WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La défense des intérêts américains en Iran par le discours idéaliste, de 1945 à  1954

( Télécharger le fichier original )
par Mickaël, Milad Jokar
Université Caen Basse Normandie - Master 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3ème PARTIE

LE DISCOURS IDEALISTE LORS DE LA CRISE DE LA
NATIONALISATION DU PETROLE IRANIEN DE 1951 ET DU
COUP D'ETAT DE 1953

1) L e choc de la nationalisation et la stratégie discursive de l'administration Truman

a) La crise d`Abadan

Pendant la Guerre froide, la politique étrangère des États-Unis était guidée par les quatre points énoncés par Truman lors de son discours d`inauguration du 20 janvier 1949. Le programme Point IV s`appliquait aussi en Iran sous le Mutual Defense Assistance Act voté par le Congrès. Celui-ci fut mis en place à compter du 30 juin 1950.148 L`Iran bénéficiait aussi du soutien technique et militaire des États-Unis afin « d`améliorer l`efficacité de l`armée iranienne » mais également celle de sa police et de sa gendarmerie. Les accords prévoyaient que cela se fasse « sans que l`Iran n`engage les services de personnel de tout autre gouvernement étranger pour des devoirs de toute nature en rapport avec l`armée iranienne, sauf par accord mutuel entre le gouvernement des États-Unis d`Amérique et le gouvernement d`Iran ».149 L`Iran avait demandé de l`aide aux États-Unis dès 1942 pendant la seconde guerre mondiale. Cependant, en 1950, les États-Unis avaient eux-mêmes renouvelé ce programme d`aide à l`étranger dans le but de poursuivre ses objectifs de sécurité partout dans le monde.150 Et pour défendre ses intérêts dans le monde et en Iran, le programme d`assistance aux « nations libres » était une priorité pour les affaires étrangères américaines.

Bien que l`Iran attendît plus d`aide de la part des États-Unis, les Iraniens avaient besoin de ce soutien pour affirmer sa souveraineté territoriale. En effet, l`Iran était toujours sous la pression de deux puissances qui mettaient en péril le maintien de son indépendance nationale. D`une part, l`URSS avait toujours des ambitions en Iran car le retrait des troupes soviétiques lors de la crise d`Azerbaïdjan avait mis fin ni à l`influence

148 Le gouvernement iranien a adhéré au Mutual Defense Assistance Act grâce à des accords avec les États-Unis le 23 mai 1950. Rouhollah K. Ramazani, op. cit., p.162. L`auteur se réfère à U.S. Department of State, United States Treaties and Other International Agreements 1, TIAS no.2071 (May 23, 1950): 420-24

149 Ibid. p.161. L`auteur se réfère à U.S. Department of State, United States Treaties and Other International Acts Series 1924, Agreement between the United States and Iran,? amending and extending agreement of Oct. 6 1947. Il explique que les accords ont été renouvelés.

150 Ibid. p.162

communiste dans le pays ni aux activités du parti Tudeh. D`autre part, il commençait à y avoir de sérieux mécontentements avec la Grande-Bretagne à cause de la gestion de l`Anglo-Iranian Oil Company (AIOC).151 Le professeur Rouhollah Ramazani écrit à ce propos :

The era of Iranian disenchantment with American economic aid was paralleled by the cold war with the Soviet Union, on the one hand, and, on the other, a growing nationalistic crusade against the British.152

Ce mécontentement favorisa la montée du nationalisme qui fut menée par Mohammad Mossadegh153. Ce dernier fut élu premier ministre le 21 avril 1951 après l`assassinat de son prédécesseur Ali Razmara -- assassinat qui eut lieu dans ce contexte de mécontentement populaire. Le Majlis vota la nationalisation du pétrole iranien le 15 mars 1951154 et le Shah fut contraint de signer la loi le 1er mai de la même année.155

Cette nationalisation représente un choc en termes d`enjeux géostratégiques et économiques pour l`Iran, la Grande-Bretagne et les États-Unis puisqu`elle remet en cause la nature des relations entre ces trois nations. De plus, elle joue sur l`équilibre du Moyen Orient et du monde. D`un point de vue économique, la nationalisation d`une industrie aussi importante que l`AIOC représentait une grande menace pour la finance et l`économie britannique (alors dirigée par le gouvernement Travailliste de Clement Attlee). Un rapport intitulé « l`instabilité politique et la réaction des marchés boursiers suite à la nationalisation de l`AIOC en 1951 » explique qu`environ 80% des actifs de la société (AIOC) étaient déployés en Iran et que ces derniers étaient « soumis à la confiscation par le gouvernement iranien ».156 Ali Ansari ajoute que l`empire britannique, qui sortait d`une exhaustive et ruineuse seconde guerre mondiale, ne pouvait pas se permettre de perdre ses intérêts sur l`AIOC ainsi que son accès à un pétrole bon marché.157 Enfin, Stephen Kinzer

151 Ibid. p.163

152 Ibid.

153 Il est également possible de trouver l`orthographe de « Mossadegh » avec un « q » car le son final est un son guttural qui n`a pas d`équivalent en français.

154 Stephen Kinzer, p.79. Op. Cit

155 Ibid. p.91

156 Neveen Abdelrehim, Josephine Maltby, Steven Toms, Political Instability and Stock Market Reaction: The Anglo-Iranian Oil Nationalisation, 1951, p.2

157 Ali M. Ansari, p.28. Op. Cit

Le membre du Congrès Jim McDermott explique que les britanniques prenaient officiellement 85% de bénéfices sur le pétrole iranien mais qu`il est possible qu`ils avaient des bénéfices plus important : The United Kingdom also kept the books secret merely telling Iran what its 15 percent take was? (U.S. Congressman Jim McDermott, Bush Authorizes Covert Actions against Iran?. Chambre des Représentants, 23 mai 2007. WEB. 14 juin 2011 http://www.gpo.gov/fdsys/pkg/CREC-2007-05-23/pdf/CREC-2007-05-23-pt1-PgH5685-4.pdf

explique qu`en 1947 la compagnie rapportait un profit de £40 millions -- soit l`équivalent de 120 millions de dollars d`époque (1.2 milliard de dollars aujourd`hui) -- et elle versait à l`Iran seulement £7 millions158 (soit 21 millions de dollars aujourd`hui).

En Iran, le mécontentement se faisait de plus en plus entendre car les conditions de travail des ouvriers étaient déplorables et elles ne correspondaient pas avec les accords signés en 1933 sous Reza Shah. 159 L`Iran, qui recherchait une reconnaissance internationale, défendait son droit à la souveraineté. Toutefois, le pays avait besoin du soutien technique et économique des Américains. Dans un premier temps, Washington se contentait de mettre en garde les Iraniens contre des effets néfastes de la nationalisation de l`industrie pétrolière pour les intérêts de l`Iran et du monde (circulation du pétrole iranien dans le marché mondial). En revanche, la Grande-Bretagne, en déclin et ne pouvant se passer d`un accès privilégié aux ressources iraniennes, adoptait un ton nettement plus belliqueux vis-à-vis pour faire face à cette montée du nationalisme iranien. Ce changement de ton basculait l`équilibre des relations entre Londres, Téhéran et Washington, et cela traduisait un changement de dynamique dans l`activité diplomatique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite