WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Enclavement et développement des zones rurales d' Afrique subsaharienne: recherche bibliographique

( Télécharger le fichier original )
par Adong Tchoou NOYOULEWA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en géographie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.4. LA QUESTION DE L'ENCLAVEMENT EN ZONES RURALES ET SES IMPLICATIONS SOCIOCULTURELLES ET ECONOMIQUES.

L'isolement constitue une fermeture spatiale pour la zone isolée. Il en découle très souvent des situations aussi diverses que complexes ayant fait l'objet de réflexions de ceux qui s'intéressent à l'aménagement puis au développement du monde rural.

A une échelle planétaire, Merlin P. (1991) trouve que le retard de l'Afrique sur les autres continents dans tous les domaines peut s'expliquer par l'isolement qui caractérise ses villes et ses campagnes et que si l'activité agricole est appelée à s'y développer, autant commencer à doter les bassins de production des infrastructures qui puissent permettre aux paysans d'écouler leurs produits sur des marchés pour leur faire gagner des devises. Toujours dans cette optique, l'on est amené à penser que les échanges de marchandises et d'hommes ont joué un rôle planétaire dans le développement des techniques de production (Gourou P. 1982). On comprend donc avec cet auteur comment les découvertes en Europe puis celles en Asie profitaient réciproquement à tous et pourquoi l'Afrique séparée de ces deux entités précédentes par des côtes difficiles d'accès et le Sahara est restée en marge de tout développement. Par-dessus ces considérations économiques, la prise en compte des retombées culturelles s'avère nécessaire. Dumont R. (1991) pense que la mise en place des infrastructures de communication et de télécommunication en Afrique serait un grand facteur de démocratisation des masses. Il va plus loin en affirmant que si l'on veut qu'en Afrique les paysans produisent plus, il faut d'abord leur donner les moyens de transporter leurs produits sur des marchées de commercialisation en vue de les écouler.

D'ailleurs, Yatombo T. (1994) montre qu'il ne fallait pas plus qu'un processus de désenclavement pour apporter un dynamisme dans la vie socio-économique du sous-secteur de Lotogou dans la région des Savanes au Togo. Ainsi, dit-il, dans la localité désenclavée en 1988, le nombre de planteurs de coton a connu une croissance de 88%, le taux de scolarisation est passé de 26 à 53% entre 1984 et 1991 et le nombre de marchés d'animation hebdomadaire de 03 à 07. Dans cette même veine, Segbor P. (1990) affirme que les localités situées à proximité d'un réseau routier fonctionnel important sont appelées à connaître une animation socio-économique plus intense que celles qui en sont éloignées. L'animation socioculturelle dont parle Segbor P. trouve ses manifestions diversifiées selon que l'on soit en milieu urbain ou rural. Ainsi, en milieu rural, comme l'a montré Noyouléwa T. A. (2005), les répercussions de l'enclavement sont de divers ordres. Il s'agit de celles économiques (raréfaction de la main d'oeuvre et son coût excessif, difficulté d'approvisionnement en intrants, difficultés d'accessibilité des marchés, ....), celles sociales (manque d'unités de santé, absence ou insuffisance de centres de scolarisation, ...) et de celles culturelles (absence de réseaux téléphonique, de radio ou de TV,...). Ce dynamisme économique est aussi perçu à Kpawa où d'après Tchendié P (1998), les superficies moyennes exploitées par paysan sont passées de 2,25 à 3,75 ha grâce au seul fait de la construction sur la rivière Anié entre ladite localité et Blitta. Dans le même temps, la production cotonnière a augmenté de 88% entre 1990 et 1999.

Autant dire que selon que l'on soit en milieu urbain ou rural, les transports passent pour l'élément premier dans l'ouverture des localités (Aloko-N'guessan J. 2000). Leur absence contraint le terroir, la ville ou la région à vivre dans une autarcie productrice d'effets pervers allant d'une stagnation économique (Doumengue F. 1986) à la disparition de toute une civilisation (Brisseau-Loazia J. 1975) en passant par une exclusion des réseaux fonctionnels (Debrie J. et Steck B. 2001). Dans l'un ou l'autre des cas, l'enclavement est loin de n'être qu'une absence d'infrastructures comme l'ont montré Cotten A. et Marguerat Y. (1975) dans leur analyse des réseaux de transport africains à partir des cas de la Côte d'ivoire et du Cameroun où ces deux auteurs lient les performances économiques et surtout agricoles (développement de la culture du café cacao) à une forte extension du réseau de routes pouvant ouvrir des régions entières à « la vue du monde extérieur ». Lombard J. (2005) va plus loin en faisant usage d'un vocabulaire plus actualisé. En effet, pour étudier l'état des infrastructures de communication au Sénégal et afin d'apprécier leur incidence sur la vie des peuples et celle de l'économie du pays, cet auteur parle de « continuités, discontinuité et ruptures territoriales au Sénégal ».

Par ailleurs, à l'échelle de nos petits Etats indépendants depuis peu, l'enclavement au-delà d'annihiler tout effort de développement (Noyouléwa T.A. 2005, Raballand G.et Zins M-J. 2003, Yesguer H. s.d., Yatombo T. 1994) est très souvent source d'un phénomène nouveau surtout quand il se manifeste dans des contrées frontalières : il s'agit de l'extraversion de l'économie. Damdjigle Y. (2000) montre dans son mémoire de maîtrise comment la quasi inexistence d'un parc auto due à une absence cruciale des routes à Yembour à l'ouest de la région des Savanes au Togo a entraîné le développement d'une économie tournée vers le Ghana. La manifestation de cet état de fait est que dans la plupart des cas, les échanges se font en défaveur de la localité la moins équipée (Noyouléwa 2005, Kéla A. 2001, Nyawuamé A. 1993, Kofigan E. 2004). En tout état de cause, lorsque des populations rurales sont confrontées à un problème de fermeture spatiale, il en découle presque normalement une exclusion qui, même si elle est morale les détermine à adopter des mesures adaptatives. La première de ces mesures avions-nous dit est l'extraversion de l'économie. Il faut donc ajouter qu'à l'enclavement viennent s'ajouter, pour favoriser ces échanges transfrontaliers divers facteurs. Il s'agit entre autres du fait que les frontières nationales ne sont que l'héritage du passé colonial et ne répondent à aucun critère ethnique. On remarque très souvent que des peuples entiers ou même des familles sont divisés par ces frontières comme présenté par Kéla A. (1993) dans le cas Madjatom dans la préfecture de la Binah au Togo. A cela peut s'ajouter dans une mesure l'unité monétaire (l'usage de la même monnaie de part et d'autre de la frontière) comme évoqué par Noyouléwa T. A. (2005) ou Abotchi T. (1991) dans le cas de la frontière orientale du Togo. Cependant la cohésion sociale entre les populations leur permet dans certains cas comme sur la frontière occidentale togolaise de surpasser les difficultés qui peuvent émaner de l'utilisation de devises différentes (Damdjigle Y. 2000 ; Zinsou K. épse Klassou, 1994).

Au total, toutes les études que nous avons passé en revue montrent bien comment le fait de l'isolement peut entraîner des conséquences autant sur la vie des hommes, leurs activités et par ricochet sur le développement de leur localité. Cela nous amène à dire qu'au terme de la présentation de la bibliographie signalétique qui a constitué le soubassement de l'analyse des écrits que nous avons pu consulter, l'étude de la question du développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne est loin de n'être qu'une préoccupation personnelle et nouvelle tant les écrits s'y rapportant sont anciens et pertinents même s'ils sont peu nombreux. S'il est quasi certain que tout le monde aborde cette problématique avec une aisance qui fait dire que le développement et ses nombreuses facettes reste la première préoccupation des africanistes (Merlin P. 1991), rien n'est moins évident que de tout ce qui précède il faut pouvoir faire une synthèse dans le cadre de notre étude. En quoi consiste la synthèse et l'analyse thématique de la bibliographie se rapportant à l'appréciation de l'enclavement et des problèmes de développement dans les zones rurales d'Afrique subsaharienne ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King