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Etude comparative des conditions de travail des enfants issus des ménages agricoles au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali

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par Kodzovi Senu ABALO
Ecole nationale supérieure de statistiques et d'économie d' Abidjan - Ingénieur statisticien 2011
  

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2. Formulation du problème

La participation des enfants au travail des adultes est une pratique culturelle enracinée et valorisée aussi bien en milieu rural qu'urbain en Afrique occidentale, particulièrement en Côte d'Ivoire, au Mali et au Burkina Faso (Andvig. et alii, BM, 2001). Cette participation qui s'effectue le plus souvent - mais pas toujours - dans un cadre familial, est un élément fondamental de socialisation de ceux-ci (Oulaye et Peuhmond, 2009). Cette intégration précoce des enfants aux activités domestiques et économiques vise à les préparer à être, dans un futur plus ou moins lointain, des acteurs de pérennisation des sources de revenu de la famille (Augendra et Guerin, 2005). Ainsi, dans un environnement socioculturel favorable à l'utilisation de la force de travail des enfants, la réaction face au recours à la main d'oeuvre enfantine allait encore, à la fin des années quatre-vingt (80), de l'indifférence à la résignation, voir même au déni. Cependant, l'année 1989 qui a vu les Nations Unies adopter une convention relative aux droits de l'enfant, marquera un tournant décisif en la matière. Désormais, la mobilisation d'un soutien politique international en vue de l'éradication du travail des enfants sera un objectif clairement et durablement affiché 3 (ONU, 2000). Cependant, malgré l'importance des efforts déployés, l'OIT4 fait encore état, en 2010 dans le monde, de trois cent cinq (305) millions d'enfants s'adonnant à une activité économique. Plus grave, ce sont deux cent quinze (215) millions d'enfants qui sont astreints à travailler. Au nombre de ces derniers, cent quinze (115) millions s'adonnent à des travaux dangereux. Toujours selon l'OIT, beaucoup d'entre ces enfants travaillent à temps plein. Les autres combinent le travail avec l'école ou d'autres activités non économiques. Par ailleurs, l'OIT affirme que la plupart des enfants travailleurs (70%) continuent en 2010 d'être employés dans l'agriculture. Le cinquième (1/5) seulement d'entre eux est rémunéré et l'immense majorité constitue des travailleurs familiaux non rémunérés. Ces statistiques montrent que la maind'oeuvre enfantine, notamment celle issue du monde agricole, constitue une part majeure de la population active mondiale. Néanmoins, des progrès significatifs ont été notés dans la campagne internationale qui vise à mettre fin au travail des enfants. Comme le montre le récent rapport mondial de l'OIT5 relatif à la 99ème session de la Conférence Internationale du Travail tenue en 2010, l'ampleur du travail des enfants continue de diminuer à l'échelle mondiale, même si c'est à un rythme bien inférieur à ce qu'il en était auparavant. Ce rapport note des signes perceptibles de progrès, mais aussi, de profondes disparités régionales.

3 Se référer aux objectifs n°1 et n°2 des OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement, 2000.

4 Confère le rapport global 2010 intitulé : "Intensifier la lutte contre le travail des enfants".

5 OIT, "Accélérer l'action contre le travail des enfants", 2010.

L'Afrique subsaharienne (ASS) où une croissance démographique forte est couplée à un faible niveau de revenus (PNUD, 2009), subit manifestement une pression sociale favorable à l'utilisation de la main d'oeuvre enfantine. Cette dernière a augmenté en volume6, aussi bien en valeurs relatives qu'en chiffres absolus, contrairement aux régions Asie - Pacifique et Amérique latine - Caraïbes où elle a régressé. L'Afrique de l'Ouest et plus particulièrement le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Mali, participent pour beaucoup, dans cette évolution « contra cyclique » (OIT, 2009). En dépit d'une diminution progressive de l'ampleur du phénomène dans ces zones, le taux de recours à la main-d'oeuvre enfantine se maintient à des niveaux encore élevés surtout dans les milieux agricoles (Dumas, 2005). Les explications viendraient des limites rencontrées par les politiques de scolarisation, et surtout de la persistance de la pauvreté (Lachaud, 2004). Dans ces trois (03) pays caractérisés par une grande voir extrême pauvreté7, les enfants peuvent contribuer à la constitution du revenu familial (Kanhur et Grootaert, 1995) en travaillant au champ, en s'adonnant aux petits métiers du secteur informel (vendeurs de rue, cireurs de chaussures, etc.) ou en restant travailler à la maison, les parents ayant ainsi plus de temps à consacrer à leurs activités génératrices de revenus. Ainsi, dans un contexte économique encore marqué par les conséquences désastreuses des politiques d'ajustements structurels des années 1980 et 1990, la quasi absence de protection sociale (OIT, 2003) se compense plus ou moins par le revenu issu de la main d'oeuvre enfantine qui diminue ainsi partiellement l'insécurité des ménages agricoles : perte éventuelle de son emploi par le chef de famille, mauvaise récolte, survenance d'une calamité naturelle ou incidence d'une maladie ou de tout autre aléa de la nature ou de la vie. Devant ce constat, il parait impérieux de dresser un état des lieux complet du phénomène dans ces trois (03) pays afin d'en saisir l'ampleur réelle et de dégager des éléments de ressemblance et de dissemblance entre ces pays. Plus précisément, cette étude permettra de répondre, dans une optique comparative, aux interrogations suivantes : quels sont les déterminants du travail des enfants en milieu agricole au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali ? Le constat selon lequel le phénomène du travail des enfants s'expliquerait par la pauvreté est-il vérifié dans ces trois (03) pays ? En définitive, cette étude permettra de mettre en évidence dans ces trois (03) pays, les liens plus ou moins consensuels8traditionnellement établis entre pauvreté et travail des enfants d'une part, et entre éducation et travail des enfants, d'autre part.

6 Source : OIT, se référer à l'introduction.

7 Se référer à : Human Development Report, PNUD, 2009.

8 En effet, des auteurs ont remis en cause ces liens : se référer à la revue de littérature.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille