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Crimes sexuels sur enfants en Indre-et-Loire à  la fin du XIXème siècle

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par Timothée Papin
Université François-Rabelais (Tours) - Master 2 Histoire contemporaine 2011
  

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Conclusion

Il est évident qu'une action, quelle qu'elle soit, dépend bien plus de son initiateur que de sa cible. Le crime sexuel n'échappe pas a cette règle, et repose avant tout sur la volonté d'un homme. L'objet de sa motivation reste le même, c'est l'enfant, le faible, l'innocent. Ces caractéristiques attirent l'agresseur, mais pas dans de mêmes proportions. Celui qui voit ses choix dictés par ses pulsions irrépressibles penche plutôt pour la première. Quant à celui qui aime les enfants, au sens strict du terme, c'est la seconde qui le séduit.

Les armes de chacun ne sont donc pas les mêmes, puisque l'objectif diffère. Les impulsifs ont plus recours a la violence, et sont donc a l'origine d'agressions rapides, et souvent isolés. Les passionnées en général procèdent de manière inverse : ils prennent le temps de séduire leur victime, d'endormir leur vigilance, avant de réellement passer a l'action. Les attentats sont plutôt orientés vers une gradation des actes, qui prend donc plus de

923 Comme l'explique une psychiatre, « la rencontre sexuelle avec l'adulte est toujours traumatisante, du fait de son immaturité psychoaffective, qui ne lui permet pas d'appréhender ces pratiques ». (PEWZNERAPELOIG, in CHANOIT, VERBIZIER (1999), p.56.).

temps. Ils sont donc en majorité répétés, et il n'est pas rare qu'ils soient pratiqués sur plusieurs enfants sur une même période.

Les attaques des impulsifs sont soudaines et peuvent difficilement être contrôlées. L'enfant est souvent isolée et ne peut compter que sur elle-même, bien que parfois la chance amène un promeneur qui met fin à la scène. Si tant est qu'on puisse admettre que les passionnés aient une certaine forme de considération pour leurs victimes, les impulsifs en sont bien plus dépourvus. En effet la seule chose qui les intéresse dans l'enfant, c'est son infériorité physique qui l'empêche a priori d'opposer résistance. Les pleurs et les cris ont en revanche un plus grand impact sur la seconde classe. Ceux-ci sont davantage dans l'optique d'une relation classique, basée avant toute chose sur le plaisir réciproque. Bien qu'il souhaite le sien avant tout, il en tire une partie non-négligeable des réactions offertes par la ou le partenaire. La plupart du temps ces attouchements licencieux n'ont pas l'effet escompté sur la jeune victime, mais imaginer qu'elle puisse obtenir du plaisir de ceux-ci suffit aux agresseurs. L'excitation qu'ils tirent de ce spectacle satisfait leurs sens et les mène à la jouissance, physique bien sûr, mentale également. En plus de l'interdit social qu'ils ont outrepassé, ils ont débauché la pureté de l'enfance. Ils ont en quelque sorte créé une nouvelle personne, qui garde l'apparence physique d'un enfant, mais qui en a perdu l'innocence.

La perte de celle-ci est une conséquence de la corruption subie, mais également de l'acte en lui-même. Bien qu'une minorité affirme ne pas avoir saisi la portée des gestes auxquels elle a été soumise, les enfants souffrent généralement d'un crime qui les a fait rentrer trop tôt dans la vie d'adulte. La honte ressentie au sortir de l'agression concentre la réflexion de la victime, qui a conscience de sa participation, même passive, à un acte réservé aux adultes.

Les conséquences physiques sont donc vite reléguées au second plan, sauf dans quelques cas marginaux impliquant une grande violence de l'attentat ou une infection blennorragique, par exemple. Le mal est souvent bien plus haut, imprimé dans l'âme de la victime. En effet elle souffre de sa différence, qu'elle ressent parfois au quotidien a travers les regards et les ragots. Elle n'est plus tout a fait un enfant car elle en a perdu l'innocence, mais n'est pas encore un adulte, car elle n'est pas encore nubile - dans la

très grande majorité des cas. Elle rencontre des difficultés de positionnement social, et se sent rejetée du monde des enfants comme de celui des adultes.

Ces symptômes qui ne laissent pas l'empreinte physique tant réclamée par le jury, font peu de cas lors du procès. Tardieu a pourtant tenté d'aller au-delà de cette situation dans laquelle se trouve confiné l'enfant abusé924. Pour lui il n'est pas seulement un corps portant la preuve de la culpabilité ou de l'innocence de l'accusé, mais une personne qui doit supporter les conséquences de l'attentat. Le procès est donc presque autant celui de la victime que celui de l'accusé, et demande des preuves tangibles. La situation morale de l'enfant abusé passe après l'intérêt supérieur de la morale sociale.

924 AMBROISE-RENDU (inédit), p. 344.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius