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Contribution à  l'amélioration du contrôle a posteriori de l'exécution de la loi de Finances au Bénin

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par DOSSA Kokou Alain Giresse NOUKPO Anicet Jerson
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maà®trise en management des organisations 2010
  

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D- Contributions antérieures sur le vote du Projet de Loi de Règlement

Lorsque le régime parlementaire se fut consolidé et que les moyens de contrôle du parlement sur l'exécutif se furent multipliés, le vote de la loi des comptes perdit son importance politique. Le parlement qui discutait avec passion le budget et qui s'intéressait dans une certaine mesure au vote des crédits additionnels en cours d'année se désintéressait totalement du vote de la loi des comptes, une fois l'exécution du budget terminée.

Selon Evelle GOMEZ (1997), ce phénomène s'explique car le parlement s'intéresse a la politique et la politique est orientée vers l'avenir. La loi des comptes, au contraire, est tournée vers le passé ; elle intéresse l'historien et non l'homme politique. Cet auteur renchérit en faisant remarquer que la loi des comptes est votée généralement sans débat, comme une simple formalité.

Bien plus, à partir de la fin du second Empire, l'habitude se prit de voter la loi des comptes avec un grand retard.

Généralement, un délai très long s'écoule entre la fin de l'exécution du budget et le vote de la Loi de Règlement. On compte souvent en France deux (02) ans et trois (03) mois. Le gouvernement qui est en place n'est plus souvent celui qui a exécuté le budget sous revue. Les députés pensent donc (à tort ou à raison) que la discussion et le vote de la loi sont inutiles.

La Loi de Règlement contrôle l'exécution des autres types de Loi de Finances. Ce n'est donc pas une loi comme les autres. A chaque budget de l'Etat voté, doit être associée une Loi de Règlement pour que le processus soit bouclé. Elle constitue la source même de l'obligation de rendre compte et, ceci consacre la souveraineté du peuple sur la gestion des fonds publics (...). C'est l'Assemblée Nationale qui vote la Loi de Règlement. Il ne s'agit pas d'une simple formalité mais d'un exercice important et complexe qui comporte un examen attentif des documents, une critique objective lors des débats parlementaires et une bonne information des citoyens. Les débats parlementaires lors du vote de la Loi de Règlement ont perdu leur allant dans les pays de vieille démocratie oü ce vote est une habitude pour la simple raison que le Gouvernement prend de moins en moins le risque de prendre des libertés vis-à-vis des textes qui régissent l'exécution du Budget. L'attention est beaucoup plus portée, en France par exemple, sur le rapport public de la Cour des Comptes.

Si les Assemblées Nationales des pays africains qui s'éveillent à la démocratie et qui découvrent progressivement la nécessité de la bonne gouvernance, négligent de s'intéresser à la Loi de Règlement comme cela semble se dessiner au Bénin, elles porteraient une grande responsabilité dans le recul de ces pays à travers le développement de la corruption car, la reddition des comptes est le point de départ de la bonne gestion.

Pendant une quarantaine d'années au Bénin (de 1960 à 1999, année oü le Gouvernement a déposé pour la première fois les comptes de l'Etat à la

Chambre des Comptes de la Cour Suprême), l'Exécutif a oublié de rendre compte de sa gestion et l'on peut apprécier aujourd'hui la qualité de la gestion des finances publiques et de l'Administration en général.

La Loi organique relative aux Lois de Finances de 1986 prévoit en son article 49 alinéa 2 que « le Projet de Loi de Règlement doit être déposé à l'Assemblée Nationale au plus tard à la fin du 1er semestre de la 2ème année qui suit l'année d'exécution du budget objet dudit Projet de Loi de Règlement». Le but visé est de permettre à la Représentation Nationale de disposer d'informations fiables et actuelles pour éclairer le vote de la Loi de Finances de l'année N+2.

Rémi KOSSOUHO (2008) abonde dans le même sens. Pour lui, la Loi de Règlement est la dernière Loi de Finances rectificative puisque par son vote, le Parlement procède à la ratification des dépassements de crédits et des reports de crédits ainsi qu'à l'annulation des crédits non employés. Au Bénin et dans la plupart des pays dont la France, la portée du vote du Projet de Loi de Règlement est très limitée, son vote ne suscitant pas le même intérêt que le vote de la Loi de Finances initiale.

Les membres de la GOPAC estiment que pour bien assurer sa mission dans le processus de reddition des comptes, l'Assemblée Nationale devra prendre les mesures suivantes :

- faciliter la compréhension par les parlementaires, de l'information financière grace aux services de recherche parlementaire, aux organisations de la société civile, aux médias indépendants et fiables ;

- favoriser une citoyenneté attentive ;

- bien planifier l'activité des Commissions parlementaires ; - afficher sa volonté de lutter contre la corruption.

Combattre la corruption : manuel du parlementaire», 3e édition, Organisation mondiale des parlementaires contre la corruption (GOPAC), Canada, août 2005).

En France, le vote de la Loi de Règlement a été pendant longtemps, une simple formalité car les comptes définitifs étaient présentés avec un retard considérable, si bien que les documents soumis aux parlementaires n'avaient plus aucun intérêt. Depuis la Vème République, on s'est attaché a redonner un sens au vote de la Loi de Règlement en accélérant la reddition des comptes.

L'article 38 de l'Ordonnance francaise du 02 janvier 1959 oblige le Gouvernement a déposer le PLR, au plus tard, a la fin de l'année qui suit celle de l'exécution du budget. En pratique, ce délai est respecté par le Gouvernement, mais le Parlement repousse l'examen du PLR a la session du printemps, si bien que le vote de la Loi de Règlement a lieu, environ, dix-huit (18) mois après la fin de l'exercice.

En fait, le Parlement n'accorde que peu d'intérêt a la discussion et au vote de la Loi de Règlement, qui ne donne pas l'occasion a un véritable contrôle de l'exécution du Budget. Les parlementaires préfèrent consacrer l'essentiel de leur temps a la discussion et au vote de la Loi de Finances initiale, tandis que le vote de la Loi de Règlement est, le plus souvent, adoptée sans débats approfondis. Pour Loic PHILIP (1995), cela tient au fait qu'ils se trouvent devant le fait accompli et que les irrégularités constatées dans la Loi de Règlement ne constituent pas des inconstitutionnalités susceptibles d'être sanctionnées par le Conseil Constitutionnel.

L'intérêt accordé a la Loi de Règlement en France a évolué avec le temps. La date limite de dépôt du Projet de Loi de Règlement a été fixée au 1er juin de l'année suivant celle de l'exécution du budget auquel il se rapporte par l'article 46 de la Loi organique relative aux Lois de Finances (LOLF) du 1er août 2001. Il est accompagné des Rapports Annuels de Performance (RAP) qui permettent de comparer l'exécution budgétaire et ses résultats avec les prévisions figurant dans les Projets Annuels de Performance (PAP) annexés au projet de Loi de Finances de l'année. Le Projet de Loi de Règlement est examiné selon les règles ordinaires, l'article 41 de la LOLF de 2001 prévoyant cependant que le projet de Loi de Finances de l'année ne peut être mis en discussion devant une

assemblée avant le vote en première lecture du Projet de Loi de Règlement de l'année précédente. Les parlementaires francais dans leur Fiche de synthèse N°38 « L'examen parlementaire des Lois de Finances , affirment que c'est en 2006, que, pour la première fois, l'Assemblée Nationale a été en mesure d'examiner le Projet de Loi de Règlement dès le mois de juin.

L'article 63 de la directive 06/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant Loi de Finances dispose que le Projet de Loi de Règlement est déposé sur le bureau du parlement et distribué au plus tard le jour de l'ouverture de la session budgétaire de l'année suivant celle de l'exécution du budget auquel il se rapporte. Il est accompagné des documents prévus a l'article 51 de la présente directive, le Rapport sur l'exécution de la Loi de Finances (RELF), la Déclaration Générale de Conformité, le cas échéant l'avis de la Cour des Comptes sur la qualité des procédures comptables et des comptes ainsi que sur les rapports annuels de performance prévus dans la présente directive. Ces documents sont remis au parlement sitôt leur adoption définitive par la Cour des Comptes.

Par ailleurs, Justin GANDJIDON (2008) a soulevé, durant une Communication tenue en mai 2008 sur les obstacles a l'établissement a bonnes dates du CGAF et du PLR, que la Loi organique relative aux Lois de Finances et le décret portant règlement général sur la comptabilité publique ont respectivement prévu l'élaboration du PLR et du CGAF, sans s'appesantir sur les conséquences de leur non production. Même la Loi n°2004-20 du 17 août 2007, qui a énuméré en ses articles 149 a 153, les différents contrôles de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême sur l'exécution des Lois de Finances et les différents documents produits a l'issue des contrôles par celle-ci, ne comporte aucune disposition sanctionnant la non production desdits comptes. Le seul texte qui comporte une telle disposition est la directive n° 06 /2009/CM/2009 du 26 juin 2009 portant Lois de Finances qui a prévu dans son article 63 que (( le Projet de Loi de Règlement est déposé et distribué au plus tard le jour de l'ouverture de la session budgétaire de l'année suivant celle de l'exécution du budget auquel il se rapporte . Une telle mesure rend obligatoire l'élaboration

du CGAF et du PLR et permet au Parlement de réclamer le dépôt du PLR concerné avant le vote de la Loi de Finances initiale en instance. Il s'agit là d'un moyen efficace de contrainte susceptible de garantir la production régulière et dans les délais, des PLR. Cette directive n'est malheureusement pas encore internalisée au Bénin ; ses dispositions ne peuvent donc être appliquées.

En effet au Bénin, les Projets de Loi de Règlement sont produits et votés en retard, et ce retard ne devrait nullement empêcher ni la soumission des Projets de Loi de Finances initiales à l'Assemblée Nationale, ni leur vote.

La procédure d'urgence ne s'applique pas au vote de la Loi de Règlement du fait de sa particularité par rapport aux autres Lois de Finances. Si la Loi de Règlement a la nature d'une Loi de Finances, l'ensemble des règles de procédures applicables aux Lois de Finances ne concerne pas, nécessairement la Loi de Règlement.

Mais, le vote d'une loi est intimement lié à la priorité que les parlementaires et l'Exécutif lui accordent. En effet, une loi de ratification des accords financiers est prioritaire face à une Loi de Règlement.

Cela s'explique selon ALASSANE, A. N. (2007) parce qu'un accord financier ratifié permet de financer les projets de développement, d'investissement dans le pays ; en d'autres termes, ils permettent de relever le niveau de vie de la population.

Maxime B. AKAKPO (2006) n'est pas de cet avis et estime que l'AN, en ce qui la concerne, doit inscrire le vote de la Loi de Règlement parmi ses priorités. Elle doit aussi, comme elle l'a fait en 1999 au Bénin, interpeller le Gouvernement sur les retards notés dans le dépôt des PLR. Pour cet auteur, l'AN doit jouer son rôle de mandataire du peuple, en portant le débat budgétaire sur la gestion économique et financière dans les hameaux les plus reculés du pays.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand