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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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4.2.2. Les « réseaux protecteurs »

L' « OPJ » dans le monde de son travail judiciaire est souvent sujet de pression que nous avons appelée « trafic d'influence ». Pour s'y parer, il établit des réseaux. S'il a un dossier alléchant (ya mafuta), dossier avec provision ou dossier « treizable », il recourt à ses connaissances ou « coopérants » à l'Auditorat militaire ou au Parquet civil de telle manière que le dossier ne lui soit pas arraché ou en cas de rebondissement, il a une couverture de protection.

Pour illustrer ce propos, la restitution empirique suivante peut nous éclairer et nous édifier :

« Il est midi, un certain jeudi du mois de mars, au sous-commissariat de Police Kafubu. L'OPJ MUNGOBWAKI vient intervenir pour le cas de son frère arrêté sur base d'un mandat d'amener pour abus de confiance. L'impliqué refuse l'arrangement et sollicite le transfert du dossier au Parquet puisque les produits qu'il a reçus pour vendre ont été volés à la société Gécamines. Il se passe que l'impliqué a le désire de laisser le dossier suivre son cour normal pour que le requérant soit aussi arrêté pour « vol ». En plus, le requérant avait sollicité le mandat d'amener auprès de son cousin qui est magistrat. C'est ainsi que l'OPJ MUNGOBWAKI ayant aussi plusieurs connaissances au Parquet, sollicite son collègue instructeur de ce dossier pour qu'il le transfère et entête son jeune frère à ne pas fléchir et lui rassure de son intervention au niveau du Parquet ».

Profitant de sa présence pour nous entretenir au regard de l'objet de cette recherche, il nous dira comment il a crée les réseaux au niveau du Parquet et de l'auditorat militaire. Chaque fois qu'il a un dossier rentable comme celui de « contrefaçon », il recourt à ses connaissances au niveau des instances précitées et nous relate ce qui suit :

« Un jour, il a été saisi par monsieur KATAMBO victime d'escroquerie d'une somme estimée à 14.000 $ par un sujet camerounais en complicité avec un congolais. Accompagné de son collègue, ils ont tendu le piège à ces deux impliqués et qui a échoué. Par téléphone, le rendez-vous était fixé dans un cabinet au centre ville de Lubumbashi. Par le flair, ces deux impliqués ne s'étaient pas présentés parce qu'ils avaient pressenti le « mukwao » (le piège).

Comme ils avaient demandé à monsieur KATAMBO de leur ajouter encore 16.000 $ U.S. pour qu'ils lui fabriquent une valise des billets en devise, la victime n'a récolté que 6.000 $ qu'il n'a pu convertir en Francs Congolais. Un autre rendez-vous était relancé au carrefour pour verser 6.000 $ et il fallait ajouter 10.000 $. Le rendez-vous était de nouveau fixé au centre ville. Au lieu que le camerounais se présente, c'est le congolais qui se présenta. Il fut arrêté. La population intervint pour protester que cette arrestation était contraire au droit de l'homme puisque les policiers lui avaient braqué leurs armes. Les deux OPJ s'expliquèrent à la population qui désapprouvait l'impliqué qui fut acheminé à l'office de police. Soumis à un interrogatoire sous les coups de fouet, il cria : « Beauf, c'est vous qui me maltraitez ». MUNGOBWAKI le reconnaissant, il fallait chercher les voies et moyens pour le sauver. Il se rappela qu'une semaine avant cet événement, il avait été invité pour son mariage qui a été très pompeux. Il conclut que c'est avec l'argent escroqué que l'impliqué a organisé son mariage. L'impliqué lui donna 50 $ U.S. et appela sa femme par téléphone qui compléta 100 $. Pendant qu'il instruisait le dossier, deux réquisitions dont l'une de l'Auditorat et l'autre du parquet, tombèrent sur sa table. Il jugea opportun de contacter l'Auditeur à qui il relata tous les faits ; la réquisition avait été amenée par le magistrat militaire qui se rendit compte qu'il s'agissait des « malfaiteurs ». En connivence avec l'Auditeur, il lui transféra l'impliqué et trouva dans son office 6 avocats de la partie impliquée. Le requérant et victime eut peur, frustré par la présence de 6 toges noires, il se rétracta et préféra perdre, surtout qu'il venait d'une ville située à + 350 km de Lubumbashi et qu'il n'avait pas de soutiens. Deux jours après, l'infortuné fut appelé à l'Auditorat pour recevoir 130 $.

Ainsi, l'OPJ MUNGOBWAKI conclut-il, l' « OPJ doit avoir des parapluies au Parquet et à l'Auditorat. Lorsqu'il a un dossier plausible « ya mafuta » pour qu'il ne glisse pas de ses mains, il saisit soit le magistrat du Parquet, soit celui de l'Auditorat selon les enjeux en présence, qui lui fournit une réquisition comme couverture contre les pressions et l'arrachement du dossier. Une fois l'affaire « treizée », il donne le rapport ici, le « dix-ving-cinq » ou l'argent au magistrat intervenant ou parapluie ou encore « couverture » ou « encore mieux « protecteur ».

La réquisition sert de couverture, même si une autre venait sous l'instigation de la partie lésée, il transfert directement le dossier au magistrat « protecteur » avec qui il coopère puisqu'il sait qu'il va y trouver sa part.

Parfois, pour éviter la pression et la tracasserie de l'Auditorat qui perçoit la police comme son champ de récolte pour « treizer », il sollicite un mandat d'amener ou une réquisition auprès de son « magistrat coopérant ou protecteur ». Dans l'entre temps, il perçoit une somme colossale de plus de 1000 $ de la part de l'impliqué et se dit : « je suis OPJ frappeur dans le cadre de l'amende ». Il envoie le dossier au dit magistrat ainsi que la moitié de la somme perçue, et à ce niveau l'impliqué trouvera sa liberté.

Enfin, nous a-t-il confié :  je fais cette pratique plusieurs fois et elle est efficace pour mieux tirer le profit à travers les dossiers. Je sais conjuguer le verbe manger en partageant le butin avec les chefs du Parquet ou de l'Auditorat. Il peut même garder les détenus au-delà de 48 heures puisqu'il sait qu'il ne sera pas inquiété. »

Cette manière de procéder est une pratique courante dans le chef des OPJ. Il gèle le pouvoir du contrôle judiciaire pour mieux gérer les situations conflictuelles dans l'optique du travail judiciaire. Par leur manière de faire, les OPJ maîtrisent les autorités chargées de contrôler leurs activités. Ils affaiblissent leur pouvoir et se protègent c'est-à-dire se sécurisent. Ce qui est stratégie pour l' « OPJ », l'est aussi pour l' « APJ » s'investissant en « OPJ debout ». C'est dans ce contexte que le pouvoir du magistrat est fragilisé. Il ferme les yeux dans le cas du contrôle lorsqu'il découvre les détentions irrégulières ou qui ne cadrent pas avec la loi pénale.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld