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Les enfants en situation de rue du Sénégal. L'identité et la socialisation dans le processus de sortie de la rue

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par Corentin SIROU
Université Lumière Lyon 2 (ISPEF) - Master 1 sciences de l'éducation 2011
  

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ANNEXES

Table des annexes

Annexe 1 : Guide d'entretien 83

Annexe 2 : Entretien 1 : Ahmed 84

Annexe 3 : Entretien 2 : Cheikh 86

Annexe 4 : Entretien 3 : Hassan 88

Annexe 5 : Entretien 4 : Djiby 89

Annexe 6 : Entretien 5 : Tarik 91

Annexe 7 : Entretien 6 : Mohamed 94

Annexe 8 : Entretien 7 : Papis 95

Annexe 9 : Entretien 8 : Aly 96

Annexe 10 : Entretien 9 : Mame 97

Annexe 11 : Entretien 10 : Mamadou 98

Annexe 1 : Guide d'entretien

Informations à donner à la personne interrogée avant l'entretien, en réponse aux questions suivantes : Qui suis-je ? Ce que je cherche ? Pourquoi toi ? Confidentialité ? Durée ? par quoi on commence ?

Contexte Date/Heure :

 

Durée :

 
 

Lieux :

Autres infos sur le contexte de l'entretien :

Identité

Nom / Prénom :

Age :

Origine :

Durée dans la rue : La carrière

Thèmes abordés

Questions pour approfondir

Contexte avant l'arrivée

Où habitais-tu ? Quel(s) élément(s) déclencheur du départ ? Activité(s) à l'époque ?

Arrivée dans la rue

Comment s'est passé ton arrivée-intégration ? Des choses nouvelles à apprendre ? Adaptation ?

Trajectoire

Y-a-t il eu des changements dans le quotidien ? Tu as changé de façon de voir les choses ? D'activités ? De relations ? De groupe ? As-tu sentis que par moment, tu changeais ?

Relations, Groupe, amitié

Avais-tu des amis ? Des liens avec des adultes ? De quelle nature ? Comment se passait la vie de groupe ?

Activités (travail, mendicité, jeux)

Que faisais-tu pendant la journée ? Comment gagnais-tu ta vie ? Quels jeux ? Quels petits boulot ?

Sortie de la rue

Qu'est ce qui t'a décidé à sortir ? Où es-tu allé ensuite ?

A la fin, dernière question : demander à l'enfant s'il veut rajouter quelques choses (par rapport à ce qui s'est dit, ou sur autre chose), compléter ou corriger s'il pense que nous avons mal compris/interprété ses propos, etc.

Annexe 2 : Entretien 1 : Ahmed

- Au début j'étais au village à N., chez la grand-mère, ma mère est décédée, en 2005 et moi j'étais chez ma grand-mère. Et mon père, que je n'avais pas connu... Depuis le jour où ma

mère est décédée, après j'étais en troisième à l'école secondaire à Podor. En faisant la troisième, récemment, mon père a voulu intervenir dans ma vie, bon, pour me reconnaître, à l'âge de 17 ans. Il a voulu me reconnaître. Il m'a téléphoné pour me dire qu'il est mon père,

et bon, moi, ça m'a perturbé et moi j'ai découragé jusqu'à aller même à échouer mon examen, et bon je suis resté là-bas au village. [C-AM(i)][C-AP(l)] J'ai traîné, je me battais avec les jeunes, les enfants qui me disaient des calomnies tout ça bon. A chaque fois je me battais, je me battais, et je ne voulais plus rester dans le village. [S-IC] Et j'ai écris une lettre à mon oncle pour qu'il m'aide à faire quelque chose, pour qu'il m'aide à sortir du village. [C-SA] Il m'a envoyé ici à St-Louis pour faire de l'électricité à l'école formation de St-Louis. Et après, trois mois après, chaque mois il m'a proposé de payer la location pour moi et ma nourriture, tout. Mais tout ce qu'il a fait c'est trois mois. Il m'a envoyé de l'argent et lorsque j'ai trouvé le centre, je lui ai téléphoné, « maintenant je ne paye pas de location, je ne paye pas l'école », et dès que je lui ai parlé de ça, il m'a laissé, il n'a plus payé, alors j'ai

parlé à B., et elle a pris ses engagements pour payer l'école et m'héberger au centre, et jusqu'à maintenant. J'ai eu quelques examens à faire par exemple ici à l'Institut Culturel Français, le DELF, le diplôme d'étude sur la langue française, et j'ai réussi. Après j'ai réussi, après j'ai retourné au village, et j'ai trouvé là-bas quelque chose qui n'allait pas. Quelque chose qui n'allait pas bien, parce que là-bas il y avait la discorde. Parce que chez nous la tradition fait que, comme il y a des gens qu'on traite comme des nègres, comme les noirs. Il y a des gens qui sont les rois. Il y a des gens qui disent que ce sont eux qui sont les rois, et les autres doivent les obéir, et ça a amené des bagarres. Parce que ça a commencé par moi, car quand mon père a voulu me reconnaître, on l'a traité de nègre, on l'a traité de vaurien, tout ça. Et ça a failli amener une petite bagarre, on l'a réglé, mais ces temps ci, encore, ils ont repris les bagarres et sont allés au commissariat. Il y a des gens qu'on a laissé, et il y a

des gens qu'on a amené à la police. Bon, j'ai été pendant 15 jours et je suis revenu ici. Depuis que je suis revenu, avant hier on m'a téléphoné, on m'a dit, que il y a encore des gens qu'on a emmené à la police. Jusque maintenant, ils n'ont pas arrêté. Mais, je me suis dit que moi, en tout cas je ne suis pas là-bas. Je n'y peux rien. Bon, en ce moment, là, tout ce que je vise c'est mon avenir. Au village ils se disputent, ils se battent encore.

- Donc quand tu étais au village, tu logeais chez ta grand-mère...

- Oui, chez ma grand-mère

- Et après, quand tu es venu à Saint-Louis, tu étais dans un logement ?

- Oui, dans une location à Sor.

- Donc en fait, la période où tu étais dans la rue, c'était au village ?

- Oui, au village. Ici j'ai failli traîner dans la rue mais heureusement il y avait le centre. C'est lorsque j'ai trouver le centre que mon oncle m'a abandonné.

- En fait, tu as trouvé le centre, puis tu l'as dit à ton oncle, et c'est là que tu n'as plus eu de nouvelles.

- Oui. B. l'avait appelé et lui avait demandé de payer l'école. Il a dit qu'il n'avait rien, mais

qu'il ferait tout pour envoyer de l'argent et payer des études, mais ça il ne l'a pas fait.

- On va plus revenir sur la période où tu étais dans la rue, où tu « traînais », comme tu dis. Tu

étais seul ? Tu avais des amis dans la rue ?

- Oui, [S-IG] j'avais un ami, mais il a finalement fini par aller en Italie. Son père l'a amené en Italie. Mais lorsque j'étais au village, que je traînais, je n'allais pas à l'école, lui aussi n'allait pas à l'école, il avait abandonné les études. Mais lui, ce n'était pas à cause des

problèmes. Il avait abandonné parce qu'il ne voulait pas. Moi je ne suis plus allé à l'école parce que je ne pouvais plus supporter, avec les problèmes que j'ai, je n'arrivais pas à apprendre mes leçons, et j'avais peur même d'aller en classe, qu'on m'humilie parce que je n'apprenais pas mes leçons, et [I-IC] je ne veux pas avoir des mauvaises notes sur mes devoirs. Donc je suis allé dans la rue. Avec lui, on traînait, on ne faisait qu'écouter de la musique, fumer, aller de gauche à droite. Je parlais de mes problèmes, parfois il me conseillait, parfois moi aussi je le conseillais, mais ça a fini, malheureusement ça n'a pas duré. Son père l'a amené en Italie et je suis resté seul. [C-R] C'est à ce moment j'ai réagi je me suis dit que j'appelle mon oncle pour que je lui propose... que je sorte du village. [ISI] Je me considérais sans patrie, c'est comme si je n'avais pas de patrie. Je me considérais sans famille, sans patrie dans le village. J'étais seul. Ma grand-mère seule ne me suffisait pas. Je vivais seul.

- Donc, c'est au moment où ton ami est parti que tu as voulu voir avec ton oncle alors...

- Oui, je vais essayer de voir avec mon oncle [I-SP] pour pouvoir moi aussi évoluer. Lui est parti pour apprendre et travailler. Lui il a réussi, et moi aussi je vais faire quelque chose pour mon avenir. Si je ne le fais pas, personne le fera pour moi. Je suis seul : je n'ai pas de frère, ni de mère, ni de père. Ma grand-mère n'a pas de moyen, pour faire quelque chose pour moi.

- A part ton ami qui est parti en Italie, tu n'as pas rencontré d'autres gens de ton âge, ou un adulte qui t'as aidé dans la rue ?

- A part lui, [S-IC] c'est ma grand-mère qui me conseillait de ne pas écouter ce que disent les jeunes. Je me battais avec les jeunes, ils me traitaient toujours comme un bâtard. Toujours j'entends ces mots- là. Je reviens, je lui di et elle me conseille. Elle m'a demandé de savoir supporter, et que c'est la vie, que ça passera. [S-IC] Y'a son frère aussi, qui me disait qu'il faut tout faire pour sortir du village, car c'était pas ma place là-bas. Lui c'était mon ami, le frère de ma grand-mère.

- Donc les activités, tu étais surtout avec ton ami ? Tu faisais des petits travaux ?

- Non, on ne faisait qu'écouter la musique. On avait une petite place, près de chez ma grand-

mère où à chaque nuit on venait là-bas faire du thé, écouter la musique. On ne savait plus

quoi faire. Et mon ami est parti, et j'ai réagi un peu pour sortir du village.

- Donc après tu es arrivé à St-Louis et ton oncle t'a aidé... Quels étaient tes réactions face aux autres jeunes quand ton ami est parti ?

- Quand il est parti je ne sortais plus de chez moi. [S-IC] Il y avait même une personne qui était venue de Kaolak pour travailler au village et qui est devenue mon ami. Je m'enfermais, et il venait là-bas tout le temps. Il venait pour me soulager, discuter parce que c'est ma grand-mère qui avait dit ça. Lui il enseignait le karaté, et un jour je suis allé làbas pour assister à son cours, et on est devenu des amis. Comme il n'était pas du village, il ne connaissait rien, et tout. Je l'ai laissé là-bas, et quand je suis rentré au village, je ne l'ai pas trouvé là-bas.

- C'est donc surtout ton ami qui t'a aidé, avec qui tu étais très proche.

- Oui

- Est-ce qu'il y avait autre chose à ce moment là qui a fait que tu es resté à traîner, ou c'est juste à cause de ton ami ?

- Ce qui m'a fait rester c'est que je n'avais pas de moyens. Je ne travaillais pas, je n'avais pas d'argent pour me déplacer. Et mon oncle, pour qu'il me donne de l'argent, c'est trop difficile. En venant, je lui avais dit que c'est comme ça, moi je vais me débrouiller, et après il m'a laissé.

- Est-ce que tu veux rajouter des choses ? Que tu as oublié de dire ?

- Oui. Moi, je suis allé dans la rue parce que c'est mon père qui est intervenu dans ma vie
et je ne l'ai jamais connu depuis ma naissance
. Il m'a laissé depuis ma naissance, et en

faisant ma troisième, il est intervenu. Il a voulu s'approcher sur moi pour qu'on devienne des amis, des parents, comme père et fils. Et moi ça m'a bouleversé parce que ma mère ne m'a jamais parlé de lui et on était dans le même village. Moi je ne vais pas... ça me choque, ça me fait mal de l'entendre comme ça, au moment ou ma mère disparaît pour venir me parler de ces choses là, ça m'a fait mal. Et j'ai échoué à l'école pour aller dans la rue. C'est comme s'il voulait m'acheter, il m'a montrer de l'argent, « moi j'ai de l'argent, j'ai tout ça, j'ai tout ça, il faut m'accepter comme père ». Alors que non, [I-IC] moi c'est ma personnalité, je ne

peux pas vendre ma dignité comme ça. Parce que lui il est en Espagne, il travaille. Il croyait que si j'avais vu son argent, j'allais le suivre.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand