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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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2.3.3. «  Police, mosala te »

« Oyo mosala ya police, eza mosala te » (la police n'est pas un boulot, un métier). Il ne l'est pas à cause des tâches contraignantes et la discipline qui suit une logique répressive. Comment se fait-il que les policiers travaillent avec zèle malgré les taches contraignantes et sans repos : la garde, la patrouille, la tournée, le maintien de l'ordre ... ?

Sur terrain, il a été constaté que les policiers travaillent avec zèle puisqu'ils vivent au « taux du jour » et le travail leur procure chaque jour le pain quotidien. En plus, ils contournent les contraintes de tâches, par l'existence des rubriques. Pour s'absenter, ils peuvent recourir à la rubrique malade, la rubrique circonstancielle, motiver un voyage circonstanciel sans voyager.

Du reste, ils passent outre les règlements pour évoluer dans l'informel en appliquant la pratique de « l'OPJ debout » parce qu'ils savent qu'ils ne seront pas traduits à l'auditorat, mais subiront une punition de corps. Le moindre effectif fait qu'ils soient vite libérés lorsqu'ils sont privés de liberté comme mesure disciplinaire. Ils savent aussi qu'ils ne feront pas le cachot parce qu'il n'y a pas assez de policiers pour faire la patrouille et le maintien de l'ordre.

Les règlements sont affaiblis par l'effectif moindre qui fait que les punitions ne soient pas sévères suite aux exigences des tâches à exécuter. Empiriquement, il a été observé que les tâches anergissantes, contraignantes et la prime insuffisante, poussent quelques policiers à déserter pour prester ailleurs. Certains par contre, ne trouvent pas d'autres issues. Dans la sécurité privée, l'accès est difficile puisqu'elle ne recrute pas les policiers ni les anciens militaires. Ils vivent grâce aux relations qu'ils tissent avec la population. « Njaa ya mu Congo inaisha kututosha aya dju ya kuomba » (La famine dans notre pays a fait que nous puissions nous dépouiller de la honte pour demander sans gène).

D'autres policiers n'ont pas de possibilité de prester ailleurs puisqu'il n'y a pas d'engagement. Ils ne savent pas où aller s'estiment stables, le travail facile, noble et respectent le rôle et les tâches leur confiées par la hiérarchie.

Quelle leçon pouvons nous tirer de l'unité de commandement et du pouvoir continu ?

La police fonctionne avec des règles paraissant contraignantes sans nécessairement l'être puisque les policiers ont une grande part de manoeuvre pour les contourner et travailler avec zèle.

2.3.4. « Kubambisha touche »ou « kosimbisa touche »

« Kubambisha touche » (faire surprendre quelqu'un la main dans le sac). Nous sommes dans le contexte du commandement et du pouvoir. « Kubambisha touche » tire son fondement dans le jeu de football lorsqu'un joueur touche le ballon de sa main. C'est une touche. Elle est sanctionnée par un coup franc. Si elle est volontaire, elle peut entraîner le carton rouge qui induit l'exclusion du jour. Elle est grave lorsqu'elle est commise dans la surface de réparation, elle entraîne le penalty.

Quel est le sens que nous pouvons cerner de cette notion ?

Cette notion de « touche »est liée à celui du pouvoir. Celui-ci est un processus intentionnel affectant au moins deux acteurs qui, par une redistribution des ressources obtenues par des stratégies diverses, affecte le niveau relatif de capacité de l'un et de l'autre d'une manière compatible avec la formule de légitimité en usage. (BOUDON R. et BOURRICAUD F., 1982 : 464)

La relation du pouvoir présente deux enjeux : le contrôle du processus coopératif et le partage de bénéfice qui en résulte. Elle peut être associative ou hiérarchique. Celle-là parce qu'elle peut être négociée sous forme d'instruction qui laisse une marge d'appréciation aux intéressés. Celle-ci parce que le modèle peut revêtir la forme de commandement. Il vise à établir une conformité stricte entre les attentes des dirigeants et le comportement des exécutants. (1982 : 464)

Ce pouvoir hiérarchique nous intéresse dans ce sens que c'est lui qui lie l'APJ à l'OPJ. Il paraît rigide et irréversible. Cette rigidité et irréversibilité ne sont qu'apparentes même sur le plan judiciaire. La barrière entre OPJ et APJ est fluide puisque sur terrain, l'APJ s'investit en OPJ par la pratique de l'ombre. Cette préoccupation sera mieux approfondie dans le troisième chapitre.

A l'antipode de ce pouvoir hiérarchique, celui qui nous intéresse présentement, c'est le pouvoir comme cette capacité de freinage ou de sabotage, qui est un pouvoir de nuire (1982 : 364). Ainsi, « Kubambisha touche », c'est le pouvoir de nuire. Le pouvoir de nuire se manifeste lorsque l'APJ ne trouve pas sa part dans « le treize ou la treizalisation » (la capitalisation de l'OPJ). A ce sujet les policiers disent « kazi ya mpunda, shioneye mo, ata imbwa banamutupiyaka mufupa » (J'ai fait le travail du cheval, je ne m'y retrouve pas, même chien, on lui jette un os). Le travail sans récompense est vain. L'on ne dit pas que tout travail mérite salaire ?

Le manque de redistribution peut entraîner le pouvoir de nuire, de se venger entre APJ eux-mêmes ou entre APJ et OPJ. Lorsqu'il se partagent mal, il y a mécontentement. Pour exprimer ce mécontentement, certains disent : « unanibotcher, unaninyonga, unanigommer, aina mambo, takubambisha touche » (vous m'vez dupé, vous m'avez roulé, vous m'avez effacé, ce n'est rien, je vous nuirai). « Kubambisha touche » a le sens de compromettre une personne à partir d'une faille pouvant être sanctionnée.

C'est comme ce cas qui s'est passé sur terrain. Un vendeur de poissons salés a fait arrêter son ami soupçonné d'avoir soustrait à son insu la somme de 50.000 FC. Après avoir passé deux nuits au cachot, leur chef, le commandant en place donnera l'ordre au chef de poste de libérer l'impliqué, faute de preuve, toutefois liberté conditionnée par le « mulambu », cadeau à offrir au chef ou le « mabonza » (l'offrande).

Comme il n'y avait pas de distribution, l'OPJ instructeur du dossier et les APJ ayant participé à l'arrestation de l'impliqué, mécontents de « salela nga nalia » (travail pour mois pour que je mange), ont trouvé une occasion de nuire à leur chef. Les relations `étant déjà tissées avec la personne qui avait sollicité la justice, elle sera influencée pour porter plainte contre le chef hiérarchique à l'Auditorat militaire pour n'avoir pas eu la réparation. En plus, l'argent a été versé et n'en a pas bénéficié, elle a saisi cette instance qui considère la police comme son « Bilanga, mashamba » (le champ). Le sens de « bilanga » c'est la récolte non pas de produits agricoles, mais de l'argent liquide ou en nature (biens gagés).

« Il faut que commandant asanza, aliaki eloko ya mbwa, préparer mbangu » (il faut que le commandant vomisse, il a mangé, consommé la nourriture du chien, qu'il prépare sa fuite). C'est ainsi que nous verrons un inspecteur judiciaire de l'Auditorat entrer dans le bureau avec ses deux Agents. Par astuce, il sera invité dans un bistrot pour prendre du sucré et négocier le problème. Il percevra son « mulambu » ou sa récolte avec promesse de réparer le fait. Cela fut fait.

« Ndjo vile commandant alibambaka touche » (C'est de cette manière que le commandant a subi la vengeance, « asanzaki oyo aliaki » (il avait vomi ce qu'il avait consommé). C'est une façon de nuire. L'APJ a aussi cette capacité de « kubambisha touche » ; il en a le pouvoir puisqu'il a aussi l'expérience.

Par ailleurs, il sied de stigmatiser que l'Inspecteur a arrangé le problème à la manière de l'OPJ debout, en dehors du bureau, sans bic ni papier. C'est cet aspect qui sera plus analysé dans le troisième chapitre. L'inspecteur a contribué à l'harmonie et à la paix sociale. C'est l'essentiel dans l'administration de la justice. Le cadre de l'audience est artificiel et étranger aux impliqués. Il n'est pas une fin en soi, mais un moyen parmi tant d'autres comme l'arbre à palabre, le domicile des impliqués..., la rue peut aussi servir de cadre, comme le marché pour résoudre certains problèmes lorsque les deux parties peuvent s'entendre, elles-mêmes ou par les intermédiaires. Bref, la justice peut se faire même dans la rue lorsque les gens se battent, ils peuvent trouver amicalement un terrain d'entente. C'est çà sa finalité.

La touche a aussi sa finalité : c'est la sanction qu'impose l'acte posé dans le but de nuire. La sanction peut se traduire par la perte de confiance de la part de son chef, par la réprimande, la punition du corps ou administrative et la plus nuisible, c'est la privation de liberté. C'est pourquoi la fonction d'OPJ est comparée au couteau à double tranchant qui peut se retourner contre son auteur. « Ule anabambanaka, naye banamubambaka », (Celui qui arrête, peut être aussi arrêté). A titre indicatif, un OPJ qui ne sait pas conjuguer le verbe manger « je mange, nous mangeons » peut être trahi par les APJ qui participent sans être récompensés. Ils peuvent livrer l'information à leur supérieur pour que le concerné puisse perdre sa crédibilité. C'est le cas d'un OPJ qui avait un « dossier ya mafuta » (dossier huilé » ce qui veut dire rentable). La somme perçue étant considérable, le commandant informé sans goûter au délice, il avait signé sa permutation pour un « poste garage » (poste de réserve ou d'attente), « poste ya pamba pamba » (poste sans importance), « poste ya manyuka » (délavé, lessivé) c'est-à-dire un sous commissariat non viable ou improductif ou encore mieux non rentable et non « treizable »

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery