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Haà¯ti, un panorama socio économique désastreux. Tentatives d'analyses et d'explications(1970-2005)

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par Jean Luc FENELUS
Institut national d'administration, de gestion et des hautes études internationales( INAGHEI) - Licence en adminsitration 2006
  

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PREMIERE PARTIE

Situation socio economique d'Haiti

CHAPITRE 1 La situation socio-économique de 1970 à 2005

Les structures de l'économie haïtienne se présentent de la manière suivante. Un secteur primaire prédominé par l'agriculture, un secteur secondaire caractérisé par l'industrie de la sous-traitance et enfin un secteur tertiaire dominé par le sous-secteur touristique et le sous-secteur bancaire. Si le secteur bancaire a connu une forte croissance, l'agriculture et l'industrie ont beaucoup régressé.

Les mauvaises voies de développement choisies par nos dirigeants et la croissance démographique accélérée de ces trente dernières années ont conduit à de sérieux déséquilibres économiques et à la dégradation des conditions de vie de la population haïtienne. En 1995, avec 2.1% contre 1,6% pour le Brésil par exemple, Haïti connaît le taux de croissance démographique le plus élevé d'Amérique latine. La production agricole se révèle de plus en plus insuffisante pour répondre aux besoins accrus de la population. Les causes de cette insuffisance sont nombreuses et préoccupantes et peuvent se résumer de la manière suivante : Absence de mesures d'incitation et d'encadrement au bénéfice des paysans avec des objectifs clairement définis, insuffisance de crédit agricole, les problèmes fonciers, insuffisance d'encadrement technique, insuffisance d'infrastructures rurales et absence de politique de prix.

Le produit intérieur brut est en constante régression au cours de ces 15 dernières années par rapport aux autres pays de l'Amérique Latine et des caraïbes. Le rapport publié par la BID en 1995 rapporte les chiffres suivants concernant certains pays de la région : le taux d'accroissement du produit intérieur brut d'Haïti était seulement de 4,5% contre une participation du Pérou de 7,6% et le Chili de sur 15 ans 7%18(*).

Le niveau d'industrialisation se révèle de plus en plus faible et inopérant. L'inégale répartition des revenus ; le chômage aigu, la balance commerciale déficitaire, l'inadéquation des soins sanitaires, la sous-alimentation et l'analphabétisme sont autant d'handicapes qui font écran au développement économique et social d'Haïti.

SECTION 1. L'Evolution de L'Economie Haïtienne

Comme nous l'avons mentionné précédemment, la situation de déséquilibre qui caractérise l'économie haïtienne actuellement est le résultat des mauvaises voies de développement choisies par nos dirigeants depuis notre indépendance. En effet, depuis 1804 l'économie haïtienne a progressé de manière très contrastée avec un arrière-plan politique caractérisé par une alternance frappante entre la tyrannie et l'anarchie. Cependant, cette évolution a été marquée par quelques rares périodes de croissance, de booms exceptionnels liés le plus souvent à l'envolée des cours de certains produits (café, cacao, figue banane, sisal, huiles essentielles) ou aux performances conjoncturelles de certains secteurs d'activités : (Tourisme, industries extractives, industrie d'assemblage pour l'exportation).

Ces périodes de croissance à cycle très court ont été suivies de longues phases de stagnation débouchant sur des périodes de dépressions et de crises, conséquences le plus souvent de troubles politiques et parfois d'accidents climatiques. La résultante de ce cycle d'évolution a été une tendance séculaire au déclin et à la paupérisation. En effet après une période de croissance rapide dans les années 70 liée au développement de la sous-traitance internationale et à une conjoncture boursière favorable à nos denrées d'exportation (café, cacao...), la situation de l'économie haïtienne n'a cessé de se détériorer à partir des années 82 pour finalement s'effondrer en 1994.

Dans les pages qui suivent nous allons analyser les différentes étapes de l'évolution de l'économie haïtienne et identifier les facteurs qui ont limité son développement.

1.1. Période 1970-1980

Alimentée par une agriculture active quoique traditionnelle d'exploitation de café, cacao et huiles essentielles, l'économie haïtienne a connu une certaine stabilité jusqu'au début des années 1970. En effet, elle a enregistré pour la première fois un taux élevé de croissance de 5% en moyenne par an en terme réel, accompagné d'une croissance par an du produit per capita. Tout cela résulte de l'adoption d'un modèle de développement dont les stratégies se sont axées sur la promotion des exportations agricoles, industrielles et touristiques. Cependant, des variations négatives du produit intérieur brut et d'autres agrégats économiques ont surgi depuis 1981, d'où l'émergence d'une crise sans précédent historique qui étouffe notre économie ; une situation qui perdure encore.

Sur le plan économique, les résultats obtenus ont fait état de grande performance au cours de la décennie 1970. Le produit intérieur brut (PIB) s'est accru d'un taux annuel moyen de 5% ; résultat qui n'a jamais été observé auparavant. C'est une époque de grande stabilité des prix (du moins ils croissaient faiblement) et du change, résultant de la position d'Haïti sur le marché d'exploitation, des entrées de capitaux externes, lesquels ont comblé l'insuffisance de l'épargne mondiale dans le financement des investissements locaux. Cette époque a été marquée d'un déficit modéré des finances publiques d'environ de 190 millions de gourdes selon les statistiques disponibles. En effet, l'euphorie économique des années 1970 découle de l'abandon d'un modèle de développement dont l'objectif est d'amorcer le processus de modernisation économique d'Haïti par création des infrastructures physiques et sociales et un cadre macro-économique viable nécessaire à cette fin. Il s'agit alors d'un modèle qui stipule du pays sur l'extérieur en provenant l'exportation agricole, industrielle et touristique. Ainsi, un regain d'activités à caractère économique, comme l'implantation de l'industrie d'assemblage, l'afflux d'aide externe, la montée spectaculaire du secteur financier haïtien etc.., ont eu sur l'économies nationale des impacts vraiment positifs. Le pays a pu accroître ses exportations, ce qui a provoqué une entrée considérable de devises alimentant nos réserves nettes de change. Nos exportations ont enregistré une augmentation de 887,4millions de gourdes en 1979/1980 passant de 241 millions en 1970 à 1128,5millions (tableau 3), soit une variation annuelle moyenne d'environ 20% l'an. Quant aux activités touristiques, elles ont connu un certain dynamisme, tenant compte de la relativité stabilité sociopolitique de cette époque

Tableau 3 - Exportations, importations sur biens en (million de gourdes)

Exercices

Exportations

Importations

Taux de couvertures des exportations (en %)

1970/1971

241.1

296.2

81.4

1971/1972

211.5

329.2

64.3

1972/1973

256.3

383.3

66.9

1973/1974

356.7

556.6

64.1

1974/1975

393.3

712.6

55.2

1975/1976

583.9

1005.3

58.1

1976/1977

716.5

1041.2

68.8

1977/19078

794.6

1103.4

72.0

1978/1979

739.4

1330.8

55.6

1979/1980

1128.5

1770.8

63.7

Sources : Administration générale des douanes

BRH- Direction des Etudes Economiques

Le nombre de touristes et d'excursionnistes entrant dans le pays a presque quadruplé passant de 84,164 en 1970 à 301,521 en 1979/1980) les deux pris ensemble) : Tableau 3. Cependant les importations ont considérablement progressé au cours de cette même période. Elles ont enregistré une croissance moyenne d'environ 23% l'an en passant de 296.2 en 1970 à 1770.8 millions de gourdes en 1979/1980. Ce qui contribue a l'accélération du déficit commercial d'Haïti (22,84% l'an). En même temps, cela ne fait qu'aggraver le déficit du compte courant 56% l'an de 1972 à 1980) et par ricochet, celui de la balance des paiements tel que le montre le tableau 5

Tableau 4 - Nombre de visiteurs arrivant dans le pays (en milliers)

Exercices

Touristes

Excursionnistes

1970/1971

41.994

42.170

1971/1972

60.980

77.906

1972/1973

69.810

82.833

1973/1974

79.468

129.543

1974/1975

77.742

174.038

1975/1976

85.419

197.366

1976/1977

92.976

193.334

1977/1978

105.670

191.137

1978/1979

129.479

170.470

1979/1980

138.874

162.647

Sources : Office national du Tourisme ;

BRH-Direction des études économiques

Tableau 5 - Déficit courant et déficit commercial (en millions de gourdes)

Exercices

Balance commerciale

Compte des opérations courantes

Débit 

Crédit 

Balance courante

1970/1971

-30.5

445.5

425.5

20.0

1971/1972

-76.9

482.5

450.8

31.7

1972/1973

-60.5

546.7

552.9

-6.2

1973/1974

-132.4

643.0

753.5

-110.5

1974/1975

-209.3

914.1

1048.4

-134.3

1975/1976

-261.6

1267.9

1369.3

-101.4

1976/1977

-311.0

1415.0

1602.5

-187.5

1977/1978

287.7

1642.2

1865.4

-223.2

1978/1979

-410.4

1710.4

1984.3

-273.9

1979/1980

-515.1

2337.5

2855.9

-518.4

Sources : BRH - Direction des études économiques

Une telle situation doit son explication au fait que, d'une part, les industries de sous-traitance installées au début de cette décennie nécessitaient pour le fonctionnement de leurs opérations d'équipements et de matières premières importées. D'autre part, la réalisation de grands travaux d'infrastructures par l'Etat haïtien exigeait aussi de matériels provenant du reste du monde. Tout cela, combiné à la croissante des biens alimentaires et de luxe dans le volume des importations tend à élargir le déficit commercial du pays. Pourtant un tel déséquilibre ne compromettait pas les résultats encaissés au cours de cette période. D'importantes entrées de devises provenant des exportations commerciales et touristiques (taux de couverture X/M=65% et de façon particulière des capitaux externes prêts et dons0 atteignant les 472 millions de dollars près en 1979/1980, ont pu atténuer les impacts négatifs qui en auraient découlé.

Il s'en suit que la position des réserves nettes de change s'est beaucoup améliorée. Après des variations négatives en 1972/1975 de 15.6 à 120.8 millions de gourdes, elles ont enregistré des entrées nettes de 93.5 millions en 1975/1976,68 millions en 1976/1977, 76 millions en 1977/1978 et 80.9 millions en 1979 (tableau-6). Cela maintenait la valeur interne et externe de la monnaie nationale (la gourde) à un niveau relativement stable : Une situation dans la quelle la gourde et le dollar circulaient ensemble.

Tableau 6 - Déficit courant, Mouvement de capitaux et Réserves de change (en millions de gourdes)

Année

Déficit courant

Mouvement de capitaux

Réserves de change

1970/1971

20.0

25.7

-45.7

1971/1972

31.7

16.8

-48.5

1972/1973

-6.2

-9.4

15.6

1973/1974

-110.5

11.2

99.3

1974/1975

-134.3

14.1

120.8

1975/1976

-101.4

194.9

-93.5

1976/1977

-187.5

255.5

-68.0

1977/1978

-223.2

294.3

-71.1

1978/1979

-273.9

354.8

-80.9

1979/1980

-518.4

472.4

-46.0

Sources : BRH-Direction des études économiques

Par ailleurs, profitant des effets induits du processus de modernisation d'Haïti, d'autres secteurs vont également connaître un certain dynamisme, entre autre le secteur bancaire. Jadis atrophié, ce secteur commence donc à jouer son rôle moteur du développement économique. Avec la création de la Banque de la République d'Haïti (BRH) et de plus d'une dizaine d'institutions monétaires financières nationales et étrangères, le secteur financier haïtien a pu connaître un certain essor en facilitant la circulation monétaire, la mobilité du capital par l'octroi du crédit à l'économie. L'évolution de ce secteur a eu de grandes incidences sur l'épargne nationale.

De 1970 à 1974, l'épargne brute s'est accrue de 456,3%. Durand l'exercice suivant, elle a augmenté de 91% par rapport à son niveau de 1970-1971et cette progression. Hormis un certain ralentissement observé en 1976-1977, est maintenue tout au long de la période.

Tableau 7 - Evolution de l'Epargne nationale en % du PIB (en millions de gourdes courantes)

Année

Epargne

PIB Courant

Epargne/PIB(en %)

1970/1971

212

2261

9.4

1971/1972

246

2312

10.6

1972/1973

300

3129

9.6

1973/1974

308

3663

8.4

1974/1975

405

4272

9.5

1975/1976

584

4395

13.3

1976/1977

560

4897

11.4

1977/1978

634

5060

12.5

1978/1979

664

5600

11.9

1979/1980

720

7183

10.0

Sources : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatiques (IHSI)

Quant au rapport Epargne/PIB, il a accusé un taux de 10.6% au cours de l'exercice 1971/1972. Cette relation a connu une évolution sans précédent tout au cours de cette période : 13,3% en 1975-1978, corollaire d'une forte croissance de l'épargne à cette même date. Ainsi s'est formé le capital destiné à accroître la capacité productive de l'économie, laquelle a du déboucher sur l'investissement productif source de création d'emplois et porteur d'effets cumulatifs sur l'ensemble de l'économie"19(*).

Ce panorama traduit la situation économique d'Haïti au cours de la décennie 1970-1980 : une époque marquée par l'expansion et la stabilité économiques. Cette performance relative a pourtant subi, durant la décennie qui a suivi, de profondes perturbations qui se sont traduites par la baisse de la production nationale, par la détérioration du niveau de vie et la dépréciation effrénée de la gourde, avec l'apparition depuis 1981 d'un marché parallèle de change. Donc, fort de toutes ces considérations la crise dans sa marche ascendante a atteint des dimensions considérables occasionnant ainsi, des déséquilibres économiques sans précédents.

1.2. La Crise de l'Etat et ses conséquences, 1981-1994

L'Etat, de par sa mission, est appelé à jouer un rôle important dans le développement socio-économique de la population. Malheureusement dans le cas d`Haïti, le pouvoir a rarement assuré cette fonction.

Les différents régimes qui se sont succédés ont démontré clairement l'incapacité de l'Etat à satisfaire les besoins de la société et les aspirations de citoyens. Avec le processus d'effritement de la machine gouvernementale qui précéda et suivit le départ de Jean Claude DUVALIER en 1986, cette incapacité devint encore plus évidente. Elle fut mise à nu par la persévérance des luttes civiques qui ont dénoncé et contré l'administration néo-duvaliériste et le militarisme au pouvoir.

Dans le contexte de cette dégradation exacerbée par la corruption et par les pressions revendicatives de la population, l'Etat s'est révélé de plus en plus incapable de remplir adéquatement ses fonctions d'autorité de gestion et d'orientation politique.

Ainsi, la nombreuse et omnipotente classe au pouvoir s'est convertie en une institution arbitraire, inefficace, rongée par la corruption, dénuée de toute légitimité et d'autorité.

Cette crise s'est manifestée dans la vie quotidienne de tous les citoyens. Elle s'est exprimée par l'incapacité de l'institution étatique à gérer la crise sociale, à faire face aux conflits politiques, à restaurer l'ordre et à offrir les services les plus élémentaires à la communauté. Ne pouvant se renouveler faces aux revendications de la population en faveur de la démocratie, de la modernité, de la justice, l'Etat a tenté à s'en remettre, pour assurer certaines de ses fonctions, aux organismes étrangers d'assistance ou directement aux puissances de tutelle.

Une telle situation de désagrégation et d'affaiblissement de l'Etat contribue à créer les conditions défavorables au développement économique et à priver la population des services indispensables à son bien-être20(*).

Cette incapacité a favorisé l'ingérence des puissances étrangères et des organismes internationaux qui n'ont pas toujours privilégié les intérêts du pays et de la population.

1.3. Les déséquilibres Économiques de 1994 à nos jours

La croissance économique amorcée depuis la deuxième moitié des années 1970, avec l'implantation du secteur de l'assemblage et les travaux de construction de réseaux routiers, se sont ralentis au début des années 80. En 1980/1981 l'économie haïtienne a connu un taux de croissance relativement élevé de plus de 5%, mais à partir de l'année 1982 elle est entrée dans une phase de récession, conséquence du deuxième choc pétrolier de 1979.21(*)

Au cours de la décennie, 70-80 la balance commerciale a connu un déficit important suite à l'escalade de prix des produits pétroliers et la baisse de la valeur d'exportation des produits traditionnels (bauxite, café, cacao, sucre...). La facture élevée d'importation et les termes d'échanges défavorables ont été particulièrement la cause de l'accentuation du déficit de la balance commerciale.

Le secteur agricole considéré au cours des années 1970 comme le plus dynamique, en termes de contribution à la formation de la valeur ajoutée, a cédé le pas au secteur des services. Aujourd'hui, sa participation au PI B représente moins de 24% contre 50%22(*) au cours de la période 1970-1980.

Les statistiques présentées dans le rapport annuel de la B.R.H 1996 chiffraient le poids des secteurs de commerce, de la restauration et de l'hôtellerie, des transports et communication et des services marchands et non marchands à 41,03% du PIB en 1985-1987, 41,41% en 1988-1990, 40,94% en 1991-199423(*).

Quant au secteur industriel sa participation n'a pas été suffisante, compte tenu de son développement dans la structure du PIB. La valeur ajoutée des "industries manufacturières" a représenté 15,89% du PIB en 1985-1987, 15,37% en 1988-1990, et 13,42% 1991-1994. Celle des secteurs "Bâtiments et Travaux Publics" a été respectivement de 0,94% et 0,66%, indique le même rapport.

Le système bancaire a poursuivi son développement, favorisé par la disponibilité des ressources plutôt à bon marché. Le recours de plus en plus important au crédit de la banque centrale pour le financer les dépenses du secteur public a en effet, rendu plus aisée la captation de dépôts par les banques du système. En 1985, l'excédent de réserves du système bancaire s'élevait à 310,6 millions de gourdes, soit 16,09% du total des dépôts. En 1989, l'excédent était de 221,4 millions de gourdes soit 7,39% des dépôts, ceci, en dépit des diverses mesures adoptées par la Banque centrale pour limiter la surliquidité des Banques.

D'autre part, au début des années 80 plus particulièrement vers 1982 l'accumulation d'arriérés commerciaux a produit des conséquences néfastes à l'économie nationale.

La monnaie nationale dont la parité a été fixée depuis 1919 à 5 gourdes pour 1 dollar américain, a commencé à se déprécier. Cette dépréciation plutôt lente à ses débuts était de 4,4% en 1985-1986, 2,98% en 1987-1989, 9,9% en 1990-1991, alors que les taux d'inflation pour les mêmes périodes ont été respectivement de 8,1%, 3,3% et 18,5%.

Il faut aussi noter que pour la période 1991-1994 le chômage a atteint des proportions incontrôlables. Plus de 80% des familles haïtiennes n'étaient plus en mesure d'assurer la couverture de leurs besoins essentiels.

Au niveau des finances publiques, les recettes courantes qui représentaient 14% du PIB en 1985 se sont effondrées à 3.1% en 1994 et les dépenses courantes de 22% à 6,3%. Les déficiences structurelles du système de perception jointe à la baisse générale des activités ont contribué à aggraver le déficit global du secteur public qui a atteint 684,4 millions de gourdes en moyenne annuelle sur la période, alors que le déficit moyen n'était que de 260,6 millions de gourdes au cours de la période 1985-198724(*). Ce déficit, en l'absence de ressources externes a été intégralement financé par la BRH.

En 1982, la crise socio-économique s'est accentuée. L'économie est passée d'une période d'inflation de 10% à des taux de 20% à 50%, réduisant ainsi le pouvoir d'achat de la population.

La dépréciation de la gourde avait atteint alors un niveau record, passant à 27,4% en 1992-1993. Mais heureusement, à la faveur du retour au pouvoir constitutionnel en 1994 la situation s'est améliorée et la dépréciation est passée à 19,7%.

La baisse de la production intérieure brute (PIB) a atteint 30% sur l'ensemble des trois années fiscales 1991-1994. Le ratio investissement / PIB est tombé au niveau de 6% en 1994 alors qu'il était de 9,7% en 1990, marquant la rapide décapitalisation de l'appareil productif25(*).

Sur le plan des finances publiques, l'année 1996 a débuté en effet, avec une situation précaire des finances publiques caractérisée par un déficit budgétaire de plus d'un milliard de gourdes et un retrait total du financement externe suite aux ruptures des négociations avec les bailleurs de fonds en novembre 1995. L'unique source de financement du gouvernement étant alors la BRH. Une atmosphère de fragilité monétaire n'a pas tardé à émerger avec bien entendu, des répercussions sur le taux de change du dollar par rapport à la gourde qui avoisinait 240% en février 1996.

Bien que controversées et dommageables pour les fonctionnaires publics dont certains n'ont pas pu recevoir leurs salaires à temps, les mesures d'austérité exigées par la politique d'ajustement structurel allaient produire des effets négatifs sur le marché de change et, dès mai 1996 le taux de change gourde/dollar commençait à se stabiliser autour de 215% sur le marché.

Ces mesures inédites dans les annales de nos finances publiques ont certainement impressionné les bailleurs de fonds qui ont pris actes de bonnes dispositions des autorités à s'engager dans le programme d'ajustement structurel. Ils se sont rendus compte qu'ils pouvaient exiger beaucoup plus de ce pouvoir qui avouait publiquement que son unique planche de salut demeurait le programme d'ajustement structurel (PAS).

Le programme d'ajustement structurel dans son application a eu des effets positifs dans les premiers moments. En effet, quelque six mois après l'entrée en vigueur officielle des reformes économiques axées fondamentalement sur le programme d'ajustement structurel (PAS) signé avec le F.M.I. en 1996, certains de ces progrès importants ont été enregistrés au niveau des finances publiques.

En dépit du fait qu'un grand nombre de lois sur les finances publiques et tarifs douaniers n'avaient pas encore été promulguées et attendaient les dernières décisions soit au niveau du sénat, soit au niveau de la chambre des députés, les autorités fiscales et douanières les ont quand même mis en application, ce qui avait contribué rapidement à porter une amélioration importante au niveau des ressources du Trésor Public.

Déjà, après les cinq premiers mois de l'exercice 1996/1997, le trésor public a pu encaisser 1976 millions de gourdes équivalant à 62 % des recettes de l'exercice 1995/1996, à raison d'une moyenne mensuelle de 395.2 millions de gourdes. En ce qui a trait aux dépenses pour les cinq premiers mois du même exercice, elles se chiffraient à 54% de l'ensemble des débours réalisés par le trésor public en 1995/1996 lequel avait déjà à la même époque, accusé un déficit de plus d'un million de gourdes.

L'amélioration des recettes a contribué à faire baisser le ratio salaire/ressources de 51% en 1995/1996 à 49% en 1996/1997. La baisse de ce ratio est aussi un critère de performance du programme qui mise sur une plus grande productivité du personnel et une meilleure allocation des ressources du trésor public dont une plus grande part devrait être consacrée au budget d'investissement. A la vue de ces données nous pouvons constater que les cinq premiers mois de l'exercice 1996/1997 ne témoignent pas la performance attendue au niveau des finances publiques par les responsables. Au contraire, les indicateurs pointent sur une économie pratiquement en détresse. La gourde a eu beaucoup de mal à maintenir sa stabilité et réagissait au moindre signal d'instabilité sociale. Toutefois, il faut signaler qu'au cours du premier trimestre 1996/1997 le dollar s'échangeait à 205% par rapport à la gourde. La Banque centrale pour pallier
à cette situation a injecté 12 millions de gourdes sur le marché des changes et malgré tout, la monnaie américaine a continué à s'apprécier26(*).

Ainsi, si le PAS (programme d'ajustement structurel) a dû forcer les autorités à gérer plus sainement les ressources du trésor public, une combinaison de facteurs, dont la faible capacité d'absorption de l'Etat haïtien, la débilité des structures de production et la volatilité de la situation sociopolitique n'ont pas milité en faveur des effets positifs sur l'économie, déjà fortement affectée par le chômage urbain et rural. Ainsi se résument certains éléments entrant dans le processus de blocage du développement économique du pays.

SECTION 2. Les difficultés économiques et leurs répercussions sur les conditions socio-économiques de la population

Comme nous venons de voir à travers les sections précédentes, les problèmes socio-économique et politique qui ont bouleversé le pays à partir des années 80, et surtout la mauvaise gestion de la chose publique qui caractérise les gouvernements qui se sont succédé expliquent aisément la situation désastreuse dans laquelle Haïti se retrouve aujourd'hui.

Le taux de croissance de 5% qu'a connu l'économie vers les années 1970 ne peut plus se maintenir. L'Etat est confronté à une crise aiguë qui a coûté au pays des vies humaines et des sommes phénoménales en devise. Bref, le ralentissement des activités économiques et le déclin de la production nationale ont empêché la mise en place des services les plus élémentaires de base à la population.

L'Etat haïtien pour pallier à cette situation a eu recours très souvent aux bailleurs de fonds internationaux en particulier, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) qui font parfois de grandes exigences pour couvrir leurs fonds décaissés. Et, nous ne sommes pas sans savoir que ces derniers ont eu des répercussions néfastes sur la vie de la population haïtienne. Il convient aussi de signaler que les organisations internationales telles que : UNICEFF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance), OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ACDI (Agence Canadienne développement International), USAID (Agence Américaine pour le développement international) ont largement contribué au soulagement de la population. Toutefois, à la lumière des données disponibles tirons quelques conclusions appuyées par une analyse de la situation.

2.1. Baisse du revenu de la Population

La situation de crise qu'a connue le pays durant ces 15 dernières années ont des retombées négatives sur le revenu de la population. La population rurale a lourdement souffert de ces difficultés économiques. Pour survivre les paysans ont été obligés de vendre leurs biens fonciers et les têtes de bétail. Ils ont loué toute leur force de travail excédentaire aux exploitants aisés. Même les femmes n'étaient pas épargnées de ce mal combien préoccupant.

En milieu rural, le taux de chômage est intolérable. Selon une étude de l'OMS/OPS publiée en 1997, il a atteint 65%, accompagné d'un taux d'inflation de 15,65. La croissance de l'emploi s'est traduite par une baisse considérable, ne dépassant pas 3% entre 1981 à 1986, et 1986 à 1991 contrairement aux prévisions faites par le Ministère du Plan au cours de la période 1975/1980 qui était de 5,58%27(*).

Il convient aussi de signaler que, depuis 1980, le PNB par habitant a décliné de 20% et il s'établit seulement à US $350 pour finalement atteindre $320, le niveau le plus bas des Amériques, un chiffre difficilement pensable pour les hommes qui vivent dans les pays industrialisés et même pour ceux des pays en voie développement plus avancés28(*). Donc, l'ensemble de ces considérations explique l'extrême pauvreté de la population haïtienne, qui devient sous-alimentée, privées de soins de santé de base, d'éducation, de loisirs etc.

Et, cette situation de pauvreté et de misère dépasse même la compétence des grandes organisations internationales en matière d'intervention là où le besoin se fait sentir sous forme d'aide face à une population qui confronte un taux de chômage aigu ou des pertes d'emplois démesurées. Dans ce même ordre d'idée depuis 1995 on a assisté à une certaine volonté des organismes d'Aide à pouvoir soulager la misère de la population. Ainsi la F.A.O. (Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation) lors de la commémoration de la journée mondiale de l'alimentation en octobre 1995 a choisi le thème : « Nourrir le monde». Mais jusqu'ici les signes ne se font pas encore sentir.

Il convient de noter également que la baisse de revenu a eu des répercussions sévères sur la santé, la nutrition et l'éducation de la population en particulier sur celle des couches nécessiteuses.

Dans les pages qui suivent nous allons voir plus en détail ces services et leurs niveaux de satisfaction au bénéfice de la population rurale et la population urbaine.

2.2. Insuffisance des Services de Base

Les difficultés à la fois économiques, politiques et sociales que connaît le pays au cours de ces 15 dernières années ne sont pas sans incidences sur les besoins primaires de la population haïtienne. On a assisté à une dégradation flagrante de toute la structure sociale. Les soins les plus élémentaires sont inaccessibles. La population est abandonnée à elle-même. Ainsi, un secteur aussi important que la santé se trouve en agonie à tel point que nous assistons à une recrudescence des maladies jadis contrôlées. La situation nutritionnelle de la population pour sa part est devenue sombre et préoccupante. Le nombre de personnes ayant accès à l'eau potable a considérablement régressé. En un mot cette situation a augmenté le taux de morbidité et de mortalité de la population.

2.2.1 La Santé

On ne peut pas parler de soins de santé en Haïti si on laisse de côté la vision de l'Etat pour cet important secteur. Quelle est sa politique, sa stratégie et quels sont ses objectifs en la matière ? Ainsi, bon nombre d'entre eux ont été élaborés sans succès depuis 1982. Toutefois, une nouvelle politique, s'inspirant d'avant projets préparés en 1991, 1994 et 1995 a été élaboré en 1996. Cette politique définissait la santé non seulement comme un état de bien-être physique, social et mental, mais aussi comme un équilibre avec l'environnement, dans un contexte de développement global de l'être humain.

Cette politique reconnaît le droit fondamental à la santé et l'accessibilité aux soins à toute personne. Elle fut inspirée par trois principes essentiels ; l'équité la justice sociale et la solidarité. Et, l'application de ce plan devrait atteindre les objectifs suivants:

Ø Réduire la mortalité et la morbidité dues aux problèmes de santé qui affligeaient la population haïtienne.

Ø Assurer la protection et la promotion de la santé de la population sur toute l'étendue du territoire.

Ø Rationaliser la gestion des systèmes et services de santé dans le pays.

Les axes stratégiques étaient de décentraliser et rationaliser la carte sanitaire en développant un mode de financement équitable et efficient par le renforcement de la participation communautaire et la coordination intra- sectorielle et inter- sectorielle.

La grande question reste à savoir quel est le niveau de réalisation de ces objectifs? On doute fort qu'ils aient été atteints à un fort pourcentage, si l'on fait confiance aux données suivantes :

Ø le cas par exemple des maladies d'origine hydrique: la diarrhée représentait la première cause de mortalité chez les enfants démunis de moins de cinq ans. En 1994, le taux de prévalence de la diarrhée était de 27,6% au cours de deux semaines qui avaient précédé l'enquête nationale Emmus-II (Enquête mortalités, morbidités et utilisation des services) et de 9,7% au cours de 24 heures précédent cette même enquête. Bien que la prévalence de la diarrhée au cours des semaines ait rendement diminué passant de 43% en 1987 à 26,6% en 1994, elle reste encore très élevée (47,7% dans le groupe des âges 6-11 mois). La diarrhée constitue aussi la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans. Ces décès sont souvent associés aux IRA (infections respiratoires aiguës) et à la malnutrition.

D'après l'enquête Emmus-II seulement 31,6% des enfants atteints de la diarrhée recevaient une thérapie de réhydratation orale (TRO) à domicile. La typhoïde est endémique dans le pays. En 1991, une importante épidémie a été confirmée dans plusieurs zones marginales de la capitale. En 1992, plusieurs foyers épidémiques ont été rapportés particulièrement dans le sud où le centre des Cayes (La métropole du Sud) qui desservait une population de 100 000 personnes enregistrait au mois de janvier 1993, 12,5% des cas de typhoïde sur un total de 2500 cas analysés. La situation demeurait préoccupante dans le Sud jusqu'en avril 199329(*).

Ainsi, d'après l'enquête les infections respiratoires aiguës (IRA) ont entrainé 12% de décès des enfants de moins de 5 ans en 1987. Au cours de cette même année elles étaient aussi responsables de 30 à 40% des hospitalisations.

En 1994 20% des enfants de moins de 5 ans ont souffert des infections respiratoires aiguës au cours de 2 semaines qui ont précédé l'enquête. Parmi les enfants 27% ont bénéficié d'une consultation médicale et, 25%sont morts.

Il convient de noter également que, la pneumonie constituait la cause majeure de mortalité parmi les infections respiratoires aiguës.

Les statistiques disponibles rapportent que, 71% des femmes étaient assistées par une matrone durant l'accouchement et la mortalité maternelle était de 456 pour 100,000 naissances vivantes.

Le taux de décès des mères résidant en ville est de 1 210 pour 100 000 naissances vivantes. Tandis que celles qui vivent dans les zones rurales accusent un taux de mortalité de 339 pour 100 000 naissances vivantes.

Les principales causes de décès sont :

Ø Obstruction du travail (disproportion cephalo-pelvienne) avec rupture utérine 8,3% ;

Ø Éclampsie probable 16,7% ;

Ø Hémorragie (Placenta praevia) 8,3% ;

Le reste des cas démontre un ensemble de symptômes dont plusieurs sont favorisés par des complications infectieuses ou neurologiques. Ce taux élevé de mortalité maternelle est dû à l'absence des soins prénataux adéquats : ce sont surtout des primigestes ou de grandes multipares, au niveau socio-économique très bas, qui arrivent moribondes, après une tentative d'accouchement à domicile avec un personnel non qualifié.

L'enquête souligne que, 80% des femmes ont accouché leur dernier-né à la maison. 50% des femmes habitant Port-au-Prince ont tendance à accoucher à l'hôpital. Ceci se vérifie pour seulement 31% des naissances dans les autres zones urbaines et 9% de naissances dans les zones rurales. Il convient de noter que le problème de santé est aussi fonction de l'inaccessibilité géographique que présente Haïti en matière de services de santé. La couverture sanitaire est nettement insuffisante.

D'après l'enquête de l'Emmus-II (enquête mortalité, morbidité et utilisation des services) le système sanitaire dispose de 663 institutions sanitaires distribuées à travers tout le pays. Toutefois, une analyse de la situation en 19991 soulignait déjà la couverture inadéquate de la population en services de santé, estimant que 40% au moins de la population ne bénéficiaient d'aucun accès aux soins de santé. Selon la même source, en milieu urbain, la grande majorité des femmes vivent à proximité des établissements sanitaires (79% à 98%) à Port-au-Prince et seulement (62,2% à 87%) dans les autres villes.

Par contre, la situation en milieu rural est bien différente. 75% vivent dans des zones rurales à habitats dispersés, 56% habitent des localités d'accès difficiles (piste, sentier) 12% habitent près d'une route goudronnée, 45% des femmes très éloignés c'est-à-dire à plus de 15 km d'un hôpital, 38% vivent dans des endroits très éloignée d'une Pharmacie, 44% ne disposent pas de services de transport en commun à proximité. D'autre part, après le coup d'Etat de 1991, la prestation de services de santé, surtout dans les institutions publiques, s'est fortement dégradée. On peut penser actuellement qu'environ la moitié de la population n'a pas accès aux soins de santé.

La couverture nationale en ressources humaines se révèle insuffisante. Environ 1,6 médecin, 1,3 infirmière et 0,4 dentiste pour une population de plus de 10 000 habitants. Le Département de l'Ouest à lui seul, où vit le tiers de la population du pays concentre 73% des médecins, 67% des infirmières, 37% des auxiliaires de la santé et la quasi-totalité des institutions de santé et les lits d'hospitalisation.

Le tableau 8 nous donne une idée de la situation.

Tableau 8 - Distribution de la population et des catégories de personnels de Santé par département géographique (1993)

Département

Population

Médecin

Infirmières

Auxiliaires

1- Ouest

2- sud-est

3- Nord

4- nord-est

5- Artibonite

6- Centre

7- Sud

8- Grand' Anse

9- nord-ouest

2 302 723

443 847

727 612

238 784

963 105

470 275

631 453

620 673

399 538

34%

7%

11%

4%

14%

7%

9%

8%

6%

561

21

31

15

69

14

30

13

19

73%

3%

4%

1,8%

9%

1,7%

4%

1,5%

2%

527

41

52

11

33

9

61

22

29

67%

5%

7%

1%

4%

1%

8%

3%

4%

674

42

178

67

218

105

264

160

136

37%

2%

10%

4%

12%

6%

14%

9%

7%

Total

6 798 000

100%

773

100%

785

100%

1 844

100%

Source : Haïti, institutions, personnels de santé et planification familiale, Dr Emmanuel Ade Al, Juin 1994.

Il est important aussi d'analyser la situation socio-économique dans le cadre des pays de l'Amérique Latine et les Caraïbes, car Haïti n'est pas le seul pays touché par la crise des années 1980. Ces derniers aussi n'ont pas pu échapper aux méfaits de cette crise.

Le rapport présenté sur le progrès économique et social en Amérique Latine en 1989 par La BID a fait des révélations concernant l'analyse nationale et a comparé les différentes raisons responsables de la crise dans les différentes régions de l'espace latino-américain. Toute comparaison internationale de l'impact de la crise est difficile, du fait des différences de conditions initiales des pays, des différences de qualité et de classification de l'information disponible, et des différences de niveau de prix dans le domaine de la santé, dont on ne pourrait tenir compte qu'en partie au moyen d'ajustement par rapport à une monnaie commune. On a constaté la grande hétérogénéité de ce qui a été observé.

Même considérée uniquement comme un phénomène économique, la crise des années 1982-1986 n'a pas été uniforme dans tous les pays et cette diversité est tout aussi sensible, lorsqu'on analyse les conséquences pour le secteur de la santé.

En réalité, vu les progrès importants réalisés dans la région au cours des deux décennies précédentes 1960-1980 en ce qui concerne la couverture des services de prévention et d'assistance, il semblerait que la nutrition et, l'approvisionnement en eau potable ont contribué à améliorer les indices de santé.

En définitive, la problématique de la santé en Haïti se pose en termes d'équité et d'accès à d'information beaucoup plus qu'en termes de disponibilité des ressources.

Lorsqu'un haïtien a un problème de santé, il a besoin d'un service. Malheureusement, quatre fois sur dix, l'accès aux centres hospitaliers lui est difficile voire impossible. Mais également l'accès aux centres de santé est difficile en raison des conditions économiques.

2.2.2 Éducation

Selon des projections faites par le groupe: Research Triangle Institute (RTI) à partir des données publiées par l'Institut haïtien de Statistiques et d'Informatiques (IHSI) en 1992, la population haïtienne serait de 8 821709 habitants en 200530(*). La population en âge scolaire groupe (6 à 12 ans) fréquentant normalement les deux premiers cycles de l'école fondamentale, atteindrait les 1579073 en l'an 2005. Entre 1988/1989 et 1994/1995, selon les statistiques disponibles, l'effectif dans l'enseignement primaire était passé de 741 313 en 1987 à 1 156 937en 1995, soit un accroissement de 56% en six ans seulement. Des 100% de l'effectif des filles dans l'enseignement primaire, 48,2% évoluaient dans le milieu rural. Et la proportion fréquentant les écoles primaires du secteur privé pour la même période représentait plus de 68%. En trois ans, entre 1988/1989 et 1991/1992, selon les chiffres disponibles, le taux net de scolarité des enfants âgés de 6 à 12 ans s'est élevé de 37.2% à 44,1%. Dans l'ensemble, une augmentation de 2,3% par an31(*).

Donc, la demande d'éducation est extrêmement forte. Le fait que moins de 50% du groupe d'âge scolaire (6 à 12 ans) se trouvent scolarisé ne reflète pas un désintérêt pour la scolarisation de la part des familles. En effet, la contribution des ménages aux dépenses d'éducation indique au contraire la vigueur de cette demande en dépit des barrières à son accès. Sur la base des informations fournies par l'étude sur les dépenses des ménages dans le cadre du PROBED (projet bilatéral d'éducation), on estime que l'ensemble des ménages urbains a dépensé en 1994/1995 après ajustement, entre 1300 gourdes et 6700 gourdes par ménage pour les dépenses directes et indirectes d'éducation qui s'élèveraient à 3 400 000 000 de gourdes en 1994/1995, ce qui représente plus de 12% du PIB pour cette période. Il s'agit là d'un montant très élevé, comparé aux 2,2% du PIB que représentent les dépenses publiques (MENJS et UEH)32(*). Ce qui fait d'Haïti un cas unique. Ce déséquilibre, mis en parallèle avec la croissance du système et son peu de productivité a fait que l'offre de services éducatifs se trouve fournie par l'initiative privée marginalisant en quelque sorte l'offre publique d'éducation.

L'expansion spontanée de ce secteur pour faire face à l'explosion de la demande sociale s'est opérée au détriment des exigences minimales de qualité. Les entrepreneurs privés n'ont pas toujours les compétences académiques ni les motivations pédagogiques nécessaires pour appliquer les programmes de formations proposées ; les directeurs et les enseignants du secteur privé sont souvent recrutés sur la base de relations personnelles avec peu d'égard pour les compétences même lors que les écoles privées sont organisées en réseaux structurés elles n'échappent pas toujours à cette façon de faire.

En ce qui a trait au rendement scolaire, d'après une étude de La Fondation haïtienne de l'enseignement privé (FONHEP), on estime à 25% le taux net de scolarisation du groupe d'âge 5 à 11 ans. Autrement dit, environ un quart de ce groupe d'âge acquiert les compétences de base en lecture et en écriture.

Cependant, selon la même étude depuis 1988, on remarque une forte augmentation des taux de réussite au baccalauréat. En effet, 30,8% des inscrits au baccalauréat première partie étaient admis en 1994. De même pour la deuxième partie du baccalauréat 1988, le taux de réussite des inscrits était de 58,6% ; en 1994, il a atteint 83,6%33(*).

Cette évolution est elle due à une amélioration des capacités au niveau des inscrits, ou à un relâchement des critères d'admission? Toutefois, cette augmentation des taux de réussite n'est pas un phénomène constant dans la mesure où les résultats des épreuves de 1997 ont renversé la situation avec des taux de réussite très catastrophiques soient de 6,7%.

Le groupe croissance, analysant la situation dans son volume 2 de septembre 97 opine "l'hécatombe du baccalauréat avec un taux de réussite de 6.7% ou plutôt un échec 93% des classes terminales (baccalauréat deuxième partie et de la première partie du cycle secondaire) montre la faillite du système éducatif haïtien. A l'heure où le devenir économique d'Haïti devient le sujet central sur lequel se penchent les citoyens, la problématique de l'éducation en Haïti prend des dimensions préoccupantes et se dresse à l'avant-scène des risques majeurs qui entravent sérieusement le développement de ce pays".

En ce qui concerne l'évolution du nombre d'écoles du système éducatif, selon les données disponibles, la principale caractéristique de l'évolution des effectifs au cours des années 1980 est la très forte poussée du taux de scolarisation sans différence significative entre les effectifs de garçons et de filles.

Les résultats obtenus à partir d'estimation montrent aussi entre les années 1989-1992, un accroissement de 2% du nombre d'écoles et des effectifs du primaire avec une augmentation annuelle de 6% du nombre de salles de classes, imputables essentiellement au secteur privé. Les mêmes données montrent une répartition de plus de quatre établissements primaires pour chaque établissement public, ainsi qu'une répartition urbaine/rurale de 6/4. Les écoles primaires des milieux suburbains et ruraux représentent 75% des effectifs du secteur privé. Grâce aux missions protestantes, aux églises Catholiques, au secteur laïc communautaire, la demande d'éducation reçoit une réponse dans les milieux défavorisés, ce qui contribue à accélérer le processus de scolarisation universelle. Dans le milieu urbain le taux net de scolarisation au niveau primaire est d'environ 90% suivant l'étude de La Fondation haïtienne de l'enseignement privé (FONHEP).

En effet, si la situation est aussi défavorable pour Haïti, le phénomène plus ou moins inverse est observé pour les autres pays du groupe Latino-Américain. Déjà, au cours de ces deux dernières décennies, le secteur éducatif des pays de la région s'est caractérisé d'une façon générale par l'amélioration du niveau d'éducation de la population et l'intégration de plus en plus prononcée de la femme à la population estudiantine. Toutefois, il faut aussi faire remarquer que les pays de l'Amérique Latine, malgré les efforts importants de la dernière décennie, il existe encore des régions dans les milieux ruraux où le niveau de l'éducation est nettement inférieur par rapport aux zones urbaines.

Il est à signaler que le taux de scolarisation aux différents niveaux d'éducation, par pays pour la période 1983-1986 établit bien des écarts entre Haïti et les autres pays de l'Amérique Latine. Si l'on compare des pays comme la Barbade pour les tranches d'âge en primaire de 5 à 10 ans, en secondaire 11à 19 ans et supérieur 20 à 24 ans, on trouve respectivement des pourcentages pour 1984 de 110, 93 et 19 parallèlement à Haïti accusant des pourcentages pour la même période de 78 ;18 ; et 134(*).

Les organisations internationales en particulier les organisations multilatérales ont beaucoup sensibilisé les PMA (pays les moins avancés) sur le fait d'essayer de freiner le processus de la dégradation du système éducatif pour ces quinze dernières années. Ainsi, le rapport de la deuxième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés 1990, relate ce qui suit :

"Les pays les moins avancés devront s'employer de façon soutenue à arrêter et renverser la dégradation progressive du secteur de l'éducation et redoubler d'efforts pour lutter contre l'Analphabétisme, en particulier chez les femmes".

Enfin, la société haïtienne investit des ressources énormes dans l'éducation. Par ailleurs, les efforts des parents représentent un peu plus de 85%35(*) des contributions financières injectées dans le système. Cette grande vigueur de l'initiative privée ne met pas en question la vocation légitime du ministère de l'Éducation de piloter l'ensemble du système éducatif. Cependant, n'ayant pas de contrôle de l'allocation des ressources affectées au système, l'un des objectifs les plus réalistes et aussi les plus importants à poursuivre est la recherche de l'optimisation de l'emploi des ressources au niveau national pour l'Éducation.

Somme toute, la problématique de l'éducation haïtienne reste un phénomène complexe. Il est temps que toute la communauté haïtienne conjugue son effort pour éradiquer cet handicape : Le mal développement du système éducatif.

2.2.3 Nutrition et Alimentation

Sur le plan Nutritionnel, la population se trouve confrontée à de sérieuses difficultés. Au niveau national, à peine 86 % des besoins en calories et 69 % des besoins en protéines sont couverts par la diète journalière. Cette situation est encore plus critique dans les zones rurales et suburbaines. On estime à 27 % la population d'enfants atteints de malnutrition au 2e et au 3e degré en 1990. Nombre qui peut atteindre 50% si l'on tient compte des enfants souffrant de la malnutrition au premier degré.

Bien entendu cette carence constatée chez les enfants est en grande partie fonction de la capacité nutritionnelle des mères et le volume d'informations sanitaires nécessaires à bien prendre soin de leurs enfants.

Quoique les données sont introuvables ou rares, il existe néanmoins des indicateurs selon lesquels les femmes haïtiennes en particulier celles issues des couches défavorisées de la population souffrent d'anémie et de la malnutrition chronique. Et malheureusement les femmes en âge de procréation en sont particulièrement les plus touchées.

Selon une l'enquête d'Emmus-II(1994/1995), la prévalence élevée du faible poids à la naissance est estimée à 15% et celle élevée chez les femmes anémiées variant entre 35% et 50%.Tandis que, la prévalence élevée de l'indice de masse corporelle inférieur à 18.5 Kg/m2 est estimée à18% avec un taux de mortalité maternelle estimée à 456/100000.

Le tableau suivant nous présente quelques principaux indicateurs liés à la nutrition maternelle pour certains pays de la région.

Tableau 9 - Pourcentage de nouveau-nés présentant une insuffisance pondérable, l'indice de masse corporelle et la mortalité maternelle dans quatre pays de l'hémisphère de l'ouest

PAYS

Nouveau-nés

< 2.500 g

indice de masse corporelle (kg/m2)

Mortalité maternelle

par 100.000

Colombia

10%

23,3

200

Cuba

9%

21,18

39

Haití

15%

21,2

456

Etats-Unis

7%

23,5

8

Sources : Cayimites et al, 1995/Kevany, 1995/Mulder Sibandas 1997/UNICEF, 1996

Soulignons également que cette situation déjà préoccupante depuis 1997 s'est encore aggravée aujourd'hui selon une enquête du PNUD, sur les indices de l'insuffisance pondérale, de la malnutrition aigue et des maladies chroniques, réalisée en juillet 2005. Et, ainsi que la présente le tableau ci-après.

Tableau 10 : Etat nutritionnel de la population infantile (6-59mois)

Pays

Insuffisance pondérale

Malnutrition aigue

Maladies chroniques

Haïti

24

13

31

La République Dominicaine

5

2

6

Amérique latine/les Caraïbes

8

2

16

PVD

28

9

32

Pays les moins développé

37

10

43

Sources: PNUD, Enquêtes sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), juillet 2005.

Le problème de l'alimentation n'est pas un phénomène indépendant. Il est lié non seulement avec la nutrition mais au revenu de la population. Estimé en 1975 à un peu plus de 200,00 $, le revenu moyen per capita présentait des écarts de 1 à 7 entre les différentes couches sociales de la population. Alors qu'à Port-au-Prince, le Revenu moyen dépassait 3 fois la moyenne nationale, il n'atteignait qu'à peine la moitié de cette moyenne dans le reste du pays.

En outre, 5 % de population aux revenus les plus élevés accaparaient plus de 50 % du revenu national. Ainsi donc, 80 à 90% de la population se battent dans une situation déjà intolérable de pauvreté. Cet état de fait a largement contribué à la dégradation progressive du système nutritionnel.

D'après le groupe croissance, les professionnels de l'Agriculture font face à des sérieux dilemmes pour savoir combien d'haïtiens pourront être invités à la table nationale. Ce qui est sûr c'est que, d'après les prévisions de l'Institut Haïtien de statistique et d'informatique (IHSI), en l'an 2007, Haïti devra nourrir un million et demi d'habitants de plus qu'en 1996, quand déjà au cours des années 70, la famine était aux portes de nombreuses sections communales du pays plus particulièrement dans le Nord-Ouest, L'Artibonite et le Sud' Est.

D'ailleurs la population rurale à 70 % environ, subit depuis dizaine d'années une de capitalisation prononcée, augmentant davantage sa pauvreté, cause première de la faim et de la sous alimentation. Cette majorité de pauvres dépendent de l'agriculture pour l'emploi et les revenus. Et, tant qu'une telle dépendance perpétuera, l'augmentation de la production alimentaire et de la productivité agricole continuera d'être l'un des principaux moyens capables de soulager la misère et d'améliorer la nutrition1.

2.2.4 Eau Potable et Assainissement

L'eau, élément indispensable pour la continuité de la vie constitue un problème majeur quant à sa gestion, son utilisation et son entretien pour les responsables haïtiens. Tout d'abord voyons les entités responsables de la distribution de l'eau en Haïti. En général, la distribution de l'eau potable et l'Assainissement sont principalement assurés sur l'ensemble du territoire national par quatre institutions publiques, placées sous la tutelle de deux ministères : (MTPTC et MSPP) et par diverses organisations Non-gouvernementales.

L'Approvisionnement en Eau potable est assuré par le Ministère des travaux publics, Transports et Communications par le biais de la centrale autonome métropolitaine d'eau potable (CAMEP) et le service national d'eau potable (SNEP). Tandis que le Ministère de la Santé publique et de la population oeuvre au moyen du poste communautaire d'hygiène et d'eau potable (POCHEP) pour toucher les zones rurales, en utilisant le service de la Direction d'hygiène publique (DHP) pour le contrôle de la qualité de l'eau et de l'hygiène publique en général.

Dans le domaine de l'Assainissement, les entités responsables sont : le Ministère des travaux publics, Transports et Communications (MTPTC), le service des équipements et d'entretien Urbain (SEEUR), Le service de Génie urbain (SGU), Le Service Métropolitain de collecte des résidus solides (SMCRS), Unité d'exécution du projet de drainage (UEPD) et le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP).

Malgré la multiplication des institutions responsables de la problématique l'eau suscite encore des commentaires. A Port-au-Prince, où des études sont conduites par des chercheurs, en particulier par ceux de l'Institut Haïtien de Statistiques et de l'Informatiques (IHSI) on y relève que : 72% des ménages achètent l'eau pour leur usage domestique, 16% s'approvisionnent aux Fontaines publiques et 12% n'accusent aucun mode d'approvisionnement en eau.

16% des ménages ont accès à des latrines ordinaires dans leurs cours ou hors cours, 1% dispose d'un «Water Closet» (Hygiénique). En milieu rural la situation est encore catastrophique avec d'autres problèmes touchant les voies de communication, la santé, l'éducation, l'habitat, l'emploi rémunérateur etc.

Tant en zones urbaines qu'en zones rurales le taux de couverture des besoins en eau potable et assainissement est très faible en dépit même de l'inégale répartition des ressources en eau et en assainissement. D'après les informations fournies par le Comité international interministériel-Agenda-12, les taux de couverture en AEP (assainissement et eau potable) pour les périodes 1980,1990 et 1995 sont respectivement de 48%, 53,2% et 35% pour la capitale haïtienne avec des populations de 290999, 544994 et 636342 habitants. Les villes secondaires ont pour les mêmes périodes des taux de 47, 58,6 et 45%. Tandis qu'en milieu urbain les taux sont de l'ordre de 8, 33,5 et 39% comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 11 - Couverture en AEP dans le pays en pourcentage.

S/Secteur

1980

1990

1995

AEP de P-au-P

48,0

53,2

35,0

AEP des villes secondaires

47,0

58,6

45,0

AEP Rural

8,0

33,5

39,0

AEP dans le pays

18,0

39,5

39,0

Sources: MSPP/OMS/OPS, Analyse de la situation d'eau potable et Assainissement page149.

Ces taux de couverture ont des d'incidences négatives sur la santé de la population, en particulier les femmes et les enfants en bas âge. On est unanime à reconnaître que les maladies d'origine hydrique sont très fréquentes à l'heure actuelle. Prenons les diarrhées par exemple, comme l'avons mentionné dans section précédente elles représentent la première cause de morbidité chez les enfants. Chaque enfant de moins de 5 ans connaît en moyenne 7 épisodes de diarrhée par an d'après Emmus II de 1994. Bien que le taux de prévalence des diarrhées ait diminué passant de 43% en 1987 à 27,6% en 1994, cette prévalence demeure encore très élevée 47,7% dans le groupe d'âge de 6 à 11 ans. Elles demeurent aussi la principale cause de décès chez les enfants de 5 ans : Un décès sur deux (1/2) est dû aux diarrhées seules ou associées aux infections respiratoires aiguës et à la malnutrition. Aujourd'hui encore, malgré la présence de ces institutions, très peu de logements sociaux sont connectés à un service de distribution d'eau. Selon une enquête réalisée par le PNUD sur les conditions de vie de la population en Haïti en juillet 2005, dans l'ensemble du pays seulement 8,5% de logements sont connectés à un service de distribution d'eau. De cette catégorie 80,7% se trouvent en milieu urbain. Par contre, pour les logements n'ayant aucune connexion plus de soixante pour cent (63,9%) se trouvent en milieu rural.

Enfin il convient de signaler que Les diarrhées sont à l'état hyper-endémique en Haïti. Il faut signaler que les dépenses d'investissement dans le secteur d'approvisionnement en eau potable et assainissement (AEPA) ont chuté de 5% en 1991 pour atteindre leurs plus bas niveaux au cours de la période (1992-1994). Dans les secteurs sociaux, l'investissement est réduit de 25% en 1991 et de 18% en 1993 de l'investissement public total. Donc, les coupures budgétaires consécutives à la crise politique durant la période de 1991-1994 ont affecté en quantité les services dans ce secteur.

2.2.5 L'Habitat

La Situation préoccupante de l'économie Haïtienne n'est pas sans incidence sur les coûts de location en milieu urbain vu que la rareté de logements crée un problème important dans le centre Ville en fonction de la migration interne qui, est devenue de plus en plus significative. L'habitat pose aussi des difficultés majeures dans la mesure où en milieu rural, les constructions ne répondent pas aux Normes établies d'une part et d'autre part, la situation précaire de l'agriculture n'offre pas trop grandes possibilités aux gens de contourner ces barrières.

Étant donné que, les normes de construction ne sont pas appliquées, la paysannerie, laissée à elle seule, manque d'encadrement de la part des décideurs et privée de tous services de base en matière de protection de l'environnement et de prévention se trouve de très souvent frappée par les cataclysmes Naturels : (Cyclones, inondations etc.). Un exemple vivant est celui de la population du Nord-ouest du Pays.

En zones urbaines l'absence d'intervention de l'Etat à pouvoir remplir normalement ses fonctions facilite et encourage les constructions anarchiques créant ainsi un désordre et rend la situation beaucoup plus difficile à gérer. Les zones périphériques de Port-au-Prince peuvent donner au simple observateur une idée de l'aggravation du problème.

En matière de logements sociaux et D'Habitat la population Haïtienne, en particulier la couche nécessiteuse fait face à de graves difficultés. Aujourd'hui, les propriétaires de maison dans la capitale Haïtienne optent pour louer leurs appartements en dollar américain un fait dénoncé, quoiqu'en retard par la D.G.I. Donc à côté de la rareté des logements sociaux il y a aussi une question d'acquisition de devise pour avoir accès à une pièce. Un phénomène qui retient beaucoup l'attention des gens et qui demande une réponse à très court terne.

D'après Yves Saint Gérard dans son livre intitulé "L'état DE MAL Haïti" à fait ressortir ce qui suit "Si à la campagne les vaillants hommes et femmes trompent leur faim en ingurgitant de l'eau salée et/ou sucrée, 80% des haïtiens ne mangeraient qu'un jour sur deux ou trois. Si aberrant, ils s'entassent dans des habitats généralement médiocres, petits, mal aérés et humides. En ville, dans les conditions moins déplorables, ils vivent dans des maisons d'une pièce plus ou moins délabrées où les occupants se relaient pour dormir". Aujourd'hui encore la situation est beaucoup plus préoccupante puisque rien n'a été fait pour améliorer, voir résoudre ces problèmes.

* 18 BID, Rapport annuel, l995, p. 106 et 107.

* 19 FREMONT, Jean Claude : Déséquilibres structurels et évolution de la balance des paiements d'Haïti,

Bulletin de L a BRH # 19 p.55.

* 20Gérard Barthelemy et Christian Girault, République Haïtienne 1993, Édition ADEC/KATHALA

* 21 La CHAMBRE Franco-haïtienne, La revue Louverture, Vol 1, # 1, Février 1996, p. 18

* 22 Marc Eddy, Causes et conséquences du déclin de l'agriculture haïtienne, Mémoire de sortie INAGHEI.1998, p.9

* 23BRH, Rapport annuel 1996.

* 24 Chambre Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie Haïtienne, p. 19, 1996.

* 25 Chambre Franco-haïtienne, Revue Louverture, Panorama de l'économie Haïtienne, p.19, 1996 op cit.

* 26Publication ECOSOF S.A. (Expert Conseils en Economie, Finance, Gestion et Société), 1997, p. 87 à 89.

* 27Gérard Barthélémy et Christian Girault, République Haïtienne, p.269..

* 28MSPP/OMS/OPS Situation sanitaire d'Haïti, 1997. op cit p. 25

* 29MSPP/OMS/OPS, Analyse de la situation sanitaire d'Haïti, op cit, p. 35 -36.

* 30Group Research Triangle Institute, 1992.

* 31 MENJS/DPCE : Statistiques 1992.

* 32 MENJS, Direction de la planification et de la coopération externe, 1988/1989-1994, p. 25.

* 33 MENJS, Plan National Éducation 2 004, Rapport de Synthèse Septembre 95, P 30.

* 34BID, Progrès économique et social en Amérique Latine, Rapport 1989.

* 35MENJS, Plan National Education 2 004, Rapport de synthèse septembre 1995.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand