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Les effets de la disparition des organismes publics d'appui financier et de la libéralisation des filières sur le monde agricole dans la région de l'ouest Cameroun

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par Innocent MANFOUO FOUNTONG NAMEKONG
Université de Dschang (faculté d'agronomie et des sciences agricoles ) - Master of science en agribusiness management 2012
  

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2.2.3. LES ORGANISMES PUBLICS DE FINANCEMENT DU MONDE RURAL AU CAMEROUN

1) La Banque Camerounaise de Développement(BCD)

Dès l'indépendance, l'une des premières actions du nouveau gouvernement camerounais fut la création de la Banque Camerounaise de Développement (BCD) dont l'une des principales missions était d'assurer la distribution du crédit en milieu rural pour en stimuler le développement (Foko, 1994). Plus tard, la BCD est remplacée par les sociétés mutuelles de développement rural (SOMUDER) qui étaient des structures beaucoup plus rapprochées des populations rurales et dont les actions devaient mieux satisfaire leurs besoins. Malheureusement, malgré tous les efforts déployés par le gouvernement, les résultats à l'instar de ceux de la BCD, sont restés très en dessous des prévisions. Le développement rural attendu n'a pas été obtenu. Ce second échec a poussé le gouvernement à créer le Fond National de Développement Rural (FONADER)

2) Le FONADER

a) Les missions du FONADER

Le FONADER fut d'abord rattaché au ministère de l'agriculture avant d'être érigé en organisme étatique ayant une autonomie financière. Il avait pour missions :

o l'administration, le stockage et la distribution des intrants agricoles subventionnés ;

o la promotion et la distribution du crédit agricole ;

o le financement et le suivi de certains projets de développement.

b) Le fonctionnement du FONADER

Le fonds s'était doté pour ce faire d'une structure décentralisée au niveau des provinces et des départements avec des bureaux périodiques installés un peu partout dans le pays afin de se rapprocher du monde rural. Son activité de crédit s'effectuait soit de façon directe aux individus, aux groupes d'agriculteurs (crédit GAM) afin de réduire les coûts de transaction et faciliter le recouvrement ;soit sous forme de crédits d'investissements aux coopératives et aux adhérents des coopératives(crédit adhérents) qui permettaient de refinancer les crédits mis à la disposition des coopératives afin de leur permettre d'atteindre les petits agriculteurs ;soit encore aux sociétés de développement avec ou sans activité de commercialisation .

Le FONADER est représenté à l'Ouest à partir de 1979. Son objectif est le financement du secteur agricole. Il offre des crédits individuels aux paysans capables d'offrir des garanties, des crédits collectifs à des "GAM", des groupements d'agriculteurs modernes, et aux coopératives. Comme le FONADER ne dispose pas de structures propres dans la région, il a opéré à travers les coopératives de café (Schaefer-Kehnert et Hans, 1988). Cette collaboration n'a pas été très fonctionnelle: D'abord le règlement de la collaboration coopérative FONADER n'incitait pas les coopératives à veiller à la récupération des fonds du FONADER. En conséquence le recouvrement des crédits est faible (Heidhues et Weinschenk, 1986).

Les coopératives dans l'ensemble jouaient le rôle de courroie de transmission dans la distribution de Crédit Engrais, Crédit Fongicides et Crédit Pulvérisateurs financés par le FONADER et aussi pouvaient distribuer des crédits directs à leurs adhérents à partir des fonds venus de l'étranger (Kouomou, 2006).Il est considéré comme le véritable organisme de financement du monde rural ; c'est ainsi qu'on le qualifiait de « banque des paysans » (Fodouop ,2003 ; Mouiche ,2005).Mais comme le note Tedga (1990), destiné dès le départ à être rapidement transformé en véritable banque agricole, il n'a jamais pu le devenir.

c) Les points forts du FONADER

Le Fonds national de développement rural au Cameroun (FONADER) a été conçu comme une « banque du paysan ». A ce titre, il devait accorder directement des crédits aux paysans individuels ou à des groupements engagés dans l'agriculture ou l'élevage comme le montre le tableau suivant :

Tableau 1 : Crédits accordés par le FONADER par filière (103 FCFA)

Exercice

Montant par filière

Montant
TOTAL

Agriculture

Élevage

Autres

1973-74

154141

7000

-

161 141

1974-75

641691

150962

97148

889 801

1975-76

792622

352018

142243

1 286 883

1976-77

1349496

397846

72475

1 819 817

1977-78

1063118

691923

646742

2 401 883

1978-79

1249059

605041

614400

2 468 500

1979-80

1173193

435190

447809

2 056 192

1980-81

1387322

318952

471997

2 178 171

1981-82

993473

434700

522276

1 951 249

1982-83

998766

569073

632021

2 199 860

1983-84

1069028

587223

332301

1 998 552

1984-85

1930233

1697136

3455365

7 082 704

1985-86

3040598

1245446

1714617

6 000 861

1986-87

2819979

1368385

1321671

5 510 035

1987-88

7092

38480

430

46 102

Source: Stratégies de développement agricole 1980-1990 (Extrait de Ondoa Manga Tobie, 2006)

Il devait également intervenir directement dans les coopératives et les projets agricoles pour une promotion du marketing de leurs produits. C'est dans ce cadre qu'il a eu à financer des projets tels que la SOCAPALM, les hauts plateaux de l'Ouest, le projet Nord-Ouest Bénoué (NOB), la SEMRY.

A cet effet, Mouiche (2005) pense que par l'octroi des crédits à faible taux d'intérêt aux agriculteurs et à la simplicité des procédures, cette structure était très active pour un monde rural très faiblement bancarisé. Les activités menées par le FONADER dans l'ouest au cours de l'exercice1985/1986, ont consisté à la distribution des crédits dont les chiffres paraissent tout aussi faramineux : crédits individuels : 463 244 785 contre 322 932 464 en 1984/1985 soit une augmentation de 43,45% ; crédits aux coopératives : 203 000 000 FCFA.

Ngonthe pense alors que le FONADER est resté la plus importante source des crédits agricoles jusqu'en 1987 année de cessation de ses activités. Les prêts sont passés de 2 milliards en 1980/1981 à plus de 7 milliards en 1984/1985 pour chuter à seulement 46 millions en 1987/1988 comme le montre le tableau ci dessous.

Tableau 2 : Crédits accordés par le FONADER par catégorie d'acteurs (103 FCFA)

Exercice

Montant par catégorie de bénéficiaires3

Montant
TOTAL

Individus

GAM

COOP

Sociétés de

Développement

1973-74

45590

41628

11773

62150

161 141

1974-75

418762

154918

194875

121246

889 801

1975-76

646789

256988

97200

285906

1 286 883

1976-77

711264

370281

291625

446647

1 819 817

1977-78

702543

410824

396881

891635

2 401 883

1978-79

635330

481854

425638

925658

2 468 480

1979-80

876372

502430

652390

25000

2 056 192

1980-81

876879

482606

412686

406000

2 178 171

1981-82

876000

460842

567597

46810

1 951 249

1982-83

1001919

154052

676889

367000

2 199 860

1983-84

1391755

245434

201363

150000

1 998 552

1984-85

4210448

234462

2597794

40000

7 082 704

1985-86

5069346

419515

362000

150000

6 000 861

1986-87

4194294

385741

930000

-

5 510 035

1987- 88

46102

-

-

-

46 102

Source: Stratégies de développement agricole 1980-1990(Extrait de Ondoa Manga Tobie, 2006)

d) Les limites du FONADER

Le FONADER a effectivement apporté un soutien financier aux sociétés d'encadrement du monde rural, jusqu'à sa suppression en 1987, il a failli a sa mission d'assistance matérielle et pécuniaire aux paysans .Et pour cause : ne disposant que de sept agences a Yaoundé, Douala, Bafoussam, Kumba et Bertoua, il n'était pas en mesure d'assurer, une couverture complète du pays. Sur ce plan, la distance à parcourir pour atteindre l'agence FONADER la plus proche était si grande que les paysans des provinces de l'Adamaoua, de l'Extrême -Nord, du Sud et des département de la Boumba-Ngoko,du Mbam, de la Haute Sanaga et du Nkam avaient renoncé à compter sur cet organisme. En outre, au lieu d'accorder des crédits aux paysans qui se présentaient à ses rares agences, le FONADER préférait satisfaire les fonctionnaires disposant d'appuis politiques ou des protections au plus haut niveau qui le sollicitaient à titre d'agriculteurs (Fodouop, 2003). Et comme par-dessus tout cet organisme supportait des charges de fonctionnement élevées, il allait connaitre des défaillances. Ainsi, au début de l'année 1982,face à l'amenuisement de ses ressources lié au non recouvrement des prêts consentis aux fonctionnaires déguisés en agriculteurs, aux frais de

3 GAM : Groupement d'Agriculteurs modernes ; COOP : cooperatives.

fonctionnement élevés et à une gestion approximative, il ne pouvait plus fournir un soutien financier aux sociétés d'encadrement rural, ni accorder de nouveaux crédits.

A cause des difficultés rencontrées au niveau du recouvrement des crédits individuels, cette forme d'intervention a beaucoup plus touché les grands agriculteurs et les salariés car ces derniers représentaient selon le fonds des risques moindres du fait qu'ils pouvaient garantir les prêts avec leur salaire. Aussi, au niveau des crédits GAM (Groupement d'Agriculteurs Moderne), la difficulté a été la qualité des groupes qui ont présenté des imperfections. Ces groupes étaient pour la plupart des groupes désorganisés, fictifs et parfois crées dans le seul but d'obtenir un crédit, ce qui a durement entamé l'impact du fonds. Pour mieux appuyer ces insuffisances, Tedga (1990) mentionne que sur les 50 627milliards de FCFA de budget, le FONADER n'a pas disposé de plus de 15% pour le crédit aux paysans. Aussi, il est resté posé l'eternel problème de gestion des crédits alloués aux agriculteurs, et qui ne sont pas totalement recouvrés. Dans le même ordre d'idées, Foko (1994) pense que comme ses prédécesseurs, le FONADER a rencontré de nombreux problèmes dans l'accomplissement de sa mission. C'est pourquoi ses réalisations sont restées en dessous des objectifs qui lui avaient été assignés, comme l'indique le tableau 3

Tableau 3: Prévisions et réalisations de crédit du FONADER entre 1979/80 et 1983/84
(en millions de FCFA)

Années

Prévisions

Réalisations

Taux réalisé

1979/80

2 350

2 056

87 ,5%

1980/81

2 379

2 178

91,5%

1981/82

4 701

1 950

41,4%

1982/83

4 642

2 199

47,3%

1983/84

5 300

1 988

37,5%

Total

19 372

19 371

53,5%

Source : Archives du FONADER cité par Foko, 1994.

Il est important de noter comme le démontre Foko (1994) que, un programme de crédit efficace doit pouvoir récupérer tous les fonds distribués pour pouvoir les réinjecter dans le circuit. Or le FONADER a eu beaucoup de problèmes dans le recouvrement des fonds distribués dans la région de l'Ouest. Les taux d'impayés enregistrés ont été très élevés comme l'illustre le tableau 4

Tableau 4 : Evolution des impayés entre 1983 et 1985 à l'Agence FONADER de

l'OUEST (FCFA)

Années

Sommes dues

 

Sommes recouvrées

Taux de recouvrement

1982/83

204

846

841

 

60 859 835

27,7%

1983/84

256

441

442

 

38 266 990

14,9%

1984/85

376

653

458

 

143 806

38,1%

 
 
 
 
 

785

 

Total

837

941

741

242

933 610

29,1%

Source : Agence du FONADER à Bafoussam.

Le fonds faisant face à un taux important d'impayés va être confronté au processus de restructuration des années 1989/1992 qui entrainera donc sa liquidation et son remplacement par le Crédit Agricole du Cameroun(CAC).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway