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L'Opus Déi et l'éducation au Chili

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par Mathilde Nicolai
Institut d'études politiques Aix en Provence - Diplôme de sciences politiques 2010
  

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Partie I - Entretenir et renouveler l'organisation

Le plus important pour L'Opus Dei, c'est précisément l'institution elle-même. Effectivement, le premier but d'une organisation telle que la prélature personnelle est de se maintenir, voire de grandir, de former ses adhérents, et d'en convaincre d'autres. C'est pourquoi l'Opus Dei dirige en premier lieu ses efforts vers l'éducation, indispensable dans un pays nouvellement conquis, comme le Chili, pour faire conna»tre l'Îuvre de Dieu et engendrer de nouvelles vocations. Non seulement donc, l'institution doit s'occuper de ses fidéles, et leur assurer une éducation de qualité tout au long de leur vie pour leur permettre d'accéder à des postes de pouvoir, mais elle a également le devoir de se préoccuper du renouvellement et de l'augmentation du nombre de ses membres.

Chapitre I - Former les enfants de la grande famille de l'Opus Dei

L'Opus Dei se veut certes une grande famille. Pourtant, quand il s'agit de former ses membres, la meilleure éducation est impartie aux enfants des numéraires et surnuméraires. En aucun cas elle ne s'adresse aux numéraires auxiliaires ou aux agrégées, qui ont droit à un traitement différent, de par leur statut social inférieur. Les colleges SEDUC, l'université Los Andes, financés par les Fondations, sont les outils qu'utilise l'Opus Dei pour hisser ses membres vers les plus hauts échelons de la société.

Section I - Accompagner et eduquer la progeniture de l'organisation durant toute son enfance

Selon le fondateur de l'Opus Dei, San Josemar'a, l'%oge le plus important pour tous est
l'enfance, lui qui écrivait Ç Les enfants n'ont rien à eux; tout est à leurs parentsÉet ton

2

Pére sait toujours trés bien comment administrer son patrimoineÈ. En effet, il est du devoir du Pére, entendu ici comme le pére biologique mais aussi spirituel de l'enfant, de le guider dans la vie et de lui enseigner ce qu'il sait. C'est pourquoi il est important pour l'institution de diriger un certain nombre de ses activités vers les enfants, pour que le plus tTMt possible dans leur vie ils commencent à être formés aux principes de l'Îuvre.

2 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Le Chemin, Le Laurier, maxime n°867

C'est la raison d'être des clubs de jeunesse et des écoles corporatives de l'Opus Dei, assez nombreux au Chili.

§ I - Les clubs et associations pour enfants et adolescents

Cours de guitare, de tennis, de golf, week-ends à la montagne ou vacances à la mer, l'Opus Dei n'est jamais en mal d'activités pour enfants, dirigées principalement vers ses jeunes. L'intégralité des enfants de surnuméraires chiliens, et ils sont légion, participent à ce genre d'amusements. En effet, selon San José Maria, les enfants doivent vivre des leur naissance entourés des valeurs chrétiennes chéres à l'Opus Dei, et des leurs 3 ans, ils peu vent et doivent être éduqués en partie par les prêtres de l'organisation, par le biais d'activités ludiques.

L'idée, dans le fond, est toujours la même: la personne, à tous les %oges de sa vie, doit être occupée et son esprit concentré sur quelque chose de précis. Les jours et les minutes sont comptés dans l'Opus Dei, et on n'est pas libre de son temps. Selon l'Ïuvre fondatrice de l'institution, Ç Le Chemin È de San Josemar'a Escriva de Balaguer, tout notre temps doit être offert à Dieu. Ce n'est pas étonnant, alors, que ce temps doive être valorisé au maximum, car il a pour but d'attirer la gratitude de Dieu sur les activités humaines de chacun. Pour les jeunes enfants de familles de surnuméraires, le choix le plus rationnel pour leurs parents est donc de les laisser s'enrichir des valeurs chrétiennes au contact de numéraires et surnuméraires de l'Opus Dei qui consacrent leur temps à former de jeunes esprits. Pour cela, étant donné que les enfants en bas %oge ne sont pas encore occupés par l'école, l'Îuvre tente de remplir leurs journées au moyen de ces clubs de jeunesse, répartis stratégiquement dans un éventail trés large d'activités et d'occupations diverses, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Au Chili, c'est Juan Cox Huneeus, numéraire de la première heure, qui a été l'artisan de leur création et de leur déploiement. Directeur du premier college Opus Dei pour hommes, il a des son entrée dans l'organisation, accordé beaucoup d'importance au développement de ces clubs de jeunesse.

Au cours des entretiens menés, tous les membres de l'Opus Dei interrogés ont déclaré avoir participé à ce genre d'activités, en général durant une trés longue période de leur enfance et adolescence, parfois par intermittence. Tout est fait pour faciliter la fréquentation de ces clubs par les enfants de surnuméraires: les horaires sont trés larges, du lundi au samedi, tous les jours aprés l'école, et le samedi toute la journée. Les groupes d'éléves dans chaque classe sont trés réduits, et l'apprentissage en

général trés efficace. De plus, les classes sont menées de maniére trés pédagogique, le but étant que les enfants se divertissent tout en évoluant dans un milieu religieux, sans trop le remarquer. Les professeurs, qui sont souvent des prêtres de l'Îuvre ou des numé raires ou surnuméraires spécialisés dans un domaine artistique ou sportif, sont toujours trés proches des enfants, qu'ils connaissent individuellement. Katixa Mellado, ex numéraire originaire de Santiago, de mere surnuméraire et de pére catholique non membre, mais tolérant envers leurs pratiques, déclare ainsi avoir commencé à fréquenter ces clubs trés tTMt, vers ses 4 ans, emmenée par sa mere le week-end, avec ses 7 fréres et sÏurs. Elle assistait à des cours de théâtre, et surtout de guitare, passion qu'elle a conservé depuis, alors que sa sÏur Nadia prenait des cours de danse qui lui ont ensuite permis d'entrer au Théâtre Municipal de Santiago. < Dans les cours, le nombre d'éléves était trés réduit, ce qui permettait de vraiment progresser. Mes cinq amies de la classe de guitare ont toutes continué à pratiquer au moins jusqu'à leurs 18ans. Nous étions six, trés soudées, et notre professeur était toujours la même. È3 Déclare-t-elle. De plus, dans un contexte de généralisation progressive des séjours en vaca nces, les jeunes qui fréquentent ces clubs sont toujours ravis de profiter des occasions de week-ends à la mer ou à la montagne, des séjours < dans le Sud È, (c'est à dire au Sud de Santiago, dans la région comprise entre Talca et Puerto Montt, région trés verte que les Chiliens apprécient tous beaucoup, et qui est trés prisée pour les vacances d'été). <Chaque année, je partais une semaine prés de Pucon, dans le Sud, avec le club de Los Leones. J'adorais ces séjours, oü nous vivions au milieu de la nature, et passions nos journées à faire du sport, à visiter et à prier. Comme je ne partais pas en vacances avec mes parents, c'était un grand moment de dépaysement4 È dit Katixa. En effet, au Chili, même les familles appartenant aux catégories sociales aisées ne partent pas beaucoup en vacances, car les congés payés sont de seulement trois semaines, et les semaines de travail, de 40h, au minimum, ce qui laisse moins de temps au loisir. <Bien évidemment, rajoute Katixa, durant la journée, nous faisions des priéres communes et assistions à des cercles de réflexion, les mêmes qu'à Santiago5. È

Malgré cette ambiance bon enfant, Katixa avoue s'être éloignée de ces clubs vers l'âge de 13-14 ans, durant ce qu'elle appelle sa <période de rébellion contre Dieu È. <Pendant quelques mois, je ne mettais plus les pieds à Los Leones (la rue oü

3 Voir annexe n°1

4 Voir annexe n°1

5 Voir annexe n°1

était situé le club de jeunesse qu'elle fréquentait, dans un quartier favorisé), pour montrer à Dieu que je n'étais pas d'accord avec certaines choses; les mendiants dans la rue, les chiens abandonnés, ca me faisait de la peine et malgré les explications des prêtres, je ne parvenais pas à l'accepter. De plus, j'étais fatiguée de voir les mêmes gens semaine.È 6

et de faire les mêmes choses chaque Mais Katixa finissait toujours par

revenir au club, attirée par ses amies, qui continuaient à le fréquenter, et qui sont vite devenues ses seules connaissances. En effet, les enfants de numéraires sont encouragés à passer le plus de temps possible ensemble, et généralement, les fidéles qui fréquentent la même église, tous les jours pour la messe, se connaissent tous, comme ceux qui assistent aux mêmes cercles de réflexion, ou aux mêmes retraits spirituels. De plus, on déconseille fortement à ces enfants de participer à d'autres fêtes que celles, rares, organisées par un autre membre. Les anniversaires se célébrent donc entre familles de l'Îuvre, et les enfants invités à des anniversaires de camarades de classe n'appartenant pas à l'organisation ont dans certaines familles peu de chances d'y assister, ce qui n'aide certes pas à se créer un réseau de connaissances en dehors de l'organisation. Les enfants de famille Opus Dei sont donc souvent isolés entre eux, et quand, parfois, ils se retirent de l'Îuvre, ils doivent entiérement créer leur nouveau réseau social. Finalement, c'est un grand réseau qui tient lieu de famille, renforcé par les diminutifs et surnoms que les membres se donnent les uns aux autres. Il est en effet trés courant que les jeunes aient un surnom au Chili. Généralement, les diminutifs prévus pour chaque nom sont utilisés: << PanchoÈ pour <<Francisco È, << NataÈ pour << Natalia È, etc. Au Chili, c'est une pratique trés généralisée. Mais au sein de l'Opus Dei, ces diminutifs prennent un sens encore plus important, car l'accent est mis sur le côté affectif des surnoms, sur la proximité qu'ils apportent dans la relation entre les personnes. En effet, si d'ordinaire, l'usage de ces surnoms se cantonne aux relations entre amis, la plupart du temps à peu prés du même %oge, dans l'Îuvre, ce sont les prêtres et d'une maniére générale tous les éducateurs appartenant à l'organisation, qui emploient ces surnoms des le début de leur relation avec l'enfant. Par la suite, plus jamais ils ne sont appelés par leur nom complet, qui sonnerait cérémonieux et distant, alors que l'usage du diminutif para»t toujours affectueux, même en cas de réprimande.

Katixa s'est donc toujours appelée <<Kata È, et raconte que, une fois sortie de l'Opus Dei, à ses 22 ans, elle était surprise et même gênée que ses amis, au début de leur relation, l'appellent par son nom complet. << Ca me semblait bizarre, ce nom-là

6 Voir annexe n°1

n'était plus utilisé que par mes professeurs d'université, et personne dans mon entourage ne m'appelaitjamais comme caÉ È7

Tout le temps qu'elle a passé dans ces clubs de jeunes lui a également donné des habitudes de comportement qui restent plus tard ancrées, comme le veulent les responsables de l'organisation.

Marcela Sa
·d, réalisatrice chilienne du documentaire ÇL'Opus Dei, une croisade silencieuse È, (2007) déclare durant notre entretien ÇOn nous dit que l'enfant est libre de décider et qu'il ne pourra pas être numéraire avant ses 18ans, mais dans la pratique, à ses 14 ans il vit déjà comme un numéraire: il ne va plus aux fêtes et va à la messe tous les jou rs. C'est légal, à leurs 13 ans, de leur laver le cerveau ainsi ? È8. Elle montre dans son documentaire une scene filmée dans un de ces clubs de petites filles, et raconte qu'elle a mis un an à obtenir l'autorisation de filmer cette scene. Toutes ces recherches pour le documentaire lui ont pris cinq ans, car il a été trés difficile pour elle d'accéder à l'intérieur des bâtiments de l'Opus Dei et à nouer tous les contacts nécessaires, car les membres de l'Îuvre étaient, à juste titre, trés prudents. Durant la séquence filmée, hors champs, trois membres du clergé de l'organisation surveillent la scene et font attention à ce que disent les six petites filles, de 8 à 10 ans. Elles racontent qu'elles ont des cours de valeurs humaines, une fois par semaine, qui ne durent qu'une demi-heure pour ne pas ennuyer les enfants, et qui sont faits par un prêtre. Elles affirment prier tous les soirs, et Marcela Sa
·d leur demande pourquoi. Elles répondent prier pour les âmes au Purgatoire, pour que la loi du divorce, à ce moment là en discussion soit refusée par le Parlement, pour que tout le monde se convertisse, ou encore pour qu'il y ait plus de vocations pour être ordonné prêtre de l'Opus Dei.

Katixa Mellado confirme, elle, que la totalité des fillettes avec qui elle jouait dans le club de Los Leones, sont maintenant membres de l'Ïuvre, ou l'ont été à un moment. Il est clair, d'ailleurs, que les jeunes recrues numéraires viennent à 90% de familles surnuméraires, qui confient leurs enfants à ces clubs de maniére toute naturelle, et en toute confiance.

Katixa, elle, est finalement entrée dans l'organisation à 16 ans et demi, comme numéraire. C'est l'âge minimum pour intégrer l'Ïuvre, sachant que pendant un an et demi, les jeunes ne sont pas à proprement parler numéraires, et, en régle générale, ils ne vivent pas encore dans les maisons de l'Opus Dei, mais y arrivent le matin avant 7h, heure de la messe, et en partent le soir aprés le repas.

7 Voir annexe n° 1

8 Voir annexe n° 2

Cet encadrement moral et spirituel ressort de manière générale dans l'attitude des adultes qui s'occupent de ces clubs et associations. Ils se comportent de manière presque paternelle, mais sans cesser de tenir des discours sur les valeurs morales, telles que ne pas nuire à son prochain, ne pas tricher, ne pas tromper, partager ce qu'on a. Petit à petit, les enfants s'habituent à entendre ce type de discours, et les répètent eux-mêmes ensuite. Ces propos se retrouvent chez tous les membres de l'Opus Dei sans aucune exception, qui ont été conditionnés au plus jeune âge, et continuent dans les collèges et écoles de l'organisation.

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