participe pas au processus de la planification
d'exécution et d'évaluation. Car selon Albert Waterson « :
La planification est un effort organisé, conscient et continu, dont le
but est de choisir les moyens les meilleurs pour atteindre les objectifs
précis.
Pierre Larousse pour sa part avance que : la
planification est une science qui a pour objectif l'établissement des
programmes économiques comportant non seulement l'indication des
objectifs à atteindre mais également un état
prévisionnel des diverses étapes du financement et de la
réalisation du programme et, éventuellement, la description de la
structure des organismes à créer en vue de cette
réalisation.
Malgré les grandes périodes de la planification
en Haïti entre 1963/1971 et les années 80, on ne peut
témoigner d'un modèle qui puisse répondre aux aspirations
et à l'attente de la population. Vu qu'elle n'a jamais pris en compte
les besoins essentiels et la participation effectifs des gens pour lesquels on
planifie.
Les mécanismes de participation populaire qui devraient
servir à rendre la planification plus efficace dans la mesure où
ils favoriseraient le dialogue social, la collaboration permanente et la
concertation des partenaires sociaux sur les fins et les moyens du
développement national sont totalement absents dans le processus. Ce qui
explique l'inaccessibilité du processus de planification à
l'ensemble de la population.
TROISIEME PARTIE
ABSENCE DU
DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 3 HAITI, REFUS
DU DEVELOPPEMENT ET SES CONSEQUENCES
SECTION 5. Les conséquences du refus en milieu
rural et urbain.
Plusieurs tentatives ont été entreprises en vue
de promouvoir le développement économique et social du pays, plus
particulièrement en milieu rural. Malgré les plans quinquennaux
de développement, les programmes et projets qui ont été
initiés, le mal développement persiste. Et, face à
l'impossibilité de résoudre les problèmes les plus
élémentaires de la population, l'Etat a perdu sa vocation en tant
qu'incitateur et régulateur de l'économie dans la
société.
Deux siècles d'indépendance, un bilan s'impose.
En effet, nos dirigeants doivent s'y résoudre en dressant un constat
sans complaisance pour mieux se situer sur l'échiquier international.
Aujourd'hui, rien n'est plus choquant que la manière
dont Haïti et les Haïtiens sont perçus par les autres peuples
qui nous considèrent comme un peuple qui n'arrive pas à assurer
son autonomie sur le plan économique, politique et social. Il est bien
dommage que sur les trois plans cités le développement n'a pas
suivi ce qu'Haïti a réussi sur le plan culturel.40(*)
En vérité, pour Haïti, nous le
savons maintenant, le vrai problème est celui de l'extraversion et
de la réalité de son développement. Les
différentes politiques mises en oeuvre par les acteurs politiques ont
été inappropriées. Elles appellent donc des
réformes que réclament les haïtiens lucides et conscients
du problème. Ces politiques se situent bien évidemment à
différents niveaux :
Ø au niveau du système de la planification on
dénonce souvent l'absence de véritable structure de
planification et des cadres bien formés disposant de réels moyens
de fonctionnement.
Ø au niveau de la politique industrielle, des erreurs
notoires ont été commises. A cela s'ajoutent la mauvaise gestion
administrative et l'interférence politique constante dans des affaires
purement économiques, ainsi que nous l'avons montré plus
haut ;
Ø au niveau des services de base, on dénonce la
mauvaise qualité de la carte sociale du pays, notamment, en
matière de services offerts en zones urbaines et en zones rurales dans
différents domaines tels que celui de la santé, de la
communication ainsi que dans celui des infrastructures.
En effet l'absence de services de base en milieu rural et la
baisse de revenu du paysan ont exacerbé l'exode rural et le plus souvent
vers les grandes villes et tout particulièrement vers Port-au-Prince. Il
s'en est résulté une crise urbaine qui secoue Port-au-Prince
depuis 25 ans. Les conséquences de ce manque de développement en
milieu rural nous les connaissons et nous les avons identifiés. Elles
sont nombreuses. Elles concernent aussi bien le monde rural que le monde
urbain.
Au niveau du monde rural, le départ des jeunes en
quête d'hypothétiques meilleures conditions de vie dans les villes
a pour conséquence l'augmentation de l'âge moyen de la population
dans les zones rurales. Ce vieillissement de la population réduit les
activités et donc le revenu dans zones rurales, accentuant la
pauvreté et la misère.
Au niveau des zones urbaines, nous l'avons souligné
plus haut, c'est la grande pression démographique, la ruralisation de
la vie urbaine, la prolifération des bidonvilles entraînant des
conséquences du point de vue sanitaire et hygiénique et le
développement du secteur informel. Tous ces facteurs inhibent le
développement harmonieux des villes. Puisque ces populations venues des
campagnes n'arrivent pas à améliorer leurs conditions de vie dans
les villes, elles s'orientent dans la petite et même dans la grande
délinquance pour se constituer des revenus substantiels créant
l'insécurité dans nos villes plus particulièrement
à Port- au- Prince
5.1. Pauvreté du
Monde Rural et Ses Conséquences.
Comme nous l'avons mentionné dans la première
partie de notre travail la République d'Haïti, d'une superficie de
27750 kilomètres carrés, occupe le tiers occidental de
l'île, qu'elle partage avec la République Dominicaine. Le
paysage est montagneux, bordé de plaines côtières. Le
relief est constitué à 54,7% de mornes non cultivables ou
arides. Ces terres sont néanmoins intensément cultivées.
Plus de 70% de la population est constitué de ruraux. La population est
inégalement répartie avec de forte densité sur les terres
utiles à l'agriculture (880 hab./kilomètre carré) et des
zones de faible densité sur les terres pauvres. L'agriculture constitue
la principale activité du monde rural. Mais depuis quelques
années cette agriculture est en situation de déclin. Les facteurs
qui ont entraîné l'agriculture dans cet état sont
nombreux et portent sur :
Ø l'absence de politique agricole avec des objectifs
clairement définis ;
Ø l'absence de mesures d'incitation et d'encouragement
au bénéfice du paysan ;
Ø le problème foncier ;
Ø l'absence ou l'insuffisance d'infrastructures rurales
et des moyens de production.
Il convient de noter également que, l'insuffisance de
service de base explique aisément les taux élevés de
morbidité et de mortalité. Les taux de couverture vaccinale est
très faible, le personnel sanitaire est insuffisant et peu
qualifié et l'inaccessibilité aux médicaments essentiels
aggravant cet état de fait.
Dans le domaine de la nutrition et de l'alimentation la
situation est préoccupante. Nombreuses sont les familles qui ne peuvent
plus s'assurer un repas équilibré par jour. Dans le domaine de
l'éducation, nombreuses sont également les familles qui sont dans
l'impossibilité de faire face aux frais de scolarisation de leurs
enfants. L'approvisionnement en eau des paysans se fait dans des conditions
difficiles. La mauvaise qualité de l'eau explique la forte proportion
des gens qui sont touchés par des maladies d'origine hydrique. De plus,
la dégradation accélérée du revenu du paysan le
pousse à désarticuler son environnement par la coupe excessive
de bois pour la production et la vente du charbon. C'est là une
situation très préoccupante et sombre qui mérite
l'attention de nos acteurs politiques.
5.2. La paupérisation du monde
rural
Il est certain que les facteurs de répulsion hors des
champs et des villages sont puissants. D'abord, les possibilités de
gagner un revenu suffisant dans les zones rurales restent très
limitées et même accusent une tendance marquée à la
baisse. La détérioration du revenu agricole a
entraîné inexorablement une paupérisation accrue d'une
partie de plus en plus importante de la population rurale. Si en 1976, 48% des
ménages avaient un revenu inférieur au seuil de la
pauvreté cette proportion avait atteint 75% en 982. Et, en 1983 le
revenu annuel par tête d'habitant était estimé à 318
dollars en moyenne nationale contre 125 dollars pour les zones rurales pour la
même période41(*). Déjà, la contribution du secteur
agricole dans le PIB réel était passée de 25,1% en 19995
à 24,3% en 1996 enregistrant ainsi une baisse de ses activités de
production199642(*) .
Aujourd'hui, cette situation est beaucoup plus alarmante.
5.3. L'exode rural et ses
conséquences
Le problème de l'exode rural en Haïti est d'une
extrême gravité. Bien que les études consacrées
à ce phénomène soient peu nombreuses, elles nous
confirment que l'exode rural revêt en Haïti une ampleur
extraordinaire. En effet, un nombre important de migrants quitte
quotidiennement les campagnes pour venir s'installer dans les villes et
particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Dans les années 70 ces arrivées massives de migrants avaient mis
une main-d'oeuvre importante à la disposition de l'industrie naissante,
notamment celles des usines d'assemblage et de sous-traitance. Mais, au cours
de ces dernières années ces migrations se font à un
rythme tel qu'elles dépassent largement les capacités d'accueil
des principales villes du pays. Et cela d'autant plus que ces usines
d'assemblage et de sous-traitance ont été fermées à
cause de l'insécurité qui règne dans le milieu urbain.
La plupart des nouveaux arrivants ne font que grossir le
sous-prolétariat urbain, avec tout ce que cela implique au niveau du
fait urbain (urbanisation accélérée, pauvreté
urbaine, pression sur les services sociaux, etc..). Ces
phénomènes d'exode rural auquel nous assistons ces derniers
temps ont réduit le dynamisme des zones rurales, car ce sont surtout les
personnes jeunes, en quête d'un lendemain meilleur qui émigrent
comme traité plus haut.
Un sondage auprès d'un échantillon de familles a
révélé que la majorité des individus constituant
cette famille est arrivé à Port-au-Prince, avant l'âge de
10 ans43(*). On peut donc
imaginer que ces enfants sont en général accompagnés de
leurs parents qui sont relativement jeunes. Ces mouvements de population, qui
ne montrent encore aucun signe de ralentissement, ne vont pas s'arrêter
d'eux-mêmes, car, pour la majorité des migrants, c'est la vie
rurale elle-même qui, à divers points de vue, s'avère
insupportable.
Comme nous l'avons déjà souligné,
plusieurs facteurs sont à l'origine de la migration ruralo-urbaine en
Haïti. Ils couvrent à peu près tous les aspects de la vie
économique et sociale. Ce sont essentiellement les difficultés de
la vie paysanne qui se traduisent par une faiblesse de revenus, l'insuffisance
et l'inadéquation des services offerts en milieu rural et
parallèlement l'attrait de la ville.
Nous l'avons déjà mentionné les campagnes
haïtiennes sont caractérisées par une carence extrême
de services essentiels comme par exemple dans le domaine de l'éducation
où l'on constate une absence totale d'écoles secondaires. Quant
aux écoles primaires, elles sont réellement insuffisantes et,
compte tenu de la distance à parcourir par des écoliers, elles
sont quasiment inaccessibles à la plupart des enfants vivant dans les
zones rurales. Il en résulte une scolarisation très faible en
milieu rural. Les statistiques disponibles montrent que, 5 enfants sur 10
seulement sont scolarisés en 1982. Aujourd'hui le taux de scolarisation
est encore beaucoup plus faible. Une étude du PNUD sur les conditions de
vie en Haïti démontre qu'en 2003, un taux très faible
d'enfants de moins de six ans ont fréquenté l'école. Et,
l'une des raisons avancées par l'étude est le coût
élevé des frais scolaires. Voici le résultat par
département géographique, ainsi que le démontre le tableau
ci-après.
Tableau 14 : Taux de
scolarisation des enfants de moins de 6 ans par département
Département
|
Taux
|
Ouest
|
20.3%
|
Sud'Est
|
23.3%
|
Nord
|
18.1%
|
Nord'Est
|
21.2%
|
Artibonite
|
25.5%
|
Centre
|
17.2%
|
Grand'Anse
|
19.0%
|
Nord'Ouest
|
19.5%
|
Sud
|
20.0%
|
Sources : PNUD, Enquêtes sur les conditions de vie
en Haïti, 2005, p.116.
En effet, il n'est pas rare de rencontrer dans les zones
rurales des écoles à «maître unique» ainsi que
des établissements scolaires où plusieurs classes se
réunissent dans une seule salle. Dans de telles écoles, on peut
imaginer facilement le niveau d'encombrement et l'intensité des bruits
qui ne peuvent que nuire à la transmission du savoir. Tout ceci s'est
traduit par un taux élevé de déperdition scolaire et
constitue autant de motifs de déplacement humains en quête d'une
meilleure éducation. Dans ces conditions, la migration est presque
toujours définitive, vu que le milieu d'origine n'offre pas à la
population une structure d'accueil local adéquate.
Pour ce qui est de la santé, la situation est
similaire. Le mauvais état de la situation sanitaire est encore flagrant
dans le monde rural haïtien. On dénombre aujourd'hui 1,6
médecins pour 10000 habitants, nombre nettement insignifiant pour une
population qui fait face à des problèmes de santé de plus
en plus croissants. Les dispensaires sans lits représentent dans les
zones rurales les seuls établissements publics de santé qui
dispensent des soins à la population. Ces établissements sont en
quantité insuffisante et ont généralement à leur
tête une aide infirmière dont les limitations, en fait de
connaissances médicales, sont assez connues. D'où
l'impossibilité de traiter sur place certaines maladies pourtant
bénignes. La clinique mobile qui se pratiquait un peu partout à
travers les campagnes du pays a déjà produit certains effets
bénéfiques, mais ses actions sont loin de résoudre les
différents problèmes de santé. D'ailleurs, en fait de
matériel médical, le monde rural est généralement
sous-équipé. Au cours d'une enquête réalisé
en juin 1986 par le Ministère du Plan, on a pu constater même dans
les villes de province, qui sont supposées approvisionner les zones
rurales ou suppléer à leur carence, sont parfois privées
des équipements les plus élémentaires. Par exemple
beaucoup d'établissements de santé ne disposent pas d'un
cathéter et d'un réfrigérateur pour la conservation des
vaccins. La situation est donc grave dans les zones rurales où les
problèmes sont réellement plus aigus.
Toutes ces carences ont eu pour effet de favoriser le
développement de la médecine traditionnelle qui a encore la
faveur d'une fraction importante de la population. Sans vouloir nier ses
mérites, il convient de reconnaître que cette médecine est
incapable de faire face à la complexité de certains cas de
maladies qui requièrent des connaissances et des techniques plus
appropriées. Ainsi bon nombre de décès sont souvent dus
aux mauvaises manoeuvres des «médecins feuilles" ou charlatan qui,
pourtant, sont tolérés dans le milieu et continuent même
à donner des soins.
Cette situation a certainement découragé
certains ruraux qui se voient obligés d'envisager la migration vers des
centres urbains mieux équipés. L'approvisionnement en eau
potable pose également de sérieux problèmes dans le monde
rural haïtien.
Malgré les progrès du SNEP (Service national
d'eau potable), l'eau des rivières est encore très
utilisée pour tout usage dans plusieurs localités. Les
raccordements domiciliés sont inexistants, tandis que les fontaines
publiques sont loin d'être suffisantes. La consommation de cette eau est
souvent la cause de plusieurs cas de maladies d'origine hydrique comme la
typhoïde, la diarrhée, le choléra, etc.
Beaucoup d'autres services manquants peuvent être
cités, tels que: l'électricité et le
téléphone dont les campagnes haïtiennes sont privées
et qui pourtant font partie de la vie moderne.
De ce qui précède, il en ressort que les
conditions de vie de la population sont vraiment déplorables en milieu
rural et expliquent dans une large mesure la migration des paysans vers les
villes.
En effet, la ville représente pour le migrant le lieu
où pourraient se concrétiser ses rêves. Elle est avant tout
pour lui le centre d'emplois rémunérateurs par excellence et,
partant, l'endroit où ses perspectives de gains seraient meilleures.
C'est aussi dans les villes que se concentrent les principaux services dont le
monde rural a certainement besoin. Tout ceci explique l'attrait de la ville
pour le paysan où pourtant, les conditions de vie ne cessent de se
dégrader.
En Haïti, les principaux flux migratoires sont
accaparés par Port-au-Prince qui est la ville la mieux dotée du
pays en terme de services de base fournis. Les villes de province, à
cause de l'inadéquation de leurs structures d'accueil et de la
faiblesse de leurs activités économiques attirent moins les
aspirants `à la migration. En effet, on estime que 85% des migrants
passent directement de leurs villages d'origine à la capitale sans
séjourner dans les villes de province que mêmes les classes
aisées ont abandonnées pour les mêmes raisons.
Plus précisément, le choix de Port-au-Prince par
les migrants comme principal lieu de destination s'explique par les
énormes disparités entre la zone métropolitaine et les
autres villes du pays. A ce sujet, il convient de se rappeler qu'en 1976,
Port-au-Prince accaparait 76% des entreprises industrielles et 92.5% de la
main-d'oeuvre industrielle du pays44(*).Ce qui sous-entend que la probabilité de
décrocher un emploi et d`obtenir des gains substantiels parait plus
grande à la capitale qu'en province.
Port-au-Prince est particulièrement le siège des
activités d'Import-Export, ce qui explique en partie le
dépérissement des principales villes de province. C'est aussi
à Port-au-Prince que se concentrent les principaux services essentiels
qui sont en général de meilleure qualité. Il faut noter
également que Port -au Prince détient le seul aéroport
international du pays, ce qui justifie une préférence en plus de
la majorité des migrants pour cette ville.
Les mouvements migratoires vers la capitale ne
s'atténueront pas dans l'immédiat, car, avant tout, ils
constituent une réaction logique de la population face aux
inégalités socio-économiques entre la capitale et le reste
du pays45(*).
SECTION 6.
Conséquences sur le plan urbain
D'après les donnés publiées par l'IHSI en
1980, en 1960, l'urbanisation se faisait à un rythme très
réduit en Haïti. Alors que, en 1970 le taux d'urbanisation du pays
n'était que de 20%, le phénomène est devenu de plus en
plus préoccupant à partir de 1980 avec la multiplication par 5,
la population urbaine. Il faut aussi souligner que dans le cas d'Haïti,
l'urbanisation s'est accompagnée d'une centralisation spatiale excessive
d'hommes et d'activités dans l'Aire de la capitale de sorte qu'on parle
de nos jours de la République de Port-au-Prince. De 1990 à nos
jours la population urbaine a connu des taux de croissance de 28 à 32 %.
Alors que la population totale haïtienne a connu un taux moyen de
croissance annuelle de plus de 2 %. Taux très faible comparativement
à l'ensemble des pays les moins avancés du monde en 1995. Les
conséquences de cette croissance accélérée sont
graves et doivent retenir l'attention des autorités haïtiennes. En
réalité la ville de Port-au-Prince traverse depuis une
décennie une crise urbaine. Le fait le plus marquant est que nous
assistons depuis quelques années à une ruralisation de la vie
urbaine avec les survivances des habitudes de la campagne. Par contre, au
niveau des villes de province le processus d'urbanisation est bloqué
faute d'une bonne politique d'aménagement du territoire.
6.1. Le chômage en
milieu urbain et le développement du secteur informel
La lenteur du processus d'industrialisation et le faible
dynamisme du secteur tertiaire ajoutés à d'autres
problèmes crées par la crise socio-économique de ces 15
dernières années a diminué considérablement la
capacité d'absorption des centres urbains et les possibilités
d'emploi pour les nouveaux arrivants. Il en résulte une situation de
sous-emploi et de chômage ouvert ou déguisé. Et, devant
l'incapacité du secteur moderne de satisfaire les besoins de ce nombre
croissant de migrants, la plupart se voient obligés de créer leur
propre gagne-pain (le secteur informel).46(*) Les caractéristiques des travailleurs de ce
secteur sont les suivants:
Ø travailleurs à revenu variable ayant un
travail régulier à l'intérieur du secteur ;
Ø travailleurs occasionnels reliant n'importe quel
travail pour arriver à survivre et se débattant continuellement
entre le chômage et des activés instables ;
Ø personnes avec un niveau d'instruction très
bas,
Ø les migrants ruraux récemment arrivés
dans les villes sans qualifications et opportunités d'emploi dans le
secteur formel urbain.
Dans une analyse de l'évolution de l'emploi entre 1971
et 1980 effectuée par le Projet : Planification des ressources
humaines et de l'emploi (PRHE), on estimait que le secteur informel de
l'économie regroupait plus de deux tiers de l'emploi du pays en 1980,
soit environ 79,7%. La quasi inexistence d'informations relatives aux
activités exercées dans le secteur informel ne permet pas de
connaître le chiffre exact des revenus générés par
ce secteur. Les informations concernant les activités du secteur
informel sont très rares. Signalons cependant que les enquêtes
effectuées dans le quartier de St Martin par l'IHSI en 1980 et en 1986
au niveau de quelques marchés de la capitale et de quelques quartiers
populeux par Lavalin International en juillet 1988, au niveau de plusieurs
échantillons de tissus urbains par le Ministère des Affaires
sociales en 1988, au niveau de trois quartiers populeux, constituent les
études connues qui apportent des données importantes sur les
activées de l'emploi, des salaires et des dépenses de cette
catégorie de la population.
Aujourd'hui, la situation est devenue beaucoup plus
préoccupante si on considère les chiffres publiés par le
PNUD dans son rapport de Coopération au développement-1996.
Ces derniers indiquent une population totale de plus de 7,3
millions à composante 33,17% urbaine et accompagnant d'un taux moyen de
croissance avoisinant 4% l'an47(*). Par ailleurs, l'analyse des données
publiées parle MSPP/ l'OMS/OPS en 1997 fait état d'un taux de
chômage très élevé. Soit 65% pour l'ensemble de la
population, accompagnant d'un taux d'inflation de plus de 15,6%48(*). Une situation qui tend
à se dégrader si les mesures correctives ne sont prises par nos
décideurs dans l'immédiat.
Bref, le secteur informel qui représente une sorte de
refuge pour de nombreux migrants ruraux, n'est pas toujours en mesure de
répondre aux attentes de ces derniers. Dans bien des cas on peut
conclure qu'il s'agit d'un simple transfert de la misère des campagnes
vers les villes.
6.2. Le
développement de l'habitat spontané
Tout d'abord, il est important de faire remarquer que
l'urbanisation accélérée a engendré une
dualité de l'habitat au niveau de l'espace urbain. D'un coté, il
y a l'habitat planifié et de l'autre l'habitat non planifié
appelé aussi l'habitat spontané ou bidonville.
La distinction est que, contrairement au premier, l'habitat
non planifié est principalement dû à l'initiative de ses
habitants et s'est implanté sans aucune forme d'aménagement
préalable. Les différentes formes d'habitats spontanés ne
résultent pas d'un véritable investissement. Ce sont les
habitants qui, avec des matériaux de fortune (morceaux de tôles,
de carton, de bois, etc..), édifient des abris. De plus, alors que la
croissance urbaine «normale» implique la mise en place de voirie et
de réseaux divers (adduction d'eau, électricité,
égouts etc..) qui nécessitent d'importants investissements, la
croissance urbaine spontanée s'accomplit sans que soient
effectués ces travaux, qui sont pourtant nécessaires à
cause surtout de la densité.
Enfin le caractère de spontanéité de ces
formes d'habitats se traduit dans les particularités du statut juridique
de l'occupation du sol. Il s'agit, dans un très grand nombre de cas,
d'une occupation qui n'est garantie par aucun acte juridique, soit qu'à
l'origine les habitants s'établissent clandestinement sur des terres qui
ne sont pas étroitement surveillés par leurs
propriétaires, soit qu'il s'agisse de terrains ou bâtiments dont
l'occupation est tolérée, moyennant le paiement de loyers ou non.
Ajoutons également que l'habitat spontané ou bidonville peut se
retrouver sur des sites dangereux, (ravines, pentes escarpées, terrains
marécageux etc..) qui paraissent peu intéressants pour les
personnes à revenu élevé.
Les bidonvilles, tels qu'ils viennent d'être
décrits, se retrouvent à travers tout l'espace urbain
haïtien. Toutes les villes ont leurs bidonvilles. A titre d'exemple on
peut citer: La saline, St Martin, Bréa Tokyo, Pont Rouge, Fort Mercredi,
cite l'Éternel, cite de Dieu, cité plus, etc, pour
Port-au-Prince. La Fossette et Ste Philomène pour Cap-Haïtien.
Grande Savane et Nan Palan pour Port de Paix. La Savane pour les Cayes.
Raboteau et Ka soley pour Gonaïves. Ste Hélène, Mackandale
et Platon pour Jérémie. A noter que Pétion- ville et
Delmas en comptent plusieurs dont certains se localisent dans des ravines et ne
sont donc pas à l'abri des inondations.
Selon une enquête49(*) réalisée en 1986 par l'institut
haïtien de statistiques et d'informatique (IHSI), le processus de
bidonvilisation de l'aire métropolitaine est confirmé à
partir des résultats obtenus pour les quartiers précités.
En effet, on y relève cinq personnes en moyenne par logement
généralement d'une ou deux pièces, ce qui sous-entend un
taux élevé de promiscuité. Un pourcentage de 65% des
ménages sont locataires ou fermiers avec seulement 28% de
propriétaires.
De plus, les ménages achetant de l'eau pour leur usage
domestique accusent un pourcentage de 72% tandis que ceux qui s'approvisionnent
aux fontaines publiques ne représentent que 16 %. Les ménages qui
ont accès qu'à des latrines ordinaires dans leurs cours ou
ailleurs atteignent 92%, alors que ceux disposant d'un W.C ne dépassent
pas 1%. A noter que ces latrines ordinaires constituent une source de
contamination pour les nappes d'eau souterraines.
Cependant on remarque que 80% de ces ménages utilisent
le courant électrique et que seulement 18% font l'usage de
l'éclairage au kérosène. Ce taux élevé
d'utilisation du courant électrique est un peu surprenant. Il semblerait
qu'un bon nombre de ces ménages bénéficient des connexions
pirates, comme c'est souvent le cas dans les quartiers populeux.
Dans les trois autres villes d'importance comme
Cap-Haïtien, Gonaïves et les Cayes, les contraintes du site et
rareté des terrains urbanisables ont conduit les populations pauvres
à s'entasser sur des terrains marécageux ou à fortes
pentes tel que constaté au Cap dans les quartiers de la Fossette,
Lòt bò Pont, Nan Bannan-n, Bel-air, la Borie, Ti Guinen, aux
Cayes, à La Savane et aux Gonaïves, à Raboteaux.
L'ensemble de ces quartiers, tout comme ceux cités
à Port-au-Prince, se caractérisent par l'absence
d'infrastructures (Drainage, eau, électricité, etc..). Au
Cap-Haïtien, 43% des logements de ces quartiers ne disposent pas de
latrines, 75% sont privés d'électricité, 3% seulement ont
des raccordements domiciliés domiciliaires d'eau potable et le reste de
la population s'approvisionne aux fontaines publiques50(*). Les logements sont
généralement faits de matériaux de
récupération ou ressemblant à l'habitat rural (clissage
avec toit de tôle ou de chaume). Ils se caractérisent
également par leur exiguïté et un taux d'occupation
très élevé (12m2 pour 5 personnes en
moyenne).
En conclusion, on peut dire que le secteur logement a connu
une lenteur dans son développement, notamment dans les principales
villes du pays, en raison du fait qu'aucun programme d'envergure n'a
été élaboré pour les différentes couches de
la population. Les populations à moyen et à faible revenus devant
faire face au prix élevé des terrains, de la construction des
logements, à une absence de mécanisme de crédit à
la construction et à une augmentation du prix des matériaux de
construction se voient obligés soit de s'entasser dans les zones
déjà urbanisées ou tout simplement dans des zones
marginales, soit de s'installer dans les zones nouvellement
aménagées mais privées des infrastructures
nécessaires.
Sans doute, plusieurs interventions étatiques ont
été faites pour remédier à cette situation. Qu'on
se rappelle la construction des cités de Belladère, Vincent, St
Martin, Lento 2, Cabaret, ainsi que l'identification et l'exécution de
nombreux projets de construction de logements au bénéfice des
familles défavorisées. Mais, vu l'ampleur du problème, les
résultats atteints sont insignifiants. De plus, les vraies causes de ce
mal viennent du monde rural qui ne cesse de déverser les migrants sur
les centres urbains. Les entreprises publiques de promotion et de logements
sociaux (EPPLS) qui est un organisme chargé d'apporter des
améliorations nécessaires dans ce domaine, est impuissant
à le faire. Ses actions se limitent seulement au niveau des villes et
encore, avec des résultats insatisfaisants.
6.3. La Ruralisation de la
vie urbaine
L'exode rural constitue un facteur important en ce qui a trait
au phénomène de la ruralisation de la vie urbaine. La population
rurale qui représentait en 1982, 77% de la population totale, ne
répond plus aujourd'hui à cette statistique. Car avec l'exode
rural il s'est produit un transfert systématique des gens de la campagne
vers la ville. On a eu au cours de cette même période une
croissance démographique de l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince de l'ordre de 46%. Ce qui veut dire que tous les ans environs 20
000 personnes supplémentaires viennent gonfler la population
Port-au-Prince.
En effet, ces déplacements ne sont pas sans incidences
sur l'environnement urbain et les activités journalières. Les
gens arrivent avec toutes leurs habitudes entravant de ce fait le
fonctionnement normal de vie urbaine. Édouard Francisque, dans son livre
"La structure économique et sociale d'Haïti" remet en question la
notion de ville en Haïti. Il avance ce qui suit: "Beaucoup
d'agglomérations appelées villes restent en fait de grandes
localités rurales par les coutumes, les moeurs, les activités, le
mode de vie. Aucune agglomération haïtienne ne mérite
à proprement parler le nom de ville au sens moderne du terme
étant donné l'inexistence de plan d'urbanisation et
d'équipements (adduction d'eau, égouts,
télécommunication, transport, asphaltage des rues, et..). Bien au
contraire il conviendrait de parler sans exagération d'un processus de
ruralisation de ce que les gens appellent, Ville en Haïti51(*)".
Il n'est pas rare, même à la capitale que les
automobilistes soient contraints d'arrêter leurs voitures sur les voies
principales et les lieux de promenade pour laisser passer une vache indolente,
obéir aux caprices d'un porc ou d'un âne récalcitrant.
Aujourd'hui le problème d'immondices qui bat son plein
dans la capitale trouve son origine aussi dans le comportement des migrants.
Les personnes ne se soucient plus d'utiliser les poubelles, en petit nombre
mises à leur disposition. Ils vont à même le sol pour faire
leurs besoins physiologiques négligeant toutes les disciplines
sanitaires. Tout ceci constitue des défis à relever par nos
décideurs politiques avec le concours bien entendu de la
population52(*).
CONCLUSION
Globalement nous pouvons dire que les stratégies de
développement adoptées par les différents gouvernements
haïtiens depuis l'existence de notre pays n'ont pas permis
d'élever le niveau de vie des Haïtiens. Au contraire la situation
socio-économique de la population s'est dégradée
considérablement.
Comment en sommes nous arrivés là?
A force d'avoir regardé vers l'extérieur, et de
s'être organisé en fonction de l'extérieur, à force
d'avoir accepté tout de l'extérieur, concept comme produits,
Haïti a perdu la boussole de son identité et subi plus que tout
autre les effets pervers de la crise venue de l'extérieur. Malgré
tout nous pouvons tirer de cette crise des renseignements importants. En effet,
elle doit servir de révélateur pour projeter une lumière
crue sur nos défaillances et nos erreurs d'orientations. Ce constat doit
nous permettre de stigmatiser et d'affiner notre stratégie dans le but
d'atteindre le développement social, politique et économique de
notre pays. Aujourd'hui, Haïti doit penser à sortir de cette
situation où les immenses possibilités humaines et
économiques sont neutralisées et extraverties, où la
coopération internationale n'a jamais atteint les objectifs pour
lesquels elle a été créée. Et, pourtant par le
passé, il avait fallu infiniment moins de temps aux héros de
notre indépendance pour mettre au point une tactique militaire qui a
permis de défaire la très puissante armée de
Napoléon. Pour ne plus aller chercher les modèles ailleurs, nous
devons nous inspirer du dynamisme et de l'intelligence des nos aïeux pour
trouver les solutions pour vaincre la pauvreté et la misère
qui règnent dans notre pays.
Haïti doit donc consolider son identité nationale
pour affirmer ses valeurs démocratiques, et assurer son
développement économique. Il s'agit d'abord de s'unir, d'assurer
une nouvelle cohérence face à l'émiettement et au
désordre actuel qui caractérisent aujourd'hui notre pays.
Notre analyse de la situation d'Haïti nous a
révélé qu'on ne saurait bâtir des économies
cohérentes, articulées et solides, en se fondant sur un facteur
unique, le commerce extérieur. La prospérité ne peut
s'établir sur le seul échange international. Il est
évident que le développement économique d'un pays doit
toujours partir du développement de son marché
intérieur.
Pour l'avoir ignoré, notre pays se retrouve
aujourd'hui dans une situation socio-économique désastreuse.
L'absence de politique cohérente de développement avec des
objectifs clairement définis et la faiblesse des institutions capables
d'assurer la gestion de notre économie constituent un frein pour le
développement de notre pays.
LES
RECOMMANDATIONS
Notre analyse de la situation économique d'Haïti
nous montre que son bilan est désastreux. A quels palliatifs faudrait-il
recourir pour redresser la tendance? Pour y parvenir, nous tenons à
faire les recommandations suivantes :
Ø pour améliorer la production agricole, nous
suggérons que l'Etat intensifie la recherche, développe
l'irrigation, encadre les petits agriculteurs par le biais du crédit
agricole et améliore les techniques de culture. Se faisant, il faut
rendre plus efficaces les conditions de travail
dans les champs en multipliant et en diversifiant l'outillage agricole.
L'État doit prévoir aussi une banque d'outils agricoles nationale
qui aura pour mission de fournir aux agriculteurs à des prix modiques,
le matériel agricole bien approprié pour accroitre la production
agricole ;
Ø au niveau de la santé, il appartiendra
à l'État de renforcer et d'étendre rapidement le taux de
couverture sanitaire et de veiller à ce qu'il y ait une meilleure
allocation des ressources disponibles, qu'il s'agisse des ressources humaines,
matérielles ou financières. Cela permettra aussi d'accroitre le
rendement du personnel médical, d'améliorer la capacité
d'accueil dans les hôpitaux et dans centres de santé. Cela
permettra également aux centres hospitaliers de disposer du stock de
matériel médical et de médicaments pour être
capables d'assurer un service de santé efficace ;
Ø dans le secteur de l'éducation, il y a
beaucoup à faire.
Tout d'abord, il faudra renforcer l'éducation de base
et réduire le taux de déperdition lors du passage du primaire au
secondaire en instituant des centres de formation professionnels attrayants
permettant de faire rentrer rapidement les jeunes dans la vie active.
Ensuite il conviendra à l'Etat d'encourager
l'éducation non formelle qui permet aux citoyens qui n'ont pas eu un
cursus primaire de participer à l'exécution des projets sociaux
à vocation sanitaire et communautaire.
Enfin, il faudra que l'Etat définisse des
critères requis pour l'ouverture des écoles. Cela permettra
d'éviter la prolifération des écoles borlette en
même temps que l'Etat veillera à ce que le personnel enseignant
soit recruté sur base de critère de compétence ;
L'Etat devra promouvoir le tourisme qui est la première
industrie d'Haïti. Pour cela, il faudra penser à
l'amélioration des différentes structures touristiques du pays
à savoir : les hôtels, le réseau routier national, les
sites historiques, etc. L'Etat devra également chercher à
résoudre le problème de l'insécurité qui frappe la
population et celui de la salubrité qui s'installent dans la Capitale et
nos villes de province.
BIBLIOGRAPHIE
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d'avenir, Vol I, 1982.
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BRH
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|
BID
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internationaux (1950-1990), Port-au-Prince- Ed des Antilles, 407 pages
|
Eddy Marc Joachin
|
Ø Causes et conséquences du déclin de
l'agriculture Haïtienne, Mémoire de sortie I Port-au-Prince-INAGHEI
1998, 106 pages
|
Edouard Francisque
|
Ø La structure économique et sociale
d'Haïti 1986, 255 pages
|
Gérard Barthélémy et Christian Girault
|
Ø République Haïtienne, EdADEC/ KATHALA
1993 Port-au-Prince, 475 pages
|
Institut Haïtien de statistique et d'informatiques
|
Ø Enquête socio-économique dans les
quartiers populeux, Port-au-Prince juillet 1988
|
Institut Haïtien de statistique et d'informatiques
|
Ø Résultats préliminaire du recensement
général, Port-au-Prince- 1982
|
Jean .A
|
Ø Travail et services sociaux sanitaires: une
responsabilité collective- conférence prononcée à
l'IPN
|
Ministère de l'Economie des Finances Et Institut Haïtien de
Statistique et d'informatiques
|
Ø Etude sur les relations entre l'exode rural et l
planification urbaine, février 1989.
|
Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et aux Sports
|
Ø Diagnostic Technique du système Educatif
Haïtien, Rapport de synthèse 1994/1995, 89 pages
|
Ministère du Plan, de la Coopération Externe et de la Fonction
Publique,
|
Ø Grandes orientation des années 1990
|
Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications,
PNUD centre des Nations Unies pour les établissements humains
|
Ø Plan Directeur d'urbanisation de Port-au-Prince
(Projet Hai/85-009 phose-1)
|
MENJS/ DPCE
|
Ø Statistiques 1992.
|
MENJS
|
Ø Direction de la planification 1988/1989-1994.
|
OMS/ OPS
|
Ø Analyse du secteur Eau et Assainissement
Port-au-Prince1997.
|
PNUD
|
Ø Rapport de coopération au
développement 1995
|
PNUD
|
Ø Rapport de coopération au développement
|
Revue Louverture
|
Ø Panorama de l'Economie Haïtienne, Port-au-Prince
(Groupe croissance S.A 1996) x pages
|
Théophile, Roche
|
Ø Planification et développement. Op. Cit Pages
14 et 17
|
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1- Haïti : Indicateurs
Démographiques
3
Tableau 2 - Quelques indicateurs relatifs au
système éducatif haïtien
8
Tableau 3 - Exportations, importations sur biens en
(million de gourdes)
30
Tableau 4 - Nombre de visiteurs arrivant dans le
pays (en milliers)
31
Tableau 5 - Déficit courant et
déficit commercial (en millions de gourdes)
32
Tableau 6 - Déficit courant, Mouvement de
capitaux et Réserves de change (en millions de gourdes)
33
Tableau 7 - Evolution de l'Epargne nationale en %
du PIB (en millions de gourdes courantes)
34
Tableau 8 - Distribution de la population et des
catégories de personnels de Santé par département
géographique (1993).
53
Tableau 9 - Pourcentage de nouveau-nés
présentant une insuffisance pondérable, l'indice de masse
corporelle et la mortalité maternelle dans quatre pays de
l'hémisphère de l'ouest
62
Tableau 10 : Etat nutritionnel de la
population infantile (6-59mois)
63
Tableau 11 - Couverture en AEP dans le pays en
pourcentage.
66
Tableau 12 -Résultats atteints en rapport
des objectifs visés par les différents plans
87
Tableau 13 - Évolution de la production
agricole au cours des deux premiers plans quinquennaux en tonne métrique
1971-1981.
87
Tableau 14 : Taux de scolarisation des enfants
de moins de 6 ans par département
105
LISTE DES SIGLES
UTILISÉS
ACDI
|
Ø Agence Canadienne de développement
International
|
AEP
|
Ø Assainissement et Eau Potable
|
AEPA
|
Ø Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement
|
BCA
|
Ø Banque de crédit agricole
|
BID
|
Ø Banque interaméricaine de
développement
|
BM
|
Ø Banque Mondiale
|
BRH
|
Ø Banque de La République d'Haïti
|
CAMEP
|
Ø Centrale Autonome Métropolitaine d'Eau
potable
|
CPNAP
|
Ø Commissariat à la promotion nationale et
à l'Administration Publique
|
DRI
|
Ø Développement régional
intégré
|
DRIP
|
Ø Développement Régional
Intégré de Petit Goave
|
DHP
|
Ø Direction d'Hygiène publique
|
DPCE
|
Ø Direction de la planification et de la
coopération externe
|
EMMUS
|
Ø Enquête Mortalités, Morbidités,
et Utilisation des services
|
ECOSAOF.S.A
|
Ø Expert -Conseils en économie, Finances,
Gestion et sociétés
|
EPPLS
|
Ø Entreprises Publiques de promotion des Logements
Sociaux
|
FAO
|
Ø Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation
|
FMI
|
Ø Fonds Monétaire International
|
GCTRNDE
|
Ø Grand Conseil Technique des Ressources Nationales et
du Développement économique
|
IHSI
|
Ø Institut Haïtien de Statistiques et
d'Informatique
|
IRA
|
Ø Infections respiratoires aiguës
|
MARNDR
|
Ø Ministère de L'Agriculture ,des Ressources
naturelles et au Développement rural
|
MENJS
|
Ø Ministère de l'Éducation Nationale de
la jeunesse et des sports
|
MSPP
|
Ø Ministère de La Santé publique et de la
population
|
MTPTC
|
Ø Ministère des Travaux publics Transports et
Communications
|
OEA
|
Ø Organisation des États Américains
|
ODPG
|
Ø Organisme de développement de la plaine des
Gonaïves
|
ODVA
|
Ø Organisme de développement de la Vallée
de L'Artibonite
|
OMS
|
Ø Organisation Mondiale de Santé
|
OPS
|
Ø Organisation Panaméricaine de la
Santé
|
OPDES
|
Ø Organisation pré désastre et de
Secours
|
PAS
|
Ø Programme d'ajustement structurel
|
PDRI
|
Ø Programmes de développement régional
intégré
|
PIB
|
Ø Produit Intérieur Brut
|
PMA
|
Ø Pays les moins avancés
|
PNB
|
Ø Produit intérieur Brut
|
PNUD
|
Ø Programme des Nations-Unies pour le
développement
|
POCHEP
|
Ø Poste Communautaire d'Hygiène et d'Eau
Potable
|
PROBED
|
Ø Projet Bilatéral d'Éducation
|
SEEUR
|
Ø Services des Équipements et Entretien
Urbain
|
SGU
|
Ø Service de Génie Urbain
|
SIDA
|
Ø Syndrome Immuno-déficitaire acquis
|
SMCRS
|
Ø Service Métropolitain de collecte de
résidus solides
|
SNEP
|
Ø Service National d'eau potable
|
RTI
|
Ø Research Triangle Institute
|
TRO
|
Ø Thérapie de Réhydratation Orale
|
UEH
|
Ø Université d'État d'Haïti
|
UNICEF
|
Ø Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
|
USAID
|
Ø Agence Américaine pour le développement
International
|
USD
|
Ø Unités Spatiales de Développement
|
* 1 OMS/OPS, Analyse du secteur
Eau et Assainissement, P-au-P, p. 20 1997.
* 2 MSPP/ OPS/OMS, Analyse de la
situation sanitaire d'Haïti, Port-au -Prince, 1997.
* 3 MENJS, Diagnostic technique
du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse,
1994/1995, p.32.
* 4 MENJS, Diagnostic technique
du système éducatif haïtien, Rapport de synthèse,
1994/1995, p.34.
* 5 PNUD, Rapport de
coopération au développement, août 1997 p.15.
* 6 OMS/OPS, Situation sanitaire
Haïti, 1997.
* 7 Le deuxième choc
pétrolier après celui de 1973 est dû à la
révolution iranienne de 1979.
* 8 Revue Louverture :
Panorama de l'économie haïtienne #19 vol, 1, 1996, p. 19.
* 9 PNUD, Rapport de
coopération pour le développement, 1995, p.13-19.
* 10 Ministère de la
Planification, de la Coopération Externe et de la Fonction Publique,
Grandes orientations stratégiques pour les années 1990 (Domaine
réel de l'Economie), p. 183.
* 11Ministère de la
planification, de la coopération externe et de la fonction publique,
Grandes Orientations stratégiques pour les années 1990, (Domaine
Réel de l'économie) P.184/185.
* 12 Crise alimentée par
le conflit Iran -Irak 1980-1988, deux grands exportateurs de pétrole.
* 13MEF : Direction du
Trésor, Direction Générale du Budget
* 14PNUD, Rapport de
coopération, 1995, p.20.
* 15 BID, Investissement
Secteur Loan Paper, 21 mai 1996, p.2.
* 16PNUD, Rapport de
coopération, 1995, p. 21.
* 17 PNUD, Rapport de
Coopération pour le développement, 1995, p. 23.
* 18 BID, Rapport annuel, l995,
p. 106 et 107.
* 19 FREMONT, Jean
Claude : Déséquilibres structurels et évolution de la
balance des paiements d'Haïti,
Bulletin de L a BRH # 19 p.55.
* 20Gérard Barthelemy et
Christian Girault, République Haïtienne 1993, Édition
ADEC/KATHALA
* 21 La CHAMBRE
Franco-haïtienne, La revue Louverture, Vol 1, # 1, Février 1996,
p. 18
* 22 Marc Eddy, Causes et
conséquences du déclin de l'agriculture haïtienne,
Mémoire de sortie INAGHEI.1998, p.9
* 23BRH, Rapport annuel 1996.
* 24 Chambre
Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie
Haïtienne, p. 19, 1996.
* 25 Chambre
Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie
Haïtienne, p.19, 1996 op cit.
* 26Publication ECOSOF S.A.
(Expert Conseils en Economie, Finance, Gestion et Société), 1997,
p. 87 à 89.
* 27Gérard
Barthélémy et Christian Girault, République
Haïtienne, p.269..
* 28MSPP/OMS/OPS Situation
sanitaire d'Haïti, 1997. op cit p. 25
* 29MSPP/OMS/OPS, Analyse de la
situation sanitaire d'Haïti, op cit, p. 35 -36.
* 30Group Research Triangle
Institute, 1992.
* 31 MENJS/DPCE : Statistiques
1992.
* 32 MENJS, Direction de la
planification et de la coopération externe, 1988/1989-1994, p. 25.
* 33 MENJS, Plan National
Éducation 2 004, Rapport de Synthèse Septembre 95, P 30.
* 34BID, Progrès
économique et social en Amérique Latine, Rapport 1989.
* 35MENJS, Plan National
Education 2 004, Rapport de synthèse septembre 1995.
* 36Théophile Roche,
planification et développement, Ministère de la Planification.
* 37 Théophile Roche,
planification et développement, op cit p 17
* 38 Ernst A.Bernardin,
l'espace rural haïtien: bilan des 40 ans d'exécution des programmes
de développement nationaux et internationaux, P .138.
* 39 Ersnt A. BERNARDIN,
L'espace Rural haïtien, bilan de 40 ans d'exécution des programmes
nationaux de développement,(1950-1990),p.146.
* 40 Marc Eddy Joachin :
Causes et Conséquences du déclin de l'agriculture. Essai
d'identification des problèmes. Tentatives d'analyses et
recommandations, Mémoire INAGHEI, 1998.
* 41Ministère de
l'économie et des finances, Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique, Étude sur les relations entre l'exode Rural et la
planification urbaine, Février 1989 p.34
* 42Banque de la
République d'Haïti, Rapport Annuel 1996 p.18.
* 43 Les cahiers du CHISS,
Revue haïtienne des Sciences sociales, Le processus d'urbanisation
à P-au-P, no spécial Décembre 1971.
* 44 Banque Mondiale, situation
économique actuelle et perspectives d'avenir vol. I, 1982
* 45Ministère de
l'économie et des Finances, Institut Haïtien de Statistiques et
d'informatique: Etude sur les relations entre l'exode rural et La planification
urbaine en Haïti, Février 1989, P-au-P.
* 46 MTPTC/PNUD / Centre des
Nations Unies pour les établissements Humains, Plan Directeur
d'urbanisation de P-au-P (Projet Hai/85/009-Phase-1) p.86.
* 47 PNUD, Rapport de
Coopération au développement-1996, p.12.
* 48 MSPP/OMS/OPS,Analyse de
la situation Sanitaire d'Haiti-1997
* 49 IHSI, Enquête
socio-économique dans les quartiers populeux P-au-P, Juillet 1988.
* 50CPNAP, Diagnostic du
secteur Développement urbain et logement, DPSAT, janvier1988.
* 51 Edouard Francisque : La
structure économique et sociale d'Haïti, 1986, p.51.
* 52 IHSI (Résultats
préliminaires du recensement général, P-au-P , 1982,
p.4.
|