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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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1.5. La mise en oeuvre du travail de terrain

Cette partie du travail indique la manière dont nous nous sommes inséré sur le terrain et la mise en train du dispositif de recueil des données.

1.5.1. L'insertion personnelle sur le terrain

Deux aspects sont exploités ici à savoir : la posture du chercheur et l'exigence linguistique des acteurs.

1.5.1.1. La posture du chercheur

Tablant sur la méthode ethnographique du type qualitatif que nous avons mobilisée, deux manières se présentent pour s'insérer sur le terrain « professionnel ». la première est celle où le chercheur pour mener une enquête scientifique de l'intérieur de sa profession, analyse une unité policière qui n'est pas sienne, selon l'intérêt dicté par la recherche. C'est le cas d'un policier de l'unité de garde qui analyse l'objet portant sur la Police d'investigations criminelles. La deuxième posture est celle où le policier chercheur analyse l'objet de recherche sur sa propre unité et régulièrement son propre poste ou lieu de travail.

Pour le premier cas, l'insertion sur le terrain oblige au chercheur le recours à des formalités administratives auprès de son échelon supérieur. Celui-ci peut lui accorder l'autorisation de stage ou la permutation ou transfert provisoire pour seule fin d'enquête.

Pour la deuxième option dans laquelle s'inscrit cette recherche, le chercheur s'investit en acteur professionnel. Ainsi, ne s'insère-t-il pas dans le milieu ou terrain de recherche puisqu'il y est déjà inséré par la profession. Par conséquent, il n'est pas tenu à des formalités administratives.

Il sied de remarquer que la méthode ethnographique est subjective. Sous cet angle, l'opportunité nous est offerte de procéder personnellement à la substitution momentanément de l'emploi de « Nous » de majesté par « je » pronom personnel inaccentué ou atonique qui indique la personne qui agit ou subit, et par « moi » qui est tonique et qui, accentue le « je » dans cette phase du travail. Il y a aussi lieu de mettre en évidence le pronom personnel « neutre » pour marquer la neutralité de notre discours. « Il » remplace « mon » et « je » qui représentent le chercheur.

C'est pour dire que la tradition humaniste a produit une quantité des processus effectifs de l'enquête de terrain à la « première personne » EMERSON R., 2003 : 409)

La visée est d'exprimer la subjectivité à trianguler avec le savoir des acteurs participants « OPJ » et « APJ » afin de réaliser l' « intersubjectivité ». D'où la démonstration et la raison d'être de cette formule à trois dimensions qui traduisent le même fait.

Subjectivité

Subjectivité

Intersubjectivité

+

=

Négatif

Négatif

Positivité

+

=

Chercheur

Participants

Neutralité

=

+

L'intersubjectivité est synonyme de l'objectivité dans une perspective positiviste. C'est une manière de valider ce savoir en tant que chercheur acteur professionnel. Il ne sera validé que lorsque les acteurs se reconnaissent et s'identifient à l'objet du travail. A ce moment là, le chercheur aura atteint la validité de la recherche. Et la recherche matérialisée devient un miroir où le chercheur et les acteurs s'y mirent pour voir le reflet de leur manière de travailler. C'est l'un de grands avantages de la méthode ethnographique. Cependant, elle pose le dilemme de la prise de distance entre le chercheur et l'objet d'étude. Cet aspect sera détaillé en profondeur dans la phase d'éthique de recherche.

Sur ce, je me suis inséré sur le terrain de quatre manières selon l'exigence du milieu professionnel et celle de la recherche. Le terrain exige l'adaptation liée au secret du travail et la recherche implique la validité. La recherche du terrain exige des stratégies et du savoir faire du chercheur.

1° «  Chercheur à couvert »

Ce concept est puisé dans les empiries. La police congolaise a toujours été militarisée et l'est encore aujourd'hui comme force contraignante ou régalienne. Dans les tactiques militaires, être « à couvert » c'est être à l'abri, éviter d'être cible, c'est se cacher pour se protéger. C'est aussi se camoufler pour passer inaperçu. Par contre, être à découvert, c'est s'exposer comme cible vu devant l'ennemi.

Dans le premier moment de cette recherche, je me suis inséré sur le terrain comme un chercheur « à couvert », masqué, voilé, camouflé pour observer dans l'ombre. Cette manière de s'insérer sur le terrain d'enquête sans que les acteurs participants (OPJ et APJ) le sachent, est une posture privilégiée pour le chercheur professionnel qui a les atouts d'observer profondément les faits. C'est une opportunité propice pour tirer les observations fécondes puisque le chercheur les récolte au moment de leur production dans leur contexte naturel. Si le chercheur de l'extérieur a des difficultés d'observer surtout ce qui se passe en « kundelpain » c'est-à-dire en secret ou en cachette comme la pratique de l'« OPJ debout », le chercheur acteur professionnel jouit d'une position privilégiée qui est censée féconde.

Pour suivre la formation criminologique, l'école exigeait préalablement l'autorisation de l'employeur. L'ayant obtenue de mon échelon supérieur, dès ce moment là, il n'était plus nécessaire que je sois présenté à mes collaborateurs « OPJ et APJ » comme chercheur. De toutes les façons, ils savaient que j'étudiais et ignoraient tout sur ma recherche. C'était un secret pour moi puisque l'enquête sur terrain a été déterminée par mon calendrier personnel de recherche. Elle coïncide avec mon stage que j'avais prévu du janvier au mois d'Avril. Le reste du temps m'était profitable pour enrichir ma recherche. Inaperçu et ignoré des policiers, j'ai commencé l'observation dans l' « incognito ». C'est ce qui justifie le concept du « chercheur à couvert ». C'est cette posture que j'ai portée dans le premier moment de recherche et d'insertion personnelle sur le terrain. C'est l'observation in situ qui a primé.

2° «  Chercheur  à découvert »

C'est le chercheur dévoilé, démasqué ou dépisté par soi-même pour raison de quête de données. C'est le deuxième moment d'insertion. Après avoir bénéficié des avantages de la première posture, le respect du calendrier de recherche m'imposait l'entretien exploratoire avec quelques « OPJ et APJ ». il fallait dès lors, me présenter à mes collaborateurs comme étudiant chercheur. D'une manière informelle, j'étais stagiaire dans mon sous-commissariat de police où je travaille. C'est de cette manière que j'ai été amené à réfléchir et à partager avec eux leurs expériences pratiques dans le champ non réglementaire du contrôle policier.

L'objet étant très glissant et très délicat, il est lié aux pratiques secrètes à découvrir. Vu ma position hiérarchique « OPJ », il y a eu méfiance puisque certains policiers me prenaient pour un imposteur qui voulait les démasquer et démanteler leurs pratiques. C'est ainsi que par la stratégie du « gagne coeur » ou de la mise en confiance, découlant de mes relations habituelles déjà tissées depuis longtemps avec eux, que j'ai du contourner la « méfiance ». Ceci pour dire que le chercheur professionnel se bute aussi à la méfiance...

Sur ce, le cas de SANTOS décrit dans l'introduction nous permet d'illustrer le cas de « méfiance ». Informé du cas, j'avais glané l'information auprès du chef de poste et du chef d'équipe qui étaient intervenus pour ce cas ; pour recouper l'information, j'avais demandé à un policier participant à l'action. J'ai eu du mal à lui arracher ce qu'ils avaient fait malgré les relations approfondies entre nous ; il cachait l'information que j'avais déjà, il avait une attitude de panique. Peur de répercussion, il a cru que j'avais besoin des informations pour lui créer des ennuis en lui privant la liberté par la détention. Bien avant, j'avais discuté le bien fondé de ma recherche avec lui. Mais, il n'a pas eu confiance suite à ma fonction hiérarchique occupée dans l'organisation. Il voulu s'assurer s'il y avait un problème. IL me demande « kuko mambo » qui veut dire « y a t il un problème ». Il finit par me donner une histoire décousue. Le lieu n'était pas bien propice puisque c'était mon bureau malgré mon insistance sur l'importance du bien fondé de ma recherche, la méfiance n'a pas été balayée. Le policier s'est méfiée de la recherche en s'accrochant à ma position hiérarchique. Deux jours après, ne voyant aucun événement lui survenir à ce propos, dans un endroit retiré, sous un café, il me relata tous les faits.

Toute cette longue littérature pour tout simplement dire que la recherche menée de l'intérieur se bute aussi au problème que pose la « méfiance » si l'objet à cerner est délicat et est tenu pour secret ou stratégie de gagne pain dans une situation non réglementaire, la peur de répercussion ou rebondissement du problème, la crainte de « mbanu » ou « punition ». La police est un lieu de coercition d'abord pour les policiers eux-mêmes pour raison de conformité. C'est ainsi que la police comme corps, ou force, dispose d'une déontologie spécifique dite déontologie policière. (LOFIMBO L.S., 2006 : 5-59). DONATIEN KALOMBO (2000) a aussi partagé ses connaissances sur la déontologie policière.

Toutefois, il sied de remarquer que le premier moment de l'insertion sur terrain est celui de l'observation directe dite « in situ ». Tout est à observer. « C'est une observation « pure » qui est générale. Le deuxième moment provoqué par l'entretien exploratoire, c'est celui de l'observation orientée et sélectionnée. Notre attention a été braquée sur toutes les situations liées au champ du contrôle policier : les policiers et leurs manière de rendre justice dès la plainte jusqu'à son issue. Les observations sont ici raffinées puisque fixées et précisées par l'objet de recherche.

3° «  Chercheur participant ou observé »

Pendant les recherches, j'exerçais les activités professionnelles comme d'habitude. Je recevais les plaintes, je les gérais jusqu'à leur issue en clôturant certains dossiers à mon niveau selon les cas et d'autres suivaient leur cour normale par la voie de transfert au Parquet de Grande Instance.

Je participais tout en ayant l' « oeil » d'un observateur avisé. J'étais à la fois un participant actif puisque j'étais plongé dans les activités d'OPJ en oubliant par moment que j'étais chercheur surtout lorsque l'observation tendait à la saturation. C'est une limite méthodologique pour la recherche menée de l'intérieur et la participation devient un avantage du chercheur externe puis qu'elle est cette opportunité d'observation et de tisser les relations de mise en confiance pour faciliter les entrevues.

En faisant ce que font les policiers en tant que policier, je faisais aussi d`elle ce qu'en font les policiers que nous aurons l'intérêt à analyser en profondeur au moment opportun. Même si par moment, je m'oubliais comme chercheur, souvent, je participais avec l'esprit en éveil tout en m'observant par l'introspection, je fournissais un effort pour opérer à la fois une double observation, sur moi-même et sur les actions des « OPJ et APJ ».

La pertinence est que le chercheur se trouve dans une bonne position de s'analyser à travers les pratiques professionnelles, policières dans ce cadre précis. C'est comme s'il s'agissait de son autobiographie. Autobiographie par analogie métaphorique, le chercheur s'analyse à travers sa profession et se découvre. La recherche devient un miroir réflexif de son travail qui constitue une communauté professionnelle. OEuvre autobiographique au sens strict du concept, la recherche n'en est pas une puisque ce savoir n'est pas seulement l'expérience du chercheur participant et s'auto-observant, mais aussi et surtout elle s'affirme comme la restitution des pratiques par les policiers participants (OPJ et APJ).

4° «  Chercheur observant »

En tant que participant, l'attention est focalisée plus sur la participation que sur la recherche. Le chercheur se confond à l'objet pour s'observer s'analyser. A un certain moment, il fallait prendre distance avec l'objet en observant les policiers sans provoquer les événements ou les occasions à exploiter. Il fallait agir dans le naturel en se laissant guider par le déroulement des activités policières.

C'est ainsi qu'il m'arrivait le plus souvent que possible de confier le dossier aux stagiaires pratiques et je m'occupais de l'observation. Je suivais le déroulement de l'audition et de l'instruction du dossier du début à la fin. Ils concluaient le dossier en sollicitant mon avis en secret. C'est une manière d'être observant. Parfois, je demandais à mes collègues d'instruire mes dossiers et j'en profitais pour récolter les données utiles. Il m'arrivait surtout d'assister au déroulement de la majorité des dossiers traités au sous commissariat. C'est une manière d'être d'un chercheur observant dans l'étude ethnographique analysée de l'intérieur.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard