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Le rôle du périmètre maraà®cher de Keur Saà¯b Ndoye dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits maraà®chers (légumes)

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par Théophile Marc NDIONE
Université Chéikh Anta Diop de Dakar - Maitrise en géographie 2009
  

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CHAPITRE I : LES CULTURES MARAICHERES

Ces dernières années sont marquées par un accroissement sensible de l'intérêt porté aux cultures maraîchères dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest. Cet accroissement est en grande partie aux efforts accomplis par les gouvernements en vue d'équilibrer la nutrition

des populations, de ravitailler les grandes villes. Mais également au fait que l'exportation de légumes vers les pays étrangers présente un intérêt économique certain. Il est de tradition que les paysans africains fassent pousser, en mélange avec leurs cultures vivrières habituelles, quelques légumes comme la tomate, le gombo, les aubergines. Ces légumes sont principalement utilisés par leurs producteurs pour la consommation familiale et les excédents sont écoulés sur les marchés locaux. Peu à peu, cependant, les modes de cultures ont évolué sous l'influence de la pression démographique, de l'augmentation de la demande, de l'urbanisation croissante et d'une incitation à la culture industrielle. C'est ainsi que les cultures maraichères se sont installées (constituées principalement de légumes de types africains ou européens) aux abords des grandes villes (Dakar, Abidjan, Bobo-Dioulasso) vers lesquelles s'amorce, d'autre part, un transport de légumes depuis l'intérieur. La pratique des cultures maraîchères au Sénégal constitue une activité très ancienne. Les premiers jardins potagers ayant été créés dans la presqu'île du Cap Vert dès le début du XIX' siècle20. A l'origine orientée essentiellement vers la satisfaction des besoins de la capitale, la principale zone de production est la région des niayes21, le long de l'océan, qui bénéficie de conditions pédo-climatiques très favorables. Par la suite, des ceintures maraîchères se sont développées à proximité des principales villes du pays. Il est donc normal dans ces conditions que le gouvernement du Sénégal se préoccupe de développer les cultures maraichères. Au point que dans son 6ème Plan de Développement Economique et Social 1981-1985, il considère le secteur maraîcher comme un des secteurs prioritaires. En effet, ces cultures permettent : de diversifier rapidement la production agricole, d'améliorer l'équilibre nutritionnel de la population. Mais aussi d'augmenter les revenus des agriculteurs, d'améliorer les conditions de vie du monde rural et de réduire le déficit de la balance des paiements. Mais les cultures maraîchères sont une spéculation difficile et délicate tant dans leur production que dans le cheminement des produits après la récolte22.

20 Pagès J. 1995. Les systèmes de culture maraîchers dans la vallée du fleuve Sénégal. Pratiques paysannes, évolution : Nianga, laboratoire de l'agriculture irriguée en moyenne vallée du Sénégal. Paris : ORSTOM, p.171-187. Nianga, laboratoire de la culture irriguée, 1993-10-19/1993-10-21, (Saint-Louis, Sénégal).

21 Idem

22 C.D.H, 1986, Les cultures maraîchères au : Bilan des activités de 1972-1985 du CENTRE POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'HORTICULTURE

Cette agriculture maraichère pratiquée à la périphérie de la ville, fournit 60% des légumes consommés en ville23. C'est dans cette méme optique que la ville de Thiès voit se développer dans ses alentours des activités maraichères qui deviennent de plus en plus importante. Dans la zone de KSN le maraichage est pratiqué toute la saison sèche dans la vallée (zone barrage), ainsi que dans les cuvettes. Cependant, l'importance du maraichage d'hivernage constitue de plus en plus une stratégie de réponse aux difficultés liées à la disponibilité de l'eau durant toute la saison sèche.

Dans cette zone comme partout au Sénégal ou le maraichage s'est développé, les cultures maraichères sont caractérisées par une très grande diversité aussi bien sur le plan des techniques culturales que des spéculations produites.

1- Les techniques culturales

Le maraichage est une activité caractérisée par une diversité de techniques culturales dans les pays sahéliens vu les nombreux paramètres : pédologiques, hydrographique, moyens utilisés, disponibilité de l'eau etc....

Elles reposent essentiellement sur les techniques d'exhaure, les méthodes d'irrigation, les moyens utilisés et la fertilisation des sols. La maîtrise des itinéraires techniques dans la production maraichère est à promouvoir même si d'un site à un autre ou d'un type d'exploitation à un autre, il existe des différences. Ainsi, selon la spécialité du site de production, les connaissances se limitent à l'augmentation des rendements par l'accroissement des surfaces conditionné également par l'exhaure et les méthodes d'irrigation. Ici dans la zone de KSN, les techniques utilisées ne sont pas très modernes certes mais très diverses.

- Le mode d'irrigation

Le mode d'irrigation : est une opération consistant à apporter artificiellement de l'eau aux cultures permettant leur développement normal en cas de déficit. Le plus répandu est le mode d'irrigation manuelle par arrosoir qui est utilisé à 100 % dans la zone. En effet seuls deux maraichers sur les 65 de l'échantillon (soit 3 %) ont une motopompe. Mis à part ces deux producteurs tous les autres qui utilisent l'eau des puits pratiquent une exhaure manuelle à l'aide d'une poulie. Mais le constat est que la motopompe est destinée à faire sortir l'eau du puits, de la mettre dans des bassins et non pour arroser les cultures. La suprématie de ce mode d'irrigation s'explique par le fait que les superficies exploitées par chaque maraicher en

23 Niang S, Girardet A.G, Sall A, octobre 2006, Agriculteur en eau trouble, agriculture urbaine bulletin no 33

44

moyenne 799 m2, ne sont pas de grandes tailles. Ces petites exploitations renferment une diversité de système et de techniques de cultures. Avec en réalité une stratégie visant à saisir toutes les occasions de vendre et à réduire les risques liés à la production d'une ou de deux cultures seulement, vu la fluctuation des cours. Ainsi il n'est pas rare de voire une association de culture sur une méme planche d'environ 7,5 m2 (5m longueur x 1.5m largeur) : association salade et chou ; tomate et salade ; oignon et salade.

- Les moyens utilisés

Les moyens utilisés par ces maraichers exploitant des domaines relativement petits, sont de petit matériel agricole de binage, de désherbage, d'émondage, de sarclage et de repiquage. La formation des planches se fait avec l'aide de houe et de râteau. Ces planches sont destinées à accueillir des spéculations tels que la salade, le chou, le persil, la menthe etc..... Les autres spéculations tels que le piment, les aubergines (douce et amère), sont repiquées après avoir quitté la pépinière, dans des trous d'environ 40 cm de diamètre, dont le sable a été retourné et mélangé avec du fumier ou de l'engrais. Le désherbage se fait également à la main ou à l'aide d'une houe. La lutte phytosanitaire et les modes d'utilisation des engrais sont des plus précaires surtout au niveau des petites exploitations. Le problème est d'autant plus alarmant que les connaissances sur les rémanences des produits utilisés sont quasi nulles (vu le manque de scolarisation élevé). Et les délais d'attente pour la dégradation de ces produits utilisés sont largement déterminés par les opportunités sur le marché. Les techniques de fertilisation sont mal maîtrisées parfois surtout en ce qui concerne l'utilisation des engrais minéraux et des produits phytosanitaires particulièrement chez les petits producteurs. En ce qui concerne la gestion de l'eau, (voire dans la première partie du mémoire chapitre II, 1-2).

L'analyse de cette partie montre que l'utilisation de techniques culturales modernes n'est pas encore effective à KSN. L'absence totale de machine ou du maraichage de table, ou méme d'autre matériel de nouvelle génération dans la pratique du maraichage est à mettre en rapport avec l'absence d'organisation des maraichers. Mais ces techniques de cultures aussi traditionnelles soit elles cachent par contre une grande diversité dans l'utilisation des intrants pour le développement des cultures.

2- Les facteurs de productions

2-1 : Le fondier

Il est considéré comme un facteur de production, c'est-à-dire un élément physique de l'unité d'exploitation qui lui permet de se reproduire. Le foncier (terre) occupe la première place dans la pratique le maraichage.

Tableau No 3 : Répartition de la superficie des exploitations en m2

Superficie (en m2)

Nombre de fois cité

Fréquence

Moins de 400

04

6,2%

400 - 800

39

60%

800 - 1200

02

3.1%

Plus de 1200

20

30,8%

Total

65

100%

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

Dans cette zone les exploitations maraichères sont de petites à moyennes tailles avec des superficies comprises entre 300 et 2500 m2. En effet, 66,2 % des maraichers ont des exploitations allant de 300 à 800 m2, alors que 33,9 exploitent des superficies de 800 à 2500 m2. La taille moyenne des exploitations est plus ou moins faible 799,23 m2, ce qui explique l'absence de la pratique de la jachère dans la zone qui est source d'appauvrissement des sols. Pourtant l'importance de la jachère dans le processus de restauration de la fertilité des sols n'est pas inconnue des maraichers. Par conséquent, les superficies totales correspondent aux superficies cultivables et cultivées. Ainsi même si des maraichers souhaitaient étendre leur exploitation à la suite de la disponibilité de l'eau ou d'une augmentation de la demande des populations, cette volonté d'extension déboucherait surement sur des conflits fonciers car y'a plus d'espace libre.

Concernant le statut foncier de ces maraichers c'est-à-dire sur qu'elle base ils occupent et exploitent les parcelles, les réponses suivantes ont été obtenu :

46

Figure No 8 : La répartition des maraichers selon leur statut foncier

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

A keur Saïb Ndoye, 54% des maraichers affirment etre propritaire de leur parcelle et 46% occupent leur exploitation sur la base de différentes modalités. Ces dernieres sont la location (21% des maraichers) et le métayage (25% des maraichers).

Sur les 35 maraichers qui affirment etre propriétaire, 27 d'entre eux l'ont eu par héritage (soit 77,15%), et les 8 restants par achat (soit 22,85). Les prix d'achat varient entre 100000f et 250000f cfa pour des superficies comprises entre 500 et 1900 m2.

S'agissant de la location des parcelles celle-ci se fait généralement annuellement et les prix avancés sont compris entre 10000f et 30000f CFA pour les mêmes superficies citées précédemment. (Cf. figure no11).

Figure No 9 : La répartition des maraichers locataires de parcelle selon les prix

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

2-2 : Les intrants

Ils sont considérés comme l'ensemble des données qui entrent dans le cadre d'une production, se sont les semences, les fertilisants et les équipements. Dans le cadre de ce mémoire, l'accent est mis sur les semences et les fertilisants. Car le maraichage qui se développe dans la zone utilise de petites exploitations ne nécessitant pas beaucoup d'équipements. En ce qui concerne les quantités de semences des différentes spéculations l'absence de données nécessaires a compliqué le travail. Mais selon Faye M.C (2009)24 qui a travaillé dans le secteur, une légère augmentation de la quantité de semence a été notée sur les maraichers ayant accès aux eaux épurées de la STEP. Toutefois cette petite augmentation de la quantité des semences ne concerne que certaines spéculations : persil, aubergine douce et chou. Toujours selon elle cette légère augmentation de la quantité des semences par une portion des maraichers s'explique par la disponibilité des eaux usées épurées. En effet ces derniers espèrent accroitre leur production en augmentant les semences cumulées aux eaux épurées contenant des éléments fertilisants.

Pour les fertilisants, deux types sont généralement utilisés dans la zone : il s'agit de l'engrais organique et de l'engrais chimique.

> Dans cette zone l'engrais organique le plus utilisé est le fumier de cheval, de boeuf etc.... Ce type de fumier provenant des enclos des animaux est très utilisé ici, du début de la plantation jusqu'à la récolte. Les maraichers sont ravitaillés par des charretiers qui acheminent le fumier dans les champs à défaut de 2000 franc CFA par charge. Ce prix jugé trop chère par 56,9 % des maraichers, connait des fluctuations selon la période et la position de l'exploitation et varie entre 1500 et 3000 franc Cfa. Ce qui pousse les producteurs à allier les fertilisants organiques et chimiques.

> Pour ce qui est des fertilisants chimiques, les plus utilisés par les maraichers de la zone sont : l'urée et le NPK25 qu'ils appellent « Alam ». ces fertilisants sont utilisés selon les types de cultures. Celles à fleures tels que la salade, le persil, le bissap nécessite beaucoup plus d'urée car elle permet un bon développement du feuillage. Par contre le NPK qui favorise un développement végétatif est utilisé en grande quantité pour les cultures à fruits tels que le piment, les aubergines (douce et amère) etc.... La aussi les prix sont jugés trop chères par prés de 60 % des producteurs. La quantité totale d'urée

24 FAYE M. C, 2009, Evaluation des effets socioéconomiques de l'épuration biologique de la STEP de Keur Saïb Ndoye sur les exploitations agricoles des villages riverains, Mémoire de fin d'étude ENEA. 82 pages

25 Les lettres N P K sont les symboles chimiques des trois principaux constituants atomiques des engrais : N = Azote, P = Phosphore, K = Potassium

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ou de NPK utilisée par chaque exploitant dépend des types de spéculations cultivées. Cependant il est difficile de connaitre les quantités totale de fertilisant utilisés car ces maraichers évoluent dans l'informel et ne répertorient pas très souvent les quantités qu'ils utilisent pour chaque spéculation. Mais d'après leur estimation c'est le NPK qui est le plus utilisé car les spéculations ayant besoin de ce produit même s'ils ne sont pas en tête des produits les plus cultivés, occupent cependant beaucoup plus d'espace.

En résumé, l'utilisation aussi bien des engrais chimiques qu'organiques par les producteurs conduits au bon développement des cultures. D'après nos enquêtes 100 % des maraichers utilisent des engrais organiques et 84,6 % d'entre eux les combinent avec les engrais chimiques. Cependant le taux d'analphabètes très élevé au sein des producteurs fait qu'il existe un réel risque sanitaire lié à la non maîtrise des dosages de ces fertilisants chimiques. Mais avec l'appui de l'ONG RODALE INTERNATIONAL qui initie les maraichers à la pratique du maraichage biologique, 15,4 % des maraichers affirment ne pas avoir recours aux engrais chimiques l'espoir est peut être permis. Ces différents types de fertilisants précités sont utilisés sur une diversité de spéculation.

3- Les principales spéculations cultivées

Les systèmes de productions maraichères péri-urbaines à Thiès sont très diversifiés en termes de spéculations produites. Cependant cette diversification semble suivre une logique de spécialisation en fonction de la typologie des sols, du site, de la taille des exploitations et des moyens utilisés. Ainsi dans les zones dépressionnaires situées au Sud- sud -- Ouest et au Sud -- sud - Est de KSN (camb yi 1 et 2) caractérisées par leur exigüité, des sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés. Et soumis aux contraintes hydriques particulières dans la zone, dominantes les cultures telles que la salade, le persil, la menthe, le bissap etc..... La menthe joue un rôle important notamment en apport financier substantiel permettant le financement en intrants divers et des besoins quotidiens des exploitations grâce à sa facilité de production. Ce dernier aspect fait qu'on la retrouve quasiment dans 40 % des exploitations. Dans 92 % des exploitations de ces deux sites la salade est majoritaire.

Au niveau des sols decks et deck diors localisés respectivement dans la vallée et les hautes terres qui bordent celle-ci, se développent principalement les cultures suivantes : le piment, l'aubergine douce, le diaxatou, le chou etc..... Ces cultures poussent sur ces sols plus compacts et bénéficient de leur humidité du fait de leur capacité de rétention d'eau. En dehors de ces spéculations citées se retrouvent également d'autres cultures occupant de très faibles

superficies. L'autre aspect remarqué dans la zone et qui mérite d'être signalé aussi bien au niveau des sols diors, decks et deck-diors c'est l'intégration de l'arboriculture dans le maraichage. Avec une production essentiellement constituée de mangues, d'agrumes, etc..... En effet 63,1 % des maraichers de la zone ont des arbres fruitiers dans leur exploitation.

Photo No 4 : Importance de l'exploitation fruitière

Sources : T.M. NDIONE, 2010

D'une manière générale neuf types de légumes ont été identifiés et peuvent être classés en deux grandes catégories :

> Les légumes feuilles : salade, persil, menthe, bissap etc..... Ces spéculations sont produites généralement durant toute la saison sèche car ne supportant pas trop les eaux de pluies.

> Les légumes fruits : piment, aubergines (douce et amère), tomate etc. ..... Leur

production dans la vallée connait un arrêt total du fait de l'impraticabilité du site.

Tableau No4 : Les principaux types de légumes

Feuilles

Fruits

Salade ; Menthe ; Persil ; Chou ; Bissap

Piment ; Aubergine douce ; Diaxatou, Gombo

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

Il apparait à la lumière de cette analyse que la production maraichère est très diversifiée en termes de spéculation. Parmi cette dizaine de spéculations les plus cultivées sont : la salade, la menthe, le piment, le persil etc.... Mais les spéculations tels que la salade, la tomate sont susceptibles d'être consommées crues, ce qui accroit le risque sanitaire lié à l'utilisation des

50

eaux usées même si elles sont traitées. Cependant toutes ces spéculations ne sont pas produites dans la même période. En effet, le choix des maraichers dépend de la demande du marché et des conditions physiques qui prévalent dans la zone.

Malgré leur statut de petits exploitants les maraichers de keur saïb ndoye essaient tant bien que mal d'apporter des innovations dans leurs pratiques maraichères, méme s'il est vrai que beaucoup de chose reste à faire pour une forte évolution de la production.

CHAPITRE II : LA PRODUCTION MARAICHERE : REPARTITION, EVOLUTION

La production maraichère constitue le résultat final de l'ensemble des facteurs de productions. Au Sénégal le développement des cultures maraichères péri-urbain s'est accompagné d'un accroissement important des connaissances de la production. Cette production qui dépend de plusieurs facteurs est composée comme tantôt signalée par les légumes feuilles et fruits, et dominée par la salade, le piment, la menthe etc... Les principaux sites de production ont déjà été identifiés. Il s'agit des cuvettes situées sur toute la partie allant du Sud - Est vers le Sud - Quest du quartier ainsi que de la zone du barrage situé au Nord - Est de KSN dans la vallée de Fandène. Cette production est cependant assurée par différentes personnes qui travaillent selon plusieurs statuts.

1- Les acteurs de la production

Parmi les 65 maraichers enquêtés 41,5 % d'entre eux affirment qu'ils étaient dans d'autres secteurs d'activités que certains d'entre eux n'ont pas totalement délaissés. Ces derniers se définissent comme des maçons, des chauffeurs, des laveurs de voitures, des marchands ambulants présent dans le maraichage soit parce qu'ils n'ont plus d'emploi. Soit parce qu'ils veulent de quoi acheter du matériel (maçon, marchands ambulants) ou de quoi payer les frais afférents à l'obtention du permis de conduire (laveurs de voiture). Les autres qui étaient soit des élèves ou des dans de petits métiers instables, ont préférés se reconvertir dans le maraichage. Ce choix s'explique selon les intéressés par plusieurs raisons dont l'existence d'un potentiel, les revenus générés et surtout par le fait qu'ils ont grandi dans l'environnement du maraichage, car étant issus pour la plupart de famille ayant pratiqué le maraichage. Signalons au passage que 65,8 % des maraichers de la zone habitent à KSN, 26,51 % Viennent des quartiers et villages environnants (Médina Fall, Fandène, Kawsara, Keur Mbaye Diakhaté, Thiallé etc.....) et 7,69 % sont issue de milieux lointains.

52

Figure No 10 : la répartition des maraichers selon leur lieu de résidence

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

De méme des fonctionnaires à la retraite ou non, s'active aussi dans le maraichage grâce à l'utilisation des saisonniers (30,8 %) communément appelés « sourgas ». L'utilisation de ces derniers se fait suivant différents modes.

> I 'eP Sloi : le saisonnier est employé et rémunéré en espèces mensuellement. Celui qui l'engage met à sa disposition le champ, le matériel, les intrants et est propriétaire de la production. Il est aussi son logeur dans la plupart des cas et s'occupe de sa nourriture.

> Le confiage ou « mbéy séddo » : tout est mis à la disposition du « sourga »qui se charge de produire. A la récolte, les contractants se partagent de façon équitable les recettes après déduction ou non des charges par le propriétaire.

> Le prêt de planches : Le « surga » peut y mener ses propres cultures, mensuelles. Pour cela il faut être sûr de disposer d'assez d'eau. Il travaille pour son employeur puis pour lui. Cette méthode permet au maraîcher de ne pas dépenser d'argent pour le travail, le « surga » se rémunérant sur la vente des produits des planches qu'il exploite pour son compte.

Dans la zone de keur saïb 18,5 % des producteurs utilisaient comme mains d'oeuvre leurs enfants ou leurs frères et dans ces condition il été difficile voire impossible pour nous de connaitre les méthodes de rémunération. Cependant pour les 43,1 % des producteurs restants, soit ils exploitent eux-mémes leur champs sans aide extérieure, soit ils n'ont pas souhaités répondre à cette question.

La journée de travail des maraichers varie de 4 à 15 heures de temps. En effet les maraichers
vont aux champs au plutôt vers 5 heurs du matin et au plus tard à 10 heures. Ils rentrent au

plutôt vers 12 heures et au plus tard vers 21 heures. Ces maraichers établissent par la suite un calendrier cultural selon différents critères.

2- Répartition des cultures selon les différentes périodes de l'année D'après les enquêtes, la production de légumes à KSN est fonction des conditions écologiques (permettant un bon rendement) et commerciales (possibilité d'écoulement des produits). Cette production est largement influencée par la demande sur le marché. Ce qui fait que les maraichers essaient d'adapter leur calendrier cultural aux réalités de ce dernier. Tout en occultant pas le facteur écologique pour pouvoir tirer le maximum de profit de leur activité. De ce fait, il est fréquent de voire plusieurs cultures adoptées à la même période par la plupart des maraichers.

Tableau No5 : Calendrier cultural

Mois Légumes

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Salade

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Menthe

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Piment

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Persil

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Aubergines

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Chou

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bissap

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Oignon

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gombo

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

Légende :

Salade

Menthe

Piment Chou Gombo

Aubergines

Persil

ignon

Bissap

Ce tableau montre nettement que hormis les aubergines, le chou, le gombo, toutes les autres
spéculations ne sont pas cultivées ou bien en très faible quantité durant l'hivernage. Car les
mois en blanc ne signifient pas forcément un arrêt total de leur production mais peuvent

54

correspondre à une baisse drastique due notamment à plusieurs facteurs. En effet selon les maraichers interrogés la culture de la salade, de la menthe et du persil est fortement réduite durant l'hivernage car ces derniers ne supportent pas les eaux de pluies. En outre la salade et la menthe sont aussi des cultures qui ne se développent pas très bien en période de fraicheur (décembre - février). L'arrêt de la culture du piment durant l'hivernage est par contre lié à l'occupation du site ou il est cultivé en grande partie (Nord de KSN, zone barrage) par les eaux de ruissellement. La pratique du maraichage sur ce site est impossible car les eaux stagnent ici avec des hauteurs atteignant parfois deux mètres. Quant aux aubergines elles sont cultivées toute l'année car ces spéculations sont très résistantes, méme une forte baisse de leur production est enregistrée durant l'hivernage liée aux mémes raisons que pour le piment. La culture du chou et du gombo est pratiquée d'avril à octobre, car ne supportant pas la fraicheur. Idem pour le bissap qui en plus de cela n'est pas cultivé pendant l'hivernage car subissant la concurrence du bissap cultivé sous la pluie. Toutes ces spéculations connaissent cependant différentes fréquences de récoltes. La salade dure un mois après avoir quitté la pépinière, le piment et les aubergines sont récoltés chaque semaine et parfois même deux fois dans la semaine. La menthe et le persil sont coupés à chaque quinzaine pour leur permettre de retrouver un feuillage normal. Cependant des spéculations comme le chou et l'oignon dure beaucoup plus longtemps (3 à 4 mois),ainsi les maraichers sont obligés d'avoir recours aux cultures à cycle court pour disposer à tout moment de revenus monétaires.

D'une manière générale le calendrier cultural du maraichage dans la zone de KSN est fortement influencé par les conditions physiques mais aussi par la demande du marché. Mais malgré ces contraintes physiques, les maraichers font des cultures de contre saison, car ces dernières apportent beaucoup plus d'argent. A cela s'ajoute la diversification des cultures sur une même période pour éviter les surproductions et avoir tout le temps quelque chose à vendre.

3- L'évolution de la production maraichère

Durant ces deux dernières décennies, la production maraichère a connue un grand essor au Sénégal, ou elle est perçue comme une alternative pouvant permettre aux producteurs de trouver des revenus et aux marchés de se ravitailler en légumes frais. Cette production évolue cependant selon les zones de la vallée du fleuve jusqu'aux Niayes de Dakar en passant par Mboro et les cuvettes de KSN etc...., la tendance de la production n'est pas la méme.

D'après les données d'enquêtes, la production maraichère connait une forte évolution dans la zone de keur saïb grâce à plusieurs facteurs. En effet 92,3 % des maraichers interrogés affirment avoir noté une croissance de leur production sur ces trois dernières années. Seuls 7,7 % disent ne pas avoir constaté une évolution positive de leurs récoltes. Cependant cette croissance de la production est liée à plusieurs éléments. Parmi les maraichers ayant constatés une croissance, 61,4 % d'entre eux pensent que c'est liés à l'augmentation de la demande, car il est évident qu'on produit plus si on est sur de trouver des acheteurs. Ensuite 31,6 % d'entre eux considèrent que cette croissance est due à la disponibilité de l'eau avec la présence de la STEP. La quasi-totalité des maraichers ayant donnés cette réponse sont alimentés en eaux par la station. Les 7 % restants lient cette croissance de la production à d'autres facteurs comme la disponibilité de la main d'oeuvre bon marché etc..... Fait important à relever cette évolution de la production ne s'est pas accompagnée d'une augmentation des superficies cultivées. Ces dernières sont restées pratiquement les mêmes durant toutes ces deux dernières années du fait que tout l'espace cultivable est déjà exploité, que ça soit au niveau du barrage ou dans les carrières. Ainsi sur des superficies plus ou moins réduites les maraichers de keur saïb ont réussi à augmenter leurs productions. Notamment grace à leur volonté de satisfaire une demande de plus en plus croissante d'une part et d'autre part à l'utilisation des eaux usées épurées. En effet ces eaux étant disponible, les maraichers gagnent du temps et dépensent moins d'énergie pour s'approvisionner en eau, donc peuvent intensifier et diversifier leurs productions. Cependant l'absence d'une structure d'organisation des producteurs fait qu'il est difficile d'avoir un tonnage des produits récoltés durant ces dernières années. Mais pour la salade, les récoltes tourne autour de 175 pieds par planche car elle est cultivée dans des planches de 7,5m2 environ (5 pieds de salades sur la largeur et 25 pieds sur la longueur).

Figure 11 : Facteurs favorables au développement du maraichage à Keur Saïb Ndoye

Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010

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A la lumière de ces résultats disons que le développement de la production maraichère à keur saïb est lié à la forte demande de la population de la ville de Thiès ce qui confirme notre première hypothèse de recherche, méme s'il est vrai que ce n'est pas l'unique raison. De la production à la consommation de ces produits, beaucoup de paramètres et d'acteurs interagissent, ce qui pousse à analyser le mode d'écoulement des légumes.

4- Les difficultés rencontrées par les maraichers

Elles sont diverse et peuvent se résumer comme suit : la principale difficulté est relative à l'eau surtout pour les maraichers utilisant les céanes simples et les puits. Les céanes sont confrontés à un assèchement vers les mois d'avril-mai-juin (cf Photo No 5). Tandis que 90 % des maraichers utilisant les puits disent rencontré des problèmes liés à la baisse du niveau de l'eau en période forte chaleur. La détérioration des conditions climatiques dans la zone sahélienne durant ces dernières années combinée à l'intensification de la pratique du maraichage font que la nappe phréatique s'appauvrit d'année en année. Les autres problèmes rencontrés par ces maraichers sont les dégâts causés par les parasites principalement sur le piment, les aubergines, le chou etc..... La cherté des intrants, le manque de matériels modernes, le manque d'encadrement, d'assistance technique et de financement affectent aussi l'activité. En effet ces maraichers sont laissés à eux méme et ne bénéficient quasiment d'aucune aide des structures agricoles ou des autorités locales. Tous ces difficulté font qu'ils éprouvent d'énormes difficultés de la semence et la récolte, mais surtout au début de la campagne maraichère. Ces problèmes de manque d'encadrement et de financement risquent de perdurer vu le manque d'organisation des maraichers, car il est beaucoup plus facile pour les structures d'appui et les partenaires au développement de travailler avec des associations, des G.I.E etc....

Il est nécessairement qu'ils s'organisent s'ils veulent recevoir des financements, des séances de formation de la part des autorités et des acteurs du développement (ONG, projet etc.....), enfin de booster le maraichage à keur saïb ndoye. Ainsi l'avenir du maraîchage dépend aussi de la capacité d'organisation de ces producteurs péri-urbains.

Photo No 5 : Céane asséchée

Source : T.M NDIONE 2010

La pratique du maraichage à KSN se caractérise en gros par une diversité de techniques culturales marquées par l'utilisation de l'arrosage manuelle, de matériel rudimentaire. Mais aussi par une large gamme de spéculations cultivées réparties en deux grands groupes les légumes feuilles et les légumes fruits. Ceux-ci se développent avec l'apport des engrais (chimiques et organiques) qu'ils reçoivent. Les maraichers de la zone sont originaires de KSN dans leur grande majorité et utilisent une main d'oeuvre variée rémunérée selon différentes manières. Ils adoptent un calendrier cultural bien établi pour mieux tirer profit du milieu. C'est ainsi qu'ils ont enregistré une évolution significative de leur production liée à de nombreux facteurs dont celui de la demande de plus en plus importante en provenance du marché central de Thiès. Mais tout ceci s'accompagne de certaines difficultés. Pour mieux comprendre l'activité maraichère à KSN, l'étude de l'écoulement des produits ainsi que des revenus des producteurs semble nécessaire.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams