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Le rôle du périmètre maraà®cher de Keur Saà¯b Ndoye dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits maraà®chers (légumes)

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par Théophile Marc NDIONE
Université Chéikh Anta Diop de Dakar - Maitrise en géographie 2009
  

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    UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
    DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
    MEMOIRE DE MAITRISE DE GEOGRAPHIE

    Le role du périmètre maraîcher de Keur Saïb Ndoye dans
    l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits
    maraîchers (légumes)

    PRESENTE : PAR Monsieur THEOPHILE MARC NDIONE

    SOUS LA DIRECTION DE : Monsieur PAPA SAKHO, MAITRE ASSISTANT

    ANNEE ACADEMIQUE : 2009 - 2010

    2

    INTRODUCTION GENERALE

    Le 20e siècle a été le témoin d'une croissance massive des populations urbaines. En 1990, le tiers des habitants de la planète vivaient dans des villes de plus d'un million d'habitants. Mais la population urbaine dans les pays en développement progresse de 3,4 % par an, et d'environ 5 % en Afrique subsaharienne. En 2000, il y avait quelques 200 villes comptant plus d'un million d'habitants et 21 «mégalopoles» de plus de 10 millions d'habitants, dans les pays en développement1.

    Un taux d'urbanisation qui augmente plus vite que les infrastructures et les mécanismes institutionnels requis caractérisent globalement le monde en développement de ces deux dernières décennies. Cette dynamique continuera à modifier l'équilibre entre villes et campagnes à tel point que d'ici à l'an 2010 toutes les grandes régions du monde seront urbanisées à plus de 35 %. La population des villes des pays les moins avancés devrait s'accroître de 4,6 % par an, et d'ici à l'an 2025, l'on s'attend à ce que 43 % des habitants de ces pays soient des citadins. Les villes accueillent actuellement plus de 60 millions de personnes par an2.

    Cette urbanisation conjuguée avec les effets de la mondialisation a des répercussions sur l'approvisionnement en denrées alimentaires dans les villes du Nord et du Sud3. Pour résoudre ces problèmes les marchés urbains font appel aux agriculteurs qui se localisent dans la périphérie urbaine pour se ravitailler en produits maraîchers.

    L'agriculture urbaine contribue ainsi de façon indéniable à l'approvisionnement des villes et à l'augmentation des produits alimentaires disponibles dans les marchés urbains. Cette agriculture qualifiée selon les auteurs et les contextes d'urbaine ou de périurbaine, est dominée par des productions périssables. L'analyse des filières d'approvisionnement en légumes et en produits animaux de différentes villes africaines donne des éléments d'évaluation des systèmes périurbains par rapport aux systèmes ruraux. Cette analyse montre la complémentarité des produits périurbains et ruraux dans les systèmes de consommation et de commercialisation.

    1 Archives de documents de la FAO, 1996, Produits alimentaires destinés aux consommateurs : commercialisation, transformation et distribution. Produit par le département de l'agriculture

    2 Idem

    3 Koc Mustafa et al, 2000, Armer les villes contre la faim : systèmes alimentaires urbains durable. CRDI- Ottawa Canada. 260 pages

    La proximité de la ville apporte aux systèmes périurbains de nombreux avantages comme un accès plus rapide au marché des produits et des intrants, aux services, et aux savoir-faire. Fréquemment localisé en ville ou en péri-urbain, le maraîchage est très sensible aux dynamiques urbaines. D'un côté, la croissance urbaine accroît les débouchés, de l'autre, elle accentue la pression sur l'espace.4

    Le concept d'agriculture urbaine ou périurbaine reste encore un concept flou, qui a du mal à trouver sa place5. Or une caractéristique forte du monde d'aujourd'hui est l'accélération de la croissance démographique dans les zones urbaines. Ce phénomène d'urbanisation accélérée est surtout très fort dans les pays du sud d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique ou se trouvent les populations les plus pauvres de la planète. Ainsi cet accroissement rapide de la population urbaine qui a entrainé cette urbanisation grandissante et modifié certains aspects des relations ville campagne. Ceci pose le problème de l'approvisionnement des marchés urbains en denrées alimentaires, notamment en produits maraîchers. C'est ainsi qu'en réponse à l'accroissement urbain, se développe à l'intérieur des villes africaines et à leur proche périphérie une production agricole autoconsommée et commercialisée. Le Sénégal n'échappe pas à cette tendance globale avec un taux d'urbanisation de plus de 52%. Mais au cours des trente dernières années, plusieurs facteurs sont intervenus pour miner la capacité des marchés alimentaires structurés à répondre aux besoins d'un nombre croissant de citadins.

    4 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine. Le cas de Thies / Fandéne (Sénégal)

    5 Ganry J, 2003, Comptes rendus de l'académie d'agriculture France, 89 (4) : 57-58.Séance de l'académie d'agriculture de France « approvisionnement vivrier des villes du Sud : les enjeux et questions d'une agriculture de proximité » 2003-12-17, Paris, France

    PROBLEMATIQUE

    1-Contexte

    La ville de Thiès est la deuxième ville du Sénégal tant au plan économique que démographique (taux de croissance 2,8 à 3% par an) avec une population estimée à 250000 habitants6. Elle fut naguère la première zone d'implantation des entreprises qui bénéficiaient ainsi d'une baisse importante de leur fiscalité suite à une mesure incitative que le gouvernement de l'époque avait prise en vue de décongestionner la région de Dakar.

    L'application de nouvelles politiques industrielles entre autres et l'environnement international défavorable ont entrainé un dépérissement des activités économiques qui a poussé la plupart des entreprises à la faillite. Les situations difficiles dans lesquelles se trouvent la plupart des sociétés, principales pourvoyeuses d'emplois pour les populations de la ville, ont renforcé les processus de paupérisation de larges couches de la population.

    Face à la rareté de l'emploi salarial, les populations tentent de trouver des revenus dans des petits métiers urbains et le commerce de détail ou avec les activités maraîchères. Ainsi jusqu'ici menées à la périphérie de la ville ces dernières s'étendent dans un hinterland de plus en plus éloigné. Avec l'accroissement rapide de la population urbaine, l'extension de la ville de Thiès devient de plus en plus importante (démographiquement et spatialement). Ceci ouvre de nouveaux débouchés pour le maraichage péri-urbain à travers l'approvisionnement de la ville en produits maraîchers.

    C'est dans ce contexte que le maraîchage qui s'est développé au Sénégal depuis les années 40 s'est généralisé dans la périphérie de Thiès. C'est ainsi que le quartier de keur saïb ndoye situé au nord-est de la ville, sur la route de Saint Louis, voit se développer certaines activités comme le maraîchage et l'exploitation fruitière. Ceux-ci s'effectuent dans les cuvettes formées par l'extraction du sable, mais aussi prés de la nouvelle station d'épuration des eaux usées. Leurs productions qui sont généralement destinées à approvisionner la ville de Thiès et plus particulièrement son marché central, entrent dans le cadre des relations villes campagnes.

    Donc c'est dans un contexte d'augmentation de la demande des citadins en légumes mais
    aussi face aux difficultés économiques de la vie que se développe le maraichage dans la

    6 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine. Le cas de Thiès / Fandéne (Sénégal)

    5

    périphérie de Thiès. Ainsi à l'instar d'autres zones péri-urbaines de la ville de Thiès, le périmètre maraîcher de Keur Saïb Ndoye joue sa partition dans le renforcement des relations ville et campagne à travers son rôle de ravitailleur. L'analyse de ce dernier constitue l'objectif principal de ce mémoire de maîtrise.

    2-Justification

    Le choix de ce thème de recherche fait suite à un constat sur le fait que les études menées dans ce domaine sont plus ou moins anciennes. Elles ne prennent pas tellement en compte l'aspect d'approvisionnement ou ne concernent pas la localité ciblée. Mais aussi sur les difficultés que rencontrent de plus en plus les villes en matière d'approvisionnement face à leur expansion démographique grandissante. Cependant certains auteurs ont eu à faire des recherches très poussées dans ce domaine. Ayant pris conscience de l'importance de l'agriculture urbaine, certaines municipalités en sont venues, au cours des deux dernières décennies à reconnaitre son importance et commencer à travailler de concert avec les maraichers urbains plutôt contre eux. Aujourd'hui l'agriculture péri-urbaine occupe une place de plus en plus importante au sein du plan d'action internationale. Elle est reconnue comme composante d'une solution globale aux problèmes causés par la croissance débridée des villes des pays en développement7. Dans ces pays l'approvisionnement des marchés urbains en produits maraichers d'une manière générale et en légume en particulier a toujours posé d'énormes problèmes. Ainsi le développement du maraichage péri-urbain pouvait constituer une solution à ces problèmes d'approvisionnement. C'est dans ce cadre qu'au Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (C.I.R.A.D), des diagnostics sur l'approvisionnement des villes en légumes et sur l'enjeu spécifique du maraichage périurbain sont menés depuis 1988 avec des partenaires de recherche-développement.

    L'intérêt d'une telle étude réside dans le fait qu'elle permet d'avoir une nouvelle approche de l'approvisionnement des marchés urbains par la périphérie grace au maraîchage. Mais aussi dans le fait qu'elle peut apporter de nouvelles données sur l'approvisionnement de la ville de Thiès en produits maraîchers.

    7 Mougeot L. J. A, 2006 Cultiver de meilleures villes : agriculture urbaine et développement durable_ CRDI Ottawa (canada)

    6

    3-Position du problème

    L'activité maraîchère qui est définie comme la production de légumes sur un espace propre, avec apport d'intrants, est pratiquée au Sénégal depuis longtemps. Elle a connu ces dernières années une importance considérable par suite de l'intérêt grandissant qu'on lui accorde, du fait de la croissance des besoins des populations urbaines. Ceci entre dans le cadre d'une politique de diversification des activités agricoles mais aussi pour résoudre les problèmes d'approvisionnement des villes en produits maraîchers.

    En effet les paysans des pays soudano-sahélien qui sont depuis quelques années menacés par la sécheresse, s'orientent de plus en plus vers des cultures d'appoint qui ne sont pas très exigeantes en eau mais qui sont par contre rentables. Cependant les régions connaissent de par leur situation, des fortunes diverses quant à la rentabilité des activités maraîchères et fruitières et quant a leur condition géographiques8. Cette activité à savoir le maraichage généralement pratiqué dans la zone périurbaine ou intra urbaine, sert à approvisionner la ville en produits maraîchers essentiellement.

    En effet confrontées dans les années 40 à des difficultés d'approvisionnement en produits maraîchers, les villes d'Afrique tropicales se sont lancées dans des programmes de développement de l'agriculture péri-urbaine. C'est dans le but d'analyser le rôle de ce dernier dans l'approvisionnement des villes que ce thème d'étude et de recherche : « Le rôle du périmqtre maraîcher de keur saïb ndoye dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits maraîchers (légumes) », a été initié.

    Les principales causes de ce développement sont les possibilités d'exportations (essentiellement pour le Sénégal et le Burkina Faso) d'accroissement des ressources en devises et l'ouverture d'important débouchés à savoir le ravitaillement des marchés urbains de plus en plus grand.

    Ce développement rapide et important a été en général spontané. Les organismes publics et parapublics de développement et de recherche n'ont fait pour la plupart du temps, qu'accompagner l'extension auto-organisée des surfaces maraîchères. Il en découle des problèmes liés à cette évolution technique de production, mais surtout de l'écoulement de la production, de l'organisation de la profession et de la gestion des exploitations maraîchères.

    8 Kane (A), 1973, L'exploitation maraîchère et fruitière dans la région de Sangalkam, Mémoire de maitrise département de Géographie, UCAD

    Ce rôle d'approvisionnement consiste à la fourniture de produits de tous sortes (ici on va s'intéresser aux produits maraichers) dont la ville a besoin pour son alimentation. Il est également très importante dans le cadre de la production maraîchère, car toute production est destinée à alimenter un marché quelque soit sa localisation.

    Ainsi le maraîchage apparaît comme une stratégique pouvant constituer un point de départ d'une grande pertinence pour des actions en faveur de l'économie urbaine. Mais aussi pour la promotion des campagnes environnantes et le renforcement des relations villes campagnes à travers l'approvisionnement. Ainsi Gueye, affirme que : « par l'importance de la population active qui s'y occupe, des catégories socio professionnelles bien distinctes au secteur informel, la promotion de l'activité maraîchère, qu'il s'agisse de la production ou de la commercialisation, semble indispensable pour résoudre les problèmes de développement de nos régions en général, de nos villes en particulier.»9

    Cependant l'aspect d'approvisionnement dans les relations villes campagnes à travers le maraîchage semble essentiel à plusieurs niveaux : renforcement des liens entres villes et campagnes, impulsion de la dynamique maraîchère, ouverture de nouveaux débouchés pour la campagne. A partir de là, des relations constantes peuvent exister entre la ville de Thiès et sa périphérie qui s'est transformée en un véritable jardin. Car elle fournit à la ville l'essentiel des produits maraîchers dont elle a besoin.

    Gependant avec la globalisation des échanges, le développement des moyens de transport, la multiplication des périmètres maraîchers autour de la ville de Thiès mais aussi les difficultés de conservation de ces produits (qui sont des denrées périssables). Le rôle du périmètre maraîcher de keur saïb ndoye demeure t-il jusqu'à présent capital dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en légumes ? Get approvisionnement constitue-t-il l'élément principal qui dope la production dans la zone ? Participe-t-il réellement aux transformations des conditions de vie de la localité ?

    Pour appréhender toutes ces questions, les objectifs suivants sont fixés à ce mémoire. 4 - Objectifs

    + Objectif général

    9 Gueye M. H, 1987, « Approvisionnement de Kaolack en produits maraichers » Mémoire de maitrise de géographie FLSH DAKAR UCAD

    8

    > Appréhender l'importance du maraîchage péri-urbain dans l'approvisionnement des citadins en légumes.

    + Objectifs spécifiques

    > Identifier la nature des différents produits maraichers qui sont acheminés vers le marché central de Thiès en provenance de keur saïb ndoye.

    > Identifier les facteurs propices au développement de la production maraichère à keur saïb ndoye.

    > Mesurer les transformations sociales locales liées à cette activité maraîchère.

    Pour atteindre ces objectifs nous avons mené une analyse sur la base des hypothèses suivantes :

    5- Hypothèses de travail

    > Le périmètre de Keur Saïb Ndoye représente le principal point de ravitaillement en légume des commerçants du marché central de Thiès.

    > Le développement du maraichage dans la zone est lié à la demande croissante du marché central de Thiès.

    > Les revenus générés grace à cette activité contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations locales.

    METHODOLOGIE

    1. Recherche documentaire

    Dans le but d'atteindre les objectifs fixés, la stratégie de recherche sera axée sur plusieurs méthodes de collectes et d'analyses des données.

    Les informations nécessaires à la réalisation de ce document sont obtenues à partir des ouvrages généraux qui traitent des questions relatives à l'évolution des villes. Aux relations villes campagnes, au maraîchage péri-urbain ainsi qu'à l'approvisionnement des marchés urbains. Ces ouvrages ont permis de définir d'une manière générale les concepts et notions relatifs au phénomène péri-urbain, à l'approvisionnement des villes etc.... Mais aussi consultations de thèses et mémoires ayant porté sur la ville de Thiès ont été effectuées. Ces derniers révèlent des données relatives à la situation démographique, spatiale et socioéconomique de la ville de Thiès, ainsi que sur le maraîchage périurbain à Thiès. Enfin la

    sollicitation de certains services administratifs et techniques de la ville a été nécessaire pour l'actualisation de certaines données ainsi que pour mieux cerner notre zone d'étude.

    En somme nous avons consulté des données bibliographiques de différentes sources :

    > Dictionnaires généraux et spécifiques > Encyclopédies spécialisées

    > Ouvrages généraux et spécifiques

    > Périodiques spécialisés, revues scientifiques > Mémoires et Thèses

    > Quotidiens et hebdomadaires

    > Sources Internet

    Pour mener à bien le travail, l'exploitation de certains documents en rapport avec le maraichage et l'approvisionnement a été nécessaire. Le constat suivant a été fait sur les cultures maraîchères qui sont caractérisées par : une forte valeur ajouté du produit qui est obtenu avec un niveau élevé d'intrants et une main d'oeuvre importante sur des exploitations généralement de petite surface. Celles-ci se sont beaucoup développées depuis les vingt dernières années.

    L'état des connaissances actuelles sur l'approvisionnement des marchés urbains montre que l'accent n'est pas mis sur le rôle du maraîchage péri-urbain, ou bien trop généralisé. Or faire une analyse profonde sur le rôle du maraîchage péri-urbain dans l'approvisionnement des villes est nécessaire pour pouvoir appuyer ce type d'agriculture ou non.

    Cette extension du maraîchage s'est faite dans la région sahélienne proprement dite, sous forme diverses : jardin de case, périmètres irrigués souvent collectifs, jardin collectifs et jardins privés ceinturant les villes. La majeur partie des documents consultés sont certes intéressants car permettant de faire une approche comparative de la question du maraichage

    et de l'approvisionnement. Mais il semble être un peu dépassé actuellement, d'oül'importance de ce travail qui essayera d'actualiser et d'apporter de nouveaux éléments dans

    ce domaine. Au Sénégal malgré le développement de cette activité maraîchère dans la zone péri-urbaine et son rôle de plus en plus important dans l'approvisionnement des villes. Les recherches qui lui sont consacrées (notamment dans le département de Thiès) sont certes importantes mais doivent aussi être améliorées et/ou actualisées.

    10

    Néanmoins, durant ces vingt dernières années, des travaux de recherches ont été consacrés à l'approvisionnement et au maraîchage au Sénégal par le Département de géographie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, comme le souligne Cheikh Ba10. Ainsi selon Diéne Dione, le développement du maraîchage s'est fait véritablement au Sénégal et plus particulièrement dans la région du cap vert, dans la période difficile de 1939 à 1943. Il ajoute que devant les difficultés de s'approvisionner en riz, les dakarois se tournèrent peu à peu à la consommation de choux, pomme de terre, patate douce etc..11

    La collecte de toutes ces informations aussi bien quantitative que qualitative nous a conduit à effectuer des recherches au niveau des différents centres de documentations :

    > La Bibliothèque Universitaire (BU : UCAD)

    > L'Institue Fondamentale d'Afrique Noire (IFAN)

    > Bibliothèque du département de Géographie

    > Le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA)

    > L'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANDS),

    > Bibliothèque de l'ENEA (l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée)

    > L'Institut de Recherche pour le Développement (L'IRD)

    > ENDA/ GRAF (Enda Groupes de Recherche Action Formation) > CDH (Centre pour le Développement de l'Horticulture)

    Certaines enquêtes menées sur le terrain, auprès des personnes ressources (producteurs), ainsi que des recherches sur l'internet ont permis la compréhension du sujet et la vérification des hypothèses de travail.

    2. Collecte des données de terrain 2-1 : Définition de la population à étudier

    L'étude porte sur des individus (producteurs) officiants au niveau du périmètre maraîcher de Keur Saïb Ndoye. Celle-ci permettra de voir d'abord la catégorie de personne qui s'active autour du maraichage ainsi que la part des maraichers habitants la zone. Ensuite les modes d'organisations et de pratiques de cette activité pour pouvoir déterminer de quelle manière

    10 Cheikh Bâ, «Circulation des biens et approvisionnement des villes, le raccourci par l'agriculture péri-urbaine et le rôle des femmes», Le bulletin de l'APAD, n° 19, Les interactions rural-urbain : circulation et mobilisation des ressources

    11 Diéne Dione, 1983, « Le ravitaillement de Dakar en légumes a partir des Niayes du cap vert » Mémoire de maîtrise de géographie, FLSH Dakar 160 pages

    12

    participe t- elle à l'amélioration des conditions de vie de la population locale, ainsi que les revenus générés.

    2-2 : Observation

    L'observation déterminera les limites réelles des zones d'étude, à savoir le marché central de Thiès et le périmètre maraîcher de keur Saïb Ndoye. Elle a permis de constater que les limites du marché ont beaucoup évolués, il est devenu plus vaste et plus dense. Au niveau de keur Saïb Ndoye l'extension spatiale de la ville de Thiès a fini de transformer l'ancien village de keur Saïb Ndoye (communauté rurale de Fandène), en quartier de la ville de Thiès. L'immensité du périmètre qui s'étend de Médina Fall à Keur Saïb Ndoye jusqu'à la communauté rurale de Fandène avec des blocs d'exploitations séparés par des dunes plus ou moins élevées a été observée.

    Carte 1 : Localisation des sites de productions de Keur Saïb Ndoye

    2-3 : Echantillonnage

    Le choix du nombre de personnes à enquêter sera fait en fonction des sites suivants : les maraichers exerçants dans les carrières situées sur toute la bande Sud - Quest, Sud - Est, qui sont regroupés en deux sites (ces deux premières sites sont appelés « camb yi12 »). Et les maraichers situés dans la vallée au Nord - Est du quartier en face de la station d'épuration sur la route de Fandène (zone barrage). Ce découpage a été fait par soucis de cohérence et dans le but de couvrir équitablement la zone d'étude. Pour ces producteurs l'échantillon sera prélevé à partir de la population mère définie après recensement des exploitants. Le décompte total des producteurs de la zone a donné 259 producteurs ce qui constitue la population mère. Pour avoir le nombre de producteur à enquêté on a pris le 1/25 des producteurs soit 25%. Le résultat obtenus est le suivant : 259*25/100 = 64,75 soit 65 producteurs à enquêter. Ensuite un recours à l'échantillonnage stratifié par rapport à l'importance du nombre de maraichers dans chaque site a été effectué. Comme l'indique le tableau suivant, la population à enquêter est répartie disproportionnellement entre les trois sites. Cette méthode stratifiée veille à la bonne représentativité de chacun des sites.

    Tableau No 1 : Répartition des producteurs selon le site.

    Site

    Nombre de maraichers total

    Nombre de maraicher à enquêté

    Site 1

    72

    18

    Site 2

    79

    20

    Site 3

    108

    27

    Total

    259

    65

    Source : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010 Chaque site est représenté dans l'échantillon par rapport à son nombre de maraichers dans la population totale de maraicher. Le calcul suivant a été adopté :

    - Premier site (camb yi 1), si pour 259 maraichers, 65 seront enquêtés,

    Pour 72 maraichers, combien seront enquêtés ?

    X=72*65/259= 18 maraichers seront interrogés.

    - Deuxième site (camb yi 2), si pour 259 maraichers, 65 seront enquêtés,

    Pour 79 maraichers, combien seront enquêtés ?

    X=79*65/259= 20 maraichers seront interrogés.

    - Troisième site (zone barrage), si pour 259 maraichers, 65 seront enquêtés, Pour 108 maraichers, combien seront enquêtés ?

    X=108*65/259= 27 maraichers seront interrogés.

    12 Fortes dépressions formées par l'attraction du sable, car certaines exploitations (sud-est et sud-ouest du quartier) se situent dans une ancienne carrière de sable.

    Au total 65 producteurs seront interrogés.

    2-4 : Méthodes et techniques de recueil des données

    La collecte des données s'est faite par l'administration de questionnaire, ce dernier a été utilisé pour obtenir des informations précises et cohérentes. C'est dans ce cadre que les entretiens ont été conduits en langue ouolof et française.

    Le choix des producteurs auxquels seront administrés le questionnaire s'est fait au hasard. Suite au constat fait sur l'indisponibilité de certains exploitants, le non alignement des parcelles ainsi que le manque d'organisation du milieu qui rendaient difficile voire impossible toute planification.

    Ces informations permettront d'établir des statistiques et des tableaux pour mieux appréhender l'importance du maraichage péri-urbain dans l'approvisionnement des citadins en légumes.

    Ce travail a conduit à la réaliser d'enquêtes au niveau du périmètre maraîcher de Keur Saïb Ndoye qui constitue la zone de production des légumes. Pour une meilleure collecte des données sur le terrain le questionnaire a été élaboré suivant trois grandes parties et administré à la personne responsable qui travail dans l'exploitation. La première partie relative à l'identification va permettre de voir les catégories de personne qui s'adonnent au maraichage ainsi que les caractéristiques des exploitations. La seconde partie qui traite de la production maraichère va contribuer à déterminer le statut des exploitants, les systèmes de production ainsi que les circuits de commercialisation. Quant à la troisième partie du questionnaire qui s'intéresse aux apports et à l'avenir du maraichage, elle permettra d'apprécier les avantages, les inconvénients, les fonctions ainsi la pérennité de l'activité face à l'avancée du front urbain.

    2-5 : Les difficultés rencontrées

    Les principales difficultés sont celles relatives aux limites de zone d'étude. Ces difficultés ont été rencontrées durant les phases de recensement et d'interrogation des producteurs. Lors de la phase de la revue documentaire, il était difficile de trouver des documents relatifs au sujet (principalement à la zone), surtout pour les données physiques. C'est ce qui explique l'utilisation de celles de la ville de Thiès sachant que Keur Saïb Ndoye en fait partie. L'étape la plus contraignante a été cependant l'administration des questionnaires. L'heure à laquelle

    14

    se faisaient les enquêtes (le matin) coïncide avec celle ou les maraichers s'occupaient de leurs activités (arrosage, remplissage des bassins, désherbage etc.....). Donc l'obligation de repasser ou de les attendre le temps qu'ils finissent s'imposée. Le fait que certains maraichers demandaient s'ils allaient être payé à la fin de l'entrevu constitué aussi un handicap. Car pour certains d'entre eux ils ne voyaient pas l'intérêt de « perdre » du temps sans contre partie. Cependant, la partie de l'enquête relative aux aspects financiers des exploitations s'est révélée comme étant la plus délicate. Cela se traduit entre autre par une rétention d'informations de la part des maraichers. En outre, certains des maraichers ont « cachés » les informations sur leurs revenus ou donnaient des réponses vagues, comme s'ils sous estimaient leurs revenus. Tout ceci a contribué a retardé le travail.

    3. Le traitement et l'analyse des données

    Les données recueillies après enquête ont été répertoriées dans les fiches du questionnaire. Chaque partie du questionnaire a fait l'objet d'un dépouillement spécifique et les réponses ont été classées en fonction du site et traitées avec l'aide du logiciel Sphinx. Ce dernier a permis d'exprimer les résultats obtenus sous forme de tableaux statistiques. Les graphiques sont obtenus après traitement des tableaux effectués sur Excel.

    L'analyse a constitué la dernière partie de l'élaboration du mémoire. Elle comporte trois points qui correspondent aux trois grandes parties du mémoire.

    La première partie du travail porte sur la présentation de Keur Saïb Ndoye et sur ses systèmes de production maraichère. Après la, présentation l'étude des systèmes de production proprement dite c'est-à-dire la typologie, les caractéristiques des exploitants ainsi que l'organisation des producteurs a suivi. Ces derniers disposent pour la majeure partie de petites exploitations et font face à certaines contraintes. A celles-là se greffent le facteur eau. Tout ceci devrait permettre de comprendre les modes d'exploitations dans la zone.

    En seconde lieu l'analyse porte sur les cultures maraichères et l'évolution de la production maraichère. Dans cette partie le point a d'abord été mis sur les cultures : les spéculations cultivés, les techniques culturales etc..... pour voire les spéculations les plus cultivées ainsi que la manière dont elles sont produites. Il en ressort dès lors que se sont les denrées périssables (légumes feuilles) qui sont les plus cultivées eu égard à la proximité du site avec le marché central. Ces dernières sont suivies par le piment qui est commercialisé vers des destinations beaucoup plus éloignées. Ensuite l'intérêt a été porté sur les acteurs et à la

    tendance de la production ainsi que les difficultés rencontrées par les maraichers. Il en résulte que ces acteurs sont multiples avec une évolution de la production conditionnée par plusieurs facteurs.

    La troisième et dernière partie du travail consiste en une analyse des filières d'écoulement et de la destination de la production ainsi que des retombés socio-économiques du maraichage. Dans un premier temps il est question de l'écoulement de la production de l'exploitation jusqu'au consommateur. C'est ainsi que plusieurs filières sont découverts et une multitude d'acteurs qui participent à la vente des récoltes. Les destinations quant à elles varient en fonction des produits et de la quantité récoltée. Cependant seule une infime partie des récoltes est destinée à l'autoconsommation ce qui est peut être liée aux types de spéculations cultivées. Puis l'importance est accordée aux revenus des producteurs, car comme toute activité de production il est susceptible de fournir des revenus qui peuvent varier dans ce cas ci selon les spéculations cultivées et les moyens de productions utilisés. Cette partie a été bouclée par une analyse des perspectives d'avenir du maraichage à Keur Saïb Ndoye face à l'avancée du front urbain. Après un bref aperçu des différentes fonctions du maraichage dans la localité.

    PREMIERE PARTIE : KEUR SAÏB NDOYE ET SES
    SYSTEMES DE PRODUCTIONS MARAICHERES

    16

    Chapitre I : Keur Saïb Ndoye et la ville de Thiès

    La ville de Thiès a connu une fulgurante évolution au cours de ces dernières années et cette évolution a eu pour effet d'entrainer dans le périmètre communal plusieurs villages de la communauté rurale de Fandène dont Keur Saïb Ndoye. C'est ainsi que ce dernier entretien des rapports de natures diverses qui ont marqué son évolution au sein de la ville de Thiès.

    1- Présentation de Keur Saïb Ndoye

    Administrativement ce nouveau quartier est composé de Diakhaté 1 dit Keur saïb ndoye, de Diakhaté 2 et de Keur Mamadou Ndiaye dit Keur Modou Ndiaye. Il est limité au nord par Diassap, keur mbaye diakhaté, keur fara, à l'Est et au Sud - Est par la CR de Fandène au Sud - Quest par Médina Fall et par la route nationale no 2 (route de St Louis) à l'Ouest.

    Carte 2 : Localisation de Keur Saïb Ndoye

    Comme visible sur cette carte KSN fait partir des principaux sites maraichers qui bordent la sortie Nord - Est de la ville de Thiès, grâce à ces différents atouts dont les sols.

    18

    Sur le plan pédologique la zone est constituée principalement de trois types de sol comme le montre le graphique suivant :

    > Les sols decks : sols argileux à argilo-limoneux lourd et difficilement manipulable

    vu les faibles moyens techniques dont disposent les maraichers. Ces sols sont localisés dans les bas-fonds le long la vallée de Fandène aux alentours du barrage. Ils sont plus compacts, plus imperméables et riches en matières organiques donc plus favorable à la culture du piment, de l'aubergine etc..... Ces sols sont les plus faiblement représentés, 7 % des sols de la zone.

    > Les sols diors : sont les types de sols les plus étendus dans la zone (75 %),

    constituent une texture très sablonneuse qui les rend légers, meubles et perméables. Leur structure instable leur vaut une grande fragilité et limite étroitement leur capacité de rétention d'eau. Ces sols diors, très répandus au niveau des anciennes carrières dans les périphéries Sud - Est et Sud - Quest du quartier. Ils accueillent bien les spéculations telles que la salade, la tomate, l'oseille de Guinée (bissap) etc..... Du fait du lessivage actif qui s'y exerce, ces sols révèlent une grande pauvreté en éléments minéraux utiles, aggravés par la destruction de la matière organique et de l'humus.

    > Les sols deck-dior, quant à eux sont argileux et suffisamment sableux pour rester

    meubles lorsqu'ils se dessèchent et perméable lorsqu'il pleut. Ils se situent sur les hautes terres qui abordent les bas-fonds. Beaucoup moins importants que les sols diors, ils prédominent cependant assez largement sur les sols decks (18 %).

    Figure No 1 : la répartition des types de sols à keur saïb ndoye

    Source : service départemental de Thiès

    Ces différents types de sols, de par leurs caractéristiques sont plus ou moins propices au
    maraichage. Les sols diors très meubles et riche en fer, supportent bien les légumes feuilles.

    Les sols decks quant à eux sont beaucoup plus propices à la culture des légumes fruits du fait de leur richesse en argile et de leur grande capacité de rétention d'eau.

    Le relief est plus ou moins plat dans la partie Nord à part quelques dépressions faibles. Il devient de plus en plus accidenté au fur à mesure qu'on s'approche des zones Est, Sud - Est et Sud - Ouest ou l'on trouve des cuvettes, des bas fond intercales entre différents systèmes dunaires. La localisation de KSN au niveau du plateau de Thiès est à l'origine de multiples vallées parmi lesquelles celle de Fandène. Cette dernière réglemente quasiment le réseau hydrographique de la zone.

    Le réseau hydrographique qui irrigue KSN est constitué principalement de la vallée de Fandène, canal de convergence des eaux de ruissellements s'écoulant sur le bassin versant du plateau de Thiès. Ce petit cours d'eau temporaire, long de 15 km entre dans la CR de Fandène au niveau du pont de la RN no2 à hauteur de Diassap et continue en passant par KSN où il est localement ralenti. Il est alimenté par deux rivières, l'un venant du Nord et l'autre de l'école polytechnique de Thiès. Ce dernier bras (qui est le plus puissant) à été canalisé dans les années 70 jusqu'au niveau de Thionakh. Ces deux principaux affluents se rencontrent au niveau de Pognéne pour former la vallée de Fandène. Cette vallée n'est plus ce qu'elle était d'une part par la forte baisse de la pluviométrie dans toute la zone sahélienne et d'autre part par la construction de barrages. En effet, l'écoulement à été fortement réduit (vers Fandène) à cause de ces installations construites à hauteur de KSN, créant localement un lac temporaire où les eaux stagnent pendant presque toute la campagne maraichère (de novembre à juin).

    20

    Carte 3 : Carte de la vallée de Fandène

    En plus de cela, la zone dispose d'importantes nappes souterraines dont les plus exploitées sont le maestrichtien et le paléocène. La présence d'une nappe phréatique qui affleure, constitue un atout majeur pour le développement des activités agricoles généralement et plus particulièrement maraichères levier économique de la localité.

    Sur le plan social KSN qui constitue une zone tampon entre la commune de Thiès et la CR de Fandène à connu une évolution rapide de sa population durant ces dernières années. En effet celle-ci est passée de 676 habitants (avec 81 concessions et 86 ménages) lors du RGPH de 198813 à plus de 1010 habitants (avec 99 concessions et 101 ménages) d'après le RGPH de 200214. Cette évolution s'explique d'une part par l'intégration de la localité dans la ville de Thiès et le développement des activités maraichères. Et d'autre part elle est liée au fait que des fonctionnaires ayant pris leur retraite achètent des champs dans la principale cuvette maraichères de la cité du Rail. Ces champs sont légués à des proches ou à des « sourgas » qui viennent s'y implanter pour les exploiter.

    13 ANSD : Répertoire des localités de la région de Thiès RGPH 1988

    14 ANSD : Répertoire des localités de la région de Thiès RGPH 2002

    L'insertion de KSN dans la ville de Thiès procède plus d'une volonté des autorités communales à disposer des terres de la localité qu'à une logique de développement de la zone. Ainsi celle-ci a eu pour effet une augmentation de la pression foncière, une rivalité d'occupation entre usage agricole et usage non agricole des ressources en terres.

    La localisation de ce quartier dans la périphérie urbaine de Thiès fait de lui aujourd'hui une zone fortement convoité au regard des besoins en espace habitable de la ville. Mais les exploitations maraichères semblent être à l'abri avec leur situation au fond des cuvettes. Même si des possibilités de remblayage ont été avancées par les autorités communale mais elles ont été jugées trop couteuses15.

    En conclusion, KSN est une localité qui a été rattrapé par l'évolution exponentielle de la ville de Thiès. Il bénéficie dès lors, de par sa proximité aussi bien des avantages et opportunités d'emplois qu'offre la ville, que des activités rurales à savoir l'agriculture, l'élevage, l'arboriculture, l'aviculture etc..... que procurent la proximité de la campagne.

    2 - Evolution de Keur Saïb Ndoye dans la ville de Thiès

    Le quartier de Keur Saïb Ndoye est situé à la périphérie Est de la ville de Thiès. A l'origine ce fut un petit village de la communauté rurale de Fandène qui voit se développer à ses alentours une importante carrière de sable. Mais avec l'extension rapide de la ville de Thiès elle fut intégrée à celle-ci par décret en 1978 (méme si l'existence de ce dernier est contesté par les habitants et que la mairie ne nous a pas montré un document prouvant son existence).

    L'absorption de KSN ainsi que des autres villages environnants s'est faite suite à l'extension du périmètre communal relatif à une croissance démographique de plus en plus rapide de la ville à partir des années 30. Face à la demande urbaine, la commune de Thiès a connu des ajustements à la hausse sur plusieurs périodes :

    · 1973, absorption par rattachement de 33 villages qui appartenaient à la communauté rurale dans le cadre de l'extension du périmètre communal;

    · 1978, rattachement de 14 villages dont Keur Saïb Ndoye, Keur Modou Ndiaye, Thiès None, Silmang, Thiapong, Diassap, Pogniéne etc..... suite à un décret présidentiel autorisant l'extension du périmètre communal,

    15 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine. Le cas de Thiès / Fandène (Sénégal)

    22


    · 1983, établissement d'un Plan Directeur Horizon 2000 avec une proposition de nouvelles limites.

    De 1.200 ha puis 3.400 ha en 1978 la commune de Thiès couvrirait une superficie de 6.822 ha en 2000, c'est à dire deux fois plus en moins de 30 ans. Cette explosion spatiale qui s'est manifestée par le grignotage d'espaces à la périphérie a, au fur et à mesure créé des frustrations chez les populations rurales, surtout au sein de la CR de Fandène. Celles-ci voient cette extension comme une « colonisation " de leurs terres par la « manipulation " de procédures, de textes. En profitant de la « supposée " ignorance des élus locaux ou en bénéficiant, d'une certaine manière de leur complicité ou en utilisant les pouvoirs centraux de l'Etat pour légitimer l'illégalité.

    Aujourd'hui encore, plus qu'hier les besoins en terres de la commune sont importants. C'est pour cette raison qu'en dehors des rattachements de villages et de régularisation de « quartiers périphériques ", plusieurs lotissements ont été organisés pour satisfaire la demande urbaine : c'est l'exemple de ceux de Mbour I, Mbour II et Mbour III. Pourtant la commune de Thiès étouffe, son extension est stoppée de part et d'autre par la CR de Fandène qui la ceinture notamment dans ses parties Sud, Est et Quest (forêt classée). Certains pensent cependant que l'expansion pourrait d'une certaine manière s'effectuer dans la partie Nord mais la difficulté réside dans le fait que cette partie est une zone agricole et aussi une réserve foncière.

    D'autres évoquent également la possibilité de favoriser le développement de lotissements et de terrains d'habitation dans la CR de Fandène.

    La problématique centrale se trouve dans la contestation de la communauté rurale de Fandène des limites communales actuellement déclarées. Par conséquent il existe une forte compétition spatiale entre les deux collectivités locales. Cette compétition s'effectue sur les espaces périphériques. Elle est accentuée et entretenue par le flou qu'entoure l'identification réciproque des limites entre la commune de Thiès et la communauté rurale de Fandène. Ce flou entraîne une confusion qui couve des conflits permanents de propriété, de droits d'extension, d'accès entre la commune et la CR. Il semblerait que ni les agents communaux, ni les agents de la communauté rurale ne parviennent à identifier de manière précise les limites des deux entités territoriales. D'après les populations ces divergences existent depuis très longtemps et ont été entretenues aux dépens de la CR. Le problème entre Thiès et Fandène est ancien mais il a été surtout exacerbé avec le transfert des compétences en 1996.

    23

    Non seulement la ville absorbe les terres agricoles des gens, mais profite aussi du déficit d'eau provoqué par les mauvais hivernages pour transformer les terres en zones d'habitation et occupe des espaces de réserves de la CR.

    C'est dans cette situation marquée par des relations conflictuelles entre Thiès et les communautés rurales voisines que s'est effectuée l'intégration de KSN dans la ville. Celle-ci a aussi été facilitée par la proximité de KSN par rapport aux limites de la ville qui fait qu'il soit beaucoup plus exposé que les autres villages de la CR de Fandène. Ainsi, la compréhension des facteurs et processus d'absorption de la localité de Keur Saïb Ndoye par la ville de Thiès passe obligatoirement par l'étude des relations entre ces deux entités ThièsFandène. Cette expansion spatiale de la ville de Thiès notée, explique d'une part l'évolution de cette dernière et d'autre part celle des villages engloutis.

    3 : Le cadre physique

    - Le Climat

    La ville de Thiès à l'image de toute la région, se particularise du point de vue climatique par son appartenance au domaine Soudano sahélien. La proximité de l'océan et sa façade nord qui borde la grande côte, constamment balayée par l'alizé maritime issu de l'anticyclone des Açores lui confèrent un climat doux et favorable souvent qualifié de climat sub-canarien avec une influence continentale.

    - Les précipitations

    A l'instar des autres pays sahéliens, le Sénégal a connu une forte baisse de la pluviométrie qui s'est traduite par une translation des isohyètes vers le sud. Les volumes d'eau reçus ont diminué globalement et leur répartition dans l'espace a connu une forte irrégularité. Les causes de cette péjoration climatique pourraient être liées aux changements globaux survenus dans le climat de la Terre, du fait de l'effet de serre16.

    . Tableau No 2 : Pluviométrie de la décennie 2000-2009 (Station de Thiès)

    Année

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    Moyenne

    Précipitation en (mm)

    607,9

    584,3

    321,1

    426,5

    325,7

    530,9

    310

    578,1

    644,5

    536,3

    486,5

     

    Source : service départemental de Thiès

    16 http://www.cse.sn/sid/biblioth/pnae/desert/descau.htm

    24

    Les précipitations dans la ville de Thiès s'étalent sur quatre mois de juillet à octobre. Pendant la décennie 2000-2009, la station de Thiès a enregistré des précipitations variant entre 300 et 650 mm / an. La moyenne de la décennie est de 486,5 mm. C'est en 2005 qu'on a eu le moins de précipitation avec seulement 310 mm contrairement à l'année 2008 qui a enregistré le plus de précipitation avec 644,5 mm. Cette variation traduit une certaine irrégularité interannuelle. Cette irrégularité des précipitations a pour conséquence la baisse des rendements des cultures pluviales, dés lors de nouvelles techniques de cultures s'imposent. Comme partout ailleurs dans le reste du pays, la péjoration climatique n'a pas épargné cette ville.

    - Les températures

    Les températures au niveau de la ville varient entre 20.3°C et 33.1°C avec une moyenne qui tourne autour de 26°C. Les températures les plus basses sont enregistrées durant les mois de janvier et février où, le minimum peut aller jusqu'à 16°C. Alors que les températures les plus fortes sont notées durant les mois de mars à octobre où le mercure peut atteindre 35°C.

    La proximité de l'océan, lui procure une humidité relative moyenne de 62%. Cependant, elle demeure très variable car l'humidité maximale se situe à 87% et la minimale à 37%. Les mois où les teneurs en eau dans l'air sont fortes coïncident avec la saison des pluies.

    Deux types de vent circulent principalement dans la zone; il s'agit:

    · des alizés notamment l'alizé maritime en provenance du nord qui est de secteur N-NW apportant avec lui la fraîcheur et l'alizé maritime en provenance du sud qui détermine la pluviométrie.

    · de l'harmattan vent d'est circulant durant les mois d'avril à juillet. Il reste très affaibli où pas du tout perceptible au niveau de la zone littorale.

    - La géomorphologie

    Sur le plan géologique, la zone de Thiès est inclue dans le bassin sédimentaire Sénégalomauritanien. Elle présente un relief relativement plat excepté le plateau de Thiès (105 mètres), le massif de Ndiass (90 mètres), la " Cuesta " (65 km2 de large et 128 mètres d'altitude). Ces formes géologiques renferment beaucoup de richesses, qui sont sous exploitées (minerai de fer, attapulgite, etc.). Plusieurs formations géologiques résultant des périodes du Secondaire, du Tertiaire et du Quaternaire sont très présentes dans ce milieu. Le modelé très varié, est formé de plateaux, de dépressions, et de collines. Le plateau de Thiès

    sur lequel la ville est érigée est constitué d'un substrat de marne et de calcaire avec des couches phosphatées. Une partie de ces couches riches en alumine forment des cuirasses blanchâtres compactes, recouvertes par endroit par des cuirasses ferrugineuses.

    - Les Sols

    Les sols de la région sont caractérisés par une majorité de types ferrugineux tropicaux non lessivés. Dont les plus répandus sont : les sols diors (70% des surfaces cultivables) aptes à la culture de l'arachide et du mil. Les sols decks et decks diors (25% des surfaces cultivables) favorables à la culture du sorgho, du souna et du maïs. Les sols de bas-fond (3 à 5% des superficies cultivables) favorables aux cultures maraîchères. Les sols ferrugineux tropicaux faiblement lessivés sur sable siliceux au nord et au centre caractérisés par des concrétions ferrugineuses sur grès plus ou moins argileux sont présents au S-E : ce sont les sols deck. Dans la zone des Niayes, dans les dépressions, dans les vallées asséchées et inter-dunes, les vertisols et les sols minéraux à pseudo gley très humifères se particularisent.

    A cela s'ajoute le fait que la localité dispose également depuis 2008 d'une station d'épuration. Celle-ci dont la construction a démarré en 2006 sous l'égide de l'ONAS est localisée à proximité d'un bas-fond à Keur Saïb Ndoye. D'autant plus que depuis 2007 un projet de valorisation des eaux usées de la STEP a été initié avec l'appui du gouvernement et de la mairie de Thiès. Cette valorisation des eaux usées de la STEP de Thiès nord s'inscrit dans le cadre d'une meilleure gestion de l'écosystème par le recyclage de l'eau pour une utilisation par les populations, et pour le maraichage.

    Au vu de toute cette évolution Keur Saïb Ndoye a souffert de sa proximité avec la ville de Thiès qui a entrainé son changement de statut en l'absorbant. Mais cette absorption qui s'est faite suivant un processus résultant de plusieurs facteurs a bouleversé les habitudes des habitants de ce petit village devenu quartier maintenant. Ainsi pour répondre à leur nouveau rôle de ravitailleur de la ville et bien tiré profit de leur statut de quartier, les maraichers de la zone se sont efforcés à améliorer leurs systèmes de production maraichère.

    26

    Chapitre II : Des systèmes de production maraichère adaptés aux spécificités de Keur Saïb Ndoye

    Le maraichage constituant avec la production fruitière et florale l'horticulture est définit comme étant la culture des légumes de manière intense et professionnelle, c'est-à-dire dans le but d'en faire un profit (ce qui le distingue du jardinage)17.

    Le concept de système de production est utilisé pour décrire la marche d'une unité de production aux modes de fonctionnement analogiques (susceptibles de réagir de la même façon à un ensemble de proposition). Mais aussi pour désigner le type d'exploitation qui domine et qui caractérise une région ou une zone agricole dans ce cas ci maraichère. Selon certains auteurs et chercheurs français en science sociales, le système de production peut être considéré comme un ensemble de composant d'une exploitation agricole donnée. Interagissant en tant que système (les personnes, les cultures, le bétail etc.....) ainsi que leurs rapports socioéconomiques qu'elles ont entre elles et avec leur environnement.

    Cette définition est un peu différente de la conception anglo-saxonne tournée vers l'expérimentation et l'intervention. Pour la plupart de ces auteurs anglais, le terme système de production agricole fait référence à une organisation particulière de l'entreprise agricole (culture, élevage, transformation des produits agricoles, etc.....). Elle est gérée en fonction d'un environnement biophysique et socioéconomique conformément aux objectifs, aux références et aux ressources de l'agriculteur.

    Ce concept de système de production est différent de l'unité de production qui est définie comme étant la cellule économique et sociale constituée par un ensemble d'individus liés solidement au moins lors de la mise en culture d'un champ collectif. Il est aussi différent de l'unité de consommation qui est définie comme l'ensemble des personnes qui ont l'habitude de prendre en commun les repas.

    D'une manière générale, l'agriculture au Sénégal est essentiellement pluviale et saisonnière,
    comme en témoigne la forte fluctuation des productions sur les deux dernières décennies.
    Dans la grande majorité, les producteurs agricoles sont de petits exploitants ruraux, qui

    17 SMITH O, 1999, Agriculture urbaine en Afrique de l'ouest : une contribution à la sécurité alimentaire et à l'assainissement des villes, Ottawa, Canada, CLA, CRDI

    cultivent la terre sur des régimes fonciers traditionnels. L'état actuel de cette activité fait qu'elle ne joue pas efficacement sa mission qui est d'assurer l'autosuffisance alimentaire pour toute la population nationale. Cette situation de morosité en évolution croissante, est due à différents facteurs tels que les effets des sécheresses, la forte croissance démographique qui exerce une grande pression sur les ressources naturelles. Ceci équivaut à dire que l'agriculture est essentiellement basée sur les ressources naturelles et le climat.

    Cette activité se développe de plus en plus au Sénégal avec l'objectif que s'est fixée l'état à savoir d'atteindre l'autosuffisance alimentaire en produit agricole de grande consommation. Pour l'aboutissement de cet objectif, plusieurs systèmes de production maraichère sont adoptés. Parmi ces derniers certains sont traditionnels tandis que d'autres résultent d'une véritable stratégie de développement du maraichage. Ces systèmes de productions peuvent variés en fonction de la zone étudiée.

    Dans le cadre de l'étude du maraichage, KSN présente un mode de production qui a beaucoup évolué en fonction des opportunités offerte par la ville. Le mode de production est donc indissociable du mode d'exploitation et de la localisation de l'activité.

    La typologie des exploitations maraichères de la zone fait apparaitre une classification des exploitations selon la taille et selon l'origine de l'eau utilisée. Ce critère de classification semble plus pertinent quand il s'agit de catégoriser les systèmes de production maraichère dans la zone de Keur Saïb Ndoye eu égard de certaines spécificités. Ici, la taille des exploitations varie généralement suivant l'origine de l'eau utilisée. Et que le niveau d'équipement technique était sensiblement identique partout c'est pour cela que ce dernier critère n'a pas été prise en compte pour la classification des exploitations.

    1- LA TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS

    Elle varie d'une localité à une autre et détermine souvent la production. Dans la zone de keur saïb ndoye plusieurs types d'exploitations ont été identifiés et classés en fonction de deux critères. Cette classification s'est d'abord faite selon la taille des exploitations puis selon le mode d'approvisionnement en eau.

    - Classification selon la taille

    Selon la direction de l'agriculture il y'a trois types d'exploitations agricoles au Sénégal : les
    exploitations de types traditionnelles ou familiales, les exploitations moyennes et les

    28

    exploitations agro-industrielle. Mais vu les spécificités de KSN, deux types ont été retenus : les exploitations de types traditionnelles et les moyennes exploitations.

    a- Les exploitations de types traditionnelles ou familiales

    Comme leur nom l'indique elles sont de petites tailles sur des étendues variant entre 200 m2 et 500 m2. Elles représentent 60 % des exploitations de la zone et utilisent généralement l'eau des puits. Elles se retrouvent la plupart dans les sites à l'entré du quartier (camb 1) et dans les cuvettes situées derrière celui-ci (camb 2).

    b- Les exploitations moyennes

    Ce sont pour la plupart des propriétés individuelles de taille de 500 à 2500 m2. Ces exploitations utilisent souvent les eaux épurés de la STEP, des nappes de surface (céanes), ou ont des motopompes pour aspirer l'eau du puits. L'absence d'une corvée pour avoir de l'eau explique dans une moindre mesure l'importance des superficies cultivées. Elles se retrouvent dans la vallée (zone barrage) et accessoirement dans les cuvettes derrière keur saïb ndoye. Elles représentent 40 % des exploitations.

    - Classification selon le mode d'approvisionnement en eau

    L'eau, facteur de production de très grande envergure est considérée comme limitant en zone sahélienne car elle conditionne en grande partie la production agricole indépendamment des autres facteurs. Dans cette zone, l'eau constitue la principale contrainte face au développement des activités maraichères. Les maraichers s'approvisionnaient à partir des céanes et des puits. Mais depuis la mise en place de la STEP (décembre 2007) le mode d'approvisionnement le plus fréquent pour les maraichers les plus proches de cette installation est les eaux épurées. Ce type de classification parait opportun car les modes d'approvisionnements diffèrent selon le site et la localisation de l'exploitation. En effet trois types d'exploitations sont répertoriés selon cette classification : les exploitations utilisant l'eau des puits ; celles utilisant les eaux des nappes de surface (céanes) et celles utilisant les eaux épurées de la STEP.

    a- Les exploitations utilisant les eaux des puits

    Il s'agit d'exploitations qui disposent d'un puits, l'eau est extrait du puits manuellement à
    l'aide d'une poulie ou mécaniquement à l'aide d'une motopompe. La dure corvée que

    représente l'extraction de l'eau explique la faiblesse des superficies exploitées (photo No 1). Ces exploitations sont localisées dans les cuvettes à l'entrée de KSN ainsi que dans celles situées derrière le quartier. Elles représentent 60 % des exploitations de la zone et se développent sur des superficies d'environs 400 m2.

    Photo No 1 I LILIWIIIHQtrLIQ IIIISXIMI IIIMILX

    Sources : T.M. NDIONE, 2010

    b- Les exploitations utilisant les eaux des nappes de surface (céanes)

    Ces exploitations sont localisées dans la vallée vers Fandène, où la nappe phréatique est affleurant ou à une profondeur dépassant rarement trois mètres. Car cette zone constitue le point de chute des eaux de pluies qui ruissellent de Thiès vers Fandène. Vers le mois de novembre cette zone submergée par les eaux, ainsi les maraichers s'installent pour une campagne qui durera 6 à 7 mois. Au fur et à mesure que la saison sèche avance le niveau de la céane baisse et les maraichers sont obligés de creuser le fond pour avoir de l'eau. Ces exploitations représentent 13,8 % et se développent sur des superficies de 500 m2 à 1000 m2.

    Photo No 2 : maraicher utilisant une céane simple

    Sources : T.M. NDIONE, 2010

    30

    c- Les exploitations utilisant les eaux épurées de la Station d'épuration

    Cette catégorie regroupe toutes les exploitations utilisant les eaux épurées de la STEP. Ces eaux sont fournies aux exploitants par la STEP depuis décembre 2007 à travers des canalisations souterraines qui remplissent les céanes connectés tous les 15 jours. Toutes les exploitations les plus proches de la STEP reçoivent sur demande et par des canalisations les eaux usées épurées qui remplissent leurs céanes durant toute la campagne maraîchère (de novembre à fin juin). Compte tenu de la disponibilité de l'eau les surfaces exploitées sont plus importantes dans ces parcelles. Ces dernières représentent 26,2 % des exploitations de la zone et se développent sur des surfaces de 1300 m2 environs. Ce pourcentage relativement faible s'explique part le fait que la STEP n'a pas encore atteint son débit normal qui est de 9000 m3/jour, actuellement elle ne fournit que 3000 m3/jour.

    Photo No 3 : céanes alimentée par les eaux épurées de la STEP

    Sources : T.M. NDIONE, 2010

    Cette classification des exploitations selon ces deux critères permet de comprendre d'une manière générale la pratique de l'activité maraichère. Mais pour une plus grande compréhension l'analyse des caractéristiques des producteurs demeure nécessaire.

    32

    Figure No 2 : la répartition des exploitations selon les sources de l'eau utilisée par les exploitants maraîchers à Keur Saïb Ndoye

    Sources : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010

    2- CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS

    Le maraichage est une activité qui nécessite une main d'oeuvre bien soutenue dans les pays sahélien eu égard de sa pénibilité. Cette main d'oeuvre est caractérisée par une diversité telle qu'il a paru intéressant de l'étudier pour mieux la comprendre. Dans la localité de KSN le maraichage est dominé par différentes types de systèmes d'exploitation : le métayage qui englobe le prêt de planches et le confiage ou « mbéy séddo » (Terme wolof signifiant littéralement cultiver pour partager, système qui consiste a un partage de la récolte entre l'exploitant et le propriétaire de la parcelle),

    la rémunération mensuelle. La location de parcelle annuellement et le système ou le propriétaire exploite lui-méme sa parcelle. Pour bien caractériser cette main d'oeuvre le profil des maraichers a été déterminé à travers plusieurs paramètres que sont : le genre, l'âge, l'ethnie, la situation matrimoniale et le niveau d'instruction.

    a- Répartition par sexe

    Les résultats du recensement national de l'agriculture au Sénégal de 1998-1999 montraient une part notable des femmes dans cette activité. Mais les enquêtes effectuées en 2010 dans la zone de KSN montrent que le maraichage est une activité pratiqué par une population constituée exclusivement d'homme. Il en résulte que dans toute la zone étudiée la population féminine est nulle. Ainsi la tendance est à la baisse très soutenue de la part des femmes dans cette activité si l'on se réfère au RNA de 1998. Au niveau des trois sites enquêtés la part des hommes est égale à 100% de la population interrogée. (cf figure no 5)

    Figure No 3 : la répartition des maraichers selon le sexe

    Sources : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010

    Cette absence des femmes s'explique d'une part par la force physique que nécessite la pratique du maraichage pour l'entretien des exploitations dont ne disposent pas les femmes. D'autre part le maraichage exige une présence quasi permanente dans les exploitations (du matin au soir) pour l'entretien et la surveillance enfin d'éviter les ravages si l'on sait la vulnérabilité des ces cultures. Or en zone rurale et semi rurale les femmes sont les principales responsables des activités domestiques, donc elles ne peuvent pas respecter une présence constante dans les exploitations.

    L'analyse de ce critère montre que dans la zone de KSN le maraichage est et reste l'affaire des hommes. Cependant cette main d'oeuvre ne concerne pas toutes les tranches d'age de la population ce qui permet de parler du critère âge.

    b- Répartition par âge de la population maraichère

    Il est apparu après analyse que la gente masculine constitue la principale et unique source de main d'oeuvre du maraichage à KSN. Cependant la répartition de cette dernière selon l'age peut différer en fonction du site.

    En effet dans le premier site d'enquête (camb 1), 9 sur les 18 maraichers de l'échantillon sont âgés de 30 à 40 ans. Ils constituent les adultes et représentent 50% des producteurs sur ce site. Ils sont suivis par les jeunes de 20 à 30 ans qui représentent un effectif de 5 maraichers sur les 18 soit 28%. Ce groupe de jeune précède les adultes âgés de 40 à 50 ans qui représentent 17% des maraichers qui sont à l'entrée de KSN. Sur ce site la part des adolescents (moins de 20 ans) et des adultes âgés de plus de 50 ans est très insignifiante. En effet, aucun producteur

    34

    âgé de moins de 20 ans n'a été recensé, mais aussi il est très rare de rencontrer des maraichers âgés de plus de 50 ans qui sont certes présent mais peu nombreux 1 sur les 18 maraichers.

    Dans le second site d'enquête (camb 2), la situation est tout autre car ici 11 des 20 maraichers de la localité sont âgés de 20 à 30 ans soit (55%) contrairement au premier site où ils ne représentent que 28%. Ils représentent ici donc plus de la moitié des producteurs. Ils sont suivis par les adultes de 30 à 40 ans puis de 40 à 50 ans ces deux classes enregistrent au total 40% (8 des 20 maraichers) avec une forte baisse de la part des adultes de 30 à 40 ans comparé au camb 1. La part des producteurs de 40 à 50 ans qui est égal à 15% correspond à la situation au niveau du site 1. Mais aussi la part des producteurs âgés de 50 ans et plus est nul (0 producteur).

    La troisième zone qui est la zone du barrage (située dans la vallée de Fandène) qui constitue dernière zone d'étude est dominée par les producteurs de 20 à 30 ans, 13 des 27 producteurs soit 49%. Ce pourcentage est presque identique à celui du précédent site (camb 2). Ces jeunes sont suivis par les adultes de 30 à 40 ans et 40 à 50 ans ces deux classes enregistrent les mêmes effectifs (5 effectifs sur les 27 pour chaque classe). Contrairement aux sites précédents les adolescents occupent une place plus ou moins importante 8% des producteurs. C'est ici également qu'il y a le plus de producteurs âgés de plus de 50 ans, 2 producteurs sur les 27 soit 7%.

    Figure No 4 : la répartition des maraichers selon l'âge

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    D'une manière générale les jeunes (20 - 30 ans) occupent 45% des effectifs des producteurs de KSN. Cette prédominance s'explique d'une part par le chômage qui sévit dans la zone péri-urbaine de Thiès et qui poussent les jeunes (plus touchés par ce phénomène) à se tourner vers le maraichage quasiment seule opportunité fiable. D'autre part cette situation s'explique par le faite que la force physique que demande la pratique du maraichage est beaucoup plus présente chez cette classe d'age que les autres. Ces jeunes sont suivis par les adultes de 30 - 40 ans qui regroupent 30% des producteurs, puis par ceux de 40 - 50 (17%). Dans toute la zone ce sont les adolescents et les âgés de plus de 50 ans qui occupent les plus faibles pourcentages 4% pour chacune des ces classes. Ces deux classes regroupent six producteurs sur les 65 de l'échantillon (voire figure no 6). Cette faiblesse peut s'expliquer par le mode d'accès à la terre qui est un peu difficile pour les adolescents vu leur jeune âge. Pour les plus de 50 ans leur faiblesse s'expliquerait peut être par le fait que la dureté de l'activité ne permet pas une pratique jusqu'à un certain âge avancé.

    Toutefois il est à signaler que dans tous les sites étudiés, les enfants de moins de 10 ont été trouvés mais n'ont pas fait l'objet d'enquête car ne faisant pas partie de la population cible. Ils effectuent les petits travaux, font les commissions, s'occupent du désherbage manuel, de l'arrosage, de la cueillette et du ramassage etc.... Mais ces deux dernières activités sont cependant beaucoup plus effectuées par les femmes bien n'étant pas productrices.

    Elles s'activent de manière considérable dans la cueillette et le ramassage.

    Ainsi on peut tirer la conclusion suivante : la population s'exerçant au maraichage dans la zone de KSN est constituée majoritairement de jeune et exclusivement d'hommes, cache cependant une diversité ethnique.

    c- Répartition selon l'ethnie

    A la suite de cette analyse il apparait nettement que l'ethnie majoritaire dans l'ensemble de la zone est les wolofs (64,6 %), suivies par les sérères (20 %), viennent loin derrière les peulhs, les diolas, les soninkés et les bambaras (ces deux dernières ethnies sont regroupées dans la catégorie autres ethnies) (cf figure no 7).

    Figure No 5 : la répartition des maraichers selon l'ethnie

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    La population maraichère de la zone renferme plusieurs ethnies variant d'un site à un autre. Dans le premier site étudié (camb 1), se trouve cinq ethnies dont les wolofs sont majoritaires (66,9 %), ceci s'explique d'une part par le fait que cette ethnie est majoritaire au sein du quartier et dans les quartiers environnants. Et d'autre part par le fait que le maraichage dans la zone étant généralement une activité familiale, ainsi la l'appropriation des terres se fait par héritage ce qui fait qu'elles restent aux mains de l'ethnie majoritaire. Ces wolofs sont suivis par les sérères qui viennent en deuxième position avec 16,6 %. Les diolas et les peulhs totalisent chacun 5,5 %. Une ethnie étrangère est retrouvée sur ce site : les bambaras qui représentent 1 producteur sur les 18 de l'échantillon.

    Au niveau du site 2 (camb 2) les tendances du premier site se confirme avec une domination des wolofs (60 %), suivis de loin par les sérères 20 %. Les peuhls viennent en troisième position avec 10 %, soit une légère hausse comparée au camb 1. Sur ce site l'absence des diolas contrairement au site précédent est observée. Les peuhls partagent cette troisième place avec les soninkés qui marquent leur présence avec 10 %. Ces dernières sont originaires pour la plupart de la sous région (Guinée, Cote d'Ivoire, Mali) venues pour fuir souvent la guerre ou l'instabilité économique dans leur pays. Ils louent des terres ou sont employés comme « sourgas »18 et sont souvent exploités par des propriétaires conscients du fait qu'ils sont en pays étranger et donc dépourvus de toutes les connaissances et des réalités du pays.

    Dans la zone du barrage, la domination des wolofs se poursuit. Sur ce site ils représentent 67 % des producteurs. Ils sont suivis par les sérères 22 % qui enregistrent une hausse par rapport aux deux premiers sites visités. Les peulhs viennent en troisième position avec 7 % soit une baisse de 3 % par rapport au camb 2. Les diolas ferment la marche avec 4 % seulement des

    18 Travailleur engagé dans les exploitations pour une duré bien déterminée et selon différentes modalités de rémunérations.

    36

    effectifs. Mais les autres ethnies sont absentes sur ce site. C'est dans ce site que se trouve la majeure partie des exploitations utilisant les céanes et les eaux usées épurées de la STEP. Donc ces maraichers sont plus ou moins exemptés de la corvée que constitue l'extraction de l'eau. Ce qui explique le fait que ce site soit largement occupé par les autochtones et les sérères des villages proches et l'absence ou la faiblesse des autres ethnies.

    La domination des wolofs sur l'ensemble des sites s'explique par le fait que Keur Saïb Ndoye fut fondé par eux, ce sont les premiers à se lancer dans le maraichage dans la zone, suivi en cela par les sérères. L'importance de ces derniers s'explique par la proximité des villages sérères de Fandène. Toutes les autres ethnies sont venues tardivement attirées par le développement du maraichage avec une demande de la main d'oeuvre de plus en plus importante.

    L'analyse de la diversité ethnique des producteurs de KSN est un paramètre très important pour comprendre la composition de la population maraichère. Après ceci l'analyse du niveau d'instruction s'impose.

    d- Niveau d'instruction des producteurs

    Sur 65 producteurs à Keur Saïb Ndoye seul le quart (24,6 %) a fréquenté l'école française (Cf. figure n° 8). Parmi ces 24,6% (soit 16 producteurs), les 13 ont arrêté leurs études au primaire et les 3 restants au moyen secondaire. Dans l'ensemble des trois sites aucun producteur n'a atteint le cycle supérieur. Les analphabètes sont au nombre de 38 soit 58,4 %. Si l'on y ajoute les 17 % ayant reçu l'enseignement coranique le résultat atteint 75,4 %. L'effectif plus ou moins important des producteurs ayant fait le cycle primaire est lié à la présence d'une école primaire dans le quartier. Mais aussi à la proximité de ce dernier avec le centre ville siège de nombreux établissements scolaires.

    Figure No 6 : la répartition des maraichers à Keur Saïb Ndoye selon le niveau d'instruction

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Le taux élevé d'analphabétisme est lié au fait que l'instruction en français dans le monde semi rural n'a pas atteint le niveau escompté par les autorités en terme d'éducation. Pour la plupart des familles rurales, l'école occidentale est source de perdition et de perte de temps autant pour les garçons que pour les filles. A cet effet les parents préfèrent amener leurs enfants avec eux dans les champs et avoir une bonne main d'oeuvre, ou les envoyer à l'école coranique que de les laisser fréquenter l'école française.

    Cette analphabétisme constitue un risque car ces maraichers analphabètes ne pouvant pas lire peuvent se tromper sur le dosage et le mode d'utilisation des engrais. Ceci peut conduire à des risques de pollution de la nappe phréatique (qui affleure), et à des complications sanitaires liées à la consommation des produits cultivés.

    e- Situation matrimoniale des maraichers

    D'emblée, dans toute la zone d'étude l'effectif des mariés domine tous les autres situations matrimoniales.

    Au niveau de Camb 1, 66,6 % des maraichers enquêtés sont mariés, 27,9 % sont des célibataires et 5,5 divorcés. Ceci résulte sans doute du fait que sur ce site plus de 50% des maraichers sont des adultes de plus de 30 ans, à cela s'ajoute le fait qu'en milieu rural et semi rural, les hommes ont tendance à se marier des qu'ils ont une source de revenu. L'importance des célibataires est liée à la présence de jeune de moins de 20 ans sur ce site.

    Sur le site de Camb 2, 55 % maraichers interrogés sont mariés, suivis par les célibataires 40
    %. Sur ce site y'a pas de divorcé par contre il y'a 5 % de veufs. Ici méme s'il est vrai que les
    jeunes de 20 à 30 ans sont beaucoup plus nombreux, lié au fait que son exploitation a démarré

    38

    beaucoup plus tardivement que les autres. Il n'en demeure pas moins que la moitié d'entre eux soit des mariés.

    Figure No 7 : la répartition des maraichers selon la situation matrimoniale

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Le site du Barrage présente presque les mêmes tendances avec 66,6 % de mariés, 33,4 % de célibataire par contre il n'ya pas de divorcé, ni de veuf contrairement aux sites précédents.

    Il apparait nettement après analyse que plus de la moitié des maraichers (63%) dans toute la localité de KSN sont mariés contre un tiers de célibataires (34 (Cf. figure no 9).

    Dans l'analyse de la figure des classes d'age les jeunes de 20 à 30 ans étaient beaucoup plus nombreux suivis par les adultes de 30 à 40 ans. Ainsi bien que cette population maraichère soit composée majoritairement de jeunes et d'adultes ; il n'en demeure pas moins que plus de sa moitié sont des mariés. Ceci s'explique part le fait que même si KSN fait parti de la ville, ses habitants gardent les habitudes des ruraux qui veulent que les jeunes se marient très tôt afin d'éviter les dérives et d'être responsables.

    3- ORGANISATION DES PRODUCTEURS

    L'enquête menée dans la zone de KSN révèle l'absence de toute structure d'organisation de la part des producteurs. Alors que face à l'évolution des techniques de cultures, à la recherche de nouveaux partenaires, à l'augmentation de la pression foncière, une bonne organisation des maraichers demeure nécessaire pour une modernisation et une sauvegarde de la pratique maraichère.

    En effet pour Khar Diakhaté19, un producteur de la zone, cette absence d'association ou de GIE s'explique très bien : « personne ne veut laisser sa parcelle même temporairement pour aller s'occuper de documents, des démarches administratives nécessaires ou diriger une association qui financiqrement n'apporte pas grand-chose ». Cette absence de coordination de la part des maraîchers entrave parfois la distribution des eaux usées épurées de la STEP. Car pour bénéficier de ces eaux il faut faire une demande et sachant que la STEP n'a pas atteint son volume maximal de production ce qui fait que tout le monde ne peu pas bénéficier de ces eaux : se pose alors le problème de leur répartition. Ce phénomène ne milite pas en faveur du développement de l'activité maraichère. Cette absence de structure d'organisation des maraichers s'explique par le niveau d'instruction en français faible, les querelles de leaderships entre les maraichers habitant KSN et ceux venant des autres localités. Toujours selon Khar Diakhaté : « ici la seule forme d'organisation qui existe est lorsqu'un producteur tombe malade les autres s'organisent pour entretenir son exploitation jusqu'à son retour. On forme un groupe qui va se charger d'entretenir la parcelle de la personne absente apr~s que chacun d'entre nous ai déjà fait le nécessaire dans sa propre exploitation ». Mais cette forme d'organisation relève beaucoup plus d'une solidarité entre producteur que d'une organisation professionnelle. Cette manque d'organisation fait qu'il n'ya aucune coordination entre les actions des producteurs, chacun adopte son propre calendrier cultural, ses propres méthodes, chacun se débrouille individuellement pour vendre sa récolte. Et ce manque de coordination fait qu'ils sont exposés à des risques de surproduction d'une meme spéculation sur une même période et dans ces conditions ils subissent le dicta des commerçants qui profitent de leur désorganisation.

    En définitive, l'évolution de Keur Saïb Ndoye a été entrainée par l'évolution de la ville de Thiès. Mais aussi la pratique et le développement du maraichage n'ont été possibles que grâce á la situation géographique du quartier (point de chute des eaux de ruissellement), á ses caractéristiques physiques avec ses sols propices au maraichage. Mais également á l'existence d'un marché de consommation (marché de Thiès) et á la présence de la STEP des cuvettes formées par l'extraction du sable. La réunion de tous ces éléments a poussé les autochtones du quartier á se lancer dans le maraichage. Cette population maraichère composée majoritairement d'hommes jeunes et d'adultes wolofs, fut enrichie au cours des années par des personnes venant d'ethnies et d'horizon diverses. Cette activité caractérisée

    19

    Producteur rencontré au niveau de notre second site d'enquête, qui fait partie des rares disposant d'un groupe électrogène

    40

    par une diversité de l'origine de l'eau utilisée est cependant gangrenée par un manque
    d'organisation des producteurs. Mais ces derniers ont mis en place des systèmes de
    production adaptés au milieu pour faire des cultures maraichères suivant plusieurs éléments.

    DEUXIEME PARTIE : CULTURES MARAICHERES,
    ECOULEMENT DE LA PRODUCTION ET REVENUS DES
    PRODUCTEURS

    42

    CHAPITRE I : LES CULTURES MARAICHERES

    Ces dernières années sont marquées par un accroissement sensible de l'intérêt porté aux cultures maraîchères dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest. Cet accroissement est en grande partie aux efforts accomplis par les gouvernements en vue d'équilibrer la nutrition

    des populations, de ravitailler les grandes villes. Mais également au fait que l'exportation de légumes vers les pays étrangers présente un intérêt économique certain. Il est de tradition que les paysans africains fassent pousser, en mélange avec leurs cultures vivrières habituelles, quelques légumes comme la tomate, le gombo, les aubergines. Ces légumes sont principalement utilisés par leurs producteurs pour la consommation familiale et les excédents sont écoulés sur les marchés locaux. Peu à peu, cependant, les modes de cultures ont évolué sous l'influence de la pression démographique, de l'augmentation de la demande, de l'urbanisation croissante et d'une incitation à la culture industrielle. C'est ainsi que les cultures maraichères se sont installées (constituées principalement de légumes de types africains ou européens) aux abords des grandes villes (Dakar, Abidjan, Bobo-Dioulasso) vers lesquelles s'amorce, d'autre part, un transport de légumes depuis l'intérieur. La pratique des cultures maraîchères au Sénégal constitue une activité très ancienne. Les premiers jardins potagers ayant été créés dans la presqu'île du Cap Vert dès le début du XIX' siècle20. A l'origine orientée essentiellement vers la satisfaction des besoins de la capitale, la principale zone de production est la région des niayes21, le long de l'océan, qui bénéficie de conditions pédo-climatiques très favorables. Par la suite, des ceintures maraîchères se sont développées à proximité des principales villes du pays. Il est donc normal dans ces conditions que le gouvernement du Sénégal se préoccupe de développer les cultures maraichères. Au point que dans son 6ème Plan de Développement Economique et Social 1981-1985, il considère le secteur maraîcher comme un des secteurs prioritaires. En effet, ces cultures permettent : de diversifier rapidement la production agricole, d'améliorer l'équilibre nutritionnel de la population. Mais aussi d'augmenter les revenus des agriculteurs, d'améliorer les conditions de vie du monde rural et de réduire le déficit de la balance des paiements. Mais les cultures maraîchères sont une spéculation difficile et délicate tant dans leur production que dans le cheminement des produits après la récolte22.

    20 Pagès J. 1995. Les systèmes de culture maraîchers dans la vallée du fleuve Sénégal. Pratiques paysannes, évolution : Nianga, laboratoire de l'agriculture irriguée en moyenne vallée du Sénégal. Paris : ORSTOM, p.171-187. Nianga, laboratoire de la culture irriguée, 1993-10-19/1993-10-21, (Saint-Louis, Sénégal).

    21 Idem

    22 C.D.H, 1986, Les cultures maraîchères au : Bilan des activités de 1972-1985 du CENTRE POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'HORTICULTURE

    Cette agriculture maraichère pratiquée à la périphérie de la ville, fournit 60% des légumes consommés en ville23. C'est dans cette méme optique que la ville de Thiès voit se développer dans ses alentours des activités maraichères qui deviennent de plus en plus importante. Dans la zone de KSN le maraichage est pratiqué toute la saison sèche dans la vallée (zone barrage), ainsi que dans les cuvettes. Cependant, l'importance du maraichage d'hivernage constitue de plus en plus une stratégie de réponse aux difficultés liées à la disponibilité de l'eau durant toute la saison sèche.

    Dans cette zone comme partout au Sénégal ou le maraichage s'est développé, les cultures maraichères sont caractérisées par une très grande diversité aussi bien sur le plan des techniques culturales que des spéculations produites.

    1- Les techniques culturales

    Le maraichage est une activité caractérisée par une diversité de techniques culturales dans les pays sahéliens vu les nombreux paramètres : pédologiques, hydrographique, moyens utilisés, disponibilité de l'eau etc....

    Elles reposent essentiellement sur les techniques d'exhaure, les méthodes d'irrigation, les moyens utilisés et la fertilisation des sols. La maîtrise des itinéraires techniques dans la production maraichère est à promouvoir même si d'un site à un autre ou d'un type d'exploitation à un autre, il existe des différences. Ainsi, selon la spécialité du site de production, les connaissances se limitent à l'augmentation des rendements par l'accroissement des surfaces conditionné également par l'exhaure et les méthodes d'irrigation. Ici dans la zone de KSN, les techniques utilisées ne sont pas très modernes certes mais très diverses.

    - Le mode d'irrigation

    Le mode d'irrigation : est une opération consistant à apporter artificiellement de l'eau aux cultures permettant leur développement normal en cas de déficit. Le plus répandu est le mode d'irrigation manuelle par arrosoir qui est utilisé à 100 % dans la zone. En effet seuls deux maraichers sur les 65 de l'échantillon (soit 3 %) ont une motopompe. Mis à part ces deux producteurs tous les autres qui utilisent l'eau des puits pratiquent une exhaure manuelle à l'aide d'une poulie. Mais le constat est que la motopompe est destinée à faire sortir l'eau du puits, de la mettre dans des bassins et non pour arroser les cultures. La suprématie de ce mode d'irrigation s'explique par le fait que les superficies exploitées par chaque maraicher en

    23 Niang S, Girardet A.G, Sall A, octobre 2006, Agriculteur en eau trouble, agriculture urbaine bulletin no 33

    44

    moyenne 799 m2, ne sont pas de grandes tailles. Ces petites exploitations renferment une diversité de système et de techniques de cultures. Avec en réalité une stratégie visant à saisir toutes les occasions de vendre et à réduire les risques liés à la production d'une ou de deux cultures seulement, vu la fluctuation des cours. Ainsi il n'est pas rare de voire une association de culture sur une méme planche d'environ 7,5 m2 (5m longueur x 1.5m largeur) : association salade et chou ; tomate et salade ; oignon et salade.

    - Les moyens utilisés

    Les moyens utilisés par ces maraichers exploitant des domaines relativement petits, sont de petit matériel agricole de binage, de désherbage, d'émondage, de sarclage et de repiquage. La formation des planches se fait avec l'aide de houe et de râteau. Ces planches sont destinées à accueillir des spéculations tels que la salade, le chou, le persil, la menthe etc..... Les autres spéculations tels que le piment, les aubergines (douce et amère), sont repiquées après avoir quitté la pépinière, dans des trous d'environ 40 cm de diamètre, dont le sable a été retourné et mélangé avec du fumier ou de l'engrais. Le désherbage se fait également à la main ou à l'aide d'une houe. La lutte phytosanitaire et les modes d'utilisation des engrais sont des plus précaires surtout au niveau des petites exploitations. Le problème est d'autant plus alarmant que les connaissances sur les rémanences des produits utilisés sont quasi nulles (vu le manque de scolarisation élevé). Et les délais d'attente pour la dégradation de ces produits utilisés sont largement déterminés par les opportunités sur le marché. Les techniques de fertilisation sont mal maîtrisées parfois surtout en ce qui concerne l'utilisation des engrais minéraux et des produits phytosanitaires particulièrement chez les petits producteurs. En ce qui concerne la gestion de l'eau, (voire dans la première partie du mémoire chapitre II, 1-2).

    L'analyse de cette partie montre que l'utilisation de techniques culturales modernes n'est pas encore effective à KSN. L'absence totale de machine ou du maraichage de table, ou méme d'autre matériel de nouvelle génération dans la pratique du maraichage est à mettre en rapport avec l'absence d'organisation des maraichers. Mais ces techniques de cultures aussi traditionnelles soit elles cachent par contre une grande diversité dans l'utilisation des intrants pour le développement des cultures.

    2- Les facteurs de productions

    2-1 : Le fondier

    Il est considéré comme un facteur de production, c'est-à-dire un élément physique de l'unité d'exploitation qui lui permet de se reproduire. Le foncier (terre) occupe la première place dans la pratique le maraichage.

    Tableau No 3 : Répartition de la superficie des exploitations en m2

    Superficie (en m2)

    Nombre de fois cité

    Fréquence

    Moins de 400

    04

    6,2%

    400 - 800

    39

    60%

    800 - 1200

    02

    3.1%

    Plus de 1200

    20

    30,8%

    Total

    65

    100%

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Dans cette zone les exploitations maraichères sont de petites à moyennes tailles avec des superficies comprises entre 300 et 2500 m2. En effet, 66,2 % des maraichers ont des exploitations allant de 300 à 800 m2, alors que 33,9 exploitent des superficies de 800 à 2500 m2. La taille moyenne des exploitations est plus ou moins faible 799,23 m2, ce qui explique l'absence de la pratique de la jachère dans la zone qui est source d'appauvrissement des sols. Pourtant l'importance de la jachère dans le processus de restauration de la fertilité des sols n'est pas inconnue des maraichers. Par conséquent, les superficies totales correspondent aux superficies cultivables et cultivées. Ainsi même si des maraichers souhaitaient étendre leur exploitation à la suite de la disponibilité de l'eau ou d'une augmentation de la demande des populations, cette volonté d'extension déboucherait surement sur des conflits fonciers car y'a plus d'espace libre.

    Concernant le statut foncier de ces maraichers c'est-à-dire sur qu'elle base ils occupent et exploitent les parcelles, les réponses suivantes ont été obtenu :

    46

    Figure No 8 : La répartition des maraichers selon leur statut foncier

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    A keur Saïb Ndoye, 54% des maraichers affirment etre propritaire de leur parcelle et 46% occupent leur exploitation sur la base de différentes modalités. Ces dernieres sont la location (21% des maraichers) et le métayage (25% des maraichers).

    Sur les 35 maraichers qui affirment etre propriétaire, 27 d'entre eux l'ont eu par héritage (soit 77,15%), et les 8 restants par achat (soit 22,85). Les prix d'achat varient entre 100000f et 250000f cfa pour des superficies comprises entre 500 et 1900 m2.

    S'agissant de la location des parcelles celle-ci se fait généralement annuellement et les prix avancés sont compris entre 10000f et 30000f CFA pour les mêmes superficies citées précédemment. (Cf. figure no11).

    Figure No 9 : La répartition des maraichers locataires de parcelle selon les prix

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    2-2 : Les intrants

    Ils sont considérés comme l'ensemble des données qui entrent dans le cadre d'une production, se sont les semences, les fertilisants et les équipements. Dans le cadre de ce mémoire, l'accent est mis sur les semences et les fertilisants. Car le maraichage qui se développe dans la zone utilise de petites exploitations ne nécessitant pas beaucoup d'équipements. En ce qui concerne les quantités de semences des différentes spéculations l'absence de données nécessaires a compliqué le travail. Mais selon Faye M.C (2009)24 qui a travaillé dans le secteur, une légère augmentation de la quantité de semence a été notée sur les maraichers ayant accès aux eaux épurées de la STEP. Toutefois cette petite augmentation de la quantité des semences ne concerne que certaines spéculations : persil, aubergine douce et chou. Toujours selon elle cette légère augmentation de la quantité des semences par une portion des maraichers s'explique par la disponibilité des eaux usées épurées. En effet ces derniers espèrent accroitre leur production en augmentant les semences cumulées aux eaux épurées contenant des éléments fertilisants.

    Pour les fertilisants, deux types sont généralement utilisés dans la zone : il s'agit de l'engrais organique et de l'engrais chimique.

    > Dans cette zone l'engrais organique le plus utilisé est le fumier de cheval, de boeuf etc.... Ce type de fumier provenant des enclos des animaux est très utilisé ici, du début de la plantation jusqu'à la récolte. Les maraichers sont ravitaillés par des charretiers qui acheminent le fumier dans les champs à défaut de 2000 franc CFA par charge. Ce prix jugé trop chère par 56,9 % des maraichers, connait des fluctuations selon la période et la position de l'exploitation et varie entre 1500 et 3000 franc Cfa. Ce qui pousse les producteurs à allier les fertilisants organiques et chimiques.

    > Pour ce qui est des fertilisants chimiques, les plus utilisés par les maraichers de la zone sont : l'urée et le NPK25 qu'ils appellent « Alam ». ces fertilisants sont utilisés selon les types de cultures. Celles à fleures tels que la salade, le persil, le bissap nécessite beaucoup plus d'urée car elle permet un bon développement du feuillage. Par contre le NPK qui favorise un développement végétatif est utilisé en grande quantité pour les cultures à fruits tels que le piment, les aubergines (douce et amère) etc.... La aussi les prix sont jugés trop chères par prés de 60 % des producteurs. La quantité totale d'urée

    24 FAYE M. C, 2009, Evaluation des effets socioéconomiques de l'épuration biologique de la STEP de Keur Saïb Ndoye sur les exploitations agricoles des villages riverains, Mémoire de fin d'étude ENEA. 82 pages

    25 Les lettres N P K sont les symboles chimiques des trois principaux constituants atomiques des engrais : N = Azote, P = Phosphore, K = Potassium

    48

    ou de NPK utilisée par chaque exploitant dépend des types de spéculations cultivées. Cependant il est difficile de connaitre les quantités totale de fertilisant utilisés car ces maraichers évoluent dans l'informel et ne répertorient pas très souvent les quantités qu'ils utilisent pour chaque spéculation. Mais d'après leur estimation c'est le NPK qui est le plus utilisé car les spéculations ayant besoin de ce produit même s'ils ne sont pas en tête des produits les plus cultivés, occupent cependant beaucoup plus d'espace.

    En résumé, l'utilisation aussi bien des engrais chimiques qu'organiques par les producteurs conduits au bon développement des cultures. D'après nos enquêtes 100 % des maraichers utilisent des engrais organiques et 84,6 % d'entre eux les combinent avec les engrais chimiques. Cependant le taux d'analphabètes très élevé au sein des producteurs fait qu'il existe un réel risque sanitaire lié à la non maîtrise des dosages de ces fertilisants chimiques. Mais avec l'appui de l'ONG RODALE INTERNATIONAL qui initie les maraichers à la pratique du maraichage biologique, 15,4 % des maraichers affirment ne pas avoir recours aux engrais chimiques l'espoir est peut être permis. Ces différents types de fertilisants précités sont utilisés sur une diversité de spéculation.

    3- Les principales spéculations cultivées

    Les systèmes de productions maraichères péri-urbaines à Thiès sont très diversifiés en termes de spéculations produites. Cependant cette diversification semble suivre une logique de spécialisation en fonction de la typologie des sols, du site, de la taille des exploitations et des moyens utilisés. Ainsi dans les zones dépressionnaires situées au Sud- sud -- Ouest et au Sud -- sud - Est de KSN (camb yi 1 et 2) caractérisées par leur exigüité, des sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés. Et soumis aux contraintes hydriques particulières dans la zone, dominantes les cultures telles que la salade, le persil, la menthe, le bissap etc..... La menthe joue un rôle important notamment en apport financier substantiel permettant le financement en intrants divers et des besoins quotidiens des exploitations grâce à sa facilité de production. Ce dernier aspect fait qu'on la retrouve quasiment dans 40 % des exploitations. Dans 92 % des exploitations de ces deux sites la salade est majoritaire.

    Au niveau des sols decks et deck diors localisés respectivement dans la vallée et les hautes terres qui bordent celle-ci, se développent principalement les cultures suivantes : le piment, l'aubergine douce, le diaxatou, le chou etc..... Ces cultures poussent sur ces sols plus compacts et bénéficient de leur humidité du fait de leur capacité de rétention d'eau. En dehors de ces spéculations citées se retrouvent également d'autres cultures occupant de très faibles

    superficies. L'autre aspect remarqué dans la zone et qui mérite d'être signalé aussi bien au niveau des sols diors, decks et deck-diors c'est l'intégration de l'arboriculture dans le maraichage. Avec une production essentiellement constituée de mangues, d'agrumes, etc..... En effet 63,1 % des maraichers de la zone ont des arbres fruitiers dans leur exploitation.

    Photo No 4 : Importance de l'exploitation fruitière

    Sources : T.M. NDIONE, 2010

    D'une manière générale neuf types de légumes ont été identifiés et peuvent être classés en deux grandes catégories :

    > Les légumes feuilles : salade, persil, menthe, bissap etc..... Ces spéculations sont produites généralement durant toute la saison sèche car ne supportant pas trop les eaux de pluies.

    > Les légumes fruits : piment, aubergines (douce et amère), tomate etc. ..... Leur

    production dans la vallée connait un arrêt total du fait de l'impraticabilité du site.

    Tableau No4 : Les principaux types de légumes

    Feuilles

    Fruits

    Salade ; Menthe ; Persil ; Chou ; Bissap

    Piment ; Aubergine douce ; Diaxatou, Gombo

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Il apparait à la lumière de cette analyse que la production maraichère est très diversifiée en termes de spéculation. Parmi cette dizaine de spéculations les plus cultivées sont : la salade, la menthe, le piment, le persil etc.... Mais les spéculations tels que la salade, la tomate sont susceptibles d'être consommées crues, ce qui accroit le risque sanitaire lié à l'utilisation des

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    eaux usées même si elles sont traitées. Cependant toutes ces spéculations ne sont pas produites dans la même période. En effet, le choix des maraichers dépend de la demande du marché et des conditions physiques qui prévalent dans la zone.

    Malgré leur statut de petits exploitants les maraichers de keur saïb ndoye essaient tant bien que mal d'apporter des innovations dans leurs pratiques maraichères, méme s'il est vrai que beaucoup de chose reste à faire pour une forte évolution de la production.

    CHAPITRE II : LA PRODUCTION MARAICHERE : REPARTITION, EVOLUTION

    La production maraichère constitue le résultat final de l'ensemble des facteurs de productions. Au Sénégal le développement des cultures maraichères péri-urbain s'est accompagné d'un accroissement important des connaissances de la production. Cette production qui dépend de plusieurs facteurs est composée comme tantôt signalée par les légumes feuilles et fruits, et dominée par la salade, le piment, la menthe etc... Les principaux sites de production ont déjà été identifiés. Il s'agit des cuvettes situées sur toute la partie allant du Sud - Est vers le Sud - Quest du quartier ainsi que de la zone du barrage situé au Nord - Est de KSN dans la vallée de Fandène. Cette production est cependant assurée par différentes personnes qui travaillent selon plusieurs statuts.

    1- Les acteurs de la production

    Parmi les 65 maraichers enquêtés 41,5 % d'entre eux affirment qu'ils étaient dans d'autres secteurs d'activités que certains d'entre eux n'ont pas totalement délaissés. Ces derniers se définissent comme des maçons, des chauffeurs, des laveurs de voitures, des marchands ambulants présent dans le maraichage soit parce qu'ils n'ont plus d'emploi. Soit parce qu'ils veulent de quoi acheter du matériel (maçon, marchands ambulants) ou de quoi payer les frais afférents à l'obtention du permis de conduire (laveurs de voiture). Les autres qui étaient soit des élèves ou des dans de petits métiers instables, ont préférés se reconvertir dans le maraichage. Ce choix s'explique selon les intéressés par plusieurs raisons dont l'existence d'un potentiel, les revenus générés et surtout par le fait qu'ils ont grandi dans l'environnement du maraichage, car étant issus pour la plupart de famille ayant pratiqué le maraichage. Signalons au passage que 65,8 % des maraichers de la zone habitent à KSN, 26,51 % Viennent des quartiers et villages environnants (Médina Fall, Fandène, Kawsara, Keur Mbaye Diakhaté, Thiallé etc.....) et 7,69 % sont issue de milieux lointains.

    52

    Figure No 10 : la répartition des maraichers selon leur lieu de résidence

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    De méme des fonctionnaires à la retraite ou non, s'active aussi dans le maraichage grâce à l'utilisation des saisonniers (30,8 %) communément appelés « sourgas ». L'utilisation de ces derniers se fait suivant différents modes.

    > I 'eP Sloi : le saisonnier est employé et rémunéré en espèces mensuellement. Celui qui l'engage met à sa disposition le champ, le matériel, les intrants et est propriétaire de la production. Il est aussi son logeur dans la plupart des cas et s'occupe de sa nourriture.

    > Le confiage ou « mbéy séddo » : tout est mis à la disposition du « sourga »qui se charge de produire. A la récolte, les contractants se partagent de façon équitable les recettes après déduction ou non des charges par le propriétaire.

    > Le prêt de planches : Le « surga » peut y mener ses propres cultures, mensuelles. Pour cela il faut être sûr de disposer d'assez d'eau. Il travaille pour son employeur puis pour lui. Cette méthode permet au maraîcher de ne pas dépenser d'argent pour le travail, le « surga » se rémunérant sur la vente des produits des planches qu'il exploite pour son compte.

    Dans la zone de keur saïb 18,5 % des producteurs utilisaient comme mains d'oeuvre leurs enfants ou leurs frères et dans ces condition il été difficile voire impossible pour nous de connaitre les méthodes de rémunération. Cependant pour les 43,1 % des producteurs restants, soit ils exploitent eux-mémes leur champs sans aide extérieure, soit ils n'ont pas souhaités répondre à cette question.

    La journée de travail des maraichers varie de 4 à 15 heures de temps. En effet les maraichers
    vont aux champs au plutôt vers 5 heurs du matin et au plus tard à 10 heures. Ils rentrent au

    plutôt vers 12 heures et au plus tard vers 21 heures. Ces maraichers établissent par la suite un calendrier cultural selon différents critères.

    2- Répartition des cultures selon les différentes périodes de l'année D'après les enquêtes, la production de légumes à KSN est fonction des conditions écologiques (permettant un bon rendement) et commerciales (possibilité d'écoulement des produits). Cette production est largement influencée par la demande sur le marché. Ce qui fait que les maraichers essaient d'adapter leur calendrier cultural aux réalités de ce dernier. Tout en occultant pas le facteur écologique pour pouvoir tirer le maximum de profit de leur activité. De ce fait, il est fréquent de voire plusieurs cultures adoptées à la même période par la plupart des maraichers.

    Tableau No5 : Calendrier cultural

    Mois Légumes

    J

    F

    M

    A

    M

    J

    J

    A

    S

    O

    N

    D

    Salade

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Menthe

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Piment

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Persil

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Aubergines

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Chou

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Bissap

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Oignon

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Gombo

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Légende :

    Salade

    Menthe

    Piment Chou Gombo

    Aubergines

    Persil

    ignon

    Bissap

    Ce tableau montre nettement que hormis les aubergines, le chou, le gombo, toutes les autres
    spéculations ne sont pas cultivées ou bien en très faible quantité durant l'hivernage. Car les
    mois en blanc ne signifient pas forcément un arrêt total de leur production mais peuvent

    54

    correspondre à une baisse drastique due notamment à plusieurs facteurs. En effet selon les maraichers interrogés la culture de la salade, de la menthe et du persil est fortement réduite durant l'hivernage car ces derniers ne supportent pas les eaux de pluies. En outre la salade et la menthe sont aussi des cultures qui ne se développent pas très bien en période de fraicheur (décembre - février). L'arrêt de la culture du piment durant l'hivernage est par contre lié à l'occupation du site ou il est cultivé en grande partie (Nord de KSN, zone barrage) par les eaux de ruissellement. La pratique du maraichage sur ce site est impossible car les eaux stagnent ici avec des hauteurs atteignant parfois deux mètres. Quant aux aubergines elles sont cultivées toute l'année car ces spéculations sont très résistantes, méme une forte baisse de leur production est enregistrée durant l'hivernage liée aux mémes raisons que pour le piment. La culture du chou et du gombo est pratiquée d'avril à octobre, car ne supportant pas la fraicheur. Idem pour le bissap qui en plus de cela n'est pas cultivé pendant l'hivernage car subissant la concurrence du bissap cultivé sous la pluie. Toutes ces spéculations connaissent cependant différentes fréquences de récoltes. La salade dure un mois après avoir quitté la pépinière, le piment et les aubergines sont récoltés chaque semaine et parfois même deux fois dans la semaine. La menthe et le persil sont coupés à chaque quinzaine pour leur permettre de retrouver un feuillage normal. Cependant des spéculations comme le chou et l'oignon dure beaucoup plus longtemps (3 à 4 mois),ainsi les maraichers sont obligés d'avoir recours aux cultures à cycle court pour disposer à tout moment de revenus monétaires.

    D'une manière générale le calendrier cultural du maraichage dans la zone de KSN est fortement influencé par les conditions physiques mais aussi par la demande du marché. Mais malgré ces contraintes physiques, les maraichers font des cultures de contre saison, car ces dernières apportent beaucoup plus d'argent. A cela s'ajoute la diversification des cultures sur une même période pour éviter les surproductions et avoir tout le temps quelque chose à vendre.

    3- L'évolution de la production maraichère

    Durant ces deux dernières décennies, la production maraichère a connue un grand essor au Sénégal, ou elle est perçue comme une alternative pouvant permettre aux producteurs de trouver des revenus et aux marchés de se ravitailler en légumes frais. Cette production évolue cependant selon les zones de la vallée du fleuve jusqu'aux Niayes de Dakar en passant par Mboro et les cuvettes de KSN etc...., la tendance de la production n'est pas la méme.

    D'après les données d'enquêtes, la production maraichère connait une forte évolution dans la zone de keur saïb grâce à plusieurs facteurs. En effet 92,3 % des maraichers interrogés affirment avoir noté une croissance de leur production sur ces trois dernières années. Seuls 7,7 % disent ne pas avoir constaté une évolution positive de leurs récoltes. Cependant cette croissance de la production est liée à plusieurs éléments. Parmi les maraichers ayant constatés une croissance, 61,4 % d'entre eux pensent que c'est liés à l'augmentation de la demande, car il est évident qu'on produit plus si on est sur de trouver des acheteurs. Ensuite 31,6 % d'entre eux considèrent que cette croissance est due à la disponibilité de l'eau avec la présence de la STEP. La quasi-totalité des maraichers ayant donnés cette réponse sont alimentés en eaux par la station. Les 7 % restants lient cette croissance de la production à d'autres facteurs comme la disponibilité de la main d'oeuvre bon marché etc..... Fait important à relever cette évolution de la production ne s'est pas accompagnée d'une augmentation des superficies cultivées. Ces dernières sont restées pratiquement les mêmes durant toutes ces deux dernières années du fait que tout l'espace cultivable est déjà exploité, que ça soit au niveau du barrage ou dans les carrières. Ainsi sur des superficies plus ou moins réduites les maraichers de keur saïb ont réussi à augmenter leurs productions. Notamment grace à leur volonté de satisfaire une demande de plus en plus croissante d'une part et d'autre part à l'utilisation des eaux usées épurées. En effet ces eaux étant disponible, les maraichers gagnent du temps et dépensent moins d'énergie pour s'approvisionner en eau, donc peuvent intensifier et diversifier leurs productions. Cependant l'absence d'une structure d'organisation des producteurs fait qu'il est difficile d'avoir un tonnage des produits récoltés durant ces dernières années. Mais pour la salade, les récoltes tourne autour de 175 pieds par planche car elle est cultivée dans des planches de 7,5m2 environ (5 pieds de salades sur la largeur et 25 pieds sur la longueur).

    Figure 11 : Facteurs favorables au développement du maraichage à Keur Saïb Ndoye

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

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    A la lumière de ces résultats disons que le développement de la production maraichère à keur saïb est lié à la forte demande de la population de la ville de Thiès ce qui confirme notre première hypothèse de recherche, méme s'il est vrai que ce n'est pas l'unique raison. De la production à la consommation de ces produits, beaucoup de paramètres et d'acteurs interagissent, ce qui pousse à analyser le mode d'écoulement des légumes.

    4- Les difficultés rencontrées par les maraichers

    Elles sont diverse et peuvent se résumer comme suit : la principale difficulté est relative à l'eau surtout pour les maraichers utilisant les céanes simples et les puits. Les céanes sont confrontés à un assèchement vers les mois d'avril-mai-juin (cf Photo No 5). Tandis que 90 % des maraichers utilisant les puits disent rencontré des problèmes liés à la baisse du niveau de l'eau en période forte chaleur. La détérioration des conditions climatiques dans la zone sahélienne durant ces dernières années combinée à l'intensification de la pratique du maraichage font que la nappe phréatique s'appauvrit d'année en année. Les autres problèmes rencontrés par ces maraichers sont les dégâts causés par les parasites principalement sur le piment, les aubergines, le chou etc..... La cherté des intrants, le manque de matériels modernes, le manque d'encadrement, d'assistance technique et de financement affectent aussi l'activité. En effet ces maraichers sont laissés à eux méme et ne bénéficient quasiment d'aucune aide des structures agricoles ou des autorités locales. Tous ces difficulté font qu'ils éprouvent d'énormes difficultés de la semence et la récolte, mais surtout au début de la campagne maraichère. Ces problèmes de manque d'encadrement et de financement risquent de perdurer vu le manque d'organisation des maraichers, car il est beaucoup plus facile pour les structures d'appui et les partenaires au développement de travailler avec des associations, des G.I.E etc....

    Il est nécessairement qu'ils s'organisent s'ils veulent recevoir des financements, des séances de formation de la part des autorités et des acteurs du développement (ONG, projet etc.....), enfin de booster le maraichage à keur saïb ndoye. Ainsi l'avenir du maraîchage dépend aussi de la capacité d'organisation de ces producteurs péri-urbains.

    Photo No 5 : Céane asséchée

    Source : T.M NDIONE 2010

    La pratique du maraichage à KSN se caractérise en gros par une diversité de techniques culturales marquées par l'utilisation de l'arrosage manuelle, de matériel rudimentaire. Mais aussi par une large gamme de spéculations cultivées réparties en deux grands groupes les légumes feuilles et les légumes fruits. Ceux-ci se développent avec l'apport des engrais (chimiques et organiques) qu'ils reçoivent. Les maraichers de la zone sont originaires de KSN dans leur grande majorité et utilisent une main d'oeuvre variée rémunérée selon différentes manières. Ils adoptent un calendrier cultural bien établi pour mieux tirer profit du milieu. C'est ainsi qu'ils ont enregistré une évolution significative de leur production liée à de nombreux facteurs dont celui de la demande de plus en plus importante en provenance du marché central de Thiès. Mais tout ceci s'accompagne de certaines difficultés. Pour mieux comprendre l'activité maraichère à KSN, l'étude de l'écoulement des produits ainsi que des revenus des producteurs semble nécessaire.

    58

    CHAPITRE III : L'écoulement des produits : des exploitations au marchécentral de Thiès

    A leur production, les légumes suivent un trajet de l'exploitation aux mains des consommateurs en passant par différentes étapes. L'étude de ce trajet permettra d'évaluer le dynamisme de la filière d'écoulement des produits maraichers à keur saïb. Au terme de ceci ressortira les acteurs de la commercialisation, les circuits de commercialisation ainsi que la destination de la production.

    1- Les acteurs autour de la commercialisation

    C'est dans cette phase de commercialisation que les rapports citadins - ruraux s'établissent régulièrement. Car le commerce amplifie les liaisons entre le producteur de KSN et le commerçant ou consommateur de la ville de Thiès. Les produits passent par un circuit d'intermédiaire pour atteindre le citadin consommateur. La vente de ces produits ne répond pas à une structuration préétablie. Elle est monopolisée par les coxeurs et les bana-banas très rusés mais incontournables dans la chaine d'écoulement. Plusieurs catégories d'acteurs sont impliquées dans la filière de commercialisation des produits maraichers.

    Les producteurs constituent le premier maillon de la chaine. La plupart d'entre eux rencontrent d'énormes difficultés liées au stockage des produits récoltés (parce que périssable), ce qui fait qu'ils sont obligés de les écouler très vite. Ces producteurs travaillent généralement avec deux types de partenaires pour la commercialisation, il s'agit des coxeurs et des bana-banas. Mais parfois ils traitent directement avec les consommateurs qui viennent vers eux.

    Les coxeurs sont des intermédiaires entre les producteurs et bana-banas qui occupent une position centrale dans la filière de commercialisation. Ils interviennent dans la régulation au sein du marché car ils acceptent les produits quelle que soit la situation sur le marché. Leur rôle consiste à trouver des clients bana-banas pour les producteurs ou à acheter eux la marchandise aux mains des producteurs pour la revendre. Ces coxeurs sont souvent au niveau du marché central (Thiès) et leur intervention diminue parfois fortement le prix de vente des producteurs. Ils vendent comptant ou à crédit selon l'état du marché et interviennent dans la fixation des prix.

    Les bana-banas assurent la vente des produits en gros (pour les petits revendeurs) ou en
    détail (pour les consommateurs) dans le marché. Ces bana-banas s'approvisionnent auprès
    des producteurs ou des coxeurs. Cependant l'idéal pour les commerçants et les producteurs,

    serait de travailler en étroite collaboration et sans intermédiaire. Mais le constat montre que les coxeurs occupent une place presque incontournable dans la filière de commercialisation.

    Ces acteurs autour de la commercialisation sont issus pour la plupart de keur saïb pour les producteurs et du marché central de Thiès pour les coxeurs et les bana-banas. Cependant certaines femmes de la localité se transforment occasionnellement en revendeuses de détails et amènent les récoltes de leurs maris ou fils au marché central de Thiès pour les écouler.

    2- Les circuits de commercialisations

    Schéma 1 : Ecoulement des produits de l'exploitation aux consommateurs

    Bana-banas

    Détaillants

    Consommateurs

    Consommateurs

    Producteurs

    Coxeurs (au
    marché central de
    Thiès)

    Bana-banas

    Détaillants

    Une fois récoltés les produits sont vendus tout de suite et ceci dans toute la zone d'étude. Cette vente se fait dans les exploitations elles mêmes ou dans les marchés (central de Thiès, de Thiaroye). L'essentiel des bana-banas se trouve au marché central. Ainsi le marché central constitue le lieu d'approvisionnement privilégié des autres marchés.

    60

    Les produits empruntent plusieurs circuits d'écoulement de l'exploitation aux consommateurs, parmi ces chaines les plus connus sont les suivantes (cf. schema No 1):

    > La première chaine part de l'exploitation vers les marchés (central de Thiès) une fois sur place ces produits sont confiés à des coxeurs qui les vendent à des bana-banas et ces derniers à des détaillants avant qu'ils n'atteignent le consommateur.

    > La seconde chaine va toujours de l'exploitation vers les coxeurs des marchés qui vendent aux bana-banas qui ravitaillent directement les consommateurs.

    > La troisième chaine, les bana-banas se ravitaillent dans les exploitations pour revendre aux détaillants qui approvisionnement les consommateurs.

    > La quatrième chaine est la plus courte car les consommateurs se ravitaillent directement auprès des producteurs. Cependant cette chaine est peu développée comparer aux autres.

    D'une manière générale, deux grands circuits de commercialisations sont identifiés en fonction des produits et de la quantité produite. Il s'agit des circuits courts et des circuits longs.

    Pour les premiers qui sont les plus souvent utilisés, il s'agit de la vente directe ou à un intermédiaire. Ces circuits englobent la troisième et quatrième chaine décrites ci-dessus et concernent le plus souvent les produits tels que la salade, le persil, la menthe (denrées périssables supportant moins le transport). Ainsi ces légumes feuilles utilisent les filières courtes avec pas ou peu d'intermédiaires. Les autres spéculations à savoir les légumes fruits utilisent aussi ces circuits lorsque les récoltes ne sont pas très grandes.

    Pour les circuits longs, ils sont le plus souvent utilisés pour des spéculations comme le piment, les aubergines car ils se conservent mieux et supportent plus les longs trajets. Ces circuits englobent la première et seconde chaine décrite précédemment. Trois ou quatre intermédiaires interviennent le plus souvent dans la distribution : producteur, coxeurs, banabanas, détaillant.

    En période de surproduction les bana-banas attendent que les maraîchers viennent les trouver alors qu'en période de faible production les bana-banas se déplacent vers les champs pour continuer leur activité. C'est l'occasion pour eux de nouer des relations avec les maraîchers. Le même phénomène est observé pour le piment en période de surproduction entre les coxeurs et les bana-banas : les coxeurs se déplacent vers les bana-banas pour vendre la marchandise qui leur est confiée et qu'ils ne peuvent pas refuser. En période de pénurie les

    bana-banas doivent se déplacer et trouver les coxeurs car la demande étant supérieure à l'offre.

    C'est à partir du marché central de Thiès que viennent s'approvisionner les autres commerçants des autres marché de la ville de Thiès. Cependant il est difficile d'avoir les chiffres exacts en termes de quantité de légumes qui arrivent dans le marché en provenance de KSN. Ceci est lié au fait que les légumes débarquent de manière désordonnée et que chaque producteur s'occupe d'écouler ses propres récoltes ou les confient aux coxeurs. Mais selon les témoignages recueillis auprès de certains bana-banas et coxeurs, 90 à 95% des légumes produits à KSN arrivent au marché central de Thiès. Ceci permet d'affirmer que KSN constitue le principal point de ravitaillement de légume de la ville Thiès, mais aussi que cette dernière joue un rôle principal dans le développement du maraichage à keur saïb. Les commerçants de Thiaroye sont ravitaillés par les producteurs de KSN en période de surproduction. Mais la part des légumes qui débarque à Thiaroye en provenance de KSN est presque insignifiante, car ce marché dispose d'une zone d'approvisionnement beaucoup plus proche : les Niayes de pikine.

    3- La destination de la production

    Dans la zone de keur saïb la production n'est pas autoconsommée, elle est destinée entièrement à la commercialisation. Méme s'il est vrai qu'au cours des enquêtes qu'une infime part est prélevée par le propriétaire ou le locataire avant la vente pour les besoins domestiques. En effet, il arrive que des femmes viennent chercher certains légumes dans le champ de leur mari pour le repas du jour ou en emportent avec elles après la cueillette, puisque c'est dans cette activité de la production qu'on les retrouve. Toutefois cette partie de la récolte consommée est insignifiante comparée à celle vendue sur place ou au niveau du marché central. Cette commercialisation de la production totale peut s'expliquer par l'exploitation de petits périmètres maraichers dans la zone. Cependant elle a permis de voir le double caractère de la production maraichère : satisfaction des besoins domestiques et accumulation de revenus financiers après la vente.

    Sur la destination de la récolte des légumes feuilles, tous les maraichers interrogés affirment traiter avec des bana-banas venant du marché central de Thiès. En effet ces bana-banas viennent directement dans les champs acheter la salade, le persil ou la menthe qu'ils acheminent au marché central où ils seront redistribués à l'intérieur du marché et vers les autres marché de la ville (le marché central principal marché de la ville de Thiès joue un rôle

    Légumes fruits seulement en cas de surproduction

    Marché de Thiaroye Marché central de

    Thiès

    Keur Saïb Ndoye

    Légumes feuilles et
    Fruits en toutes périodes

    62

    de distributeur pour les marché secondaire de la ville). Ces trois spéculations plus le bissap ne sont vendues que dans les exploitations et par planche du fait de leurs difficultés de conservation. Les maraichers préfèrent laisser les bana-banas ou les consommateurs venir les cherchés.

    Pour le piment cultivé par 47,69 % des maraichers et l'aubergine douce 32,3 %, ces maraichers affirment qu'ils transportent eux-mémes les produits jusqu'au marché de Thiès ou au marché de Thiaroye (lorsque la production est très importante) ; où ils sont vendus ou confiés à des coxeurs. Par contre lorsque les récoltes sont faibles les maraichers préfèrent

    attendre les bana-banas dans les champs, car selon eux il n'est pas rentable d'aller jusqu'àThiaroye ou au marché Thiessois pour vendre juste quelques kilogrammes.

    D'après toujours les résultats des enquêtes, 67,69 % maraichers cultivent la salade, 55,38 le persil, 36,9 % la menthe (ces producteurs ne produisent pas uniquement une seule spéculation et 3 à 5 spéculations peuvent se retrouver dans une même exploitation). Sachant que prés de 98 % de cette production est acheminée par les producteurs ou les bana-banas en direction du marché central de Thiès ; on peut affirmer que la majeure partie des légumes cultivés à keur saïb sont écoulés dans ce marché. Ce qui confirme la seconde hypothèse d'étude qui disait que : La majeure partie des légumes cultivés à keur saïb ndoye sont écoulés vers le marché central de Thiès.

    Schéma No 2 : Destination des récoltes selon les spéculations

    63

    En effet seul le piment (cultivé par 47 % des maraichers) et les aubergines sont parfois écoulés vers d'autres marché plus précisément Thiaroye et ceci ne se fait qu'en période de surproduction (voire schéma No 2). Cependant ces flux de légumes vers Thiaroye sont très faibles voire insignifiants. La majeure partie des légumes feuilles vendus au marché central de Thiès proviennent de la zone d'étude. Le méme constat a été fait par MOUSTIER26 dans différentes villes du Sud : « La part de jardins situés dans la ville et dans la périphérie proche représente 80 % de l'approvisionnement en légumes feuilles pour Brazzaville, 100 % pour Bangui ; 90 % pour Bissau et Antananarivo ». Il n'existe pas de flux de légumes feuilles vers Dakar car elle à ses propres lieux de production péri-urbaines en plus de sa proximité avec les Niayes. Cependant selon certains maraichers des commerçants viendraient de Louga et de Touba pour se ravitailler, car la culture des produits maraichers n'étant pas très développés dans ces centres urbains.

    En somme la commercialisation des légumes est assurée par une multitude, d'acteurs qui font passer les récoltes par différents circuits. Ces derniers peuvent être courts (légumes feuilles) ou longs (légumes fruits). Les légumes feuilles sont pris dans les exploitations par les banabanas puis vendus dans leur quasi totalité au marché central de Thiès. Cette vente procure des revenus aux producteurs et vu la diversité des acteurs, des circuits de commercialisation, il serait intéressant d'analyser les revenus tirés du maraichage.

    4- Les problèmes liés à l'écoulement de la production

    Les problèmes liés à l'écoulement des produits sont nombreux mais les plus saillants sont ceux en rapport avec le transport et le manque de moyens de conservation.

    Les difficultés liées au transport concernent surtout les filières longues pour les produits comme le piment, les aubergines. Le transport de ces produits vers des villes comme Dakar ou Touba pose d'énormes problèmes quand on sait que les maraichers ne disposent pas souvent de moyens financiers nécessaires au transport des récoltes vers ces sites éloignés. Même si la vente s'effectue à des prix souvent favorables. Ces maraichers sont donc obligés d'avoir recours aux taxis clandos qui desservent keur saïb jusqu'à la gare routière de Thiès avant de prendre un autre véhicule en partance pour d'autres villes.

    26 MOUSTIER, P., (1999), Complémentarité entre agriculture urbaine et agriculture rurale, http://www.idrc.ca, site du CRDI

    64

    A coté de ces problèmes liés au transport se pose la question de la conservation des produits une fois récoltés. Dans toute la zone de keur saïb il n'existe aucun hangar aménagé pour conserver les récoltes juste pour quelques jours. C'est ce qui explique qu'en cas de mévente ou de surplus de production, les maraichers n'ont d'autre alternative que de bazarder leurs récoltes. En effet faute de moyens de stockage, ils sont souvent obligés de se plier aux exigences aléatoires du marché et des bana-banas intéressés par le profit. La mise en place d'un local de conservation s'impose donc d'autant plus des rumeurs faisant état de difficultés de conservation du persil arrosé à l'eau épurée de la STEP commence à s'élever, mais ils restent à vérifier.

    En somme, l'écoulement des produits passent par plusieurs acteurs et filières de l'exploitation aux consommateurs. Les légumes cultivés à keur saïb sont destinés pour leur grande majorité à approvisionner le marché central de Thiès en dépit du fait que certaines spéculations continuent jusqu'à Dakar. L'écoulement de ces produits est cependant confronté à certains problèmes, néanmoins les producteurs en tirent des revenus plus ou moins considérables.

    CHAPITRE IV : Les aspects financiers, sociaux et l'avenir du maraichage a Keur Saïb Ndoye

    L'agriculture maraichère pratiquée à la périphérie des villes bien que discrètement représentée vis-à-vis de l'ensemble des activités des secteurs secondaires et tertiaires, joue un rôle important dans l'économie péri-urbaine. Elle constitue pour ces acteurs un secteur d'emploi et de revenu.

    1- Les revenus tirés des différentes spéculations

    Les prix des spéculations ne sont pas fixes. Les variations des prix des spéculations ou fluctuations saisonnières dépendent de plusieurs facteurs parmi lesquels la production. Si les maraichers produisent les mêmes cultures durant la même période, il est évident que ces derniers seront disponible en grande quantité sur le marché donc seront vendus à bas prix. Ce qui réduit considérablement les revenus des maraichers durant cette période. Alors que s'ils diversifient ou alternent les cultures de sorte que ces dernières ne se retrouvent pas en même temps sur le marché, celle-ci seront limitées et vendues à bon prix, donc plus de revenus pour les producteurs. Ainsi mis a part les facteurs de productions, une moyenne des bons et bas pris de chaque spéculation a été calculée afin d'avoir une idée beaucoup plus précise sur les revenus des maraichers.

    On remarque sur ce tableau que les revenus tirés des spéculations ne sont pas les mêmes selon qu'on soit en période de bas ou bon prix. Les spéculations sont hiérarchisées dans ce tableau par ordre de rentabilité. En effet les revenus provenant des spéculations comme la salade, le persil, le piment, la menthe sont beaucoup plus élevés que les autres. En d'autres termes, ces spéculations sont beaucoup plus rentables. Ceci s'explique par l'importance des superficies qu'elles occupent (2 ou 3 d'entre elles sont citées par les maraichers comme faisant partie des principales spéculations cultivées), et d'autre part par leur prix de vente. Ce prix peut atteindre 1500 à 2000f Cfa/kg pour le piment, 3000f Cfa/planche pour la salade, le persil, la menthe et 250 à 350f Cfa/kg pour les aubergines. Toutes les autres spéculations restantes sont marquées par la part faible qu'elles occupent dans les superficies et par des prix de vente variant entre 125 et 500f Cfa/kg. Donc ces dernières sont beaucoup moins rentables.

    66

    Tableau No 6 : Moyenne des prix des différentes spéculations en FCFA

    Prix (en fcfa)

    Bon prix

    Bas prix

    Moyenne

    Salade/ planche

    3000

    2000

    2500

    Piment/kg

    6000

    800

    3400

    Persil/planche

    3000

    2000

    2500

    Aubergine douce/kg

    250

    100

    175

    Menthe/ planche

    3000

    2000

    2500

    Diaxatou/kg

    350

    150

    250

    Chou/kg

    600

    300

    450

    Oignon/kg

    150

    100

    125

    Gombo/kg

    250

    150

    200

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    N.B : Le bissap n'est pas noté ici car connaissant une variation des prix selon les maraichers

    Dans ces petites exploitations de KSN, ce n'est pas l'aspect technique qui est primordial, mais plutôt le bénéfice social à tirer du lopin de terre. Certains maraichers rencontrés disent avoir opté pour le maraichage comme activité primaire à cause des gains qu'elle procure, méme dans l'absence totale de mécanisation ou d'organisation de la filière. Quelle que soit l'importance de l'offre, le maraichage procure annuellement des revenus monétaires relativement confortables.

    2- Les apports financiers du maraichage 2-1 : Les revenus mensuels des maraichers

    Il est très difficile de connaitre les revenus mensuels exacts tirés du maraichage, ceci du fait que le secteur baigne dans l'informel total. Et aussi comme cela a été dit un peu plus en haut, les maraichers étaient très réticents quand il s'agissait de répondre aux questions relatives aux aspects financiers. Mais également du fait que les maraichers estiment leurs revenus en termes de campagne : campagne piment, campagne salade etc..... C'est pour cela que les données

    financières obtenues ici sont tirées auprès de certains producteurs après estimation des recettes par campagne et comparaison avec les données tirées d'autres sources. Le graphique suivant décrit les revenus mensuels des producteurs après déduction des charges.

    Figure No 12 : la répartition des revenus mensuels des maraichers

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    Ce tableau montre d'une manière générale que les revenus mensuels tirés du maraichage varient de moins de 100000f Cfa à 200000f Cfa. En effet la majorité des maraichers enquêtés précisément 55,4 % affirment que les sommes qu'ils tirent de cette activité s'élève à moins de 100000f Cfa/mois. Ils sont suivis par ceux qui ont un revenu variant de 100000 à 150000f Cfa, ces derniers constituent 13,8 % de l'échantillon. Une faible part des maraichers dépasse cependant la barre des 150000f Cfa/mois, seule 3,1 % des maraichers. Ces derniers sont pour la plupart ceux disposant de grande surface utilisant l'eau de la STEP ou ayant une motopompe. Ces résultats peuvent cependant varier du fait de l'importance des non réponses, 27,7 % des maraichers n'ont pas souhaités répondre à cette question alors que leur réponse aurait certainement une incidence sur le résultat global.

    2-2 : La rentabilité du maraichage

    Dans la zone de keur saïb, le maraichage constitue la principale source de revenu du 2/3 des maraichers enquêtés. Cette activité comme toute autre activité est susceptible de fournir des revenus et les personnes (maraichers) qui s'y adonnent aspirent à tirer profit de ce travail de longue haleine. Se référant aux résultats obtenus lors des enquêtes 64,6 des producteurs maraichers jugent l'activité rentable. Car selon eux, méme s'il est vrai que le maraichage

    68

    constitue une activité pénible, il n'en demeure pas moins qu'elle soit rentable. Ils ajoutent qu'après vente des récoltes et déduction des frais (semences, fertilisant, salaire des employés etc....), ils leur restent de l'argent pour subvenir à leurs besoins personnels. A cotés de ces maraichers certains (13,8 %) soutiennent que le maraichage n'est du tout rentable, ils le pratique faute de trouver un autre travail et d'autres (21,5 %) également qui n'ont pas souhaités répondre à cette question comme nous le montre graphique suivant.

    Figure No 13 : La rentabilité du maraichage

    Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

    3- Les apports du maraichage dans la zone

    Le maraichage constitue la principale activité pratiquée à KSN sur laquelle la plupart de la population tire leurs revenus. Qu'ils soient producteurs, employés, bana-banas etc.... ces acteurs essaient de tirer profit de cette activité. Ces profits sont analysés ici pour les producteurs en termes d'amélioration de leur situation économique et sociale avec la pratique du maraichage, ainsi que des réalisations faite grâce aux revenus générés par celui-ci.

    3-1 : L'amélioration de la situation économique et sociale des maraichers

    Cette partie de l'enquête aussi n'a pas été facile car certaines réponses étaient vagues. En effet
    à la question de savoir s'ils avaient notés une amélioration de leur situation économique et
    sociale avec la pratique du maraichage, certains maraichers répondaient par « niongui sant

    yalla27 ». Et vu la conception sénégalaise de ce terme on a jugé prudent de le classer dans la catégorie des non réponses et ces derniers représentent 24,6% des réponses comme l'indique le tableau suivant. Néanmoins 66,2 % des maraichers interrogés affirment avoir constatés une amélioration de leur condition de vie avec la pratique du maraichage. Cependant 9,2 % d'entres eux disent ne pas constater une amélioration.

    Tableau No 111[ 11;P SDct11dX11P DLDIWDTe11IXL11l'Dmélioration de la situation économique et sociale des maraichers

    Amélioration de votre situation économique et sociale avec la pratique du maraichage

    fréquence

    Part relative

    Non réponse

    16

    24,6%

    Oui

    43

    66,2%

    Non

    06

    9,2%

    Total

    65

    100%

    Ces résultats confirment donc notre affirmation vu que la majeure partie des maraichers (65,8 %) habite keur saïb et que plus de la moitié sont d'avis que la pratique du maraichage améliore leurs conditions de vie. En effet Pour la plupart d'entre eux c'est grace au maraichage qu'ils entretiennent leur famille, arrivent à subvenir à leurs besoins et économisent de l'argent pour invertir dans d'autre secteurs.

    A la lumière de ces résultats la troisième hypothèse d'étude qui disait que : les revenus générés grâce à cette activité contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations locales, est vérifiée.

    3-2 : Les réalisations faites grâce aux revenus tirés du maraichage

    La première vocation du maraichage péri-urbain vise moins l'autoconsommation que le ravitaillement des marchés urbains. Les revenus maraichers jouent un rôle déterminant dans l'équilibre économique de l'unité de production. Ils permettent la couverture des besoins de consommation courants (besoins alimentaires, habillement, dépenses de santé et d'éducation etc....) mais également le financement du capital de production et l'investissement dans d'autres secteurs d'activités. Ici à keur saïb, les réponses qui revenaient le plus souvent pour les maraichers de plus de 40 ans étaient la prise en charge de la famille, la construction de chambre en dur, l'élevage de bovin et d'ovin etc.... Pour les jeunes de moins de 30 ans le

    27

    Terme ouolof signifiant littéralement nous rendons grâce à Dieu

    70

    maraichage constitue un tremplin pour économiser de l'argent pour investir dans le commerce en ville, pour payer les frais relatifs à l'obtention d'un permis de conduire, investir dans l'aviculture. A cet effet l'aviculture connait ces dernières années un développement important dans la zone. Tandis que d'autre jeune affirment leur volonté d'acheter un taxi clando ou d'émigrer en Europe s'ils économisent assez d'argent.

    Donc pour la plupart de ces jeunes qui s'activent dans le maraichage cette activité n'est qu'un passage avant une probable reconversion vers d'autres secteurs d'activités.

    4- Fonctions et avenir du maraichage à keur saïb

    Dans cette partie l'intérêt est porté sur l'étude du rôle ou l'importance des activités maraichères dans la zone mais aussi l'avenir du maraichage face à l'avancé du front urbain.

    4-1 : Les fonctions du maraichage à keur saïb

    Ces fonctions sont nombreuses mais retenons celles économiques et social ainsi qu'a celles alimentaires. Comme tantôt signalé la majeur partie des maraichers interrogés habitent le quartier et que pour 83,1 % d'entre eux cette activité constitue la principale, voir l'unique source de revenu par conséquent son caractère économique apparait a ce niveau. Ces maraichers n'ont pas ou peu d'autres opportunités d'emploi et de revenu. Ces revenus qu'ils tirent du maraichage dont la moyenne mensuelle tourne autour de 100000f Cfa servent à satisfaire les besoins fondamentaux des populations locales qui s'activent autour du maraichage. A cela s'ajoute le fait que certains exploitants emploient des surgas venant soit de keur saïb ou des villages environnants qui trouvent dans cette activité une source de revenu pendant la saison sèche. Avec comme objectif final la constitution d'un petit capital pour démarrer une activité dans le commerce ou dans le transport. Le maraichage fait également intervenir un nombre important d'intermédiaire (bana-banas, détaillants) habitant la zone. Il offre ainsi aux femmes et jeunes non scolarisés du quartier une opportunité d'emploi, jouant par la même occasion une fonction sociale.

    A coté de ces fonctions, y'a aussi une fonction alimentaire. Car qu'elle soit destiné à l'autoconsommation ou à l'approvisionnement de la ville, la destination finale des produits c'est leur consommation dans les ménages. Ces producteurs maraichers jouent un rôle important dans l'approvisionnement en légumes feuilles de Thiès. Ceci s'explique en partie par la proximité du site qui fait qu'il est très facile pour les producteurs d'aller en ville écouler leurs récoltes ou pour les bana-banas d'accéder aux exploitations pour se ravitailler.

    Cependant cette fonction d'approvisionnement est fortement concurrencée par la zone des Niayes, c'est pour cela que les maraichers de keur saïb se sont spécialisés dans les produits qui ont un avantage comparatif par rapport à ceux de la zone des Niayes.

    4-2 : L'avenir du maraichage face à l'avancée de la yille de Thiès L'épuisement des réserves foncières de la ville de Thiès fait que celle-ci se tourne de plus en plus vers les zones péri-urbaines pour répondre aux besoins en demandes de parcelles à usage d'habitations. Dans ces conditions les maraichers de keur saïb sont sous la menace d'une expropriation car étant plus proche de la ville. Mais malgré cela 61,5 % des maraichers interrogés disent ne pas se sentir menacer par l'expansion urbaine. Ils avancent comme argument : pour ceux qui sont dans le site du barrage que la zone est inhabitable car inondable, elle constitue le point de chute des eaux de ruissellements. Tandis que ceux qui sont dans les carrières (camb yi 1 et 2), évoquent la profondeur des cuvettes qui constituerait un frein pour toute tentative de construction d'habitations. Dans ces conditions ces maraichers on une certaine sécurité foncière. Mais selon certaines autorités, si l'extension de la ville continue vers l'Est, le comité de gestion des terres, rattaché à la mairie peut décider de lotir ces espaces maraichers et construire des routes pour y accéder. D'autres avaient méme préconisé de remblayer les cuvettes, mais cette solution demande un financement. Le bitumage de la route Thiès - Fandène qui passe par keur saïb pourrait accélérer les constructions dans la zone, car les populations trouveraient des terrains moins chers avec un accès facile à la ville. C'est ce qu'a peut être sentis 38,5 % des maraichers qui affirment avoir des soucis quant à la pérennité de leur activité face à l'avancée du front urbain. Selon eux l'augmentation du rythme de construction des maisons, des petites fermes avicoles, d'auberges etc..... ne présage pas de lendemains meilleurs pour leur activité.

    En conclusion, la plupart des maraichers se sont adaptés aux contraintes de l'urbanisation de la ville en exploitant des zones plus difficilement constructible (carrières, bas-fond). Tandis que d'autres comptent sur la plantation d'arbres fruitiers pour espérer au moins avoir un dédommagement considérable en cas d'expropriation. Pour l'instant donc, le maraichage à de beaux jours devant lui à keur saïb malgré la pression foncière de plus en plus forte. D'ailleurs prés de 80 % des maraichers considèrent cette proximité de la ville comme un réel avantage, car elle constitue un débouché pour écouler les récoltes, une possibilité facile de ravitaillement en intrants dans les magasins en ville, mais aussi possibilité d'aller en ville pour se renseigner sur les tendances et les prix sur le marché.

    72

    CONCLUSION

    Au terme de nos enquêtes auprès des maraichers, des discussions avec certaines autorités locales et d'autres acteurs qui s'activent dans le domaine du maraichage. Tout ceci a permis d'appréhender l'importance du maraichage péri-urbain dans l'approvisionnement des citadins en légume.

    En effet les hypothèses 1 et 2 ont été confirmées même si note une petite nuance dans la nature des légumes et les facteurs qui boostent la production dans la zone. Sur la destination des produits, les enquêtes révèlent que les commerçants qui vendent des légumes au marché central se ravitaillent pour la plupart à keur saïb pour les légumes feuilles principalement. Pour la seconde hypothèse, les résultats ont montraient une augmentation de la demande de ces trois dernières années. Cette hausse de la demande a boosté la production, méme s'il est vrai que le facteur eau n'est pas étranger à ce développement notamment avec la présence de la STEP. Le rôle de cette dernière mérite que sa capacité de rejet d'eaux épurées soit renforcée pour soulager les producteurs et donner un nouveau départ au maraichage. L'hypothèse 3 quant à elle a été confirmée sans nuance. Il apparait après analyse que les revenus générés grace au maraichage contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations locales (satisfaction des besoins fondamentaux et l'investissement dans d'autres secteurs d'activités).

    En outre, le maraichage péri-urbain à Thiès, secteur en plein essor, subit d'énormes difficultés liées à l'accès à l'eau, au financement, à l'encadrement et au manque d'organisation des producteurs. Face à ces problèmes, les producteurs doivent s'engager à s'organiser pour recevoir l'appui d'ONG, de partenaires au développement, des autorités locales. Quant à ces dernières, elles doivent intégrer la préservation ainsi que leur développement de ces espaces maraichers dans la planification urbaine vu leur rôle dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en légumes. Ainsi, le maraîchage péri-urbain apparait comme une activité spécifique dans cette zone, en termes de production, de commercialisation et de consommation. Il a un fort impact sur l'emploi et l'alimentation en ville, en particulier pour les populations aux possibilités d'emploi limitées (jeunes sans emploi, femmes peu qualifiées, migrants), comme il a été expliqué dans la deuxième et troisième partie de ce mémoire. Le manque d'organisation des producteurs qui rend difficile la quantification des produits écoulés vers le marché mérite cependant une attention plus grande. Mais il est aussi nécessaire d'approfondir les recherches dans ce secteur pour mieux développer le maraichage périurbain

    en vue d'une plus grande utilité pour les villes. Vu l'importance du rôle du maraichage périurbain dans le ravitaillement des citadins en produits maraichers qu'elles sont les stratégies à développer pour pérenniser cette activité ?

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    SECK P.A, 1989. « L'approvisionnement de Dakar et la filière des légumes frais au Sénégal ». Thèse de Doctorat en Analyse et Politique Economiques Agricoles. Université de Bourgogne. INRA-ISRA SNRECH S, 1997, Croissance démographique et développement urbain : Impact sur l'offre et la

    demande alimentaire, Rome, Italie, FAO, 15p www.fao.org

    78

    Table des matières

    INTRODUCTION GENERALE 1

     
     

    PROBLEMATIQUE

     

    3

    1-Contexte

     

    3

    2-Justification

     

    4

    3-Position du problème

     

    4

    4- Objectifs

     

    6

    5- Hypothèses de travail

     

    7

    METHODOLOGIE

     

    7

    1-Recherche documentaire

     

    7

    2-Collecte des données de terrain

     

    9

    3-Le traitement et l'analyse des données

     

    13

    PREMIERE PARTIE : KEUR SAÏB NDOYE ET SES SYSTEMES DE PRODUCTIONS MARAICHERE

    15

     

    CHAPITRE I : Keur Saïb Ndoye et la ville de Thiès

     

    16

    1 : Présentation de Keur Saïb Ndoye

     

    16

    2 : Evolution de Keur Saïb Ndoye dans la ville de Thiès

     

    20

    3 : Le cadre physique

     

    22

    - : Le climat

     

    22

    - : Les précipitations

     

    22

    - : Les températures

     

    23

    - : La géomorphologie

     

    23

    - : Les sols

     

    24

    CHAPITRE II : Des systèmes de productions maraichère adaptés aux spécificités à Keur Saïb

    Ndoye 25

    1. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS 26

    - Classification selon la taille 26

    - Classification selon le mode d'approvisionnement en eau 27

    2. CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS 30

    a. Répartition par sexe 30

    b. Répartition par âge de la population maraichère 31

    c. Répartition selon l'ethnie 33

    d. Niveau d'instruction des producteurs 35

    e. Situation matrimoniale des maraichers 36

    3. ORGANISATION DES PRODUCTEURS 37

    DEUXIEME PARTIE : CULTURES MARAICHERES, ECOULEMENT DE LA PRODUCTION ET REVENUS DU MARAICHAGE A KEUR SAÏB NDOYE 40

    CHAPITRE I : Les cultures maraichéres 41

    1. Les techniques culturales 42

    Le mode d'irrigation 42

    Les moyens utilisés 43

    2. Les facteurs de productions 44

    2-1 : Le foncier 44

    2-2 : Les intrants 46

    3. Les principales spéculations cultivées 47

    CHAPITRE II : La production maraichére 50

    1. Les acteurs de la production 50

    2. Répartition des cultures selon les différentes périodes de l'année 52

    3. L'évolution de la production maraichère 53

    4. Les difficultés rencontrées par les maraichers 55

    CHAPITRE III : L'écoulement des produits : des exploitations aux marché central de Thiès 57

    1. Les acteurs autour de la commercialisation 57

    2. Les circuits de commercialisations 58

    3. La destination de la production 60

    4. Les problèmes liés a l'écoulement de la production 62

    CHAPITRE IV : Les aspects financiers , sociaux et l'avenir du maraichage à Keur Saïb Ndoye 64

    1. Les revenus tirés des différentes spéculations 64

    2. Les apports financiers du maraichage 65

    2-1 : Les revenus mensuels des maraichers 65

    2-2 : La rentabilité du maraichage 66

    3. Les apports du maraichage dans la zone 67

    3-1: L'amélioration de la situation économique et sociale des maraichers 67

    3-2: Les réalisations faites grâce aux revenus tirés du maraichage 68

    4. Fonctions et avenir du maraichage à keur saïb 69

    4-1: Les fonctions du maraichage à keur saïb 69

    4-2: L'avenir du maraichage face a l'avancé de la ville de Thiès 70

    CONCLUSION 71 BIBLIOGRAPHIE 73

    80

    TABLE DES MATIERES 77 ANNEXES 80

    LISTE DES ILLUSTRATIONS

    GRAPHIQUES

    Figure 1 : la répartition des types de sols à keur saïb ndoye 17

    Figure 2 : la répartition des exploitations selon les sources de l'eau utilisée par les exploitants

    maraîchers à Keur Saïb Ndoye 30

    Figure 3 : la répartition des maraichers selon le sexe 31

    Figure 4 : la répartition des maraichers selon l'age 32

    Figure 5 : la répartition des maraichers selon l'ethnie 34

    Figure 6 : la répartition des maraichers à Keur Saïb Ndoye selon le niveau d'instruction 36

    Figure 7 : la répartition des maraichers selon la situation matrimoniale 37

    Figure 8 : La répartition des maraichers selon leur statut foncier 45

    Figure 9 : La répartition des maraichers locataires de parcelle selon les prix 45

    Figure 10 : la répartition des maraichers selon leur lieu de résidence 51

    Figure 11 : Facteurs favorables au développement du maraichage à Keur Saïb Ndoye 54

    Figure 12 : la répartition des revenus mensuels des maraichers 66

    Figure 13 : La rentabilité du maraichage 67

    TABLEAUX

    Tableau 1 : Répartition des producteurs selon le site......................... 11

    Tableau 2 : Pluviométrie de la décennie 2000-2009 (Station de Thiès) 22

    Tableau 3 : Répartition de la superficie des exploitations en m2 44

    Tableau 4 : Les principaux types de légumes 48

    Tableau 5 : Calendrier cultural maraicher à Keur Saïb Ndoye....................................52

    Tableau 6 : Moyenne des prix des différentes spéculations en FCFA 65

    Tableau 7 : Impact du maraichage sur l'amélioration de la situation économique et sociale

    des maraichers 68
    SCHEMAS

    Schéma 1 : Ecoulement des produits de l'exploitation aux consommateurs 58

    82

    Schéma 2 : Destination des récoltes selon les spéculations 61

    CARTES

    Carte 1 : Carte 1 : Localisation des sites de productions de Keur Saïb Ndoye 10

    Carte 2 : Carte 1 : Localisation de Keur Saïb Ndoye 16

    Carte 3 : Carte 1 : Carte de la vallée de Fandène ............................................. 19

    PHOTOS

    Photo 1 : Maraicher entrain de puiser de l'eau 28

    Photo 2 : Maraicher utilisant une céane simple 28

    Photo 3 : céanes alimentée par les eaux épurées de la STEP 29

    Photo 4 : Importance de l'exploitation fruitiere..................................................... 48

    Photo 5 : Céane asséchée 56

    ANNEXES

    84

    THEME : « Le rôle du périmètre maraîcher de keur saib ndoye dans l'approvisionnement du marché
    central de Thiès en produits maraîchers (légumes)
    »

    Site : ~~~~~~ No de la parcelle : ...............

    I_CARACTERISTIQUES DE L'ENQUETE

    I_1 : Identification de l'enquêté

    Nom : .................. Prénoms : ........................... Age :

     

    - Sexe :

    1.

    Masculin

    2. Féminin

    - Situation matrimoniale

     

    1.

    marié

     
     

    2.

    divorcé

     
     
     
     
     
     

    3.

    célibataire

     
     

    4.

    veuf

     
     

    - Ethnie

     
     
     
     

    1.

    wolof

     
     

    2.

    sérère

     
     

    3.

    peulh

     
     

    4.

    diola

     
     
     
     
     
     

    5.

    autres ............

    (a préciser)

     

    - Est- vous né à Keur saib ndoye ?

    1. oui

    2. non

    - Si non, quel est votre lieu de naissance (préciser la localité) ?

    (Localité) : ...................
    - Quelle est votre site? ............................

    - Pourquoi avez-vous choisi pour destination la localité ?

    I_2 : Caractéristiques professionnelles

    - Exerciez-vous une activité auparavant ?

    1. oui

    2. non

    Si oui laquelle ?

    - Pourquoi avez-vous choisi le maraichage ?

    - Depuis combien de temps pratiquez-vous le maraichage ?

    1. moins d'un an

    2. 1 à 5

    3. 6 à 10

    4. 11 à 15

    5. plus de 15 ans

    - Êtes-vous membre d'une association de producteurs ? 1-oui 2- non

    - Exercez vous une autre activité génératrice de revenus en plus du maraichage ?

    Si oui laquelle et Depuis quand ? ~~~~~~~~~~~~~~~.

    Pourquoi ? ~~~~~~~~~~~~~~~~~

    - Avez-vous fréquenté l'école ? 1. Oui 2. Non

    86

    Si oui jusqu'ou ?

    1. primaire

    2.

    moyen secondaire

    3. université

    4. arabe

    II_PRODUCTIONS MARAICHERES

    II_1 : Statut d'exploitation

    - Quel est le statut foncier de votre exploitation ?

    1. propriétaire

    2.

    locataire

    3. métayage

    - Quelle est la superficie de votre exploitation en m2 ? ~~~~~~.m2

    . Si propriétaire. Comment vous êtes vous procuré cette parcelle ?

    1- achat 2- héritage

    . Si par achat. Combien l'avez-vous acheté ?

    . Depuis quand ?

    . Si locataire. Combien la louez-vous par an ?

    . Si métayer, Quelles en sont les modalités ?

    II_2 : Systèmes de productions

    - D'oi provient l'eau que vous utilisez ?

    1.

    puits

    2. céane

    3. branchement SDE

    4. Step

    - Avez-vous parfois des problèmes d'approvisionnement en eau, si oui lesquels ?

    - Quels sont les moyens utilisés pour l'arrosage ?

    1.

    arrosoir

    2. motopompe

    - Avez-vous des arbres fruitiers dans votre exploitation?

    1.

    oui

    2. non

    Si oui citez en trois (préciser le nombre de pieds)

    Arbres Nombre

    - Quelles sont les 3 principales variétés de légumes que vous cultivez ?

    1.

    2.

    3.

    - Quelle est la fréquence de vos récoltes ?

    1. journalière

    2.

    hebdomadaire

    3. mensuelle

    4. trimestrielle - Qui est ce qui détermine votre choix cultural ?

    - Utilisez vous des fertilisants dans votre exploitation ?

    1.

    88

    oui

    2. non

    .Si oui quelle sont leur nature ?

    1. organique

    2. chimique

    .D'oi proviennent ils ?

    1. usine

    2. magasin au niveau du marché de Thiès

    3. enclos d'animaux

    4. déchets urbain

    5. autres ............... a préciser

    .Comment trouvez-vous les prix ?

    1. abordables

    2. chères

    3. trop chères

    II_3 : Modes de production, acteurs et commercialisation

    - Êtes-vous assister par d'autres personnes dans votre travail ?

    1. oui

    2. non

    .Si oui combien sont-ils ? ~~~~~~~personnes

    - Quelle est la nature des liens avec ces personnes ?

    1. épouse

    2. fils / fille

    3.

    frère

    4. neveu

    5. employé

    6. métayer

    7. autres à préciser~~~~~~

    .Si employés combien gagnent-ils par mois ? ~~~~~~~~~~. F CFA

    .Si métayers quelles sont les modalités ?

    - Avez-vous des partenaires, si oui qui sont-ils ?

    1. Banque

    2. Caisse d'épargne et de crédit

    3. ONG

    4. municipalité

    5. projet

    6. Non

    . Depuis quand ?

    . Dans quel cadre ?

    . Si non. Les avez-vous sollicités ? 1- oui 2- non

    - A combien s'élève vos bénéfices par mois ?

    1. moins de 100000

    2. 100000 à 150000f

    3. 150000 à 200000f

    4. Plus de 200000f

    - Avez- vous notez une augmentation de la demande ces 5 dernières années ? 1. Oui 2. Non

    .Si oui a quoi est- elle dû selon vous ?

    - Quelle est la place de la femme dans la production et la commercialisation ?

    II.4 : Destination de la production

    - Quel est le lieu de vente de vos récoltes ?

    1.

    90

    exploitation

    2. marché central

    3. marché thiaroye (Dakar)

    4. autres à préciser.....................

    - A qui vendez- vous votre production ?

    1. bana-bana

    2. coxeur

    3. commerçant local

    4. consommateur

    5. restaurants / hôtel

    6. autres a préciser. ........................................

    - Quel lien entretenez-vous avec l'acheteur ? 1-simple lien de vente 2- conjoint 3- parent

    - D'oi viennent-ils ?

    1. marché central

    2. des quartiers environnants

    3. autre localité (a préciser) ...............

    III_APPORTS ET AVENIR DU MARAICHAGE

    III.1 Avantages et contraintes du maraichage péri-urbain

    - Les recettes issues du maraichage arrivent- elles à couvrir vos besoins mensuels ?

    1.

    oui

    2. non - Avez-vous noté une amélioration de votre situation économique et sociale avec la pratique du maraichage ?

    1.

    oui

    2. non

    - Si oui, quelles sont les réalisations que vous avez pu faire grâce au maraichage ?

    - Quels sont les principaux problèmes auxquels vous êtes confronté ?

    1. ...............................................................................

    2. ...............................................................................

    3. ...............................................................................

    III.2 : Pression urbaine

    - Vous sentez vous menacé par l'expansion urbaine grandissante ?

    1.

    oui

    2. Non - Pourquoi ?

    - Quels sont les avantages liés à la proximité de la ville ?

    - Quels sont les inconvénients liés à la proximité de la ville ?

    III.3 : Avenir du maraichage dans la zone

    - Avez-vous l'intention de poursuivre l'activité dans les années a venir ?

    1- oui 2- non

    - Pourquoi ?

    . Si non. Dans quelle activité envisagez-vous de vous recycler ?

    - Comment percevez-vous le rôle de la STEP ?

    - Qu'attendez-vous des autorités locales ?

    92

    Domination de la salade dans les sites 1 et 2

    Une pépinière de salade dans le site camb yi 2

    94

    Maraicher à l'oeuvre dans le site 1

    Maraicher dans une céane dans la zone du barrage

    Importance du piment et de l'aubergine dans le site 3 (zone barrage)






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius